Chapitre 12: Car le jeu ne fait que commencer.
L'expérience catastrophique du futur de Drago dans l'enseignement retira à ce dernier la moindre envie de retourner dans une salle de classe. Harry, son futur, le vécut comme une vengeance. Car il commençait à en avoir assez de devoir faire face aux crises d'humeur du blond qui changeait d'avis comme de chemise. Avec satisfaction, il l'écouta lui certifier qu'il ne quitterait plus jamais la bibliothèque après avoir subi une telle humiliation, ce qu'Harry approuva vaguement tout en étant soulagé de ne plus à avoir à le surveiller durant les cours.
En parallèle, le jeune Drago Malefoy continuait de prendre ses repas en silence dans la salle face à Thomas qui, bien qu'aucun mot ne soit échangé durant le repas, le saluait dès qu'il rentrait ou bien quittait la pièce. De plus, Drago avait tout d'abord pensé que le futur de Potter s'était porté absent pour préparer le « parcours » mais, cela s'avéra être une conclusion fausse lorsqu'il se rendit compte que le brun ne venait désormais plus dans la pièce. Ainsi, il passait ses repas face à Thomas et ne croisait Potter que durant les cours de Défense contre les Forces du Mal.
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- Tu fais du Quidditch ?
Drago leva ses yeux de son assiette pour les poser sur Thomas. Il était rentré dans la pièce comme à son habitude et le nouveau l'avait salué comme à son habitude. La seule chose qui venait soudainement de changer, c'était l'intervention qu'il venait de faire. Il fallait aussi préciser que Drago avait revêtu sa tenu de Quidditch, le premier match de l'année ayant lieu dans une heure : Serpentard contre Gryffondor.
Il ne répondit pas et se replongea dans ses toasts. En face de lui, Thomas fit une moue quelque peu déconfite mais sourit tout de même.
- Tu sais, dit-il, je ne te demande pas de...
- Bon, écoute-moi bien, coupa sèchement Drago qui voulait désormais mettre les choses au clair. Je ne sais pas ce que Potter a bien pu te demander de faire ou bien de dire mais je ne ferai rien. Alors, parle tout seul si cela peut te faire plaisir mais ne t'attends à ce que je te réponde.
- Il ne m'a rien demandé.
Drago ouvrit la bouche pour répliquer lorsqu'il réalisa ce qu'il venait de dire et la referma bien vite.
- Pardon ?
- J'ai dit qu'Harry, ou Potter si tu préfères, ne m'a rien demandé, répondit Thomas quelque peu désorienté.
- Qu'est-ce que tu fais ici alors ? demanda Drago méfiant.
- Il m'a proposé de venir manger à chaque repas et tous les jours, j'ai toujours voulu aller à Poudlard alors je n'ai pas dit non, expliqua-t-il en haussant les épaules.
Un mensonge ? Qu'est-ce qu'il lui baratinait ?
- Il ne t'avait donc pas dit que tu devrais manger avec moi ? interrogea Drago.
- Il avait mentionné une personne mais, moi, je suis un grand bavard alors un peu de compagnie ne me gênait pas vraiment, dit Thomas.
- C'est donc pour ça que tu me saluais, en conclut Drago qui pouvait enfin mettre une raison sur les « bonjour » et les « au revoir ».
- Ah ça, non, rétorqua Thomas en se servant du rôti. C'est tout simplement la politesse.
Là, Drago venait de se prendre une claque sans même avoir bouger. Le nouveau lui avait donné une leçon sans même s'en être rendu compte, froissant considérablement l'orgueil de Drago qui s'en était pris un sacré coup.
- Alors, tu fais du Quidditch ? demanda de nouveau Thomas qui coupait sa viande tout en regardant Drago.
Ce dernier acquiesça vaguement, toujours en train de digérer le fait que quelqu'un venait de lui faire fermer son caquet.
- Ce doit être génial ! s'exclama Thomas rêveur fixant un instant le plafond. Je n'ai jamais eu les talents qu'il fallait pour faire du Quidditch mais ça doit être formidable de pouvoir s'élancer dans les airs et de ne pas avoir de contraintes de vol. Tu es quoi ?
- Comment ça « quoi » ? répliqua Drago.
- Poursuiveur, batteur, ect...
- Attrapeur, marmonna-t-il tout en le fixant d'un œil méfiant.
Thomas laissa un sifflement admiratif s'échapper de ses lèvres.
- Tu dois être doué alors ! dit-il. Il faut être rapide, attentif et puis il y a les batteurs adverses qui t'envoient les cognards. Tu ne dois pas être d'un petit niveau !
- Je me débrouille, répondit Drago qui n'arrivait pas à prendre les compliments qu'il lui disait comme à son habitude.
- Ce doit être tout de même stressant de savoir que le sort du match repose presque entièrement sur tes épaules, poursuivit Thomas en le regardant songeusement. A toi seul, tu peux faire fléchir tous les efforts que tes coéquipiers ont fournis et si tu restes trop longtemps à chercher le Vif d'or, tu les épuiseras car le match durera beaucoup trop longtemps.
Drago, qui s'était finalement servi, arrêta sa fourchette à quelques centimètres de sa bouche. Il n'y avait pas tergiversé la dessus, Thomas avait le don de mettre la pression sans même s'en rendre compte. Lui qui avait préparé le match avec la seule pensée d'écraser Potter venait subitement de sentir quelque chose de lourd sur ses épaules : le poids de la responsabilité.
- Mais je suis sûr que tu gagneras, dit Thomas dans un sourire confiant. Depuis quand es-tu attrapeur ?
- Depuis ma deuxième année, répondit Drago qui reposait sa fourchette, incapable d'avaler quoique ce soit d'autre.
- Waouh, avec autant d'expérience, tu es sûr de gagner ! s'enthousiasma-t-il.
Mais Potter avait une année de pratique de plus que lui. Drago était arrivé confiant dans la salle et voilà qu'il sentait à présent les premiers éléments annonciateurs du stress se déclarer en lui. Il n'avait plus faim et se sentait légèrement noueux.
- Je crois que je vais y aller, marmonna-t-il en se levant pour marcher d'un pas mécanique vers la porte.
- Bonne chance ! lui hurla Thomas derrière lui.
De la chance, il lui en faudrait, c'était sûr.
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- Du calme tout le monde ! hurla Harry.
En réponse, il reçut les bruits des conversations de son équipe.
- Silence ! lâcha-t-il en montant sur l'un des bancs.
Là, il rassembla l'attention de tout le groupe. Dans un même mouvement, les six membres de l'équipe pivotèrent vers lui dans un lourd silence.
- Aujourd'hui, déclara-t-il enfin après s'être assuré que personne ne viendrait rouvrir sa bouche, nous allons affronter les Serpentards.
- Tu ne nous apprends rien, Harry, intervint Ginny alors que Katie acquiesçait.
- Nous affrontons donc les Serpentards, poursuivit-il en les ignorant. Nous savons tous qu'ils ne respectent jamais les règles et qu'ils n'ont aucun fair-play. Vous devez tous faire attention et restez attentifs. Je n'ai pas envie de voir l'un de vous quitter le terrain sur une civière, c'est clair ?
Ils acquiescèrent tandis qu'Harry descendait de son banc.
- Ron.
L'interpellé se redressa soudain, manquant de faire tomber l'une des battes.
- Tu vas réussir, ne t'inquiète pas, le rassura Harry.
- Je ne le sens pas, Harry, pas du tout, rétorqua le rouquin en serrant furieusement son balai contre lui.
- Ginny.
Cette dernière ramena son regard sur Harry.
- Frappe-le pour moi.
Ginny ne se le fit pas répéter deux fois et gifla son frère avant même qu'il puisse faire un geste pour se défendre. Passant sa main sur sa joue qui commençait déjà à prendre une teinte rougeâtre, il la dévisagea de haut en bas.
- Mais t'es timbrée ? !
- On n'insulte pas ses coéquipiers, intervint Harry en faisant signe à tout le monde de prendre son balai. Maintenant que vous êtes tous d'attaque, allons-y !
Ron voulut ajouter quelque chose mais il le saisit fermement par l'avant bras pour l'entraîner hors des vestiaires. Harry aimait beaucoup Ron, mais son ami avait le don de l'agacer lorsqu'un match de Quidditch allait débuter.
Arrivant sur la pelouse, il lâcha le rouquin alors que les élèves dans les gradins les encourageaient. Il était temps de mettre une raclée aux Serpentard et de prendre sa revanche sur Malefoy. Alors qu'il arrivait aux côtés de Mme Bibine pour serrer la main du capitaine des verts et argent, il croisa les yeux gris du blond alors qu'il sentait la poigne de fer tenter de lui briser les doigts.
- J'aimerai un match dans les règles pour une fois, lança Mme Bibine en regardant tour à tour les deux capitaines.
Harry acquiesça tandis que le Serpentard faisait un faible sourire dénué de sincérité. Une fois les échanges cordiales achevés, Harry prit son balai et décolla pour se placer. Considérant un instant les alentours, il entraperçut une grande bannière représentant un lion mangeant un serpent tenue par Luna qui entamait une chanson d'encouragement au grand désespoir de ses camarades qui se bouchaient les oreilles. Il ne put s'empêcher d'esquisser un sourire et reporta son attention sur Mme Bibine qui siffla le début du match.
Aussitôt il se plaça en hauteur, supervisant du regard tous les autres qui filaient en-dessous de lui. Il n'allait sûrement pas laisser Malefoy s'emparer du Vif d'Or, en aucun cas il ne lui ferait ce plaisir.
- Alors, Potter, on admire la vue ?
En parlant du loup (1) ! Harry laissa ses yeux se tourner vers le blond qui était à présent à sa hauteur. Non seulement il le hantait mais en plus il fallait qu'il vienne le narguer, à croire que le terrain n'était pas assez grand pour eux deux.
- La ferme, lança-t-il en observant de nouveau les alentours.
Drago eut un faible sourire. Il adorait asticoter le Gryffondor et cela l'aidait en partie à évacuer le stress que Thomas lui avait mis avant le match. Rien de tel qu'une dose de Potter le matin pour oublier tous ses soucis.
- Qu'est-ce que...
Le blond dévisagea soudain Potter qui fixait étrangement les gradins. Il ne bougeait pas d'un pouce, ce n'était pas le Vif d'Or. Ne saisissant pas ce qui pouvait bien tant interpeller le Gryffondor, Drago suivit son regard et manqua de tomber de son balai.
Leurs futurs les regardaient tous deux, isolés dans un coin. Le blond semblait marmonner quelque chose à l'oreille du brun et ce dernier lui fit une légère grimace avant de lancer un objet au futur de Drago qui souriait largement. En apercevant un éclat d'or, Harry laissa sa bouche s'entrouvrir. Dans un même mouvement Drago et lui se dévisagèrent, tous deux étant parvenus à la même conclusion.
Leurs futurs pariaient sur eux !
Harry se mordit la lèvre inférieure tout en serrant violemment le manche de son balai. Mais qu'est-ce qu'il était devenu pour parier sur les matchs qu'il avait fait étant jeune ? Il plongea soudainement, reportant toute son irritation sur la recherche de Vif alors que Drago faisait de même.
Il entendit une exclamation s'élever des gradins et entrevit Ginny lever ses bras en signe de victoire. Un but, au moins, c'était ça de gagner. Harry fila au travers du terrain, cherchant le Vif tout en maudissant son futur et celui de Malefoy. Non seulement ils lui pourrissaient la vie mais, en plus, ils venaient parier sur lui. Harry se sentit un instant comparer à un cheval de course et crispa la mâchoire.
Le match se poursuivit pendant plus d'une heure. Le score était déjà de cent dix à cinquante pour Gryffondor lorsque qu'Harry aperçut enfin la petite balle dorée. Plongeant en piqué, il sentit un cognard lui frôler l'oreille et se pencha encore un peu plus sur son manche. Il se mit à zigzaguer entre les joueurs, ne quittant pas un instant le Vif des yeux alors qu'il entendait derrière lui Malefoy se rapprocher.
- Vas-y à fond, marmonna-t-il à son balai.
L'Eclair de feu accéléra encore un peu plus et Harry sut qu'il venait de distancer le blond de quelques mètres. Piquant de nouveau vers le sol, il redressa son manche tout en sentant ses genoux frôler le gazon. Tout en serrant les dents, Harry tendit sa main pour saisir la petite balle dorée. Derrière lui, Drago jurait à pleine voix alors que tous les élèves dans les gradins hurlaient.
- Le Vif d'Or est à porter de main de l'attrapeur des Gryffondor ! lança Colin Crivey qui avait réussi à obtenir le poste de commentateur. Vas-y, Harry, écrase Malefoy !
- Je vous ai dit de rester neutre, M. Crivey ! s'exclama la voix de McGonagall dans le micro.
- Désolé, professeur, marmonna-t-il. Allez, Harry ! ajouta-t-il dans un murmure au micro qui scanda sa phrase à travers tout le terrain.
Alors que McGonagall se mettait à hurler sur le Gryffondor, Drago se penchait encore un peu plus sur son balai pour remonter à la hauteur de Potter. Il ne pouvait laisser le balafré gagner si facilement.
De son côté, Harry sentait les battements d'ailes du Vif sous ses doigts. Il était à quelques millimètres de l'attraper et s'étirait toujours un peu plus pour mettre fin à cette partie. Le Vif décida brusquement de réduire sa vitesse, l'obligeant à freiner violemment pour attraper la petite balle dorée. Harry referma sa main sur le Vif dans un grand sourire mais hurla lorsqu'il fut violemment percuté. Car Drago le suivait de très (très) près et n'avait pas vu la balle changer de vitesse. Le blond n'eut pas le temps d'amorcer le moindre mouvement pour éviter le Gryffondor.
Tombant au sol, qui n'était qu'à quelques centimètres heureusement pour eux, ils glissèrent sur plusieurs mètres et finirent leur course contre l'un des buts des Gryffondors. Harry poussa un grognement rauque en sentant le coude du Serpentard s'enfoncer dans sa poitrine alors que Drago jurait pour dégager sa jambe de sous le brun.
- Harry, tu vas bien ? lança Ron qui descendait en piqué.
- Personne n'est en mesure de dire lequel a saisit le Vif d'Or, hurla Colin.
Sentant un mal de tête arrivée, Harry leva la main dans laquelle il serrait la petite balle et tira une grimace lorsque des hurlements de joies s'élevèrent des gradins.
- On a gagné ! hurla Ginny en atterrissant pour se jeter sur lui tandis que Katie faisait des tours de terrains pour alimenter la victoire des Gryffondors.
- Tu m'étouffes, Ginny, dit-il à bout de souffle.
- Et vous m'écrasez ! lâcha Drago qui tapait sur le Gryffondor pour que sa jambe puisse être enfin libérée.
Non seulement il s'était littéralement fait écrasé par Potter mais, en plus, il devait subir la joie des rouges et or d'avoir été ainsi battu. Tout en se décrochant du cou d'Harry, Ginny s'aperçut de la présence du Serpentard et se leva en lui accordant un regard noir. Elle se souvenait toujours de la manière dont il l'avait traité et n'allait certainement pas lui pardonner si facilement. Ron prit la main d'Harry pour l'aider à se relever et ce dernier, tout de même un peu étourdi par sa chute, écrasa de nouveau Drago lorsqu'il s'appuya.
Alors que les cris de joies résonnaient dans les gradins et qu'Harry et Drago continuaient de se démêler, deux personnes les observaient.
- Je t'avais dit que je gagnerai quand même le match, lança le futur du brun.
- Tu as triché, rétorqua le blond.
L'ancien Gryffondor se tourna vers lui et tendit sa main alors que Drago faisait aller et venir son regard entre cette main et le gallion qu'il avait entre les doigts.
- Je...
- Tu as déjà gagné dix gallions depuis le début du match, Drago, tu peux au moins rester bon joueur, coupa Harry en tendant encore un peu plus sa main.
Dans une moue dépitée, le blond abandonna son précieux gallion et se détourna du brun. Il avait beau essayer, perdre était quelque chose qu'il n'aimait pas du tout.
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Dans la salle commune des Serpentards, plus précisément dans le dortoirs des sixièmes années, Vincent et Grégory étaient appuyés sur l'encadrement de la porte menant à la chambre du petit blond, Blaise et Théodore assis sur le lit inoccupé et Drago étalé sur le sien, fixant maussadement le plafond.
- Tu n'as pas mangé à midi, marmonna Théodore.
- J'ai perdu, rétorqua Drago.
- Tu ne devrais pas autant déprimer, dit Blaise.
- J'ai perdu, répéta de nouveau Drago.
Dans un même mouvement, Théodore et Blaise se tournèrent vers Vincent et Grégory mais ces derniers les regardèrent sans rien dire avant de quitter la pièce. Quand il s'agissait de jouer les gardes du corps, ils savaient y faire mais quand il fallait remonter le moral, ils étaient les premiers à partir.
- Drago, depuis que vos futurs sont arrivés tu ne penses qu'à écraser Potter, dit Blaise en ramenant son attention sur le blond. C'était déjà un peu effrayant avant, mais là, c'est une obsession.
- Et alors, tu es jaloux ? rétorqua abruptement Drago en se redressant sur ses coudes.
Blaise roula les yeux au ciel.
- Arrête tes gamineries, répliqua-t-il. Je ne suis pas jaloux mais tu risques d'avoir de très gros problèmes si tu n'enlèves pas très vite Potter de ta tête.
Mouais, le Seigneur des Ténèbres risquait sans doute de ne pas apprécier le fait qu'il tienne tant à se charger personnellement du Gryffondor. Il en était conscient mais n'arrivait pas à l'oublier.
- Et puis, ce n'est que du Quidditch, dit Théodore. Tu n'as pas à déprimer pour si peu.
- Théo a raison, Drago, approuva Blaise.
Là, ce fut les mots qui blessèrent profondément Drago. Il n'accordait d'affection à presque rien mais, le Quidditch, c'était sacré. Il se redressa brusquement et quitta son lit en passant devant eux en coup de vent.
- Où est-ce que tu vas Drago ? ! hurla Blaise.
Loin de ces traîtres qui salissait l'honneur du seul sport digne d'un sorcier, ça c'était sûr. Drago quitta le dortoir à grands pas et remonta jusqu'à la salle commune, croisant au passage Pansy dont le sourire glissa en voyant le regard sombre du blond. Une fois sortie de chez les Serpentards, il s'arrêta soudainement.
Où allait-il bien aller ? Blaise avait posé une bonne question maintenant qu'il y réfléchissait. Il était bientôt vingt heures, il n'avait pas mangé le midi et son ventre grognait. Il avait été assez marqué par sa période de jeûne alors il n'hésita pas un instant pour se diriger vers la pièce où il était sûr de trouver de quoi manger.
- Je m'inquiétais.
A peine eut-il ouvert la porte qu'il fut accueillit par ces mots. Il dévisagea Thomas qui avait un sourire soulagé sur les lèvres et qui retourna immédiatement s'asseoir pour se servir.
- Comment ça tu t'inquiétais ? répliqua Drago.
- Et bien, étant donné que tu avais un match ce matin et que tu n'es pas venu à midi j'ai crû un moment que tu avais été blessé, expliqua-t-il.
Dans son orgueil : sûrement, physiquement : et bien il écopait de quelques bleues dues pour la plupart à Potter qui s'était gentiment assis sur lui.
- Alors, ce match, poursuivit Thomas en lui faisant signe de s'asseoir lui aussi. Gagné ou perdu ?
- Perdu, marmonna sombrement Drago en prenant place.
- C'est dommage, dit-il. Mais je suis certain que tu réussiras les autres. Après tout, tu es un attrapeur !
La confiance que Thomas mettait en ses capacités le déstabilisait totalement mais regonflait tout de même son orgueil.
- Tu as raison, approuva Drago se servant dans les plats. Toi, au moins, tu ne me lèches pas les bottes quand je perds un match.
- Comment ça ?
Il ne lui léchait pas les bottes mais qu'est-ce qu'il pouvait être curieux !
- Blaise et Théodore m'ont bordé toute l'après-midi pour vérifier que je n'allais pas me jeter dans la gueule d'un dragon à cause de la défaite, expliqua-t-il.
- C'est normal pour des amis de se soutenir, répliqua Thomas. Ils ont dû s'inquiéter de te voir déprimer et de ne pas venir manger.
- Des amis ? répéta Drago qui s'arrêta soudainement de manger tout en le dévisageant.
- Ce ne sont pas tes amis ? demanda Thomas qui fronça brusquement le front, visiblement cherchant qu'il n'avait pas commis une erreur dans sa logique.
- Si, mais des amis n'agissent pas comme ça.
Les mots que Drago prononça eurent pour effet de faire lâcher ses couverts à Thomas qui laissa sa bouche s'entrouvrir. Il essaya d'articuler quelques phrases tout en s'humidifiant les lèvres mais, apparemment, il avait dû mal à se retrouver.
- Quelle est exactement ta définition de l'amitié ? demanda-t-il finalement.
Quelle question ! Qui ne savait pas ce qu'était l'amitié ? Depuis le temps que son père lui en faisait tout un discours, il avait saisi la notion depuis qu'il était enfant.
- Un ami est quelqu'un qui partage les mêmes opinions que toi et dont tu peux te servir facilement pour réaliser tes projets, dit Drago. Ca ne vient certainement pas s'inquiéter pour toi dès que l'occasion se présente et t'entendre te plaindre.
Il eut un lourd silence durant le moment qui suivit son explication. Thomas le dévisagea sans rien dire, la bouche ouverte, et Drago se mit à réfléchir sur ce qu'il avait bien pu dire de choquant.
- Tu as une drôle définition de l'amitié, dit enfin Thomas en reprenant ses couverts. Tu le sais au moins ?
Drago ne répondit pas et le considéra avec méfiance. Une drôle de définition ? Il n'y avait rien de drôle dans ce qu'il avait dit puisqu'il s'agissait de l'essence même des relations qu'il établissait depuis qu'il était à Poudlard.
- Pourquoi ? Ce n'est pas ça ? demanda Drago en s'installant posément dans son fauteuil pour considérer Thomas avec dédain.
- Chacun pense ce qu'il veut, répondit-il, mais tu es bien le premier que j'entends dire ça.
Pour Drago, même s'il ne s'en rendit jamais compte, ce fut le début de sa « relation » avec Thomas. Lui qui c'était promis de ne rien dire avait laissé sa muraille impénétrable subir une faille en ce dernier samedi du mois d'octobre. Lorsqu'il rejoignit sa salle commune après avoir dîné, il réfléchissait toujours au débat qu'il avait eu avec lui sur l'amitié et riait de la définition si puérile que Thomas avait bien pu vouloir lui faire comprendre.
Car c'était tout simplement une chose qu'il était dans l'incapacité de comprendre et de saisir.
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Il y avait vraiment des choses qu'il ne comprendrait jamais. Regardant de haut un premier année de Poufsouffle qui finissait de nettoyer le dernier chaudron, Rogue continuait de chercher les raisons qui poussaient ses élèves à croire qu'il serrait plus conciliant s'il renversait leur chaudron sur le sol et non sur lui.
- Severus, j'aimerai vous parlez un instant.
Levant son regard noir sur Dumbledore qui entrait dans le cachot, Rogue ordonna au Poufsouffle de quitter la pièce, ce que ce dernier fit sans attendre, bien trop heureux de ne plus à avoir à frotter les chaudrons.
- Que se passe-t-il ? demanda-t-il en rangeant éponges et grattoirs.
- Voldemort semble avoir fait bouger ses pions dans le nord, expliqua Dumbledore.
Le professeur de potion s'arrêta dans son activité pour pivoter vers le directeur.
- Je ne suis malheureusement pas au courant de tous les plans du Seigneur des Ténèbres, dit-il sèchement.
- Et c'est pour cela que j'aimerai que vous tentiez de savoir ce qu'il prévoit de faire, répliqua Dumbledore beaucoup plus posément que Rogue.
- Vous n'avez pas d'autres espions sous le bras pour satisfaire vos envies ? demanda-t-il. Je passe déjà la plupart de mon temps à vous ramenez des informations et c'est ainsi que vous me remerciez ?
- J'ai d'autres espions, c'est vrai, mais aucun n'est aussi proche de Voldemort que vous l'êtes, Severus.
- Vous m'en voyez touché.
Revenant à ses occupations, Rogue quitta Dumbledore de vue et se chargea de finir de ranger son bureau.
- De plus, il se trouve que nos deux nouveaux pensionnaires m'ont fait une demande particulière, continua Dumbledore. J'aimerai donc être sûr quant aux intentions de Voldemort.
- Une demande ? répéta Rogue. De quel genre ?
- Je vois que vous restez terre à terre, Severus, dit-il dans un sourire.
- Qu'ont-ils demandé ? répliqua Rogue.
Le directeur lui fit un sourire.
- Contentez-vous de surveiller les plans de Voldemort et de faire en sorte que ce qui se passe à Poudlard lui reste caché.
Il ne comptait pas lui répondre. A cette pensée, Rogue eut un sourire amer. Il n'était vraiment rien d'autre que le petit espion remuant la queue devant le Seigneur des Ténèbres et revenant chercher son sucre chez le vieux.
- Très bien, je ne poserai plus aucune question mais je veux une augmentation.
Dumbledore sourit tout se quittant la pièce. Au moins, il était sûr que les mois à venir allait être particulièrement intéressant.
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