Chapitre 39: ...je choisis..

Potter... le voir, il en avait l'habitude. Non, pour être sincère ce n'était pas une habitude mais une mauvaise nouvelle quasi journalière qui devait subir tant bien que mal s'il voulait survivre. Cependant, il ne comprenait pas du tout pourquoi il le voyait nu à lui faire des choses auxquelles il n'aurait jamais pensé.

- Non mais c'est pas vrai !

Drago rouvrit les yeux pour une énième fois. C'était déjà la cinquième fois qu'il se forçait à se réveiller pour éviter de prolonger ces rêves qui lui donnaient des boutons. Il n'était pas homo, alors pourquoi son esprit tenait tant à lui montrer ce qui le rendait malade ?

Remettant les draps au-dessus de sa tête, il s'enfonça encore plus profondément dans son oreiller en fronçant les sourcils. Une prairie avec des dragons. Une très grande prairie avec un beau ciel bleu, la cime des arbres aux alentours s'élevant jusqu'aux cieux. Et au milieu de cette prairie, un bûcher géant pour y mettre Potter et le faire lentement rôtir. Un sourire glissa sur les lèvres de Drago, voilà, comme ça il était sûr de ne pas faire de cauchemars. Chose qui ne dura que quelques secondes avant qu'une image des futurs ne lui revienne en mémoire.

- J'abandonne, lâcha-t-il en enlevant de lui les draps dans un grand mouvement de bras tout en fixant le plafond en inspirant profondément.

Il ne faisait pas encore jour. La pièce restait relativement sombre malgré les quelques rayons qui commençaient à percer. Drago resta un moment sans rien faire. Il n'avait presque pas dormi, il était sûr d'avoir des cernes qui lui prenaient au moins la moitié du visage et une mine effrayante. Cette nuit... non cela ne pouvait même pas être qualifié de nuit au vu de tout ce qui lui était passé par la tête. Il avait été traumatisé à vie.

- Potter, je vais te tuer, déclara-t-il simplement comme une intime confession qui se faisait à haute voix.

Au moins, il pouvait mettre sur sa liste qu'en plus d'être stupide, les Gryffondors avaient un lourd sommeil.

- Potter, si je souffre, tu souffres alors réveille-toi que je n'aille pas l'air du seule idiot à se réveiller aux aurores, lâcha-t-il en se concentrant pour éviter de se mettre à hurler.

Pas un bruit. Ah, par contre les Gryffondors ne ronflaient pas, chose parfaitement inutile à noter à moins qu'il ne tienne à passer plus de nuits en compagnie de l'un d'eux. Seulement, certes il ne ronflait pas, mais il ne faisait non plus aucun bruit.

- Potter, tu me réponds quand je te parle ! lança Drago en détournant enfin son regard du plafond pour laisser sa tête rouler sur le côté et fixer le lit à côté de lui. Tu...

Drago s'arrêta soudain la bouche ouverte. Pourquoi y avait-il personne ? S'appuyant sur ses coudes pour se redresser, le Serpentard considéra le lit vide du brun avec un moment d'inactivité plus que flagrant. Il était vraiment très tôt, où était donc parti cet idiot ? Ramenant son regard vers l'entrée de l'infirmerie, il observa la porte menant aux toilettes mais aucune lumière n'était présente. Quelque chose clochait. Et cette chose clochait d'autant plus que le pyjama du Gryffondor était sur son lit.

- Potter, tu es là ? demanda stupidement Drago en s'asseyant.

A vrai dire, il s'était attendu plus ou moins à une réponse positive et ce fut avec un sentiment assez étrange qu'il accueillit le silence qui suivit ses paroles. Un mauvais pressentiment, voilà ce qui lui trottait dans la tête alors qu'il balayait l'infirmerie du regard. Jamais Pomfresh ne lui aurait donné la permission de sortir, d'autant plus vu les circonstances actuelles. Alors, il était assez évident de comprendre que quelque chose ne tournait pas rond.

Attrapant ses affaires, Drago mit son pantalon en vitesse avant d'enfiler sa chemise et de récupérer la veste qui trainait sur la chaise à côté.

- Vous avez vu Potter ?

Ce fut les seuls mots qui franchirent ses lèvres lorsqu'il ouvrit la porte du bureau de Pomfresh, l'infirmière clignant rapidement des yeux pour se forcer à se réveiller alors qu'elle venait de poser une main sur son cœur. Certes, il n'avait pas frappé et venait de la réveiller en sursaut, mais ce n'était pas vraiment sa priorité à l'heure actuelle.

- M. Malefoy, comment... commença-t-elle à s'indigner.

- Avez-vous vu Potter ? répéta Drago en poussant la porte entièrement pour pouvoir rentrer dans la pièce, son regard en faisant inconsciemment le tour comme s'il s'attendait à voir le Gryffondor coincer sous une armoire.

- Il est avec vous, répondit-elle en se levant pour attraper sa robe de chambre. Vous ne...

- Vous ne l'avez pas laissé partir ? coupa-t-il en posant définitivement les yeux sur elle.

Les sourcils de Pomfresh se froncèrent soudain.

- Bien sûr que non, dit-elle. Vous voulez dire qu'il n'est plus...

Drago n'attendit même pas la fin de sa phrase pour quitter son bureau, et l'infirmerie par la même occasion. Il n'était pas du genre à être inquiet... bon, d'accord, il n'avait jamais été inquiet pour quelqu'un d'autre, autant être honnête mais là, la situation était tout autre. Il n'aimait pas Potter, il ne se souciait même pas du tout de sa santé et de ses humeurs alors pourquoi était-il inquiet ? Non pas qu'il venait juste de se rendre compte qu'il éprouvait brusquement un quelconque sentiment positif envers le Gryffondor mais plutôt qu'un mauvais pressentiment le rongeait de l'intérieur.

Dévalant les escaliers, il s'arrêta soudain. Où aller ? Où pouvait-il trouver Potter à cette heure de la journée ? S'engageant dans le couloir, il se mit à courir à grandes enjambées en ignorant totalement le vacarme qu'il produisait. Il ignorait totalement ce qui le poussait à agir de cette manière, d'ailleurs, il n'y réfléchissait pas et se laissait inconsciemment conduire vers la tour des Gryffondors.

- Ouvrez-moi ! lança-t-il sèchement en freinant brusquement devant le portrait de la Grosse Dame.

Cette dernière ouvrit un œil avant de le dévisager de haut en bas.

- Le mot de passe, lâcha-t-elle avant de bailler.

- Mais qu'est-ce que j'en sais moi ? J'ai une tronche de Gryffondor ? rétorqua Drago à bout de souffle.

- Raison de plus pour avoir le mot de passe, répliqua-t-elle.

- C'est urgent !

- Sans doute mais je ne vous laisserai pas entrer sans mot de passe.

Drago leva les yeux au ciel. C'était toujours au moment où il en avait le moins besoin qu'un stupide portrait se mettait sur son chemin.

- Courage !

- Non, mais il vous en faudra si vous comptez le faire au hasard, répondit la Grosse Dame.

- Honneur, lion, respect, mansuétude, amitié, bienveillance, récita-t-il.

Face au sourcil levé du portrait, il sut qu'il avait faux, d'autant plus que le dernier était bien plus adapté aux Poufsouffles.

- Hardiesse, chevaleresque, baguette, braguette, stupide, abruti, idiot, Potter ! lança Drago qui commençait à craquer. Rouge, or, violet, mauve, griffon, morsure, lionne, tigresse, arabesque, pirouette...

- Malefoy ?

Le portrait venait de s'entrouvrir laissant apparaître une tignasse rousse. La fille Weasley, peu importe, elle ferait l'affaire.

- Laisse-moi entrer, lâcha-t-il.

- Pourquoi toi tu voudrais rentrer dans notre salle commune ? interrogea-t-elle en le dévisageant.

- C'est urgent ! Combien de fois devrais-je le répéter ?

- Autant de fois que tu ne m'auras pas dit ce que tu veux, rétorqua Ginny.

- Dis, vous êtes tous aussi stupide dans votre famille où je me fais des idées ? demanda Drago.

- Va te faire voir.

Oh il avait encore parlé trop vite... Attrapant le tableau avant qu'il ne se referme, Drago se retrouva face au regard incendiaire de Ginny qui venait de lui pointer sa baguette sous le nez.

- Je dois vraiment entrer, certifia-t-il.

- Tu me...

- Ginny, tout va bien ?

Tournant leur regard vers la nouvelle arrivée, Drago n'avait jamais été aussi heureux de voir Granger de toute sa vie.

- C'est Malefoy ? demanda-t-elle en s'approchant de Ginny qui continuait de barricader l'entrée à la salle commune.

- Il veut absolument rentrer Je ne sais pas ce qu'il...

- Granger, est-ce que Potter est ici ? coupa-t-il en écrasant à moitié Ginny pour la forcer à entrouvrir en plus grand le portrait, la Grosse Dame hurlant à plein poumons pour qu'ils cessent de la remuer dans tous les sens.

- Harry... répéta Hermione sans comprendre. Il est à l'infirmerie.

- Si c'était le cas je ne serais pas en train de me farcir la sœur de la belette, rétorqua-t-il.

La bouche d'Hermione s'entrouvrit un moment. Elle aussi avait tout de même le droit à un temps d'assimilation. Entre les deux, Ginny n'était tout de même pas bête au point de ne pas remarquer que quelque chose clochait. Arrêtant de tenter de refermer le portrait, son front se plissa tandis qu'elle fronçait les sourcils.

- Tu en es certain ? demanda Hermione.

- J'ai l'air de plaisanter ? rétorqua Drago en la dévisageant.

Elle jura. Ce n'était pas souvent qu'elle le faisait mais elle n'allait certainement pas se gêner maintenant. Faisant demi-tour, elle traversa la salle commune en courant pour se diriger vers les dortoirs.

- Granger, réponds-moi ! hurla Drago en se mettant à la suivre.

Du rouge, trop de rouge à son goût en fait. Entre tapisseries et énormes fauteuils, il y avait de quoi assommer un hippogriffe. Mais en fait, il ne s'intéressait pas vraiment à la décoration, trop occupé à ne pas perdre Granger de vu alors que des cris outragés s'élevaient parmi les quelques élèves levés à cette heure si matinale en voyant un Serpentard dans leur salle commune, Drago Malefoy qui plus est.

S'engageant dans l'escalier à colimaçon à la suite de la touffe brune alors que les cris de Ginny résonnaient derrière lui, il grimpa les marches quatre à quatre. Il ne savait pas pourquoi il agissait ainsi, ni même vraiment pour quelles raisons il pouvait être inquiet, il y avait juste ce mauvais pressentiment qui le poussait à faire ce qu'il n'aurait jamais osé faire avant.

- Hermione, je t'ai dit que je descendais bient... qu'est-ce qu'il fait là ce type ? s'égosilla Ron en attrapant son pull pour le fourrer sur sa poitrine.

- Est-ce que tu as vu Harry ? demanda Hermione.

- Non mais tu peux me dire ce que Malefoy fait ici ? hurla Ron en pointant le blond du doigt qui reprenait sa respiration après cette fulgurante ascension.

- Peu importe, tu...

- Malefoy ? lança la voix ensommeillée de Seamus qui ouvrit ses rideaux pour en sortir la tête.

- On se fiche bien qu'il soit là, lâcha Hermione en levant les yeux au ciel. Tu es certain de ne pas avoir vu Harry ?

- Et comment ? Je n'ai pas bougé d'ici depuis hier soir, rétorqua Ron en finissant de s'habiller tout en jetant des regards noir à Drago. Tu veux dire qu'il n'est plus à l'infirmerie ?

- Je ne vous rends pas visite par courtoisie, intervint le blond dans un grand sourire sarcastique.

- Où as-tu mis son sac ? interrogea Hermione avant que Ron n'ait eu le temps de répondre.

- Derrière son lit, répondit le rouquin à regret de ne pouvoir fermer le clapet du Serpentard. C'est pour la carte ?

Hermione acquiesça, contournant le lit à baldaquin avant de se pencher. Mais les secondes s'écoulèrent et ce fut l'intervention de Drago qui réveilla tout le monde.

- Il ne te faut tout de même pas autant de temps pour trouver un sac ? marmonna-t-il.

Mais le regard d'Hermione s'était agrandi en se redressant, se tournant lentement vers Ron.

- Ron, tu es certain qu'Harry n'est pas passé par le dortoir ? demanda-t-elle à nouveau alors que sa voix tremblait.

- Peut être, je n'en sais rien, avoua-t-il. Je dormais, s'il est passé, il a dû le faire sans nous réveiller. Pourquoi me demandes-tu ça ?

- Son sac n'est plus là...

Si Ron comprit plus ou moins rapidement, Drago les dévisagea tous les deux tandis que Seamus et Dean s'extirpaient de leur lit en constatant la scène sous leurs yeux sans comprendre.

- Dites, votre pote semble avoir disparu et vous vous souciez d'un sac, dit-il. C'est moi ou bien il y a comme un problème de loyauté au sein de votre maison ?

- Il y avait la carte du Maraudeur et sa cape d'Invisibilité dans ce sac ! lâcha Hermione en lui lançant un regard affolé.

Et alors ? Il savait que les Gryffondors avaient une certaine conception de la vie qu'il ne saisissait pas vraiment mais là, c'était vraiment assez tordu.

- Ecoute, Granger, je ne vois pas ce que tu...

Mais sa phrase perdit dans un silence. La cape d'Invisibilité... qu'est-ce que Potter en ferait ? Sans compter qu'il y avait aucune raison de déserter l'infirmerie sans prévenir qui que ce soit, pénétrer dans la tour des Gryffondors et en ressortir sans se faire voir ainsi que prendre un sac contenant une carte assez étrange et une cape permettant de devenir invisible. Formulé de cette manière, il était évident que Potter était en train de monter un sal coup, si sal qu'il préférait ne rien dire à personne.

- A quelle heure le groupe de sauvetage doit partir ? demanda Drago à Hermione.

- Dans quelques minutes, dit-elle en regardant sa montre. Tu ne penses quand même qu'Harry a décidé d'y aller sans nous prévenir ? Je veux dire, Dumbledore ne l'autorisera pas !

- Mais qui a dit qu'il comptait participer au groupe ? ! rétorqua Drago en faisant demi-tour.

Il sortir en courant du dortoir, Hermione et Ron à sa suite. Non, Drago n'avait jamais été du genre à s'inquiéter pour qui que soit et il se fichait royalement d'Harry. Mais voilà, ce mauvais pressentiment, il était à présent impossible de l'ignorer. Il ne comprenait pas pourquoi, mais il savait que quelque chose allait arriver, une chose dont il ne préférait même pas en connaître l'existence. Courant à travers la salle commune des Gryffondors, il franchit le portrait à grandes enjambées après avoir bousculé quelques élèves et se dirigea droit vers le bureau de Dumbledore, là où il savait que les membres de l'Ordre se préparaient au départ.

En fait, il n'avait jamais couru aussi vite de toute sa vie, son cœur battant violemment contre sa poitrine à chacun de ses pas, sa respiration saccadée lui arrachant chaque centimètre carré de ses poumons. Il se fichait bien de savoir si les deux autres le suivaient, peu importait pour lui que d'arriver le plus rapidement possible jusqu'au bureau du directeur. Alors, il se hâtait de sauter les dernières marches de chaque escalier et déraper à chaque tournant de couloir. Rien n'allait, absolument rien.

- Ouvre-toi ! hurla-t-il devant l'entrée du bureau.

Pourquoi n'avait-il jamais les mots de passe ou bien plutôt ne prenait-il jamais la peine de retenir ce qu'il jugeait inutile ? La gargouille ne bougeait pas d'un centimètre et ce fut à moitié voûté, les mains posées sur les genoux et les yeux fixant les dalles au sol qu'il entendit Ron et Hermione arriver au bout de quelques secondes.

- Le mot de passe, lâcha-t-il à Hermione.

- Calisson, dit-elle.

Il n'attendit pas que la gargouille se soit entièrement dégagée pour grimper l'escalier en colimaçon et ouvrir brutalement la porte du bureau sans même la frapper avant. Aussitôt, une dizaine de visages se tournèrent vers lui alors, qu'à bout de souffle, il tentait de ne pas s'effondrer tandis qu'Hermione et Ron montaient aussi vite qu'ils le pouvaient les dernières marches.

Il n'avait vraiment plus de souffle. Inspirant profondément tout en ignorant la brûlure de ses poumons il chercha un visage connu du regard pour tomber sur celui de son futur qui se rapprocha de lui.

- Qu'est-ce que tu as ? demanda-t-il.

- Ha... bruti... ter.

- Vous savez ce qui se passe ? interrogea le futur de Drago en se tournant vers Hermione et Ron qui venaient enfin de rentrer dans le bureau.

Mais ils étaient aussi en piteux état, incapable de prononcer le moindre mot. Attrapant le col de son futur, Drago l'obligea à le regarder à nouveau.

- Potter a disparu, lâcha-t-il.

- On part le chercher, rétorqua le blond. Tu ne...

- Je parle de mon Potter ! L'adolescent dépressif qui se fout royalement de savoir que tu t'envoies en l'air avec son autre lui ! Il est introuvable !

Le regard gris du blond se durcit soudain. En fait, il était un peu perdu car ce qu'il disait n'avait aucun sens. Apparemment, cette opinion était partagée par d'autres.

- Monsieur, Harry a pris sa cape et nous sommes quasiment sûrs qu'il est sorti du château, dit Hermione après une grande inspiration en se tournant vers Dumbledore.

- Pour faire quoi ? s'étonna Rogue apparaissant derrière le directeur. Je sais que Potter est un suicidaire mais il n'est pas stupide au point de ne pas se rendre compte qu'il ne peut pas sauver quelqu'un tout seul sans compter que nous devons partir maintenant.

- Sauf s'il n'est pas parti le sauver, murmura Dumbledore.

Ses mots eurent pour effet de ramener l'attention générale sur lui, notamment le futur de Drago qui le dévisagea comme s'il redoutait de comprendre. Contournant son bureau, Dumbledore en ouvrit l'un des tiroirs mais son visage se durcit soudain en considérant le vide qu'il contenait.

- Professeur... marmonna Hermione qui avait bien trop peur d'avoir déduit ce qui se passait.

- Le cœur de dragon n'est plus ici, dit-il à mi-voix. Harry a probablement dû le prendre pendant nous étions dans le bureau de Severus tout à l'heure.

- Non.

Ce simple son venait de résonner dans toute la pièce, bien trop grave, bien clair pour pouvoir être ignoré. Regardant son futur, Drago entraperçut les yeux de celui-ci fixant la vague, sa main crispée sur sa baguette alors que le reste de son corps tremblait. Il ne savait pas pourquoi, mais à cet instant précis, Drago aurait voulu se tenir le plus loin possible de son futur et de ce qu'il dégageait, mélange de colère, de haine et de désespoir dont l'odeur et le goût était si facilement remarquable.

- Vous mentez.

Ce n'était pas un point de vue, mais tout simplement un mensonge dont il tentait lui-même de se convaincre. Un mensonge qu'il ne pouvait accepter et même en entrevoir la possibilité. Un mensonge...

- Je vais le tuer ! hurla-t-il.

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Harry raffermit sa prise sur la cape alors qu'un frisson le traversait. Baissant ses yeux sur la bourse qu'il tenait dans sa main libre, il inspira profondément pour s'obliger à rester calme. Mais il ne l'était, il ne pouvait pas l'être car c'était tout bonnement impossible de faire comme s'il ne faisait rien de grave alors qu'au contraire il allait droit contre tout ce qu'il croyait.

Il n'avait pas besoin de trembler, ni même de réfléchir, juste d'exécuter les ordres et tenter d'oublier. Mais il savait que jamais il ne pourrait oublier, comment ? Transplaner loin du village, poser la bourse et repartir au plus vite. Dans un sens, c'était si simple et innocent qu'il n'avait aucune raison d'hésiter et d'appréhender les remords. Mais tout ce que cela allait entrainer, tout ce dont il se savait coupable, il n'avait que cela en tête.

Il venait d'arriver depuis déjà quelques minutes mais pourtant il n'avait fait aucun pas. Harry n'arrivait pas à se convaincre qu'il devait faire quoique ce soit. Il détestait son futur, il ne pouvait que le haïr à cet instant pour l'obliger à prendre une telle décision et le mettre dans cette position. Il voulait fuir, ne rien savoir et peu importe qu'il soit un Gryffondor, il y avait une limite au courage et cela n'en était pas. Tuer, il le ferait quelque soit sa décision. Un suicide ou bien des meurtres, y avait-il seulement une autre définition aux solutions qui lui étaient offertes ? Il le souhaitait ardemment mais aucune illusion n'était possible.

Il le haïssait... Harry le détestait, il ne pouvait qu'exécrer cet homme qui était lui tout en représentant ce qu'il le dégoûtait le plus. Il le haïssait ! Tout ce qu'il voulait c'était partir et tout oublier, ne pas être obligé d'être le seul mis face à ce choix et obligé de s'y résoudre. Serrant la bourse, il leva brusquement son bras mais arrêta son geste. La lancer ne changerait pas rien, ce n'était qu'une action puérile qui ne l'aiderait même pas lui-même. Sans compter qu'avec la cape sur lui, elle n'allait pas aller bien loin. Il ne savait pas s'il devait se considérer comme un lâche pour refuser de faire face à ce choix, personne ne pourrait le supporter à part un masochiste qui prendrait son pied à cette idée qui le révulsait.

Baissant son bras, il fixa à nouveau la petite bourse. Il tremblait, il avait froid. La fine bruine qui s'abattait sur lui s'infiltrait sous la cape, la rendant plus lourde et rendant humide ses vêtements. Il était en bien piteux état, aussi bien physiquement que mentalement, Harry n'était pas non plus un surhomme en slip court qui n'avait aucune limite. Il venait de les atteindre. Non pas qu'il était à bout de forces, mais plutôt qu'il ne pouvait envisager aucune réponse qui pourrait le satisfaire. Un piège dans lequel il était tombé à pieds joints sans même pouvoir se défendre et l'appréhender.

Que fais-tu ?

- Laisse-moi, marmonna Harry.

Il ne tenait pas à l'entendre, ni même lui donner la possibilité de lui rappeler ce qu'il avait à faire. Il n'avait cessé de réfléchir dans l'infirmerie et chacun de ses pas s'était inscrit dans l'angoisse d'entendre à nouveau sa voix résonner dans son crâne.

Dépêche-toi.

- La ferme ! lâcha Harry.

Peu importait s'il parlait à voix haute, à vrai dire, c'était le dernier de ses soucis.

Tu n'as pas besoin de réfléchir. Si tu continues d'hésiter, il sera trop tard.

- Trop tard pour quoi ? maugréa-t-il. Te tuer ?

Ils sont en train de préparer mon transfert, répondit-il. Il est hors de question que je laisse passer cette chance.

Il s'en fichait, Harry s'en fichait royalement. Ne pas réfléchir... comment pouvait-il faire une telle chose en sachant qu'il aurait sur les mains le sang de son futur ? Il était un idiot, ce type n'était rien qu'un idiot taré et qui n'avait aucune considération envers les autres. Harry ne voulait pas que s'en convaincre, il ne pouvait accepter de céder si facilement.

Mais la douleur qui perça soudain son crâne ne fit qu'accélérer encore plus les battements de son cœur. Crispant la mâchoire, Harry serra dans son poing la bourse. Le temps entre chaque douleur ne faisait que se réduire. Il ne savait pas si c'était dû au fait que la connexion avec son futur se prolongeait ou bien si un autre Mangemort prenait soin de son autre lui ; son futur gardait bien le silence dès qu'il posait des questions sur cela.

- Je ne peux pas... marmonna Harry.

Son futur ne répondit pas, un silence trop étrange pour pouvoir penser à autre chose.

- Ne me demande pas ça...

Dépêche-toi.

- Je ne...

Dépêche-toi !

- Arrête de...

Je te dis de la faire ! Qui est le plus cruel dis-moi ? N'as-tu même pas la moindre idée de ce que je vis ? Je te demande juste poser quelque chose et partir !

- De toute façon, ça ne marchera pas, tenta de se convaincre Harry qui avait de plus en plus de mal à conserver son calme. Il faut plusieurs cœurs, Drago n'en a posé qu'un et je...

J'ai déjà posé le reste depuis bien longtemps alors, je t'en prie, pose ça. S'il te plait, ne réfléchis pas...

Ne pas réfléchir. Il ne devait pas réfléchir. La douleur continuait de persister, encore et toujours. S'il devait le faire, il fallait qu'il oublie tout, qu'il cesse de penser. Sa main tremblante se referma encore un peu plus sur la bourse. Ne plus penser, ne plus réfléchir, ne plus croire en ce qu'il était, juste avancer. Un pas, puis un autre, ne jamais baisser les yeux, toujours les fixer droit devant lui. Ne rien voir et avancer, ignorer la douleur à son cœur qui le intimait de faire demi-tour, juste avancer alors qu'il sentait la pluie devenir de plus en plus abondante. Des gouttes, encore et encore s'écoulant sur sa cape.

Une marche lente mais régulière qui le poussait à ignorer tout ce qu'il lui montait à la tête, tout ce qu'il n'écoutait plus. La pluie n'avait plus rien à y voir, l'eau, il s'en fichait à présent. Il avançait, encore et encore, ne remarquant pas que les gouttes coulant sur son visage n'avaient pas traversé la cape. Qu'avait donc le monde à ne pas tourner rond ? Qu'avait-il à ne pas vouloir l'oublier ? Juste un instant, quelques secondes, ces secondes durant lesquelles Harry ne pouvait rien voir d'autre que l'inexorable chemin qu'il traçait dans le village.

Un supplice qu'il ne supportait pas, il ne réfléchissait pas, il n'en avait pas conscience, juste marcher dans la douleur qui rongeait sa peau, ses os, son cœur, son cerveau. Une marche pour arriver derrière l'église et se pencher malgré l'eau ruisselant à ses pieds. Une route guidant ses pas pour tendre ses doigts tremblants vers la troisième tombe et laisser rouler son fardeau dans la boue.

Lentement, le long de la pierre, puis brutalement dans la flaque. Elle était tombée sous ses yeux sans qu'il ne fît rien pour la rattraper. Juste constater à quel point elle était petite, à quel point elle était si innocente et fragile dans ce torrent d'eau. Juste constater qu'il venait de la lâcher...

Cours.

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Ce n'était pas un silence, juste une douleur lancinante qui ne pouvait cesser.

- Est-il conscient ?

- Oui, Mon Seigneur.

Les doigts froids s'enroulèrent autour de son menton avant que le souffle ne vienne caresser son visage. Même les yeux à demi ouvert, il pouvait voir son regard écarlate le transpercer, le savourer, le détruire... Quelques secondes suffisaient pour comprendre et ne pas fuir, juste attendre.

- Pourquoi ne dis-tu rien ? murmura Voldemort.

Car il n'y avait rien à dire, juste à attendre, quelques secondes, quelques instants sans rien penser et patienter. Un dernier moment pour inspirer profondément et oublier ce qu'il avait depuis si longtemps perdu.

- Résister ne sert à rien, tu le sais n'est-ce pas ?

Le savoir... depuis combien d'années avait-il appris cela ? Trop... pas assez, juste une dernière respiration, une toute dernière pour se rappeler de ce qu'il laissait, la seule chose et personne. Juste un instant.

- Pourquoi me regardes-tu de cette manière ? Que caches-tu dans...

- Cours.

C'était ainsi, il l'avait choisi. Une ultime inspiration fasse aux yeux pourpres le dévisageant à son unique mot, un dernier goût de l'air avant de commencer et de laisser s'envoler le peu qui lui restait. Pas de visages, pas de volontés, juste lâcher prise et sombrer au plus profond d'un abyme qu'il avait depuis si longtemps côtoyé. Il ne marchait plus autour, il y tombait à bras ouverts, souffle court et derniers battements de cœur.

- Cours... murmura-t-il devant le regard écarlate posé sur lui. Ne t'arrête pas...

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Il avait enlevé sa cape. La tenant d'une main alors que ses pieds dérapaient sur le sol. Ne pas s'arrêter. Jamais il ne le pourrait car il fuyait. Lui, ce qu'il avait fait, ce qu'il avait cessé de faire, juste une course pour arrêter tout cela et ne plus regarder en arrière. Peu importait la pluie et les larmes sur son visage, il courrait sans même savoir où.

Qu'avait-il fait ? Qu'avait-il seulement pensé faire ? Non, il n'avait pas pensé, juste exécuter mais qu'est-ce qu'il était ? Comment se sentait-il ? Ce n'était pas du soulagement, ni même le bonheur d'être libéré d'un fardeau. Il se fuyait lui-même, Harry courrait juste pour courir malgré les tremblements qui parcouraient son corps. Il venait de le condamner... il venait de le tuer !

Ce n'était pas un mensonge, ce n'était pas quelque chose de faux ou d'éhonté, juste la vérité qui le laminait à chaque enjambée. Courir ne l'aiderait pas, fuir non plus, aussi loin qu'il puisse aller. Jamais il ne pourrait vivre avec cela sur la conscience... jamais il ne pourrait le laisser mourir.

Il venait de s'arrêter, le souffle court, les membres tremblants, fixant la silhouette du Manoir au loin. Non, il ne pouvait pas laisser son futur mourir. Malgré sa haine envers Voldemort, son envie de voir toute cette guerre s'arrêter, ce n'était pas un sacrifice que de le laisser mener à bien son plan. Personne ne pourrait accepter ça, lui le premier.

Courir, à nouveau, mais dans l'autre sens. Encore plus vite et surtout sans fixer autre chose que ce qu'il avait devant lui. Il ne fallait pas qu'il s'arrête, Harry devait absolument retourner derrière l'église pour l'empêcher de faire cela. Il n'était pas un meurtrier, son futur non plus alors retirer la bourse ne tuerait personne. Jamais il ne ferait cela en sachant que tant d'innocents mourraient, ce n'était pas lui. Harry le savait.

Le craquement qui survint stoppa net sa course lorsqu'un bras lui barra la poitrine, lui coupant la respiration. Mais il n'eut pas le temps de tomber à terre, qu'une poigne le saisit fermement par le col pour le frapper violemment au visage.

- Où est le cœur ? hurla la voix au-dessus de lui.

Des cheveux blonds. A bout de souffle, Harry n'eut malgré tout pas de peine à reconnaître le futur de Drago. Au même moment, une multitude de craquements survenaient autour d'eux mais Harry ne voyait rien d'autre que le regard glacial qui le transperçait de part en part.

- Lâchez-le ! lança Dumbledore.

- Où as-tu mis le cœur ? hurla-t-il en l'ignorant superbement tout en agrippant plus fermement Harry qui respirait de plus en plus mal. REPONDS-MOI !

Mais aucun mot ne pouvait franchir ses lèvres. Ce qu'il avait fait... pourquoi l'avait-il seulement fait ? Il n'y avait pas de raison, ni même de logique à cela et le regard froid du futur de Drago le lui montrait bien. Sous la pluie glaciale, il sentait la peau sans chaleur de l'ancien Serpentard qui n'avait d'autre occupation que d'obtenir une réponse de lui. Il voulait tout annuler, revenir en arrière et ne pas céder.

- Je suis désolé...

Les mots qui franchirent ses lèvres, il ne les contrôla pas. Cette vérité lui faisait mal, bien plus que tout ce qu'il avait ressenti auparavant. Le futur de Drago secouait la tête sans saisir, le déni était bien meilleur, bien plus plaisant et inconsciemment prenant le dessus.

- Qu'est-ce que...

- Je suis désolé, répéta à nouveau Harry qui tremblait alors que la brûlure le long de ses joues ne faisait que s'accentuer. Je suis désolé...

Il ne pouvait répéter que cela car il n'avait que cela en tête. Pourquoi ? Pourquoi avait-il donc fait cela ? Transplaner, poser, repartir c'était si simple mais le regret le rongeait déjà sans même qu'il n'ait besoin d'y penser. Jamais...

Chacun notre peine (*). C'est la sienne, j'ai la mienne, que tu sois obliger aussi de la porter n'en faisait pas partie.

Qu'il se taise ! Harry ne voulait pas l'entendre ! Qu'il arrête tout cet engrenage et qu'il y mette un terme !

Ne lui dis rien, il n'a pas à savoir. Je ne lui mentirai pas, je ne l'ai jamais fait mais maintenant tu dois le faire pour moi. Drago n'a pas à savoir...

Juste un silence, un battement... un moment se prolongeant quelques secondes sans bruit.

- Pardon, murmura Harry en fixant les yeux gris qui venait de pâlir à son mot.

C'était juste un bourdonnement, comme un grondement funeste qui semblait s'élever non loin de là. Il suffisait de tourner la tête pour voir grandir une lumière, claire, compacte, à peine plus grand qu'un poing vu de leur position mais prenant tout le Manoir. Un simplement grondement orageux et de grincements de bois qui cessa soudain alors que le futur de Drago tournait sa tête dans sa direction.

Au même moment où tout éclata, il hurla.

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Ce n'était rien d'autre qu'un bref éclat de lumière, si puissant, si fort, rien qu'un unique claquement contre la barrière qui venait d'éclater. Craquant, se fêlant, le souffle de l'explosion traversant la couche protectrice pour venir les frapper, Harry roulant au sol de même que tous ceux présents. Le spectacle était effarant, juste une zone éclatante alors que la chaleur était suffocante. Un moment, quelques secondes, rien qu'un court instant avant que le silence ne revienne laissant seulement les dernières fenêtres se briser.

C'était étrange, juste un mot qui ne pouvait être dit face au regard du futur de Drago qui fixait un point devant lui, la respiration comme arrêtée et ses avant-bras tremblants alors qu'il s'appuyait sur ces derniers. Harry venait à peine de voir son visage figé à quelques centimètres du sien. Il ne voulait pas non plus réfléchir, ni même essayer de savoir ce qu'il venait de se passer, c'était impossible à concevoir. Il ne pouvait pas...

- Harry...

Un simple murmure, juste deux syllabes qui venaient de s'échapper des lèvres du blond.

- Harry.

Il venait soudain de reprendre ses esprits, se détournant du point qui fixait inexorablement pour tourner son regard vers ce qui était encore un instant plutôt un Manoir. S'appuyant sur ses mains, il se leva précipitamment avant qu'Harry n'ait eu le temps de le retenir et se mit à courir dans la rue jonchée d'éclats en tout genre.

Il n'y avait plus rien sur la colline qui surplombait le village, juste un sol noirci, des morceaux de bois calcinés. A sa suite, Harry ne pouvait rien voir d'autre que la nuque blonde qui dérapait sur la cendre, courant droit vers les ruines de ce qui avait été un Manoir. Juste un tas, c'était tout, un faible tas de planches qui ne représentait absolument rien à présent, même pas un dixième de l'ancienne demeure. Rien qu'une sorte de cratère tout aussi brulé et consumé que le reste dont l'odeur omniprésente s'infiltrait dans les poumons.

- Harry !

Tout avait été détruit, tout sauf ce qui aurait dû l'être. Ce n'était pas un cratère, juste la cave qui s'était effondrée, il n'y avait plus rien de reconnaissable Rien sauf ce qui restait, la seule chose à l'origine de tout ce carnage.

Il ne fallut qu'un instant au futur de Drago pour descendre les quelques mètres de dénivelé et tomber sur les planches frêles qui craquèrent sous poids. Les attrapant, il les lança pour dégager la seule chose qui n'était pas encore noire comme la cendre et totalement rongée par l'explosion. Rouge, un rouge éclatant et à la fois si terne sur le corps étendu gardant encore à ses poignets les chaînes qui pourtant ne le retenait plus à rien. Juste du rouge...

- Harry !

Drago venait subitement de le glisser à côté de lui pour le retourner, mais aucun autre mouvement ne suivit, juste le silence un peu plus pesant qui suivit alors qu'il restait ponctué des bruits de course qui se rapprochait d'eux. Les paupières restaient closes, la poitrine ne bougeait pas, le rouge avait cessé de s'étendre.

- Harry, je t'en prie dit quelque chose..., marmonna Drago en l'attrapant, tirant sa baguette pour la pointer vers les blessures écarlates.

Mais les sorts restaient sans effet, les blessures à vif tailladant la poitrine, les épaules et ses reins restant ouvertes. Juste le rouge qui avait coulé sur sa peau, juste ce rouge qui à présent recouvrait le blond qui ne cessait de lancer des sortilèges sous le regard impuissant d'Harry.

- Je t'en supplie ! hurla Drago.

Ces sorts avaient fini par cesser, serrant contre lui le corps écarlate. Il le serrait juste pour espérer qu'il y ait un mouvement, un mouvement à ce corps qu'il avait tant de fois étreint. Un seul souffle lui aurait suffi, une unique respiration l'aurait rendu heureux. Mais pourquoi restait-il sans bouger ? Si froid alors qu'il avait été à l'origine de ce brassier ? Il voulait juste qu'il bouge... juste cela et il aurait donné tout ce qu'il lui restait pour voir ses yeux s'ouvrir.

- Je t'en prie...

Mais ses paroles restaient sans réponse. Il ne demandait rien de plus, juste qu'il bouge, pourquoi pour une fois qu'il voulait quelque chose d'aussi facile il ne pouvait pas l'avoir ? Drago ne voulait rien, il ne voulait plus rien juste que ce simple souhait. Tout donné, il donnerait tout...

- OUVRE LES YEUX ! hurla-t-il alors les larmes brûlaient ses joues. Pitié...

C'était tout ce qu'il voulait... Le front au creux de la nuque avec laquelle il s'était tant de fois amusé, il serrait contre lui le corps de tout ce qu'il avait eu. Il aurait tout donné, absolument tout... même s'il n'avait rien. Juste pour que cette odeur poisseuse disparaisse, juste pour à nouveau entendre ne serait-ce qu'un battement de cœur. Un dernier murmure, un dernier mot... il le voulait, c'était tout... Rien de plus alors que par pitié, il ouvre les yeux... pitié...

A côté d'Harry, tandis que les membres de l'Ordre s'arrêtaient de courir pour observer en silence, le jeune Serpentard regardait son futur sans faire un geste. Voir suffisait pour comprendre, aucune parole ne pouvait ajouter quoique ce soit. Effet papillon... c'est ce qui avait été dit. Pour changer un avenir en un monde meilleur, mais pour ne pas répondre à un souhait aussi simple... non, ce n'était pas ce qu'il avait voulu.

(*) : peine... non pas le sentiment mais la condamnation, le jugement. Seul le mot peine convenait mais peut être interpréter de différentes manières.

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