𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 ₄₀

➠ ❛Ces problèmes qui me détruisent

✷        ·   ˚ * .      *   * ⋆   . ·    ⋆     ˚ ˚    ✦

Hizashi fixait l'étendue aquatique avec un fin sourire au coin des lèvres, les mains dans les poches en essayant d'estimer l'heure dans sa tête. Lorsqu'il regarda sur sa montre pour trouver la réponse à sa question, trop curieux, il entendit enfin des bruits de pas dans son dos. Nul besoin de se retourner pour connaître l'identité des visiteurs, mais c'est ce qu'il fit inexorablement, son sourire encore plus grand.

« Hello guys !!

- Salut Hiz' !

- 'Lut. »

Oboro passa son bras par-dessus les épaules de son blond favori pour l'attirer contre lui, sous le petit rictus amusé de Shōta.

« Obo-bro, Shō-chan ! Mes deux meilleurs amis préférés !

- C'est le principe même d'un meilleur ami, soupira le noiraud tout en dévisageant son aîné un court instant, avant de l'interroger. Tu t'es fait quoi ? »

Hizashi leva les bras en regardant ses jambes, et haussa des épaules avec un air si léger qu'on n'aurait pas dit que cela avait d'importance.

« Je suis tombé à vélo hier !

- Et t'es toujours en vie ? s'exclama le nuageux avec surprise.

- Eh ouais !! Il faudra plus qu'un vélo pour parvenir à bout du GRAND PRESENT MIC !! Bref on y go ou on reste plantés là ?!

- Yep ! T'es avec nous Shōshō ?

- Je n'ai pas vraiment le choix. »

C'était un beau jour ensoleillé. Si beau que les trois mousquetaires avaient décidé par messages de se rencontrer le lendemain pour une petite sortie. Ainsi, Hizashi n'aurait pas à supporter Sean dans sa maison, ainsi que sa tante...

« Où est-ce qu'on va ? demanda le nuageux en levant les yeux pour voir ses semblables, les mains dans les poches dans son jeans trop large.

- Dans un café ! J'ai grave envie d'en boire un !

- Tu bois du café toi ? demanda Aizawa avec surprise.

- Ouais, ça m'arrive !

- Je crois que c'est pour ça qu'il est aussi énergique, chuchota Oboro à Shōta sans aucune forme de discrétion.

-Laissons-le boire son café, je veux voir combien de temps il va tenir avant qu'il ne meure d'un arrêt cardiaque, répondit le plus jeune sur le même ton, laissant un drôle de blanc à la conversation.

- ... Shō-chan, ça ne fonctionne pas comme ça, dit enfin Hizashi, les lunettes glissées.

- T'occupe. Allons-y. »

Et après un nouveau blanc, les deux aînés éclatèrent de rire. Décidément, Aizawa avait un humour bien insolite, mais ils le respectèrent. Bras dessus-dessous, le trio s'éloigna de la plage pour rejoindre le café le plus proche de leur position.

.

.

.

Shōta était assis face à une gaufre non-industrielle et un milkshake à la banane. Oboro, lui, avait opté pour un bubble tea et Hizashi, comme souhaité, réclamé, supplié même, avait un cappuccino avec une adorable mousse en forme d'ourson au-dessus de la petite tasse, si adorable que sa bonne humeur venait d'être multipliée par mille. Il n'y avait pas grand monde dans ce café, hormis un vieux couple, deux amies en petite robe d'été et une femme aux cheveux verts avec un berceau posé sur la chaise à côté d'elle. Lorsque cette dernière croisa hasardement le regard de Yamada, ce dernier eut comme la vague impression d'avoir déjà croisé cette personne, mais comme n'arrivant pas à s'en souvenir, il détourna rapidement les yeux pour reposer son attention sur ses camarades.

« Hm. C'est moi où ce milkshake n'est vraiment pas bon ? demanda Shōta en reposant son gobelet, le nez retroussé. »

Étonné qu'il n'aime pas ce parfum, alors qu'il semblait boire volontiers tous les autres, Oboro tira la paille vers lui pour goûter l'autre côté, et haussa des épaules avec nonchalance.

« Il a l'air bon pourtant. Tu veux qu'on échange ?

- Qu'est-ce que tu as pris ?

- Bubble tea myrtille.

- Donne. »

Rigolant devant tant d'empressement, Shirakumo échangea sa boisson contre celle de son voisin d'assise, tout ça sous le regard attentif d'Hizashi qui ne faisait que tremper ses lèvres dans la mousse de son café. Après une longue gorgée, Aizawa demanda :

« Zashi, t'es mort ? »

L'adolescent à l'alter vocal reposa sa tasse en faisant tressauter ses épaules sous l'amusement.

« Nah, je rêvassais.

- Oh, ça s'est libéré ! (Les deux autres sursautèrent presque.) Je vais au petit coin, je reviens ! annonça Oboro en se levant sa chaise avant de disparaître au fond du café. »

Les iris d'Aizawa passèrent de la porte des toilettes jusqu'au blond, puis enfin sa gaufre. Se souvenant qu'il n'y avait pas encore touchée, il le dévora avec un plaisir dissimulé par une expression éternellement blasée, alors qu'il adorait ça au plus profond de lui-même. Hizashi essuya la mousse de sa lèvre supérieure avec le dos de la main, et remarqua son téléphone vibrer. Un message apparut sur son interface suffisamment longtemps pour qu'il puisse lire avant que l'écran ne redevienne noir.

🗨 🔊

【Tout va bien en ce moment ?】

« Qui s'est ? demanda innocemment le noiraud en lisant la notification sur l'écran qu'il venait lui-même de ralumer.

- Mon cousin, il est chez moi avec ma tante...

- Oh.

- ...

- Tu n'as pas l'air très ravi.

- On ne s'entend pas vraiment, lui et moi.

- Je vois. Et pourquoi est-ce qu'il te demande si tu vas bien ?

- Il s'inquiète pour rien, it's all. Il est surprotecteur, mentit-il avec un sourire, retournant son téléphone écran face contre la table. »

Shōta, bien que fort peu convaincu, hocha doucement la tête et termina tranquillement sa gaufre. En relevant un peu la tête, il remarqua Oboro qui se dirigeait à nouveau vers eux, et sans qu'il ne s'y attende, une jeune fille qui venait de pénétrer dans le café fonça sur lui. Le jeune garçon la rattrapa de justesse pour qu'elle ne tombe pas, s'excusant auprès d'elle, tout ça sans que celui à l'alter effaceur ne puisse distinguer leur échange à cause de la distance. L'adolescente, accompagnée d'un garçon aux cheveux couleur lavande, se courba légèrement en avant et fit un quart de tour pour choisir une place pendant que le nuageux reprenait sa marche jusqu'à sa place assignée. Sans trop y faire attention, la noiraude qu'il avait accidentellement bousculée tourna la tête dans sa direction et écarquilla les yeux. Shōta, ignorant sans trop faire exprès la revenue d'Oboro, devina que l'inconnue avait repérée quelque chose, ou quelqu'un, dans leur direction, comme elle avait attrapé la main de son camarade pour le tirer jusqu'à eux. Il s'enfonça dans sa chaise en paniquant.

« Ils viennent vers nous, marmonna le fanatique de chats à l'attention de ses deux meilleurs amis. Qu'est-ce qu'ils nous veulent ?

- Qui ça ? interrogea Hizashi avant de se retourner sur sa chaise et dire... rien du tout, car sa mâchoire s'était décrochée, tout simplement, lorsque son regard trop vert croisa ceux kaki de la nouvelle arrivante.

- S-salut ! Ça fait longtemps... ! »

Après avoir reconnecté tous ses neurones, le jeune Yamada défronça un peu des sourcils et la salua en retour.

« Hi¸Meg...umi-chan, se corrigea-t-il pour ne pas laisser entendre le surnom qu'il lui donnait à l'époque.

- Qu'est-ce que tu fais ici, Hizashi-chan ?

- Hizashi-chan ? répéta doucement Shōta, les traits du visage tirés en expression peu ravi.

- Je fais un tennis, répondit avec légèrement Yamada dans un sourire blagueur. »

Megumi l'imita, amusée, et attira le garçon aux yeux cendrés près d'eux.

« Je suis avec Hideyoshi Hai, un ami. On était en classe tous ensemble tu te souviens ?

- Yo Hai-san ! Ca fait un bail ! »

Hideyoshi hocha doucement la tête.

« C'est vrai. C'est sympa de te recroiser... Je présume... souffla-t-il plus doucement sans que personne ne puisse l'entendre, puis reprit plus fort. Et eux, c'est qui ?

- Je vous présente mes deux meilleurs amis !! Shōta Aizawa, et Oboro Shirakumo !

- Salut !! s'exclama le deuxième cité avec un large sourire. »

Le noiraud se contenta de lever vaguement la main pour les saluer.

« Guys, voici Megumi Hitsuyō, my... ex-girlfriend. »

La fille aux yeux vert kaki rougit un peu en détournant le regard, jouant nerveusement avec une mèche de ses cheveux sombres, avant de tâcher reprendre constance.

« Ça me fait plaisir de te revoir, Hizashi-chan. Est-ce qu'on peut se joindre à vous ? On pourrait discuter, ça peut être sympa. Est-ce que ça vous dérange ? »

Après un rapide regard vers les deux autres adolescents attablés, troublé, il hésita un peu avant d'acquiescer dans la plus grande des bonnes humeurs. Ravie, elle prit timidement place entre Oboro et Hideyoshi, sans même se douter qu'un certain garçon aux yeux couleur nuit ne cessait de la lorgner avec intérêt. C'était donc ça, le style de partenaire d'Hizashi ? Les noirauds timides courts sur pattes avec un minimum de matière grise ? Shōta décida d'engager la conversation pour voir ce qu'il en était d'elle, et après quelques minutes, il se surprit à la trouver plutôt... sympathique. Yamada, de son côté, souhaitait mourir et être enterré sur le champ. Pourquoi est-ce qu'Aizawa semblait avoir de l'intérêt pour elle ?

Pendant que le nuageux jetait des blagues à tout va au grisé qui, malgré ses airs un peu silencieusement sérieux, se plaisait à les écouter en riant franchement à chacune d'entre elles, et Shōta qui cherchait à percer à jour la fameuse ex-petite-amie du luron qui le voisinait, Hizashi, eh bien, se terrait dans un silence qu'on ne lui connaissait que rarement tout en terminant son cappuccino tiède. Finalement, ressentant ce malaise, la noiraude finit par demander avec douceur et bienveillance :

« Et toi, Hizashi-chan, où en es-tu ? »

Où il en était ? A des milliards d'années lumières de la réalité, saisi de tous parts par une force invisible qui le tenait fermement au milieu de l'espace pour l'obliger à émanait sa lumière si chaleureuse dans le simple but d'émerveiller les regards curieux et brûler à petit feu son noyau.

« Tout roule, et toi ?

- Ca va bien. Je suis première de ma classe et ma famille me soutient pas mal dans mon projet pour intégrer une prestigieuse université.

- Nice. Tu t'en sors bien.

- Merci. Toi non plus. »

À vrai dire, leur échange avait engendré un silence à la table. L'ancien couple comprit le malaise qu'il avait inconsciemment créé et se leva comme un seul homme pour y mettre fin.

« On continue notre discussion dehors ?

- Yeah.

- Attendez, quoi ? Vous allez nous lâcher, sérieux ?! s'outra Oboro en s'étouffant à moitié avec son milkshake à la banane. »

Mais ni Hizashi, ni Megumi n'avait répondu à l'exclamation du nuageux. Le cendré, lui, baissa la tête sur son verre de jus de fruit. Lorsque la porte du café se referma derrière eux, le garçon aux cheveux lavande prit enfin la parole.

« Ils formaient un beau couple. Ils avaient toujours été sur la même longueur d'onde. On pensait tous qu'ils finiront ensemble mais personne ne sait où ça a butté. »

Shōta baissa les yeux sur son bubble tea, anxieux quant à la raison pour laquelle ils ont préféré s'isoler. Mais surtout pourquoi ni lui, ni Oboro n'avait été mis au courant de l'existence de cette fille.

De leur côté, les deux adolescents se retrouvèrent devant le lieu public, loin de leurs amis respectifs. Hizashi croisa les bras sur sa poitrine, adossé au mur du bâtiment, et la noiraude s'appuya contre le bord d'une table vide juste en face de lui. Elle était magnifique dans son petit short couleur kiwi qui rappelait la couleur de ses yeux, et sa petite chemisette blanche qui flottait au vent avec la délicatesse d'une fleur fragile, synonyme de délicatesse et de bonté. Tout ce qu'elle était, finalement.

« Je voulais sincèrement m'excuser.

- Moi aussi Meg-chan, se dépêcha de dire le blond sans tiquer au surnom qu'il avait inconsciemment utilisé à son égard, alors qu'il se l'interdisait depuis leur séparation.

- Tu... t'excuses ? Mais pourquoi ?

- Je n'ai pas été à la hauteur, tu méritais plus qu'un crétin comme moi.

- Je t'interdis de parler de toi ainsi ! On n'était simplement pas fait l'un pour l'autre !

- C'est ce que tu penses ? »

Megumi planta ses dents dans sa lèvre inférieure, agitée.

« J'essayais de penser le contraire... Je t'ai aimé, je suis sincère. Mais mes sentiments pour toi se sont effondrés petit à petit...

- Moi aussi, répondit un peu trop froidement Hizashi en remerciant ses lunettes de cacher ses yeux qui s'embrumaient de larmes. Enfin je veux dire, moi aussi je t'ai aimée. Sincèrement. Et apprendre à ne plus t'aimer m'aura demandé du temps.

- J'espérais de tout cœur que tu t'en sois remis... Je sais que ce que tu as éprouvé était douloureux, mais crois-moi, j'ai également eu mal en rompant avec toi... Ca me fait... chaud au cœur de te voir sourire à nouveau. Ça m'avait manqué. Tu m'avais manqué. »

Elle eut un petit sourire en posant sa main sur son cœur.

« Je pense souvent à toi quand ça ne va pas. Parce que tu as su me redonner le sourire quand ça n'allait pas, ni pour toi, ni pour moi. Je voulais te remercier pour ça aussi. Tu m'as accordé ta confiance, et bien que j'aie rompu nos liens, j'en reste infiniment touchée. Tu es quelqu'un de bien, Hizashi. J'ai envie que tu retrouves quelqu'un, que tu puisses aimer à nouveau, que tu vives heureux avec la personne dont tu seras fou amoureux.

- Et moi j'aimerais que tu me dises honnêtement si je mérite d'être aimé. »

Un peu déconcertée par la demande, Megumi serra un peu plus fort le rebord de son assise.

« Bien sûr, tout le monde mérite recevoir de l'amour.

- Mais est-ce que je fais partie de cette catégorie de gens qu'on appelle 'tout le monde' ? Est-ce que je suis digne d'avoir une place dans un univers que je déteste parce que tout le monde veut se ressembler alors que moi je n'y parviens pas ?

- Hizashi-chan, qu'est-ce qui se passe avec toi ? Qu'est-ce que tu es devenu depuis la fin du collège ?

- Nothing, justement. Nothing at all.

- Hizashi... »

Elle quitta son appui pour se planter juste en face de lui.

« Je n'avais pas l'attention de te détruire...

- Tu ne m'as pas détruit, Meg.

- Alors quoi ?

- J'ai toujours été comme ça.

- Tu mens.

- N-no, I... »

Un passant marcha près d'eux sans faire attention aux adolescents. Ils attendirent qu'il disparaisse de la terrasse pour poursuivre leur échange.

« ... J'ai toujours été comme ça.

- Ce n'est pas vrai. J'ai aimé un garçon bon, souriant et plein de joie de vivre. Tu penses que quelque chose t'a rendu comme ça, mais je ne vois pas de quoi tu parles. Je suis sûre que tu es toujours ce garçon gentil et surexcité qui vagabondait dans la cour de récré en chantant les derniers tubes avec ses copains pendant que sa copine le regardait faire en riant à en pleurer. Je suis persuadée que tu es toujours cette même personne insouciante, que si tu le voulais tu irais devant ton lycée et tu chanterais à tue-tête la première chanson qui te viendrait à l'esprit. Tu te serais ridiculisé, mais tu n'en avais pas peur à l'époque, pourquoi ça serait différent aujourd'hui ?

- Est-ce que tu as éprouvé des regrets en me laissant seul dans ce parc ?

- Je te mentirais si je te disais que je n'ai pas regretté d'avoir lâché ta main. Mais c'était la meilleure chose à faire. Je n'allais pas te rendre heureux. Je n'ai jamais vraiment réussi à-...

- It's not true !! (Hizashi serra les poings.) Tu me rendais heureux, j'avais quelqu'un qui faisait attention à moi qui arrivait à me regarder droit dans les yeux sans me juger ! Quand tu as rompu avec moi, j'ai eu si mal que je ne voulais même plus aller aux examens d'entrée à Yuei. Mais j'y suis allé, va savoir pourquoi ! Peut-être pour me persuadais que notre rupture n'aura pas été vaine. Et j'ai eu raison d'y aller. Je me ridiculise à être qui je suis, mais chanter est devenu au-dessus de mes forces, d'accord ? I assume. Tous les jours j'arrive à aller en cours sans faire attention qu'il y ait potentiellement des gens qui n'aiment pas mon côté excentrique et bruyant, je rencontre des gens formidables qui m'acceptent tel que je suis. Un sourire sur pattes. Même que je suis amoureux de quelqu'un d'autre, now. J'ai rencontré quelqu'un au lycée. Tout l'amour que j'avais encore pour toi s'est accumulé d'un sentiment que je repoussais durant plusieurs mois jusqu'à ce que tout craque ! Et cette personne a accepté le Hizashi Yamada beaucoup trop annoying, mais pas le Hizashi Yamada qui a peut-être envie de ressentir à nouveau ce sentiment d'être aimé ! May... Maybe I'm not meant to be loved...

- Hizashi... murmura-t-elle en le serrant fort dans ses bras. Ne pleure pas, s'il te plait. J'ai envie que tu te reconstruises. J'ai envie te voir heureux à nouveau. Bien sûr que tu mérites d'être aimé, tout le monde le mérite. Alors trouve-toi quelqu'un qui t'accepte comme tu es tout entier. Fais-le pour moi. »

Le blond fit glisser ses mains dans le dos de Megumi.

« I can't promise. But I can try. Merci, c'était sympa de te revoir. »

Ils se séparèrent et la noiraude se dépêcha de fouiller quelque chose dans la poche de son short, pour finalement en sortir un petit calpin et un mini-stylo. Elle déchira un lambeau et nota une série de chiffres qu'elle tendit à son vis-à-vis.

« Je doute que tu veuilles me redonner ta confiance une seconde fois. Mais dans le doute, si tu as besoin de parler, n'hésite pas pour me lancer un message. »

Touché, Yamada s'empara du morceau de papier et le serra dans la paume de sa main.

« Merci. »

Il lui sourit. Megumi l'imita.

« Je ne te l'ai pas assez dit, mais tu as vraiment le plus beau sourire de l'univers. Qui que soit la personne que ton cœur a choisie, je vous souhaite tout le bonheur du monde. »

Hizashi prit quelques couleurs sur ses joues tandis qu'il regardait cette fille qu'il avait tant aimé rentrer à nouveau dans le café. Après quelques secondes de réflexion, il lui emboîta le pas et l'aperçut de loin se pencher auprès de Shōta et Oboro, côte à côte avec Hideyoshi, avant de partir. En passant près de l'énergique, ce dernier ne put s'empêcher de lui lancer :

« Moi aussi, je vous souhaite tout le bonheur du monde. »

Megumi serra la main du garçon aux cheveux couleur lavande, les pommettes chaudes.

« Merci, Hizashi-chan. »

Les deux amis quittèrent l'établissement. Plusieurs secondes s'écoulèrent dans le silence, dans le flou, jusqu'à ce qu'il redescende sur terre sous l'appelle brutal de Shirakumo qui lui donna une bonne tape dans le dos.

« Pourquoi tu nous as jamais parlé d'elle ?!

- C'est vrai ça, ajouta le noiraud avec un peu moins de reproche que l'aîné, cependant.

- Huh ? Bah, aucun de vous deux ne vous êtes intéressés à mes ex. (Il enfonça le billet dans sa banane.) Qui a payé ?

- Moi, répondit le nuageux en soufflant du nez. On va se balader ? »

[...]

Hizashi reposa son casque et coupa le jus qui alimentait son matériel de transmission radio. Il était épuisé et avait la gorge sèche. Un peu hasardeux, il se leva et se débarrassa des câbles dans la boîte en carton prévu à cet usage, et jeta un coup d'œil à l'heure qu'affichait son téléphone. Ouais, il était définitivement l'heure pour lui de bondir dans le prochain train du sommeil, à condition de ne pas tarder plus longtemps.

Après avoir tout rangé et s'être changé, le blond se laissa tomber dans son matelas, veillant à ne pas réveiller Sean qui dormait déjà à poings fermés depuis plusieurs heures. À vrai dire, il aurait voulu lui raconter son expérience journalière, sa rencontre avec son ex-petite-amie et toutes ces choses que personne ne savait sur lui à l'instar de Megumi. Le cœur lourd, il piocha dans ses affaires son téléphone et ouvrit le nouveau contact fraîchement acquis. Il ne savait pas s'il était ravi d'avoir le nouveau numéro de cette fille, ou effrayé de se retrouver face à un fantôme de son passé.

Il voulut lui envoyer un message. Pour avoir un conseil, n'importe quoi. Mais il n'y parvenait pas. Ou plutôt, n'en avait pas vraiment envie. Alors il changea de contact et pianota à quelqu'un d'autre, et ce quelqu'un d'autre, fort heureusement, se réveilla à cause du vibreur de son portable. Ils échangèrent quelques bulles avant qu'Hizashi ne se relève de son lit, emportant avec lui un jeans et un pull, veillant à ce que son petit-cousin de vingt-et-un ans ne se réveille pas.

Hizashi se changea dans le salon, cacha son pyjama dans le garage, et s'enfuit de la maison avec son vélo. La dynamo qui clignotait au rythme de ses coups de pédale faisait jaillir un halo de lumière qui illuminait son chemin telle une illumination divine. À trois heures du matin, si quelqu'un le découvrait, il était mal. Très mal. Mais cela ne l'empêcha pas d'accélérer la cadence pour arriver jusqu'à sa destination... La maison était plongée dans le noir, seuls les lampadaires éclairaient la façade principale du foyer. Hizashi abandonna son véhicule orange fluo dans le jardin, sur l'herbe humide, et se planta devant la porte. Il envoya un message pour annoncer son arrivée afin de ne pas réveiller toute la maison avec la sonnette et quelques minutes plus tard, la clef déverrouilla lentement la paroi en bois. Doucement, méticuleusement, elle s'entrebâilla. Une ombre plus petite que lui l'accueillit.

« Tu es vraiment un idiot fini, Zashi.

- Je sais. J'peux entrer maintenant que je suis là ? »

Shōta recula pour le laisser entrer et à peine eut-il fermé la porte après son passage que son meilleur ami se rua sur ses lèvres, les bras enroulant ses côtes. Surpris, le noiraud posa ses mains sur le torse du blond mais finit bien vite par se laisser happer par le baiser. Il ferma les yeux, profitant lui aussi de l'étreinte. Puis enfin, à bout de souffle, le plus âgé le rompit et ne perdit pas une seule seconde pour attraper son avant-bras. Il le tira jusqu'à la chambre de son hôte. Makura devait dormir profondément à l'autre bout de l'étage, les agitations des deux adolescents ne devaient pas la déranger après tout. Sans prendre la peine de se changer, comme il n'avait rien pris avec lui hormis son téléphone et ses lunettes, Hizashi se laissa tomber sur le matelas trop grand pour un seul en attirant Aizawa avec lui, tout contre son corps. Cette fois, ils n'étaient pas allongés côte-à-côte comme le démontraient si bien leurs précédentes soirées pyjamas. Cette fois, le plus petit avait été attiré sur lui, les mains sur les épaules de Yamada, et sa tête reposait juste sous le menton de ce dernier. Un peu surpris par l'insolente proximité, Shōta se permit de lui demander si tout allait bien, sentant que cela n'était pas le cas, mais la seule réponse qu'il reçut en retour fut une main terriblement chaude qui vint se poser dans ses cheveux charbon. Acceptant le silence comme un refus de se confesser auprès de lui, celui à l'alter effaceur finit par pousser un soupir vaincu. Il ferma les yeux, bien confortable contre ce corps, et son oreille écouta les battements apaisés de son cœur. Hizashi, rassuré de sentir Shōta contre lui pour apaiser ses inquiétudes et ses souffrances, put enfin fermer les yeux en toute sérénité.

Hizashi avait mal et Shōta était la raison de sa douleur. Parce qu'il était fou amoureux de lui, mais son amour n'était aucunement réciproque. Parce que Shōta lui apportait, inconsciemment, un bonheur plus puissant que la douleur elle-même. C'était comme ça. Et Hizashi n'y pouvait rien. Alors il accepta cette douleur pour sentir la satisfaction. C'était bon. Si bon de se sentir vivant avec une simple personne qui se disait pas grand-chose, mais qui était tout son monde. Son petit cœur plein d'amour comme un univers saturé de vide battait le tempo de sa vie, cette vie qu'il n'avait pas demandée mais qu'il essayait de chérir du mieux qu'il pouvait. Son petit cœur avait enfin quelqu'un à aimer. Son petit cœur avait trouvé quelqu'un à qui donner son trop d'amour.

À quoi cela lui servait de parler avec son petit-cousin ou son ex-copine ? Tant qu'il avait Shōta, tout ira bien.

Oui.

Tout ira pour le mieux.

[...]

Lorsqu'il se réveilla ce matin-là, l'esprit encore brumeux, il se rendit compte qu'il était allongé de travers dans un grand lit, et un peu hasardeux, il nota que son duvet était tombé. Hizashi se mit assis et bailla si fort que des perles se formèrent aux coins des yeux, et quand il chercha ses lunettes sur sa table de nuit, il comprit que premièrement : il n'arrivait pas à l'atteindre et deuxièmement : bah, depuis quand avait-il un lit si grand qu'il s'y perdait ? Il observa tout autour de lui, perplexe, avant de se rappeler de sa petite fugue de cette nuit. Il était chez Shōta. Et ce dernier n'était pas là.

Le blond se leva, attrapa sa paire de lunettes au passage, et fouilla dans le tas de couverture au sol pour en sortir son téléphone. Il était onze heures passées et plusieurs appels manquants de ses parents le firent presque regretter être sorti cette nuit sans prévenir personne. Il inspira un bon coup, et sortit de la chambre pour trouver une âme quelconque. Et malheureusement pour lui, pensant rejoindre son meilleur ami, le pauvre adolescent tomba nez-à-nez avec Makura, accoudée grossièrement à la table, une grande tasse de café fumant sous son nez. Elle le dévisagea un moment, cligna plusieurs fois des yeux, et finit par lâcher :

« Je suis en train de rêver ? Zut, ce café n'est pas assez fort.

- Well, en fait vous ne dormez pas, Aizawa-san. Désolé de déranger mais je... j'ai...

- Il a insisté pour venir., m'man, ne me punie pas. »

Hizashi jeta un regard outré à son cadet qui se tenait à côté de sa mère, transpirant dans une tenue de sport.

« ARE YOU SERIOUS ?!

- C'est toi l'idiot qui as insisté pour venir en pleine nuit, j'y suis pour rien. »

Makura se massa les paupières avec des deux index.

« Ça ne me dérange pas si tes parents sont au courant... »

Elle rouvrit les yeux lorsqu'elle entendit le rire nerveux du meilleur ami de son fils. Le noiraud afficha une expression lasse.

« Tu te fous de nous ? T'as fugué ?

- Moi ?? FUGUER ?! NAAAAAAAH PAS DU- (Il suffoqua lorsque Shōta annula son alter, et se laissa mollement entraîner jusqu'à la pièce voisine pour laisser Makura en dehors de ces histoires.)

- Donc tu es en train de me dire que tu es parti de chez toi à une heure pas possible de la nuit sans prévenir personne ? Juste parce que t'avais un coup de blues ? Et ta famille, dans tout ça ? Elle dira quoi ? (Il n'avait toujours pas cligné des yeux.) Tu vas me faire plaisir et rentrer chez toi pour rassurer tes parents. »

Il papillonna des yeux et lâcha le bras du blond.

« Si je rentre mon père va encore me faire la morale, et Sean est casse-pieds ! J'ai préféré venir te voir !

- Mais je ne peux pas remplacer tes parents, t'es idiot ou quoi ? Tu ne peux pas faire ce qui te chante juste parce que quelque chose ne te plait pas. Il faut que tu apprennes à accepter certaines défaites.

- Mais-...

- Mais rien du tout, Hizashi. Je ne suis pas un psychologue bénévole, tes problèmes ne doivent pas m'en poser.

- ... Ok. Compris.You're right. Désolé d'avoir dérangé. »

Il afficha un énorme sourire et donna un coup léger dans l'épaule du noiraud, ce dernier très légèrement surpris de cette réaction, avant de prendre pour direction la porte principale.

« Passez une bonne journée, Aizawa-san !! Merci de ne pas avoir appelé la police ! »

Et il disparut dans un fracas propre à lui-même, emportant avec lui toute la bonne humeur qu'il avait amenée cette nuit.

Shōta, quelques secondes plus tard, réapparut dans la cuisine et retira son sweat-shirt imbibé de sueur, résultat de son entraînement matinal devenu presque habituel.

« Tout va bien avec ton ami ? demanda la mère au garçon qui calait son vêtement de sport sous le bras.

- Je ne pense pas. Mais tu connais Hizashi, il ne dira rien. Cet imbécile préfère agir sans réfléchir. »

Il se détourna de Makura et se dirigea dans la salle de bain sans plus y penser. Après tout, si cet idiot ne voulait rien lui dire, il n'avait qu'à se débrouiller pour gérer ses problèmes tout seul, comme un grand. Tout comme lui le faisait.

[...]

Le nouveau trimestre ponctua la fin des vacances d'été. Hizashi quitta le vestiaire avec énergie et se posta sur le terrain avec les autres étudiants déjà présents, que ce soit ceux de la première A ou la B, jusqu'à apercevoir Shōta et Oboro se diriger vers lui. Bien évidemment, alors qu'il inspectait les deux amis avec un sourire aussi grand que le continent, ses yeux trop verts se posèrent sur un détail particulier qui le surprit. Il pointa un finger gun et le noiraud, blasé comme bien trop souvent, baissa ses iris obsidienne sur la trouvaille de l'orchidoclaste.

« Yo yo yo ! Shō ! C'est quoi ces goggles ? Tu t'es pris la même paire qu'Obo-bro ? »

Et effectivement, le plus jeune du trio avait enfin en tour de cou les fameuses goggles jaunes que le nuageux lui avait données pendant leur dernier stage, juste avant les vacances. Et lorsque le jeune fanatique de compotes ouvrit la bouche pour lui répondre, il se fit devancer par le donneur, dans son éternel joie de vivre, alors qu'il enroulait son bras par-dessus les épaules du plus petit.

« Yup ! On fait la promo de notre duo ! s'exclama-t-il, fier de remettre sur le tapis la paire formidable qu'ils avaient formé pour se battre contre un vilain durant le stage.

- Tch, ne l'écoute pas. Il me les a données pour que je puisse me protéger les yeux quand j'utilise mon alter, à la base. Tu n'as jamais mentionné qu'on devait faire la promotion de-...

- Vous vous foutez de ma gueule ??! s'énerva un élève de la classe parallèle, les muscles contractés. Tu te permets de voler mon idée ?!

- Qu'est-ce qu'il veut, Sensoji ? marmonna Shōta au bleuté, les sourcils froncés.

- Aucune idée, je ne sais même pas de quelle idée il parle...

- L'idée de mettre des lunettes de protection !! Mon alter 'blast' est trop flashy et m'empêchait d'atteindre mes cibles ! Mais grâce à elles, poursuivit-il en mettant sur son nez une paire de lunette de soleil, je ne suis plus ébloui par mon propre pouvoir et j'ai vachement gagné en précision ! Vous savez ce que j'ai appris ? C'est qu'il est important de se protéger les yeux. ~

- Hang on ! T'as juste copié mon style depuis qu'on nous a collé ensemble pendant le stage de l'année passée !

- Ah, c'est vrai que vous vous êtes retrouvés dans la même agence, dit Shōta en se rappelant du stage de seconde qu'ils avaient effectué, celui durant lequel il était chez un retraité qui faisait des claquettes.

- Bon, grogna Sensoji en foudroyant les trois moustiques qui lui arrivaient à peine aux épaules. Comme je suis généreux, je veux bien admettre que même des nazes comme vous ont pu me donner cette merveilleuse idée. Mais ce n'est pas une raison pour me copier !!

- C'est une logique égoïste quoi, grommela Shirakumo qui se révélait dépassé par la bêtise de son camarade.

- Il cherche juste un prétexte pour gueuler, ignorez-le, soupira Aizawa en tournant les talons, les mains dans les poches, excédé par la dispute ridicule. »

Lorsque le professeur principal de la classe A arriva sur le terrain, il attira l'attention de tous par sa simple présence.

« Aujourd'hui, entraînement au combat à deux contre deux. Je vais désigner les binômes...

- Sensei ! demanda Oboro qui avait levé la main avec empressement. Comme Shōta et moi sommes assignés dans la même agence pour les stages de cette année, on peut faire équipe ?

- Bonne idée, vous mettrez en pratique ce que vous avez appris sur le terrain. Ceux qui sont dans le même cas, formez aussi des duos ! »

Hizashi qui était le seul à ne pas avoir de binôme, comme il effectuait son stage de première chez Muscle Man, regarda tout autour de lui en espérant tomber sur l'autre élève qui avait été assigné seul dans une agence. Et malheureusement pour lui, cet élève n'était rien d'autre que le terrible Sensoji. Il râla en levant la main.

« HEY ! TEACH' !

- Qu'est-ce qu'il y a Yamada ?

- J'étais déjà coincé l'année passée avec Sensoji, no thank you ! J'veux changer de binôme pour une fois !

- Et puis quoi encore ? Je vais te changer les idées, moi, répondit le professeur, excédé par l'énergique qui lui rendait la vie si dure. »

Bien évidemment, le concerné n'était pas du tout ravi que Yamada parle de lui ainsi.

.

.

Le cours avait à peine commencé qu'un bâtiment s'était déjà effondré. L'adulte prenait en note la performance de ses élèves, notamment le duo discordant qui réduisait tous sur leur passage grâce à leur alter. Malgré les plaintes incessantes d'Hizashi, le professeur était conscient qu'ils formaient un duo puissant avec leurs alters combinés. Offensifs et spectaculaires. Comment mieux maîtriser les vilains en restant dans l'attaque pure si ce n'est en combinant leurs pouvoirs ? Ils étaient doués, peut-être deux des plus méritants de leur classe respective.

En revanche, lorsque l'adulte sans pupille aperçut Shirakumo et Aizawa, il ne put s'empêcher de penser qu'à défaut de ne pas se catégoriser dans la puissance, ils se consacraient davantage sur la ruse et la technique. Lorsqu'on voyait Oboro se battre sur son nuage, bâton en main, le Sensei devait bien admettre que les cours particuliers du noiraud pour remonter le niveau de l'ancien élève de la filière générale se voyait bien dans ses manières d'établir ses actions. Même s'il était un peu dur avec ses étudiants, il devait bien admettre qu'ils se débrouillaient bien pour des deuxièmes années.

« À nous deux, Aizawa !! interpela le binôme d'Hizashi sans plus respecter les règles de l'exercice. Si je gagne notre duel, tu laisses tomber tes lunettes ! Rien que de te voir avec ça me tape sur les nerfs !

- C'est pas mon problème, grogna Shōta en dévisageant l'index qui le désignait.

- Challeng accepté !! répondit plus fort Oboro, le poing serré et les dents à découverts dans son large sourire, faisant soupirer le noiraud qui n'avait plus qu'une envie : l'étrangler avec son ruban. On mise nos lunettes contre les vôtres !!

- HEIIIN ?! Why me ?!! s'exclama Hizashi, indigné de devoir participer à ce défi stupide.

- Ces lunettes symbolisent notre amitié, argumenta le nuageux. On les protège jusqu'au bout !

- En fait pour toi, tout est un jeu, marmonna l'effaceur d'alter, mécontent de la tournure que prenait la situation, surtout qu'ils devaient s'opposer à Hizashi.

- Assez parlotté, Yamada, reste derrière-moi si tu ne veux pas me gêner ! Je vais me les faire à moi tout seul !! ordonna Sensoji en bondissant en avant, prêt à dégainer son alter sur Oboro et Shōta. Je vais vous éclater, les minables !! »

Malheureusement pour l'attaquant, lesdits minables esquivèrent sans broncher l'attaque, profitant du nuage de poussière pour se faufiler hors de sa vue. Oboro analysa brièvement sa nouvelle position, et prenant un peu de hauteur, il en profita pour cacher la vue de l'élève de la classe B avec un nuage proportionnelle à la taille de sa tête sans cervelle apparente.

« Eh hop, la tête dans les nuages ! rigola Shirakumo en disparaissant de sa vue pour de bon. »

L'élève aux muscles trop soulignés serra les dents en chassant son masque cotonneux, s'attendant à tomber nez-à-nez avec l'un de ses deux adversaires. Cependant, contrairement à ses attentes, tout ce qu'il vit fut un petit objet en forme de quille qu'il ne reconnut pas immédiatement... Un petit objet doté d'un haut-parleur.

[Devinette... Où est-ce qu'on se cache ?]

Sensoji se mit en position de combat sans laisser le temps au cumulus de poussière de s'évaporer définitivement.

« Attends un peu, petit malin... Je vais te faire disparaître en même temps que tes nuages !! »

[Hmm... La réponse était... Shōta se trouve derrière toi...]

Une silhouette avait bondi au-dessus de sa tête, son ruban en main. L'aspirant héros de la classe B se retourna pour l'attaquer, laissant son dos à total découvert.

[Et moi, devant !!]

Une seconde silhouette se détacha de l'accumulation de particules pour parvenir juste au-dessus de sa tête, et avec son bâton, il parvint à frapper son visage dans le but de l'envoyer valser derrière eux. Le corps de l'élève rencontra brusquement le sol et Shōta, qui avait juste eu le temps d'esquiver son meilleur ami, se réceptionna parterre sans accro.

« C-c'est pas terminé !!

- Au contraire, je crois que ça suffit, répondit calmement Aizawa en récupérant la paire de lunettes de soleil de leur adversaire. À deux contre un, ce n'est pas loyal. On annule le pari. »

Sensoji se releva en grimaçant et frappa dans la main du noiraud pour qu'il fasse tomber sa paire dans la poussière. Il ne prit aucune peine à essuyer le sang qui coulait de son nez dans l'immédiat, préférant écraser ses lunettes avec son pied pour les briser d'un coup sec, et là, seulement là, il tourna les talons, le dos de sa main sur son visage.

« J'ai pas perdu, ok ?! J'en avais juste marre de ses lunettes ringardes ! »

Shōta laissa retomber son bras sans détacher ses yeux noirs de son adversaire. Oboro, deux pas derrière lui, fixait la scène avec surprise. Hizashi, totalement scandalisé que son binôme ait perdu le duel, faisait rage pour ne pas laisser jaillir sa colère. Le sifflet de leur enseignant attira leur attention.

« Sensoji ! Bon sang, il faut te réexpliquer le but de cet exercice ?! Le tra-vail d'é-quipe !! »

Mais l'étudiant était en train de quitter le terrain. L'adulte fit un pas pour partir à sa poursuite, s'arrêta, hésita, se tourna vers ses élèves et leur dit :

« Ah oui, Shirakumo et Aizawa, vous n'avez pas les alters les plus faciles à utiliser mais vous les avez bien combinés... Hum, continuez comme ça ! »

Et il partit en courant pour rattraper le fuyant.

« Reviens ici !! Je n'en ai pas fini avec toi !! »

Oboro éclata de rire en se rapprochant de ses deux meilleurs amis.

« Un compliment de passage c'est toujours mieux que rien ! »

[...]

Hizashi sortit de sa douche en rouspétant, peu ravi de sa journée. Il aurait sérieusement préféré rester en vacances... Non seulement il devait se coltiner Sensoji pour l'exercice du jour, mais son enseignant a jugé bon les remettre ensemble pour le stage !! Il n'allait donc pas revoir Muscle Man, c'était regrettable. Et pour couronner le tout, ce crétin avait parié leurs lunettes respectives et le voilà obligé de tenir le pari... Il se regarda dans la glace en plissant des yeux, se regardant dans ce trop vert qui ne lui faisait pas grand-chose. Dénudé à l'exception de son short pour dormir, l'adolescent s'attarda sur son corps qui cherchait à devenir athlétique. Certains muscles se dessinaient progressivement, mais le plus époustouflant était ses abdos qui remplaçaient le plat habituel. Il força un petit sourire, satisfait de sa transformation, et passa une main dans ses cheveux humides pour dégager son front. Il scruta son reflet encore quelques secondes, son corps, ses bras, ses cicatrices, ses bleus, ses petites taches de rousseur sur les épaules... Et ferma les yeux, expirant l'air qui l'étouffait. Il fit demi-tour et se laissa tomber dans son lit.

À partir de quand sait-on qu'une étoile n'arrivait plus à briller ?

«Je t'ai aimé, je suis sincère. Mais mes sentiments pour toi se sont effondrés petit à petit...

Je n'avais pas l'attention de te détruire... »

«Tu ne m'as pas détruit, Meg.

J'ai toujours été comme ça. »

«Je ne suis pas un psychologue bénévole, tes problèmes ne doivent pas m'en poser. »

C'était difficile à dire... Les étoiles mourraient bien avant que leur lumière ne s'éteigne.

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