mais quel emmerdeur( se)

Lou black

24 heures à l'hôpital


__ Madame veuillez vous calmer, sinon votre plaie va se rouvrir ! s'agace le médecin.


__ S'il vous plait docteur Grumps, vous m'avez dit que j'avais rien de grave alors, à part cette blessure je veux sortir.

Le médecin se racle la gorge, frotte son crâne dégarni et fait cliqueter son stylo nerveusement.

__ Nous avons eu votre ami, un certain Adam, il vient vous chercher avec un autre homme, Franck.

Je lève les yeux au ciel irrité et grogne lui faisant comprendre ma désapprobation, car oui j'étais au courant, mais ce n'est pas pour autant que je l'accepte. Je ne cherche même pas à savoir comment... Enfin si je sais : leur geek Norman.
Adam a eu le culot de m'appeler dans ma chambre, quand il a su que j'étais réveillée, afin de m'annoncer que d'une il venait me chercher et de deux qu'ils ont réglé son compte à l'autre enflure. Je lui ai raccroché au nez, il a rappelé, mais je n'ai pas décroché.

J'ai appelé ensuite l'accueil pour lui interdire l'accès à lui, mais pas à Franck, ce qui je sais ne va pas lui plaire. Ah et j'ai reçu un message dès que j'ai eu accès à mon portable, de Franck me disant que le temps que je guérisse je ne serai pas seule chez moi et que si je refuse je dormirai au club. Bah voyons, non mais sérieux je ne suis pas un bébé, je n'ai pas répondu. Enfin si...

Moi à Franck :

Va te faire foutre !

Il n'a pas répondu et l'autre a essayé de me joindre, mais comme c'était un numéro inconnu de mon répertoire, je n'ai pas décroché. A la place, j'ai appelé l'hôtel pour récupérer mes fringues. Heureusement, il n'y en avait pas des masses, juste un petit sac et quelques fringues que j'ai achetées, ils ont accepté en me disant qu'ils me remboursaient la totalité de mon séjour, par rapport à ce qu'il m'est arrivé. Des vacances gratuites en somme et eux gardent leurs responsabilités en mettant cette histoire sous silence.

Pendant que j'attends Franck, je rumine dans mon coin en essayant de trouver une idée fabuleuse, afin que l'autre con me lâche la grappe. De plus il est hors de question que je dorme dans leur QG, il y a trop de mecs ... A moins que ... Mais oui ! Là, je sens que je vais bien m'éclater finalement. Des rumeurs disent que les bikers sont de bons amants, car ils ne se prennent pas la tête ! Et faut avouer, pour le peu que j'ai vu, ils sont loin d'être moches. Bon maintenant que j'ai un plan, je n'ai plus qu'à attendre que Franck vienne. 

En parlant du loup, quelqu'un frappe et une grosse voix dit derrière la porte.

__ Eh poupée c'est moi ! je peux rentrer ? crie Franck.

__ OUAIS ! dis-je déjà las et fatiguée de ce qui m'attend.

Franck entre en trombe en marchant à grands pas dans ma direction, les mâchoires serrées et les yeux partent là où ils peuvent, avec un air très contrarié, mais je m'en tape. Près du lit, les cuisses collées au matelas, son visage change d'expression et devient doux, il lève une main hésitante pour frôler ma joue et mon arcade, là où se trouve mes deux petites cicatrices.

__ t'as mal ?

Je lève les yeux au ciel, pouffe et secoue la tête.

__ À ton avis ? Tu aurais mal toi ?

Franck bougonne la main en suspend, puis je lui dis pour le rassurer

__ Tu peux me toucher tu sais. Je vais pas me casser en deux.

Il bougonne encore, ce qui me faire rire, ce con arrive à m'attendrir.

__ Mmh si... se plaint-il en baissant le bras.

Son téléphone se met à vibrer, et éclate le moment dans notre bulle amicale, qui que se soit il ou elle fait chier.

__ Ouais ? répond Franck agacé...


 Les sourcils hauts, étonné, il baisse les yeux en scannant mon visage.

__ Tu lui demanderas, rit-il.

Je n'aime pas quand je ne sais pas qui c'est, quand il me tend son téléphone pendant qu'un mec s'égosille au bout du fil.  Je le prends, à contre coeur, car je suis curieuse de savoir qui gueule. Mais dès que j'entends sa voix, je raccroche aussi sec au nez de ce con à qui je n'ai pas envie de parler. Franck avale sa salive de travers effaré, puis n'y tenant plus, il rit à gorge déployée, en le rangeant, alors qu'il sonne encore.

__ Pourquoi tu as fait ça ? questionne-t-il mécontent.

__ Parce que pour le moment je ne veux ni le voir ni lui parler... J'ai besoin de réfléchir seule. Et quand il m'emmerde comme ça, je n'arrive pas à mettre tout à plat dans ma tête... Putain, mais qu'il me lâche la grappe, merde !

__  Alors dis-lui ! Insiste Franck.

__ Non, car je n'ai pas de compte à lui rendre !

__ Comme tu veux, mais je t'apprends rien quand je te dis que tu pourras pas l'éviter éternellement.

__ Tu veux parier que j'y arrive ? dis-je un brin butée.

__ Ce que tu peux être chiante ! Bon bref je vais devoir partir, je reviens demain et puis il m'attend en bas, dit-il en levant les yeux au ciel.

Oui, je sais, j'agis comme une gamine qui fait un énorme caprice, mais je m'en tape. Ce type me sort par les yeux et les oreilles pour le moment. Ce mec a pourri ma jeunesse, il ne mérite que mon indifférence. Même si je sais que ses pîtreries puériles de l'époque ne sont pas celles qui m'ont traumatisée.

《 je n'arrive pas à le dissocier avec ceux de l'université, alors qu'il n'y a rien de comparable》, je le sais pourtant alors pourquoi je bloque ?

__ Bah tant mieux de toute manière je sors que demain.

__ Alors je viendrai pas pour rien.

__ Non, dis-je contente que ça soit lui et pas l'autre crétin.

__ Je sais ce qu'il t'a fait, mais Lou c'était des conneries de môme ! Des blagues de potaches ! C'est du passé maintenant, vous êtes des adultes. Il faut que tu ailles de l'avant, va falloir que vous discutiez comme des adultes pour perser cette bulle de colère où tu t'es enfermée.

__ Et si j'ai pas envie pour le moment,c'est mon droit après tout .

__ Oui mais s'il te plaît Lou, sois raisonnable, ne fait pas ça, à rester enfermée dans ce passé qui te pourrit la vie.

En gros : ne joue pas les gamines butées et avance !

《 je sais qu'il a raison mais je ne peux pas, sans preuve de sa bonne foi 》

__Mais putain j'ai pas envie bordel ! Du moins pour le moment... j'aimerai être seule pour ça, mais personne ne me laisse tranquille et ça commence à me saouler.

__C'est pour ça que tu étais partie, sans prévenir qui que ce soit ? demande-t-il déçu.

Je sais que je l'ai blessé, je le devine au son de sa voix et de ses mots. Il pense que je me confierai à lui, alors qu'il se croit rejeté, comme si je n'avais plus confiance. Mais je ne veux pas, je veux m'en sortir seule et me dire que j'ai été forte et que je m'en suis sortie seule sans l'aide de qui que ce soit.

__Voilà, voilà, dis-je en ignorant le pincement de mon coeur, et puis je te rappelle qu'il s'est déjà expliqué deux fois au moins. Et tu sais quoi je m'en carre de ses belles paroles, je ne le crois pas une seule seconde ! dis-je agacée.

Franck ennuyé, soupire en fermant les yeux, sa tête se penche et finit par déclarer forfait.

__Tu es vraiment têtue quand tu t'y mets !

__Eh ouais ! Allez va le rejoindre, sinon il va se rouler par terre comme un gosse.

Franck rit et pose un baisé affectueux sur ma tête, et insiste.

__Pense à ce que je t'ai dit.

Afin qu'il me lache je concède.

__Oui, oui ce soir en dormant promis ! dis-je chafouin.

__Putain ce que tu es chiante !

Franck m'offre un sourire résigné, en marchant à reculon pour soutenir mon regard.

__Salut ! Oh eh ! dis-je en me souvenant d'un truc. Une dernier chose, il n'a pas intérêt à se pointer demain matin, je ne repartirai pas avec lui.

__Lou, dit-il dos à la porte la main sur la poignée, les yeux suppliants presque pour un minimum d'ouverture d'esprit.

__NON ! je te préviens Franck, ne fais pas l'erreur de croire que je dirais rien ! dis-je en le menaçant de mon index.

__Ok ! Ok ! dit-il en relachant la poignée et lève les mains en l'air devant lui, je viendrai moi même ça te va ?

__Beh voila quand tu veux !

Avant de le voir quitter ma chambre il marmonne.

__ Il va pas aimer.

《 je m'en fous na ! 》

......

Je suis peut-être une chieuse, je suis peut-être une emmerdeuse, mais ce qu'il a fait, je n'arrive pas à l'oublier. Je sais que ce n'est pas la pire des choses que j'ai subie, mais ça a été quelque part le déclencheur de ma méfiance envers les hommes. Ca a commencé par lui et si ça se trouve, c'est à cause de lui que ma confiance est bousillée. Le peu que j'avais, envolée ! Et ce groupe à l'université a pu le percevoir et a su s'en servir pour me piéger et m'humilier.

Normal, je longeais les murs et m'habillais comme un sac à patates, pour camoufler mes formes, trop gênée pour les exposer. Alors voilà j'étais la bonne cible pour leurs jeux débiles et dangereux... J'aurais pu y rester et ça Franck le sait.

Et ne le dit jamais.

Quand j'ai vu ce gars au Mexique, me regarder comme une friandise alléchante, j'y ai cru. Mais j'étais loin de m'imaginer ce qu'il était réellement. Je croyais que je lui plaisais sincèrement. Oh mais juste pour une nuit, rien de sérieux, que physiquement j'étais assez à son goût pour coucher avec moi et m'offrir un moment unique, qui m'aurais peut-être fait changer d'avis... Mais faut croire que j'ai été bernée encore et que même mince je ne suis qu'un déchet, un mouchoir en papier à usage unique.

En gros le Sergent d'armes des Red Shark était un essai, pour voir si j'étais capable de surmonter mes peurs et mes doutes. Plus qu'un simple flirt, afin de voir si j'étais capable de coucher avec un homme... Malheureusement, je ne le saurais jamais.

Et Adam espère que je sois magnanime, mais tu rigoles mec, jamais de la vie !

Je revois leurs sourires hypocrites, je me rappelle de leurs mots mielleux et attentions factices.

Je me rappelle :

• Mais pourquoi tu te caches... ?
Tu es pas si grosse et moche en fait, me disaient Célia et Romuald...

• Ouais un tour en salle de sport, puis l'esthéticienne et le tour est joué disait Chantal.

Tous des menteurs, des enculés de menteurs.

J'ai subi ma première humiliation d'avoir été droguée à petite dose de LSD, puis déshabillée en me faisant miroiter de belles promenade, par des filles comme moi. Ensuite ce fût les hommes, en me faisant croire que tout pouvait changer, si je changeais aussi. Et au final être traînée dans la boue et agressée par un dogue allemand, excité la bite à l'air en essayant de me grimper dessus, et enfin traînée au sol devant tous les étudiants agrippés à mon bras, alors que j'étais paralysée.

Dans mon dernier verre, il y avait du GHB.

Je ne maîtrisais plus rien, spectatrice involontaire de mon humiliation.
Ils ont tout filmé et exposé le lendemain dans toutes les parties communes que les étudiants fréquentaient. Ils ont été punis, tous sans exception, car des gens n'ont pas adhéré, mais c'était trop tard, la petite fille que j'étais a été ravagée par la douleur, bouffée par la colère. La vidéo partagée sur la toile a fait un malheur. Ce jour-là je me suis jurée, que si je m'en sors, que plus jamais, je ne subirai.

Je repense à ce pauvre chien, qui malgré tout, a été lui aussi leur jouet, même s'il ne m'a pas lâché.

J'ai appris, qu'ils avaient utilisé la secrétation animale d'une femelle de sa race en période d'ovulation, un des gars qui a participé à ce jeu ridicule l'a volée à son père, qui est vétérinaire.

(son père lui en a beaucoup voulu et l'a puni en conséquence, mais c'était trop tard)
.......

La nuit commence à tomber, une lumière  douce allumée au dessus de ma tête, donne une atmosphère apaisante.

Mais les souvenirs sont indélébiles, les joues humident de larmes intarissables, je renifle et j'essuie mes larmes avec le haut de mes draps. Un bruit de pas raisonne dans le couloir. Des pas féminins enveloppés de caoutchouc, chuintant à chaque pas, et troublée, je m'enfonce dans les draps, quand la porte s'ouvre doucement je ferme les yeux.

__Bonsoir mademoiselle, je viens voir si tout va bien.

__Oui tout va bien. lui répondis-je alors qu'elle s’assoie près de moi.

Son regard ne reflète aucune pitié, mais de la douceur, elle pose sa main sur le dessus de la mienne et dit.

__Aucune personne ne mérite vos larmes, encore moins celles de la tristesse. Aucune personne n'a le droit d'être malheureuse, la vie est courte, alors profitez à fond sans la brûler par les deux bouts.

__Ce que je compte faire une fois sortie.

Elle se lève.

__Bien, dit-elle en vérifiant mes constantes.

__Voulez-vous un somnifère ?

__Non merci, dis-je la voix cassée par le chagrin.

J'aperçoit son badge " Angèle ". Son visage était comme son nom, mais il faisait trop sombre pour voir le reste. Elle me salue d'un beau sourire et me laissa seule.






•••••

Corriger par la super Sophie erieau

Recorriger par Céline allavena

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