aller courage

Adam

Je la laisse rentrer la première dans la cuisine alors que je suis derrière elle quand je l'entends râler contre Franck, mon cœur est torturé et l'âme triste.

__ Enfoiré, il s'est  barré ! Rouspète t-elle rouge de colère et stressée.

Mon inquiétude s'agrandit sous l'incompréhension. A-t-elle peur de se retrouver seule avec moi maintenant ? Ou est-ce cette conversation que je lui ai promis qui l'inquiète ?

__ Pourquoi ça t'embête qu'il ne soit pas là ? D'ailleurs il faudra que je pense à le remercier, dis-je agacé.

Elle se retourne brusquement vers moi l'air irrité, puis panique en fuyant mon regard. C'est bien ce que je pensais, elle a peur de ce que je pourrais lui dire où lui dévoiler. Pourtant il n'y a pas de doute, je lui ai assez répété, pour qu'elle connaisse mes sentiments, alors qu'est-ce qui l'inquiète ?

Mais je ne mens pas  il faut que je pense à le remercier, Franck ne nous a pas lâchement abandonné, non il a voulu que l'on s'explique elle et moi en tête à tête, sans personne pour nous déranger voilà ce qu'il a fait.

Il a laissé malgré tout une petite note expliquative qui confirme  mes pensées :

Coucou mon frère, coucou ma puce.

Non je ne vous ai pas abandonné  mais parfois il vaut mieux être seul avec la personne à qui l'on tient pour pouvoir s'expliquer, sans se taper la honte du siècle devant un public. Mon frère tu sais de quoi je parle et toi ma puce courage, je sais que tu en es capable. Lâche-toi n'ait jamais honte de toi et de ce que tu ressens, va jusqu'au bout, car personne n'est là pour te juger et encore moins lui. Il te l'a assez prouvé, alors arrêtes tes conneries et arrêtes de jouer les obstinée, s'il te plaît.... Le passé est le passé, à présent il faut le mettre derrière toi pour avancer et j'espère apprendre de bonnes nouvelles.

Hâte de vous revoir.

F.

Bon OK un peu longue l'explication, du Franck tout craché, mais j'apprécie, je tourne la tête et suis touché en plein cœur par ses yeux où perlent des larmes qu'elle retient. Bon j'avoue que dans ma tête, c'est le champ de foire entre l'inquiétude qu'elle ne veuille plus de moi et le fait qu'elle me déroute avec ses émotions. Lou est une personne assez compliquée et malheureusement je sais pourquoi elle est comme ça.

Avec elle on ne sait jamais à quoi s'attendre et il faut dire que son vécu ne l'a pas aidé, mais en cet instant je suis sûr d'une chose, elle est encore plus paumée que moi je suis dérouté.

Elle s'approche doucement de la table, là où le mot qui est posé contre une tasse pour qu'on ne le loupe pas et le prend entre ses doigts tremblants. Je la vois le relire une 2e fois et un sanglot discret glisse entre ses lèvres serrées.

Une seconde passe en silence, je ne le sens pas du tout. Elle soupire fortement en fermant les yeux, en se frottant les paupières  du bout des doigts, alors que moi je suis juste sur sa gauche les bras croisés sur mon torse essayant de garder une certaine  contenance et dignité en l'observant, attendant de voir ce qu'elle va dire, puis elle réouvre les yeux en se raclant la gorge, mais refuse toujours de s'expliquer sans doute intimidée. Alors je décide de le faire avant de péter une durite, mais elle me coupe l'herbe sous le pied. Lou se lance vite, peut-être qu'elle a peur de manquer de courage.

__ Merde cet imbécile a raison. marmonne t-elle, les mâchoires crisper.

__ De quoi ? dis-je étonné, frustré et pas sûr de moi.

C'est une première et il en faudra bien une ça ne tue pas, c'est juste gênant pour mon ego, l'honneur est sauf.

__ D'arrêter de reculer, d'avoir...d'avoir peur...de...de...

__ Tes émotions ? sentiments ? j'essaie de deviner en la coupant.

"Oups" quand je vois le regard noir qu'elle me jette.

__ Si tu me coupes à chaque fois, je vais jamais y arriver. Grogne t-elle.

Je me tourne légèrement vers elle, alors qu'elle est de profil, les mains occupées à trifouiller le mot dans tous les sens, je lève les mains bien en vue en gage de paix pour qu'elle les voies.

__ OK, dis-je en mimant une boucle sur mes lèvres.

Elle me regarde en biais, la tête légèrement pencher vers moi.

__ Sûr ? 

Elle a un moment d'hésitation, mais fini par dit oui avec la tête, le visage chiffonner je m'en veux.

__ Désolé, je ne te couperai plus la parole.

__ C'est pas grave  dit-elle en chassant mon excuse de sa main en fouettant l'air.

__ Si ça l'est.

__ Tu as raison, dit-elle moqueuse.

__ Oh...

Je l'ai mérité, alors je me tais et attends qu'elle se décide.

Je crois que j'ai tout gâché, quand je la vois rester mutique en respirant fortement, les yeux devenant de plus en plus brillants et ça m'inquiète, je m'en veux d'avoir fait foiré ce moment où elle allait sans doute enfin parler...merde.

Les secondes passent et elle finit par se tourner vers le four, où je remarque enfin un post-it dessus " manger".
Il a vraiment pensé à tout.

Les épaules affaissées, je me dis que j'ai perdu une occasion de la laisser enfin s'exprimer. Mais je me dit que je vais tout faire pour que ça se reproduise en la voyant préparer notre repas, Franck à emmener le sien.

C'est un malin...passons.

Le cœur en berne, je m'installe silencieusement à la table en m'assayant sur une des chaises hautes, ce soir je n'obtiendrai rien d'elle, se soir je suis déçu et Franck va m'en vouloir.
Une fois les assiettes prêtes, elle les pose sur la table devant chacun de nous, puis elle s'installe à côté de moi sur une autre chaise, balance les couverts et attrape sa fourchette, son couteau, puis commence à manger sans faire attention à moi, silencieuse et ça me fait chier au point de me couper l'appétit. Mais je ne repousse pas l'assiette pour ne pas l'affoler et attends qu'elle finisse la sienne en posant mes avant bras sur le rebord de la table près de ma nourriture en l'observant, partant tout doucement dans mes souvenirs, particulièrement ceux d'aujourd'hui.

Il n'y a rien à faire, ça tourne en boucle dans ma tête. 

__ Bon comme tu es silencieux, je vais pouvoir peut-être parler, dit-elle sarcastique, et s'il te plaît ne recommence pas à me couper la parole, car crois moi c'est super dur pour moi. Je n'ai jamais fait ça, m'exprimer et je n'ai jamais connu ça et on ne m'a jamais offert ça.... L'amour, l'affection et tout et tout ce que tu m'offres chaque jour sans compromis, sans jamais attendre un retour de ma part et moi comme une idiote... arg oui nous avons coucher ensemble plus d'une fois, mais ce n'est rien qu'un corps à corps sans sentiments.

Je me tends à ces mots quand elle finit sa phrase qui la rassure, mais pas pour moi.

_ Tu le sais j'espère, c'est plus que ça pour moi, se donner même charnels c'était une épreuve à une époque, mais toi, je sais pas comment, tu as réussi à me faire accepter ça, me montre t-elle avec sa main son corps de haut en bas, et même à l'aimer, dit-elle rougissant le regard fuyant.

Mon coeur se sent rassuré et gonfle comme un ballon de baudruche de fièrter. J'ai réussi, putain, ça me réchauffe le corps d'une envie d'elle incontrôlable et si dévorante que ça me fait mal aux couilles,, content d'avoir réussi cette étape, content qu'elle accepte enfin son corps si désirable.

__  Non tu te tais ! gronde t-elle en me fusillant du regard.

Je me fous une claque mental en me traitant d'imbécile, crétin, d'avoir voulu rajouter mon grain de sel.

Ta gueule putain laisse la finir me dis-je.

Elle respire un bon coup et sourit, enfin si on peut appeler ça un sourire.

__ Bon quand faut y aller hein...courage, se dit-elle en murmurant.

Je pouffe en toussant en la voyant se parler toute seule pour s'encourager, mais j'arrête immédiatement, quand je vois ses babines remonter dans ce sourire  machiavélique, qui n" annonce rien de bon.

_ Tu veux dormir dans la baignoire ?

__ Non, dis-je en secouant la tête affolé.

__ Bien...Alors voilà je peux pas faire comme toi hein, mais j'ai pas dit que je le ferai jamais attention, mais laisse moi le temps un peu, me supplie t-elle en montrant  l'écart entre ses doigts.

J'acquiesce en lui montrant une mine rejouis pour la rassurer et elle semble si soulagée, qu'elle relâche les muscles de son corps qui s'affaisse et moi je souris comme un con, c'est plus fort que moi. Je comprends qu'elle est inquiète, tout simplement que je me lasse d'elle. Mais jamais je le ferai. Je la trouvais déjà bandante avant et ça fait tellement longtemps que j'attends qu'elle soit à moi et rien qu'a moi, que je serai le dernier des idiots à la quitter.

__ OK, je vois que je me suis trompée sur toute la ligne, se renfrogne t-elle, se recroquevillant en plus sur elle même.

J'ai visé juste et je secoue la tête pour confirmer ses dires.

__ OK, je vois, donc tu veux toujours de moi ?

J'arque un sourcil cette fois-ci, je sais que c'est une question, enfin j'espère je ne sais plus rien maintenant. Je réponds quand même en hochant de la tête.
A ça elle cogite une micro-seconde et se remet à manger.

Interloqué par sa façon d'agir, je regarde nos commandes, un steak frites pour moi et un hamburger végétarien pour elle, mais il n'y a rien à faire, il y a un truc qui cloche... et là, ça me saute aux yeux, hilare mais je me retiens de rire. Elle est tellement perturbée qu'elle mange avec un couteau et une fourchette.

__ Quoi ? dit-elle un peu sèche.

Toujours sans un mot, je lève les mains en l'air, elle se pince les lèvres et se reconcentre sérieusement tout en mastiquant sa bouchée.

__ Je ne sais pas quoi dire de plus, juste laisse-moi avancer à mon rythme...

Cette fois elle tourne la tête vers moi et dit.

__ Oui tu peux parler maintenant, dit-elle en levant les yeux au ciel.

__ Alors maintenant que je peux parler, voilà ce que je te dis, oui je te laisserai tout le temps du monde à une seule condition, car ma patience t'es uniquement dédiée, tu es la seule à avoir cette faveur.

__ Charmant, dit-elle caustique, Laquelle des conditions ? dit-elle  grincheuse.

Putain je suis long à la détente avec elle c'est dingue.

__ Tu n'es pas obligée de me les dire dans l'immédiat, c'est un fait, mais le montrer c'est pas interdit et c'est plus explicite, que des fois les gens les disent à tire la rigot, non pas toi je sais, dis-je en voyant ses yeux s'écarquillés de peur. Chuuut, je te crois, ne t'inquiète pas, en posant mon index sur ses lèvres, arrête de flipper. Alors pour te dire qu'attendant que tu trouves ce courage, les gestes peuvent le montrer. Tu comprends ?

__ Oui.

__ Eh oh j'ai faillit oublié, malgré qu'à l'époque j'étais nul pour m'exprimer, je te le dit maintenant, je te dirai comme un dingue avant, je te désir encore maintenant et te désirerai dans le futur. Enregistre ça, compris ? Et je reviendrai pas le dessus. J'ai été clair ? je lui déclare droit dans les yeux.

Je souris de fierté en la voyant avaler sa boucher de travers, en secouant vivement la tête.

__ Bon maintenant je vais manger mon steak, bien que ça soit pas lui que je veux bouffer à l'heure qu'il est, mais toi.

__ Mmh, OK, dit-elle en rougissant.

Putain pour une femme, médecin de surcroît, j'ai envie de la faire mienne c'est incommensurable, envie de rester bien au fond et de ne plus jamais en sortir.

__ La nuit est pas finie...

Elle a l'air plus détendue.

__ Je sais.

__ Je t'aime et j'attendrai.

__ Merci.

J'ai bien compris que des conversations, il y en aura d'autres, ce n'est pas tout, je le ferai jusqu'à ce qu'elle assimile.
Pour elle j'aurai toute la patience du monde.

Nous finissons notre repas dans un silence reposant cette fois. En la regardant, Lou à la tête penché en avant, ses cheveux cachant la moitié de son visage, mais je vois quand même ses lèvres frémir d'un sourire qu'elle tente de masquer, mon coeur est remplis de joie, cette femme je l'ai dans la peau et elle y restera jusqu'à mon dernier souffle.

Dans le silence de la cuisine j'entends.

__ Merci Adam 



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Corriger par Sophie erieau 🐿

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