comme une certitude

Lou


J'ai encore rêvé cette nuit de la scène finale, avant que je me retrouve à l'air libre marchant avec peine jusqu'au club.

Une semaine était passée et je vais un peu mieux physiquement. 

Je détaille sans le vouloir le toubib face à moi dans le silence. Il paraît qu'ils ont été obligés de me déposer à l'hôpital, tellement j'étais mal en point, n'ayant pas tout le nécessaire pour soigner ce genre de blessure.

En soit, ce n'était pas bien grave non, mais il me fallait quand même une radio et un scanner de mon buste. Il paraît aussi que je l'ai échappé belle, que j’aurais pu y rester, mais je suis là.

Le Docteur Druning est comment dire... un fils à papa, à 35 ans il est presque dégarni. Il s'est rasé entièrement la tête, mais ça se voit quand même, il reste assez charmant physiquement, pour moi il est quelconque et d'une banalité soporifique. Blond filasse moins clair que les miens, visage assez rond, mais chez lui ça ne jure pas, c'est même harmonieux, les yeux légèrement en amande de couleur vert kaki, une bouche trop fine et boudeuse, enfin bref, ça va pour celles qui apprécient, pas moi. Mon regard descend sur ses mains qui sont loin d'être fines et vois une alliance à sa main, il est marié mais ça ne l'a pas empêché de me reluquer, comme un gros pervers. Faut dire que les pyjamas d'hôpitaux n'aident pas à se cacher un minimum.

Et puis après tout, même s'il est médecin, ça reste un homme, je me racle la gorge pour qu'il arrête de me dévisager.

__ Bien Mademoiselle Black, dit le Docteur, la tête penchée sur mes résultats et moi assise nerveuse face à lui, vos résultats sont parfaits au vu de ce qui vous est arrivé, mais je me doute que vous le savez n'est-ce pas ? dit-il d'un ton professionnel. 

En relevant la tête, et en repoussant ses lunettes d'un doigt, il reste stoïque et moi je le regarde silencieuse, le visage impassible en me retenant de lever les yeux au ciel et hoche de la tête en me pinçant les lèvres.

Au moment où il veux encore s'exprimer, quelqu'un frappe à la porte, ce qui nous fait sursauter tous les deux, ne s'y attendant pas on se tourne tous les deux vers la porte en attendant de savoir qui c'est, quand il crie. 

__ ENTREZ !! Dit-il d'une voix forte et sans équivoque, que cet intrus le dérange. 

Pas surprise pour un sou, je reconnais les trous du cul qui apparaissent à la file indienne, apparemment impatients au vu de leurs regards froids qui mitraillent le Docteur face à moi, qui quand il les voient, devient blême et comprend qu'il doit se magner le train, surtout quand Adam, les mâchoires contractées, se montre le plus insistant, bien sûr en tête de ligne suivi de Sunny et Franck, mes trois idiots et je souris en les voyant.

Parce que j'ai compris et que je ne peux plus le nier, quand je vois qu'il se retient d'exploser devant nous, les muscles du corps tendus, quand je le regarde, sans plus faire attention au médecin, alors que je suis toujours assise en face de lui.

Toutes les fois où on se cotoie, mon corps réagissait, mais ma tête repoussait tout éveil de sentiments bien au fond d'elle, en refusant de lui laisser une chance de s'expliquer sur ses agissements passés.

Mais Adam n'a rien lâché, tenace il s'est avancé et c'est cette persévérance, qui a été le plus parlant, que des mots doucereux prononcés par une bouche trompeuse et venimeuse t'envoyant un brouillard illusoire de fourberies. 

__ Lou, ça va ? me demande-t-il avec insistance. 

__ Monsieur je suis avec ma patiente, veuillez l'attendre dehors le temps que je finisse, si vous désirez lui parler. 

Je respire calmement, car je sais qu'au bout de cet entretien, il signera mes papiers de sortie, mais je vois aussi sous leurs regards meurtriers, l'angoisse pour moi, ce qui me touche beaucoup. 

Les bikers sont peut-être des brutes, un brin macho et font des choses pas très honnêtes, mais en attendant c'est eux qui m'ont sortie de la merde, à cause d'un psychopathe de mon passé. Jenifer et Morane m'ont tout raconté, quand elles venaient tous les après-midis me tenir compagnie. Le pauvre Adam, nous n'étions jamais seuls pour nous expliquer, mais je vais mieux maintenant, totalement guérie et en pleine forme, tellement que je pourrai effectuer dix fois le tour de l'hôpital à cloche pied c'est pour dire.

__ Lou ? insiste-t-il en ne tenant pas compte des paroles du médecin. 

Quand je vois ses yeux plein de tristesse et d'angoisse, mon cœur se comprime et je lui dis.

__ S'il te plaît, restez dehors, ne t'inquiète pas, je t'expliquerai tout une fois dehors.

__ Dis-nous au moins si tout va bien, dit Franck inquiet. 

__ Cinq sur cinq Franck, dis-je, en plongeant mes yeux dans les siens. J'en ai pas pour longtemps je vous rejoins.

__ OK ma belle on t'attend. 

Ce dernier, rassuré, tire Adam en arrière et celui-ci résiste, pour qu'il ferme la porte.

Je vois les yeux d'Adam me fusiller de le laisser dans l'ignorance, mais je sais que Franck se chargera de lui expliquer.

Je sais que ça a été dur pour lui comme pour moi de ne jamais être seuls, que cette semaine ne s'est pas passée dans le calme, j'ai eu droit à la visite entière de ces gars, qui malgré leur allure froide, ont un grand cœur qu'ils ne montrent qu'à ceux qu'ils aiment, sinon je me serais franchement ennuyée. 

__ Bien reprenons où on en était, dit le docteur en me sortant de mes pensées.

__ Oui oui en gros je vais très bien et je suis vraiment impatiente de rentrer chez moi, alors voilà maintenant j'aimerais bien sortir d'ici avec les papiers de sortie signés et rentrer chez moi, dis-je impatiente.

Le médecin finit par rire plus détendu et acquiesce. 

__ Je suis désolée pour leur arrivée un peu brutale, mais ils font partie de ma famille maintenant.

__ Je comprends et à leur place je pense que je ferais pareil, si l'un des miens était à l'hôpital.

Étonnée par son ouverture d'esprit, j'acquiesce à mon tour et sous mes yeux je le vois signer les documents tant attendus. 

__ Merci 

__ Ne vous en faites pas, vous pouvez leurs dire que vous êtes comme neuve, rit-il à sa propre blague.

Finalement, ce médecin n'est pas si coincé que ça, juste méticuleux. 

Une fois les papiers en main, je me lève empressée du fauteuil, suivie par le médecin, qui me ramène à sa porte de bureau, je sers sa main, qu'il me tend avec le sourire et ouvre la porte pour moi, quand je regarde en face de moi, je découvre mes trois nigauds gigotant comme des asticots, piqués au vif.

Et quand je vois leurs têtes  j'éclate de rire c'est plus fort que moi, alors qu'ils affichent une mine boudeuse. Franchement c'est trop drôle de les voir comme ça, mais en même temps très touchant, cela prouve qu'ils tiennent énormément à moi et rien qu'à leur façon de me regarder, la lueur d'espoir qui flambe dans leurs yeux mon cœur gonfle d'amour pour eux.

Je reste là silencieuse à les regarder tous les trois, tandis que le médecin referme la porte de son bureau derrière moi, après un dernier signe de la main, quand je le regarde une dernière fois. Puis me reconcentre sur eux en voyant qu'ils sont suspendus à mes lèvres, je rigole intérieurement, car j'aurais adoré les faire chier, mais je vois bien qu'ils n'en peuvent plus, je lève la main en secouant les papiers de ma sortie et aperçois dans leurs yeux le  soulagement en comprenant ce que signifie ces documents. 

__ Attendez moi à l'entrée, j'arrive.

Franck et Sunny acquiescent et partent aussitôt, voyant Franck déjà au téléphone, il doit sans doute prévenir les autres que leur médecin rentre à la maison et ne faisant pas attention au reste trop pressée de rassembler mes affaires pour me tirer d'ici, je cours presque vers le lieu où se trouve les ascenseurs. 

Arrivée devant l'ascenseur d'un pas rapide, j'appuie sur le bouton comme une sauvage, pour monter au deuxième étage, appuyée contre le mur à coté de la porte, les bras croisés, j'attends avec impatience, l'esprit vide, je regarde le sol, perdue dans mes pensées, résignée à patienter. Je peux bien après tout, c'est j'espère la dernière fois, que je viens, enfin pour moi.

Le ding de l'ascenseur me fait comprendre que les portes sont ouvertes ce qui me fait bouger et comme je suis seule à l'attendre, je rentre sans attendre dans la cabine et appuie sur le chiffre 2, le dos tourné vers l'extérieur, quand un tank que je n'ai pas vu venir me plaque contre le mur du fond en face de la porte et quand les portes se ferment avec que nous dedans, réussissant quand même à me retourner et avant même que je puisse râler contre celui qui l'a fait, des lèvres fondent sur les miennes dans un baiser sauvage et plein de passion.

D'abord surprise, je ne bouge pas, coller entre la paroi et son corps de géant qui pèse lourd sur moi, je cligne des yeux, ses mains remontant rapidement, englobent mon visage d'un geste ferme de ses grandes mains toutes chaudes, mon cou, à nouveau ma tête, pour me maintenir en place en appuyant plus fort de tout son corps et donne un petit coup de crocs pour que je lui cède, ma bouche obéit par automatisme, pas ma tête à proprement parlé, trop surprise, mais mon corps et aussitôt sa langue m'envahit conquérante, telle une guerrière dans une valse langoureuse, c'est le ding qui nous rappelle à l'ordre. 

Putain qu'est-ce qu'il vient de se passer là ?

Il s'écarte et attrape ma main me trainant à l'extérieur, on se retrouve dans le couloir avec plein de gens, des patients qui traînent pour certains, comme des âmes esseulées, avec leurs perfusions, des infirmières qui courent partout, des médecins qui donnent des consignes à d'autres, des gens qui pleurent la mort de quelqu'un et moi je suis là hébétée à cause d'un baiser brûlant, donné par un homme super, non, hyper sexy qui me fout la frousse, mais qui vient de me donner le plus torride des roulages de pelle. Bah purée bouge donc idiote, je me rabroue, alors qu'on arrive devant la porte de la chambre que j'ai occupée, sans que l'un de nous deux parle.

Il me laisse passer la première et referme la porte derrière nous. Toujours dans un silence relativement électrique, mais pas dérangeant, puis vient se coller à mon dos, alors que je n'ai plus bougé et me fait avancer jusqu'au lit, me tourne en appuyant sur mes épaules pour me faire asseoir sur le matelas inconfortable, alors que mes yeux regardaient mes pieds pour avancer. Une fois assise il écarte mes cuisses à l'aide son genoux et s'infiltre entre eux en s'acroupissant pour être à ma hauteur, attrape ma tête m'obligeant à le regarder, ce que je vois dans les siens me rechauffe et me broie en même temps. J'y lis de l'amour et de l'inquiétude que je comprends à l'instant même à cause de ma non réaction ou plutôt le temps que j'ai mis à réagir à son baiser et le silence de mes mots.... ou alors je me trompe en me disant que c'est sûrement une réponse vis-à-vis de mon enlèvement qu'il attend. 

Je souris face à sa bouille transpirant la panique et comprends immédiatement ce qui l'angoisse.

__ Non, il ne s'est rien passé... il n'a pas eu le temps. 

Et je vois que j'ai tapé dans le mille, quand il relâche son souffle les yeux fermés, qu'il rouvre avec une lueur douce qui me transperce le cœur encore.

Quelle idiote je fais, j'aurais dû m'en douter et ça a dû le travailler depuis un moment.

Et je me jure là maintenant de lui laisser vraiment cette chance et je ferais mon possible pour ne plus avoir peur de sauter sans filet de sécurité. 

__ Embrasse-moi, je lui demande.

__ Hein ? dit-il abasourdi.

__ T'as très bien entendu.

Toujours entre mes cuisses il affiche enfin un sourire espiègle.

__ Je voulais simplement être sûr.

__ Oui je sais, alors maintenant que tu sais, tu attends quoi ? dis-je pour le provoquer.

__ Rien, je voulais juste être sûr, dit-il avant de foncer sur mes lèvres, me retrouvant couchée sur le lit avec son corps sur moi.

Cette fois-ci, je l'accompagne en répondant à son baiser en m'imposant, car c'est moi qui envahis sa bouche avec un coup de langue, qu'il s'empresse de me rendre avec entrain. Il est tellement chaud que je ne résiste pas à ses avances muettes où nos mains et nos corps expriment en sourdine les paroles qu'on ne prononce pas.

Mais bizarrement c'est le plus raisonnable, en mettant fin à cette séance de pelotage, me faisant soupirer de déception. 

Franchement, je sais pas combien de temps il a duré, mais contre mes lèvres sa respiration est chaude et saccadée, mais arrive quand même à me dire :

__ Il faut qu'on descende, il y a deux idiots qui nous attendent dehors ils vont se demander ce qu'on fout.

Ou pas.

Je ris quand je vois son regard mi résigné, mi amusé, car il sait tout comme moi qu'ils savent...qu'on ne discutait pas franchement en tête à tête.

Évidemment me dit ma conscience.

Ta gueule on discutait.

Avec la langue de l'autre dans la bouche de l'un laisse moi rire répond elle.

__ Tu as raison.

__ Viens chez moi je me sentirai bien mieux et plus rassuré.

Je le sonde en silence, de toutes manières, j'habite pas très loin de chez lui maintenant, s'il y a quoique ce soit, je peux rentrer à pieds.

__ Ok, mais avant on fait un détour chez moi pour prendre des fringues pour pouvoir me changer.

__ Ou tu pourrais m'en emprunter.

__ mh...non 

__ Dommage tu aurais été super sexy dans mes fringues.

__ Non on penserait à un enfant qui met des fringues d'adulte. Ce qui le fait rire près de mes lèvres. 

Il se relève difficilement enquilosé par la même position et m'aide à me relever, vu que je n'ai pas beaucoup de fringues nous rejoignons rapidement l'ascenseur pour cette fois-ci partir de l'hôpital.

__ Ah vous voilà enfin, j'ai cru qu'on aurait été obligé d'aller vous chercher, dit Sunny mort de rire, en me voyant rougir.

Tandis que la main de Franck percute son crâne.

__ Ta gueule !

__ Aïe ça fait mal sale con !

__ Allez on se tire ! dit Adam, Vous pouvez rentrer, je la raccompagne chez elle pour prendre quelques fringues et je la ramène chez moi.

__ Ouuuuh la laaa, dit Sunny qui prend une nouvelle claque hilare. 

Et moi dans tout ça j'observe la scène morte de rire devant ces clowns.

__ Occupe-toi de ton cul, ils sont assez grands pour savoir ce que qu'ils ont à faire, dit Franck, qui rit aussi.

Nous nous séparons tous devant les portes de la clinique et moi je monte avec Adam sur sa moto mes fringues dans l'une de ses sacoches et ne perdons pas de temps pour partir.


☆☆☆

Corriger par Sophie erieau ☯️
Recorriger par Céline allavena
•••

Désolé j'ai fait quelques petits changements dans le texte

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