Ron leva les yeux sur la pendule et grogna sombrement. Il était déjà 23h34 et Harry n'était toujours pas de retour, il y avait tout de même de quoi s'inquiéter. Bon, pour le rouquin, il était tôt, mais tout de même ! Combien de temps le futur d'Harry allait donc le garder ? Il avait déjà fini depuis longtemps sa boîte de Fondants et Hermione achevait son rouleau de parchemin tout en faisant elle aussi aller et venir son regard sur la pendule.

- Tu ne penses pas qu'il a dû croiser Malefoy dans un couloir ? demanda-t-il finalement à cette dernière.

- Si ça avait été le cas le château aurait explosé depuis longtemps, répondit Hermione en laissant tomber sa plume pour rouler son parchemin. Mais tu as raison, il aurait dû revenir.

- Il faut aller voir, lança Ron en se levant avant de se diriger vers le portrait.

- Ce n'est pas une bonne idée, rétorqua-t-elle en le faisant ainsi interrompre sa marche. On risquerait de s'attirer des ennuis.

- Harry n'est toujours pas là et toi tu t'inquiètes de savoir si on va avoir des ennuis ? Hermione, je sais que tu es Préfète mais...

Il se tut soudainement en entendant le portrait pivoter derrière lui. Alors qu'Hermione laissa un couinement s'échapper d'entre ses lèvres tout en se précipitant vers lui, le rouquin se tourna vers le nouveau venu.

- Harry, que t'est-il arrivé ? lâcha-t-il en voyant son ami marcher maladroitement vers l'entrée de l'escalier, une bosse naissant sur le front alors qu'une entaille lui égratignait la joue droite.

Ce dernier ne lui répondit pas, passant devant lui sans un mot, faisant de même avec Hermione qui le dévisageait la bouche entrouverte.

- Harry, couina-t-elle en le voyant la mine mortifiée poser un pied sur la première marche. Dis quelque chose, je t'en prie !

De nouveau, le brun ne dit rien, faisant plus attention à son ascension qu'à ses deux amis qui le suivaient tout en échangeant des regards inquiets. Il avait du mal à garder son équilibre et laissait sa main contre le mur pour être sûr d'avancer droit. La douleur lancinante à sa tête commençait sérieusement à l'étourdir et les suppliques de ses amis n'arrangeaient strictement rien.

- Harry, il faut absolument que tu nous dises ce qui t'es arrivé, insista Hermione alors qu'ils pénétraient dans le dortoir sous le regard à moitié hagard de Dean qui leur jeta un coup d'œil par-dessus sa couverture.

- Pas maintenant..., marmonna Harry en laissant tomber sa baguette sur sa table de chevet avant d'y mettre aussi ses lunettes. Pas maintenant... là, dodo.

Suivant scrupuleusement ses mots, Harry s'effondra sur son lit et s'endormit immédiatement sans même s'être changé. Totalement perdu, Ron regarda son ami respirer lentement tout en se recroquevillant sur lui-même alors qu'Hermione se précipitait près d'Harry. La jeune fille posa main au creux du cou du brun avant de la mettre sur le front de ce dernier et eut un léger soupir de soulagement.

- Il semble aller bien, marmonna-t-elle à l'attention de Ron.

- S'il va bien, pourquoi j'ai comme l'impression qu'il s'est fait tabassé ? lança Dean qui, intrigué du comportement d'Harry et des autres, avait quitté son lit pour s'approcher.

- Nous n'en savons rien, répondit Hermione dans un haussement d'épaule. Il était censé voir son futur, il n'a jamais été question qu'il se batte.

- J'avais peut être raison quand j'ai dit qu'il avait croisé Malefoy tout à l'heure, intervint Ron.

- Harry nous l'aurait dit si c'était Malefoy, répliqua Hermione. Il aurait été en colère mais là, regarde-le Ron, est-ce que tu trouves qui a le même comportement que lorsqu'il se bat avec lui ?

Le rouquin examina son ami et fit un signe négatif de la tête. Non, Harry n'était pas en colère, il était simplement... fatigué ?

- Qu'est-ce que vous faites ? marmonna la voix de Neville alors que ce dernier entrouvrait ses rideaux.

- Si ce n'est pas Malefoy, dit Ron sans faire attention à l'intervention du Gryffondor. Qu'est-ce qui lui est arrivé ?

Hermione haussa les épaules tout en fixant Harry qui semblait dormir profondément. Il y avait une chose qui était sûre, ils n'auraient pas de réponses maintenant et devraient attendre le matin pour savoir ce qu'il s'était réellement passé.

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Drago mit sa main devant sa bouche lorsqu'il hoqueta, laissant au passage le mot de passe franchir ses lèvres. Pénétrant dans la salle commune des Serpentards, il passa devant des quatrièmes années qui le regardèrent avec curiosité mais ne leur accorda aucune attention. Il n'avait qu'une envie, aller dormir et il sentit une étincelle de joie éclore dans son cœur lorsqu'il vit les escaliers pour descendre aux dortoirs. S'y dirigeant avec satisfaction, il se stoppa net en voyant le visage de Blaise apparaître devant lui suivit immédiatement par celui de Pansy.

- Comment c'était ? demanda son ami.

- Magnifique, répondit Drago dans un grand sourire.

- Tu as appris des choses intéressantes ? interrogea à son tour Pansy alors que Drago descendait déjà les marches.

- Bien entendu, dit-il.

Il sentit brusquement une main le saisir par l'épaule alors qu'il prenait le couloir de gauche et Blaise le fit pivoter face à lui.

- C'est chez les filles par là, intervint-il.

- Je le savais, rétorqua-t-il en soufflant bruyamment.

Blaise grimaça soudain et se rapprocha pour sentir de plus près son ami sous le regard intrigué de Pansy.

- T'es bourré ! s'exclama-t-elle soudain.

- Non, je ne suis pas bourré, rétorqua Drago, je suis beurré, il y une nuance

- Ca je sais, répondit Blaise dans un sourire. Quand t'es bourré, et ce n'est pas souvent, ça vaut le coup d'œil.

Drago acquiesça. Il n'était pas bourré car il était parfaitement lucide mais dans une euphorie totale. Il était tellement heureux que l'idée d'aller dormir chez les filles lui semblait une idée des plus plaisantes et des plus réalisables.

- Va te coucher, Pansy, lança Blaise en saisissant fermement le blond pour qu'il évite de se carapater là où il ne fallait pas. Je me charge de Drago.

- Mais je veux savoir...

- Il ne dira rien ce soir, assura Blaise tandis que Drago acquiesçait vigoureusement dans un grand sourire. Je m'occupe de lui.

Pansy hésita un moment, dévisageant Blaise alors qu'elle voyait l'occasion d'être en tête à tête avec Drago disparaître. La jeune fille fit une moue désappointée et disparut dans le couloir menant aux dortoirs des filles. Ayant senti les projets que Pansy avait réservés au blond, Blaise fut soulagé de la voir partir sans insister et guida Drago dans le bon couloir alors que ce dernier sifflotait gaiement. Ouvrant la porte du dortoir, il fit signe à Théodore de rester assis lorsque ce dernier considéra Drago lui faire de grands signes de la main pour lui souhaiter bonne nuit.

Le dortoir des Serpentards étaient divisés en plusieurs chambres, trois pour être précis, sans compter un petit salon circulaire sur lequel ces dernières s'ouvraient ainsi qu'une salle de bain commune. C'était en arrivant dans le salon qu'ils avaient croisé Théodore, Vincent étant totalement écroulé sur la petite table où il avait vraisemblablement essayé de faire son devoir de potion. Blaise ouvrit la porte qui menait à la chambre de Drago, qu'il ne partageait avec personne étant donné qu'ils n'étaient que cinq, et le laissa tomber sur son lit.

Le blond commença à se déshabiller sous le regard amusé de Blaise. Ce dernier adorait quand Drago était « beurré » tout simplement parce qu'il oubliait totalement l'étiquette qui était attitré au Malefoy, comprenant également le fait de garder un caractère pudique. Il avait donc eu droit avec Théo à des spectacles plus ou moins hilarants, eux-mêmes n'étant pas mieux d'ailleurs (Vincent et Grégory étant quelque peu mise à l'écart dû à la lenteur de leur cerveau et la facilité avec laquelle ils finissaient saouls). Mais c'était rare car Drago tenait particulièrement bien l'alcool, ce qui poussa Blaise à se demander pour quelle raison il avait autant tiré sur la bouteille.

- Tu compte me raconter ce qui s'est passé demain, hasarda-t-il alors que Drago enfilait le haut de son pyjama.

Le blond acquiesça en souriant et se laissa tomber dans son lit, semblant oublier qu'un pyjama était composé de deux éléments, soient : un haut ET un bas. Blaise préféra ne rien dire, et se glissa hors de la chambre alors que Drago chantonnait.

- Il est beurré, dit Théodore lorsqu'il le vit sortir de la chambre du blond.

C'était plus une constatation qu'une question et Blaise acquiesça vaguement.

- Il n'a donc rien dit sur ce qu'il s'est passé, conclut-t-il.

- Si, répliqua Blaise, c'était « magnifique ».

Théodore haussa un sourcil et sourit.

- Il est beurré, répéta ce dernier.

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Drago fronça les sourcils tout en avalant son toast. Un bourdonnement persistait dans sa tête et il avait la bouche pâteuse. Il n'avait décidément pas fait attention aux nombres de verres qu'il avait bu, son futur s'étant chargé de remplir sa coupe à chaque fois qu'il l'avait vidé, ce qu'il avait fait à chaque fois que le blond lui avait posé une question et à chaque fois qu'il lui avait répété. Se massant la tempe, il se servit d'un autre toast tout en songeant aux trois parties d'échec qu'il avait perdues. Jamais Drago n'avait perdu aux échecs, il subissait ses défaites en silence et maudissant son futur, son orgueil en avait pris un coup tandis que son amour propre avait été violemment attaqué.

- Donc tu as passé la soirée à boire, jouer et répondre à des questions, résuma Pansy dès qu'il eut fini son récit en évitant soigneusement de mentionner le fait qu'il avait perdu au jeu.

Il acquiesça vaguement en mâchant son toast tandis que le regard de Théodore le dévisageait.

- Tu n'as rien appris sur ton futur ? insista-t-il.

- Rien à part qu'il n'a pas de ponctualité et qu'il aime boire et jouer, dit Drago.

- Là je ne vois pas la différence avec toi pour ce qui est de ces deux dernières activités, rétorqua Blaise.

- Je joue quand je bois, se défendit Drago en lui jetant un regard noir. Et puis, il n'arrête pas de poser ces questions stupides !

- Il veut peut être plus que de simples réponses, hasarda Théodore en se servant dans le plat face à lui.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? lança brusquement Drago en lui faisant arrêter son geste vers le bacon.

- Ce que veux dire Théo, c'est sûrement qu'au fond, toi et ton futur, vous n'êtes pas si différent, intervint Blaise faisant ainsi porter le regard du blond sur lui. Si tu posais une question comme « qui es-tu ? », quelle réponse attendrais-tu ?

- Si je le savais, Blaise, je n'aurais pas passé pas soirée à débiter toutes les âneries du monde, lâcha Drago.

Blaise soupira, qu'est-ce qu'il pouvait être buté par moment ! Il sentit que Théodore avait la même pensée que lui mais ce dernier ne semblait pas vouloir l'aider sur le chemin qu'il avait choisi. Se tournant vers Pansy, cette dernière lui fit un grand sourire et reporta son attention sur Drago sans pour autant prononcer le moindre mot. Millicent écoutait quant à elle mais ne semblait pas vouloir prendre part à la conversation. Vincent et Grégory, il n'était même pas sûr qu'ils aient compris de quoi ils parlaient.

- Dans ce cas, marmonna Blaise en reportant son attention sur Drago. Qui es-tu exactement ?

- Tu ne vas pas t'y mettre aussi ! répliqua Drago qui sentait une envie furieuse monter en lui et lui ordonner d'étaler la tête de son ami dans son assiette.

- Ce que je veux dire, c'est qui es-tu au fond de toi ? se rattrapa Blaise en sentant la colère du blond l'atteindre. Qui es-tu réellement ? Je ne crois pas que ton futur attende que tu lui dises simplement ton nom, ce doit être pareil pour ce que tu veux et les raisons qui te pousse à vouloir cette chose. Il en va sans doute de même pour les autres questions qu'il t'a posées. Il doit s'attendre à ce que tu réfléchisses à ta réponse.

- Figure-toi que j'étais aussi parvenu à cette conclusion, rétorqua Drago qui se sentit froissé par la stupidité dont Blaise l'affublait.

- Dans ce cas, pourquoi ne lui as-tu pas dit ce qu'il attendait ?

- Parce que je l'ignore, répondit sombrement Drago. J'ai tenté pas mal de choses et à chaque fois il m'a reposé la question.

- Ce qui explique sans doute pourquoi il veut te voir autant de fois dans la semaine, conclut Pansy. Tu finiras bien par trouver la réponse.

- Tu es en train d'insinuer que je ne trouverai pas avant jeudi soir ? demanda-t-il.

Pansy s'empourpra soudain et lui fit signe négatif dans la tête avant de s'enterrer derrière l'un des plats. Mais Drago n'était pas stupide et avait compris qu'elle voyait les choses ainsi, de même que la plupart des personnes à la table. Prenant la tête en ses mains, il jura et maudit son futur qui lui créait plus de problèmes qu'il ne l'aurait cru.

- Quand je pense que je dois répondre à des questions et que Potter doit surement tout savoir sur son futur maintenant, j'ai envie de tuer le balafré, lâcha-t-il en prenant son couteau pour l'enfoncer furieusement dans la table.

- Qu'est-ce qui te fait dire que Potter sait tout ? demanda Théodore.

- C'est son futur à lui qui a insisté pour changer l'avenir, rappela le blond en le dévisageant. Pourquoi il ne lui dirait rien ? D'après ce que je sais, Potter a beau être un lèche bottes de Dumbledore, il n'aime qu'on lui donne des ordres, alors je ne pense pas qu'il ait gardé le secret.

Théodore acquiesça vaguement, après tout, Drago avait raison, Potter n'avait jamais été quelqu'un respectant les règles, il y avait fort à parier que le futur devait avoir gardé ce trait de caractère.

- J'aurai donné n'importe quoi pour être à la place de Potter hier soir, avoua Drago à contre cœur en imaginant tout ce que le futur du balafré avait pu lui dire.

- Je ne m'avancerai pas trop si j'étais toi, intervint Blaise en lui faisant signe de se retourner.

Pivotant sur son banc, Drago fixa le nouveau groupe arrivant dans la Grande Salle. Il y avait une grande majorité des Gryffondors de sixièmes années soient : Londubat, Thomas, Finnigan, la belette, la belette féminine et Miss-je-sais-tout. A leur tête, Potter, qui était passablement amoché par un pansement sur sa joue droite et une corne semblant lui pousser sur le front.

- Je suis prêt à parier, qu'entre vous deux, c'est toi qui a eu la soirée la plus tranquille, dit Blaise en voyant Potter s'asseoir dans une grimace à la table des Gryffondors, son groupe de fans l'encerclant immédiatement.

Drago laissa sa bouche s'entrouvrir en considérant Potter ainsi amoché. Qu'est-ce son futur lui avait fait ? Et pourquoi ? Il sentit tout de même une colère gronder en lui en sachant qui avait fait ça à son Saint Potter préféré : si quelqu'un devait le mettre dans cet état c'était lui et non pas un futur dégénéré !

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Playlist : End Of the World de Yuki Kajiura

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- Tu ne peux pas passer tes soirées à te faire couvrir de bleus, lança Hermione en s'asseyant en face d'Harry. Même s'il veut t'entraîner, il y va un peu fort je trouve.

- Un peu ? releva Dean. Tu devrais revoir ton vocabulaire, Hermione.

- Mais elle a raison, intervint Ginny en s'asseyant à côté d'Harry. Tu ne peux pas continuer comme ça.

- Ca ne fait qu'un jour, rétorqua le brun en se servant dans les plats. Je ne vais pas abandonner maintenant.

- Mais réfléchi un peu, Harry, répliqua Hermione. As-tu la moindre idée du temps qu'il te faudra pour le battre et obtenir la moindre réponse ? Je sais que certains sorciers peuvent faire de la magie sans baguette mais lui, il est d'un tout autre niveau ! Même à la fin de l'année tu n'auras pas réussi à le toucher.

Harry leva les yeux sur elle et haussa les épaules. Il réussirait, peu importe ce qu'elle pouvait lui dire.

- Franchement, tu nous as foutu les jetons hier soir, dit Ron en servant à son tour une montagne de toast. Je sais que tu n'arrives à apprendre que par la pratique mais si ça continue tu vas y passer.

- Ron a raison, approuva Ginny. Ton futur y va beaucoup trop fort, jamais tu ne tiendras.

- Je connais mes propres limites et je suis sûr que mon futur les connait aussi, se défendit Harry.

- Justement, il doit connaître ses limites, intervint Hermione. Tu n'as même pas réussi à voir combien d'année vous séparaient ! Qui te dis qu'il se souvient encore de quoi il était capable à ton âge ?

- Je te remercie de la confiance que tu as en moi, répondit Harry qui, bien qu'elle ait mentionné son futur, se sentait tout de même blessé.

- Ce n'est pas une question de confiance, dit Ron, mais plutôt de résistance. Je n'ai vraiment pas envie de voir mon meilleur ami rentrer un jour dans le dortoir à moitié recouvert de sang.

- Faites comme il vous plaira mais moi je continue, lâcha-t-il.

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Harry s'était tenu à sa décision et s'était rendu le jeudi soir dans la même salle que le mardi. Il en était sorti avec de nouvelles contusions et sans avoir réussi à atteindre son futur qui, en plus de lui asséner des coups, avait commencé à lui montrer comme les parer. En sachant la douleur qui suivait les coups, il était d'autant plus attentif pour ce qui était de les éviter. Mais il n'avait rien appris de plus, de même pour Drago qui, après avoir murement réfléchi aux réponses qu'il allait données se retrouva de nouveau avec des mauvaises réponses qui eurent le don de l'énerver encore un peu plus. Il avait cependant retenu la leçon de sa première soirée et n'avait pas autant bu, ce qui ne l'avait pas empêché de perdre une nouvelle fois aux échecs.

Les deux semaines suivantes s'écoulèrent de la même manière. En plus du mardi et du jeudi, ils devaient tous deux aller voir leur futur le samedi soir et le constat fut le même. Drago ne cessait pas de voir Potter se recouvrir de bleus tandis qu'Harry considérait Malefoy plonger dans un état de frustration de plus en plus instable. Tous deux n'arrivaient à rien avec leur futur et lorgnait l'autre en essayant de savoir s'ils savaient quelque chose.

Si pour Drago, jongler entre ses soirées, ses devoirs et le Quidditch était plus ou moins facile à gérer, Harry était quant à lui totalement pris de court. Il devait non seulement se remettre tous les matins de ses entraînements mais également faire ses devoirs et s'occuper de l'équipe de Quidditch. Il avait du mal à tout garder en main et ne devait son salut qu'à Hermione qui lui avait rédigé un emploi du temps précis qu'il avait consenti à suivre, lui évitant ainsi de plonger dans l'enfer qui aurait pu être le sien. A chaque pause et soirée, il travaillait comme un forcené lui laissant ainsi le week-end en parti libre puisque le samedi matin était consacré à l'entraînement de Quidditch et l'après-midi au reste des devoirs qu'il n'avait pas fini. Le dimanche matin était tout simplement assigné à une grâce matinée se prolongeant jusqu'au midi tandis que l'après-midi était libre, au grand bonheur d'Harry.

Car si Drago et Harry partageaient plus ou moins les mêmes activités la seule différence entre eux était pourtant celle qui causait tant de différence car Harry sortait de ses entraînement totalement épuisé et traînant des courbatures et blessures sur plusieurs jours.

En parallèle, les cours se poursuivaient. La Défense contre les Forces du Mal était la matière la plus discutée dans tout Poudlard. Tous les élèves vantaient les mérites de leur nouveau professeur, tous sauf la classe de sixième année des Gryffondors et Serpentards qui n'avaient pour l'instant jamais vu le Harry du futur participer activement au cours, restant en permanence au fond de la classe et ne leur accordant aucun regard. C'était extrêmement dérangeant, surtout pour Ron et Hermione qui sentaient qu'ils étaient sans doute à l'origine du problème malgré tous les moyens qu'Harry mettait en œuvre pour les en dissuader.

Dans les autres cours, le brun sentait quant à lui le regard noir de Rogue se poser sur lui durant le cours de Potion. Il n'avait pas oublié le rôle d'espion de ce dernier mais gardait surtout à son esprit le Mangemort qu'il était. Car si Harry se méfiait de Rogue, ce dernier quant à lui examinait le rejeton de Potter avec méfiance, sachant pertinemment que le futur de ce dernier était celui à l'origine de tout ce changement.

Les futurs étaient quant à eux des objets de curiosités. Hors des cours, personne ne voyait le futur d'Harry et celui de Drago semblait sortir seulement pour ses petites entrevues avec son passé. Du moins, c'est ce que tout le monde avait cru durant les trois premières semaines ayant succédé leur arrivée.

- Devinez qui j'ai croisé à la bibliothèque ? leur lança Hermione alors qu'Harry relevait la tête de son devoir de Métamorphose.

- Madame Pince, lança Ron à tout hasard.

- Très drôle, rétorqua sèchement Hermione. Non, Malefoy, son futur.

Harry laissa tomber son devoir et s'assit immédiatement à côté d'elle, une curiosité le saisissant brusquement.

- Qu'est-ce qu'il faisait ? demanda-t-il alors que Ron venait les rejoindre.

- Il lisait, répondit-elle.

- Ca on s'en serait douter, répliqua le rouquin.

Elle accorda à Ron un regard noir et celui-ci se redressa soudain sentant qu'il commençait sérieusement à agacer la jeune fille.

- D'après ce que j'ai compris, il est dans la bibliothèque depuis son arrivée ici, expliqua-t-elle. Si je ne l'ai pas vu avant, c'était tout simplement qu'il restait cloîtrer dans la réserve. Mais il semblerait qu'il se soit plaint qu'il n'avait pas assez de place et de lumière et Madame Pince lui a permis d'en sortir avec plusieurs livres. Mais elle ne laisse personne s'approcher de lui et d'ailleurs, je la comprends.

Harry fronça les sourcils. Qu'est que le Malefoy du futur pouvait-il bien faire dans la réserve et ce, depuis trois semaines à présent ? Echangeant un regard avec Ron, celui-ci semblait partager les mêmes pensées que lui. Reportant son attention sur Hermione, celle-ci poursuivit son récit face à son regard interrogateur.

- Tout ce qu'il lit, tous ces livres, marmonna Hermione. Je n'ai jamais rien vu de tel. Ils parlent tous de magie noire et de choses horribles. Certains mentionnent des expériences sur la magie, je n'ai jamais rien lu mentionnant des choses pareilles.

- Comment as-tu fait pour savoir ce qu'il lisait ? demanda Ron. Tu as dit que Madame Pince le surveillait.

- Il a été mis dans un coin de la bibliothèque et je suis tombée sur lui par hasard pendant qu'elle se chargeait des premières années, expliqua-t-elle. Sur le coup, j'ai cru qu'il allait se mettre à me hurler dessus mais il m'a souri avant de retourner dans l'un de ces affreux livres.

- Il t'a souri ? répétèrent Ron et Harry en cœur.

Hermione acquiesça. Harry, lui, n'en croyait pas ses oreilles. Malefoy avait souri à Hermione sans lui lancer une de ses vannes habituelles. C'était impossible, il en était sûr. Il avait remarqué le changement entre le Malefoy présent et son futur mais jamais il ne se serait mis à imaginer qu'il serait devenu sympathique avec Hermione.

- Sur le coup, j'ai été moi aussi surprise mais avec tous les livres qu'il lisait, j'ai été plutôt effrayée, avoua-t-elle.

- Comment Dumbledore peut-il le laisser lire ça alors qu'il sait qu'il est un Mangemort ? demanda Harry qui ne saisissait pas.

- Je n'en ai aucune idée, avoua-t-elle. Mais moi je me demande plutôt ce qu'il cherche. Après tout, il vient du futur et sait des choses sur la magie médicale qui n'existe pas pour l'instant. Je sais que certaines personnes qui n'ont pas de relations avec Poudlard peuvent avoir accès à la réserve s'ils en posent la demande, alors comment se fait-il qu'il ait besoin de s'y rendre à notre époque ?

- Il cherche probablement comment ils sont arrivés ici, hasarda Ron.

- Je ne crois pas, rétorqua Hermione. Les livres qu'il lisait n'étaient pas du tout dans ce sujet là. Non, ils parlaient plutôt de manipulation de la magie, des choses en relation avec le corps humain.

- Il est un Mangemort, peut être qu'il ne pouvait pas poser une demande, dit Harry. Je ne crois pas que Dumbledore aurait accepté qu'un serviteur de Voldemort se balade librement dans le château en lisant des livres de magie noire.

Oui, c'était sans doute l'explication la plus plausible. Le futur Malefoy cherchait quelque chose qu'il n'avait pas pu avoir à son époque, et sûrement à cause de son dévouement à Face de Serpent. Cependant, ça n'expliquait pas pourquoi le directeur le laissait faire de telles recherches. Il avait beau avoir confiance en son lui futur, ce n'était pas une raison pour fermer les yeux sur les agissements de Malefoy.

- Il cherche quoi à ton avis, demanda-t-il à Hermione.

Celle-ci haussa les épaules, ignorant totalement ce que le blond pouvait bien espérer trouver dans ces livres.

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Le jeudi matin, Harry se leva en redoutant déjà la soirée qui s'annonçait. Il avait toujours mal à son épaule depuis la dernière fois qu'il avait vu son futur et ne savait plus vraiment ce qu'il devait attendre de ces entrevues. Il avait failli s'endormir pendant le cours de Binns et accueillit le déjeuner dans un grand sourire soulagé.

Alors qu'il se servait goulument une part de gâteau sous le regard désapprobateur d'Hermione qui finissait ses brocolis, les élèves à l'entrée de la salle se mirent à s'agiter quand un homme blond entra dans la salle avant de s'asseoir à la table des Serdaigles qui était en grande partie vide.

- Mais c'est... marmonna Ron en lâchant ses couverts.

- Merde, Drago, je croyais qu'on s'était mis d'accord ! hurla la voix d'Harry alors que le futur du brun entrait en trombe dans la Grande Salle.

- Je mange pour l'instant alors si tu pouvais cesser de me hurler dessus pendant un moment je pourrais peut être te répondre, rétorqua le blond en se servant sous les yeux ahuris du petit deuxième année en face de lui.

- Arrête tes conneries ! rétorqua le brun. Tu avais promis de ne rien dire !

En écho, le blond se livrait à une imitation du brun tout en versant des carottes dans son assiette. Ce dernier crispa violemment la mâchoire en considérant l'ancien Serpentard. Dans toute la Grande Salle, il n'y avait plus un bruit, tous les regards étaient tournés vers les nouveaux arrivants.

- Tu n'avais pas à faire ça ! hurla le brun. On s'était mis d'accord pour qu'aucun de nous ne bouge !

Le blond ne répondit pas, continuant son imitation puérile tout en avalant ses légumes.

- Malefoy, je te parle !

Ce dernier haussa un sourcil et consentit à se tourner vers lui.

- Tu veux une réponse, Potter, répliqua-t-il dans un faux sourire tout en accentuant le dernier mot. Tu te caches et tu te mens depuis qu'on est arrivé ici. Excuse-moi de te déranger dans ta dépression mais je ne vais pas t'écouter bien gentiment ! Libre à toi de te jeter d'une tour si ça ne te plaît pas !

Sur ce, le blond revint porter son attention sur son assiette avant de regarder le Serdaigle face à lui qui avait la bouche entrouverte.

- Tu peux me passer le sel, s'il te plaît ?

L'interpellé le regarda éberlué et lui tendit la salière d'une main absente, bien trop occupé à fixer le brun derrière Drago qui fulminait de colère.

- Tu es vraiment le pire des imbéciles, lâcha Harry en regardant la nuque du Serpentard.

- Et toi le dernier des idiots, rétorqua le blond en avant d'avaler ses carottes.

Le brun lui lança un regard noir tout en sentant la colère bouillir dans ses veines. Quittant des yeux, Drago, il se tourna et lança un regard circulaire sur la salle où tous les yeux étaient fixés sur eux.

- Il n'y a rien à voir ! lança-t-il sèchement à leur attention avant de quitter la Grande Salle avec un dernier regard amer sur le blond.

A ses mots, tous les élèves s'étaient brusquement détournés pour essayer de reprendre une vaine discussion mais les chuchotements qui s'élevaient étaient loin d'être crédibles, tous concentrés sur ce qui venait de se passer. La plupart jetait des coups d'œil à Drago qui continuait de manger à la table des Serdaigles, ne semblant pas se rendre compte de l'objet de curiosité qu'il était devenu.

A la table des Gryffondors, tout le monde s'était tourné vers Harry, le présent/passé, qui avait encore sa cuillère dans la bouche, n'ayant pas fait un mouvement durant tout l'échange, trop occupé à fixer les deux protagonistes de la scène. Il avait écouté chaque mot, regardé chacune des expressions passant par leur visage et restait totalement abasourdi. Qu'est-ce que le Malefoy du futur avait-il bien pu dire pour mettre son futur à lui dans une telle colère ? Laissant sa cuillère retomber sur la table, il se tourna brusquement vers Ron.

- Malefoy doit savoir quelque chose, dit-il.

- Qu'est-ce qui te fait dire ça ? rétorqua le rouquin en regardant à son tour le vieux Serpentard.

- Tu as entendu ce qu'il a dit : « Tu avais promis de ne rien dire », répéta Harry. Le futur de Malefoy a dû parler avec lui et lui raconter des choses qu'il n'aurait pas dû.

- C'est possible, murmura Hermione en baissant la voix sentant bien que tous les Gryffondors étaient tirés par la curiosité. Mais il ne vaut mieux pas s'avancer.

Pour seul réponse, elle reçut un regard noir de la part d'Harry. Il en était sûr, Malefoy s'avait quelque chose alors que son futur à lui s'obstinait à ne rien lui dire. Posant ses yeux sur le blond, il chercha par la suite le jeune Serpentard dans la Grande Salle mais il semblait que Malefoy n'était pas là.

Le cerveau d'Harry se mit à réfléchir à pleine vitesse. Il voulait lui aussi des réponses mais, vu la manière dont le futur Malefoy s'était fait engueuler, il ne pouvait pas se risquer à aller lui poser gentiment des questions. Quant à parler avec son propre futur, il n'y comptait même pas. Il ne lui restait donc plus qu'une unique solution, celle d'avoir une discussion avec son Malefoy, ce qui était tout de même une idée assez difficile à concevoir. Mais Harry n'allait pas abandonner maintenant, il parlerait à Malefoy et lui ferait avouer ce qu'il savait, de gré ou de force.

Comment se passera son entrevu avec Drago ? Que va-t-il découvrir ? Les soirées continueront-elles d'être aussi pénibles ?