Beautiful Nightmare

Duma








Le ciel me tombe sur la terre lorsque le paysage s’efface pour laisser place à sa seigneurie Bey Douglas Kurk. Il s’agit bien de cela, l’homme ne porte pas seulement le nom d’un seigneur, mais il croit aussi en être un.
Il s’y croit le salaud.

Tout en lui frise l’insolence. Aussi bien sa démarche rythmée et nonchalante que son attitude de petit privilégié, d’où ne ressort aucun naturel. On croirait une machine de guerre surentrainée, millimétrée, puis finalement, excellemment testée avant d’être envoyée en mission. Et dans son cas, il n’est pas difficile de deviner quelle est la sienne : cracher sur le bas peuple. Pire, je parie qu’il est de ceux qui le siphonnent, sans pitié, sans reconnaissance aucune. Il ne saurait en être autrement, au vue de ses instincts vampiriques.

Oh, je sais, j’exagère. Je spécule sur le pire. Mais c’est qu’il s’est montré plus que désagréable envers moi. Ça a je dirais frôlé la cruauté, la barbarie. Même que, là où d’autres traiteraient d’animal, je verrais une injure contre ces pauvres bêtes guidées par leur seul instinct de survie, et pas par la soif effrénée de pouvoir et le besoin de dominer en toutes circonstances.

Concentre-toi ma belle, machine à problèmes en vue.

Quand je pense que j’ai fantasmé sur ce… type. Quelle conne ! Connes comme toutes mes collègues déjà en admiration devant le bellâtre dont je serais malhonnête de nier les atouts physiques. Surtout pas ce regard aussi sévère que sexy. Il est beau ça oui. Putain de malchance de merde, son enveloppe de dieu n’a d’égale que son caractère de cochon… Non, j’ai mieux : chien-porc.

Ok Duma, c’est bon on se calme.

Il y a plutôt intérêt, plus que quelques pas et sa majesté aura quitté la partie de l’allée couronnée de fleurs printanières, pour amorcer celle que les filles et moi occupons, y créant soi-dit en passant, un somptueux contraste de bleu.



–– Mon dieu, qu’il est beau, s’excite Shan derrière moi.



Je grimace, le cœur chauffé à blanc par une irritation carabinée qui a le malheur de porter un visage et un nom. Pas très longtemps par contre, et pour cause, j’ai le malheur de croiser le regard du chien-porc, juste à cet instant-là. Je crois le voir freiner, puis hausser un sourcil le temps qu’il met à me toiser de la tête aux pieds. Tellement sonnée par son attitude, je cligne plus qu’il n’en faut des yeux et manque pour cela le moment où il a repris sa marche, mais pas le sourire espiègle collé aux coin de ses lèvres.

Connard ! Non, triple connard ! Et il va voir, ce qu’il va voir !

À l’oreille on ne m’apprend rien de nouveau : monsieur parle parfaitement anglais. Annonce à laquelle j’oppose un sourire machiavélique qui en plus de m’être venu aisément, est destiné à rendre coup pour coup, son arrogance à son acariâtre grandeur. Et lorsqu’enfin il amorce le dernier pas censé le ramener à notre hauteur, contre ma volonté, mon cœur semble me tomber dans les chevilles. Ou dans le ventre, je n’en sais plus fichtre rien. Comme quoi, il n’y a pas de première sans deuxième. Cet enfoiré m’a fait cet effet-là le premier jour, me laisser sans voix devant sa carrure de guerrier barbare recouverte de ce smoking anthracite qui à lui seul, m’épargnerait bien des tracasseries pendant des mois, et aujourd’hui encore il récidive. Rien de sorcier quand on y pense, car malheureusement personne ne l’a changé en vilain crapaud des marais entre temps.
Donnez-moi une baguette magique, tiens !



–– Konbanwa, yokoso. (Bienvenu monsieur)



Le coup du japonais est classé, mission échouée, puisque la cible n’en a eu rien à faire. L’air de n’avoir rien entendu, ce goujat hybride trace son chemin sans aucun regard sur ma personne. Rien de chez rien, me laissant par la même occasion me débattre avec ma honte.



–– Salaud, pesté-je alors dans ma barbe, sous les regards choqués des filles, loin de me douter que je ne suis ni au bout de mes peines ni au summum de ma bêtise.



–– Arigato gozaimashita…
Oh non ! ( Merci )



Je peux presque entendre le gong du suspens sonner, sous les à-coups de cette force invisible qui s’acharne sur ma vie, juste pour la forme. Le regard rivé vers l’entrée, où s’amène son frère, le fameux châtain clair0 ––pour citer Dona–– je n’ai pas vu que monsieur avait fait demi-tour. Et misère des misères, qu’il venait très exactement à ma rencontre, fidèle à lui-même, taquin et froid à la fois, comme si c’était la chose la plus normale du monde. Déconcertée par ce revirement de situation, mais surtout brusquée par son parfum aux notes boisées de plus en plus envahissantes, j’accuse un mouvement de recul. Mais rien y fait, chien-porc n’est pas du genre à saisir les messages insonores alors qu’il excelle lui-même dans cet art, et très vite je retrouve acculée contre une des poutres encadrant ce couloir tapissé de rouge. Encore heureux que mon plateau soit là pour entretenir une certaine distance, aussi minime soit-elle.

Fais chier, qu’est-ce qu’il me veut ?

Là je crois… non, j’en suis sûre, je suis la victime d’un marionnettiste fou et sadique, en carence d’adrénaline. J’espère au moins qu’il se marre bien, qu’il se déchire la mâchoire même. Ce serait vraiment stupide de se donner autant de mal pour rien.



–– Duma, finit par souffler Bey aux yeux hypnotiques, Bey au sourire ravageur, Bey à la voix incroyablement douce quoique rocailleuse, pour un personnage aussi détestable. C’est bien ça, n’est-ce pas ?



Il donnerait chaud à n’importe qui. Il n’y a qu’à tendre l’oreille et à jeter l’œil autour de moi pour obtenir confirmation des faits. Par ailleurs, ça a beau ne pas être pour les mêmes raisons que mes collègues, je suis moi-même en surchauffe, c’est dire.



–– C’est ça, réponds-je sans chaleur, ni courtoisie, même si mon job en dépend.



À croire que je n’apprends pas de mes erreurs. Ce n’est pas mon genre pourtant.



–– Apparemment vous avez le chic pour vous attirer des ennuis.
Tiquer me vient en premier secours, et juste après je roule des yeux.



–– Et vous, sans l’ombre d’un doute, celui de me gâcher la vie.



Ma hargne lui glisse dessus comme de l’air, ni vu ni connu, alors que c’est à peine si mes nerfs n’explosent pas. Je pourrais me tromper, mais à défaut de me provoquer un micro AVC là tout de suite, c’est sûr, demain je me réveillerai avec des boutons plein le visage.



–– Je peux encore vous faire virer, vous en êtes consciente n’est-ce pas ?



J’ai beau en avoir conscience, ma rage l’emporte. Ce n’est pas comme s’il avait besoin de motif supplémentaire que celui de m’avoir surpris en train de l’insulter, pour le faire. Il est plus que clair que j’ai déjà les deux pieds dans le plat, alors autant user la corde jusqu’au bout. Je me vois très mal en train de lui présenter des excuses. Ça jamais de la vie.



–– Tu parles d’une nouvelle, souris-je malgré l’amertume et l’aigreur qui me tenaillent les entrailles. Connard un jour, connard toujours. Mais oh, il faut le féliciter aujourd’hui, il sait se servir de sa langue. (Puis sans pouvoir rien y faire, mon expression se fait plus sévère) Du vent, ducon, je tiens au moins à l’avoir ma dernière paie.



Pas disposer à lui laisser l’opportunité de renchérir, je le bouscule, non sans avoir mis mon plateau à l’abris du choc, et le contourne ensuite pour me planter dans son dos, à ma place initiale, d’où j’accueille plus convenablement son frère.



–– Bienvenu monsieur.



Dieu soit loué, il vide mon plateau. Me voilà dispensée d’un potentiel risque d’accident. Avec son frère dans les parages, les probabilités sont on ne peut plus élevées.



–– Merci mademoiselle, se fait-il aimable, jusqu’à ce qu’il remarque son frangin planté derrière moi.



Ses yeux sortent instantanément de leurs orbites, continuent tout de même d’osciller entre l’armoire à glace postée dans mon dos et moi.



–– C’est bien vous la fille de la dernière fois ! bégaie-t-il.



–– Fichons le camp d’ici Damian !



–– Non mais attend, c’est bien elle.



–– Tout de suite, tonne si fort cette fois sa méchanceté suprême, qu’il en fait sursauter plus d’unes, moi la première.



Il y a des choses qui ne changent pas. Châtain clair en fait partie. Couille molle au pays des larbins, celui-ci se plie aux volontés de son aîné en moins de temps qu’il ne lui faut pour battre des cils. La bile me monte au bord des lèvres, l’enfer pose ses valises entre mes veinules. Quoi de plus normal, quand un démon d’une telle envergure se tient à quelques centimètres de moi ? Les sensations sont accablantes, à la hauteur de ce spectacle de bouseux. C’est biologiquement affligeant, mais plus psychologiquement violent encore, tant le goût du réchauffé n’est pas à mille lieux d’ici. Il ne s’agit pas juste d’une impression, Damian est bel et bien une pâle copie de celle que j’étais à une époque. Bridée et bâillonnée, soumise à la chevauchée capricieuse d’un maître de pensée, d’un supérieur hiérarchique et généalogique.

S’il me restait encore le moindre doute sur la cruauté de cet être abject, eh bien, il vient de s’évanouir. Encore plus vite que le sourire taquin de ce cher Damian, et je l’espère, de manière plus définitive que leurs pas tempétueux dont l’écho s’amoindrit avec la distance.



–– Putain Duma, c’était quoi ce cirque ? enchaîne Shan pour le malheur de mes nerfs déjà à vifs. Tu les connais ?



La mine déconfite, les épaules affaissées, l’air semble soudain avoir été bombardée d’un gaz grisaillant, aux effets insonorisant et aux senteurs nauséabondes. Prise de tournis, fort m’est de constater que la nature s’amuse à illustrer cette métaphore qui joue en boucle dans ma tête, comme l’écho d’un cri effroyable : le monde s’écroule sous mes pieds. Perdre mon job s’assimile bien à cela.

Black-out ! Big Bang !

Presque un point final, à l’espoir que j’entretiens de reprendre les cours de sitôt, c’est un coup fatal. Si je perds mon travail, ma ténacité soufflée au charbon jusque-là, aura de quoi se faire la malle, me laisser démunie et sans aplomb, sans défense.
Comme j’aurais aimé pouvoir une toute autre réponse à cet instant. Comme j’aurais aimé ne jamais croisé la route de ce sinistre personnage. Mais malheureusement…



–– Oui, j’ai eu la malchance de le croiser.






Notre Bey Douglas Kurk pour le plaisir des yeux 😍😍😍.... Avouez il est à croquer... (Juste pour celle que ça intéresse, c'est un acteur Indien), parce que ouais, Bey Douglas a des origines indiennes... Je voulais faire plus crédible, donc j'ai fouiné des personnages de cette partie du globe là.

Je suis de retour partout oui oui.
Nos tourtereaux jouent au chat et à la souris😝😂.
J'aime particulièrement écrire cette histoire. J'espère que vous aimez aussi la lire. Sinon, n'hésitez pas à me laisser vos impressions, remarques, corrections en commentaires.

Sur ce, je vous dis à très vite.
Ciao

Love guys 😜❤️
🖤🖤🖤
Alphy.

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