Chapitre 26: Sur chaque pièce, il en existe le revers.
Si Harry et Drago s'étaient posés des questions, ils les avaient bien vite oubliées dans la semaine qui suivit. Car en cette dernière et sainte semaine des vacances de Noël, l'ambiance au Square Grimmaurd fut réellement tendue.
A peine de retour, les deux futurs étaient retournés se barricader dans leur chambre en laissant seuls les deux passés qui durent faire face à la fureur de Mme Weasley ainsi que de tous ceux qui avaient été réveillés le matin par maladresse du futur du blond. Autrement dit rien de très réjouissant puisque qu'à cela vint s'ajouter les nouvelles tâches ménagères. Harry avait été désigné nounou et bien il devait le rester, pour le meilleur mais surtout pour le pire. Maintenant que Drago avait récupéré des forces, il était nettement moins facile à convaincre et Harry eut toutes les peines du monde à lui enlever sa baguette des mains pour y mettre un balai. Non seulement il devait s'assurer que Monsieur ne faisait pas de bêtises mais en plus il devait se le coltiner toute la journée, Ron ayant d'ailleurs tiré sa révérence depuis longtemps
Ainsi la semaine qui se déroula fut emprunte à de nombreux éclats de voix à n'importe quelle heure de la journée, et dans le n'importe quelle heure, il n'y avait rien d'exagéré. En effet, Harry avait failli étouffer le Serpentard en pleine nuit lorsque ce dernier avait décidé d'aéré la pièce à trois heures du matin avec pas moins de moins dix à l'extérieur. Pour être vivifiant, ça l'avait été puisque tous deux s'étaient mis à se hurler mutuellement dessus, une Ginny désespérée entre les deux qui avait tentée en vain de les calmer.
Autrement dit, rien n'allait entre le Serpentard et le Gryffondor et ce fut dans une atmosphère pesante que le réveillon de la nouvelle année se déroula, les futurs de ces derniers refaisant une exceptionnelle apparition qui ne vint en rien alléger l'humeur de leurs passés. Pour dire vrai, ils avaient déjà du mal à se supporter mais voir ces deux idiots jouer les imbéciles n'arrangeait en rien leur moral. Sans compter qu'ils avaient tous deux leurs propres problèmes.
Pour Harry, ce n'était pas vraiment grave à vrai dire. Sa cicatrice ne cessait de le brûler, suffisamment peu pour lui faire réellement mal, mais assez pour lui donner une migraine insupportable qui ne s'arrangeait pas avec l'obstination de Malefoy. En soit, il savait qu'Hermione viendrait tirer les alarmes mais il commençait presque à s'y habituer. En fait, depuis que le retour de Voldemort avait été annoncé, et bien ce n'était pas rare que sa vieille copine le démange. Ah, il fallait aussi rajouter qu'étant le propriétaire du Square, il jouait également les directeurs en signant de longs morceaux de parchemins pour des trucs machins chouettes choses dont il ne comprenait ni le contenu ni le but. Autant dire qu'il avait entièrement confiance en M. Weasley pour ce qui était de la paperasse. En parlant de Weasley, Ron était aussi un problème qu'il devait prendre en compte, le rouquin semblant prendre très mal le fait qu'il passait sa journée entière avec Malefoy. Cependant, Harry ne se voyait pas du tout aller le voir pour lui assurer qu'ils ne s'envoyaient pas sauvagement en l'air dans leur chambre dès la nuit tombée (certes, il y avait de l'activité physique mais plutôt de l'ordre Gryffondor/Serpentard.).
Drago s'était quant à lui donné pour rôle de jouer un double jeu. Outre sa première crise qu'il avait eue lors de sa première visite de la salle de bain, il avait dû gérer celles qui avaient suivies. En fait, dès qu'il se mettait à monopoliser plus d'une heure la salle de bain, il ne fallait pas cherché bien loin pour savoir qu'il avait de nouveau fait ami-ami avec la baignoire. Certes, ses crises commençaient à s'espacer et à être d'une intensité moindre mais il ne supportait cependant pas le fait de devoir toujours rester sur ses gardes. Ajouter à cela, il avait commencé à remarquer que la cicatrice le long de son cou la démangeait parfois. Machinalement, il avait commencé à passer sa main sur la peau blanchâtre, ce geste relevant plus de l'inconscience que d'une réelle volonté. Et pour parfaire ce tableau idyllique, il passait des nuits terribles. Il n'arrivait pas à fermer l'œil et, quand il y parvenait c'était pour cauchemarder encore et encore. Autant dire qu'il espérait tout au fond de lui qu'il ne parlait pas dans son sommeil et que Potter ne pouvait rien entendre. Vraiment, il l'espérait d'autant plus qu'il ne tenait pas à ce que le Gryffondor le prenne en pitié, c'était déjà suffisamment humiliant de le savoir comme étant sa nounou attitrée.
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- Tu as tout Ron ?
- Oui, maman.
- C'est aussi ce que tu me disais à la rentrée et j'ai dû te renvoyer toutes tes chaussettes, rétorqua Mme Weasley qui rouvrait la grosse valise pour vérifier.
- Maman, arrête ! s'égosilla le rouquin en tentant en vain de la faire s'éloigner alors qu'elle commençait à sortir ses sous-vêtements.
- La belette est vraiment un cas irrécupérable, lâcha Drago qui était adossé à l'un des murs tout en observant la scène de loin.
Harry qui descendait sa valise lui lança un regard noir avant de se placer juste devant lui, gênant de ce fait son champ de vision.
- Je t'ai supporté durant toutes les vacances sans broncher, tu pourrais au moins essayer d'être aimable ne serait-ce que les cinq dernières minutes que nous allons passer dans le Square Grimmaurd, déclara Harry.
- Parce que ta baraque pourrie mérite peut être qu'on lui accorde une telle attention ? répliqua Drago en haussant un sourcil. Sincèrement, ce n'est vraiment pas l'endroit que j'aime le plus sur Terre.
Harry ouvrit la bouche pour répondre mais la referma bien vite en sentant quelque chose se glisser entre lui et Malefoy. Baissant les yeux au sol, il manqua de hurler qu'il aperçut la masse informe qui se déplaçait portant un immense paquet rose à pois vert. La main contre le cœur et s'éloignant le plus loin possible, Drago n'eut cependant pas la chance de pouvoir faire de même et considéra Kreattur en se tassant contre le mur.
Au début, le Serpentard avait trouvé avantageux le fait que l'elfe lui soit entièrement dévoué mais il avait bien vite saisi que cela tournait carrément à l'obsession lorsqu'il avait vu Kreattur serrer amoureusement l'un de ses caleçons contre lui. Depuis, il avait fait en sorte d'éviter du mieux qu'il pouvait la créature. Mais il ne fallait pas être stupide pour ne pas être rendu compte que semer son admirateur était quelque chose de bien plus difficile qu'il ne l'avait pensé. Kreattur apparaissait soudainement, lui proposant maintes et maintes fois ses services avant de s'évaporer et de revenir avec un résultat trop différent que ce qu'il avait demandé à la base (le « prépare moi une cuisse de poulet au caramel » était devenu une dinde au caramel et le « prépare-moi un bain » avait fini par devenir une piscine sur un étage). L'elfe y mettait tout son cœur, mais son enthousiasme était franchement inquiétant.
- Pour le Maître, marmonna Kreattur les larmes aux yeux tout en lui tendant le paquet. Kreattur souhaite réellement que le Maître regagne la Noble Maisons des Black.
- C'est... c'est très gentil de ta part, répondit maladroitement Drago qui ne savait vraiment plus par quel bout s'y prendre avec lui en devenant même poli.
Alors que Drago lui retirait le paquet des mains, Kreattur s'effondra au sol et éclata en sanglot tout en tapant ses petits poings au sol. Ecarquillant les yeux face à ce pitoyable spectacle, le Serpentard fut sauvé par son futur qui apparut soudain dans la cuisine, l'entraînant fermement aussi loin que possible de l'elfe.
- Pourquoi n'agit-il pas de la même façon avec toi ? demanda Drago qui avait malgré tout son regard braqué sur Kreattur.
- Oh, il avait commencé jusqu'à qu'il me surprenne à câliner mon Harry, répondit-il.
Drago laissa ses yeux tomber sur lui.
- Comme blague, tu pourrais au moins trouver mieux, dit le Serpentard. Je tiens encore à passer des nuits saines sans des images cauchemardesques dans ma tête.
- Si tu le dis, répondit son futur dans un grand sourire. Quoiqu'il en soit, viens aussi par là toi, ajouta-t-il en attrapant Harry.
Les emmenant tous deux dans la réserve, ils y retrouvèrent le futur du Gryffondor assis en équilibre précaire sur un immense tonneau. Ce type était vraiment incapable de s'asseoir correctement pensa Drago lorsqu'il l'aperçut.
- Etant donné que certaines choses ont changé, je pense que nos petites soirées à Poudlard vont devoir subir quelques modifications, dit le futur du brun en les voyant arriver.
Drago hausa un sourcil. Tiens, il avait totalement oublié ces soirées. Après tout ce n'était pas en jouant aux échecs ou bien mangeant avec... Il sentit soudain quelque chose lui nouer la gorge. Avait-il réellement oublié Thomas ? Non, il ne le pensait pas. Par contre il n'arrivait pas à saisir pourquoi il se sentait ainsi : tremblant, faible et perdu. Bon sang, ce type était un Moldu ! Un M-o-l-d-u ! Il n'avait pas besoin de se le répéter dix fois pour que cela rentre ! Et puis d'ailleurs, il avait déjà assez de problèmes, rajouter en plus Thomas ne pouvait que le rendre un peu plus cinglé. Oh et puis zut ! Comment pouvait-il bien gérer ces émotions qui n'étaient pas les siennes ? ! Il y avait vraiment...
-Je peux savoir ce que tu fais ? demanda soudainement le futur d'Harry.
Pour le Gryffondor, il n'y avait qu'une solution, Malefoy s'était reconverti dans les mythes vaudou et devait sans doute réaliser une quelconque cérémonie occulte. En effet, Drago avait pris sa tête entre ses deux mains puis commencé à marcher tout en faisant des cercles en se penchant d'avant en arrière. Ouvrant une paupière, Drago cessa soudain son manège en se rendant compte qu'il était la proie de tous les regards. Se redressant maladroitement alors qu'il commençait à sentir ses joues devenir brulantes, il décida de déverser sa honte sur le futur d'Harry.
- Qu'est-ce que tu nous veux exactement ? lâcha-t-il tout en faisant en sorte de ne pas croiser son regard.
- Juste vous dire que désormais vous aurez exactement le même programme, répondit le brun. Autrement dit, vous viendrez tous les deux dans la même salle.
Harry sentit sa mâchoire se décrocher et il n'était même pas sûr de pouvoir la ramasser. Sérieusement, après ces vacances les futurs voulaient encore lui coller Malefoy sur le dos... c'était une blague ? ! Il était à deux doigts du meurtre et eux roucoulaient joyeusement en lui annonçant la terrible nouvelle. Et puis, comment Ron allait donc bien le prendre ? Déjà qu'il avait passé presque la totalité de ses vacances à surveiller le Serpentard, il n'imaginait même pas la réaction de son ami lorsqu'il lui apprendrait qu'il fallait qu'il le retrouve le soir.
- Le mardi, jeudi et samedi feront l'affaire, marmonna le futur du brun en fronçant les sourcils tout en calculant rapidement sur ses doigts. Dès que Dumbledore nous aura attribué une salle je vous ferai parvenir les horaires. Il faut juste que...
- Qu'est-ce que vous faites ? lança Mme Weasley en ouvrant la porte. Si vous continuez de bavasser vous allez être en retard !
Attrapant le futur d'Harry par le col, elle le força à descendre de son tonneau avant de le trainer jusqu'à la cheminée. Autant dire que les trois autres avaient immédiatement suivi de peur de représailles, le futur de Drago considérant tout de même avec inquiétude celui du Gryffondor qui se faisait consciencieusement étrangler. Il n'y avait désormais plus personne dans la cuisine, Ron et Ginny étaient déjà partis de mêmes que toutes les valises et le feu crépitait calmement dans la cheminée. Sans une once de précaution, Mme Weasley envoya le futur du brun dans l'âtre avant de lui tendre le petit pot en terre.
- Poudlard, marmonna précipitamment celui-ci de peur qu'elle ne vienne en plus l'assommer.
Alors que les flammes émeraudes léchaient son corps, ce fut au tour du futur du Serpentard de se faire maltraiter et Mme Weasley le mit dans la cheminée avec la même douceur, ce dernier se cognant carrément contre le linteau avant de marmonner sa destination tout en se massant le front. Dès qu'il eut disparu, elle se tourna immédiatement vers les deux témoins restant de la scène, Drago tirant brusquement la manche d'Harry pour le mettre devant lui. Elle les observa à tour de rôle, enfin regardant surtout le Gryffondor puisque le blond se tassait derrière lui en espérant qu'il serait un bouclier suffisamment solide pour sa survie.
- Harry, surtout prends bien soin de Drago, dit-elle soudain en perdant toute dureté dans sa voix. Et toi, ajouta-t-elle en contournant le brun pour venir prendre le visage du Serpentard entre ses mains sous les yeux ébahis de ce dernier, surtout nourri toi bien et couvre toi, tu es si fragile qu'il vaut mieux prévenir que guérir. Si jamais tu trouves que tu n'as pas assez à manger n'hésite pas à m'écrire. Toi aussi Harry, si tu ne fais pas quelque chose maintenant tu ne risques pas de devenir aussi bien fait que ton futur.
Il devait le prendre comment ? Alors qu'Harry la dévisageait pensivement, Mme Weasley le poussa dans la cheminée. A peine eut-il prononcé le nom de sa destination, après avoir au préalable mis ses lunettes dans sa poche bien entendu, il se sentit partir dans les conduits de cheminée, retenant fermement sa respiration pour n'avaler aucune cendre.
- Faites attention M. Potter, l'accueillit la voix sèche de McGonagall.
- Oui, professeur, répondit machinalement Harry en regagnant Ron et Ginny qui finissaient de retirer la cendre de leurs vêtements, les futurs à l'autre bout de la pièce en train de la quitter sans un mot à leur intention.
Fronçant les sourcils face à leur attitude, Harry se retint de ne pas les interpeller, sentant bien qu'il ne ferait que remettre d'actualité la tension entre eux. Tandis qu'il inspirait profondément pour garder son calme, les flammes grossirent soudain dans la cheminée en laissant la silhouette de Drago apparaître.
- Je vous prierai de..., commença McGonagall.
- Votre mère a un grain, déclara subitement le Serpentard en se tournant vers Ron et Ginny.
- Répète un peu ce que tu viens de dire ! lâcha Ron en s'élançant vers lui, Ginny parvenant à le rattraper de justesse.
- Bon sang, Malefoy, un peu de tact, tu connais ? ! intervint Harry en se plantant devant le blond. Mme Weasley agit de cette manière avec tout le monde, c'est ce qu'on appelle de la gentillesse !
- Parce que tu trouves gentil le fait qu'elle reluque ton futur ?
Là, il y eut comme un blanc dans la pièce, la directrice des Gryffondors allant même jusqu'à dévisager le blond alors que la bouche de Ron venait de s'ouvrir et que son regard se portait sur Harry de même que celui de Ginny. Apparemment, il n'était pas le seul à s'être demandé si les propos Mme Weasley ne prêtaient pas à confusion, sauf que lui avait fait en sorte de passer cela sous silence au contraire du Serpentard qui avait en plus trouvé le moyen d'en parler devant Ron et Ginny.
- Ma mère a ..., commença Ron.
- Elle ne l'a pas sous-entendu de cette manière, intervint Harry à la fois pour Drago mais surtout pour son ami et Ginny qui le regardaient avec effroi. Mme Weasley m'a toujours reproché de ne pas assez me nourrir et d'être maigre, en aucun cas elle a voulu dire cela.
- Je te trouve assez remonté pour la justifier, répliqua Drago. Généralement, lorsqu'on a rien à se reprocher, il n'y a pas besoin de chercher des justifications.
- Malefoy, tu commences à me...
- M. Potter, taisez-vous, coupa sèchement McGonagall en frappant un épais volume sur son bureau. Vous aussi, M. Malefoy, ajouta-t-elle alors qu'elle voyait la bouche du Serpentard s'ouvrir.
Drago fronça les sourcils. Pour une fois qu'il avait trouvé de quoi s'amuser, voilà que cette vieille pie lui enlevait toute distraction. Dans un soupir, il considéra le Gryffondor qui le fixait avec haine alors que les deux belettes semblaient hésiter sur lequel des deux ils devaient mettre à rôtir dans la cheminée.
- M. Potter, M. Weasley et Mlle Weasley, vous pouvez regagner la salle commune, déclara McGonagall tout en contournant son bureau pour s'asseoir.
Harry grogna une réponse mais se retint de ne pas étriper le Serpentard. Peu importe le temps qui lui faudrait pour attendre, il lui ferait payer ce qu'il venait d'insinuer. S'il y avait une chose qu'il avait saisi depuis longtemps, c'était qu'il considérait Mme Weasley comme la seule personne pouvant lui montrer ce qu'était l'amour maternelle, alors il était hors de question que cette blondasse ne vienne parler d'elle en mauvais termes.
- M. Malefoy, je vous prierai de rester ici un moment, intervint McGonagall.
Alors qu'il franchissait la porte, Harry s'arrêta pour pivoter et voir Malefoy qui avait cessé sa marche pour quitter la pièce à leur suite.
- M. Potter, veuillez sortir, ordonna la directrice des Gryffondors en le voyant observer le blond fixement.
Hésitant, Harry ferma la porte. Il sentait bien que le Serpentard n'avait pas été au courant de cette entrevue et qu'il était tout aussi surpris que lui d'avoir entendu McGonagall lui demander de rester. Inconsciemment, il avait l'impression qu'elle allait lui parler des vacances ou bien des futurs, chose que la fouine risquait peut être de ne pas apprécier. Harry se mordit violemment la lèvre inférieure. Et voilà ! Après deux semaines à jouer les nounous sous peine de recevoir des représailles, il en venait à s'inquiéter lui-même pour cet idiot.
- Harry, tu viens ? lança Ginny en revenant sur ses pas.
- Je dois passer à la bibliothèque, partez devant, je vous rejoindrai, dit-il.
Ron le dévisagea un instant, sentant bien qu'il ne pourrait pas lui demander de se justifier, il entraîna sa sœur derrière lui tout en se préparant déjà à sauter sur son ami pour avoir des explications. Commençant à s'engager vers la bibliothèque, Harry s'empressa de faire demi-tour dès qu'il fut sûr que Ron et Ginny n'étaient plus dans le couloir et plaqua son oreille contre la porte.
- ... voulez-vous me voir ? demanda Drago.
- J'aimerai parler de votre place à Serpentard, expliqua McGonagall.
Dans la pièce, Drago venait subitement de se redresser. Qu'est-ce qu'elle entendait par là ? Au fond de lui, il sentit une vague de panique naître.
- Que voulez-vous...
- Dumbledore et moi sommes inquiets de votre sécurité au sein du dortoir des Serpentards, expliqua-t-elle. Il est bien évident qu'à la suite de votre refus de rejoindre les Mangemorts, certains tenteront de complaire à Vous-Savez-Qui en vous blessant ou bien tout simplement en vous tuant.
Vagues idées qui lui avaient effleurées l'esprit mais qui prenaient tout leur sens à travers la bouche de McGonagall. Drago y avait pensé mais avait préféré ignorer le problème aussi longtemps qu'il le pouvait. Il avait déjà eu assez de problèmes qu'il avait préféré mettre de côté ceux qui allaient advenir.
- Afin d'anticiper ce qui pourrait vous arriver, il serait préférable que vous soyez installé dans une chambre isolée du reste des Serpentards, dit-elle. Vous ne...
- Je refuse, coupa Drago.
Un sourcil de McGonagall se souleva à ces mots et son visage se durcit.
- Comprenez-moi, M. Malefoy, reprit-elle. Il s'agit de votre sécurité, vous ne pouvez mettre aussi facilement en danger votre vie ainsi que...
- Je ne quitterai pas le dortoir, insista-t-il en serrant ses poings.
- A ma connaissance, la témérité et le courage ne sont pas des qualités de la maison des Serpentards, fit-elle remarquer avec un sourire en coin.
- Il ne s'agit pas de témérité ou de courage, seulement de dignité et d'honneur, répondit-il en lui faisant face. Je ne vais pas fuir la queue entre les jambes pour perdre le peu de choses que j'ai encore.
- J'entends bien ce que vous ressentez mais...
- Je ne quitterai pas les Serpentards ! lâcha Drago qui haussa brusquement le ton tout en crispant encore un peu plus les muscles de sa main. Je me fiche de votre pitié et de votre inquiétude !
- M. Malefoy, calmez-vous, dit McGonagall. Je ne veux en aucun cas vous obliger à faire quoique ce soit mais prenez conscience des risques que vous prendrez en retournant dans votre dortoir.
Pour qui le prenait-elle ? Le dernier des idiots ? Bien sur qu'il savait les risques, il n'était pas né de la dernière pluie. Et puis, entre le Seigneur des Ténèbres et un groupe de Serpentards, il n'avait pas à réfléchir longtemps pour savoir lequel il craignait le plus. Cessant de fixer avec colère cette vieille chouette, il se détourna pour quitter la pièce lorsqu'il sentit un sort de pétrification le frapper de plein fouet.
- Etant donné votre manque d'écoute, je suis en regret d'employer ces moyens, dit-elle.
La tuer ? il pouvait ? Juste pour s'amuser et évacuer la tension qu'il accumulait en lui. Alors qu'il l'entendait se lever, il se prépara à lui lancer le regard le plus meurtrier qu'il pouvait, chose qui arriva quelques secondes plus tard.
- Puisque vous ne voulez pas quitter votre maison, je vous demanderai de vous faire le plus discret possible, poursuivit-elle calmement alors que Drago l'imaginait bien empailler sur le mur. Ne répondez ni aux provocations ni aux insultes et évitez de vous retrouver isolé. Je vous retire également vos obligations de préfets et...
Drago avait brusquement écarquillé les yeux en l'entendant. Il était un paria et maintenant il devait voir tout ce qui lui donnait un peu de contenance disparaître.
- Rassurez-vous, intervint McGonagall en voyant son expression. Je ne vous retire que vos rondes et autres fonctions qui pourraient vous isoler ou vous mettre en difficulté. Quant au Quidditch, bien que je n'aie pas mon mot à dire, il vaudrait mieux pour vous que vous quittiez l'équipe, sauf si vous tenez à subir un malencontreux accident.
Là, c'était une chose que Drago n'avait même pas pensé et qui venait de lui faire tomber quelque chose de lourd dans l'estomac. Il devait se priver d'une des seules choses qu'il aimait. Comment était-ce possible ? Il n'était plus en colère, juste blessé et totalement abattu par ce qu'un simple refus avait entraîné. Combien d'autres choses devraient-ils mettre de côté à cause cela ?
- Je vais vous laisser partir mais faites en sorte de rester toujours dans des lieux fréquentés et de ne pas vous isoler, dit-elle en pointant sa baguette sur le Serpentard qui s'empressa de se jeter sur la poignée de la porte pour quitter la pièce.
Filant dans le couloir, Drago n'aperçut pas Harry qui s'était brusquement plaqué contre le mur et marcha d'un pas vif jusque dans les escaliers. A vrai dire, il n'était pas vraiment en colère, juste remonté contre cette situation grotesque dans laquelle il était. Lui qui n'avait connu que la stabilité depuis sa naissance, il ne contrôlait à présent plus rien et cette perte de repères le gênait plus que tout. Comment devait-il vivre à présent si tout cela n'existait plus ?
Jurant, Drago s'engagea dans les cachots avec pour seules pensées en tête les mots que McGonagall venait de lui dire. Autant dire qu'il ne faut pas très joyeux lorsqu'il entra dans la salle commune des Serpentards déserte à cette heure de la journée et que son sourire qu'il n'avait pas ne risquait pas de s'améliorer lorsqu'il atterrit dans sa chambre.
Rien n'avait bougé. Chaque tapisserie était à sa place, sa malle était à nouveau au pied de son lit et ses draps étaient faits. Vraiment rien n'avait bougé, y compris le lourd volume qu'il avait laissé tomber sur le lit inoccupé. Lorsque ses yeux tombèrent sur la couverture, Drago sentit sa gorge se serrer. Tout ça, c'était à cause de cet idiot de Thomas ! Si Potter bis n'avait pas eu l'idée de le faire manger avec celui-ci jamais il n'aurait eu à douter devant le Seigneur des Ténèbres. S'il avait tout perdu, c'était à cause de ce Moldu. Sentant une montée de colère jaillir en lui, Drago se précipita sur le lit avant d'attraper violemment le grimoire et...
Sans vraiment en être conscient, il avait arrêté son geste. Que devait-il faire ? En réalité, il était juste en colère contre tout le monde, pas contre ce livre qui ne lui avait rien fait. Et puis, en y réfléchissant bien Thomas n'avait fait que manger avec lui, jamais il ne lui avait crié de prendre ses jambes à son cou lorsqu'il ferait face à Voldemort. Qui était vraiment le coupable ? Certainement pas ce livre qui parlait des dragons...
Alors qu'il ouvrait pour la première fois le grimoire, il laissa ses yeux parcourir les pages tout en sentant sa gorge se serrer. Que devait-il en faire ? Le jeter fut la première chose qui lui vint à l'esprit mais après quelques secondes, il réalisa qu'il ne tenait pas à le voir au fond d'une poubelle ou bien entre les mains d'autres personnes. Le front de Drago se plissa soudain à cette pensée. Avec le risque qu'il avait désormais sur lui en étant dans le dortoir des Serpentards, il redoutait que l'un d'eux ne veuille le blesser en venant saccager ses affaires. Et puis zut !
Refermant le volume, Drago le prit sous le bras et sortit en courant de sa chambre en cognant au passage un élève de troisième année qui venait de revenir dans la salle commune. A vrai dire, il ne savait pas vraiment où il allait, juste qu'il voulait mettre à l'abri ce livre avant que quelqu'un ne puisse avoir l'idée de s'amuser un peu avec lui. Bon, il devait procéder par logique. Où rangé un livre ? .... Devant ce grand blanc dans son esprit, Drago avait arrêté sa course, une mine pensive sur le visage. Le mettre derrière une porte ne risquait certainement d'être un lieu idéal ni les toilettes de Mimi Geignarde. Dans ce cas, il ne restait plus que la bibliothèque.
Reprenant sa route, Drago marcha d'un pas vif jusqu'à cette dernière et passa devant le nez de Mme Pince sans s'arrêter. Considérant les étagères, il se sentit soudain bien stupide. Dès qu'il mettrait le livre ici, il ne pourrait plus jamais le récupérer puisque cette vieille pie penserait qu'il aurait toujours appartenu à l'école, sans compter des élèves qui pourraient ne pas le rendre. Rien qu'à l'idée de savoir que le grimoire risquait de passer de mains en mais révulsait Drago, après tout, c'était à lui que Thomas l'avait confié et non à tout Poudlard !
Alors qu'il revenait sur ses pas, le Serpentard s'arrêta soudain en apercevant une tignasse brune au fond d'une allée. Non, il ne pouvait pas seulement penser à faire ça ! Malefoy il était, Malefoy il resterait ! Mettant son pied en avant pour faire un pas, il eut une sorte de mouvement mécanique l'empêchant d'exécuter son geste. Il ne le faisait pas pour lui, voilà ce qu'il devait se dire. Pivotant, il se dirigea droit sur la silhouette avant de prendre une grande inspiration :
- Granger, j'ai à te parler.
Plongée dans un livre Arithmancie, Hermione s'était brusquement redressée pour voir le blond face à elle, un livre serré contre sa poitrine alors que le Serpentard semblait être constipé.
- J'ai un service à te demander, poursuivit Drago qui avait l'impression de s'arracher les mots de la bouche.
- Tu as un service à me demander, répéta Hermione qui ne savait pas du tout si elle devait s'en inquiéter ou bien tout simplement se préparer à recevoir une insulte.
- Je ne me répèterai pas deux fois alors faisons vite, dit-il sèchement en sentant bien qu'il ne pourrait pas garder son calme bien longtemps. Je veux que tu gardes ce bouquin en sureté.
Tendant le volume à la Gryffondor, cette dernière fit aller et venir son regard entre l'objet et Drago qui se mâchouillait violemment la langue pour s'empêcher de déguerpir en vitesse.
- Je peux savoir pourquoi tu...
- Bon, Granger, soit tu le prends soit tu refuses mais je ne vais pas rester indéfiniment planté là comme un piquet, coupa le Serpentard qui savait que son point de rupture n'était pas loin de céder.
- Malefoy, ce n'est pas que je refuse mais j'aimerai bien savoir pourquoi toi tu veux me confier ce livre, répliqua Hermione. A ce que je sache, tu ne m'apprécies pas donc logiquement je ne...
- Ecoute, Granger, j'ai fait la paix durant quelques secondes donc je te demanderai de prendre ce livre et de le mettre à l'abri jusqu'à que je puisse le reprendre. Il n'y a rien en échange, ni aucune farce, assura-t-il. Tu as toujours vénéré les livres alors je suppose que tu ne seras certainement pas celle qui fera un feu de joie avec.
Méfiante, Hermione attrapa cependant le grimoire qu'il lui tendait tout en le dévisageant. Mais à peine l'eut-elle entre les doigts que Drago repartait déjà à grands pas hors de la bibliothèque la laissant totalement désemparée.
Il avait osé demander un service à Granger ! Il voulait mourir... Comment avait-il pu oser lui adresser la parole ? ! Sa vie sociale était fichue ! Ah, non... elle l'était déjà depuis un moment. En y pensant, Drago eut un sourire forcé. En fait, seul son orgueil avait été touché par ce qu'il avait fait. Jurant en plein milieu du couloir, il effraya un groupe de Serdaigles qui s'empressèrent de s'éloigner en lui jetant des regards apeurés. Alors qu'il se sentait tout à coup comparer à un scroutt en plein rut, il s'arrêta pour se planter devant une fenêtre et appuyer son front sur la vitre froide.
Il ne savait vraiment pas ce qui lui prenait. Dans un soupir, il fixa le paysage de la forêt qui s'étalait à l'extérieur. Il n'y avait pas à dire, ce retour des vacances allait certainement être très long et difficile à supporter.
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Il commençait à pleuvoir. Levant les yeux au ciel, il reçut les gouttes d'eau glacées sur son visage. Après avoir passé le reste de l'après-midi coincé entre deux créneaux en haut de la tour d'Astronomie, Drago n'était pas surpris de prendre une douche.
Maugréant, il quitta son poste d'un pas traînant, redoutant déjà son retour dans le dortoir des Serpentards. Comment devait-il agir ? Il ne se voyait pas s'affaler sur l'un des canapés en sachant qu'il ne ferait que tendre la percher à ceux voulant lui faire payer ses agissements des vacances. Il n'avait pas d'autres choix que de se faire discret, rester silencieux et ne pas se faire remarquer, autrement dit, ce teindre les cheveux. La blondeur des Malefoy était vraiment une chose légèrement gênante pour se fondre dans le décor.
D'une main absente, il la passa sur la cicatrice qui barrait son cou tout descendant les marches. Il ne savait plus vraiment si garder le masque de l'orgueil sur son visage lui permettrait d'éviter les ennuis, il en doutait fort d'ailleurs. Il avait beau essayé de garder l'esprit fixé sur le chemin qu'il devait emprunter pour rejoindre le dortoir, la peau lisse sous ses doigts ne faisait que lui rappeler qu'il ne risquait pas d'y être accueilli comme les années précédentes.
Arrivé au bas de la tour, il s'engagea dans les couloirs dans un soupir qu'il aurait deux semaines plutôt jugé indigne de lui mais là, Drago n'en était plus à un bruit prêt. Tout cela n'avait plus vraiment de...
- Tiens, ce ne serait pas Drago.
Celui-ci s'arrêta brutalement et pivota vers les quatre personnes assisses sur les marches d'un escalier. En reconnaissant la silhouette d'Urquhart à côté de celle de Montague, Drago eut un curieux pressentiment qu'il lui ordonnait de filer d'ici en vitesse.
- Dis, tu sais quoi, on a entendu des trucs étranges pendant nos vacances, dit Urquhart en se levant. Et, personnellement, j'aimerai bien avoir plus de détails.
Il avait toujours trouvé son capitaine de Quidditch assez simplet, mais là, il n'était du tout d'humeur à lui répondre vu l'avantage numérique qu'ils avaient sur lui. Drago ne connaissait pas les deux autres, mais ils étaient assez balaises pour être assimilés à Crabbe et Goyle. Se détournant en vitesse, il commença à marcher rapidement lorsqu'il les entendit tous se lever et se mettre à le suivre.
- Eh ! Il me semble qu'on t'a posé une question ! hurla une voix par-dessus son épaule.
Et lui ne voulait pas y répondre. Sa marche commençait à se transformer en une course accélérée alors qu'il les entendait toujours à sa suite. Dans l'esprit de Drago, tout était très clair : s'arrêter c'était tout simplement accepter les problèmes qui allaient s'en suivre donc il n'allait certainement leur faire ce plaisir. Du moins, c'était avant qu'il n'heurte violemment une personne qui venait d'apparaître sur sa route.
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Playlist : Dark Night of the Soul de Philip Wesley
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- Je te cherchais.
Alors que Drago tentait en vain de se redresser tout en cherchant fébrilement sa baguette pour se défendre, le son de la voix lui fit brutalement arrêter toutes manœuvres et il leva les yeux vers son futur avec un réel soulagement. Bon sang, qu'est-ce qu'il pouvait s'aimer parfois !
Derrière lui, les quatre Serpentards s'étaient arrêtés en voyant le nouveau venu et le futur du blond leur adressa son plus beau sourire.
- Vous voulez quelque chose ? demanda-t-il candidement.
Aucune réponse, d'ailleurs le futur n'en avait pas besoin et le petit groupe les considéra un instant avant de quitter le couloir tout en leur jetant des regards tout sauf enviables. Drago se sentit littéralement s'affaisser de soulagement à l'idée de savoir qu'il n'allait pas finir bloquer dans un coin poussiéreux de Poudlard en compagnie de quatre charmants gentlemens. Du moins, ça c'était aussi avant qu'il ne sente un coup sec s'abattre sur sa tête.
- Non mais je peux savoir ce qu'il te passe par la tête ! lança sèchement son futur alors que Drago tentait tant bien que mal de s'éloigner de lui avant que ne lui vienne l'idée de le frapper à nouveau. Je te cherche depuis plus de trois heures en me demandant si tu n'avais pas fini par te faire attraper !
- J'avais besoin de réfléchir, rétorqua sombrement Drago en se massant l'arrière du crâne.
- Dans ce cas, réfléchis dans un endroit clos et non dans un couloir désert, répliqua le blond en l'attrapant par le poignet pour l'entraîner vers l'escalier.
Le jeune Serpentard ne répondit pas et se laissa docilement traîner sans dire un mot. Après tout, il fallait tout de même qu'il consente à avouer que son futur avait raison. Mais il n'appréciait pas vraiment les reproches qu'il lui faisait surtout qu'il avait trop de choses en tête pour penser clairement. Passant devant deux Poufsouffles, ces derniers se mirent presque littéralement à fuir dans l'autre sens en les apercevant, fixant apeurés le futur du blond.
En les voyant agir de la sorte, les sourcils de Drago se froncèrent soudainement et il fit aller et venir son regard entre son futur et la porte par laquelle les deux trouillards étaient partis. Il ne comprenait pas vraiment leur réaction et continua un moment à se faire traîner avant que la lumière ne se fasse soudain dans son esprit.
- Dis, toi tu n'as pas eu de problèmes depuis ton retour ? demanda Drago.
- Etant donné que j'inspire plus la peur que la haine, tous ceux que j'ai croisé ont eu tendance à m'éviter, expliqua-t-il vaguement. Ce qui est un peu normal lorsque l'on apprend que j'ai tué les deux meilleurs amis du grand Harry Potter. Mais je m'en sors mieux que toi apparemment.
Et ce n'était pas peu dire, lui au moins n'avait pas le risque de se faire attaquer au détour d'un couloir vu que tout le monde savait à peu près qu'il était bien plus doué dans la maitrise de la magie que lui ne l'était.
- Je peux te poser une question sur toi, marmonna Drago alors qu'ils arrivaient dans un long couloir sombre.
- Essaye toujours.
- Comment s'était pour toi à ton retour des vacances de Noël ?
Là, son futur s'arrêta et le lâcha. A vrai dire, il n'y avait déjà pas beaucoup de bruit mais là, le silence était total. Dans un léger sourire, le blond se tourna vers lui et haussa les épaules avant d'aller s'appuyer contre le rebord de la fenêtre.
- Que je te le dise ou non ne changera plus grand-chose maintenant, dit-il plus pour lui-même à demi-voix. Je ne crois pas qu'Harry m'en voudra de toute façon.
Et voilà que le balafré était de nouveau cité. Pas besoin qu'il soit dans le coin pour que tout le monde parle de lui, ce type était vraiment un parasite difficile à supprimer.
- Contrairement à toi, j'ai accepté la Marque, expliqua son futur en remontant à moitié sa manche pour lui montrer le tatouage qui barrait son avant bras. Et lorsque je suis revenu à Pouldard, je pense que je n'avais jamais été aussi heureux.
Drago fronça les sourcils en l'entendant. Heureux ? Comment avait-il pu être heureux après avoir été sacré chien de première classe du Seigneur des Ténèbres ? En apercevant son regard sceptique, le blond soupira comme s'il se sentait tout à coup obliger de continuer.
- Ce n'était pas du tout la même situation que celle de maintenant, poursuivit-il. Je voulais sincèrement servir Voldemort et quand je suis arrivé au château personne n'aurait eu l'idée de me tendre une embuscade.
Il avait cessé de regarder Drago pour planter son regard à l'extérieur, le visage partagé entre la dureté et une nostalgie qu'il semblait le faire rire.
- En fait, c'était tout le contraire de toi, dit-il enfin. Certains m'admiraient pour avoir le courage de travailler sous ses ordres, d'autres tentaient tout simplement de se rapprocher de moi en sachant que si Voldemort gagnait ils auraient la chance de pourvoir peut être bénéficier de quelques avantages.
- Je donnerai tout juste pour vivre ça, rétorqua Drago qui ne tenait pas du tout à sentir la rancœur de certains Serpentards contre lui.
Le futur du blond éclata soudain de rire mais il ne fallait pas que Drago se creuse la tête pour comprendre qu'il s'agissait d'un rire jaune.
- Sur le coup, c'est vrai que c'était plaisant mais maintenant que j'y réfléchis, il aurait mieux valu que je refuse, marmonna-t-il. Par orgueil et pour mon image j'ai bousillé ma vie alors ne crois pas que choisir la simplicité t'aurait rendu plus heureux. C'est vrai que sur le coup, j'ai aimé lorsque les filles venaient me voir juste pour être certaines que je ne racontai pas de mensonges pour ensuite essayer de me plaire mais franchement ce que j'ai dû faire en contre partie ne me plait guère maintenant.
- Le revers de la médaille, dit Drago en venant le rejoindre contre la fenêtre.
- On peut appeler ça comme ça, répondit son futur dans un faible sourire.
Il n'y avait pas à dire, l'ambiance était plutôt pesante d'autant plus qu'elle ne pouvait s'égayer avec les trombes d'eau qui s'abattaient à l'extérieur.
- J'aimerai juste savoir, tu peux me dire qui était Thomas pour vous, intervint soudainement Drago qui avait vaguement pensé au livre qu'il avait confié aux bons soins de Granger.
- Personne, répondit aussitôt son futur d'une voix neutre.
En l'entendant, le regard de Drago s'arrondit et il le dévisagea la bouche entrouverte. C'était tout ? Pas une petite explication et juste « personne » ? Ils l'avaient trouvé dans une poubelle ou bien tout simplement son futur avait oublié ?
- Tu peux...
- Je ne l'avais jamais vu avant, dit le blond en haussant les épaules. Harry avait décidé que te mettre face à un Moldu pourrait peut être calmer tes ardeurs pour foncer la tête baissé vers Voldemort. Il a cherché pendant un moment une personne qui conviendrait et à trouver Thomas qui avait un frère ayant été à Poudlard et qui s'intéressait particulièrement au monde des sorciers.
- Autrement dit aucun de vous ne le connaissait avant de remonter le temps, résuma Drago qui redoutait la réponse.
Son futur acquiesça et le jeune Serpentard sentit quelque chose de lourd tomber dans son estomac. Donc s'il avait bien suivi ce qu'il venait de lui dire ils avaient mis en face de lui un parfait inconnu qui aurait pu s'avérer être un tueur en série ou un malade de la pire espèce et ce, sans le moindre remord. Et puis une nouvelle lumière se fit dans son esprit lorsqu'il se rappela vaguement des paroles de Thomas lors de l'un de leur repas. Si ces souvenirs étaient exactes, il lui avait dit qu'il habitait dans le sud-ouest de l'Angleterre, donc bien loin de l'attaque qui avait eu lieu et qui avait entrainé sa mort.
- Etait-il aussi mort à votre époque ? demanda-t-il subitement.
- Qu'est-ce que j'en sais ? répliqua son futur. Si je ne le connaissais pas, je ne vois pas pourquoi je saurais s'il était encore vivant.
- Il ne t'ait pas venu à l'esprit que c'était parce que vous me l'aviez mis en face de moi pour manger qu'il s'était retrouvé dans la ville où l'attaque des Mangemorts a eu lieu ? rétorqua Drago.
- Moi j'y ai vaguement pensé mais je crois qu'Harry y a plus longuement réfléchi, avoua-t-il. Nous ne le connaissions pas avant, donc aucun de nous deux ne savaient vraiment comment il occupait son temps libre. Il peut être aussi bien mort à notre époque que vivant et jouant des maracas.
- Donc il est peut être mort à cause de votre retour dans le passé ?
- Probablement.
Se prendre une claque dans la figure, Drago ne l'avait testé d'une unique fois lors de sa troisième année grâce à Granger, mais là, le coup était d'autant plus violent qu'il était porté par un simple mot.
- Tu te rends compte de...
- Je ne suis pas stupide, rétorqua son futur. Harry et moi savions parfaitement les conséquences de notre retour dans le passé et il n'est sans doute pas le seul à en avoir subi les effets. Le temps est une chose bien effrayante lorsqu'on commence à jouer avec, nous en avons parfaitement compris cette règle.
Drago le dévisagea en silence. L'entendre dire cela était vraiment difficile à assimiler.
- Je n'arrive pas à comprendre, dit-il.
- Disons que notre vie n'est plus la même depuis qu'Harry et moi sommes revenus à Poudlard, marmonna-t-il.
- Si tu as trouvé tes vacances amusantes, alors c'est sûr que notre vie n'est plus la même, ajouta Drago en laissant son front tomber contre le carreau froid.
Son futur rit à moitié mais il n'en avait apparemment pas le cœur, son regard était sombre et sa voix monotone.
- Dis-moi, y-avait-il une petite fille ? demanda le blond en faisant de ce fait brusquement se redresser le jeune Serpentard.
- Oui, répondit-il en appréhendant malgré tout où son futur voulait en venir. Mais je n'ai rien pu faire.
En y repensant, Drago sentit son cœur se serrer. Il n'avait pas besoin de chercher bien loin pour qu'il se souvienne de la douleur qui s'en était suivi. Il ne savait pas pourquoi il avait eu cette stupide idée de s'interposer et encore moins ce qu'avait bien pu passer par sa tête. A vrai dire, il avait essayé de ne pas y penser durant les vacances mais entre espérer et le réaliser, il y avait une marge trop importante.
- Je me suis interposé mais il l'a tuée, murmura-t-il en passant à nouveau machinalement sa main sur sa cicatrice. Je n'ai rien pu faire.
A ce moment-là, Drago aurait tout voulu excepté le silence qui suivit. Il se remémora la scène en détail, son cœur s'emballant tandis que sa main contre son cou commençait à trembler. Et zut ! Il ne voulait pas avoir une nouvelle crise, encore moins devant son propre futur. Il avait réussi à se contrôler durant ces semaines mais il n'en était plus sûr à présent.
- Alors toi tu l'as protégée, marmonna soudainement son futur en fixant la fenêtre dans un regard sombre.
Le front de Drago se fronça soudain en l'entendant. Il y avait quelque chose dans sa voix et dans ses mots qu'il n'appréciait pas, comme un sous-entendu qu'il ne voulait pas connaître. Mais quelque chose dans sa conscience le poussait à ouvrir la bouche, quelque chose le forçait à prononcer des mots qu'il ne voulait pas concevoir.
- Que t'est-il arrivé ? interrogea Drago qui regrettait déjà ses paroles.
- Rien qui ne te concerne, répondit-il. Tu viens juste de me prouver que nous ne sommes pas la même personne.
- Réponds-moi, rétorqua Drago. Qu'as-tu fait ?
- Toi, tu l'as protégée, moi je l'ai tuée.
Il avait dit cela brusquement, sans insister ou tenter de refuser de répondre à nouveau. En l'entendant, Drago resta figé et muet durant un moment. Il devait s'agir d'une plaisanterie, d'une très mauvaise plaisanterie, au quel cas il ne trouvait pas ça drôle. Si son futur avant un tant soit peu d'esprit, jamais il ne lui aurait dit cela. Mais son visage était trop sérieux, son ton bien trop dur et son regard trop sombre pour qu'il puisse penser le contraire.
- Tu l'as tuée ? répéta Drago.
Il ne reçut pas de réponse tandis que son futur fixait inlassablement la fenêtre. Les poings du Serpentard se crispèrent face à son stoïcisme
- Réponds-moi ! lâcha Drago qui avait atteint son point de rupture. Tu l'as ...
- Ais-je vraiment besoin de me répéter ? coupa-t-il en se détournant de la vitre pour le regarder droit dans les yeux. Tu joues les ingénus mais tu pensais vraiment que Ron et Hermione étaient les premiers ?
Drago reçut ces mots comme une claque, mais malgré cela, sa colère était encore palpable. Ce type, il ne savait pas ce qu'il pouvait avoir dans la tête mais quelque chose n'allait pas chez lui pour avoir fait cela et surtout en parler devant lui.
- Pourquoi as-tu...
- Je n'ai pas à m'expliquer et, même si je le faisais, rien ne viendrait excuser ce que j'ai fait, intervint-il. Ne crois pas que je suis fier de ce qu'il s'est passé mais comprends que toi et moi n'avons pas vécu la même chose.
- Tu crois que ça justifie...
- Ca ne justifie rien, coupa son futur. Qu'importe la personne, le fait que je l'ai tuée ne trouvera jamais la moindre excuse. Je veux juste te faire comprendre la différence entre nous.
- Et Potter te fais confiance ? lâcha Drago. Je ne sais pas ce qui a bien pu passer par la tête de ce type mais j'aurais été à sa place, je t'aurai éliminé depuis longtemps. D'abord ses amis, puis des gosses, explique-moi comment il peut supporter ta présence ?
- C'est une affaire entre lui et moi, répondit le blond, ça ne te concerne absolument pas alors tu ferais mieux de passer sous silence ce que je viens de te dire si tu ne veux pas avoir à faire à lui. Crois-moi, le mettre de colère n'est pas vraiment la bonne solution.
Mais Drago ne l'entendait pas de cette oreille. Il n'avait jamais compris le ressentiment que Potter pouvait avoir vis-à-vis de son futur mais à présent, voir le sien l'écœurait. Il ne comprenait pas comment le blond avait pu devenir ami avec celui de Potter, c'était illogique et parfaitement en opposition avec tout ce qu'il semblait s'être passé à leur époque. Quelque chose clochait et ce sentiment ne faisait qu'être accentué par ce qu'il venait de lui dire.
- Bon, ce n'est pas que cette conversation m'ennuie mais il vaut mieux que je te raccompagne aux dortoirs, dit son futur en quittant le rebord de la fenêtre.
- Tu pourrais me répondre clair...
- Je n'ai pas à te répondre, répéta son futur. Ca ne te concerne pas.
Drago n'eut pas le temps d'ajouter quoique ce soit, son futur quittant déjà le couloir. Il savait que malgré tout ce qu'il dirait, le blond ne s'arrêterait pas pour lui répondre et ça, il ne le supportait pas. Mais que devait-il faire ? L'assommer en sachant qu'il n'avait aucune chance de réussir ? Drago était optimiste mais certainement pas à ce point. Il n'arrivait pas à comprendre son futur et ce qu'il avait bien pu penser pour faire de telles choses, se mettre à sa place était inconcevable.
Alors qu'il regagnait le dortoir, Drago était si obnubilé par le blond qu'il ne s'apercevait pas des regards des Serpentards qui se tournaient vers eux à leur passage. Ce fut dans un grand silence que son futur lui ouvrit la porte de sa chambre et il entra en détournant le regard du sien. Il n'y avait pas à dire, ils avaient tous deux rejoints la même relation que Potter entretenait avec son propre futur.
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- Tu es certain ?
- Ron, j'ai passé déjà toute l'après-midi à te le répéter, lâcha Harry en laissant tomber ses cartes. Ta mère ne s'intéresse pas à mon futur et lui non plus. Ginny l'a compris depuis plusieurs heures.
- Mais Malefoy à...
- Malefoy ! C'est Malefoy qui a dit cela, Ron ! répéta-t-il avec véhémence. Depuis quand crois-tu ses bonnes paroles ?
Ron fit une moue perplexe en posant ses propres cartes. Harry n'en pouvait plus quant à lui. Depuis qu'il avait rejoint la salle commune, le rouquin lui avait littéralement sauté dessus, autrement dit, il manquait d'oxygène depuis un moment et il n'avait eu aucun instant de répit.
- Ce n'est pas que je le crois, se défendit Ron. J'ai juste un doute sur les intentions de ton futur.
- Moi aussi mais je peux t'assurer que ta mère ne fais pas partie de ses plans, affirma-t-il.
- Je...
- Hermione ! s'exclama Harry en se levant précipitamment pour l'accueillir avec espoir alors qu'elle venait à peine de franchir le portrait. Tu ne peux pas savoir à quel point tu m'as manqué !
Tout en disant cela, il l'avait attrapé dans ses bras comme un énorme ours en peluche et cette dernière tentait en vain de s'échapper alors que Ron fronçait brusquement les sourcils.
- Toi aussi tu m'as manqué mais tu m'étouffes, dit Hermione. Je vous ais envoyé des lettres tous les deux jours !
- Et nous t'avons répondu, lâcha Ron qui vain à sa rescousse pour l'arracher à l'emprise d'Harry et la faire s'asseoir sur ses propres genoux en lançant des regards noirs à son ami.
Hermione laissa un instant sa bouche s'entrouvrir. Il comptait faire un match de Quidditch avec elle ou bien elle s'était transformée en nounours ? Placée au milieu, elle se sentait rougir comme jamais alors que Ron fusillait des yeux Harry en la tenant fermement pour marquer sa possession tandis que ce dernier la fixait avec un réel bonheur.
- Vous n'avez pas dit grand-chose dans vos lettres, bafouilla-t-elle. Comment ça s'est passé avec Malefoy ?
- Harry va se marier avec lui, lâcha Ron.
- Ron ! s'exclama-t-il en perdant son sourire.
- Quoi ? Tu as passé tes vacances avec lui en nous réveillant avec votre vacarme en plein milieu de la nuit, rétorqua Ron. Excuse-moi si ça prête à confusion.
- Racontez-moi ce qui s'est passé, intervint Hermione prise de pitié en voyant Harry ouvrir la bouche pour répondre.
Malgré la tension qui régnait entre les deux garçons, ils mirent plus d'une heure pour lui conter les évènements des vacances. Entre ce qui s'était passé au Square Grimmaurd, les commentaires de Ron et les disputes qu'Harry avait eu avec Malefoy, il y avait de quoi parler, surtout que les futurs revenaient souvent dans la conversation. Hermione avait fini par quitter les genoux de Ron et mettre son sac à côté d'elle tandis qu'Harry était retourné s'asseoir.
- Donc Malefoy n'a pas changé, conclut Hermione en fronçant ses sourcils.
- Il ne veut plus devenir le chien de Voldemort mais il est toujours notre bon vieux Malefoy, répondit Harry en baissant le ton tandis que des deuxièmes années passaient à côté d'eux. D'ailleurs, je me serais un peu inquiété qu'il avait retourné sa veste au point de devenir poli.
- Ca ne lui aurait pas fait de mal, intervint Ron qui se rappelait de tous les gestes grossiers et remarques désobligeantes auxquels il avait eu droit tout au long des vacances.
- Mais je m'inquiète un peu pour lui tout de même, marmonna Hermione en serrant ses genoux contre elle. Je l'ai croisé tout à l'heure et il n'agissait pas de la même manière que d'habitude.
Elle préférait ne pas mentionner le livre qui attendait sagement dans son sac à côté d'elle, elle connaissait trop bien Harry et Ron pour savoir qu'ils voudraient y jeter un coup d'œil. De son côté, Harry avait brusquement vu sa curiosité s'éveiller. Il ne se voyait pas non plus annoncer ce qu'il avait entendu dans le bureau de McGonagall mais la conversation lui revenait en tête. Malefoy avait de gros ennuis qui n'allaient pas s'arranger maintenant qu'il était de retour à Poudlard. Même s'il tenait d'oublier qu'il n'était plus sa nounou, il y avait quand même quelque chose d'assez inquiétant dans la situation dans laquelle le Serpentard se trouvait.
- Même si tu t'inquiètes, je ne pense pas que le surveiller soit une bonne idée, dit Ron. Avec un orgueil comme le sien, il risque de ne pas apprécier l'intention.
- Je sais, répondit Hermione dans un soupir. Mais si on ne fait rien, j'ai peur de ce qu'il pourrait lui arriver.
- Mais on ne peut rien prévoir, ajouta Harry. Je veux bien regarder de temps en temps la carte du Maraudeur mais c'est bien la seule chose je puisse faire sans qu'il ne me remarque. Non seulement on ne peut pas le suivre mais si on ne travaille pas nous aurons de gros ennuis.
Hermione acquiesça vaguement. Harry avait raison, Malefoy ne se laisserait surement pas faire, un trop haut orgueil qui ne venait en rien les aider. Cependant, elle avait du mal à accepter de devoir rester assisse à ne rien faire en sachant ce qu'il pouvait bien lui arriver.
- Les cours commencent tôt demain. Avec un peu de chance, l'un de nous aura peut être une fabuleuse idée durant la nuit, décréta Harry en se levant de son fauteuil pour s'étirer. Mais pour l'instant il vaut mieux aller dormir.
Alors que Ron approuvait, Hermione laissa un pâle sourire sur son visage.
- Ah, en fait Ron ! lança-t-elle alors qu'elle commençait à grimper les marches de la tour. Merci pour le peigne.
Le rouquin qui venait à peine de se lever rougit violemment. En le voyant, Harry manqua de peu d'éclater de rire, ce type n'était vraiment pas discret lorsqu'il s'agissait des couleurs ornant son visage.
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