CHAPITRE I: 'Maxime la victime'
Chapitre I : Maxime la victime
La classe bruyante devint silencieuse à mon entrée. Je me dirigeai vers la place de devant sans calculer personne. Mon visage était crispé par l'appréhension et mes joues en feu. Je ne voulais pas venir en cours mais j'ai y été forcé par mes parents.
La prof finit par arriver, elle me lança un regard circonspect lourd de sérieux puis s'adressa à la classe :
« Comme vous l'avez remarqué, l'un de vos camarades est absent. Darius a été suspendu pour comportement inacceptable envers l'un de vos camarades...
-Tu parles, entendis-je souffler. Il ne sait pas battu tout seul
- ... Et donc vous ne le reverrez pas avant la semaine prochaine. »
Suite à ces révélations, un brouhaha indistinct se fit entendre parmi les autres. Ils me fixaient comme pour appuyer les saloperies qu'ils disaient. C'était très hypocrite car devant moi, ils la fermaient sec. La prof se dirigea vers ma table et m'interpella discrètement.
« M. Valère voudrait te voir à la fin du cours », me dit-elle simplement.
La sonnerie retentit alors et je pris mes affaires, Linda et Jon vinrent vers moi , du fond de la classe je pouvais sentir qu'on me fixait, je n'ai pas eu à deviner de qui il s'agissait : Maryam. Elle me fit un faible salut puis fut emportée par ses amies. Je sortis de classe à mon tour et allai vers le bureau de M. Valère. Je frappai à la porte.
« Maxime, assieds-toi je t'en prie »
Je m'exécutai puis demandai :
« Vous avez demandé à me voir ?
- Je, il toussota comme pour réfléchir à ce qu'il allait dire, je voulais savoir comment tu allais depuis l'altercation
-Ça va, j'ai juste l'air d'un ado battu, plaisantai-je
- Je suis vraiment désolé pour ce qui s'est passé, je me sens responsable. Quand je pense que tu allais enfin sur la bonne voie... Tu peux me le dire si tu m'en veux, si tu es colère »
Je l'écoutai d'une oreille distraite, bien sûr que j'étais en colère : il s'attendait à quoi ? C'était un putain de psy dont les lèvres auraient dû être scellées par une putain de déontologie ! Je n'ai pas mérité que mes secrets soient divulgués à la face de tous, je n'ai pas mérité qu'on utilise mon histoire pour m'humilier, je n'ai pas mérité que mes parents se croient obligés de me gâter pour me montrer qu'ils m'aiment. Le jour où Darius et moi nous sommes battus, il a été la victime de toute la violence que je refoulais.
« J'ai aussi ma part de responsabilité »
L'homme d'une quarantaine d'années, enleva ses lunettes puis se massa les tempes, il avait l'air fatigué. C'est un mec bien et sympa ; altruiste comme dirait certains, peut-être la seule qualité indispensable quand on veut faire un métier aussi pourri que psychologue pour jeunes en détresse. Moi je ne suis pas en détresse, je ne me suis jamais considéré comme tel.
« D'un côté c'était cruel ce qu'il a fait mais compréhensible. Il a voulu frapper là où ça fait mal et ça a marché. J'ai envie de passer à autre chose maintenant
-C'est tout à ton honneur
- Non pas du tout. J'ai juste appris une bonne leçon : frapper votre fils m'a permis de savoir à quel point je détestais ce que je suis. »
J'étais penché sur mon siège, les mains jointes. M. Valère affichait une expression des plus sérieuses, dénotant de la curiosité. Je ne vous cacherai pas que j'apprécie énormément ce psy - malgré que son fils soit un con- : il me suivait depuis maintenant deux ans et il n'a jamais été insistant ou désobligeant. Honnêtement, j'ai été très en colère contre lui mais il a exprimé tellement de regrets que je ne pouvais pas continuer à l'accabler, ça aurait été très puéril : il a seulement voulu bien faire. C'est d'ailleurs lui qui a plaidé ma cause pour que je ne me fasse pas suspendre.
« Que veux-tu dire par là ?, me demanda-t-il d'un ton grave
- J'avais honte de ce que j'étais vraiment et je jouais le rôle d'un Maxime que je n'étais pas : le gentil fils à ses parents, le camarade sympa... Maintenant que tout le monde sait la vérité, je n'ai plus à me cacher derrière cette façade
- Tu as des projets pour la suite ? »
Je me suis posé la question puis la réponse m'est apparu : je vais renouer avec moi-même... Ça sonnait mieux dans ma tête, ce genre de phrases font trop : je vais me casser d'ici, vivre en moine tibétain et méditer sur une montagne.
« Je vais arrêter les cours, le lycée n'est plus pour moi. Je sais que je ne suis plus fais pour ça
- Tes parents sont d'accord ? Tu te rends compte de ce que cela implique de ne plus être dans le système ? »
Je marquai une pause et répondis malicieusement :
"Je n'ai jamais été dans le système M. Valère. Le système n'est pas fait pour les gens comme moi.
- Tu as toujours été un original Maxime »
Il ferma les yeux un instant et les ouvrit comme pour dire qu'il me comprenait. Je me levai du siège. Il m'imita.
« Qu'est ce que tu vas faire alors ?
- Je vais écouter le petit saumon qui est en moi
- Ravi de l'entendre Maxime. Sache que ma porte te sera toujours ouverte, je te dis à bientôt
- Merci M. Valère. Portez vous bien d'ici là »
Ce jour là je franchis pour la dernière fois la porte du lycée. Je n'ai dit au revoir à personne. J'avais le sentiment d'être en phase avec moi-même. Quelqu'un a dit que le négatif comme le positif, les drames comme les joies, servent seulement à éveiller notre conscience. En ce qui me concerne, j'avais le sentiment d'être enfin en phase avec moi-même.
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[Le Chapitre 1, tadadadam un semblant de trame semble s'installer : mais que s'est-il passé entre le dénommé Darius et Maxime, Maxime était-il un saumon dans sa vie antérieure? Tout ça et plus encore dans le prochain chap :P! ]
N'oubliez pas de lâcher un p'tit com, une petite nétoile, ça fait toujours plaisir aux auteurs. Merci à Lycomede pour ses corrections. Portez vous bien et d'ici là : Kuss! ♥♥
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