Chapitre 35: Mon cinquième est un changement...
Chapitre 35: Mon cinquième est un changement, mon sixième est ma trahison. (3/4)
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Harry poussa les pans de la tente en courant.
- Ginny ! dit-il en se précipitant vers elle.
- Harry, laisse les Médicomages s'en occuper ! lança Arthur en l'attrapant.
- Où était-elle ? On la cherche depuis plusieurs jours sans succès alors où...
- Elle est là, c'est tout ce qui compte, coupa Arthur. Mais laisse-les la soigner.
Fixant le lit dans lequel la jeune femme était, Harry ne put retenir son cœur d'arrêter de battre violemment contre sa poitrine. D'abord Ron puis Charlie, il était hors de question que ce soit à son tour. Mais malgré le fait qu'elle soit éveillée, la quantité de sang qu'elle perdait était impressionnante et les Médicomages semblaient courir dans toute la tente.
Il y avait également Fred et George qui fixaient leur sœur en silence, les yeux ne se détachant pas une seconde de cette dernière qui n'arrêtait pas d'hurler dès que quelqu'un la touchait. Il fallait à tout prix qu'ils arrivent à la guérir, peu importe s'il devait y passer la nuit mais il fallait absolument qu'elle survive. Au moment même où Harry pensa cela, un Médicomage s'approcha de M. Weasley qui continuait de le maintenir.
- Ces blessures sont bien trop graves et, même si nous parvenons à la sauver, les risques de séquelles importantes sont quasiment certains.
- Vous allez soigner ma fille ! lâcha M Weasley en repoussant Harry pour attraper le Médicomage par le col alors que les jumeaux se tournaient vers lui. Faites quelque chose !
- C'est ce que nous sommes en train de faire, répondit l'homme. Mais...
Ginny allait mourir... Non, Harry n'allait sûrement pas l'accepter, encore moins annoncer par cet abruti qui ne faisait rien pour améliorer la situation. Reculant sans le vouloir, il percuta le pan de la toile en se prenant la tête entre les mains. Tout ça il ne...
- Potter.
Harry se retourna brusquement et considéra Malefoy sans comprendre.
- Potter, je peux...
- Qu'est-ce que tu fous ici ?
Il fallait être sincère, Harry l'avait complètement oublié. Entre les nouvelles des morts qui arrivaient, la construction du camp, soigner les blessés, sécuriser les alentours, lancer des équipes de recherches pour ceux dont ils n'avaient aucunes nouvelles, enterrer les cadavres et tenter de réunir tout le monde au même endroit, s'occuper du cas de Malefoy avait été le dernier de ses soucis.
- Ecoute, je...
- Va-t-en ! hurla-t-il. Tu n'as rien à faire ici alors disparais !
- Potter, écoute-moi deux secondes avant de...
- Qu'est-ce que tu n'as pas compris Malefoy dans ce qu'il vient de dire ? intervint George. Tu es la dernière personne à être la bienvenue sous cette tente !
- Mais écoutez-moi !
- Ma fille est en train de mourir et toi tu veux que je laisse le meurtrier de mon fils raconter sa vie ? lâcha sèchement Arthur en laissant enfin le Médicomage. Si tu ne pars pas maintenant, je te tue de mes propres mains !
Attrapant Harry par le col, Malefoy se rapprocha de lui.
- Tuez-moi si vous voulez mais je peux la soigner !
- Arrête de raconter tes conne...
- Tu crois vraiment que je risquerai ma peau pour une simple blague ? coupa-t-il. Je peux la soigner et, mieux encore, elle n'aura aucune séquelle alors que si vous laissez ces idiots continuer vous allez vous retrouver avec un nouveau cadavre sur les bras !
Il avait quelque chose qui n'allait pas chez lui, Harry en était à présent certain car il ne voyait pas ce qui pouvait tourner rond dans la tête de ce type.
- Fais fonctionner ta cervelle, Potter, lança Malefoy. Je n'ai rien à y gagner.
- A part essayer de sauver ta peau pour la mort de Ron, rétorqua Harry.
L'ancien Serpentard leva les yeux au ciel.
- Je l'ai tué, d'accord, mettons ça de côté pour l'instant, lâcha Malefoy alors que le regard des jumeaux devint encore plus sombre. Tu veux que sa sœur parte le rejoindre ?
Se tournant vers M. Weasley, il sentit que malgré toute la haine qui lui portait également, il était prêt tout pour sauver sa fille.
- Tu peux réellement la sauver ? demanda Harry.
- Oui, certifia-t-il. Et si elle claque entre mes mains, vous pouvez me tuer si vous le voulez, de toute façon soit je réussis, soit elle y passe d'une manière ou d'une autre que ce soit à cause d'eux ou bien pour une autre raison.
Regardant dans les jumeaux, ces derniers acquiescèrent apparemment à contre cœur et Harry s'écarta pour le laisser rentrer dans la tente.
- Il me faut une baguette, dit-il.
Aussitôt, Harry eut comme un doute, chose que Malefoy saisit bien vite.
- Tu veux que je la soigne avec un cure-dent ? lança-t-il en tendant la main.
- Fred, George, ne le quittez pas des yeux, dit Harry en dévisageant le blond tout en lui tendant sa baguette.
L'attrapant, Malefoy s'avança dans la tente.
- Dégagez ! hurla-t-il à l'attention des Médicomages qui s'éloignèrent immédiatement sous les regards sombres de M. Weasley.
Harry ne comprenait pas ce qui poussait l'ancien Serpentard à agir ainsi. Il avait tué de sang-froid des personnes et voilà qu'il se dévouait pour soigner ce qui avait été pour lui un ennemi qui l'avait enfermé pendant plus d'un an. Harry ne croyait pas à une subite rédemption de sa part et n'allait pas commencer à lui accorder une once de confiance même si grâce à lui ils avaient pu sortir vivant avec Tonks du Manoir. Cela faisait longtemps, qu'il n'était plus candide et il n'allait sûrement pas se faire avoir par une quelconque ruse de Malefoy.
- Ne t'approche pas !
Ginny était toujours consciente, c'était un élément qu'ils venaient d'omettre.
- Laisse-le te soigner, intervint Harry.
- Plutôt crever que ce type me touche ! hurla-t-elle.
- Potter, fais quelque chose sinon je ne pourrai rien faire, intervint Malefoy alors qu'elle s'agitait.
- Je refuse qu'il me...
Harry lui plaqua la main contre la bouche alors qu'il faisait signe à M. Weasley de venir l'aider.
- Il suffirait de lui donner une potion ou bien lui jeter un sort, dit Fred. Si...
- Fais-lui ça et tu pourras aussi aller creuser sa tombe, coupa Malefoy qui put enfin s'approcher sans prendre un coup.
Ce n'était pas de cette manière qu'il avait une chance de faire quoique ce soit, là Malefoy semblait avoir pris pour but de se faire tuer avant même d'avoir commencé.
Mais les minutes qui suivirent furent sans doute les plus difficiles. Maintenant Ginny immobile, celle-ci commença peu à peu à se détendre jusqu'à fermer les paupières. Entendant Harry le lui hurler, Malefoy répliqua aussitôt que c'était normal, retournant à ses affaires. Il n'avait jamais vu les sortilèges qu'il utilisait, apparemment, les Médicomages qui l'entouraient étaient tout aussi perplexes face aux méthodes qu'il employait. Cependant, les blessures se refermaient et les hématomes disparaissaient peu à peu.
Dans les tentes, d'autres personnes entraient, dont Mme Weasley qui manqua de se jeter sur Malefoy en le voyant, chose que son mari l'empêcha de faire de justesse. A vrai dire, Harry ignora totalement combien de temps il s'écoula jusqu'à ce que l'ancien Serpentard se tourne vers lui pour lui tendre sa baguette.
- Avec qui elle sort ? demanda-t-il.
- Quoi ?
- Je te demande si elle a un petit copain ou bien si elle est mariée, répéta Malefoy.
- Moi, marmonna une voix.
Il eut un mouvement général vers Jonathan, Harry étant enfin parvenu à se souvenir de son prénom. Là, c'était une nouvelle, en tout cas pour lui car il ignorait totalement qu'ils étaient ensembles. S'avançant vers lui, Malefoy le dévisagea.
- Félicitations, c'est pour dans sept mois, dit-il.
Haussant un sourcil, apparemment, le jeune homme n'avait pas tout saisi et ce fut lorsqu'Harry rattrapa Malefoy que tout devint plus clair.
- De quoi tu...
- Elle est enceinte, abruti, répondit Malefoy. Tu veux que je te fasse un dessin ?
Elle... Se tournant vers Ginny, il avait du mal à croire qu'elle était... Non, c'était une blague.
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- Tu comptes faire quoi ?
- De quoi est-ce que tu parles ? marmonna Harry en émergeant de la pile de papiers qu'il avait étalés sur son « bureau ».
- Du problème que tu laisses trainer depuis trois mois, répondit Ginny.
- Tu aurais pu au moins frappé avant d'entrer, dit-il en se passant la main sur la tête, les yeux encore à moitié clos.
- Et je frappais sur quoi ? La tente ?
Non seulement il était enfin parvenu à dormir, chose bien rare, mais en plus elle venait sans prévenir pour lui faire un sermon.
- Quand comptes-tu enfermer Malefoy quelque part ? demanda-t-elle en s'appuyant sur la planche qui constituait une partie du bureau.
- Et où ? répliqua-t-il. Si ça ne tenait qu'à moi, je l'aurais tué depuis longtemps mais...
- Mais quoi ? Il t'a sorti du Manoir ? Il m'a soignée ? Et alors ? coupa Ginny. Ce salopard a tué mon frère, tout ce qu'il fera ne lavera pas l'ordure qu'il est !
Harry la dévisagea, si c'était si simple le problème serait réglé depuis longtemps.
- Il ne dérange personne, il n'a pas de baguette et passe son temps assis près de la tente pour ranger la vaisselle, dit-il. Tous ceux qui le surveillent sont formels, il n'est pas sorti du camp, sans compter que Voldemort a carrément mis un contrat sur sa tête. En plus, il ne parle à personne.
- Rectifie, personne ne vient lui parler en sachant ce qu'il est, intervint Ginny.
- Et c'est encore mieux, répliqua Harry. Il ne fait rien qui pourrait aller contre lui, si je décide de l'envoyer voir ailleurs, j'aurai les autres membres de l'Ordre sur le dos qui me diront que c'est impossible, il en sait trop. Et puis, on ne peut ni le juger ni le mettre en prison, il n'y a plus de Ministère et encore moins de prison !
- Dans ce cas empêche-le de traîner librement dans le camp, rétorqua-t-elle.
- Je veux bien mais je fais comment ? Ginny, on a autre chose à faire que courir après quelqu'un qui ne bouge pas !
Elle leva les yeux au ciel.
- Crois-moi, dès qu'il fera un pas de travers, je serais le premier à l'accueillir, certifia-t-il. Pour l'instant, ne l'approche pas, encore moins dans ton état.
Et zut... il venait dire les mots qui fâchaient. Le regard de Ginny se durcit encore un peu plus et elle se redressa pour lui faire face, Harry s'enfonça sous son « bureau » en inspirant profondément.
- Mon état ? Je suis juste un peu enceinte, pas sur mon lit de mort, lâcha-t-elle sèchement. Tu comptes aussi me donner un déambulateur dès que tu en auras l'occasion ?
- Ce n'est pas ce que je...
- Oh si ! coupa-t-elle. C'était exactement ce que tu voulais dire. Je ne suis pas aliter, Harry.
- Je sais, marmonna-t-il.
- Dans ce cas fais quelque chose pour Malefoy !
- C'est quoi le rapport ?
- Le rapport est que je ne peux plus voir ce type ! lâcha-t-elle
- Tu ne peux pas avoir envie de manger des fraises comme toute femme enceinte ou bien une crème chantilly avec des cacahuètes ? demanda-t-il.
- Ce n'est pas un caprice mais une nécessité, rétorqua Ginny. Malefoy est un Mangemort, le laisser courir librement, c'est du suicide !
Prenant sa tête entre ses mains, Harry respira profondément. Il aimait beaucoup Ginny mais là, elle venait vraiment l'agacer au plus mauvais moment.
- Je ferai ce que je peux, dit-il.
- Dans ce cas remue tes fesses et dépêche-toi.
Non seulement elle devenait de plus en plus agaçante mais en plus son vocabulaire ne cessait de varier. Il voulait bien essayer de mettre des limites à Malefoy mais il était déjà assez occuper et ne se voyait pas mettre ce fardeau sur le dos de quelqu'un d'autre.
- Comment va Tonks ? demanda-t-il pour changer de sujet.
Passant de la colère à l'amertume, Ginny laissa un instant son regard faire le tour de la tente.
- Elle n'arrête pas de partir dès que des Mangemorts sont mentionnés, dit-elle. Je crois que c'est son moyen pour éviter de penser à Lupin mais Teddy se sent seul. Même s'il ne le dit pas clairement, il joue de moins en moins avec les autres enfants.
Harry baissa les yeux. A vrai dire, il s'était douté que ça n'allait pas pour la jeune femme, quoi de plus normal puisque lui-même avait encore du mal à digérer la mort de Lupin. Mais au moins, il avait espéré qu'elle se recentre plus sur leur fils plutôt que sur les Mangemorts.
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Ils étaient maudits ! Harry ne voyait rien d'autre que cette alternative. Traversant le camp à grandes enjambées, il ouvrit chacune des tentes, jurant à chaque fois.
- Un Médicomage ? demanda-t-il à un homme qui était en train de se changer.
Celui-ci fit un signe négatif de la tête et Harry se remit à courir. Il fallait que ce soit aujourd'hui que tous les Médicomages soient partis ! Il était certes un adepte des coïncidences mais pour lui, c'était plutôt le sort qui s'acharnait. Freinant, il venait de revenir devant sa propre tente à côté de laquelle il y avait celle de Malefoy... seule alternative qu'il avait pu trouver pour contenter tout le monde.
- Malefoy, as-tu vu un Médicomage ? lança-t-il en pénétrant sans préavis dans la tente de ce dernier.
- Comment ? répliqua-t-il en se redressant sur son lit. Je passe mon temps ici ! Et tu ferais mieux d'arrêter d'hurler partout dans le camp, tu empêches certains de dormir.
Si Harry l'avait voulu, il l'aurait frappé un grand coup avant de repartir mais là, c'était une nécessité et il n'y avait plus qu'une solution qui pouvait être envisagée.
- Suis-moi ! ordonna Harry.
- Où ?
- Fais ce que je te dis !
C'était une très mauvaise idée, il le savait mais Malefoy était à présent le seul à s'y connaître assez en médecine pour pouvoir gérer le problème. L'entrainant au travers des tentes, Harry s'arrêta devant celle où un hurlement s'éleva soudain. Sur le visage de Malefoy, il eut comme une grimace d'horreur alors qu'il freinait soudainement.
- Potter, ne me dis pas que...
- Entre, lâcha Harry.
En fait, il dut l'attraper par le bras pour le forcer à se déraciner mais le spectacle à l'intérieur de la tente valait tout l'effarement qui se peignait sur le visage de Malefoy.
- Qu'est-ce qu'il fiche ici ? hurla Ginny en le voyant entrer alors qu'elle serrait à lui en briser les os la main de Jonathan.
- Il n'y a pas de Médicomages dans le... commença Harry.
- Toi, la ferme ! coupa-t-elle. Tes idées foireuses commencent vraiment à me passer par-dessus la tête ! Tu...
Elle s'arrêta soudain, se mettant à hurler tout en posant sa main libre sur son ventre.
- Ecoute-moi bien, Potter, marmonna Malefoy qui la fixait. Je n'ai jamais fait d'accouchement.
- Et ne crois pas que tu vas me toucher ! lâcha Ginny en broyant encore plus la main de Jonathan. Depuis des siècles les femmes se débrouillent très bien pour accoucher sans l'aide de personne alors ne crois pas que c'est un connard de Mangemort qui va le faire pour moi !
Harry secoua la tête. Elle avait beau dire ça, mais cela faisait déjà deux heures que la situation était comme cela. Il avait beau essayer de contacter des Médicomages, tous étaient occupés à la suite d'une attaque dans le sud de Londres et M. Weasley était bloqué avec sa femme dans une ville en Allemagne. Le résultat était que le camp, en plus d'être à moitié vide, était ponctué des hurlements de Ginny.
- Bon, fais ce que tu veux, déclara Harry. Mais là, on ne parle pas de toi mais de ton enfant donc choisi entre le mettre fièrement au monde comme une grande au risque d'avoir des problèmes que ce soit pour lui ou bien pour toi, ou choisi de jouer la carte de la sécurité.
Le dévisageant, Ginny n'aurait apparemment pas hésité à le frapper si elle en avait eu la possibilité. Mais une nouvelle contraction la fit s'agripper violemment à Jonathan, celui-ci manquant de crier avec elle. Alors qu'elle reprenait sa respiration, elle acquiesça à contre cœur.
- Potter, je te dis que je ne... marmonna Malefoy en le voyant se tourner vers lui.
- Tu sais arrêter les saignements ? réanimer quelqu'un ? Eviter les hémorragies ? coupa Harry.
- Oui...
- Dans ce cas reste à côté, ordonna-t-il.
Bon, c'était très simple, il avait déjà vu ça dans les émissions de télévision lorsqu'il était chez les Dursley. Remontant ses manches, il voulut se pencher lorsqu'il s'arrêta soudain. Ginny était comme sa sœur et il ne se voyait pas du tout mettre sa tête entre ses jambes.
- Jonathan, tu ne peux pas... commença-t-il.
- Je veux bien mais...
- Je veux que mon enfant soit en vie en sortant de là alors tu restes ici ! ordonna
Ginny qui raffermit sa prise sur Jonathan.
Harry eut comme un moment d'arrêt. Bon, là, c'était encore pire car s'imaginer à regarder ce qui se passait à cet endroit précis lui faisait déjà s'imaginer les reproches et surtout le lynchage des jumeaux dès que ces derniers l'apprendraient. Il ne...
- Bon, pousse toi de là Potter sinon elle aura le temps de pondre trois gosses le temps que tu te décides, lâcha Drago en le poussant sans ménagement, tirant un tabouret avant de s'y asseoir et remonter la robe de Ginny.
Cette dernière hurla, mélange entre contraction et indignation alors qu'Harry se mit à rougir comme une pivoine. Ce type faisait ça sans gêne et surtout avec un regard qui ne cillait pas un instant sur ce qu'il fixait. Bon, il était sûr, il allait se faire tuer par Fred et George pour l'avoir laissé faire ça.
- Sois utile, Potter et amène de quoi nettoyer quand il sera sorti, lança Malefoy. Et toi, passe-moi ta baguette au cas où, ajouta-t-il à l'attention de Jonathan.
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Harry replia la toile. En fait, ce n'était pas qu'il ne pouvait plus mais seulement qu'il n'avait pas le temps avec tout...
- Je te dérange ?
Détournant son attention, Harry la porta sur Neville qui venait d'entrer.
- C'est au sujet de Casglow ? demanda-t-il.
- Kingsley souhaite avoir une conversation avec toi, approuva Neville. Je sais que ce n'est pas vraiment amusant mais...
- Je n'ai pas le choix de toute façon, coupa Harry. Je ne pensais pas finir à la tête de ce camp alors disons qu'il faut que je m'y habitue.
Dans un pâle sourire, il suivit Neville à l'extérieur de la tente tout en se massant le front, chose qui n'échappa pas à ce dernier.
- Voldemort ?
- Non, j'ai toujours du mal à dormir, répondit Harry. Et puis, disons que je me suis habitué à ma cicatrice depuis toutes ces années. Et toi ?
Passant devant la grande table où les repas étaient servis, Neville haussa les sourcils à sa question.
- Pourquoi ?
- Rony, répondit Harry. Tu es juste à côté.
- Ah oui, marmonna Neville en souriant. Et bien, pour faire simple, quand ce n'est pas lui qui pleurs, c'est Ginny qui hurle donc j'ai moi aussi fini par m'habituer. J'ai un peu pitié de Jonathan en fait et puis, je ne peux pas en vouloir à Rony, il est tellement mignon.
- A t'entendre, j'ai l'impression que tu en veux un aussi, répliqua-t-il.
- Les enfants, c'est un peu une note plus joyeuse avec tous les conflits qu'il y a, dit Neville. Avec toutes les horreurs que l'on entend à longueur de journée, je suis plutôt content d'avoir un bébé qui pleure juste à côté de moi parce que sa couche est pleine plutôt que parce que sa mère ne rentrera jamais.
Une vision défaitiste mais pourtant qu'Harry comprenait bien ce qu'il disait. Lui-même qui ne souriait plus beaucoup était un peu jaloux de voir tous ses enfants jouer sans même se soucier de ce qui se passait en dehors du camp. S'il le pouvait, il aurait échangé sa place pour ne plus assister à toutes les atrocités qu'il voyait à chaque fois qu'il mettait un pied dehors. Même durant les réunions, ce n'était en aucun de la joie qui pouvait s'afficher sur les visages des membres de l'Ordre.
- ... puis sans les mains !
- Je pense plutôt que tu vas avoir des problèmes.
- Mais je ne...
Harry s'arrêta, forçant Neville à revenir en arrière.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il.
- Un truc à vérifier, je te rejoins, répondit Harry en partant entre les tentes.
Il avait cru l'entendre, mais ça pouvait être son imagination. Ralentissant, sa colère ne fit que s'éveiller quand il l'aperçut.
- ... quoi tu ne veux pas ? demanda un jeune garçon qui s'appuyait aux bords du tonneau pour se hisser sur la pointe des pieds.
- Parce que, répondit Malefoy. Et tu devrais t'en aller avant que...
- Joan !
Le jeune garçon laissa sa tête tourner vers Harry qui fixait Malefoy sans ciller.
- Harry, il ne veut pas...
- Viens ici, coupa celui-ci en lui tendant la main.
- Mais...
- Viens ici, répéta Harry encore plus durement.
Lentement, Joan s'exécuta en baissant les yeux au sol en étant certain de faire gronder, Harry continuant de fixer Malefoy qui n'avait pas bougé de sa chaise.
- Qu'est-ce que t'a dit ta mère ? lança-t-il en s'accroupissant lorsqu'il fut à côté de lui. Ne l'approche pas !
- Mais je...
- Non, si je te rattrape encore une fois près de lui tu auras la punition de ta vie, coupa Harry. Tu m'as compris ?
Acquiesçant les yeux baissés, le garçon partit en courant lorsqu'il le lâcha, laissant Harry et Drago seuls.
- Toi, qu'est-ce que tu n'as pas compris dans « ne t'approche pas des enfants » ? lâcha sèchement Harry en s'approchant.
- J'ai compris, rétorqua Malefoy.
- Apparemment pas puisque j'ai déjà eu plusieurs parents qui se sont plaints, répliqua-t-il. Ecoute-moi bien Malefoy, si je te revois trainer près d'eux je me passerai bien d'un procès et je ferai ce que j'aurai du faire il y a longtemps.
Un sourire amusé traversa son visage ce qui eut le don d'irriter encore un peu plus Harry.
- Si tu t'ennuies, va aider en cuisine ou bien pour la corvée de patates, je m'en contre fou mais ne t'approche pas des enfants, lâcha-t-il.
- Compris.
- Je l'espère pour toi car si ce n'est pas moi, ce sera quelqu'un d'autre qui se chargera de te faire un trou dans la cervelle.
Laissant Malefoy derrière lui, il retourna en direction de la grande tente dans laquelle les réunions avaient lieu. Malgré les mois qui s'étaient écoulés, c'étaient toujours la même chose, l'ancien Serpentard lui tapait sur les nerfs et c'était encore pire de savoir qu'il ne pouvait rien faire pour le remettre à sa place.
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- Tu es sûr que tu vas bien ?
- Oui.
- Harry, tu mens.
Même sans son frère, George était une flèche. Il avait mal à la tête et il ne cessait de se frotter les yeux pour rétablir sa vue.
- Papa me disait souvent qu'il suffit de se mettre la tête en bas avec sa baguette et un œuf de doxy entre ses dents pour aller mieux, dit Luna.
Dans un même mouvement, Harry et George se tournaient vers elle. Il n'y avait plus à espérer qu'elle ne racontait pas ça à n'importe qui de peur de se retrouver avec des dizaines de cas d'empoissonnements.
- Je vais m'occuper du repas, marmonna-t-elle en se levant. A tout à l'heure.
Dans un soupir, George se leva à son tour.
- Je vais vérifier que ce qu'elle va y mettre n'est pas dangereux, dit-il en la suivant alors qu'Harry esquissait un sourire.
Malgré le fait qu'il ne se sentait pas bien, Luna était toujours quelqu'un qui le détendait sans parler des jumeaux qui avaient malgré su garder leur humour après tout ce qui leur était arrivés. Baissant les yeux au sol, il se remit à se frotter les paupières malgré le fait qu'il savait que ce n'était pas du tout la meilleure chose à faire.
Non seulement ils étaient irrités, mais Harry n'arrêtait pas d'essuyer les larmes qui coulaient sans qu'il le veuille pour hydrater ses yeux. Il fallait qu'il trouve un Médicomage compétant puisqu'Anna était partie pour quelques jours du camp. Mais pour l'instant...
- Tu vas bien Potter ?
Pivotant vers le nouveau venu, Harry reconnut sa silhouette grâce à ses cheveux blonds.
- Qu'est-ce que ça peut te faire ? marmonna-t-il sombrement alors que Malefoy s'approchait avant de laisser la bassine remplie de linge qu'il portait se poser sur le sol.
- Pas grand-chose, mais fais voir, répondit-il.
- Ne me touche pas, lâcha Harry en repoussant la main qui s'était avancée vers son visage et qui se présentait comme une chose floue.
Malefoy pencha la tête sur le côté avant de s'accroupir pour se mettre à sa hauteur.
- Tu ne serais pas un peu de mauvaise foi ?
- Et pourquoi ? rétorqua Harry.
- Tu refuses que je t'examine mais je peux tripoter autant que je veux la fille Weasley et d'autres, répondit-il. C'est ce que je peux appeler soit de l'hypocrisie soit de la mauvaise foi.
- Je n'ai pas besoin de toi, rectifia Harry. N'importe quel Médicomage peut...
- Sortilège pour la vue ?
- Pardon ?
- Je te demande si c'est ça ton problème ? dit Malefoy.
Sans vraiment s'en rendre compte, il acquiesça, ne comprenant pas d'où sortait le soudain intérêt que Malefoy portait à sa santé.
- Tu te rends compte que tu es devenu totalement dépendant de ce sort mensuel ?
- C'est mon problème, rétorqua Harry qui venait soudain de saisir qu'il allait avoir un sermon de « sa » part. Si tu veux me...
- Deux mois.
Devant son regard d'incompréhension, Malefoy soupira.
- Je peux faire en sorte de mettre deux mois entre tes traitements, expliqua-t-il. Tu penses que ça peut t'intéresser ?
- Pour avoir une dette envers toi ou devenir indépendant de toi ? répliqua Harry qui ne savait pas s'il devait en rire. Certainement pas !
- Réfléchis un peu, je ne quitte jamais le camp, et au pire, tu peux reprendre l'ancienne formule mensuelle, rétorqua Malefoy. Question dette, toi et moi savons pertinemment qu'il n'y aura jamais de ça vu ce que j'ai fait.
Harry fronça les sourcils. Il ne voulait pas lui donner raison tout de suite mais il avait raison sur une chose, deux mois d'intervalle lui permettrait d'être sûr de pouvoir quitter le camp pour de longues durés sans avoir le risque de ne plus rien voir au plus mauvais moment. Inspirant profondément, il tira sa baguette de sa poche pour le lui tendre.
- Allonge-toi ou bien mets-toi la tête en arrière, dit Malefoy en se levant.
- Rends-moi aveugle et même sans te voir je ferais en sorte de te tuer lentement, menaça Harry en s'allongeant.
- Pour l'instant tais-toi.
Il avait envie de partir. Rien de plus normal plus qu'il laissait l'homme qu'il haïssait le plus le soigner.
- Tu comptes encore faire sauter ta tente ? demanda Malefoy alors que la fine brume argentée qui sortait de sa baguette se posait lentement sur l'iris d'Harry.
- Je ne...
- Je t'ai dit de te taire, coupa-t-il.
Et comment devait-il répondre ? Il était mignon mais il ferait mieux de se taire lui-même dans ce cas !
- La magie sans baguette, c'est vraiment trop dangereux, marmonna Malefoy au-dessus de lui. Tu n'arrêtes de faire s'effondrer ta tente et celles qui l'entourent, la mienne comprise, je précise. A force, il ne faudra pas t'étonner à ce qu'une limite de sécurité soit instaurée.
Qu'est-ce qu'il en savait ? Il avait passé des années à s'entraîner et maintenant, il parvenait enfin à mieux se contrôler, autant dire qu'il avait l'espoir de maitriser parfaitement cette technique dans quelques mois.
- Mais c'est déjà mieux que chez le Seigneur des Ténèbres, marmonna sombrement Malefoy alors qu'Harry sentait la brume pénétrer lentement sa pupille, lui picotant les yeux. J'avais arrêté de compter ceux qui ressortaient sur des civières...
- Tu... commença Harry soudain interpellé par ce qu'il disait.
- Bon sang, la ferme, Potter ! lança Malefoy en lui attrapant le bas de la mâchoire pour qu'elle se referme. Et oui, pour ta gouverne, je participais aussi à ses petites expériences, sauf que je n'arrivais pas à grand-chose, ajouta-t-il précipitamment en voyant son regard. De toute façon, je serais sorti depuis longtemps de ta cave si ça avait été le cas.
Mais Harry n'appréciait pas du tout la nouvelle, d'autant plus qu'il ne pouvait rien dire.
- Dernière chose, continua Malefoy, à propos de votre problème avec les Mangemorts pour votre dernière sortie.
- Comment es-tu...
Harry se tut immédiatement en voyant ses yeux le dévisager.
- Pas besoin d'être invité sous votre tente pour entendre ce qui s'y passe, dit-il. Même si vous mettez des sorts, ça n'empêche personne d'en parler parfois à l'extérieur ou bien pendant les repas. Personne ne fait attention à moi alors j'entends pas mal de choses parfois. Mais pour en revenir aux Mangemorts, allez faire un tour près de la crique aux alentours de Harley, c'était ici qu'ils retrouvaient juste avant d'attaquer. Bien entendu, ça date de mon époque donc de quelques années alors fais-en ce que tu en veux.
A nouveau, Harry ne saisit pas ce qu'il passait par la tête de l'ancien Serpentard. Il était en train de vendre les siens ! Mais qu'est-ce que ce type buvait le soir pour être aussi bête ?
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Playlist : Endless Night de Two Steps from Hell
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- Joan, comment as-tu su faire ça ?
Le garçon se tassa dans sa chaise alors que sa mère était derrière lui, ses mains posées sur ses épaules.
- Joan, répéta calmement Neville pour ne pas l'effrayer. Dis nous où as-tu appris à faire ça ?
- Mais elle va bien, marmonna-t-il.
- Oui, Ginny va bien mais dis nous où as-tu appris à faire un charme du Bouclier ? répéta-t-il.
Même si son ton était doux, Joan semblait être sur le point de fondre en larmes.
- Il m'a dit que ça servait à se défendre, dit-il les lèvres tremblantes. J'ai fait du mal à Ginny ?
- Non, je t'assure, elle va très bien, certifia Harry pour prendre le relais de Neville en se mettant à sa hauteur tout en lui prenant les mains. Elle voulait juste récupérer la baguette de ton père. Quand tu dis « il », de qui parles-tu ?
- Il joue tout le temps avec moi, marmonna Joan dont les larmes commençaient à couler. Il est gentil avec tout le monde, Victoire n'arrête pas de dire qu'elle va l'épouser plus tard.
Alors que sa mère lui essuyait les joues, Harry et Neville avaient soudain froncés les sourcils à la mention du nom de la fille de Bill.
- Joan, je te promets que l'on ne va pas te punir, dit Harry. On veut juste que tu nous dises qui est celui qui t'a parlé de ce sortilège.
- Mais tu m'avais dit que tu me punirais si je l'approchais, répondit-il en prenant son avant-bras pour se frotter les yeux.
- Tu sais de qui il parle, Harry ? demanda Neville.
- Je...
- Drago n'a rien fait de mal ! dit Joan en regardant Harry. Je te jure qu'il est gentil !
Quelque chose de lourd tomba soudain dans l'estomac du brun en l'entendant. Se relevant, son regard s'était soudain durci.
- Neville, occupe-toi de Joan, dit-il
- Harry ne fait pas n'importe quoi ! lança Neville alors qu'il quittait la tente.
C'était bien plus facile à dire qu'à faire. Traversant le camp à grandes enjambées, il bouscula plusieurs personnes avant d'arriver à la grande tente où toute la lessive se faisait. Entre temps, sa colère avait pris de l'ampleur et ce fut en attrapant sa baguette qu'il entra.
- Tout le monde dehors ! hurla-t-il
Les quelques visages présents se hâtèrent de quitter les lieux en le voyant, plus par instinct de survie que sur ses ordres.
- Malefoy, tu restes ici, lâcha Harry alors que le blond avait suivi le mouvement.
Celui-ci le dévisagea un instant et eut un faible sourire en voyant la baguette qu'il avait à la main.
- Je croyais t'avoir dis de ne pas t'approcher des enfants, lança Harry en s'avançant vers lui.
- Et c'est ce que j'ai fait, répliqua-t-il.
- Comment ça se fait dans ce cas qu'un gamin de huit ans est pu faire un charme du Bouclier ?
- De qui tu...
- Joan, lâcha Harry. Tu veux me dire que ce gosse est en train de mentir ?
Le visage de Malefoy sembla tout à coup pris par une incompréhension dont il n'avait pas le contrôle.
- Je ne lui ai rien appris, contesta l'ancien Serpentard. Il n'a fait que me demander un jour quel était le sortilège qu'il avait vu être fait lors d'un entraînement d'un membre de l'Ordre. Je n'ai fait que lui en dire l'utilité et j'ai juste répondu à ses questions, comment pouvais-je savoir qu'il allait essayer de le faire ?
- Donc tu l'as approché, conclut Harry dont la main se serra sur sa baguette.
Apparemment, il n'avait pas voulu que cela s'apprenne et Harry saisit très bien qu'il avait donné son explication en oubliant cette partie.
- Je t'avais dis et répété de ne pas t'approcher d'eux ! hurla-t-il.
- Potter, tu...
- La ferme ! Pendant un moment j'ai cru que peut être tu avais cessé d'être un connard de Mangemort qui prenait son pied à tuer des personnes mais en fait tu n'as pas changé !
- Ecoute ce que je...
- Non, je n'ai rien strictement rien à entendre venant de ta part ! Je t'ai donné une chance de continuer à vivre en dehors d'une cage et toi tu fais en sorte de t'y...
- Et bien enferme-moi ! hurla Malefoy qui venait passer du stade agacement au stade de la colère pure. Enferme-moi et laissez les gamins continuer à faire ce qu'ils pensent être justes ! Tu crois que c'est moi qui va les chercher ? C'est vrai et je prends mon pied, comme tu le dis, à leur faire rentrer dans le crâne de ne pas aller à la chasse aux Mangemorts pendant que vous partez faire vos plans ! Si tu crois que c'est pour moi une partie de plaisirs de ramasser ses gosses en train de « faire comme les grands » et qui sont à deux doigts de faire une énorme connerie alors enferme-moi !
- Mais de quoi est-ce que... commença Harry qui ne saisissait rien à ce qu'il racontait.
- Tu veux que je t'explique ? demanda Malefoy en l'attrapant par le col. Je vais faire court dans ce cas alors ouvre grand tes oreilles. Pendant que vous partez faire la guerre, vous laissez vos gamins seuls ! Ils entendent tout et veulent savoir comment aider papa et maman pour qu'ils reviennent tôt le soir ! Il y a... quoi... trois personnes pour surveiller des dizaines de gosses. Alors oui, je leur enseigne des trucs, rien de très grand, faire à manger, faire de beaux dessins, pour certains, juste comment faire un pansement, mais en aucun cas des sortilèges ! Accuse-moi de ce que tu veux mais mon but est en aucun qu'ils se tuent parce qu'ils pensaient bien faire ! Si tu veux absolument que je les laisse et bien fait en sorte de tous les garder en vie parce que, pendant que vous vous partez tuer du Mangemort, eux sont seuls !
Harry le fixa droit dans les yeux alors que ce dernier refusait de le lâcher. En réalité, il ne voyait pas de quoi il parlait. Tous les enfants dans le camp étaient sous la surveillance de certaines personnes, s'il y avait eu un problème, il aurait été immédiatement signalé.
- Qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-il.
- Ce que je veux, c'est que quelqu'un leur donne des cours, dès maintenant, répondit Malefoy. Il faut leur apprendre ce qu'ils sont capables de faire et, surtout, ce qu'ils sont incapables de faire. Car vous avez beau espérer que tout sera arranger avant qu'ils ne grandissent, si ce n'est pas le cas, ils se retrouveront totalement démunis à force que vous les surprotégiez.
- Tout le monde est occupé, dit Harry. Personne ne peut enseigner même si nous le voulions.
- Et moi, je suis quoi ?
- Un Mangemort.
Malefoy leva les yeux au ciel et le relâcha. Même s'il ne souhaitait pas accorder raison à ce type, Harry devait avouer qu'il avait frappé juste et ce n'était pas pour lui qu'il venait de mettre sa fierté dans sa poche mais pour les enfants. Cependant, il y avait tout de même une limite.
- Dans ce cas, collez-moi quelqu'un qui ne part jamais pour me surveiller, lança Malefoy. Je suis un Mangemort, je ne vais pas le nier, mais j'étais aussi un excellent élève malgré tous les coups bas que je t'ai fait. Mieux encore, je me suis spécialisé dans la magie médicale, certes pas très nette par fois, mais une magie que des enfants pourront trouver utile et avec laquelle ils pourront enfin faire quelque chose.
- Pas de magie noire.
- Si tu veux, tout ce que tu veux, je peux même vous dire tout ce que je sais sur Voldemort, les Mangemorts, les espions, les plans et j'en passe, marmonna Malefoy. Tout ce que je veux, c'est que quelqu'un prenne soins de ces gosses et que je n'ai pas à les attraper en train de tester des choses louches !
Baissant les yeux, Harry laissa un instant son regard parcourir la pièce. Il avait de la rancœur envers lui, mais il avait raison sur un point qu'il devait à présent régler.
- Si j'en parle avec d'autres membres l'Ordre, tu nous donneras tout ce que l'on veut ? demanda Harry.
- Tout, je ne sors pas du camp et dehors Voldemort veut ma tête, à ton avis ?
L'idée ne lui plaisait pas mais c'était la seule solution, restait maintenant à convaincre les parents qu'un Mangemort allait enseigner à leur enfant, chose qui risquait fort de déplaire dès qu'il ouvrirait la bouche. Et puis, il y avait aussi le fait de le laisser participer aux réunions, là, certains membres risquaient immédiatement de le prendre tout de suite comme un espion.
Malgré tout, Harry avait remarqué que Malefoy désignait Voldemort par son nom, chose que les Mangemorts ne faisaient jamais, même Rogue dans ses souvenirs. Il ne lui accordait pas sa confiance mais il lui accordait raison.
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Assis, Harry dévisageait Charles. En fait, il était plutôt déçu des nouvelles qu'il amenait, voire plus.
- Je ne pensais pas qu'il se ferait démasquer si tôt, dit McGonagall.
- Le fait qu'il se soit déjà suffisamment approché de Vous-Savez-Qui était déjà en soit un miracle, admit Kingsley. Mais nous savions tous que sa position risquait vite d'être mise à jour.
- Il ne nous reste plus qu'à profiter de ce qu'il a pu nous amener, marmonna Bill. Malefoy, tu peux nous en dire quoi ?
De nouveau, un grand silence s'installa lors de la mention de son nom, se redressant de son siège, le blond fit en sorte que tout le monde voit son visage.
- Je pense que les premières informations sont correctes, ou du moins plus plausibles que les dernières reçues, expliqua Malefoy en désignant la Pensine au milieu de la tente. Avec la montée de la peur et surtout la déstructuration de toutes les organisations de défenses et d'évacuations, les attaques étaient de moins en moins préparées. Ce qui m'étonne, ce sont les informations indiquant un village pour dans deux mois. Les villages, ça va vous paraître immonde, mais ce ne sont que des divertissements entre les grandes prises stratégiques, autrement dit, je ne vois pas Voldemort prévoir deux mois à l'avance d'attaquer un village de cent Moldus. Il n'y a aucune raison valable.
- Cela cacherait donc quelque chose d'autre, marmonna une femme.
- Peut être pas, répondit Malefoy Certes, ce n'est pas très recherché comme fausse information, mais ça prouve que cela ne vient pas directement de Voldemort mais d'autres Mangemorts. Certains trouvent assez drôle de vous faire tourner en bourrique.
- Mais au cas où, nous allons envoyer quelqu'un, intervint Harry. Sans compter qu'il nous faut aussi régler le problème de nos provisions, si on ne change pas bientôt de fournisseurs, nous serons facilement repérables
Laissant un court instant son regard tombé sur Tonks, il sut qu'il venait de raviver de sombres souvenirs en elle. Il ne le voulait pas mais malheureusement, c'était un problème sur lequel il fallait s'interroger.
- Je tiens aussi à signaler que je vais devoir partir durant une semaine, dit une vieille femme. Je ne serais donc pas là pour surveiller ce garçon.
Et les regards tombèrent à nouveaux sur Malefoy. Là, il venait d'y avoir comme un problème. Déjà qu'Harry avait eu du mal à convaincre les parents de laisser leurs enfants prêt de lui mais maintenant son assurance de la vieille Marie venait de s'envoler.
- Je peux m'en occuper, intervint Jonathan.
- Dans ce cas, c'est réglé, déclara Harry soulagé avant que quelqu'un ne dise quoique ce soit. Revenons, aux provisions.
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Harry s'arrêta soudain en voyant une petite tête blonde passée en courant au niveau de ses genoux, poursuivit par deux garçons.
- Drago, ils ont cassé ma Ludivine ! hurla la fillette en se jetant dans les bras de l'ancien Serpentard qui dut arrêter de remplir son parchemin.
- C'est pas vrai ! répliqua Teddy.
- Tu n'es qu'un gros...
- Victoire, tu restes polie, coupa durement Malefoy en reposant la fillette au sol. Ne t'inquiète pas pour Ludivine, elle va s'en remettre.
Prenant la poupée, il essuya les larmes de Victoire alors que Teddy repartait dans l'autre sens.
- Va jouer, tu la récupéras tout à l'heure, dit-il.
Dans un sourire timide, la fillette s'éloigna pour rejoindre le groupe d'enfants à quelques mètres alors que Joan qui était resté à l'écart s'approcha lentement.
- Tu peux vraiment la réparer ? marmonna-t-il. Je l'ai pas fait exprès, je ne veux pas qu'elle soit fâcher contre moi...
- Ne t'en fais pas, Ludivine ira très bien, assura Malefoy en souriant. D'ailleurs, Potter, je t'ai vu, pas besoin de rester cacher.
Harry se sentit brusquement gêné. Bon, certes il n'espionnait pas mais là il venait de se faire prendre alors qu'il tenait à ne pas être vu... son comportement disait en fait le contraire de ce qu'il voulait faire. Quittant l'arrière de la tente, il s'assit par terre non loin de Malefoy sous le regard rempli d'étoiles de Joan à l'annonce de la guérison de la poupée.
- Je croyais que tu devais enseigner aux 10-12 ans, lança Harry en le regardant prendre sa baguette pour la pointer sur la poupée.
- Disons que là, j'ai été relégué à la crèche pendant qu'ils vérifient que je ne leur ai rien appris de suspect ce qui arrive bien plus souvent que je ne leur enseigne, répondit Malefoy. Et toi ? Tu es ici pourquoi ?
- Te surveiller, Marie ne se sent pas bien.
Dans un regard circulaire, Malefoy parcourut les alentours avant d'acquiescer.
- Je n'avais pas remarqué qu'elle avait disparu, dit-il en haussant les épaules. Approche Joan.
Le garçon sauta littéralement à ses pieds en fixant Ludivine qui était à présent en un seul morceau.
- Va la lui rendre, dit Malefoy. Je suis certain que Victoire sera heureuse que ce soit toi.
- Vraiment ? marmonna Joan.
Alors qu'il acquiesçait, le garçon lui prit la poupée des mains dans un grand sourire. Pendant ce temps, Harry faisait aller et venir son regard entre les deux, s'attardant avant tout sur Malefoy. C'était étrange, peut être trop d'ailleurs que de le voir agir ainsi. Le Mangemort qui avait tué tant de personnes était à présent en train de réparer des poupées tout en réconfortant des fillettes. Pour lui, c'était trop invraisemblable pour y croire, d'autant plus que le sourire du Serpentard semblait sincère.
- Tu veux ma photo ? demanda soudain Malefoy.
- Non, répondit Harry un peu trop rapidement à son goût en se détournant immédiatement alors qu'il se sentait rougir, chose qu'il ne comprenait pas non plus. Arrête de raconter n'importe quoi Malefoy !
Il y avait quelque chose qui n'allait vraiment pas avec lui, et il ne parlait pas de l'ancien Serpentard.
- Dis, Harry, pourquoi tu appelles Drago : Malefoy ? demanda candidement Joan qui n'avait pas bougé, s'asseyant simplement en face d'eux après avoir posé Ludivine sur ses jambes. Tu ne l'aimes pas ?
Sa mâchoire se décrocha carrément alors que le visage amusé de Malefoy disparut en partie.
- C'est compliqué, répondit Harry.
- Comme l'arithmétique ?
Comment connaissait-il ce mot à cet âge ?
- Un peu plus, dit Harry qui espérait qu'il arrête.
- Tu n'arrives pas à le prononcer ?
Si, une minute avant, la situation était devenue grave, là, Malefoy s'empêchait d'éclater de rire alors qu'Harry se sentait de plus en plus gêné.
- Je peux le dire, affirma-t-il.
- Dans ce cas, dis-le ! lança joyeusement Joan.
- Non.
Là, Harry eut comme l'impression que le monde venait de s'effondre. Le garçon lui faisait de grands yeux humides, serrant la poupée contre lui, la lèvre tremblante. Ce n'était plus de la gêne qu'il ressentait, il voulait simplement disparaître.
- Joan, je ne...
- Dis, c'était mon anniversaire hier, tu peux me faire un cadeau ? demanda-t-il.
- Bien sûr mais je...
- Tu devras l'appeler Drago maintenant ! ordonna Joan dont un sourire redoutable venait soudain de s'afficher sur son visage. Tu as promis !
Il ne manquait plus que la queue et les cornes et Harry lui décernait le titre de diable miniature. Il ne savait pas comment, mais il le lui ferait payer un jour.
- Si tu veux, je vais donc l'appeler Mal... Drago.
Ce n'était plus cracher des mots, les dernières syllabes avaient ressemblé à des grognements alors que l'ancien Serpentard en pleurait de rire à côté de lui. Ils avaient beau être entourés d'enfants, cela ne risquait pas d'empêcher Harry de l'assommer à coup de poupée s'il continuait.
- Toi aussi ! lança Joan en arrêtant soudainement le blond dans sa bonne humeur. Tu ne m'as rien offert hier alors tu vas l'appeler Harry !
Enfer et damnation... Le cauchemar continuait.
- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée de...
- Fais-le où je lui dis tout ce que tu m'as demandé sur l...
- Harry ! lança Malefoy dans un grand sourire hypocrite en attrapant Joan par le col pour lui coller la main sur la bouche. Tu vois, je l'appelle Harry, tu es content ?
A moitié étouffé, celui-ci acquiesça malgré tout avant de s'échapper pour se mettre à courir vers Victoire, Ludivine au-dessus de sa tête. Son départ les laissa donc dans un grand silence, tous deux regardant droit devant eux.
- On s'est fait avoir, marmonna Harry.
Le blond acquiesça. Ce passage au moins était clair, d'autant qu'Harry ne comprenait pourquoi il n'avait pas du tout réagi pour l'empêcher de l'appeler par son prénom. Et puis il y avait le fait que ça ne l'avait pas déranger plus qu'autre chose au moment où il l'avait dit. Non, Harry était certain, quelque chose n'allait vraiment pas dans sa propre tête.
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- Tu es buté.
- Non.
- Dans ce cas arrête de bouger.
Chose qu'il ne tenait pas vraiment à faire. Non seulement il s'était stupidement blessé alors qu'il avait croisé Bellatrix, mais en plus il devait subir un sermon de la part de Luna, chose rare, voire même pouvant être qualifié d'OVNI.
- Voilà, marmonna-t-elle après lui avoir fièrement mis son pansement. Ce n'était pas si terrible.
- Mouais, la prochaine fois, je n'hésiterai pas à demander à Drago, dit-il à mi-voix puisqu'il qualifiait plus de séance de torture les manières que Luna mettait à soigner quelqu'un.
- Tu continues à l'appeler par son prénom, fit-elle remarquer.
- Je n'ai pas vraiment le choix, dès qu'il y a un enfant dans le coin, je me fais huer, répliqua-t-il. C'est juste devenu une très mauvaise habitude.
- C'est gentil, Harry.
Celui-ci pâlit soudain en entendant la voix. Pivotant lentement, il considéra avec effroi l'ancien Serpentard devant l'entrée.
- Qu'est-ce que tu fiches ici ? demanda Harry.
- Mme Weasley la cherche, dit Drago en pointant du doigt Luna. C'est une histoire à propos d'excrément de Botrucs dans la salade.
- Pour les rhumatismes, dit-elle en se levant. C'est très bon pour les faire disparaître.
Quittant à grands pas la tente, elle laissa sur le visage du blond une mine perplexe. Profitant de ce moment de silence, Harry enfila son haut avant de remettre ses chaussures. Maintenant qu'il savait ce qui les attendait pour le repas, il était prêt à donner sa part à qui la voulait, un petit jeûne lui ferait du bien.
- A propos de ce que tu m'as demandé, intervint Drago en entrant dans la tente. Je suppose que tu ne tiens pas à ce que ça s'ébruite ?
- Très intelligent de ta part, fit remarquer amèrement Harry qui se battait avec ses lacets.
- Dans ce cas je propose ce soir, soit dans ta tente, soit dans la mienne.
- Et pourquoi pas à l'extérieur du camp, proposa-t-il. Je pense que...
- Minute papillon, je te rappelle que moi je ne dois pas sortir et que je ne veux pas sortir, lâcha Drago. Un, parce que ma tête a été mise à prix. Deux, car je me ferais tuer par un membre de l'Ordre. Trois, parce que si on me voit à la limite du camp, ça attira plus l'attention qu'autre chose. Quatre, on est voisin de tente, autant en profiter, et puis au pire on raconte que tu me passais encore un savon ce qui ne changera pas de ces derniers mois.
Mais Harry n'était pas vraiment d'accord avec l'idée. En fait, ça le gênait, chose vraiment ridicule mais sentiment qu'il n'arrivait pas à faire disparaître malgré toute la volonté qu'il pouvait y mettre.
- On dit donc ce soir à minuit ? demanda Drago en faisant tourner sa baguette entre ses doigts.
- Tu es certain que personne ne va nous remarquer ? interrogea Harry.
- Deux trois sorts et le tour est joué, répondit-il. Et puis, je vais t'apprendre la magie médicale pas à faire exploser le camp !
Il le savait, mais il y avait tout de même ce problème qu'Harry commençait vraiment à sentir envahissant. Un problème non pas palpable mais plutôt intérieur qui commençait sérieusement à l'agacer et hanter ses nuits. Et rien ne pouvait l'effacer, comme s'il s'incrustait vicieusement dans sa chair à chaque seconde
- Tu es vraiment de plus en plus bizarre en ce moment, dit sérieusement Drago après un moment d'hésitation. Et je ne parle pas que du fait que tu me demandes des choses. Tu es certain que tout tourne rond ?
- Certain, certifia Harry en se levant tout en évitant de croiser son regard. Minuit, soit là ou bien...
Devant le sourcil levé du blond, il ne sut quoi dire d'autre. Bon sang, mais ça n'allait vraiment pas !
- J'ai saisi l'idée, répondit Drago pour mettre fin à sa séance de torture et se dirigeant vers la sortie. Je serai à l'heure... à peu près.
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Harry se tassa sous ses draps. Ce n'était plus juste un problème, puisqu'il avait enfin mis un nom dessus, mais plutôt quelque chose qu'il ne comprenait pas car c'était pour lui impossible. Lui qui n'avait déjà pas beaucoup de sommeil, il ne pouvait même plus fermer les yeux ne serait-ce qu'une seconde.
Il ne pouvait pas... Il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas ! Rien qu'à l'idée d'envisager ce qu'il ressentait, il avait envie de vomir, et ce n'était pas imagé puisqu'il avait déjà éliminé tous ses repas de son estomac. Pendant juste un moment, il avait cru pouvoir reprendre le contrôle de la situation et voilà que ça ne faisait qu'empirer à un point qu'il n'aurait pu envisager.
Il avait beau cacher son état, il savait que sa fièvre allait bientôt le trahir et qu'il ferait une erreur. Juste pour ça, il tombait malade. Même s'il tentait de se convaincre que c'était un autre facteur qui entrait en compte, c'était une bien trop grosse coïncidence pour qu'il soit si candide. Il ne comprenait pas du tout ce qu'il lui arrivait.
Se regroupant sur lui-même, il tenta d'oublier un instant. Mais ce fut peine perdue... il se dégoutait et n'arrivait pas à penser que les autres puissent dire autrement. Il aurait beau jouer la comédie, il ne pourrait pas continuer durant des jours, à faire semblant que tout allait bien alors qu'au contraire, il venait de réaliser l'immondice qu'il était, encore pire, il trahissait tout le monde. Mais il ne le voulait pas, encore moins avec cette personne !
Des années passées dans la haine, rien ne pouvait s'effacer et toutes les excuses qu'il pouvait se donner devenaient fausses à ses yeux. Harry avait peur et surtout il ne supportait pas ça. Il se trahissait lui-même et ses promesses, il avait l'impression d'enfoncer un morceau de fer à blanc dans son cœur à tel point il ne supportait pas cette idée.
- Harry, Neville dit qu'il a besoin de toi ! Je... euh... je te dérange ?
Essuyant son visage, Harry repoussa ses draps et fit un vague sourire à Fred.
- Tout va bien, assura-t-il. Dis-lui que j'arrive tout de suite.
Mais en se penchant pour ramasser ses affaires, il sentit le regard inquiet de Fred peser sur lui.
- Harry, tu es vraiment pâle, intervint-il. Tu es certain que tu es en bonne santé ? Tu ne fais pas une rechute dû à ce que tu as fait au Ministère ?
- Juste un cauchemar, rien de grave, dit Harry tout en enfilant son pantalon. Va dire à Neville que j'arrive.
Cependant, malgré ses paroles, Harry sentit bien que Fred ne le croyait pas du tout, ce n'était pas en mentant à l'un des maîtres du mensonge qu'il pouvait faire des miracles.
- Si tu veux parler, je peux t'écouter, dit-il en sortant de la tente. Je t'assure, viens pour n'importe quoi.
Dès qu'il fut sortit, Harry ralentit le rythme. C'était tellement simple vu ce qu'il disait mais, au fond, Harry savait que ce n'était qu'un véritable cauchemar éveillé. S'approchant du miroir, il considéra un instant son reflet. Fred avait raison, il était pâle malgré les journées qu'il passait dehors. Ce n'était pas une pâleur normale mais une pâleur maladive qui trahissait l'état mental dans lequel il était.
Rongé, voilà ce qu'il était, rongé par l'horreur de ce qu'il faisait et était, rongé pour ne même pas pouvoir mettre fin à tout cela. Laminé par cette chose qui le dévorait peu à peu comme la gangrène insatiable qui ne peut s'arrêter. Le dégoût, c'était ce qui prenait ses lèvres à chaque instant, un dégoût amer et acide qui s'employait à marquer encore plus ce qu'il voulait tant oublié.
Son poing partit s'abattre sur le miroir avant même qu'il ne s'en rende compte, brisant ce pâle reflet qui lui soulevait le cœur, éclatant en morceau ce qu'il ne pouvait faire sur son propre corps. Immonde...
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- Nous devons descendre un peu plus au sud, dit Kingsley en pointant la carte de sa baguette.
- Ceux du campement à l'est peuvent s'en charger, rétorqua une femme.
- Je suis plutôt d'accord, intervint Drago. Si on considère qu'ils...
- Contactons-les dans ce cas dès que nous aurons terminés la réunion, coupa Harry. Je pense aussi aux derniers Moldus que nous avons évacués, d'après certains, ils auraient étaient surpris au milieu de la nuit mais nous n'avons été prévenus que le matin.
- Je sais qu'une maison a entièrement été mise à sac, dit Ginny. Peut être cherchait-ils quelque chose de précis à cet endroit puisque la maison appartenait auparavant à un sorcier.
- A part de l'argent, rien ne justifierait en effet cette attaque assez étrange, affirma M. Weasley.
Au moins un point de régler.
- Il faudra cependant agrandir le camp à l'est et revérifier le système de déplacement, marmonna Flitwick. Je n'en sais pas grand-chose mais avec de nouveaux arrivants, il faut redoubler de précautions et surveiller les aller-et-venus entre les quatre camps
- Si les... commença Drago.
- Nous devrons dans ce cas contrôler encore plus souvent les points des Portoloins, dit Harry. Nous avons déjà établis le système des autorisations mais nous devons être plus prudents sans donner l'impression d'instaurer un régime autoritaire.
- Ce serait en effet regrettable, accorda un vieil homme. Le fait que nous ayons dû utiliser du Veritisérum la dernière fois à remuer pas mal de monde.
- Mais nous avions vu juste, rétorqua George. Ce type était un espion, qui sait ce qui se serait passé s'il avait pu sortir du camp !
- On ne peut cependant pas en faire une habitude, intervint Elisabeth. Même si on continue dans ce sens, ça finira par se retourner contre nous.
- Les... dit Drago.
- Restons pour l'instant sur cet alignement pour ce qui est de contrôler les personnes suspectes, lâcha Harry. Je ne veux pas non plus une rébellion sur les bras mais nous sommes passés à l'étape du Veritasérum en dernier recours et nous étions presque certains de sa culpabilité. Nous avons murement réfléchi avant de le faire et nous devons rester sur cet état d'esprit.
- Je suis d'accord avec Harry, dit Jonathan. Si nous relâchons maintenant, les espions probables qui sont peut être déjà dans le camp penseraient pouvoir agir avec une plus grande liberté. Contrôler en permanence les entrées et sortie est notre seule garantie de préserver cet endroit sûr.
- En mettant un peu plus de contrôle dans les tentes, même si à chaque fois on soulève un refus général, ajouta Fred. Mais la plupart comprenne que l'on fait cela pour les protéger.
- La... lança Drago
- Donc je crois qu'on a à peu près fait le tour aujourd'hui, dit Harry. Neville, tu te chargeras d'aller prévenir le camp à l'est pour ce qui est des Mangemorts en cavale. Kingsley, je vous fais confiance pour choisir les personnes qui feront des relèves près des Portoloins et Elizabeth tu iras aider ceux du campement est à gérer leur agrandissement. Abay, vous...
- Abby, corrigea la concernée.
- Oui, désolé, marmonna Harry. Pour les provisions, vous vous en chargerez en prenant en compte ce que nous avons dit il y a une heure. On se retrouve dans deux jours à trois heures
Attrapant sa pile de parchemin, Harry la confia à Ginny avant de se lever comme la vingtaine de personne présentes pour quitter la tente. Non seulement il faisait à présent nuit mais il avait une migraine d'enfer. Il ne savait même plus depuis combien de temps ils s'étaient enfermés pour commencer la réunion.
- Harry !
En fait, il n'avait qu'une envie : c'était de dormir. Mais à force, il avait saisi qu'il n'y parviendrait plus, non seulement parce qu'il n'y arrivait pas mais en plus à cause de ses cauchemars. Rien ne...
- Harry !
Il sentit soudain quelqu'un le prendre par l'épaule pour le retourner et projeter contre l'un des seuls arbres dans le camp. Alors qu'une douleur aigüe lui traversait la nuque, il considéra le blond sans comprendre.
- Je peux savoir ce que je t'ai fait ? demanda Drago dont la colère était largement perceptible.
- Je ne vois pas de quoi tu...
- Ne te fous pas de moi ! coupa-t-il. Tu as passé ton temps à ignorer tout ce que je disais durant la réunion, pire encore, je n'ai pas pu dire un mot !
- Je ne l'ai pas fait...
- Exprès ? finit Drago qui ria jaune. Dis moi les chances pour, qu'à chaque fois que je parle, tu me coupes, et ceux durant trois heures ?
Harry le dévisagea. Il n'appréciait pas du tout le ton qu'il prenait avec lui, encore moins qu'il le traite comme un vulgaire chiffon.
- Lâche-moi, Malefoy.
Le ton qu'il avait pris était bien plus dur qu'avant mais il venait de le faire réagir d'une manière un peu plus que surprenante.
- Malefoy, marmonna celui-ci. Ce n'est plus Drago... j'ai tué quelqu'un ?
Il avait demandé ça d'une manière si naturelle qu'Harry sentit la colère bouillir en lui. Tout ce qu'il voulait, c'était l'éviter, rien de plus, qu'il ne l'approche pas pour pouvoir être enfin en accord avec lui-même.
- Réponds-moi ! lâcha Drago. Je peux savoir pourquoi tu m'évites et tu passes ton temps à m'humilier ?
- Tais-toi...
- Certainement pas ! cria-t-il. J'ai tout fait pour m'intégrer et ne causer de problèmes à personne ! Je ne sais pas ce que j'ai fait mais j'aimerais avoir une explication correcte qui m'évitera de me retrouver avec tous l'Ordre à dos à cause d'un type piquant sa crise !
C'était encore pire. Harry avait cru qu'en l'ignorant il pourrait enfin se sentir mieux, mais là, il avait l'impression que quelque chose de brûlant s'était installé dans son estomac, serrant ses poings pour se contrôler. Il ne pouvait plus continuer ainsi.
- Laisse-moi, Malefoy, marmonna-t-il en tentant de reprendre son calme ce qui devenait de plus en plus dur au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient.
- Tu es en train de me traiter comme un moins que rien ! répliqua Drago. Je ne vais pas te...
A vrai dire, Harry ne sut pas vraiment pourquoi il craqua à ce moment là et surtout pourquoi il agit ainsi. Attrapant le blond par le col, il le plaqua contre le tronc sur lequel lui-même était juste auparavant avant de l'embrasser.
Il ne savait pas ce qu'il faisait, c'était si risible et ridicule pour lui qu'il ne se rendait pas compte à quel point il ne restait pas au simple baiser de l'enfant sage, allant bien plus loin que les simples lèvres aux quelles il n'aurait certainement pas céder des années auparavant. Et si la douleur était toujours aussi présente, ce fut dans un souffle qu'il se détacha de Drago qui était resté figé tout du long, ne mettant aucune résistance à l'empêcher de prendre possession de sa bouche.
- Je ne... marmonna-t-il.
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'Harry lui attribua un magistral coup de poing en plein visage, un craquement s'élevant au moment où il toucha sa cible. Mettant ses mains sur son nez, Drago recracha à moitié voûté en direction du sol le sang qu'il venait d'avaler.
- Ne m'approche plus, lança sèchement Harry.
S'éloignant à grand pas, il ne sentait en lui qu'une colère sans nom. Pire encore, il venait de trahir de ce qu'il était et ce qu'il avait vécu
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