BE - B : L'Implantée Ratée
Plus les rêves s'enchaînent, et mieux je te comprends. Je capte les racines des mots intraduisibles que tu m'offres. J'ai voulu consigner dans un carnet tout ce qui me semblait important, avant de réaliser que tout me semble important. En une matinée, j'avais noirci quarante pages d'informations à ton sujet, et je crois avoir oublié la moitié de ce que je devais noter.
J'ai inscrit les quelques termes que mon cerveau ne sait pas traduire : Remarstralis, qui ressemble plus à un purgatoire qu'un paradis, Homirobrum, les androïdes, Abphabrum, la puce, Neobrum, l'après-puce, et j'ai remarqué les réminiscences de ta langue. Je crois que les suffixes indiquent le type d'objets dont il s'agit : les terminaisons en -brum désignent le matériel, le palpable, et celles en -trum représentent l'opposé : l'immatériel. Les suffixes en -is signalent les lieux, et ceux en -ae déterminent le titre social d'une personne.
Avec un tel système, on trouve chez vous des mots d'une longueur insensée. Vous avez inventé une façon de procéder originale, inimaginable dans notre monde, avec nos mots immuables et sacrés, nos termes inscrits dans le marbre. Vous transformez les lexèmes. Vous raccourcissez les termes, élidez des lettres. Vous ne vous attachez à rien. Votre langue n'a pas d'histoire, elle n'est tournée que vers l'avenir. C'est que, pour vous, les mots ne sont pas si importants. Chez nous, tout est contenu dans la parole : le sens, les émotions, la réflexion, tandis que, dans cette cité infinie qu'est Urbelis, les gestes transportent le sens profond. L'essentiel est sourd pour les oreilles.
Amniotrum,
M.M I à III : Cérémonie d'union libre entre amniae.
M.M IV : 1. Cérémonie d'unification des amniae. 2. (rare) Liaison des âmes pour l'éternité.
La réunion est à peine terminée que Lusen bondit de son siège. Il se dirige vers Fedicaï, tapote son dos au ras de la nuque, enchaîne les embrassades d'usage avec les deux autres, puis fuit jusqu'à l'ouverture de l'étage, où la cabine est supposée l'accueillir.
Il est rare de patienter pour une machine. Toutes reliées aux Abphabrum, elles anticipent les besoins et les demandes. Les cabines sont nombreuses, bien pensées, prennent en compte l'urgence de la situation, et les positions des uns et des autres dans le bâtiment. Pourtant, aujourd'hui, au moment où il en a plus que jamais besoin, la cabine le retarde. Il soupire, croise ses bras, s'enferme dans son esprit pour se distraire.
Des pavés aux interstices fleuris se déploient sous ses pieds. Au milieu d'une rue marchande, il renifle les odeurs d'épices et de légumes grillés qui embaument l'air. Des toiles tendues au-dessus de sa tête le protègent de la pluie. Il s'est arrêté pour écouter une musique jouée par une jeune femme.
Abritée sous une chapelle de pierre, entourée de tambours et de flûtes, la musicienne joue d'une guitare à caisse ronde, dont le manche, très allongé, rend l'instrument bien plus grand que l'instrumentiste. Dix cordes s'alignent au-dessus du bois. Sous le chevillier, zone que les bras de la musicienne ne peuvent pas atteindre, sont placées des mains mécaniques dorées, activées par son Abphabrum.
La musique du cœur d'Urbelis n'existe nulle part ailleurs. Elle ne sonne pas comme celle du désert, ni des montagnes. Elle n'a pas de tonalité. Chaque « octave » est constituée d'une trentaine de notes dont le nombre varie en fonction de l'instrument. La musique d'Urbelis unifie les chants de la nature, sans codes, sans règles, sans limites. Elle se fond dans les grondements du monde, isole et sublime chaque son qui existe.
Ce n'est pas le jeu de la musicienne qui intéresse Lusen, mais ses cheveux blonds. Les yeux baissés sur les cordes qu'elle manie avec passion, le visage de la guitariste lui rappelle celui de son amour passé. Au fond de lui, il sait que la chose est impossible. Le cycle de réincarnation est trop long pour que les anciens défunts réapparaissent si tôt, et de toute façon, ils ne reviennent pas sous le même aspect, mais il ne peut s'empêcher d'espérer que ce soit elle, l'espace d'une seconde, jusqu'à ce qu'elle relève son regard.
Elle ne lui ressemble pas.
Il s'apprête à arrêter le Nuage Mémoriel, mais un passant lui agrippe le poignet. Le bien-être le submerge sans prévenir. Son cœur se met à pulser dans sa poitrine. Il sent l'angoisse trembler sous les couches d'allégresse. Cet événement n'appartient pas à son souvenir, et quand il se tourne vers la main qui l'a attrapé, il ne voit personne.
La rue se brouille soudain, éclate en nuées de couleurs. La guitariste et sa musique s'évanouissent dans une poussière d'or, remplacées par le visage de Velares. Le botaniste se dégage d'un geste courroucé. Il est si peu habitué à ce qu'on le touche qu'il a oublié la sensation de l'autre et de ses émotions. Il saisit son poignet, le frotte, comme pour le nettoyer de la joie invasive du docteur. Velares semble surpris, presque curieux, ce qui redouble l'agacement de Lusen, puis, sans chercher à lui témoigner davantage son amitié, il demande :
— Ai-je fait une chose qui vous déplaît ?
— Je n'aime pas le Contact, grommelle Lusen.
Velares sourit, de plus en plus curieux.
— Vous n'aimez pas ?
— Je n'aime pas. Fedicaï et Gloria le savent. Vous m'avez surpris.
— Je suis désolé. Je ne pensais pas... — Il se mord les lèvres. — La cohabitation n'est pas difficile ?
— Je ne cohabite pas.
— Tiens donc.
Lusen lui jette un regard mauvais. Velares le prend pour un nouveau sujet d'étude, un animal sauvage à apprivoiser. Il peut presque le voir noter des informations sur lui dans son esprit.
La cabine arrive au même moment. Lusen prend place sur le dernier siège du premier rang, contre le garde-corps, observe le soleil disparaître derrière les tours, puis les arbres minuscules, trois-cent mètres plus bas. Parfois, quand il se tient très en hauteur, il est pris d'une envie furieuse, insensée, ridicule. Parfois, il a envie de sauter.
— Vous travaillez sur ce projet depuis longtemps ?
Lusen souffle. Velares a décidé de s'assoir à côté de lui quand dix-neuf autres sièges vides peuvent accueillir ses deux fesses. Sans se retourner pour le regarder, il marmonne :
— Six ans, je crois.
— Ce n'est pas trop difficile de travailler dans ce type de conditions ? Avec une cheffe et des collègues, j'entends. C'est un peu dépassé.
Le botaniste hausse les épaules.
— Ça ne convient pas à tout le monde.
— Ça vous convient, à vous ?
— C'est là que se trouve mon Blotus, alors oui.
— Vous auriez vous approprier ce champignon sans avoir à le céder à autrui.
— Vous aussi, vous auriez pu faire ça avec l'âme, et pourtant, vous voilà.
Lusen se redresse dans son siège et le toise. Le sourire de Velares s'agrandit. C'est la première fois qu'il voit quelqu'un s'atteler autant à paraître hostile.
— Je ne parvenais à rien, tout seul.
— Exactement.
Lusen se renferme dans son mutisme, satisfait d'avoir cloué son bec au docteur. Velares l'observe, intrigué par sa méfiance, par cette phobie du Contact, cette crainte de l'autre qu'il fait passer pour de la haine. Il n'a jamais rencontré quelqu'un comme lui. En Urbelis, les gens se nourrissent et grandissent du contact humain. Ils embrassent leur sociabilité dès la naissance, rencontrent et ressentent très tôt une multitude de gens. Un vœu de silence lui paraîtrait moins extraordinaire.
— Vous accepterez d'être touché, au bout d'un moment ?
La cabine s'immobilise. Lusen se lève.
— Non.
— Vous savez qu'il est difficile de communiquer sans le Contact. Ça pourrait compliquer nos relations professionnelles.
Le botaniste se tourne et agite avec lui les reflets de sa cape verte. D'un air indifférent, il rétorque :
— Nous avons des mots. Utilisez-les.
Velares le regarde partir sans autre forme de politesse, égayé et confus, incapable de savoir si Lusen Goyan le déteste particulièrement ou s'il se comporte ainsi avec tout le monde.
Lusen arrive chez lui plus hargneux que jamais. La lumière violacée du crépuscule emplit la pièce, le salon diffuse l'odeur apaisante des bâtons répulsifs à insectes. Les frissons de haine cessent peu à peu d'hérisser sa colonne vertébrale. Lusen laisse l'homirobrum lui ôter ses vêtements, ternis par la poussière de l'extérieur. Il inspire, tente de se détendre mieux, et sent la colère revenir au galop. Cette colère-ci, au moins, est résonnée. Elle le laisse réfléchir. Pour la quatrième fois en moins d'une heure, le botaniste se frotte le poignet. Que fera-t-il si le projet disparaît ? Que fera-t-il de ses connaissances, de ces années de travail ? Seront-elles perdues dans le néant à cause des recherches stupides de Velares ? Combien de temps ont-ils avant qu'il ne soit trop tard ?
La peur le glace et le saisit à la gorge. Lusen peut presque sentir le Neobrum lutter pour lui envoyer ses plus lourdes décharges d'hormones de bonheur. Certains jours, il voudrait parvenir à débrider le système pour se noyer dans une joie artificielle, sans fin.
Enfin nu, il parcourt le séjour, gravit les marches blanches du bassin, s'enfonce dans l'eau trop chaude qui le berce et le picore. Etendus sur la cime des arbres, les rayons vespéraux balbutient le ciel bleu d'un été d'adolescence. L'esprit de Lusen divague avec les eaux. Une odeur de conifères remplace peu à peu l'encens. Les flots enflent autour de lui, se répandent hors du bassin, forment bientôt une rivière. Les yeux du botaniste contemplent le courant serpenter en contre-bas, puis se jeter dans les ondes glaciales d'un fleuve.
Autour de lui se sculpte une clairière d'été encadrée de sapins. La peau écailleuse des poissons lui effleure les pieds, et les algues glissent entre ses orteils à chacun de ses pas. La fraîcheur de sa fougue lui offre un regain d'énergie. Il se sent jeune, encore adolescent. Ce jour-là, il doit être âgé d'à peine seize ans. Et c'est vers elle qu'il marche, son amniae.
En réalité, ils ne sont pas unis. Ils ne le peuvent pas. L'amniotrum ne se déroule qu'entre les humains disposant d'une puce fonctionnelle. Avant l'apparition de cette technologie, l'amniotrum était un mariage libre, la liaison de deux êtres pour la vie sans promesse d'exclusivité.
Désormais, l'engagement est bien plus profond. Une pythie se charge d'unir les puces, d'ouvrir les canaux, briser les frontières, pour libérer les émotions de l'un dans l'esprit de l'autre, pour que les amniae se ressentent dès qu'ils sont proches, sans avoir à se toucher.
On procède à l'amniotrum dans l'espoir d'avoir rencontré son âme-sœur, pour que le lien établi par la pythie perdure au-delà de la mort, et que les âmes liées pour l'éternité se retrouvent ensuite, dans chacune de leurs vies jusqu'au dernier voyage. On croit que l'âme se réincarne, que la mort et la naissance ne sont qu'un seul et même endroit. Le décès n'est pas une fin, mais un recommencement. Ainsi, à ceux qui ont perdu un proche, on dit en présentation des condoléances : c'est aujourd'hui que tout commence.
Sur l'âme-sœur, personne ne détient de réponse absolue. On croit que les amniae qui ne sont pas de véritables âmes-sœurs se détachent au moment de la renaissance, et que seules les anciennes âmes peuvent trouver et reconnaître leur sœur. Les pythies conseillent de ne pas la chercher, mais de vivre et d'aimer, d'espérer sans ambition que les yeux se posent en temps voulu sur l'autre qui nous complète, et de ne pas craindre d'attendre les vies suivantes pour vivre ce moment.
Quand Lusen voit ses cheveux d'or se noyer dans l'éclat du soleil, danser et fouetter son visage, emportés par le vent estival dans une course folle, quand il la voit sourire ainsi, il est convaincu d'avoir trouvé son âme-sœur. Aujourd'hui, Lusen réalise son rêve. Il l'a emmenée au bord de la cité, pour qu'elle découvre son monde au moins une fois.
Quelques heures plus tôt, la pythie du soin de Mikaëla lui a finalement offert un choix : vivre ses derniers jours à l'hôpital, ou prendre le risque de tout interrompre plus tôt, en activant sa puce. Mikaëla n'a pas hésité. Elle a toujours été d'une nature téméraire. L'Abphabrum supposé ouvrir son esprit au monde l'enferme depuis toujours dans une prison de chair. Elle est l'un des rares échecs de la puce. Une implantée ratée. Le sujet au cerveau incompatible avec la technologie incontournable. Mikaëla a raconté une centaine de fois à Lusen l'histoire qu'on lui a répété toute son enfance.
Elle était un beau bébé bien né, et en bonne santé. Ses parents, ravis, l'avaient confiée aux pythies chargées de l'implanter. L'opération faisait déjà figure de formalité depuis des décennies, et la plupart des enfants la subissaient dès la naissance. La puce avait prouvé son efficacité dans l'éducation depuis longtemps, et l'acte bénin ne représentait pas de risque particulier. Le corps de Mikaëla n'aurait jamais dû la rejeter. Pourtant, la chirurgie à peine achevée, ses membres furent pris de spasmes incontrôlables. La petite inconsciente trembla jusqu'à la mort cérébrale, trois secondes s'écoulèrent avant qu'elle ne revienne à la vie.
Le diagnostic tomba. L'implant rejeté avait lésé une partie du diencéphale qui le rendait impossible à extraire. Toute utilisation de la puce serait fatale, et Mikaëla n'atteindrait pas l'âge adulte. L'homirobrum, qui l'a élevée, n'a jamais oublié de lui dire combien ses parents ont pleuré avant de l'abandonner, mais on croit qu'un implanté raté porte malheur.
Mikaëla a évolué dans un monde de solitude profonde jusqu'à Lusen, coupée de tout, seulement aidée par cet homirobrum qui ne pouvait pas refuser de l'approcher.
Tous les implantés la rejetaient en bloc. Ils ne pouvaient pas partager leurs émotions avec elle. Même échanger de simples informations à voix haute leur semblait insurmontable. Lusen Goyan a été le seul garçon à ne jamais la repousser pour son implant défaillant. Il s'est intéressé à elle, et lui a souri toutes les fois où elle l'a chassé, jusqu'à ce qu'elle cesse de se méfier.
Lusen a dû apprendre à lui parler au-delà des émotions, à trouver les bons mots dans ce langage que les années appauvrissent, et lire les gestes, les expressions du visage. Il l'a décodée, jour après jour. Il a deviné quand elle était heureuse, quand elle était en colère. Il l'a prise dans ses bras, il l'a rassurée, il a caressé ses cheveux époustouflants, incapable de comprendre ce qui lui plaisait, ce qui l'attirait au-delà de la logique, ce qui lui donnait la force de se démener pour elle et d'être traité en paria, lui aussi.
Quand ils sont finalement devenus amis, Mikaëla a ri de ses maladresses, et Lusen s'est habitué à tenir sa main et lui ouvrir sa puce. Elle n'a jamais su qu'il lui transmettait tout sans qu'elle ne perçoive rien. Elle n'a jamais pressenti son amour avant qu'il ne le lui dise. Il n'a jamais discerné le sien. Ils se le sont avoué un jour, à l'instar de leurs aïeux sans implants, avec le risque et la peur de voir l'autre les rejeter.
Dès cet instant, tout a été sincère. Ils se sont dit les mots que les autres n'utilisent plus. Ils ont chanté leur amour, crié leur colère. Ils se sont appris, pour se lire sans se sentir, ils se sont découverts ensemble.
Quand, quelques heures plus tôt, Mikaëla a avoué à Lusen qu'elle souhaitait lui ouvrir sa puce, l'adolescent a refusé. S'ouvrir, pour elle, c'est se tuer. Son implant défectueux est une bombe à retardement logée au cœur de son cerveau.
— Rends-toi à l'évidence, Lusen, lui a-t-elle alors dit. Si la pythie m'y autorise, c'est que tout est bientôt fini, et je ne veux pas partir sans avoir pu m'ouvrir à toi.
Il se met à pleurer, submergé par la douleur, dégoûté par sa lâcheté soudaine.
— Je t'avais promis, mais je ne peux pas...
— Je ne veux pas mourir sur un lit d'hôpital, tu comprends ? Je ne veux pas mourir seule. Je veux être avec toi, comme les autres partenaires qui sont ensemble jusqu'au bout, qui ne s'abandonnent jamais, jusqu'à la renaissance. Moi, je ne suis pas sûre de renaître, alors...
— Bien-sûr que tu vas renaître !
— Laisse-moi savoir ce que ça fait avant la fin.
— Mikaëla... Je...
— S'il te plaît, Lusen.
Il entend dans son ton résolu qu'elle a déjà gagné. La détermination illumine son regard. Ses poings sont serrés. Enfin, la porte s'ouvre au renouveau. Elle pourra mener une vie normale, savourer les émotions des autres, avoir des partenaires, rencontrer encore Lusen et se lier à lui pour toujours. Cela fait des mois qu'ils en parlent. Elle n'a jamais caché son désir de lui ouvrir sa puce à l'instant fatidique.
Il ne lutte plus. Il cède à sa dernière volonté dans cette rivière au bord de laquelle ils se sont souvent retrouvés, et qui a assisté à toutes les premières fois. Un coin de paradis perdu, à des kilomètres du monde, des implantés qui les jugent, et des légendes idiotes. Aujourd'hui, il n'y a plus qu'eux. Elle, au comble du bonheur, et lui, qui se noie dans son sourire. Aujourd'hui, il l'embrasse comme il ne l'a jamais embrassée. Les larmes roulent sur ses joues et se fondent dans le torrent. Il entremêle leurs doigts d'une de ses mains. L'autre reste pressée contre sa taille. S'ouvrir semble irréalisable. Il le fait pourtant, et Mikaëla l'imite. Lusen lui a expliqué qu'il suffit de se relâcher et se détendre, que certains sont en permanence ouverts aux autres, qu'il les trouve insupportables.
C'est la première émotion qui leur parvient : l'éternel agacement de Lusen envers ses semblables. Puis la joie surgit. Ils ont envie de rire. Et alors l'ouverture totale se fait entre eux. Ils découvrent la puissance de leur amour, et leur océan de tristesse. Les sanglots se mélangent. Ils plongent tous les deux dans la peine, se perdent et se retrouvent, refusent de se lâcher à nouveau. La chaleur de l'autre les rassure. Ils surmonteront tous les obstacles tant qu'ils seront ensemble, jamais rien ne les séparera. Ils s'attendront.
Et l'océan de chagrin se change en espoir. C'est celui de Mikaëla qui contamine Lusen. Soudain, quelque chose leur vient. C'est lui qui doit parler. Il sent déjà leur lien s'étioler avec les secondes qui s'écoulent. Mikaëla disparaît. Il faut tout lui dire avant qu'elle ne parte. Il faut qu'il avoue sa décision pour l'avenir. Elle patiente. Le temps presse. Alors il prend son courage. C'est une promesse. Il ne reviendra jamais en arrière.
Mikaëla, je trouverai quelque chose. Peu importe la durée, peu importent les obstacles, je te promets de trouver une solution pour que tous ceux comme toi ne soient plus jamais seuls. Mon amour, je te promets de ne jamais t'oublier.
Il réalise qu'il parle dans le vide. La communication s'est interrompue. Lusen ouvre les yeux et découvre le corps de la jeune fille qui gît dans ses bras. Il la secoue, il hurle sans pouvoir se retenir. Tout est terminé. Son cœur est vide.
Le soleil disparaît. La rivière se réduit. La clairière s'évapore autour de lui. Il est de nouveau dans son bain, dix ans plus tard. Le Nuage Mémoriel l'a laissé seul. Sans elle.
Il a tenu sa promesse.
Elle n'a servi à rien.
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