- Bon, tu as des leurres explosifs, de la poudre noire du Pérou, le gallion de l'A.D et des pastilles gerbes, énuméra Ron qui, tout lisant la liste qu'il avait fait, glissait les éléments dans les poches d'Harry. Ca, je ne sais pas ce que c'est mais ça peut toujours être utile.

Fourrant une énorme bille blanche dans les mains de son ami, le rouquin pivota vers lui, la mine grave.

- Fais en sorte d'avoir toujours la cape d'invisibilité sous la main et moi je me chargerai de regarder la carte du Maraudeurs pour voir si tout se passe bien, dit-il. Je...

- Qu'est-ce que vous faites ? demanda Hermione en entrant dans le dortoir. Tu ne devrais pas aller voir le futur de Malefoy, Harry ?

- Il y va, répondit Ron en interceptant le brun qui avait ouvert la bouche pour répondre. Il se prépare.

- Ne me dis pas que tu va y aller comme ça ? répliqua-t-elle en pointant les hanches d'Harry.

Dans un même mouvement, Ron et lui se penchèrent pour regarder ce qui n'allait pas et dévisagèrent Hermione qui poussa un soupir désespéré. Les poches d'Harry étaient pleines à craquer, déformant tellement son pantalon qu'il donnait l'impression d'avoir une taille de guêpe comparée aux flotteurs qui lui servaient de hanches. Quittant la porte, elle poussa Ron et se chargea de vider les poches d'Harry sous leurs contestations.

- Hermione, c'est de la survie d'Harry dont on parle ! s'insurgea Ron qui ramassait tout ce qu'elle faisait tomber par terre.

- Arrêtez un peu vos bêtises tous les deux, rétorqua-t-elle en accordant un regard noir au rouquin qui rougit soudainement. Il ne va pas le manger !

- Hermione, c'est de Malefoy dont on parle, rappela Harry qui tenait tout de même à être un minimum préparé avant de se rendre dans l'embuscade que le blond devait avoir minutieusement préparé.

- Et moi je te dis de ne pas t'en faire, répliqua-t-elle en lui fourrant sa baguette dans une de ses poches désormais vide. Vas-y maintenant avant d'être en retard !

- Il pourrait au moins prendre..., commença Ron.

Il se tut soudain face au regard assassin qu'elle lui lança et balbutia quelques mots d'excuses avant d'aller s'enterrer sous les couvertures de son lit. Sentant lui aussi que son heure était venue, Harry déguerpit du dortoir avant de quitter la salle commune. S'engageant dans les couloirs qui menaient à la pièce où il s'entraînait, il ne put s'empêcher de maudire un peu Hermione.

Enfin quoi, c'était Malefoy qu'il allait voir ! Elle semblait avoir totalement oublié ce détail. D'ailleurs, Hermione paraissait oublier pas mal de chose lorsqu'il s'agissait du futur du Serpentard. Fronçant légèrement les sourcils à cette pensée, Harry reprit bien vite ses esprits lorsqu'il atteignit la porte. Il glissa sa main dans sa poche et en retira sa baguette. Il fallait qu'il y aille. Malgré le Gryffondor qui sommeillait en lui, il appréhendait tout de même le sort que lui avait réservé Malefoy et appuya sur la poignée, préparé à la moindre attaque.

- Tiens, Harry, dis-moi : « abasourdi » en sept lettres.

L'interpellé laissa sa bouche s'entrouvrir en voyant Malefoy assit à une table, la Gazette du Sorcier étalée, un crayon à la main. Le blond le regarda avec un air interrogateur et sourit soudain.

- « Surpris », merci Harry, dit-il en remplissant les cases de sa grille.

Surpris ? Oui, il n'y avait pas vraiment d'autres mots pour décrire Harry alors qu'il considérait avec stupéfaction Malefoy achever ses mots croisés et replier la Gazette. Toute la pièce, auparavant désordonnée et recouverte d'une épaisse couche de crasse, était à présent d'une propreté impeccable. Il n'y avait pas un meuble de travers et un lustre avait été installé au plafond.

- Qu'est-ce qui s'est passé ici ? couina Harry qui en oublia totalement de garder sa baguette à bonne hauteur

- C'est mieux comme ça, hein ? dit Drago en suivant son regard. Je trouvai ça un peu trop déprimant alors j'ai arrangé la déco.

Il avait quoi ? Harry bégaya à moitié pendant quelques secondes et déglutit finalement. Il était cinglé, il n'avait pas besoin d'aller vérifier pour certifier cette solution qui lui sautait aux yeux. Drago Malefoy allait devenir un cinglé à la coupe baba cool.

- Pourquoi ? demanda-t-il. Tu comptes me faire quoi exactement ?

- Oh, rien de particulier, dit Drago en se levant. Harry a...enfin ton futur, il a toujours eu la fâcheuse manie de ne jamais se soucier de l'environnement dans lequel il vit. Personnellement, travailler dans une salle en cours de démolition ne me motive pas vraiment.

Fouillant dans sa poche, il sortit un élastique avec lequel il s'attacha rapidement les cheveux avant de prendre sa baguette qui était sur la table. Pour Harry, ce fut le signe pour se remettre d'aplomb et être le plus attentif au moindre geste brusque du blond.

- Donc, d'après ce qu'il m'a dit, vous en étiez au corps à corps, dit-il.

Harry le fixa intensément, ne lâchant pas instant la baguette du blond des yeux.

- Harry, là tu es censé me dire si je ne me trompe pas, l'interpella Drago en se mettant à la hauteur de son regard pour croiser ses yeux émeraudes.

Ce dernier acquiesça vaguement, bien plus déstabiliser par son attitude que par les sortilèges qui auraient bien pu sortir de sa baguette. Il avait beau tiré une solution dans tous les sens, il n'arrivait pas à voir comment Malefoy avait pu devenir cette chose souriante à la bonne humeur quelque peu envahissante.

- Très bien, dit Drago dans un sourire.

Attendant quelque chose de beaucoup moins apparent, Harry ne réagit pas assez vite lorsqu'il le vit glisser brusquement à terre et pivoter pour le frapper du pied. Il laissa un cri s'échapper d'entre ses lèvres lorsque la douleur cuisante se fit ressentir et il tomba à genoux, frappant furieusement le sol.

- Mais c'est quoi votre problème à tous les deux ? ! hurla-t-il en tenant son entre jambe d'une main alors que l'autre continuait de marteler le sol. Je suis eunuque dans le futur ou bien je me suis transformé en chapon ?

- Je visais l'estomac, désolé, dit Drago en se passant maladroitement la main à l'arrière du crâne.

L'estomac ? Eh ben dis donc, il avait l'estomac bien bas ! Alors qu'il se mordait la lèvre inférieure pour éviter de crier encore un peu plus, le blond s'accroupit pour se mettre à sa hauteur.

- Mais, juste pour te rassurer, tu n'as pas à t'inquiéter, lança Drago dans un sourire. Tu es toujours en un seul morceau.

- Bah moi j'en doute, rétorqua sèchement Harry qui ne savait pas vraiment si le futur du Serpentard se moquait de lui.

Car pour Harry, il n'y avait plus une hésitation à faire, les deux futurs s'étaient donnés le mot pour qu'il n'ait en aucun cas le droit d'envisager de fonder une famille. Fixant avec colère le blond qui continuait à lui sourire tout en lui disant de faire comme lui, c'est-à-dire respirer comme s'il allait mettre au monde un gosse, Harry crispa la mâchoire. Là, il commença sérieusement à lui taper sur les nerfs le blondinet.

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- Drago, il faut absolument que tu avales quelque chose, dit Blaise en voyant la mine blafarde qu'affichait ce dernier.

Il fit un signe négatif de la tête. Hors de question qu'il abandonne juste pour satisfaire son estomac, il avait un honneur et un amour propre qu'il ne renierait pas si facilement. Il sentit brusquement quelqu'un l'attraper par les épaules pour le forcer à se remettre au fond de son siège et il leva un regard hagard sur Théodore qui était en face de lui.

- Je ne vais pas aller le voir, rétorqua Drago. Je me fiche de ce que vous pouvez penser mais je n'irai pas donner satisfaction à ce type !

Blaise et Théodore échangèrent un regard quelque peu abattu. Ils étaient tous les deux d'accord là-dessus, Drago ne devait pas baisser si facilement les bras devant le futur de Potter mais il y avait tout de même une limite à tout. Il n'avait pas mangé depuis deux jours, pareil pour ce qui était de s'hydrater. A ce rythme là, il n'allait pas tenir longtemps.

- Arrête de travailler, Drago, lâcha Blaise en lui retirant brutalement la plume de sa main.

Ce dernier se tourna vers lui dans une grimace maussade.

- Drago, je t'en prie : soit tu te reposes, soit tu trouves un moyen de te nourrir, dit Blaise.

- Et comment ? rétorqua-t-il sèchement.

- En cuisine, répondit Théodore. Si c'est sur la nourriture que le sort est lancé alors tu auras peut être des chances en remontant directement à la source.

Drago haussa un sourcil tout en le regardant. Là, il venait de toucher un point sensible. Il se leva brusquement, ou du moins le plus vite qu'il le pouvait sans sentir sa tête se mettre à tourner.

- Où tu vas ? ! hurla Blaise à travers la salle alors que Drago franchissait l'entrée. Il est déjà 23h00 !

Mais il ne l'écoutait déjà plus. Dévalant les couloirs et il remonta les escaliers. Il n'avait jamais mis les pieds en cuisine mais savait cependant où elles se situaient. Le tableau, le tableau... il fallait absolument qu'il le trouve. Dérapant à moitié, il s'arrêta brutalement devant la coupe débordant de fruits. Ca, c'était purement et simplement de la torture pour son estomac qui grognait toujours un peu plus fort, la simple vision de fruits peints le faisant saliver.

Tendant le bras, il se mit à gratter la poire qui se gloussa et put enfin accéder à la poignée tant rêvée qui le menait aux immenses cuisines. Alors qu'il posait un pied dans la salle, il s'arrêta soudain en voyant toutes les petites choses qui s'activaient autour de lui. Ah oui, des elfes de maisons, il aurait dû se douter que Poudlard tournait grâce à ces bestioles et que ce n'était pas Rusard qui préparait de bons petits plats.

- J'aimerai de quoi manger, lança-t-il.

Dans un même mouvement, tous les elfes cessèrent leur tâche et pivotèrent vers lui. Il eut un léger moment de silence durant lequel personne ne fit un geste et les elfes reprirent brusquement leurs activités sans soucier de la mine hagarde de Drago.

- Heu..., je crois qu'on ne s'est pas vraiment compris là, dit-il tout en se rappelant de tous les récits qui lui avaient racontés toutes les victuailles qu'il était si faciles à ramener des cuisines.

- Vous êtes M. Drago Malefoy, intervint un elfe en se tournant vers lui.

Le concerné acquiesça, ne sachant pas vraiment s'il s'agissait d'une question ou bien d'une affirmation.

- Et bien nous avons reçu les ordres de ne pas satisfaire à la moindre de vos demandes, expliqua-t-il de sa petite voix aigüe.

Drago sentit sa bouche s'entrouvrir d'une manière des plus inexplicables. Ce salopard de Potter avait tout prévu ! Absolument tout ! Il crevait de faim et de soif et cet abruti de Gryffondor lui avait fermé toutes les issues de secours.

- Vous voulez avoir ma mort sur la conscience ? ! s'époumona-t-il en les faisant tous sursauter. Ce Potter n'est rien d'autre qu'un...

- Vous ne traiterez pas Harry Potter ! hurla une petite voix dans les méandres de la cuisine.

Le blond se tut et se dressa sur la pointe des pieds pour apercevoir dans toute cette foule de raz-bitumes lequel avait osé l'interrompre. Drago n'eut d'ailleurs aucun mal à le distinguer d'entre les autres, dépassant d'une bonne tête le reste des autres créatures par les bonnets qui s'empilaient de façon instable sur son crâne. Dans un même mouvement, tous les elfes s'écartèrent pour laisser une allée vide se former entre Drago et le concerné. Le « dit » elfe avait ses petits poings posés sur ses hanches, considérant le blond de toute sa hauteur (minuscule soit-elle). Drago laissa la curiosité le prendre lorsqu'il s'aperçut que les pieds de ce dernier étaient totalement déformés par une épaisseur impressionnante de chaussettes. Etrangement, les gros yeux verts qui le fixaient lui rappelaient quelque chose mais il avait du mal à visualiser la créature sans cet attirail pour le moins ridicule.

- Tu ne serais pas...

- Vous ne traiterez pas Harry Potter ! répéta l'elfe en pointant un doigt accusateur sur le blond.

Outre le fait qu'il l'énervait quelque peu à hurler de cette manière, Drago réussit enfin à remettre les choses à leur place.

- Dobby ? interrogea-t-il.

L'elfe bomba son torse et pointa un peu plus furieusement son doigt vers Drago qui sut alors qu'il avait pioché la bonne réponse. Il s'était attendu à pas mal de choses mais, voir l'un de ses anciens elfes de maison à Poudlard était quelque peu déconcertant. D'un autre côté, il y avait tout de même un avantage.

- Dobby, je t'ordonne de me donner à manger, dit-il.

Dobby laissa sa bouche s'ouvrir et la referma aussitôt. Faisant aller et venir son regard entre le chaudron à côté de lui et Drago, il serra soudainement ses poings et se redressa.

- Dobby est un elfe libre ! dit-il fièrement. Dobby ne sert plus la famille Malefoy !

Alors qu'il prononçait ses mots, la plupart des elfes de maison présents s'étaient bouchés les oreilles, ne partageant visiblement pas la fierté de Dobby sur sa liberté acquise.

- Je t'ai dit de me donner à manger, répéta un peu plus fermement Drago.

- Dobby ne sert plus la famille Malefoy, répéta-t-il d'une voix tremblante, semblant résister à la partie de lui-même qui lui ordonnait d'obéir au blond. Dobby est libre et écoutera ce qu'Harry Potter lui a dit.

Drago dévisagea l'elfe d'un regard noir alors que les autres ne semblaient pas vouloir faire un geste pour satisfaire sa demande. Jurant, il quitta la pièce à grandes enjambées en renversant aux passages plusieurs elfes de maison qui ne s'étaient pas écartés assez vite de son chemin. Ce Potter allait lui payer cette nouvelle humiliation, il pouvait en être sûr !

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Mais la volonté de Drago avait beau être de fer, il ne put tenir à ce rythme là une journée de plus. Alors qu'il se rendait sur le terrain de Quidditch pour l'entraînement, Drago s'effondra au sol et il fallut que Crabbe et Goyle le traînent jusqu'à l'infirmerie. C'était le samedi après-midi et il n'avait rien avalé depuis le mercredi soir. Il avait mal à l'estomac et sa gorge était tellement sèche qu'elle le brûlait. Même sa salive semblait lui avoir fait défaut alors que ses lèvres gercées commençaient à se craqueler, laissant un goût amer de sang dans sa bouche.

- Il va mourir, couina faiblement Pansy en larme en regardant le blond allonger sur un des lits de l'infirmerie, le visage aussi blanc que neige.

- Arrête tes conneries, Pansy, rétorqua Blaise en la repoussant avant qu'il ne lui vienne l'idée d'utiliser sa robe pour s'essuyer.

- Je vais crever, dit Drago en arrachant difficilement ces mots de sa gorge.

Et voilà que lui aussi s'y mettait !

- Drago, on est tous fier de toi, assura Théodore. Cependant, là il faut vraiment que tu manges.

Le blond fit un signe négatif de la tête. Il avait considéré son destin : il mourrait de soif, il mourrait de faim ou bien il mourrait de honte après s'être résigné à obéir à Potter. Tous les cas aboutissant exactement à la même conclusion, Drago ne cherchait même plus une autre échappatoire. Il ne prenait même plus la peine d'expliquer ses raisons, un simple regard suffisait, sa gorge trop sèche le faisant souffrir à chaque fois qu'un son franchissait ses lèvres.

- Il te demande de manger, intervint Blaise. Rien ne t'oblige à lui parler ou bien à faire ce qu'il veut après alors, Drago, vas y !

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Playlist : Broken de Seether

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Et ce fut à contre cœur, les jambes manquant de céder à chaque instant que Drago se rendit dans la salle tant détestée, Blaise et Théodore derrière lui redoutant que le blond ne s'effondre en chemin. Ils le laissèrent dès que ce dernier eu franchi les portes en bois, espérant désespérément qu'il n'en ferait pas qu'à sa tête et qu'il avalerait au moins un grain de riz.

- Tu es parfaitement dans les temps, dit Harry qui s'était allongé à même le sol.

Drago le dévisagea avec rage mais incapable de répliquer, la douleur à sa gorge l'empêchant de dire quoique ce soit. Le brun laissa sa tête tourner vers le nouveau venu et considéra Drago en silence. Il était bien pâle et avait peu fière allure le grand Drago Malefoy ! Etrangement, il se mit à se demander comment réagirait son Drago s'il voyait son passé dans cet état. Haussant les épaules, il se redressa : il y avait des choses auxquelles il ne valait mieux pas penser.

- Je te conseille de commencer par la boisson avant d'avaler quoique ce soit si tu ne veux pas te faire mal, dit Harry en le voyant s'asseoir à la table dans un effort qui semblait surhumain.

Pour seul réponse, il reçut le regard noir de Drago et le brun lui fit signe de faire comme cela lui chantait. Il n'allait tout de même pas donner lui-même la bectée au Serpentard, il y avait des limites ! Considérant encore un moment Potter qui s'était rallongé au sol, Drago jura intérieurement et se détourna de lui.

Bon sang, il était tombé bien bas pour abandonner si facilement ! Ce fut avec une amertume des plus affichées qu'il remplit une coupe et l'amena à ses lèvres. Il était assoiffé, c'était vrai, mais il n'allait sûrement pas céder à l'instinct animal qui lui dictait de sauter sur les plats sur la table sans garder une once de classe. Malefoy blessé dans son orgueil, sûrement, mais certainement pas Malefoy mangeant sans la moindre distinction ! Drago se refusait de donner ce plaisir à Potter qui continuait d'étudier le plafond.

Jamais encore il ne s'était rendu compte que boire était un acte si magnifique. Il sentit tout d'abord l'eau lui brûler la bouche et la gorge qui étaient totalement desséchées. Avec seulement une goulée, il parvenait à sentir le parcours de l'eau en lui et réussit à savoir quand elle atteint enfin son estomac qui grogna encore un peu plus face à cette chose liquide qu'il lui était d'une totale inutilité. Lentement, Drago buvait sa coupe, profitant de sa chaque gorgée comme s'il s'agissait d'un trésor. Il s'en servit trois de suite et les but à chaque fois le plus lentement qu'il le pouvait, imprégnant chaque recoin de sa bouche du précieux liquide. Car s'il y avait une chose qu'il savait, c'était que la quantité importait peu, il fallait faire disparaître cette sensation de soif et, pour cela, il devait profiter de chaque gorgée.

Une fois cette étape finit, il laissa son regard glisser sur les plats à lui. Il y avait de quoi le faire saliver entre les cuisses de poulets à la peau dorée ou bien encore les steaks sur lesquels s'écoulait une sauce à l'odeur veloutée. Il sentait sans peine l'odeur épicée qu'il s'élevait des légumes à coucous à droite ou bien de la crème sur les champignons croquants.

Il fallait absolument qu'il reprenne ses esprits. C'était, certes un choix difficile à faire pour contenter son estomac, mais avant tout une question de logique s'il ne voulait pas finir avec des problèmes par la suite.

Sachant que sa gorge était encore loin d'être rétablie, il dit adieu à tout ce qui était frit et regarda avec une certaine nostalgie la semoule qui ne l'aiderait surement pas pour que son corps récupère toute l'eau qu'il avait perdue. Il n'appréciait pas vraiment les champignons mais il était au moins sûr qu'ils ne lui resteraient au travers de la gorge et, alors qu'il se servait, il se dit qu'un steak haché serait également un bon choix pour contenter sa faim. Il devait y aller doucement.

Drago sentit son estomac émettre un son de satisfaction lorsqu'il avala la première bouchée. C'était si grisant de pouvoir enfin satisfaire sa faim et de mettre quelque chose sous sa dent. Il en venait même à oublier la présence de Potter à côté de lui, profitant de chaque bouchée comme il s'agissait de la dernière qui lui serait donnée.

Son diner dura une heure, une heure durant laquelle Drago mâcha amoureusement ses aliments et but lentement l'eau qui lui semblait tout à coup si précieuse. Il avait achevé son repas par du fromage blanc et avait senti avec satisfaction sa faim diminuée en partie. Alors qu'il se levait de sa chaise, il entendit brusquement Potter l'interpellé et il se tourna à temps pour attraper ce que ce dernier lui lança.

- Du chocolat à la menthe ? lut Drago au travers du papier brillant qui emballait les deux carrés.

- Je n'ai pas réussi à trouver le truc que tu bois avec d'habitude, s'excusa Harry toujours allongé, les mains derrière la tête. Ton futur garde jalousement son stock.

Ce qu'il buvait avec ? Il ne voulait tout de même pas parler de... Drago considéra le brun avec méfiance. Il adorait le chocolat à la menthe, il en raffolait même tellement qu'il avait dû lui-même se mettre des limites s'il voulait garder un corps parfait. Cependant, à part lui, tout le monde ignorait son péché mignon ainsi que la boisson qui l'accompagnait toujours.

- Tu veux m'acheter avec du chocolat ? demanda Drago en montrant les carrés d'un air totalement désintéressé bien qu'au fond de lui-même il se retenait avec des chaînes pour ne pas dévorer ce qu'il avait entre les doigts.

- « T'acheter », répéta Harry en se redressant à moitié. C'est un bien grand mot, tu ne trouves pas ?

Drago considéra Potter avec un regard noir. Il commençait à comprendre les raisons pour lesquelles il voulait tant qu'il mange dans cette pièce et rangea brusquement le chocolat dans sa poche, n'allant surement pas céder à l'envie dévorante qui l'assaillait juste pour faire plaisir à l'ancien Gryffondor.

- Je viendrai manger ici mais ne t'attends pas à ce que je me tape la discussion avec toi, lâcha Drago avant de quitter la pièce, claquant violemment la porte derrière lui.

Il pouvait toujours courir s'il voulait qu'il réponde à ses questions ou bien qu'il raconte sa vie. Drago n'allait certainement pas rentrer dans le jeu de Potter. Il mangerait et quitterait la pièce sans un mot, il n'y avait pas besoin de chercher plus loin.

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Les jours qui suivirent furent donc pour Drago une suite d'aller retour dans la salle où il mangeait sous le regard de Potter dans un silence des plus pesants. Car malgré ce que Drago avait pu croire, le brun ne fit aucune tentative pour lui parler et l'atmosphère dans la pièce était étrangement lourde. Le blond commençait même à se demander ce qu'il faisait ici.

En parallèle, le jeune Gryffondor Harry Potter commençait quant à lui à se demander ce qui avait bien pu arriver à Malefoy. Non pas qu'il se faisait du souci pour le blond mais plutôt que son futur était en totale contradiction avec le Serpentard qu'il connaissait depuis le début de ses études. Il continuait toujours de s'entraîner dans la salle mais il avait noté de sérieuses différences avec son propre futur.

Il y avait tout d'abord le fait que le futur de Malefoy s'avérait moins fort que le sien. Certes, il n'était pas tout aussi doué mais Harry n'avait pour l'instant pas réussi à le toucher lui aussi, c'était d'ailleurs un peu déprimant de savoir qu'il devrait d'abord atteindre le niveau du blond pour arriver à celui de son futur. Ensuite, il y avait une attitude totalement désarmante. Ainsi, Harry était une fois rentré dans la salle et n'avait pas tout à fait saisi pourquoi de la musique classique s'y élevait. Ce fut avec un ébahissement total qu'il entendit le blond lui expliquer qu'il trouvait quelque peu ennuyant de s'entraîner sans ambiance sonore et il avait dû éviter les coups de Malefoy sous des airs de violons et de piano.

Outre cela, le blond était toujours de bonne humeur et ne cessait de lui sourire ou bien de lui lancer des sarcasmes dès que l'occasion lui en était offerte ce qui le rendait quelque peu tendu alors que Malefoy éclatait de rire. C'était une opposition tellement flagrante qu'Harry venait à se demander : comment le jeune Serpentard avait-il pu devenir ce truc ? comment son futur à lui avait pu faire ami-ami avec ce type ? Mais il y avait tout de même un point positif dans le changement d'entraîneur d'Harry. A l'inverse du brun, Malefoy soignait en partie les blessures qu'Harry avait reçues durant l'entraînement, chose qu'Hermione ne put que féliciter, rassurée de ne put à avoir à se charger de cette tâche à chaque fois qu'elle le voyait revenir dans la salle commune. Au début, Harry avait eu du mal à se laisser faire mais il avait fini par lui accorder une légère once de confiance. Car en fait, il fallait aussi préciser une chose, le Malefoy du futur était beaucoup plus maladroit et moins précis que le futur d'Harry et ce dernier avait finit par comprendre que sa castration de leur première séance n'avait été qu'en réalité une simple faute de frappe. La vérité était parfois bien dure à entendre.

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Ils allaient finir tailladés si ça continuait ainsi, il n'y avait pas le moindre doute ! Evitant de justesse l'un de piques, Théodore se plaça derrière Blaise qui lui hurla de cesser de le pousser avant ou c'était lui qui allait finir les quatre fers en l'air.

- Bon sang, Drago ! Tu trouves où tu t'endors ! lança-t-il.

En guise de réponse, il reçut un sourire maussade du blond qui retourna presque aussitôt à sa lecture. Plus facile à dire qu'à faire, il n'avait pas à essayer de trouver la solution alors qu'on lui hurlait dans les oreilles. Tirant un sourire, il posa son doigt sur la ligne qui lui dévoilait enfin quoi faire et prit le sécateur avant de pivoter vers la plante meurtrière. Il se baissa brusquement en voyant l'un des piques devant lui et se redressa rapidement avant de coincer une des racines sortantes de la plante dans son sécateur et de la sectionner.

- C'était pas trop tôt ! dit Théodore en se retirant de derrière Blaise alors que la plante se ratatinait subitement sur place.

- Il n'y a pas de quoi, rétorqua Drago qui prit ça pour un remerciement déguisé.

- Au lieu de discuter tous les trois, ramasser les graines avant qu'elles ne sèchent, lança Chourave en passant à côté d'eux.

Le blond lui accorda un sourire jaune et elle n'ajouta rien tandis que Blaise se chargeait de mettre sa main entre les racines poisseuses. Il avait un peu de mal avec la botanique en ce moment en sachant que ces retenues le soir étaient dû à la directrice des Poufsouffles, d'ailleurs, il attendait avec impatience le soir, la dernière arrivant finalement (il fallait préciser en passant qu'il n'était plus de corvée de chiottes et ce, depuis sa première retenue, Rusard aillant un peu trop pris son rôle à cœur).

Se passant la main dans ses cheveux, il s'assit sur la chaise à côté de Blaise qui se chargeait de récolter le précieux butin. Il était totalement épuisé, pas moins de trois Secolias Tiluss à son actif, alors oui, il prenait le temps de se reposer. Drago s'étira dans un long bâillement regardant du coin de l'œil Vincent essayer de maîtriser sa plante, au plus grand désespoir de Millicent qui devait sans doute commencer à regretter de s'être mis avec lui et Grégory qui s'en sortait de la même manière.

- Alors, comment te sens-tu ?

Drago tourna sa tête vers Pansy qui venait de s'asseoir à côté de lui, un grand sourire sur les lèvres.

- Bien, répondit-il en ne voyant pas très bien ce qu'elle lui voulait. Pourquoi, je devrais être mal ?

Elle lui fit un signe négatif de la tête et lui sourit encore un peu plus. Elle était quand même un peu flippante Pansy, surtout maintenant, il devait l'admettre. Il manqua de tomber de sa chaise lorsqu'elle lui sauta brutalement dans les bras, criant à moitié alors qu'un des piques de la plante que Vincent et Grégory tentaient de maîtriser lui frôla le crâne.

- Vous ne pouvez pas faire plus attention ! leur hurla Chourave au travers de la serre qui avait déjà mainte fois pensé à ne plus accepter ces deux catastrophes dans son cours.

Alors qu'elle se chargeait de refaire une santé aux deux Serpentard, Drago tentait quant à lui de se dépêtrer de Pansy qui ne semblait pas vouloir le lâcher. Les bras enroulés autour de son cou, elle se serrait contre lui de toutes forces, manquant par la même occasion de l'étrangler.

- Pansy, tu m'étouffes ! lâcha-t-il en tentant vainement de lui faire lâcher prise.

- Oh, pardon, marmonna-t-elle en le lâchant soudainement et rajustant les habits du blond qui s'étaient quelques peu froissés par sa démonstration de bons sentiments.

Il la regarda avec recul, ne comprenant vraiment plus ce qui pouvait bien passer par la tête de cette fille. Alors qu'elle quitta finalement ses genoux dans un sourire pour rejoindre son groupe, il sentit le regard de Théodore et de Blaise sur lui. Là, il fallait qu'ils lui expliquent quelques petites choses.

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- Ne me dis pas que tu n'as pas compris ? lança Théodore alors qu'ils étaient de retour dans leur salle commune.

- Qu'est-ce que je n'ai pas compris ? rétorqua Drago.

- Pansy envisagerait bien de passer du bon temps avec toi, si tu vois ce que je veux dire, dit Blaise légèrement surpris que son ami n'ait pas encore saisi le comportement de la Serpentard.

- Ah, ça ? Je le savais déjà, répondit Drago qui avait depuis longtemps compris que Pansy rêvait d'être un peu plus intime avec lui. Ca n'explique pas pourquoi elle n'arrête pas de me sauter dessus dès qu'elle en a l'occasion.

Blaise fronça légèrement les sourcils. C'était quoi exactement la logique de Drago là ? Pansy ne voulait juste se le faire, elle était un peu, totalement, voire carrément, sous le charme du jeune Malefoy. Cependant, ce dernier ne semblait pas voir autre chose que ça : Pansy voulait passer du bon temps avec lui.

- Bon, j'ai mon rendez-vous avec Potter puis avec Rusard, dit Drago en se levant soudainement. On en reparlera plus tard.

Sous les regards quelques peu désappointés de Blaise et de Théodore, il quitta la salle commune. Pour Drago, Pansy n'était pas vraiment la première chose à laquelle il pensait le matin, loin de lui cette idée, alors il n'accordait pas vraiment d'importance aux envies de la brune.

Empruntant les couloirs, il avait désormais pris l'habitude d'aller dans la salle où il prenait tous ses repas. Il n'aimait pas voir trois fois par jours la tronche de Potter face à lui alors qu'il mangeait, mais il s'était résigné à s'y rendre pour ne pas finir affamé. Poussant la porte sans même s'annoncer (il ne fallait tout de même pas croire qu'il faisait de preuve politesse avec le futur du balafré), il se dirigea directement vers la table sans même accorder un regard au brun appuyé sur le dossier d'une chaise.

Drago s'arrêta soudainement en voyant que quelque chose dans la salle avait changé. Ou plutôt que quelqu'un d'autre était présent. Assis à l'autre bout de la table un jeune homme qui devait avoir son âge le regardait en souriant. Ses cheveux châtains clairs étaient bouclés, tombant légèrement sur ses yeux bleus/verts pétillant de malice.

- Bonsoir, dit-il.

Dans un mouvement quelque peu mécanique, Drago pivota vers Harry et sentit quelque chose se coincer dans sa gorge.

- C'est qui celui là et qu'est-ce qu'il fait ici ? lança-t-il sèchement.

Le brun ne dit rien sur le manque de délicatesse si flagrant dont il faisait preuve et se leva.

- Je te présente Thomas Leinster, ton nouveau partenaire lors de tes repas.

PS : à prononce Thomasssssss (accentuer le "s")