Chapitre 3 - Lola
Comment suis-je en arrivée là ?
Debout, à moitié nue, dans ma loge de fortune dans la forêt de Kauai, je me pose cette question.
La réponse est toute simple, évidemment. J'ai voulu faire plaisir à ma sœur, l'aider. Charlène et Delphine m'ont pourtant mises en garde, Jade pose pour de la lingerie fine, mais je ne me serais jamais attendue à ça.
Je regarde ce petit bout de soie blanche censé être une culotte. Je dis bien, censé. Ça n'en est pas une, c'est impossible !
M'habiller avec ça ? La bonne blague ! J'ai beau retourner ce minuscule bout de textile dans tous les sens, cela ne change rien. Ces vêtements ne sont pas faits pour couvrir quoi que ce soit. C'est tout le contraire.
Je ne vais jamais oser me montrer là-dedans ! Des dessous sexy, c'était déjà limite, mais alors là... L'arrière du vêtement consiste en une simple ficelle !
Si Jade adore porter ce cache-sexe, ce n'est pas mon cas. Je vais m'évanouir avant le début de la séance ! Pire, je ne vais pas sortir de cette loge !
Je saisis le haut qui s'avère être encore pire que le bas. J'avais espéré que le fin tissu me couvre davantage, mais, une fois contre ma peau, je me sens aussi habillée qu'un nouveau-né. Evidemment, c'est fait exprès. Le thème de la photo est « sacrifice virginal », mais je ne vois que le « sacrifice » ici.
Je pensais que je serais habillé d'un dessous sexy et que je devrais prendre une pose pour le thème, mais certainement pas être si peu vêtue, voire pas du tout.
Je prends une grande goulée d'air. Il faut que je le fasse. Il n'y a pas de retour en arrière. Jade compte sur moi.
Je dois le faire ! Tant pis si les appareils photos me rendent nerveuse et si je tremble toute nue sous la tente.
—Tu te dépêches ?
La voix profonde du photographe retentit de l'autre côté du drap et mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Je n'ai pas besoin de le revoir pour me rappeler le charisme qu'il dégage. Il est tel que Jade me l'a décrit : grand, imposant, avec une paire d'yeux noirs pénétrants. Il est beau à se damner ! Mais très froid, ce qui accentue mon angoisse. Je ne suis déjà pas à l'aise avec les hommes, mais me faire photographier quasiment nue et qu'en plus celui qui est derrière l'objectif est canon, mais empli de froideur, ça ne va pas m'aider.
Il n'a pas l'air non plus de quelqu'un qu'on peut berner impunément. Je l'ai ressenti lorsqu'il a posé les yeux sur moi. Je dois à tout prix éviter qu'il sache que je ne suis pas ma sœur, car s'il découvre que Jade lui a fait faux bond, il serait capable de laisser tomber le calendrier. Jade m'a prévenue. Je n'ai pas droit à l'erreur. Ce contrat est très important pour elle.
Je me suis engagée à aider ma sœur. Il faut que j'assume à présent. J'enfile donc le bas, faisant abstraction de mes doigts tremblotants. C'est bien un string. J'ai beau l'étirer de tous les côtés, il remonte sur mes fesses.
—Alors, tu sors ?
A son ton, je comprends que Killian est à bout de patience. Il ouvre brusquement le rideau et apparaît devant moi, me toisant du haut de son mètre quatre-vingt-dix.
Mon pouls s'affole, je n'ai pas le temps de me cacher ni de crier de surprise.
Il repousse ses cheveux mouillés de son visage. L'eau qui ruissèle le long de ses pommettes, de sa mâchoire tendue et de sa pomme d'Adam souligne ses traits virils. Son tee-shirt colle son corps comme une seconde peau et son jean moule ses jambes d'athlète.
Il est canon et moi une petite chose face à lui.
J'enroule à la hâte la fine étoffe autour de mon buste, croisant les bras devant mes seins.
—Je ne suis pas encore prête.
Je ne le serais certainement pas un jour, mais il faut que je dise quelque chose.
—Moi, si.
Visiblement, il en a marre d'attendre.
Je dois oublier qu'il est magnifique et si bien bâti qu'il pourrait poser lui-même devant l'objectif. Même s'il est tout sauf virginal.
—Je sais que tu n'en as rien à faire, mais la lumière dont j'ai tellement besoin disparaît avec chaque seconde qui passe, assène-t-il.
Sans même me jeter un regard, il attrape mon poignet et me traîne hors de la loge où je serais bien restée cachée. Ma tension artérielle augmente au summum.
Il marche d'un pas rapide vers le décor, me forçant à suivre son rythme tandis que j'essaie de tenir en place le tissu sur ma poitrine et mes fesses. Le temps qu'on arrive près du hamac, je suis hors d'haleine.
Il va falloir que je me mette un peu au sport, ça ne serait pas du luxe !
Killian et son assistant me fixent. Ils attendent sûrement que j'agisse comme un mannequin se doit de le faire face à un objectif. Sauf que je ne l'ai jamais été, et la seule image que je peux leur offrir est celle d'une fille sage et consciencieuse. Si toutefois, c'est ce qu'ils voient en moi. Pas sûre...
Il continue à tomber de grosses gouttes fraîches et éparses qui me font un bien fou sur ma peau brûlante.
L'autre homme avance vers moi pendant que Killian règle son appareil. Comment s'appelle-t-il déjà ? Ah oui, Stone. D'après Jade, il ne l'aime pas. J'ignore pourquoi. Son regard est froid, mais plus aimable que celui de Killian quand il m'indique le hamac.
—Allez, sors-nous le grand jeu et qu'on en finisse.
Le grand jeu ? Avec l'eau qui ruissèle sur ma peau et mes cheveux, je ne dois pas ressembler à grand-chose.
Une femme s'approche de moi. Jen, la maquilleuse et coiffeuse de l'équipe d'après ce que ma dit Jade. Elle s'apprête à me coiffer, mais Killian l'interrompt.
—Elle est parfaite comme ça. Sa peau prend la lumière à merveille et sa chevelure est très bien. Ne touche à rien.
Il pense réellement que je suis parfaite ? Je ne suis pas de son avis...
C'est étonnant que cette phrase, dite sur le ton le plus neutre qui soit, et qui ne m'est même pas adressée directement, me fasse de l'effet.
Je monte, non sans mal, sur le hamac. Une fois allongée, je serre le bandeau et croise les bras devant ma poitrine.
Stone s'approche de moi et je m'efforce de me détendre. Mon Dieu, il va arranger mes vêtements, me toucher ! Jade adore sûrement ça, mais pas moi. Je ferme les yeux un instant et inspire profondément.
—Stone, où est le parapluie blanc ?
Killian s'adresse à son assistant qui s'arrête tout en effectuant les réglages de son appareil.
—Le parapluie ? Dans ma chambre, je pense...
Il regarde autour de lui puis hoche la tête vers Killian.
—C'est évident, il te faut le blanc. Je vais le chercher.
Il rebrousse chemin et prend en courant, le petit sentier que j'ai emprunté pour venir. Je souffle de soulagement. Mais bien vite, je me retrouve nez à nez avec le photographe. Toujours aussi grand, imposant, trempé. J'ai même l'impression que les quelques gouttes qui tombent encore s'évaporent au contact de sa peau.
—Ne bouge pas.
Je reste immobile et le fixe, le pouls battant frénétiquement.
—Détends-toi, ordonne-t-il sèchement.
Plus facile à dire qu'à faire !
Je ne me suis jamais sentie aussi démunie. La nudité ne fait pas partie de mon style de vie. Je suis plus du genre à cacher mes courbes et non à dévoiler chaque partie de mon corps. Il est très rare que je laisse quelqu'un me regarder nue, encore plus une personne que je ne connais pas.
—Parfait.
Je ne trouve pas, mais bon...
A travers l'objectif, Killian me regard. Pas moi, mais mon enveloppe charnelle.
Mon estomac se noue et la pointe de mes seins durcit. J'essaie de contrôler le tremblement de mes cuisses, mais ce n'est pas facile. Cette situation est humiliante. Un cauchemar pour une femme comme moi, si réservée.
Humiliante et... excitante.
—Serre tes genoux entre tes bras.
Il contourne l'objectif et s'approche de moi.
Oh, mon Dieu ! Si je n'étais pas pratiquement nue sous une pluie fraîche, j'aurais transpiré tant je panique.
Sans rien dire, il me prend les chevilles et d'un geste délicat, me fait plier les jambes. Ensuite, il me saisit par les poignets, me faisant entourer mes genoux de mes bras.
—Penche un peu la tête, juste un peu.
Son ton était si irrité que je m'étonne de le voir se dérider de manière soudaine.
—Voilà. C'est parfait.
Je sens ses doigts sur ma peau quand il m'écarte les cheveux du visage. Je réprime un frisson.
Je le regarde, alarmée, sentant mes seins pointer d'une façon scandaleuse. Mais Killian ne semble pas le remarquer, complètement absorbé par son travail.
—Appuie ta joue sur tes genoux.
Il me donne des ordres sans se rendre compte du trouble qu'il provoque en moi.
—Et regarde directement l'objectif, comme si tu étais un peu nerveuse.
Un peu nerveuse ? S'il savait ! Je suis même étonnée que je suis pas déjà tombée dans les pommes tant je le suis !
Mes cuisses se mettent de nouveau à trembler et je les resserre contre ma poitrine.
—Reste détendue.
J'essaie tant bien que mal, mais il revient vers moi et, cette fois, il pose sa main sur ma cuisse. Une bouffée de chaleur me saisit et mon cœur s'arrête une seconde de battre pour ensuite repartir au galop.
—Détendue, j'ai dit.
Impossible. Malgré la peur et l'embarras, mon émoi grandit. J'ai les joues en feu. Que m'arrive-t-il ? Jamais un homme ne m'avait fait sentir ainsi. Je dois vraiment être perturbée pour être ainsi excitée par un inconnu qui me touche et me donne des ordres ! Mon trouble est tellement fort que j'ignore comment le dominer.
Ignorant tout de l'ouragan de sensations qui me submerge, Killian prend une des extrémités du bandeau et me le retire, me laissant complètement nue. Mis à part le triangle de mon string.
Je m'accroche désespérément à mes genoux et tente de contrôler ma respiration qui veut s'emballer.
Killian manipule le tissu comme un professionnel cherchant un résultat précis. J'ai l'impression de faire du trapèze sans filet.
Embarrassé, je me mets à parler à tort et à travers, comme chaque fois que je me retrouve en terrain inconnu.
—Je sais, je devrais faire un peu de gym...
Je croise les bras devant mes seins qui, sous la lumière de la forêt et les reflets de la pluie, semblent être passés de mon bonnet B habituel à un plantureux bonnet C.
—... et raffermir un peu mes muscles abdominaux.
—Mais qu'est-ce que tu racontes ?
Il secoue la tête et recule de deux pas, me détaillant lentement avant de me faire prendre la pose qu'il désire.
—Tu sais parfaitement que tu as un corps à damner un saint.
Peut-être que Jade le sait, mais je ne me suis jamais vu sous ce jour. On est peut-être jumelle, mais elle est bien plus belle et proportionné que moi.
Son compliment fait trembler mes jambes de plus belle. J'ai du mal à avaler ma salive. J'aurais voulu soutenir le regard de Killian, mais je n'y parviens pas. Je suis bien trop angoissée et intimidée. Jade a oublier de mentionne que Killian est incroyablement beau, très sûr de lui et qu'il dégage une aura exceptionnel. Elle ne m'a pas non plus prévenue que rien qu'au contact de ses doigts, des frissons envahiraient mon corps, ni que le seul son de sa voix me ferait vibrer à ce point. Bien sûr, elle m'a dit qu'il était mignon, mais sans plus.
—Reste comme ça.
Mes jambes pliées cachent le devant de mon corps, mais quand il se met à tourner lentement autour du hamac, en prenant des images de moi par-dessus, je ne peux m'empêcher de penser à la vue dégagée que j'offre avec le string qui remonte jusqu'à la cambrure de mes reins.
—Mmm...
—Que se passe-t-il ? demandé-je d'une voix tremblante.
Je me retins de bondir pour réajuste ma culotte d'une façon un peu plus décente.
—C'est bizarre.
La panique m'envahit. A quoi fait-il allusion, au juste ?
—Qu'est-ce qui est bizarre ?
—Rien, mais je n'avais jamais remarqué ce grain de beauté auparavant.
—Quel grain de beauté ?
—Celui-ci, juste là...
Je sens son doigt appuyer franchement sur ma fesse. Mon pouls s'emballe à nouveau et j'ai l'impression que l'endroit qu'il a touché, prend feu.
—C'est normal, d'habitude il est couvert...
—Je t'ai pourtant vue encore moins couverte qu'aujourd'hui...
Ce commentaire me fait l'effet d'une douche froide. Il a vu Jade encore moins habillée qu'avec un string et un bandeau sur la poitrine ? J'aurais dû y penser ! Ils ont déjà couchés ensemble... C'est donc pour cette raison qu'il se permet de me toucher avec cette liberté et ce naturel.
Les lampes me paraissent soudain trop puissantes. Elles mettent en évidence mes seins tendus, tellement sensibles qu'ils tremblent à chaque frôlement contre le tissu.
—Il est peut-être récent, argué-je.
Oui bon, ce n'est pas la réponse du siècle. J'ai tendance à dire n'importe quoi quand je suis nerveuse !
—Bien sûr, à force de prendre des bains de soleil...
—Tout à fait.
—Pourtant, ta peau est si blanche et crémeuse...
Il se place face à moi, me détaillant de la tête aux pieds avec son œil de photographe, s'attardant sur mes jambes que je garde devant moi comme un bouclier. Je ne veux même pas imaginer ce qu'il peut voir d'autre, de l'endroit où il se trouve.
Le laisser me regarder comme ça est une expérience à la fois difficile et troublante. Déstabilisante. Angoissante. Excitante.
Killian garde ses yeux braqués sur moi, et je me sens fondre comme neige au soleil. De plus, le devant de ma culotte frotte contre le point le plus sensible de mon corps. C'est à la fois un délice et une torture. Il m'est presque impossible de garder un rythme de respiration normale.
—N'est-ce pas le moment de prendre la photo ?
—Chut.
Il reprend l'étoffe, le drape autour de mes épaules, comme un voile et me fait tenir les deux extrémités.
—C'est très joli. Reste comme ça.
Il retourne à son appareil.
—Maintenant, sans lâcher le tissu, écarte les bras et renverse ta tête vers le ciel.
—Pardon ?
—Fais-le, s'il te plaît.
—Mais on va tout voir !
—Ne t'inquiète pas, tes genoux cachent tes seins à l'objectif.
A l'objectif peut-être, mais pas à lui ! Bon sang, il fait augmenter ma nervosité et mon angoisse !
J'inspire et respire profondément, tentant d'oublier combien mes seins sont durs et combien le rythme de ma respiration me trahi. J'écarte un peu les bras et jette la tête en arrière.
—Encore plus.
La voix veloutée de Killian, aussi hypnotique que tyrannique, n'admet pas de réplique. Je dois lui obéir.
—Expose ta gorge, mets tes seins en avant. Sacrifie-toi, Amber. Allez. On sait que tu adores ça.
Je croise son regard, il me lance le sien par-dessus son appareil.
—Ah moins que tu aies une bonne raison de te montrer pudique aujourd'hui.
—Bien sûr que non.
Mon Dieu, je ne dois surtout pas me trahir !
Haletante, comme si j'avais courus, je ferme les paupières et me donne en « sacrifice ». Par-dessus le battement assourdissant de mon pouls, j'entends une respiration. Je ne veux pas savoir de qui il s'agit. Et si c'est Killian — qui d'autre sinon ? — je préfère l'ignorer, tellement ce son est... animal.
—Reste comme ça.
J'essaie d'oublier à quel point j'exhibe mon corps. Autour de moi, il n'y a que les senteurs de la forêt et les rumeurs de la pluie.
Et le cliquetis de l'appareil photo à chaque cliché.
—Encore un peu.
La voix de Killian est basse, rauque. Et je mentirais si je disais que cela ne me fait aucun effet.
—Ouvre les yeux. Entrouvre les lèvres maintenant, geins un peu, comme si tu étais pétrifiée. Oui, comme ça, parfait.
Jamais il ne saurait qu'effectivement, je suis pétrifiée, car outre Killian, Jen et les autres sont en train de me regarder.
La foudre déchire le ciel et je sursaute. Le tonnerre me sort définitivement de la transe dans laquelle m'a mise la voix de Killian. Je me protège à nouveau de mes bras.
Killian prend une dernière photo avant de baisser son appareil.
—La pluie, je m'en fiche, mais l'orage c'est dangereux, je n'ai pas envie de prendre la foudre. On fait une pause.
Je me redresse, encore un peu secouée, et suis infiniment reconnaissante à Jen qui m'apporte un peignoir léger et soyeux que j'enfile aussi vite que possible.
—Tu as eu ce qu'il te fallait ?
Stone pose cette question à Killian et je tends l'oreille. J'espère vraiment que la séance est finie. Ainsi, je pourrais rentrer chez moi, me cacher sous ma couette et oublier que je me suis exhibé devant tout ce monde et rien que la voix de Killian ou un frôlement de sa part me met tout en émoi.
—Je ne suis pas sûr. Je veux continuer après l'orage, répond Killian.
Seigneur, on va donc remettre ça.
Je vais devoir remettre ça.
***************
Coucou mes chatons ♥
Oh là là, notre pauvre Lola se retrouve dans une situation délicate^^
Ce début d'histoire vous plaît?
Des bisous ♥
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