Sur les pas de l'hiver
Duma
Les habitudes ont la peau dure, tout simplement, qu’elles soient mauvaises ou bonnes. Parce que, je ne dirais pas que me réveiller à quatre heures du matin pour me la foutre plein les oreilles était mauvais. Extrême pour une gosse encore en pleine croissance, ça oui par contre. Ça a duré si longtemps qu’aujourd’hui, me réveiller à cette heure-là, est une coutume aussi vieille que moi, moins sept ans.
Pour faire court pour les allergiques aux mathématiques de la trame de Dona, seize ans au total. Évidemment les litanies de saints et le chapelet, ça j’ai fourré en gare, entre parenthèses, avec notre juste seigneur que j’ai plus été forcer de connaitre qu’autre chose. Mes parents étaient strictes là-dessus, comme sur toute chose d’ailleurs : « sous ce toit on est catholique ou rien, avait dit mon père avec fierté autour d’une assemblée de paires, lors de l’un de ces diners d’après messe, servis tous les dimanches dans le domaine.
Loin de moi l’intention de cracher sur la foi de quiconque, mais en mes parents je n’ai pas trouvé des témoins du discours « paix et amour » sur lequel se base cette confession. Et puisque mes parents tenaient tellement à me façonner à leur image et qu’aujourd’hui je vomis tout ce qui a un jour été lié de près ou de loin à eux, ma foi superficielle a dû elle aussi affronter les caniveaux.
Alors depuis, à quatre heure du matin, je me fais une séance d’école à la maison, avec les notes d’une amie de Dona déjà diplômée en littérature anglaise, elle. Jessy, c’est son nom, et elle fait son stage en ce moment au Times.
J’adore la littérature. Ce sera prétentieux, mais je le sais, je suis née pour écrire des choses. Elles plairont et j’en ferai mon métier. Je suis un écrivain en devenir, pas un médecin, tels qu’ont voulu me l’imposer mes parents.
Six heures, je remballe le tout, incitée par la main frénétique de Dona qui agresse ma porte. Ce rituel-là, n’a que six mois, lui. Étant la plus sportive des deux, et la plus motivée à garder une ligne de guêpe, ma meilleure amie me tient plus de coach que de compagnie tous les matins, sauf le dimanche, parce que dimanche, c’est grâce mat, ménage et lessive à profusion ––même si pour ce jour-là elle rentre plus de la peau de spectatrice que d’actrice, mettant à chaque fois les nerfs de sa sœur à feu et à sang. Mais ne nous attardons pas sur ces chamailleries fraternelles, parce que non seulement j’en ai une diabolique horreur, mais je préfère ne jamais m’en mêler aussi.
De plus avec ma langue qui pendouille déjà, je ne crois pas avoir suffisamment de salive pour me lancer dans un récit aussi long.
–– Je te préviens Dona, il va te falloir une grue pour de déloger d’ici. Je ne bouge plus, c’est mort.
–– Ne fais pas ta paresseuse Doudou. Plus que cinq minutes allez.
Puisqu’elle ne comprend pas la manière douce et persiste dans son avancée, j’emploie la méthode forte et fais l’étoile de mer sur le trottoir. Double efficacité de la manœuvre, elle rebrousse non seulement chemin, mais s’adonne aussi dépoussiérer mes cheveux.
–– Voilà ce que j’appelle du sabotage mademoiselle Wade. Je me donne un mal fou à entretenir ce corps de rêve et à dompter ta tignasse, et c’est comme ça que tu me remercies.
Devant son petit nez froncé et son visage rougit par l’effort, je ne sais retenir mon envie de rire, et m’en prends plein les côtes pour ma mauvaise foi.
–– Dona tu n’as pas l’impression d’exagérer là ? ricané-je à son grand dam. Il n’y a pas mort d’homme, pète un coup. On n’a qu’à les faire ici les étirements et c’est tout.
Elle me foudroie d’un œil plissé, puis tique à contrecœur de reddition.
–– Toi t’es encore allé t’empiffrer du couscous de cette vieille fille de miss Darby je parie.
–– Mais pas du tout !
Le coup de la colère pour masquer mes mensonges, ne fonctionne plus on dirait, son regard insistant me l’atteste avant même qu’elle ne me pince la joue en guise de représailles. Il va falloir y remédier.
–– Vilaine fille.
–– Ce n’est pas de ma faute, tu le sais bien. Cette pauvre dame a besoin de compagnie, et moi je fais ce que je peux. En plus elle surveille Tchekhov pour moi, je ne pouvais pas lui faire l’affront de refuser sa bouffe.
–– T’es pas son môme Doudou.
–– Raison de plus. Il faut bien que quelqu’un aille lui rendre visite.
Elle a beau grogner d’agacement, elle comprend et en est touchée, mais préfère se murer comme à son habitude dans sa grotte arctique. Depuis la mort de son papa elle est dans cet état, encore plus distante et insensible que d’habitude. Le monde pourrait bien exploser qu’elle n’en aurait rien à faire, tant elle en est déconnectée. Mais je sais, son cœur est juste en hibernation, il n’a pas disparu comme semble le croire Roxanne.
–– Tu ne serais pas une vieille toi, par hasard ? Parce que sérieusement, faisons les comptes. Un vieux chien, la vieille Darby et cette tenue horrible que t’as dû te taper toute la semaine pour… pourquoi déjà ?
–– Un congrès médical.
–– C’est ça. Merde, même une nonne n’en voudrait pas. Et le gris ne te va pas du tout.
Avec son enthousiasme acidulé, elle réussit à me voler un énième rire en seulement quelques minutes.
–– Il faut bien vivre de quelque chose, soufflé-je, prompt à me remettre sur mes béquilles, afin de terminer cette séance par les étirements qui s’imposent. Chaque boulot a ses inconvénients et ses avantages. Tiens d’ailleurs ce soir, ce sera un anniversaire, et l’uniforme est juste sublime. Tu devrais voir les robes. Et cette fois la couleur me va à ravir, du bleu.
–– Compte sur moi pour t’attendre sur le pas de porte à ton retour, question de confirmer. Ça me fout les boules de te voir trimer comme ça avec ce job. Ton boulot d’avant était bien mieux. Au moins on savait exactement quand te trouver et où.
C’est bien ma Dona ça, elle n’exprime jamais ses sentiments du premier coup, ni avec clarté. Le réel problème avec mon nouveau boulot d’hôtesse, est que je lui manque. Mais bien entendu, plutôt se couper la langue que de me le dire sans détour.
–– Sinon toi, le boulot, ça va ?
–– La routine, comme d’hab. Les mêmes têtes nulles à chier. Cette semaine j’ai dû interviewer un groupe de gros pervers, hyper louches.
Pas certain que ce soit exactement tel qu’elle le décrit, mais je devrais m’en contenter. Un sourire attendri aux lèvres, je la regarde déchiqueter à coups de mots le paysage et la vie avec une hargne aussi sainte que son agacement. Elle me rappelle une gamine boudeuse, pas méchante, mais d’une mauvaise foi à nulle autre paraître. Toute sa beauté réside dans son innocence, sa transparence. Dona ne fait jamais semblant, et c’est ça le plus déconcertant pour les gens. Elle incarne l’être humain dans toute sa splendeur, dans ses multiples facettes et ses changements d’humeur. Et ce, en assumant entièrement cette vérité qui fait peur à beaucoup de personnes : nous sommes égoïstes dans le fond. Bons comme mauvais.
De retour à la maison, je prépare le petit déjeuner, rien de bien gros : du pain perdu et du café sans sucre, parce qu’il n’y en a plus. L’idée ne gêne aucunement ma meilleure amie qui n’en consomme pas, mais sa sœur, oui par contre. C’était à Dona d’aller faire les courses cette semaine et comme trop souvent, elle a encore eu mieux à faire ––aller déambuler sur la cinquième avenue dans avec Cameron, j’entends, dans l’espoir de tomber sur le fameux prince charmant suffisamment plein aux as, pour lui offrir toutes ces babioles chères dont elles raffolent.
–– On ne peut vraiment pas compter sur toi, la rabroue sa sœur.
–– Bah voilà, tu le sais. Pourquoi tu continues de te gêner quand-même ?
–– Parce que je ne suis pas ta boniche, et Duma non plus.
–– Tu laisses mon amie loin de nos histoires. J’ai dit que j’allais les faire les courses et je le ferai voilà, c’est tout.
–– Quand ? Est-ce qu’on peut savoir ?
Prenant bien soin de faire le maximum de bruit possible, la petite sœur s’éternise en ingurgitant cette rasade de café. Heureusement, Roxanne est d’une patience à toute épreuve, sinon je n’aurais pas donné cher de la peau de Dona. À juste titre en plus, elle a un caractère difficile.
–– Aujourd’hui, on est contente ?
Malgré la colère, il y a aussi autant d’inquiétude que de tristesse dans le regard que l’aînée pose sur sa cadette. Elle se fait du souci pour elle. On se fait tous de souci pour elle, le deuil s’avère difficile à porter, c’est tout ce dont il est en réalité question en ce qui concerne mon amie.
–– Dona, j’essaie vraiment… mais vraiment d’être patiente, alors n’abuse pas. Tu n’as plus dix ans. Ça ne peut pas continuer.
Sans attendre de riposte, elle attrape sa veste pour gagner la porte. Le bruit de ses pas l’accompagne, empli la maison comme une musique assourdissante, jusqu’à ce que se joigne à elle, le grincement de la porte.
–– Bonne journée Duma, cri-t-elle au bout d’un silence, et merci pour le petit déjeuner.
Et la porte claque, et je ravale ma réponse.
–– Elle a raison tu sais, enchaîné-je après une respiration. Fais un effort, tu en es capable, on le sait toutes les deux.
Elle pouffe et roule des yeux.
–– D’accord. Mais promis, je ne l’ai pas fait exprès, j’ai juste eu un imprévu, c’est tout. C’est elle qui aime tout dramatiser. Ça l’amuse de jouer les cheffes autoritaires, casse-couilles. Si elle avait pris le temps de demander, je lui aurais expliqué. Mais non, il faut toujours qu’elle me cri dessus.
En tout cas, une chose est sûre, les deux sœurs ont de sérieux problèmes de communications. Chose qui n’est pas près de s’améliorer d’ailleurs, vue comme c’est parti. Elles ont toutes deux des idées toutes faites de la vie. Roxanne trop, stricte, et Dona trop, insouciante. Et sans brèche, pas moyen de casser, ni de reconstruire. Alors je me limite à faire de mon mieux, pour calmer le jeu.
–– Allez, tu vas être en retard. Passe une bonne journée.
On échange une bise appuyée, puis un câlin super serré, puis un baiser volant, puis un salut à distance, et finalement, j’accompagne sa voiture du regard pendant quelques instants, avant de retourner à l’intérieur faire la vaisselle.
Il est quatre heures de l’après-midi lorsque je quitte le trottoir pour m’engouffrer dans le taxi réservé quelques minutes plus tôt, avec sur les lèvres un sourire en coin persistant, entretenu par les réminiscences du dernier forfait de mon chien. Je lui ai crié dessus, alors monsieur m’a simplement snobé à l’heure de son repas. J’ai eu beau l’appeler, le flatter, rien. Monsieur grève, un vieux gamin. Et sans surprise, il est allé se réfugier chez miss Darby. Depuis je n’arrête pas de me demander ce que ce serait s’il était un humain. Je le vois bien me sortir des pancartes du type « Ne pas déranger, je suis en colère » et les accrocher sur la porte de sa chambre, et j’en ris. Oui, parce que tout à coup, je me sens maman, et c’est assez étrange comme sensation. Attendrissant, bien qu’effrayant aussi.
–– Allez les filles, on s’active, m’accueille Terry chargé de nous superviser, en déposant deux bises sur mes joues. Va te préparer ma chérie, il faut que tout soit parfait.
Nous nous sommes tout de suite entendus lors du casting. Une sorte de coup de cœur humain je crois. Originaire des îles, est l’une des personnes les plus sociables que je connaisse. Il est de ceux qui savent quoi dire, à qui et comment, où et quand, pour faire aller les choses dans son sens. C’est un vrai don à mes yeux, même s’il se refuse de l’admettre, réduisant le talent à des facultés comme savoir chanter, danser, dessiner…
–– J’y vole, j’y cours, m’amusé-je après lui avoir demandé de retrouver son calme.
–– C’est l’un des plus gros contrats de l’agence. Je ne peux pas me permettre de me rater là-dessus. Il en va de mon lendemain jeune fille. Maintenant, va-t-en. Hors de ma vue, si tu ne veux pas avoir ma mort sur la conscience.
Quoi de mieux pour commencer le boulot, qu’un fou rire sincère et libérateur ? Moi je dis, rien du tout. Je suis particulièrement reconnaissante pour cette chance. À la boutique déjà, je jouissais d’une ambiance des plus conviviales. La perdre était l’une de mes plus grandes peurs lorsqu’il a fallu tout recommencer après cet incident avec l’un des plus odieux personnages qu’il m’a été donné de rencontrer. Heureusement, ça n’a pas été le cas, et je dis merci à la vie pour ça.
Une heure de préparations, et me voilà à l’image d’une hôtesse, comme la norme le veut Jolie, soignée, raffinée et souriante. Mon visage dégagé grâce à un chignon arrière qui me demande toujours une belle dose de gel pour maintenir mes cheveux crépus plaqués, est maquillé, mes ongles vernis et ma robe bleue est d’une élégance spectaculaire. Pour peu, je me prendrais pour une invitée. Pour peu bien sûr, car la qualité du tissu n’est pas assez excellente pour franchir le pas de la garde-robe d’une des femmes conviées à ces noces de perles. Les Bryant sont des gens importants, comme l’a souligné Terry, et tel que le précise cette villa splendide.
–– Cette robe est censée flotter en dessous, s’exaspère Deborah, une fausse blonde qui adore se la péter, se prenant pour le plus belle de l’agence.
Je ne prends jamais la peine de lui répondre. Avec des gens comme elle, j’ai déjà donné. Non merci.
–– Ça s’appelle avoir le bassin large, Debby. Et ne fais pas chier le monde avec tes remarques débiles.
–– Laisse la Shan. Mon postérieur n’a jamais fait l’unanimité. Je ne le vis pas mal comme certaines.
–– C’est sûr, pouffe ma collègue. Ce n’est pas toi qu’on viendrait prendre pour faire la couverture de Vogue.
Ça en amuse un bon nombre, ce qui ne manque pas de me piquer un pincement horrible au cœur, même si je n’en montre rien.
–– Ça c’est clair, ne la contredis-je pas.
Ce serait du gâchis de toute façon. Je n’ai pas besoin de Vogue pour me sentir exister. Et belle, encore moins, quand je sais que la beauté selon qu’on se trouve à Singapour, Luanda, Los Angeles, à ou à Paris, n’est pas perçue de la même manière. Moi je n’ai que besoin de respirer, et de bouger à New-York à ma guise, et de me sentir en sécurité.
–– Tout le monde en position, arrive enfin Terry. Les invités seront bientôt là. Duma, Shan, Miley, Kate, Samantha et Orly, vous irez m’attendre à l’entrée, c’est vous qui accueillerez les convives…
Je n’écoute pas le reste, trop pressée de fuir ce récent relent de toxicité apporté par Debby. Avant ce jour, jamais elle n’a été aussi loin dans son antipathie envers moi. Une chose est vraie aussi, ce n’est pas la fille avec laquelle je converse la plupart du temps. Avec elle, plus qu’avec les autres, je mets un point d’honneur à entretenir une certaine distance tout en restant courtoise, alors j’avoue oui, je suis un peu sur mes grosses fesses là.
–– Merci, soufflé-je à Shan postée derrière moi, une fois arrivées à destination.
–– Je t’en prie, c’est normal. Et à moi de te dire que j’admire le sang-froid dont tu as fait preuve. Une autre aurait hyper mal réagi.
–– Crois-moi j’en ai vu d’autre, grimacé-je, la tête pleine du visage indésirable de Bey Douglas Kurk. Et le dernier m’a couté assez cher, du coup, je préfère passer outre maintenant.
Ça m’a surtout permis de réaliser, que j’ai encore du chemin à faire en ce qui concerne mon regain de liberté. En redéfinir les bases et le reconsidérer, est un impératif. Car être libre de ses mouvements, c’est bien, mais l’être de l’esprit est encore mille fois mieux.
La tibétaine et moi échangeons un sourire amical, puis glissons sur une conversation plus basique. Il y a tant à décrire dans cette demeure luxueuse, mêlant décoration contemporaine et victorienne à la perfection. À notre passage au salon il y a quelques minutes, j’ai reconnu de prestigieux tableaux, des vases dont le prix changerait la vie de certains en un clic et pleins d’objets fabriqués dans du métal précieux. Pourtant tout le charme du lieu résidait dans nombreuses ouvertures à travers lesquelles, la lumière du jour y pénétrait, en plus de la vue magnifique qu’elles offraient sur les jardins et l’énorme fontaine au centre la piscine située à l’entrée. De l’émerveillement, voilà ce que j’ai ressenti en traversant cette pièce aux aspects d’un gigantesque octogone transparent. De là-bas, les couleurs semblaient tellement chatoyantes, même clinquant, et l’extérieur plus vivant, incitant plus à aller embrasser le monde qu’à y demeurer.
J’ai d’ailleurs souri de tristesse devant ce qui selon moi, était l’effet recherché par l’auteur de ce travail architectural, ça m’a rappelé ma cage dorée, ma soif d’explorer.
–– Je n’aspire pas à tant, me confie Shan, le nez en l’air, encore occupée à tout regarder comme nous toutes.
Mon regard insistant la prie de s’expliquer, mais des effluves de mandarine, annonçant l’arrivée de notre chef, l’empêchent de de se lancer dans son explication. Oui, elle me laisse sur ma faim. Je suis curieuse. Beaucoup aujourd’hui, parce que je doute de tout, de tous et parfois même de l’évidence. J’ai été trahie à la base, par ceux qui étaient censés l’être.
–– Trois de chaque côté du tapis rouge. Allez ! Mesdemoiselles, interpelle-t-il ensuite les serveuses qui s’avancent vers nous, les mains chargées de plateaux. Veuillez-vous dépêcher s’il vous plaît. On se bouge, les premières personnes se garent déjà à ce qu’il paraît.
Ces dernières se contentent d’accélérer le pas, et c’est tant mieux d’ailleurs. Connaissant le personnage, la moindre récalcitrante à un moment aussi crucial, serait la goutte d’eau dans une poêle d’huile chauffante.
–– Posez-les là-bas, dans le coin, ramenez les autres, vite, vite, vite !
La table planquée derrière un énorme bouquet essentiellement vert, est le lieu par excellence, pour placer hors de la vue des premiers invitées, ces coupes étant réservées aux VIP de la soirée et à l’heureux couple du jour.
–– Alors les filles, on sourit, on est courtoises et on se tient bien droites, s’évertue-t-il à nouveau, comme si nous ne le faisions pas depuis suffisamment de temps déjà pour en avoir la maîtrise recommandée. Duma, je te confie l’oreillette, les gens viennent de toutes parts, et aiment se sentir chez eux partout. Nous te préviendrons de la nationalité de chaque arrivant, une fois garé, et toi tu te chargeras de les accueillir en leurs langues.
Je hoche la tête, un geste dont j’aurais très bien pu me passer en réalité, étant donné qu’on ne me demande pas vraiment mon avis. C’est mon job, et je me dois de le faire, un point et un trait.
–– Dès que je donnerais le signal à Duma, vous irez chercher les plateaux pour accueillir, la crème de la crème. Élégance les filles, n’oubliez pas. Il faut qu’ils se sentent en confiance et ravis.
Et enfin, il s’en va. Ouf ! Il est sympa Terry, mais peut aussi s’avérer stressant à souhait.
–– En d’autres termes, le succède Miley sur un ton théâtral, soyez potiche les filles. Je hais ce job. Si seulement, j’avais le choix.
Même si je ne partage pas son avis, elle n’a pas totalement tort non plus. Malheureusement, les clichés ont la peau dure. Les préjugés aussi, et l’idée que la plupart se font d’une hôtesse n’en est pas très souvent loin. La fille embauchée pour son physique avantageux et dont la charge est d’emmener les gens à faire du lèche vitrine, puis à foncer dans la boutique. Une sorte d’image vivante dépourvue d’humanité. Comme tout métier, être hôtesse a des avantages et des inconvénients, tout simplement. Personnellement, je ne me suis jamais sentie potiche, j’adore voir du monde, d’autant plus que les rapports restent convenables pour moi, superficiels. Et quand-même il advient qu’ils aillent au-delà, je veille à ce que les échanges soient unilatéraux.
–– Silence les filles, attiré-je leur attention, au premier grésillement dans mon oreille, le défilé commence.
Les faits se matérialisent pour le soulagement du plus grand nombre. Rester debout a beau être une habitude, cela n’en fait pas un hobby pour autant. Aucune des filles ici présentes, ne contredit d’ailleurs lorsque je le souligne dans un long et lourd soupir de soulagement, avant de me lancer dans une suite de « bonsoir et bienvenus », tous différents selon l’origine de chaque personne qui franchit le tronçon très colorée devant nous, entouré de couronnes florales.
Le brouhaha dans la maison gonfle à mesure que la nuit s’épaissit, la populace se densifie, et moi toujours avec le sourire, j’accompli mon devoir. Jusqu’ici, pas d’encombre, si ce n’est un zozo un peu éméché qui a fait une fixette sur la jolie Kate à la crinière de blé. Oui, ça aussi ça arrive souvent, des putains misogynes pervers, qui nous croient là, pour le plaisir de leurs yeux et plus, si affinités. Par chance la riposte a été rapide, et l’homme s’est tout simplement fait expulser, avec l’accord de la dame de la soirée.
–– C’est l’heure, annonce la même voix cristalline, m’incitant à donner à mon tour le signal à mes collègues.
Se hâter tout en restant précautionneuses. Il moindre faux pas, serait catastrophique, la prudence est donc de rigueur. Avec l’entrainement, bouger sur ces talons dans des tenues aussi peu pratiques, devient presque normal, même après avoir passé près de trente minutes debout et figée. Tu mangeras à la sueur de ton front, dit-on. Bah moi, mes chevilles m’en remercieront.
–– Boa noite e bem vinda senhora.
La première invitée VIP est une actrice portugaise que j’ai eu le plaisir de rencontrer à dans un théâtre espagnol il y a deux ans. Pas certain qu’elle se souvienne de moi, elle était de ceux qui tenaient la scène pour le plaisir de nos yeux, nos oreilles et nos cœurs.
–– Obrigado senhorita, me sourit cette dernière, avant d’attraper une coupe de champagne du plateau de Miley en face de moi.
À sa suite plusieurs autres personnalités et des membres de la famille, selon ce qu’on me fait savoir via l’oreillette. Le temps passe, mes jambes se crispent, mes muscles bandent, et la douleur s’intensifie, mais je garde sérénité et sourire. Comme toutes les filles vêtues de la même manière que moi ce soir, j’ai des réserves, et il en faut plus pour ne serait-ce que me faire changer ma posture.
Oui beaucoup plus, parce que même après l’uppercut massif qu’il me semble recevoir au moment, on m’annonce l’arrivée de Bey Douglas Kurk, mes pieds restent solidement ancrées au sol.
Manquait plus que ça….
Promis, je reviens dès que possible et je régularise les publications.
J'espère que l'histoire vous plaît.
J'avais besoin de sortir la tête de mes anciens projets, d'où ce projet.
J'espère que vous allez bien. Moi je vais bien, juste les cours qui reprennent et c'est un peu happant.
Allez, je ne tarde pas. Prenez soin de vous et à très vite. Ciao.
Love guys 😜❤️
🖤🖤🖤
Alphy.
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