Chapitre 2: Passé regarde et ne ferme pas les yeux.
Le blond tendit sa main au brun qui était à terre et celui-ci la saisit sans une once d'hésitation pour se relever et considérer avec stupeur ce qui se passait autour de lui. Ce n'était pas possible, c'était un rêve ou bien un cauchemar, l'un ou l'autre mais en aucun cas la réalité.
- Lâchez vos baguettes !
Pivotant en cœur sur leur gauche, ils considérèrent les visages face à eux avec encore un peu plus de stupeur, si c'était possible. Le brun sentit une boule lui nouer la gorge lorsqu'il croisa le regard bleu du vieil homme face à lui.
- Je vous ai dit de lâcher vos baguettes ! hurla Rogue aux côtés de Dumbledore en pointant la sienne droit sur eux de même que la demi-douzaine de professeurs également présent.
- Attendez ! lança précipitamment le blond en mettant les mains au niveau de sa tête. On n'a rien avoir dans cette histoire et...
- Faites ce que je vous dis ! répliqua Rogue.
- Mais nous...
- Fais ce qu'il dit, coupa le brun en lâchant sa baguette.
Le dévisageant un instant, le blond fit aller son regard entre ce dernier et le barrage que formaient les professeurs face à eux avant de finalement lâcher sa baguette en marmonnant un juron.
- Accio baguettes, lança Rogue.
Alors que ces dernières venaient rejoindre le creux de sa main, Severus ne quittait pas un instant des yeux les intrus. C'était quoi ce fatras ? Une farce ? Si c'était le cas, il attraperait les coupables et ne se retiendrait pas pour leur infliger lui-même leur traitement adéquat. Comment se faisait-il qu'il avait l'impression de les connaître parfaitement ? Ils ressemblaient traits pour traits à ce morveux de Potter et à Malefoy exeptés à quelques détails près. C'était à la fois désarmant et étrange et il n'arrivait pas à analyser clairement la situation pour vraiment savoir quoi faire.
- Incarcerem, murmura-t-il.
Aussitôt, des cordes surgies de nulle part vinrent s'enrouler autour du brun et du blond, entravant leurs mouvements. Mais ce ne fut pas le seul sortilège lancé. Un dôme se créa et ils se retrouvèrent emprisonner en son sein, ses parois semblant être parcouru d'un champ les repoussant s'il leur venait l'idée de vouloir l'abattre à coup de pieds ou de coudes. Severus considéra un court instant Dumbledore qui était la source du sortilège.
Si les professeurs étaient tous en parfait état, c'était grâce à lui. Son sort de protection avait été lancé un court instant avant l'explosion mais n'avait pas eu le temps de gagner le reste de la salle, seulement les quatre élèves les plus proches de la table des professeurs. Cependant, la force avait été telle qu'ils avaient également senti le souffle de l'explosion derrière la barrière ayant été levée et avaient considéré avec appréhension les silhouettes qui étaient apparues face à eux.
- Qui êtes-vous ? lança-t-il à l'encontre de ces intrus en se détournant de Dumbledore.
Tous deux le regardèrent en haussant les sourcils avant de se tourner l'un vers l'autre. Etait-ce bien sage de le dire ? Et puis, était-ce vraiment utile ? Le blond fit un signe négatif de la tête mais il en était tout autre pour le brun. Ils étaient déjà ici, avouer l'inévitable ne changerait pas grand-chose à présent et, au contraire, ferait avancer la situation de manière plus que conséquente. Voyant que le brun ne semblait pas vouloir suivre sa ligne de conduite, il jura une nouvelle fois mais ce fut le signe qui montra au brun qu'il pouvait parler sans prendre le risque de se faire assommer.
- Harry Potter, dit-il en fixant ses yeux verts dans l'obscurité de ceux de Rogue.
- Drago Malefoy, minauda le second à contre cœur.
Severus eut une sorte de rictus et les dévisagea intensément dans un sourire amusé.
- Très drôle, dit-il. Mais plus sérieusement, dites-moi exactement qui vous êtes, ajouta-t-il en s'avançait d'un pas, maintenant encore un peu plus fermement sa baguette entre ses doigts.
- Mais on vient de vous le dire ! s'exclama Drago alors qu'Harry avait ouvert la bouche pour ajouter quelque chose.
- Je ne vous...
- Severus, nous chercherons à savoir qui ils sont exactement plus tard, coupa Dumbledore.
Voulant contester, il se reprit vite en sentant les yeux de glace du directeur poser sur lui.
- Mlle Madley, lança Dumbledore à l'un des quatre élèves ayant réussi à échapper au cataclysme et appartenant en grande majorité aux Poufsouffles. Montez à l'infirmerie me chercher Mme Pomfresh et dites-lui de prévenir et d'également faire venir des médicomages de St Mangouste.
Cette dernière regarda un instant son directeur totalement déboussolée mais, sous les yeux de tous ses professeurs, elle sortit en courant de la Grande Salle entièrement dévastée.
- Minerva, Severus et Septima occupez-vous des blessés graves et préparez une salle. Les autres, commencez à dégager les élèves maintenant.
Tous acquiescèrent et Dumbledore se tourna vers le centre de la salle, ou plutôt, vers le capharnaüm qu'elle était à présent. Pointant sa baguette sur sa gorge, il murmura : Sonorus.
- A tous les élèves qui sont en mesure de se déplacer et n'ayant que des blessures superficielles, lança-t-il, sa voix emplissant entièrement l'enceinte de la salle. Aidez à dégager les autres et faites en sorte de ne rien faire qui pourrait aggraver leurs blessures.
Sous le dôme, Drago regarda Dumbledore achever sa tirade avant de le voir dévaler les marches pour également porter secours à ses élèves. Jurant encore et toujours, il tenta de se libérer mais les cordes ne semblaient pas vouloir bouger d'un pouce.
- Et nous ont fait quoi pendant qu'eux s'amusent ? cracha-t-il en tirant encore et toujours un peu plus sur ses liens.
- Calme-toi, murmura Harry qui regardait calmement autour de lui des élèves se relever difficilement.
- Pour quelqu'un qui pourrait facilement sortir d'ici je te trouve bien trop calme toi ! rétorqua froidement Drago en lui jetant un regard noir. Et puis d'ailleurs, pourquoi tu ne le fais pas ?
- Se libérer n'est pas un problème mais nous n'avons pas de baguette, dit-il en levant les yeux au ciel.
- Une baguette ? répéta Drago tout en le dévisageant d'un sourire moqueur. Depuis quand tu as besoin d'une baguette pour faire ça maintenant ?
- Je peux nous libérer mais sans baguette je me vois mal faire face à Dumbledore, répliqua Harry.
- Tu es au même nivea...
- Figure-toi que je n'ai jamais vérifié, coupa sèchement Harry.
En voyant les yeux émeraudes de ce dernier devenir si sombre, Drago préféra se taire. Il sentit brusquement ses entrailles se serrer et préféra se détourner du brun. Il y avait vraiment des choses dans lesquels il n'était pas doué.
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Des personnes commençaient à s'agiter dans la salle, certaine s'éveillant à peine et réalisant se qui se passait autour d'eux. C'était le cas pour une brune sur laquelle un grand rouquin était étalé. Ouvrant les paupières, elle sentit une douleur lancinante percée dans son crâne mais, nulle part ailleurs, il y avait cette même sensation. Elle était intacte, choquée oui, à moitié assommée oui mais intacte et sans blessure. Posant sa main, sur l'épaule de Ron, elle le secoua légèrement alors que son cœur se serrait à l'idée qu'il ne lui réponde pas.
Dans un grognement, le rouquin redressa la tête et roula sur le côté avant de se recroqueviller et serrer son poignet gauche contre lui. Hermione se redressa brutalement et se traîna à ses côtés pour être à son niveau.
- Tu es blessé ? lança-t-elle totalement désemparée en le voyant serrer les dents.
- Une foulure je crois, marmonna-t-il, ou bien il est cassé, je ne sais pas du tout.
- Laisse-moi faire.
Sortant sa baguette de sa poche (elle eut un soupir de soulagement en constatant qu'elle aussi était intacte), elle en pointa le bout sur le poignet blessé et murmura : Ferula. Alors que l'attelle et les bandages se mettaient en place, elle vérifia tout de même si le jeune homme n'avait aucune autre blessure.
- Je vais bien Hermione, la rassura-t-il en se redressant à moitié. Je ne suis pas... Ginny !
Il venait d'apercevoir sa sœur à terre, inconsciente et du sang coulant de sa tempe. Se précipitant sur elle, il voulut la retourner lorsqu'Hermione lui saisit brutalement les bras pour l'empêcher.
- Il ne faut surtout pas la toucher, tu ne ferais qu'empirer son état si elle a quelque chose de grave ! lui lança-t-elle alors qu'il se débattait pour essayer d'atteindre sa sœur.
Il s'arrêta brutalement et fit signe à Hermione qu'il avait compris. Lâchant sa prise, elle regarda Ron tendre lentement sa main vers le cou de sa sœur. Elle le vit laisser échapper un bref sourire de soulagement et elle-même se sentit plus légère. Ginny était vivante, c'était une bonne nouvelle, mais il fallait cependant ne pas la toucher avant l'arriver des Médicomages.
- Bouge saloperie...
Hermione entraperçut le banc près d'elle remuer un instant et elle cria à moitié en voyant Harry coincé sous ce dernier. Ce n'était pas vraiment son ami qui l'avait fait crier, mais plutôt sur la partie de son corps que ces yeux avaient croisée en premier. Elle voyait l'os de la jambe droite de ce dernier apparaître au travers de son pantalon alors que son sang coulait en abondance.
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Entendant un cri sur sa gauche, Drago cessa de ruminer silencieusement et posa ses yeux sur Hermione qui tirait brusquement Ron pour l'aider. La bouche légèrement entrouverte, il donna un coup de coude à l'aveugle derrière lui, touchant le brun entre les côtes.
- Je crois que t'as un problème.
Harry haussa les sourcils et suivit son regard pour les poser sur... lui-même. C'était étrange, vraiment très étrange de se voir essayer de se libérer avec les os d'une jambe voulant se carapater gaiement hors de son corps. Comment était-ce seulement possible ? Il considéra Ron et Hermione sans vraiment les voir, trop occupé à savoir si son « lui » allait pouvoir garder sa jambe. Enlevant le banc, ils aidèrent son autre lui à s'allonger au sol alors que ce dernier poussa un cri dès que son membre bougea.
- Professeur, on a besoin d'aide ! s'exclama Hermione en voyant Dumbledore à quelques mètres d'eux.
Observant le directeur se précipiter sur son autre, Harry laissa son regard virer sur Drago à ses côtés. Ce dernier fixait également la scène, effaré, cherchant à relier les bouts pour comprendre ce qui leur arrivait. Au fond, il n'y avait qu'une seule explication mais ils se refusaient tous deux à l'admettre. Tout d'abord car c'était impossible, enfin, pas à une telle échelle, et ensuite parce qu'ils n'avaient strictement rien fait pour arriver à ce résultat. Ils se fixèrent un moment comme pour essayer de trouver une échappatoire mais c'était impossible. Le brun laissa ses yeux retomber sur son autre lui qui bénéficiait des soins de Dumbledore et respira profondément.
- S'il arrive quelque chose à nos passés j'imagine nous en serons directement touchés, murmura-t-il.
- Je ne tiens pas à rentrer dans des débats de métaphysiques ou je ne sais quoi encore, répliqua sèchement Drago.
Tirant encore un peu plus furieusement sur ses liens, il maudit Severus du plus profond de son âme pour l'avoir immobilisé ainsi. Il détestait rester en simple observateur et être maintenu comme un prisonnier, il détestait cela à tel point qu'il était à présent dans une colère froide que le brun à ses côtés n'avait aucune peine à ressentir. Espérant fuir cette aura meurtrière, il reporta son regard sur sa droite dans un soupir. Il avait un sale caractère, ça, Harry ne l'avait jamais nié et devait le supporter cependant il...
- C'est quoi ce bordel, lança-t-il brusquement en attirant l'attention de Drago qui pivota pour le dévisager.
- Je peux savoir qu'est-ce qui te pre...
Drago se tut soudain en constatant ce qu'Harry regardait avec tant d'effroi. Si sur leur gauche, les élèves commençaient à s'activer et que les soins commençaient à être donnés, la droite était beaucoup moins organisée. Certes, il y avait du mouvement aux extrémités de la salle mais, face à eux, il n'y avait justement aucun mouvement. Plusieurs élèves étaient inconscients, étalés à terre plus ou moins blessés et aucun ne paraissaient vouloir reprendre conscience. La plupart portaient des uniformes de Serpentard, d'autres de Serdaigle sans pour autant avoir des traces nettes de blessure.
Non, ce qui avait fait réagir Harry, c'était l'élève de Serpentard en face de lui. Drago n'avait eu le temps de croiser son regard qu'un court instant avant d'être interpellé par Rogue et n'avait pas fait attention. Mais, à présent, il voyait sans mal l'énorme flaque de sang qui s'élargissait de plus en plus sur le sol. Il voyait sans mal son propre visage évanoui où du sang s'écoulait en abondance d'entre ses lèvres. Il voyait également sans mal ces gouttes tomber le long de l'uniforme pour venir se joindre au flot qui sortait de l'abdomen transpercé de part en part.
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Playlist : Preparation de Pandora Hearts OST
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- De l'aide ! lança Drago d'une voix tremblante mais néanmoins moins forte sans pour autant quitter des yeux son lui.
Il n'y eut aucun mouvement à leur encontre.
- Il faut de l'aide ! s'exclama-t-il en se retournant.
De nouveau, personne ne bougea le petit doigt. Il avait juste fait lever des regards affolés sur eux qui s'étaient immédiatement remis au travail.
- Putain retournez-vous et allez m'aider ! hurla-t-il à pleins poumons.
Cette fois-ci, tous les regards vinrent se planter sur eux et il croisa les yeux d'Hermione.
- Professeur, marmonna-t-elle en se tournant vers Dumbledore, pourquoi est-ce qu'il...
- Pas moi imbécile ! coupa Drago en lui faisant un signe de la tête pour qu'elle regarde ce qui se passait derrière lui. Si vous ne vous dépêchez pas il va...
- Je crois qu'on n'a pas le temps d'expliquer, lâcha Harry qui n'avait pas cessé de fixer le jeune Serpentard qui se vidait toujours de son sang.
Dans un bruissement, des étincelles vinrent soudain ronger les cordes qui l'immobilisaient et il cassa ses liens avant de mettre sa main droite en avant. Le dôme éclata dans un immense fracas et il s'élança vers le mourant. Sa course s'arrêta nette lorsque des chaînes vinrent s'enrouler autour de ses pieds avant de pénétrer dans le sol et de l'y maintenir. Regardant comme il pouvait par-dessus son épaule, il vit la baguette de Dumbledore pointée droit sur lui.
- Comment avez-vous..., marmonna le directeur.
- Oh mon dieu ! s'exclama Hermione en se levant précipitamment.
Maintenant que le dôme n'était plus là ainsi que sa légère opacité, elle apercevait la cause de toute cette agitation et considéra Malefoy face à elle, empalé, perdant tout ce qu'il lui restait de sang.
- Minerva, hurla Dumbledore alors qu'Hermione était déjà auprès du Serpentard, occupez-vous de Harry et vous M. Weasley, restez avec lui ! Severus, venez avec moi !
Enchaîné au sol alors que le dôme venait de se reformer, il cessa de se débattre lorsqu'il vit enfin les professeurs encercler Drago pour l'aider à le sortir de là et le soigner. Il n'avait plus vraiment besoin de se libérer maintenant puisque le message était passé et il sentit son Malefoy s'asseoir à côté de lui pour regarder le sauvetage de son passé. A l'entrée, des Médicomages commençaient à rentrer dans la salle, trois d'entre eux venant rejoindre Dumbledore, Rogue et Hermione qui s'évertuaient à essayer de maintenir en vie Drago.
- A ton avis, murmura Harry. Que se passe-t-il s'il meurt ?
- Je ne tiens pas à le savoir, répondit le blond.
D'autres Médicomages venaient se joindre encore à ceux qui mettaient déjà tous leurs efforts à extraire Drago, à tel point que les deux détenus ne pouvaient à présent plus rien voir de ce qu'il se passait et ne comptaient que sur ce qui se disait pour savoir comment avançait les choses. S'écartant finalement un court instant, ils purent apercevoir les Médicomages déposant le corps de Drago sur un brancard avant d'emmener ce dernier hors de la salle.
Ce manège avait duré une quinzaine de minutes, soit une éternité pour un élève empalé et les deux spectateurs impuissants qui avaient regardés tout du long les efforts fournis par la dizaine de personnes pour l'extraire sans plus de dommages et le garder vivant. A présent, la salle était vide. Ils n'avaient pas remarqué les sorties sur les brancards des autres élèves et se retrouvaient à présent seuls au milieu d'une salle ravagée, l'un assis et ligoté, l'autre allongé et enchaîné. Les professeurs avaient également suivi leurs élèves, calmant ceux qui avaient été légèrement blessés, ceux qui étaient absents durant l'incident et les autres qui subissaient la douleur de leurs blessures.
- On pourrait peut être...
- Je ne veux pas tenter, coupa Harry alors que Drago lui lança un regard noir. Attendons, je suis certain qu'ils ne vont pas nous laisser moisir ici.
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Ce ne fut qu'au bout de vingt minutes, vingt minutes de calme, d'attente, de questionnement et d'impatience, qu'ils entendirent des pas résonner à l'entrée de la salle. Considérant Rogue et Dumbledore qui s'arrêtèrent face à eux, Harry sentit son cœur se serrer à nouveau.
- J'aimerai que vous nous disiez à présent qui vous êtes et pourquoi vous êtes ici, dit le directeur en posant ses yeux bleus sur eux tout en les détaillant.
- Je n'aime pas me répéter, répliqua Drago dans un faux sourire.
- Et bien passons outre vos humeurs et rafraichissez-moi la mémoire, répondit Dumbledore dans un aimable sourire qu'Harry savait n'être qu'une simple politesse de sa part.
Drago décroisa ses jambes et se releva, grognant toujours contre les cordes qui entravaient sa mobilité.
- Je m'appelle Drago Malefoy, fils de Lucius Malefoy et Narcissa Black. Né le 5 juin 1980 dans la bibliothèque du Manoir Malefoy à 18h 47. Ma première et dernière peluche s'appelait Sépen et j'ai perdu ma première dent à la suite d'une chute dans les escaliers menant à la cave. J'ai...
- Tu en fais trop là, coupa Harry qui, toujours immobilisé au sol, lui jeta un regard agacé.
- Je n'aime pas me répéter alors autant rajouter quelques détails pour éviter qu'ils nous expédient à Azkaban sans chercher à comprendre, rétorqua sèchement le blond en haussant les épaules.
- Admettons que vous soyez M. Malefoy, intervint Dumbledore, qui...
- Pourquoi les croyez-vous ? coupa Rogue en considérant les deux jeunes hommes d'un œil noir.
- Donc, comme je le disais, poursuivit le directeur en ignorant l'intervention du maître des potions, en admettant que vous êtes M. Malefoy, qui êtes-vous ? ajouta-t-il à l'adresse d'Harry.
Ce dernier haussa les sourcils et dévisagea Dumbledore. Il détestait ce regard, celui qui disait qu'il savait déjà mais qu'il fallait lui dire à haute voix pour qu'il poursuive.
- Harry James Potter, fils de James Potter et de Lily Evans, né le 31 juillet 1980 et je serai incapable de vous dire où et quand exactement. Ma première peluche, je n'en ai aucune idée mais pour mes dents qui sont tombées je les dois surtout à mon cousin, Dudley, qui s'est chargé d'accélérer le processus avec Piers.
Rogue eut un rictus alors que Dumbledore restait impassible. Il faut dire qu'il n'aurait rien fait de mieux à leur place. Ils étaient deux inconnus débarquant au beau milieu de la Grande Salle dans une explosion qui avait causée de nombreux blessés et dégâts. Ils ressemblaient comme deux gouttes d'eau à deux élèves et prétendaient s'appeler comme ces derniers, il y avait tout de même de quoi être sceptique et rester sur ses gardes.
- Comment comptez-vous nous faire croire cela ? lança Severus qui ne se serait pas gêner d'employer la manière forte pour leur faire cracher la vérité si le vieux loufoque n'était présent à côté.
- Parce que je connais l'intégralité de la prophétie et que je regrette d'avoir saccagé votre bureau, répondit Harry à l'intention du directeur.
- De quelle prophétie parlez... commença Rogue.
- Arrêtez de dire n'importe quoi, je sais très bien que c'était vous le rat derrière la porte, coupa Harry en jetant un regard noir à Rogue qui lui répondit de la même manière.
Comment pouvait-il savoir ? Seul Dumbledore et lui était au courant de ce qui s'était passé ce jour là dans la taverne. Sans compter qu'il savait que le directeur avait révélé la prophétie à Potter durant juin dernier, et seulement à lui. Personne d'autre n'était au courant de ce qui s'était déroulé dans ce bureau à part lui, Dumbledore et Potter. Autrement dit...
- Vous venez du futur, dit calmement le directeur en continuant de les dévisager intensément comme à la recherche du moindre indice. Comment avez-vous fait cela ?
- Sincèrement aucune idée, intervint Drago avant qu'Harry n'ait pu dire quoique ce soit. Mais au lieu de parler futur, parlons passé. Enfin non... présent. Comment vont les élèves et nos nous ?
Dumbledore et Rogue échangèrent un court regard et Harry sentit la frustration monter en lui. Ils n'avaient pas besoin de leur dire des cachoteries ou d'inventer des mensonges, la simple vérité leur suffisait.
- Personne n'est mort mais il y a de très graves blessés, Potter s'en sortira sans aucun problème cependant...
- Drago est dans un état très grave et les Médicomages tentent tout ce qu'ils connaissent mais ils ne peuvent même pas certifier s'il serait toujours parmi nous dans une heure, acheva Dumbledore d'une voix grave.
Le blond secoua la tête. Il avait vécu pas mal de chose mais là, c'était certainement la plus farfelu, il allait « mourir ». Quelle idée d'avoir voyager dans le temps ? Savoir que son lui passé allait justement y passer avait tout de même quelque chose d'ironique voire de risible. Mais son rire intérieur s'arrêta en réalisant brusquement une chose : si son passé mourrait, il n'y aurait pas de futur pour lui, autrement dit, il n'existerait plus.
- Laissez moi sortir je peux le sauver ! lança-t-il.
- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée de vous laisser partir vadrouiller dans le château alors que nous ne savons même pas ce qui se passe, répliqua Rogue en regardant le blond de bas en haut.
- Sans paraître impoli, nous sommes restés bien sagement ici à vous attendre alors que nous aurions pu partir depuis longtemps, rétorqua Drago sentant la colère bouillir dans ses veines.
- Partir, répéta Dumbledore en laissant ses yeux glisser sur Harry.
Croissant ses yeux bleus, il savait pertinemment que le directeur avait compris que le « nous » était en réalité lui. Et Drago avait raison, bien que les chaînes qu'il avait avaient pour rôle d'emprisonner la magie, elles ne servaient strictement à rien dans son cas et il aurait pu de nouveau faire voler le dôme en éclat s'il l'en avait eu l'intention. Cependant, un face à face avec le directeur ne l'enchantait guère et il ne voulait pas compliquer le dialogue.
- Même si on vous laisse aller vous amuser, croyez-vous vraiment que vous aurez de meilleurs résultats que les Médicomages ? railla Rogue.
- Disons que nous avons plusieurs années d'avance sur eux, répondit Drago dans un sourire sarcastique.
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A vrai dire, Harry aurait cru qu'il leur aurait fallu bien plus de temps pour négocier leur liberté mais, malgré les hurlements de Rogue qui s'opposait totalement à cette idée, Dumbledore les avait relâchés avant de les mener dans la salle où les élèves blessés recevaient les soins. S'arrêtant un moment à l'entrer, il observa les lits qui étaient alignés sur plusieurs rangés. Il essaya d'inspirer profondément mais il ne parvenait pas à chasser des images si semblables qui s'imposaient à son esprit. Pourquoi fallait-il remonter dans le temps si ce qu'il voyait était exactement la même chose que ce qu'il avait quitté ?
- Bouge-toi, lança le blond en lui tapant entre les côtes pour lui faire refaire surface. Essayons de remettre d'aplomb le foutoir qu'on a mis.
Harry acquiesça vaguement en le voyant suivre Dumbledore. S'il devait essayer de rectifier les dégâts, il devait absolument retrouver ses esprits et ne pas se laisser déborder par un sentiment de nostalgie. Il se tourna vers les premiers lits et sortit sa baguette que Rogue avait eu la bienveillance de lui rendre dans un regard noir. Cependant il savait que malgré ses connaissances, la magie médicale n'avait jamais été l'un domaine dans lequel il excellait contrairement à Drago qui en avait malheureusement fait sa spécialité.
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- Nous n'arrivons pas à refermer entièrement ses blessures, lança un Médicomage en voyant Dumbledore arriver. En plus sa blessure à l'abdomen, il a plusieurs côtés cassées qui ont gravement endommagé les poumons sans compter le coup qu'il a reçu à l'arrière du crâne qui a sûrement dû fêler les os. Il n'a aucune chance de...
- Poussez-vous de là les pessimistes, lâcha la voix glacial de Drago en poussant d'une main le Médicomage pour atteindre le lit.
Plusieurs firent des allers-retours entre le nouveau venu et leur patient, certain voulant intervenir lorsque le regard du directeur se posa lourdement sur eux.
Le blond ne fit pas attention à eux et se chargea de s'examiner le plus rapidement possible. Sur un point, ils n'avaient pas tord, le Drago de cette époque allait certainement y passer s'il restait dans cet état. Il avait les sorts pour le guérir, réparer et consolider les défenses cependant, ils n'avaient pas atterri plusieurs années dans le passé en récupérant ce qu'ils avaient perdu dans leur présent. Autrement dit, les journées à combattre l'avaient drôlement affaibli et il n'était même pas certain de pouvoir effectuer un sortilège entièrement. Heureusement qu'il avait un pile alcaline ambulante.
- Potter, ramène ton cul en vitesse ! hurla-t-il à travers la pièce en voyant déjà que le temps était compté.
Son cri eut pour effet d'éveiller l'intérêt de deux personnes. L'une se demanda si pour une fois il pouvait le demander gentiment et sans hurler tandis que l'autre se demanda tout simplement qui venait de l'appeler. Ce dernier se redressa à moitié dans son lit alors que Ron tentait de l'y remettre de force et vit un homme brun courir dans la salle, passant rapidement devant lui.
Le sprinter en question s'arrêta brutalement à côté du blond en considérant le visage affreusement pâle du garçon étalé sur lit.
- J'ai besoin de toi, dit Drago en tendant sa main.
- Il faudrait vraiment que tu apprennes à te contrôler et te reposer, rétorqua Harry en lui saisissant la main.
Le blond haussa les épaules et se tourna vers son lui passé pour commencer les soins alors que Harry laissa échapper entre ses lèvres la formule qui permettrait à Drago de ne pas finir les quatre fers en l'air.
- Transfero vitae, murmura-t-il tout en sentant les yeux de Dumbledore poser sur sa nuque.
Il sentit un fourmillement lui traverser le corps et s'en suivit la désagréable sensation qui résultait du sortilège. C'était comme si un robinet venait de s'ouvrir quelque part et que ses forces s'y écoulaient lentement. Il eut un petit rire ironique en songeant à la difficulté qu'il avait eu à les regagner et avec quelle rapidité il les perdait à présent. Cependant, il fallait bien ça pour que Drago puisse sauver son autre.
Le blond en question inspirait profondément à chacun de ses sortilèges qui étaient tous aussi complexes les uns les autres. Il allait chercher dans toutes ses connaissances pour permettre de réparer le corps endommagé de son autre lui et de le faire rester en vie. Drago savait pertinemment que Dumbledore avait remarqué que sa magie frôlait sensiblement la magie noire mais c'était le seul moyen pour qu'il ne meurt pas. Il mélangeait non seulement ce qu'il avait appris mais également cet enseignement qui lui faisait à présent horreur et dont il aurait été prêt à tout pour ne plus l'utiliser.
- Son cœur bat de nouveau régulièrement, lança un Médicomage en prenant le pouls du jeune Serpentard après une quinzaine de minutes durant lesquelles Drago avait marmonné inlassablement un flot de paroles continues qui avait eues pour effet de refermer les blessures, ressouder les os, veines et organes entre eux sans compter éliminer les éclats qui étaient venus se loger un peu partout. Mais il faut lui faire une transfusion d'urgence ou bien il ne tiendra pas bien longtemps.
Alors que le Médicomage sortait sa baguette, Drago lâcha brutalement Harry et arracha la baguette des mains du guérisseur qui le regarda sans comprendre, un hoquet de surprise s'échappant de ses lèvres.
- Ajoutez un sort à ce que je viens de faire et vous ne trouverez pas assez de ses restes pour seulement l'identifier, lâcha abruptement Drago.
- Mais il a besoin d'une transfusion, rétorqua un autre Médicomage.
- La méthode moldue est tout à fait appropriée, répondit-il dans un grand sourire tout en faisant tournoyer sa baguette pour faire apparaître tout ce qu'il fallait pour l'opération.
- Mais il nous faut quelqu'un du même groupe sanguin, rétorqua le Médicomage en le voyant se planter une aiguille dans le bras avant de faire de faire même sur son lui.
- Ne vous inquiétez pas, il n'y a aucun risque en ce qui concerne la compatibilité.
Il avait dit cela si calmement tout en s'asseyant sur une chaise près du lit que les guérisseurs le dévisagèrent sans vraiment comprendre. Cependant, Drago observait le visage si pâle de son passé. Est-ce que cela suffirait à lui sauver la vie ? Avec toute la magie qu'il avait mise en œuvre pour le garder en vie, il savait déjà que le lien qui s'était formé mettrait du temps avant de s'estomper. Il était certes guéri en apparence, mais il lui fallait encore beaucoup de temps pour tout reprendre. Il pourrait certainement se lever d'ici quelques jours mais la magie servait de lien pour toute la guérison, le temps qu'elle se fasse par elle-même.
Elle servait simplement de substitution et Drago savait pertinemment que s'il venait à mourir, son passé perdrait cette magie et risquait d'y rester si ces blessures n'avaient pas totalement guéri. Aucun sort ne devrait lui être lancé dans les prochaines heures au risque d'altérer tous ses procédés mais, finalement, il faudrait quelques mois avant de retrouver son entière dépendance.
- Une fois que vous aurez terminé, dit Dumbledore avant qu'Harry ne retourne vers les lits qu'il avait quittés un peu plus tôt. Vous savez où se trouve mon bureau et sachez que j'apprécie fortement les Fizwizbiz.
Drago fronça les sourcils alors qu'Harry acquiesça, il y avait des habitudes qui ne se perdaient pas.
Comment se passera l'entrevue avec Dumbledore ? Drago sera-t-il capable de se tenir à nouveau sur ses jambes ? Que se passe-t-il exactement avec les deux futurs ?
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