Chapitre 24: Des anguilles sous le sapin.

- Potter, debout !

- Mmmm...

Harry se tourna dans son lit et serra encore un peu plus fort son oreiller contre lui. Avec un peu de chance il arriverait à attraper l'énorme Vif d'Or avant que celui-ci ne s'écrase dans le porridge.

- Eh, Potter, émerge !

Harry sursauta violemment lorsqu'il sentit quelque chose de lourd s'abattre sur son visage et il attrapa rapidement sa baguette posée sur le coin de sa table de nuit en se redressant maladroitement. Son haut de travers et ses cheveux semblant avoir vécu Hiroshima, il tenta de trouver son attaquant lorsqu'il aperçut une vague silhouette floue et blonde assisse face à lui.

- Squissepasse ? lâcha-t-il d'une voix pâteuse en reconnaissant Malefoy.

- C'est quoi ça ? interrogea sèchement Drago en pointant le pied de son lit.

Baissant les yeux, Harry ne voyait que des masses informes et finit par tâtonner sa table de chevet à la recherche de ses lunettes. Dès qu'il eut trouvé l'objet tant recherché, il se dépêcha de les mettre maladroitement sur son nez et de revenir sur le problème de Drago. Suivant le doigt de ce dernier, Harry eut comme un moment d'arrêt en se rendant compte de ce qu'il pointait.

- Ce sont des cadeaux apparemment, dit Harry en observant les quatre paquets avec autant de surprise que le Serpentard.

- C'est une blague j'espère ? lâcha-t-il en dévisageant le brun. Je n'ai certainement pas besoin de pitié venant de ta part.

- Parce que tu crois que c'est moi qui suis parti faire les magasins afin de t'emballer amoureusement tes cadeaux ? rétorqua Harry avec une pointe de sarcasme dans la voix.

Drago fronça les sourcils et baissa de nouveau les yeux aux pieds de son lit. Il y a avait donc bien quatre paquets, trois relativement petits et un dernier devant certainement lui arriver à mi-cuisse. Le blond sentit une colère gronder en lui à l'idée que ces idiots aient voulu compatir à sa situation en lui faisant croire qu'il était le bienvenu dans cette maison en phase de démolition. Il n'appréciait pas du tout le geste qu'il trouvait bien plus blessant que tout le reste.

- J'ai vraiment manqué un épisode ou quoi ? dit Harry qui s'était assis convenablement pour venir écraser sa propre pile de cadeaux néanmoins plus importantes que celle de Drago.

Cherchant dans sa mémoire, il se souvint bien que Mme Weasley lui avait demandé si cela ne le dérangeait pas ne pas recevoir ses cadeaux dans sa chambre et voilà que maintenant ils lui servaient de descente de lit. Il y avait réellement un problème. Se penchant, il attrapa le paquet coincé sous son pied et l'entrouvrit avant d'aborder une moue dépitée. C'était bien ses cadeaux de Noël, il n'avait aucun doute en voyant l'agenda venant sans aucun doute d'Hermione, il y avait vraiment des moments où elle ne savait pas le surprendre.

- Tu comptes me regarder les ouvrir ou bien tu vas le faire toi aussi, lâcha Harry en voyant que Malefoy s'était assis en s'emmitouflant dans ses couvertures.

- Je ne suis pas là pour satisfaire votre manque de pitié, répliqua Drago dans une moue dégoûtée en observant les paquets à ses pieds.

- Qui te dit qu'il s'agit de pitié ? dit Harry. Il ne t'ait pas venu à l'esprit qu'il s'agissait simplement de cadeaux ?

Des cadeaux ? Pour lui ? Potter se foutait royalement de lui, il n'y avait pas d'autres solutions. Serrant encore un peu plus fort, ses couvertures, il regarda le brun attraper ses cadeaux avec un certain entrain, en secouant cependant certain comme pour vérifier qu'il ne s'agissait pas de maracas. Potter avait vraiment un grain. Cependant, la curiosité le piquait et il commençait à sentir son regard glisser de plus en plus vers les paquets. Qui donc avait bien pu lui offrir ces cadeaux ?

Tendant le bras, il se mordit la lèvre pour ne pas lancer une remarque acerbe à Potter lorsqu'il s'aperçut que celui-ci avait laissé un sourire glisser sur ses lèvres en le voyant faire. Il était curieux, point, rien de plus et rien de moins, le balafré n'avait pas à s'imaginer des choses. Saisissant le premier paquet qui lui passa sous la main, il laissa un pâle sourire dégouté sur ses lèvres en sentant que le cadeau en question se ramollissait. Ce fut le plus prudemment du monde qu'il entrouvrit le papier grisâtre et il laissa sa bouche s'entrouvrir.

- C'est quoi, un paillasson ? lâcha Drago en sortant le morceau de tissus qu'il tendit face à lui en en saisissant les extrémités.

- Non, c'est un pull, Malefoy, rectifia Harry en levant les yeux vers lui. Communément, ça se porte en hiver pour tenir chaud. Mme Weasley en fait un à tout le monde chaque année, je crois même que Lupin en a eu le droit ainsi que les futurs.

Drago laissa à nouveau ses yeux tomber sur le pull en question et il haussa les sourcils. Non, Potter avait faux, c'était bien un paillasson, peu importe sous quel angle il le regardait. Posant prudemment la chose en question à côté de lui tout en faisant en sorte de mettre la plus grande distance entre lui et celle-ci, il attrapa un second paquet avec l'espoir que ce ne serait pas encore quelque chose pour décorer une maison qu'il n'aurait pas. Heureusement pour lui, ce ne fut pas le cas, mais il sentit tout de même le peu de sourire qu'il avait disparaître. Il s'agit d'un album photo avec intitulé par de gros caractères : « Une fouine à Poudlard ». A peine tourna-t-il les premières pages qu'il le referma aussitôt, n'aimant du tout la blague de mauvais goût des jumeaux Weasley.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Harry en le voyant tirer une mine abominable.

- Occupe toi de tes affaires, rétorqua sèchement Drago en faisant bien en sorte de recouvrir l'album en question du paillasson pour que Potter ne voit pas la photo de couverture qui le représentait lorsqu'il avait été métamorphosé en fouine par ce cinglé de Fol-Œil et également la quatrième de couverture où on le voyait dans une situation plus que gênante.

Noël, joyeux Noël ! Il y avait une chose qui était sûr, il n'allait certainement pas l'oublier de si tôt ce fameux Noël. Tentant de garder son calme, il se pencha à nouveau et attrapa le plus petit de tous les paquets qu'il avait reçu mais aussi le plus fin. « Pour moi ». Drago haussa un sourcil. Quelle délicate attention de la part de son futur, cependant le blond avait un très mauvais pressentiment. Prudemment, il ouvrit le cadeau et se retint de ne pas éclater de rire. Sa baguette, son futur lui offrait sa propre baguette.

Mais étrangement, Drago avait totalement oublié sa baguette depuis ces derniers jours. Lui qui avait sans cesse répéter à Potter qu'il était un sorcier et non une femme de ménage, il en avait totalement omis ce qui lui donnait ce statut. Caressant du bout de doigts le morceau de bois, il eut comme une certaine nostalgie durant quelques secondes... jusqu'à ce que le cri de Potter à côté de lui le fasse brusquement quitter sa léthargie.

- C'est quoi ça ? ! s'exclama Drago en le voyant secouer énergiquement sa main droite où une chose semblait vouloir désespérément rester accrocher.

- Le cadeau... d'Hagrid, parvint à dire Harry en saisissant le porte monnaie fermement pour le forcer à ce qu'il le lâche. Modèle garantissant une meilleure sécurité... surement pas pour moi !

Il aimait beaucoup Hagrid mais, sincèrement, il n'allait surement pas se vexer s'il ne lui envoyait pas de cadeau de Noël. Il tenait encore à pouvoir se servir de sa main. Harry eut un profond soupir de soulagement lorsqu'il parvint enfin à desserrer la mâchoire du porte monnaie qui ressemblait plutôt à un petit ours miniature. A noter pour lui-même, il fallait qu'il le mette exactement au même endroit que son Monstrueux livre des Monstres et son ancien porte-monnaie qu'il lui avait déjà offert, autrement dit bouclé dans une malle étroite avec poids à l'appui.

- Aucun commentaire, lâcha Harry en le voyant se retenir d'éclater de rire.

Oh, jamais il n'oserait... Enfin si, il allait oser. Remontant ses draps jusqu'à sa bouche, il éclata de rire alors qu'il sentait le regard émeraude de Potter sur lui, prêt à le foudroyer sur place. Il ne pouvait pas se retenir. La simple idée de voir ce gros balourd emballer amoureusement ce monstre pour Saint Potter était affreusement ridicule. Essuyant les larmes de joie qui coulaient sur ses joues, il tendit aveuglément son bras vers le dernier cadeau et en tira le nœud avec négligence... avant de brutalement s'arrêter et de considérer le présent la bouche béate.

Il s'agissait d'une immense cloche à dessert constituée de plusieurs plateaux. Sur chacun de ces derniers, il y avait une multitude de pâtisseries, de confiseries et de sucreries en tous genres. La réunion de tous ces éléments créaient un éventail de couleurs incroyablement pétillant alors que la crème et le chocolat luisaient de manière plus qu'appétissante. Ce n'était pas une petite boîte de friandises mais un véritable buffet aux raffinements des plus marquées.

- Qui t'as offert ça ? demanda Harry tout aussi stupéfait de l'amoncellement de nourriture qui aurait fait pâlir Ron.

Drago se pencha et se mit à chercher une quelconque carte dans l'amas de papier cadeau. Sentant un bout de carton sous ses doigts, il laissa ses yeux en parcourir les lignes et fut encore un peu plus abasourdi lorsqu'il en lut les lignes. « Au jeune Maître Malefoy, de la part de Kreattur. »

- L'elfe, dit Drago les yeux ronds en fixant Harry sans comprendre. C'est ton elfe complètement cinglé qui m'a offert ça.

Cette fois-ci, ce fut au tour de Harry de laisser sa bouche s'entrouvrir. Dans un mouvement mécanique, il se tourna vers son propre cadeau : une vieille paire de chaussettes moisies avec de larges trous. Là, Harry avait réellement reçu un sérieux coup à son égo. Il avait compris que Kreattur appréciait Malefoy, mais à ce point, il ne s'en serait jamais douté. Vu le nombre de pâtisseries qu'il y avait devant eux, l'elfe avait surement dû y passer la journée entière sans compter qu'il n'avait pas pu avoir accès à la cuisine vu que Mme Weasley la monopolisait déjà depuis deux jours.

- Tu me le donnes ? interrogea Drago en considérant chacun des plateaux tandis que son ventre se mettait à gargouiller d'une étrange manière. Tu n'as l'air de l'aimé et lui non plus, je te ferai un cadeau en t'en débarrassant.

- Même si j'en avais envie, Malefoy, je ne pourrai pas alors cesse de saliver et laisse Kreattur tranquille, lâcha Harry qui au fond était profondément blessé de la demande du Serpentard. Ce n'est pas un objet.

- C'est un elfe, Potter, fit remarquer Drago en levant les yeux lui. Je ne vois pas en quoi cela fait une très grande différence.

- Ca se voit que tu ne côtoies pas Hermione tous les jours, dit Harry en attrapant tous ses paquets cadeaux pour en faire une boule compacte. Pour ta survie, je te conseille de ne même pas mentionner notre conversation devant elle.

Le blond haussa un sourcil. Elle avait quoi la Sang-de-Bourbe ? Encore une adhérente aux causes désespérées et totalement farfelues. Drago avait vaguement entendu qu'un mouvement était né à Poudlard pour défendre le droit des elfes, leur salaire... enfin bref, des trucs sans queue ni tête auquel personne n'accordait le moindre intérêt.

- Bon, soit tu manges le fabuleux festin de Kreattur, soit tu descends prendre un petit-déjeuner équilibré, lança Harry en sautant sur ses pieds après avoir fait des petits tas avec ses cadeaux, celui de l'elfe constituant en réalité le centre de la boule de papier dans sa main qu'il allait s'empresser de mettre à la poubelle. Tu me suis ?

Question cruciale. Drago devait-il mangé de la nourriture préparé par un elfe totalement taré ou bien celle de la mère de la belette ? Au fond de lui, il préféra choisir la solution la plus sage et la plus censée et se leva à contre cœur malgré le fait que ces yeux restaient inextricablement attachés à la montagne de pâtisseries. De la torture, voilà ce que c'était, rien d'autre que de la torture.

°o0O0o°°o0O0o°°o0O0o°°o0O0o°°o0O0o°°o0O0o°°o0O0o°°o0O0o°

- Tu n'aurais pas du m'offrir ça, Harry, marmonna sombrement Ron en trempant mollement son pain dans son bol. Je...

- Ce ne sont rien d'autres que des signatures, Ron, répliqua Harry en haussant les épaules. Il n'y a pas de quoi en faire tout un plat.

- Que des signatures ! s'insurgea le rouquin en faisant tomber sa tartine dans son bol. Ce sont les autographes de toute l'équipe des Canons de Chudley, as-tu seulement l'idée du prix que ça coute ? !

- Surement pas grand-chose, dit Drago qui beurrait minutieusement son pain.

- Je t'assure, Ron, le prix n'est pas un problème, dit précipitamment Harry alors que ce dernier foudroyait le Serpentard du regard. Tout ce qui compte c'est que le cadeau t'ait plu.

- Mouais, mais je me sens un peu ridicule avec ce livre sur les tactiques de Quidditch, lâcha-t-il en se laissant retomber sur sa chaise.

- Au contraire, il sera grandement utile, contredit aussitôt le brun afin d'éviter de voir son ami tomber dans une profonde dépression.

Dans la cuisine, ils n'étaient que quatre : Drago, Harry, Ron et Mme Weasley. Un petit comité, certes, mais où seul les deux Gryffondors animaient la pièce, la mère de Ron semblant passablement très concentrée dans un de ses livres de recettes tout en marmonnant formules sur formules.

- Et finalement, tu lui as offert quoi à Hermione ? demanda Harry en se souvenant de la tentative d'assassinat de son ami à son encontre tout en espérant lui faire changer de sujet.

- Un peigne

La réaction de Drago fut immédiate et celui-ci recracha littéralement tout ce qu'il avait dans la bouche en s'étranglant de rire alors qu'Harry et Mme Weasley avaient soudainement braqués leurs regards sur le rouquin pour le dévisager incrédule. Non... il n'avait pas pu oser faire ça ? Harry ne pouvait pas le croire, c'était une très mauvaise blague ou bien l'humour de Ron commençait à s'effriter au bout de quelques années de bons et loyaux services.

- Ronald, tu lui as offert un peigne ? répéta Mme Weasley d'une voix sèche.

- Oui, pourquoi vous... ah, je crois qu'il y a un malentendu, marmonna-t-il en sentant le regard incendiaire de sa mère lui brûler la peau. Ce n'est pas un peigne juste pour se peigner. Il y a pleins d'ornements, il est très jolie avec pleins de gravures et d'après ce que m'a dit le vendeur, c'est parfait pour se faire de beaux chignons.

Pendant son explication, il avait pris différents éléments de la table avant de les disposer face à lui pour constituer ce qui semblait être une réplique du peigne en morceau de pain, de fruits et de bacon. Drago était quant à lui époustouflé par la richesse du vocabulaire de Weasley : jolie, beau... Rien de tel pour se faire une représentation précise de l'objet avec en guise de dents des morceaux de mies.

- Elle a dit que les garçons ne savent pas vraiment choisir et puis qu'il n'y avait que les filles superficielles qui aiment les bijoux alors j'ai pensé que ça lui plairait puisque c'est pour s'attacher les cheveux, bafouilla Ron en guise d'explication en récupérant sa cuillère qui avait servi en guise de structures à son « peigne ».

- Tu as fait le bon choix, assura Harry en lui tapant amicalement dans le dos tout en faisant signe à Malefoy qu'il ne valait mieux pas qu'il dise quoique ce soit.

- Tu aurais pu demander conseil à Ginny pour... commença Mme Weasley.

La porte de la cuisine s'ouvrit soudain, laissant apparaître le futur de Drago qui baillait largement, les cheveux légèrement en désordre alors que sa chemise était largement ouverte, chose affreusement inutile lorsque l'on savait que le chauffage n'était pas vraiment très efficace dans la maison. S'étirant tout en marchant, il referma brusquement sa bouche en les voyant assis à la table en train de le dévisager.

- Je pensais pas qu'il y aurait quelqu'un ici à cette heure là, dit-il en jetant un coup d'œil à la pendule.

Neuf heure vingt-sept. Bon, d'accord, il n'était non plus très tôt. Il devait vraiment admettre qu'il avait désormais un sérieux problème avec l'heure, Harry avait raison. Continuant son petit bonhomme de chemin, il s'assit à la table avant de se servir dans l'empilement de tartines grillées. Cependant, le blond se sentait vraiment épié et n'aurait eu aucuns problèmes à se faire comparer à un animal de foire.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda Harry. Depuis quand l'un de vous deux descend pour prendre un petit-déjeuner dans la cuisine ?

- C'est Noël aujourd'hui, tous les miracles sont possibles ! s'exclama le futur de Drago avant de mordre sa tartine dans un sourire.

- Parle plus tôt de cauchemars, maugréa le Serpentard à côté de lui.

Son futur haussa les épaules face à sa réflexion.

- J'ai donné son cadeau à Ryry, maintenant il est en train de dormir donc je ne préfère pas le réveiller, expliqua-t-il en se servant du beurre. Il peut être de très mauvaise compagnie lorsqu'il est réveillé de force.

Harry haussa les sourcils avant de pivoter vers Ron. Apparemment, ils se demandaient tous deux ce qu'avaient bien offrir le blond à son lui futur pour que ce dernier dorme comme un loir deux étages plus hauts. En chœur, ils pivotèrent vers leur Malefoy comme si le simple fait de le fixer suffirait à révéler ce qui se tramerait dans sa petite tête blonde dans quelques années. En fait, Harry n'avait même pas à concevoir qu'il pourrait recevoir quelque chose de lui, il y avait une impression de conte de fée irréalisable.

- Quoiqu'il en soit, dit le blond en prenant une tasse et la cafetière. Soyez debout et près demain à partir à 8h00 tous les deux.

D'une main absente, il avait désigné Harry et Drago de sa tartine qu'il vint par la suite trempée dans son café. Ces deux derniers se dévisagèrent mutuellement sans comprendre. Où devaient-ils partirent, pourquoi, et avec qui ?

- Où comptez-vous les emmener ? interrogea Mme Weasley en posant définitivement son livre de cuisine.

- Sur le chemin de Traverse, répondit simplement le futur en grimaçant légèrement à sa première gorgée de café, ajoutant de ce fait dans sa tasse une quantité assez conséquente de lait. Mon petit moi ne peut pas retourner à Poudlard sans de quoi suivre les cours et s'habiller.

- Je ne retournerai pas à Poudlard.

Drago avait dit ces mots d'une voix sèche, fixant son futur durement et sans comprendre d'où lui venait cette idée aussi stupide et naïve. Ils l'avaient torturé, humilié et presque tué, jamais il ne pourrait remettre un pied chez les Serpentards sans être lynché dès l'entrée. Reprendre une vie normale tout en faisant semblant qu'il ne s'était absolument rien passé était ridicule et surtout incroyablement utopique, lui-même ne risquait certainement pas de l'oublier. Et son futur pensait qu'il allait revenir au château la bouche en cœur ? Quel crétin ! Bien qu'il n'ait pas encore pensé à ce qu'il allait faire, cette solution ne pouvait certainement pas figurer sur sa liste.

- Tu dois y retourner, rétorqua le futur du blond en se servant d'autres tartines.

- En quel honneur tu crois pouvoir décider à ma place ? lâcha Drago. Tu as beau être mon supposé "futur", je ne pense pas que tu puisses concevoir ma situation.

- Je la comprends et c'est pour cela que tu dois y retourner, répondit le blond. A Poudlard, tu seras en sécurité alors que dehors, je ne te donne même pas un jour avant de te faire attraper. Il ne s'agit pas seulement de toi, beaucoup de choses en dépend et tu devrais y réfléchir à deux fois avant de dire que tu refuses d'aller à Poudlard.

Il avait dit cela calmement, sans regarder son passé, beurrant tranquillement ses tartines. Levant finalement les yeux sur Drago, il haussa les sourcils comme s'il s'attendait à une réaction ou une réponse de sa part.

- Pourquoi ais-je l'impression que le destin du monde repose sur mes épaules lorsque tu me dis cela ? demanda Drago un poil sarcastique.

- Parce que tu as les chevilles de Merlin, répondit le blond dans un grand sourire.

Harry n'appréciait pas du tout son humour, de même que le Serpentard qui se retenait de ne pas lancer le contenu de son bol au visage de son futur. Le fait qu'il retourne oui ou non au château relevait seulement de son propre choix et non de l'influence d'évènements extérieurs.

- Même si vous comptez lui refaire sa garde-robe, je ne vois pas pourquoi je dois venir avec vous, intervint Harry pour mettre fin au silence quelque peu pesant régnant dans la pièce. Je ne suis pas sa nounou.

- Tu dois venir pour deux raisons, l'une étant que toi aussi tu as intérêt à changer le contenu de ton armoire.

- En quel honneur ? répliqua-t-il.

- En l'honneur que tu ressembles à un sac à patate sachant marcher, répondit le blond tout en finissant sa dernière tartine.

Harry eut un moment d'arrêt alors que Drago éclatait de rire. Vexé ? Le mot était un peu faible pour exprimer ce qu'il ressentait. Sa seule envie était d'assommer le futur du blond et l'enterrer dans la fosse commune la plus proche. Serrant sa cuillère dans sa main, il sentit son sourire se crisper en entendant Ron se retenir de ne pas céder à son envie de se moquer ouvertement de lui. Mais le pire était surtout le Serpentard qui pleurait littéralement de rire en frappant son poing sur la table. Calme Harry... Après tout, ce n'était pas de sa faute s'il avait récupérer tous les vêtements usagés de son cousin. Cependant le petit Serpentard commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs.

- Je te ferai remarquer que tu portes mes affaires, la fouine, lâcha Harry d'une voix glaciale qui mortifia littéralement Drago.

Il avait légèrement omis ce détail, autrement dit, il n'avait pas plus de prestige qu'un sac à patate que Potter. En effet, en riant, il se moquait aussi de lui-même, une ironie qu'il n'appréciait pas du tout.

- Le fait que vous vouliez remplir leur armoire est un geste très noble mais j'aimerai savoir si vous avez l'autorisation de quitter le Square Grimmaurd ? intervint Mme Weasley en tentant de percer à jour le blond qui releva brusquement la tête de sa tasse. Vous êtes arrivés du futur et en plus vous comptez aller vous balader librement dans Londres alors que nous savons tous que Vous-Savez-Qui à des espions un peu partout. Pour moi, si ce n'est pas du suicide, je ne vois pas ce que ça peut être d'autre.

- Ne vous inquiétez pas, tout a été arrangé, certifia-t-il.

- Quand ?

- A un moment.

- Précisément ?

- Il n'y a pas longtemps.

- En fait, vous n'avez pas demandé à Dumbledore ?

- Non.

Au moins, cela avait le mérite d'être clair. Alors que le futur de Drago finissait sa tasse sous le regard outragé de Mme Weasley, Harry sentit flotter dans l'air comme les prémisses d'une tempête. Et puis, d'une certaine manière, il ne fallait pas s'attendre à autre chose vu ce qu'il avait dit.

- Il est hors de question que vous...commença Mme Weasley.

- Ecoutez, coupa le blond en posant définitivement sa tasse à présent vide. Il n'y a aucun problème et je vous assure qu'ils seront tous les deux en sécurité avec nous avec tous les dispositifs nécessaires pour que personne ne se rende compte que nous sommes leur futur. Ils reviendront en un seul morceau avec en prime de quoi s'habiller correctement donc pour le moment, je vais remonter voir ma Belle au bois dormant avant qu'elle ne se réveille.

A peine avait-il finit sa phrase qu'il se levait, attrapant deux/trois fruits sur la table et deux tartines qu'il fourra dans une serviette. Harry se retint de ne pas hurler lorsqu'il le vit lui prendre le pancake soigneusement préparé de devant lui et le mettre avec le reste de ses réserves.

- Ne t'inquiète pas, ce n'est pas pour moi mais pour toi, répondit-il en voyant le regard assassin qu'Harry lui portait.

Lui ? Le Gryffondor fronça brusquement les sourcils. Ces jeux de mots, il pouvait les garder, Harry savait pertinemment que ce n'était pas son estomac qui allait accueillir le succulent pancake mais son futur qui était en train de roupiller quelques étages plus haut.

- Demain, 8h00 dans le hall, lâcha le futur du blond en se dirigeant vers la porte de la cuisine. Vous avez intérêt à y être ou j'irais moi-même vous chercher.

La bouche de Drago s'entrouvrit légèrement pour ajouter quelque chose mais il n'en eut pas l'occasion, la porte se refermant déjà sur lui. Pivotant vers Harry, ils eurent tous deux la même pensée dès que leur regard se croisèrent : dans quels problèmes ces deux idiots allaient encore les conduire ?

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top