Chapitre 3: Le papillon fait son effet en oubliant de ramasser ses graines
Harry n'avait rien saisi. L'explosion, l'homme blond, l'autre, son sauvetage puis son arrivé à l'infirmerie, tout c'était passé tellement vite qu'il en était toujours à essayer de tout remettre dans le bon ordre.
Tout d'abord, il avait douté en voyant Malefoy dans les traits de l'homme qui l'avait regardé et interpellé mais, après avoir entendu le nom de ce dernier, il en était presque certain présent. Puis était venu le second qu'il n'avait fait qu'entrapercevoir puisque le blond s'était toujours placé devant. Cependant, il avait réussi à voir certaines parties de son visage lorsque Hermione et Ron s'étaient occupés à l'aider à le sortir de sous son banc. Sur le coup, il n'avait su quoi dire et penser, prenant l'explosion qui avait eu lieu pour la source de son hallucination, mais quand il s'était libéré des sortilèges de Dumbledore et de Rogue, il avait manqué de faire un arrêt cardiaque à tel point la situation lui échappait totalement.
Cela n'avait d'ailleurs pas du tout changé et, allongé sur un lit avec Ron à ses côtés qui veillait à ce qu'il cesse de remuer, il sentait pointer un mal de tête incommensurable plus il essayait de trouver une explication logique à ce qu'il avait vu. Cela faisait déjà une vingtaine de minutes qu'il était là à contempler le plafond comme un abruti voyant sans arrêt des têtes défiler au pied de son lit et dans l'allée.
- Sérieusement, Harry, le Médicomage a dit que tu n'aurais pas de complication seulement si tu restais tranquille, le rabroua une énième fois Ron.
- Au lieu de me border, pourquoi tu ne vas pas voir Ginny ? rétorqua sèchement Harry avant d'avaler d'un trait le gobelet rempli de Poussos que Pomfresh lui tendait.
- Hermione est avec elle et elle m'a certifié qu'elle se portait comme un charme, répondit-il en sentant que les mots qu'il prononçait le rassuraient également. Ce n'était qu'une égratignure et elle sortira rapidement d'ici. Je...
- Potter ramène ton cul en vitesse ! hurla une voix à travers la salle.
Harry se redressa brusquement à cet appel se prenant le bras tendu de Ron en pleine poitrine qui le fit immédiatement rejoindre son matelas. Mais c'était peine perdu pour le rouquin lorsqu'il vit son ami se redresser une seconde fois. Le prenant par les épaules, il appuya de toutes ses forces mais Harry continuait de lutter.
Qui donc avait ainsi hurlé son nom ? Il n'allait sûrement pas rester ici alors qu'on venait de l'appeler et que cette voix résonnait d'une façon familière à ses oreilles.
- Ron, lâche-moi ! dit-il en se débattant.
- Mon vieux, tu devrais te...
Les mots du rouquin ne parvinrent plus aux oreilles d'Harry. Les yeux fixés face à lui, il regarda l'homme brun courir à grandes enjambées et laissa sa mâchoire se décrocher littéralement en se considérant courir dans cette infirmerie improvisée. Qu'est-ce que c'était que cette blague ? ! Pourquoi se voyait-il face à lui tellement semblable mais également tellement différent ? Pourquoi paraissait-il avoir pris quelques années et où étaient donc ses lunettes ?
Son soudain manque d'intérêt pour ce qui se passait autour de lui fut l'élément de sa défaite. Ron l'aplatit de toutes ses forces sur le lit alors que Mme Pomfresh, revenue à la rescousse, pointa sa baguette droit sur Harry et il ne vit qu'un court instant le sortilège fondre sur lui.
- C'est pour votre bien M. Potter, dit-elle en considérant le jeune homme évanoui avant de demander à Ron de l'aider à le remettre convenablement sous ses couvertures.
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- Sincèrement, je sens qu'on ne va pas sortir de là avant plusieurs heures.
- Arrête de te plaindre, rétorqua Harry. Fizwizbiz.
Après deux heures à s'occuper des autres élèves alors que le blond était resté assis pour tout d'abord effectuer la transfusion, puis se reposer, ils avaient dû se résoudre sous les regards curieux qu'on leur lançait à quitter la salle et se diriger vers le bureau du directeur où ils savaient pertinemment qu'ils trouveraient bien plus de questions que de réponses. Alors que la gargouille s'écarta pour leur laisser apparaître l'escalier en colimaçon, Harry s'engagea sous l'œil de Drago qui n'avait jamais eu l'occasion de mettre les pieds dans le bureau de ce vieux loufoque.
- Nous vous attendions, lança Dumbledore assis derrière son bureau en voyant Harry apparaître après qu'il ait poussé la porte de chêne.
- Nous ? répéta-t-il indécis en freinant le pas alors Drago le poussait légèrement pour pouvoir entrer.
- Hum, hum...
Regardant sur sa droite, il sentit comme un vent glacial lui parcourir l'échine lorsqu'il croisa les yeux noirs de Rogue. Décidément, il avait beau le savoir de leur côté, il n'avait jamais pu l'apprécier, et ce n'était pas en ayant remonté des années en arrière que ça allait changer.
- Je vous prie de vous asseoir, lança Dumbledore en montrant les sièges face à son bureau tandis que Rogue venait se placer derrière, sur la gauche du directeur. Il me semble que le reste de l'après-midi va être longue pour nous tous.
Harry accepta l'offre sans discuter tandis que Drago, le nez en l'air pour observer la pièce, cherchait d'une main absente le dossier du fauteuil. Dumbledore le considérait calmement, le menton posé sur ses mains. Sentant que le comportement de l'ancien Serpentard révélait déjà bien plus qu'il ne pouvait le laisser paraître, Harry saisit fermement le blond et le fit s'asseoir sans ménagement dans son siège. Il eut droit à un regard noir de ce dernier mais il l'ignora superbement.
- Par quoi commençons-nous ? demanda-t-il.
- Tout d'abord, sachez que j'ai fait boucler l'école pour éviter que des informations ne parviennent jusqu'à l'extérieur, que ce soit jusqu'à Voldemort ou bien le ministère, déclara Dumbledore.
Il avait laissé ses mots en suspend pour observer leur réaction mais Harry s'était préparé et c'était également le cas pour Drago. Tous deux ne réagirent pas au nom de Voldemort, laissant le directeur dans la plus totale ignorance sur le sort futur du Seigneur des Ténèbres.
- Maintenant j'aimerai savoir de quelle manière vous avez atterri dans la Grande Salle, pourquoi et de combien d'année exactement votre bond est constitué, poursuivit-il toujours d'une même voix calme.
Tous deux quittèrent le directeur des yeux et se dévisagèrent mutuellement. Drago n'avait jamais aimé ces situations où il avait à se justifier et ce fut dans un léger sourire qu'il fit signe à Harry de se dépatouiller avec Dumbledore. Le brun le fusilla du regard et sentit monter en lui l'envie d'écraser amoureusement le visage du Serpentard sur le bureau.
- Pour faire simple, dit-il en se détournant du blond, nous n'avons jamais eu l'intention de voyager dans le temps et j'ai comme l'impression que tout cela n'est dû qu'à un malencontreux accident.
- Expliquez, exigea Rogue en le toisant de toute sa hauteur.
- Disons que nous nous trouvions dans une situation délicate et que je n'ai pas vraiment fait attention si quelqu'un agitait une boussole devant mon nez pour nous dire que nous allions faire un petit saut dans le passé, répliqua Harry sarcastique en lui renvoyant son regard.
- Quelle situation ? demanda plus poliment Dumbledore.
Harry se tut. Etrangement, le fait déballer le futur le dérangeait un peu, voire carrément.
- Gardez des choses pour vous est normal mais nous avons besoin de certains éléments pour pouvoir régler le problème, déclara Dumbledore en voyant son blocage.
- La situation importe peu, intervint Drago en s'affaissant un peu dans son fauteuil. Tout ce que je sais, c'est que deux sortilège se sont percutés, il y a eut une explosion et nous sommes tombés dans l'eau. Ensuite, nous étions dans la Grande Salle, aussi sec que maintenant. Point, il n'y a rien à dire de plus.
- Quelle sorte de sortilège ? interrogea Rogue en fronçant les sourcils ce qui eut pour effet d'accentuer encore plus son nez crochu.
- Le machin tout vert qui nous fait tomber raide mort.
Severus dévisagea Drago avec surprise. Il était certain qu'ils venaient du futur mais, où était donc Drago Malefoy ? Il était également certain d'une chose, c'est que jamais il n'aurait dit les choses d'une manière aussi désinvolte et avec un langage si familier. Un Malefoy ? Là, il avait comme un sérieux doute.
- Donc deux sortilèges de la mort se sont heurtés, répéta Dumbledore d'une manière plus civilisée. Un Prior Incantato ? ajouta-t-il à l'adresse d'Harry.
Ce dernier hocha négativement la tête et le front du directeur se rida quelque peu. Comprendre ce qui c'était passé n'allait pas être simple.
- De combien d'année avez-vous donc voyagé ?
- Ca ne vous concerne pas, déclara Drago d'une voix bien plus dure en coupant court à l'intervention qu'allait faire Harry.
- Et pourquoi donc ? demanda Rogue d'une voix faussement intéressée mais qui trahissait son irritation.
- Tout simplement parce que le futur ne doit pas être changé, répondit le blond en posant ses yeux gris sur le maître des potions. Il ne faut pas s'amuser avec le temps et le simple fait que vous sachiez que nous avons quelques années de plus pourrait très bien changer pas mal de choses.
- Il a raison, intervint Dumbledore pour faire taire son professeur qui le dévisagea sans vergogne pour lui avoir ainsi coupé la parole. Cependant nous devons savoir combien d'années exactement nous sépare de votre futur pour envisager de trouver un moyen de vous y renvoyer.
Drago eut un rire jaune. Harry le considéra sans comprendre mais il saisit bien que le blond n'avait pas perdu la boule et, qu'au contraire, il était pourvu de toutes ses capacités intellectuelles.
- Sincèrement, vous pensez réellement le pouvoir, dit-il, parce que moi j'en doute sérieusement voyez-vous ? Et si vous y arrivez, que comptez-vous faire pour tous les élèves ?
- Un sortilège d'amnésie pourrait parfaitement faire l'affaire, répondit Rogue. Rajoutons à cela quelques sorts pour rajouter des souvenirs et tous devraient rentrer à la normal.
- Rien ne rentrera à la normal !
- Vous...
- Severus, ce jeune homme a malheureusement raison, coupa une nouvelle fois Dumbledore. Il est fort probable que, malgré tous les efforts que nous pourrions fournir, nous ne parvenions pas à les renvoyer d'où ils viennent et que le cours du temps soit irrémédiablement modifié.
- Je ne suis pas bien sûr de...
- L'effet papillon, c'est comme ça que ça s'appelle chez les Moldus, intervint Harry.
Les regards s'étaient tournés vers lui alors qui réfléchissait du mieux qu'il pouvait.
- La moindre chose à une échelle microscopique peut avoir des conséquences à l'échelle planétaire, expliqua-t-il. Même si ce n'est peut être pas le cas pour certaines choses, d'autres le subiront d'une façon plus ou moins importante. Les Moldus ont pour but d'illustrer cet effet avec un battement d'aile de papillon provoquant une tornade de l'autre côté du monde.
- A ce que je sache vous n'avez pas ramenez d'insectes avec vous, répliqua sèchement Rogue. Nous avons bouclé l'école et aucune information ne sort, comment voulez-vous que votre arrivée ait pu avoir la moindre conséquence...
- Justement rien ne sort, coupa Drago. Qui nous dit que dans notre passé une petite élève de Serdaigle n'a pas envoyé un hibou à ses parents, que le hibou à livrer sa lettre et que la mère, occupée à lire le courrier de sa famille n'est pas sortie dire bonjour au voisin. Sans la lettre, la mère va le saluer et le voisin n'arrivera pas à temps pour aider sa femme à ne pas louper la marche de l'escalier. Résultat, sa femme se rompt le coup.
- Vous exagérez, critiqua Rogue.
- C'est vrai qu'il n'a pas pris la situation la plus optimiste, répondit Harry dans un léger sourire, mais en bref c'est l'effet papillon. Une lettre aura pour effet d'être la cause indirect de la mort d'une femme qui entraînera la tristesse de plusieurs personnes dont le comportement en sera affecté, etc....
La situation dans laquelle ils étaient était vraiment critique et ils avaient sans doute modifié pas mal de choses avec leur arrivée. Cependant, Harry sentit comme un espoir se creuser au fond de son estomac, un espoir, bien que sans grande envergure, auquel il prenait plaisir à savoir si près de lui.
- Vous n'avez cependant pas à vous affoler, dit Dumbledore en se levant pour faire le tour du bureau. Bien que le futur ne soit pas tracé il faut la plupart du temps plusieurs facteurs pour qu'il change mais, vous avez cependant raison M. Malefoy en disant que rejoindre votre futur ne sera pas facile. Nous n'avons ni la connaissance ni les moyens actuellement pour vous refaire faire un tel voyage.
- Nous allons donc rester coincés ici ? demanda Harry.
- Coincés et surtout, nous ferons en sorte que vous cessiez de tripatouiller le futur, ajouta Dumbledore en souriant légèrement à son attention. Savez-vous au moins en quelle année vous êtes ?
- Nous sommes durant le début de notre sixième année, avant les vacances de Noël, intervint Drago. Au vu du temps qu'il y a dehors, je dirai septembre ou octobre.
- Comment...
- Je le sais, pas besoin de chercher plus loin, coupa Drago qui s'attendait déjà à la question du directeur.
Coincé au début de leur sixième année. A vrai dire, Harry avait compris à quel niveau de leurs études ils avaient atterri mais l'approximation que Drago venait de lui faire avait eu pour effet de le glacer sur place. Sur tout le temps qu'il avait déjà vécu, pourquoi fallait-il que ce soit exactement sur cette année qu'il soit tombé et à ce moment là ? Une rage froide venait de s'éveiller au plus profond de lui et il serra les poings pour se contrôler. Il était maudit ! Il le savait depuis toujours mais là, il venait d'en atteindre les sommets ! Son poing crépitait d'étincelles malgré tous les efforts qu'il mettait pour se contrôler et considéra froidement les yeux bleus de Dumbledore posés sur le phénomène.
- Je n'ai pas voulu paraître impoli mais ma curiosité commence sérieusement à prendre le dessus. La magie dont vous vous servez était-elle à ce point différente de celle que nous utilisons dans ce présent ?
Harry secoua ses mains et fit disparaître sa magie. Pour quelqu'un qui ne voulait pas changer le futur, il se trouvait en effet bien curieux pour demander de telles choses.
- C'est la même magie, répondit Drago. Ne t'inquiète pas je ne vais pas tout révéler, ajouta-t-il à l'attention de Harry qui se leva soudain.
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Saltwater de Chicane
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Le brun le dévisagea en silence et hésita. S'il lui venait à l'idée de laisser échapper quoique ce soit, il ne laisserait plus de côté l'idée de lui écraser le visage contre le bureau à coup de pied dans le trouffion.
- Depuis que la guerre est déclarée, nous savons tous que le Ministère pousse encore plus loin ses recherches dans le Département des Mystères pour trouver des solutions pour faire face à l'armée que le Seigneur des Ténèbres est en train de monter, expliqua Drago tout en guettant les réactions d'Harry pour faire face à une éventuelle attaque de ce dernier. De l'autre côté, c'est exactement la même chose et on peut qualifier ça de course à qui trouvera le meilleur moyen d'exploiter la magie.
- Vous pratiquez donc le résultat de ces recherches ? conclut Rogue qui écoutait avec attention ce que l'ancien Serpentard racontait.
- Plus ou moins, répondit Drago en pesant le pour et le contre en sentant le regard du brun sur sa nuque que ce dernier imaginait sans doute déjà entre ses mains pour être consciencieusement brisée. On sait déjà à cette époque que la puissance du sorcier dépend de la quantité de magie qu'il peut contrôler. Nous avons certes découvert de nouveaux sorts bien plus complexes que les autres mais ils ne sont pas à la porté de n'importe qui. Une nouvelle manière d'utiliser la magie a également été découverte.
- Pour ne plus nécessairement dépendre de la baguette, dit Dumbledore en fixant songeusement Drago.
Sentant un mouvement d'air s'approcher, le blond eut la bonne présence d'esprit de se baisser avant de précipitamment se décoller du fond de son fauteuil. Considérant les yeux émeraudes d'Harry le mitrailler sur place, Drago fit pivoter son fauteuil pour se placer derrière le dossier.
- J'ai rien dit, il l'a découvert tout seul ! lança-t-il en montrant du doigt Dumbledore qui haussa sourcils en voyant la scène face à lui.
- Il y a au moins des choses qui ne changent pas, lui marmonna Severus à l'oreille en considérant Potter et Malefoy debout face à face se combattant à coup de regards haineux.
Riant silencieusement, Dumbledore acquiesça et inspira profondément. Si le jeune Gryffondor et le jeune Serpentard lui créaient déjà pas mal d'ennuis, comment allait-il garder le château debout s'il fallait en plus prendre en compte les formats adultes ? Frappant dans ses mains, il fit ramener l'attention sur lui malgré la tension qui régnait entre les deux jeunes hommes et leur sourit calmement.
- Discutons plutôt de choses présentes voulez-vous ? Si nous ne pouvons pas vous renvoyer là d'où vous venez dans l'immédiat, je pensais soumettre un sortilège de Fidelitas sur votre présence au château, votre identité, ainsi que les raisons qui ont fait que vous êtes parmi nous. Cela permettrait au moins de garder le contrôle de la situation dans l'enceinte du château et de ne pas alerter Voldemort sur ce qui se passe.
- Il n'est plus question d'effacer la mémoire ? demanda Harry.
- Nous parlons de centaines d'élèves, rétorqua Rogue. Au fond, c'est impossible de tous leur demander bien gentiment de faire la queue pendant qu'on leur lave le cerveau. Sans parler que, dès qu'un n'aura plus de souvenir, il se demandera pour quelles raisons exactement ses camarades mentionnent des choses dont il n'a pas le moindre souvenir. Il faudrait tout faire en un seul coup et personne n'en est capable.
Vu ainsi, il était vrai que le coup d'amnésie générale ne risquait pas vraiment de marcher. Harry soupira profondément. Les ennuis, il les connaissait depuis déjà assez longtemps et pouvait même se considérer comme étant très intimes avec eux. Cependant, il avait touché le fond à présent, il en était certain.
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Il n'allait pas rester sagement sans rien faire, ça non ! Il lui fallait des explications, et il en aurait, de gré ou de force. Il avait déjà eu du mal à échapper à la vigilance de Ron et de Pomfresh, il n'allait certainement pas s'arrêter maintenant.
Appuyé sur des béquilles qu'il avait réussi à faucher avant de quitter la pseudo-infirmerie, il avançait consciencieusement dans les couloirs en jetant régulièrement un regard par-dessus son épaule. Certes, il avait envie de hurler à cause de cette satanée potion pour lui faire ressouder les os, mais il serrait à s'en faire mal ses béquilles pour garder l'esprit clair. Il lui fallait des réponses, et il en aurait, foi d'Harry Potter !
Il avait enfin atteint le deuxième étage et s'engagea dans le couloir menant dans le bureau du directeur. Il n'y avait que là-bas qu'il trouverait des explications et il ne laisserait ce vieux cinglé partir avant d'avoir été satisfait. Il ne comprenait rien à ce qui se passait mais savait cependant que des personnes n'allaient pas tarder à se mettre à sa recherche, si ce n'était pas déjà fait. Claudiquant jusqu'à la gargouille, il lâcha abruptement le mot de passe et s'engagea difficilement dans l'escalier en colimaçon. Il y avait une chose qui était sûre, avec tous ces escaliers, Poudlard n'était vraiment pas fait pour les personnes à mobilité réduite.
Arrivé face à la porte en chêne, il l'ouvrit brusquement et entra dans la pièce sans même frapper. Il était là pour poser des questions, il n'allait sûrement pas attendre le bon vouloir de Dumbledore pour lui accorder une audience. Se redressant sur ses béquilles, il ouvrit la bouche et... la referma aussitôt.
Il avait tout d'abord cru à un rêve, quoi de plus normal d'ailleurs après avoir été à moitié assommé et s'être fait arracher la jambe. Après, il avait vraiment constaté que quelque chose n'allait pas outre le fait qu'il y avait eu une explosion. Et maintenant, il était totalement perdu et abasourdi en voyant les quatre personnes devant lui le fixer avec surprise, enfin, surtout les deux plus proches.
Il reconnu l'homme blond qui commença à sourire sans vraiment le vouloir, apparemment ne parvenant plus à se retenir, puis finalement l'homme brun, lui. A fixer sa propre image tout en notant tant de différences, il commençait à sentir la colère gronder en lui. Les farces, il pouvait les supporter, mais pas quand il s'agissait de sa propre apparence.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? ! hurla-t-il. C'est qui eux ? ! lança-t-il en levant une de ses béquilles pour la pointer sur le blond et le brun.
- Harry, calme-toi, intervint Dumbledore. Je...
- Que je me calme ? ! répéta-t-il pour vérifier qu'il avait bien compris. Vous pensez vraiment que...
- Potter, personne ne vous a invité à rentrer ou bien encore à poser des questions, rétorqua sèchement Rogue.
- Oh vous je ne vous ai pas sonné ! répliqua furieusement Harry en foudroyant le maître des potions d'un regard noir tout en se rapprochant du bureau.
- Ca c'est bien envoyé, dit le blond dans un sourire tout en se tournant vers le brun qui lui accorda un soupir exaspéré.
Harry s'arrêta un instant pour considérer le blondinet avec rage.
- M. Malefoy, je vous prierai de ne pas intervenir, lança Dumbledore à son attention.
- Malefoy ? ! répéta une seconde fois Harry qui commençait sérieusement à s'affoler.
- Le Malefoy du futur, pas le tiens, se chargea de répondre le brun.
- Futur ?
Il eut une sorte de sourire mécanique sans vraiment savoir pour quelle raison.
- Qu'est-ce qu'il passe exactement ? demanda-t-il d'une voix plus ou moins calme alors qu'il essayait de se contrôler.
- Pour l'instant, rien qui ne te concerne, dit Dumbledore.
Là, il n'en pouvait plus. Il avait déjà dû le supporter en juin dernier alors qu'il lui racontait ce que à quoi il était destiné et l'entendre parler sur le dos de Sirius. Il n'en pouvait plus de voir ce visage si calme, si serein face à lui alors qu'il bouillait d'une colère froide. Se rapprochant de lui, il lâcha une de ses béquilles et tendit son poing pour l'abattre sur ce visage qui l'exaspérait tant. Une main vint soudain saisir son poignet l'empêchant d'atteindre sa cible.
- Tu dois te calmer, lança Drago en affirmant sa prise alors qu'Harry se débattait.
- Pas tant que je n'aurais pas des réponses satisfaisantes, rétorqua-t-il en fixant avec haine ce regard gris qu'il n'avait aucune peine à reconnaître désormais comme étant celui de son pire ennemi.
- Sincèrement, lança Drago à l'attention du brun, tu avais vraiment un sale caractère.
- Par ce que tu crois que ça a changé ? rétorqua ce dernier alors qu'Harry portait son attention sur lui.
Voir son propre visage le fixer le déstabilisait d'une manière bien plus importante qu'il ne l'aurait cru. Bien qu'il se reconnaisse parfaitement malgré l'absence de lunettes chez son double, il y avait quelque chose qui le dérangeait et qui n'avait strictement rien de physique. Un mouvement de la part de Rogue lui fit porter son attention sur le maître des potions alors que ce dernier se penchait à l'oreille du directeur tout en serrant son avant-bras gauche dans sa main.
Ce qui se passa ensuite ne se déroula qu'en quelques secondes. Drago hurla en lâchant brutalement Harry qui dut reculer pour ne pas perdre son équilibre précaire. Le blond tomba à genoux et releva dans un mouvement sec sa manche gauche laissant apparaître la Marque des Ténèbres qui marquait profondément de sa noirceur la peau blanchâtre. Harry réagit au quart de tour et sortit sa baguette pour la pointer sur ce dernier, un sortilège de Stupéfiction déjà lancé.
Une détonation sonore s'éleva lorsque le sort vint frapper le bouclier qui s'était élevé à quelques centimètres du blond qui eut tout juste le temps de relever la tête pour voir le rayon disparaître. Regardant sur sa gauche, il remercia du regard le brun qui était à l'origine du bouclier et celui-ci acquiesça vaguement en baissant sa main droite dépourvue de baguette pour se tourner vers son passé qui avait regardé la scène, ébahi.
- Il n'est pas un danger alors ne lui fais rien, lança-t-il en considérant Harry qui essayait tant bien que mal de rester debout sur son unique béquille, sa main serrée sur sa baguette.
Là il ne saisissait pas. Comment lui, Harry Potter, pouvait donc faire confiance à un Mangemort ? Qui plus est Malefoy ? Si c'était réellement son futur, il devait avoir pris un sérieux coup sur la tête pour défendre ainsi son pire ennemi qui serrait la mâchoire pour contenir la douleur de son avant-bras.
Dumbledore considérait quant à lui les deux Harry se faire face en fronçant les sourcils. S'il n'avait pas vu le mouvement qu'avait fait le futur pour protéger M. Malefoy contre le passé, il aurait certainement réagi de la même manière que le Harry de son époque. Cependant, les choses avaient dû évoluer pour qu'il soit prêt ainsi à défendre le Serpentard alors qu'il portait la Marque des Ténèbres, signe qu'il était un Mangemort.
- Severus, allez-y et tenez moi informé, dit Dumbledore à son professeur qui avait lui aussi ressenti l'effet de la marque mais à moins grande échelle.
L'interpellé voulu contesté mais il réalisa qu'il valait mieux pour lui s'exécuter le plus rapidement possible et jouer son rôle d'espion du mieux qu'il pouvait. Risquer de se faire tuer par Voldemort pour un retard n'était en aucun cas l'une de ses priorités et il devait découvrir si cet appel avait une étroite liaison avec l'arrivée des deux voyageurs.
- Harry, il vaut mieux que tu rejoignes ton lit avant qu'il ne t'arrive quelque chose, poursuivit Dumbledore tandis que Rogue quittait la pièce en dévisageant à tour de rôle Drago qui contrôlait sa douleur et le Harry du futur qui s'était mis à sa hauteur pour l'aider.
- Non, rétorqua-t-il sans cesser de fixer son lui futur qui demandait à Malefoy de se calmer. Je veux des réponses. Maintenant.
- Tu les auras, oui, mais pas maintenant, répliqua à son tour le directeur d'une voix beaucoup plus ferme à présent. Tu n'es pas le seul concerné dans l'affaire et je crois que les explications viendront lorsque le Drago Malefoy de cette époque sera de nouveau apte à marcher pour pouvoir venir également dans cette pièce.
- Je n'attendrai pas que cet abruti...
- Tu attendras ! trancha sèchement Dumbledore. A présent, rejoins ton lit et ne cherche pas à entrer en contact avec ces deux là avant que je ne t'ais convoqué dans ce bureau. C'est bien clair ?
Harry sentit la colère bouillir encore un peu plus en lui et il rangea à contre cœur sa baguette. Récupérant sa deuxième béquille, il se jura qu'il aurait des réponses, pas seulement sur ce qui c'était passé, mais sur le comportement de son futur.
Alors qu'il disparaissait derrière la porte, le second Harry se détourna de Drago et posa son regard sur le directeur qui semblait légèrement débordé par les évènements.
- Il ne va pas attendre éternellement, dit Harry.
- Je le sais, répondit Dumbledore en s'agenouillant lui aussi près de Drago qui jurait au lieu de crier bien que la douleur ait largement diminué. Mais je préfère que M. Malefoy soit également présent lorsque nous devrons expliquer la situation. D'entre nous tous, ce sont sans doute les plus concernés.
- Moi, ce qui me surprend, intervint Drago en serrant les dents, c'est que vous ne posiez aucune question sur ce qui vient d'arriver.
- Je fais confiance à Harry, dit simplement Dumbledore. S'il considère que vous êtes apte à ne pas nous trahir et servir Voldemort, je m'en tiendrai à cela. Mais je ne suis cependant pas sot au point de ne pas voir que vos relations ont considérablement évolué et ce, pour des raisons qu'il vaut mieux ne pas dire si le futur doit être préservé.
Harry fronça les sourcils. Préserver le futur ? Quelle idée charmante ils avaient là. Rien qu'à cette pensée, son cœur se serrait à lui en faire mal.
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Attendre qu'il l'appelle, il en avait des bonnes Dumbledore ! Il détestait ça, rester dans l'ignorance en sachant pertinemment qu'on lui cachait quelque chose qui le concernait pleinement.
Harry avait rejoint la salle où tous les lits étaient alignés et avait été accueilli par une Hermione au bord de la crise de nerf et un Ron qui manqua de l'assommer tant il était soulagé de le savoir toujours vivant et non à l'agonie au détour d'un couloir à cause de son manque de vigilance. Il n'avait rien pu dire ni faire et avait dû rester allonger sur son lit jusqu'à la fin de la journée, la potion Poussos le faisant souffrir plus que jamais.
A présent, il faisait nuit et l'agitation de l'après-midi avait cessé. Des Médicomages continuaient de passer entre les lits des patients endormis, vérifiant qu'aucune complication ne pointait son nez et que les guérissons s'effectuaient sans problème. C'était un silence pesant qu'Harry supportait difficilement. Comment pouvait-il rester tranquillement à dormir en sachant que son futur se baladait quelque part dans le château, main dans la main avec Malefoy ? !
Se glissant de sous ses draps, il se faufila silencieusement, mais tirant tout de même une grimace en posant sa jambe douloureuse au sol. Il fallait qu'il en ait le cœur net. Dans l'obscurité, il évita les Médicomages et s'approchant d'un des lits les plus souvent encadrés. Il fallait qu'il fasse vite, mais quelques secondes suffiraient. Il s'agissait du seul lit entouré par des rideaux, il n'y avait donc aucune logique à déduire que l'objet de sa recherche était derrière.
Passant derrière, il considéra un court instant son occupant dans une grimace. Il était vraiment dans un piètre état Drago Malefoy. Le blond, déjà bien pâle à l'habitude, était désormais d'une blancheur irréprochable. Cependant, si sa peau ne semblait pas avoir le même problème pour être irréprochable, il ne doutait pas que le Serpentard était tout sauf un saint. Prenant la manche gauche de Malefoy, il la remonta jusqu'à coude et regarda son avant bras.
Il n'y avait rien : pas de cicatrices, de grains de beautés, encore moins de Marque des Ténèbres, le petit Malefoy semblait aussi blanc que neige, et ce n'était rien de le dire. Mais Harry n'y croyait pas. Il n'avait pas la marque mais son futur l'avait, ce qui voulait tout simplement dire qu'il allait devenir un Mangemort. Alors pourquoi le Harry du futur le défendait ainsi ? Pourquoi avait-il tant de mal à se reconnaître dans ses traits ? C'était comme si on lui avait proposé de se voir plus vieux mais en changeant complètement sa personnalité.
Fixant le visage inconscient de Malefoy, il plissa le front tout en continuant de réfléchir. Il aurait des réponses mais, pour cela, il fallait absolument que le Serpentard se remette sur pied, seulement après il pourrait se charger de lui.
Que révèleront donc les futurs ? Harry sera-t-il capable de garder son calme vis-à-vis de Malefoy ? Quand Drago se réveillera-t-il ?
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