Accoutumance


Après une brève hésitation, elle acquiesça timidement. Il jeta son casque sur le canapé, attrapa sa belle par la taille, la faisant tournoyer dans les airs, comme pour célébrer sa victoire. Ils s'étreignirent un long moment, comme pour s'imprégner l'un de l'autre, comme s' il n'existait plus qu'eux au monde. Les deux tourtereaux passèrent la soirée lovés dans les bras l'un de l'autre. Naomi soupira d'aise, en sombrant dans le sommeil, comme si son cœur était enfin en paix. Prenant soin de ne pas la réveiller, il la porta dans son lit et se glissa à ses côtés. Dans son sommeil, Naomi glissa sa tête sur le torse du professeur, il passa le bras autour d'elle, ferma les yeux un sourire aux lèvres et s'endormit à son tour.

Quelques semaines passèrent. Le piètre déguisement du professeur suffisait à berner les passants lorsqu'il rendait visite à sa petite blonde. Leur secret semblait être en sécurité. Abandonnant sa moto, il se rendait chez elle en vélo. Il la retrouvait presque tous les soirs, afin que la jeune fille rattrape son retard, et par la même occasion apprenaient à mieux se connaître. Au début cependant, Naomi se montrait peu démonstrative vis-à-vis du professeur. Autant sur le plan physique, que verbal. Il était toujours le premier à l'enlacer ou à lui déclamer des mots tendres. Et lorsqu'il le faisait, souvent se contentait-elle de rougir ou de hocher la tête d'un air gêné.

Un soir, alors que Naomi attendait Akito depuis déjà deux longues heures pour une énième séance de rattrapage :

C'est bizarre, il m'avait dit qu'il avait hâte de me voir ce soir.... Ce n'était pas dans les habitudes du professeur d'être en retard, encore moins de ne pas prévenir. Même si elle essayait tant bien que mal de se concentrer sur son analyse de texte, elle avait passé son temps à regarder son téléphone dans l'espoir d'avoir de ces nouvelles.

Il a surement ou un empêchement de dernière minute....

Elle griffonnait machinalement de petits chibis avec des coeurs en essayant de deviner ce qui pouvait bien le retenir.

Une réunion de dernière minute ? Un incident avec un élève ? Peut-être était-il malade ? Ne souhaitant pas le déranger, elle décida de cuisiner pour s'occuper un peu l'esprit en attendant son arrivée.

Toujours rien...

Finalement, elle se résolut à l'appeler sur son portable, mais tomba directement sur la messagerie.

« Vous êtes bien sur la messagerie d'Akito Nagaruma, je ne suis pas joignable pour le moment, laissez un message.» *BIP*

Naomi ne laissa pas de message et raccrocha. Le temps passait et toujours aucune nouvelle du professeur. Elle tournait en rond dans son salon, regardant sans cesse son téléphone. Au fil du temps, elle sentait monter en elle un sentiment d'inquiétude, un étrange pressentiment lui faisait imaginer le pire, elle ne put s'empêcher de réessayer.

« [...] joignable pour le moment, laissez un message. *BIP*

Ce sentiment se muait petit à petit en panique; à mesure que ses appels se révélaient infructueux. Et s' il avait eu un accident ?

— Ah euh... Bonsoir Akito. Tu m'avais dit que tu passerais ce soir. Je t'attends. Rappelle- moi quand tu pourras s'il te plait.

Et de réessayer encore...

« [...] un message.» *BIP*

— ... Akito je m'inquiète. Il commence à être tard...

Et encore...

[...]*BIP*

— ...Aki...to...

Soudain, vers minuit quelqu'un sonna à sa porte. Elle se précipita pour aller ouvrir. Akito se tenait devant elle, affublé de ses fausses lunettes et de son uniforme. Il avait l'air essoufflé et abattu. Ses poings étaient couverts égratignures et de petites coupures. Elle resta pétrifiée les larmes aux yeux. Il entra en retirant son déguisement.
- Désolé pour le retard...Je...

A peine avait-il refermé la porte, que Naomi lui sautait dans les bras, le serrant contre elle si fort qu'elle en fut elle même étonnée. Elle releva la tête les larmes aux yeux.

- J'ai du régler une affaire de famille urgente, je suis vraiment désolé que tu te sois fait autant de soucis.

Naomi était tellement soulagée, qu'elle l'embrassa passionnément sans même demander plus d'explication. D'abord surpris par sa réaction, il lui rendit son baiser et son étreinte. Repensant aux mains d'Akito, elle se dégagea délicatement et fila chercher sa trousse de secours pour désinfecter et appliquer un bandage sur ses poings endoloris. Le professeur Nagaruma ne put s'empêcher de laisser couler quelques larmes qu'il s'empressa de cacher lorsqu'elle releva la tête.

- Ça va ? Désolée, je t'ai fait mal.

- Ne t'en fais pas pour moi. répondit-il en l'a regardant avec un sourire à la fois triste et tendre.

- C'est nor...mal commença t-elle avant de se perdre à nouveau dans l'abysse de ses yeux.

Elle avait un étrange sentiment. Celui d'un souvenir tenterait de refaire surface. Fronçant les sourcils de manière presque imperceptible le professeur jeta alors un oeil sur la table basse.

- Oh, Je vois que tu as avancé sur tes rattrapages... Tiens c'est moi ça ? Demanda t-il en regardant les esquisses dans la marge d'une feuille.

- Euh oui je révisais...

Virant au rouge vif, Naomi s'empressa de cacher les gribouillis qu'elle avait fait.

- Ne les cache pas, je les trouve très réussi.

Le sourire bienveillant du professeur la rassura un peu et elle reposa ses dessins sur la table. Comment arrivait il à toujours lui redonner confiance en elle ? C'était comme s'il connaissait tous ses doutes. En seulement deux semaines il avait réussit à faire en sortes qu'elle ne porte presque plus ses bandages autours de la poitrine lorsqu'elle sortait. Elle ne les portaient plus que lorsqu'elle était stressée. Elle qui, en presque cinq ans, n'avait jamais mit le pied dehors sans. Jamais, sauf le jour où elle l'avait rencontré. Elle n'avait jamais évoqué les raisons qui l'a poussait à agir ainsi. Et lui n'avait jamais posé la question. Elle lui en était reconnaissante car elle aurait bien eu du mal à lui donner une explication. Un jour après un séjour à l'hôpital elle s'était simplement mise à bander sa poitrine. Elle ne se souvenait même pas pourquoi. C'était devenu depuis lors une habitude. Il devait bien y avoir une raison, mais Saki n'en parlait jamais non plus.

- C'est Saki qui m'a apprit à dessiner. C'est sa passion. Elle est tellement douée.

- Elle à l'air de vraiment compter pour toi. Je suis vraiment navré d'avoir provoqué votre dispute.

- Ce n'est pas de ta faute. Ça devait arriver un jour ou l'autre. Elle ne comprend pas...

- Ça s'arrangera surement avec le temps. Ne t'en fais pas. Je pourrai aller lui parler si tu veux.

- Non non surtout pas...

Elle serait capable de le tuer...

La tension et l'inquiétude s'étant dissipées, elle se lova dans ses bras sur le canapé.

- Excuse moi encore pour ce soir, lui souffla le professeur en la serrant tendrement dans ses bras.

Pour une obscure raison, elle avait cru qu'elle ne le reverrait jamais. Se rendant compte de l'irrationalité de cette crainte, du comportement obsessionnel qu'elle avait eu, Naomi baissa la tête honteuse.

Il va me prendre pour une maniaque...

- C'est moi qui devrais te présenter des excuses. Je me suis emportée... D'ailleurs tu devrais effacer tes messages vocaux...

- Des messages vocaux ? Je vais les écouter alors.

- Non ! Surtout pas ! paniqua-t-elle en tentant d'attraper le téléphone que le professeur venait de sortir de sa poche.

- Ah si ! dit-il en esquivant, le portable déjà sur l'oreille.

Loin d'être choqué ou inquiet, le professeur sembla s'en amuser, il en était même extrêmement flatté.

Après cet incident, Naomi se montra plus démonstrative au grand plaisir du professeur qui en l'admirant se comporter plus naturellement, se surprenait même à perdre le fil de leurs leçons.

Une fois les cours de rattrapages que Naomi avait manqué furent rattrapés, le professeur lui donna de vrais cours particuliers, pour qu'elle se perfectionne. Il lui montrait également comment un professeur devait gérer une classe, lui faisant travailler sa prononciation en faisant quelques entraînements oraux. Lui posant des questions en se mettant lui-même dans la peau d'un élève, usant de son fameux déguisement pour plus d'immersion. Ils regardèrent également beaucoup de films en version originale sous-titrée pour l'aider à sa compréhension orale. Le professeur fut très étonné du goût prononcé de Naomi pour les films d'animation Disney.

Grâce à tout ça, ses progrès furent très vite visibles. Mais malgré leurs bonne volonté commune, les cours se terminaient tous invariablement de la même façon engendrant bon nombre de problèmes pour l'un comme pour l'autre. Entre autre, un soir où la discussion était axée sur les futurs élèves de Naomi :

Akito, étant fort au courant des désirs et pulsions masculines, s'opposait totalement au fait qu'elle enseigne en université, de peur que ses futurs élèves essaient de la séduire ou pire encore.

- Je te jure que l'autre jour, elles m'ont même suivit jusqu'aux toilettes. Alors imagine ce que tes élèves pourraient te faire. Si ça arrive tu devras immédiatement en référer à tes supérieurs et le merdeux en question sera renvoyé sur le champ. J'y veillerai.

- Enfin pourquoi feraient-ils une chose pareille ? De toute façon je préférerai enseigner en primaire ou dans le secondaire.
- Comment ça pourquoi ? Tu es irrésistible, je suis sûr que tous ces petits vauriens du secondaire vont fantasmer sur toi.

.- N'importe quoi, fit-elle en riant, loin d'être convaincue.

- Tu ne me crois pas ? Regarde, moi je n'ai pas pu te résister... Je ne peux toujours pas résister. Viens par ici...

Il la pris dans ses bras et la renversa sur le canapé.

- Qu'est-ce que tu fais ? gloussa-t-elle en rougissant.

- Shhhh, embrasse-moi ...

Concernant les plaisir de la chair Akito paraissait complètement insatiable. Naomi avait parfois l'impression qu'il rattrapait des années de frustrations. Dès qu'ils se retrouvaient seuls il ne pouvait se retenir bien longtemps. Si bien qu'il en oubliait même certaines de ses obligations.

- Shit, la réunion du conseil !

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