𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 ₂₈
➠ ❛Apprends-moi à sourire❜
Je m'excuse d'avance pour ce chapitre un peu mal foutu, je me rends compte que c'est super dur de réécrire quelque chose qui n'a pas du tout mon style narratif. J'ai fait de mon mieux ! ^ↀᴥↀ^
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« Je parie qu'à nous trois, on peut résoudre toutes les crises de l'univers ! affirma Oboro en attendant qu'Hizashi cadenasse son vélo, avant de prendre la direction du bâtiment. Faut trop qu'on monte une agence ensemble ! Je veux dire, nous trois faisons une équipe d'enfer, nous serions super puissants comme héros ! Et comme je n'arrête pas de le répéter, Shōta est vraiment doué pour gérer les petits détails, il le fera pour nous. Travail d'équipe ! »
Le blond releva la tête avec énergie, et ses étoiles scintillaient derrière ses lunettes teintées d'orange. Lui qui avait prévu de partir aux USA pour travailler dans une agence étrangère, l'idée du nuageux sonna mille fois mieux dans son cœur. Sans prendre la peine de retirer la sucette de sa bouche, il répondit :
« Tant qu'on ne se bat pas sur le sujet de l'argent, ça me convient !
- Yess ! fit Shirakumo en lui rendant son check.
- Tu en penses quoi, Shō-chan ? T'es de la partie ?!
- Shōtaaaa la Terre appelle à la Lune !
- La Terre appelle au trou noir !
- Hein ?? fit Oboro en riant.
- Private joke, je t'expliquerai à l'occas'. »
Le noiraud, la tête droite mais les lèvres retroussées, quitta ses pensées sombres et se contenta d'un faible hochement de tête sans savoir de quoi parlaient ses amis. Cela suffit au plus âgé des trois pour passer son bras par-dessus ses épaules avec un cri de victoire, et à la tête blonde de le rejoindre dans sa joie avec deux finger gun. Que venait-il d'accepter, au juste ?
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« Avez-vous trouvé un stage, vous trois ? Oui, Yamada ? Rejoigne-moi en salle des profs après les cours, que je te débriefe un peu. Vous deux, allez manger. »
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Shōta et Oboro déjeunaient sur le toit de Yuei, comme chaque jour de beau temps. Une légère brise effleurait leur peau d'une timidité consternante, si craintive qu'elle n'en pouvait qu'être bienfaisante. En parallèle, un souvenir noir d'encre menaçait de refaire surface. La nuit avait été longue pour le plus jeune, mais la séparation nette que formait son moment de répit l'éloignait de ce cauchemar familial. Il n'avait pris qu'un peu d'argent pour pouvoir s'acheter une boîte de céréales énergisantes en barre avant les cours et une bouteille d'eau plate, afin d'avoir quelques choses de consistant et peu cher à mettre sous la dent durant la pause de midi. Il n'avait pas le cœur à se préparer un bento, et n'avait pas assez pour un repas chaud à la cafétéria. Il n'avait le moral pour absolument rien. Et s'il n'aimait pas beaucoup parler, il remerciait silencieusement son meilleur ami aux yeux bleus qui ne cessait ses bavardages. De ce fait, au lieu de cogiter par rapport à la soirée de la veille, son esprit se focalisait sur la logorrhée de Shirakumo.
« Alors, elle est comment la première E ? demanda à présent le nuageux entre deux bouchées de son bento, désireux d'entendre un peu la voix de son meilleur ami.
- Des idiots.
- La Première C n'était pas mal non plus ! Ça m'a fait plaisir de revoir certaines têtes ! Au fait, il ne te manque pas trop le petit Sushi ? Je sais que tu t'étais vraiment attaché à lui.
- C'était pas très sérieux de le confier comme ça sur un coup de tête, déclara-t-il simplement. À la première fille qui passe, une si petite créature...
- Relaaaaxe ! Avec Kayama, Sushi est entre de bonnes mains ! Et puis on a d'autres chats à fouetter, si j'ose dire !
- Oh, tu parles des stages... ? Hizashi a fini par en décrocher un... C'est chez une agence spécialisée dans les interventions musclées, le père d'une connaissance a bien voulu le dépanner. On lui fait le topo en salle des profs, actuellement. »
Cela voulait aussi dire qu'ils ne verront plus leur meilleur ami pendant tout le stage, comme il partait à Chiba où se trouvait l'agence. Son père avait pris congé pour l'amener l'après-midi-même. Il ne l'avouera jamais, mais sa présence accablante allait lui manquer. Peut-être qu'il lui en voulait un peu de ne pas être là pour le soutenir. Mais quand bien même Yamada ne serait pas parti, il ne fera jamais le pas pour leur expliquer ses problèmes familiaux. Par pudeur et par absence de nécessité.
« Attends, interventions musclées ? Ce n'est pas son domaine pourtant !
- Ouais, son truc c'est plus la tchatche, mais pour ça il a déjà sa webradio. L'intérêt des stages, c'est qu'ils offrent une chance de diversifier les expériences... Et à moins d'agresser les gens on n'a pas trop l'occasion de pratiquer le combat réel.
- Tu y as vraiment réfléchi, en plus !
- Je savais que je vous trouverai là, les garçons ! »
Coupant court à leurs échanges, une certaine jeune femme en tenue d'étudiante fit son entrée. Sa bonne humeur réfléchissait aussi bien dans les verres de ses lunettes triangulaires que dans son sourire.
« Oh, salut Kayama-senpai ! s'exclama Oboro, la bouche quelque peu pleine encore de riz. On voulait te remercier de prendre soin de Sushi, d'ailleurs ! Comment va-t-il ?
- Très bien, répondit-elle en sortant son cellulaire. Regardez, je l'ai filmé ce matin ! »
Une vidéo se mit alors en marche. On y voyait une petite litière de fortune, un chaton, et la drôle de voix de Midnight qui félicitait Sushi derrière l'objectif du téléphone. Les deux garçons, eux, s'étouffaient avec leur nourriture respective, le teint pareil à la dentition d'All Might.
« Pour information on était en train de manger, se plaignit Shōta en gonflant les joues pour ne pas tout recracher comme l'avait fait Oboro.
- C'est pas toi qui voulais qu'on lui apprenne la propreté ? se défendit-elle, encore heureuse de la prouesse de la petite boule de poils.
- Ah, c'est pour ça que tu étais pressée de nous montrer la vidéo, ricana le nuageux en s'essuyant le bas du visage.
- Pas tout à fait. Je suis surtout venue pour vous dire que les petits malheureux sans toit sont les bienvenues chez nous !
- T'inquiète, c'est pas comme si on ramassait tous les jours des chats, ironisa le noiraud avec une grimace.
- C'est de vous que je parle ! Puisque vous n'avez pas trouvé d'agence, mon patron veut bien vous prendre dans la sienne !
- Huh ?...
- Sérieux ?! On commence quand ?? »
[...]
L'après-midi-même, après un passage rapide chez leur professeur principal, les deux jeunes étudiants de Yuei s'étaient retrouvés en tenue de super-héros dans un très grand bâtiment qui transpirait la richesse au travers des décorations aussi authentiques que discrètes... Aucunement, donc.
Oboro, agité par l'excitation, regardait tout autour de lui avec l'émerveillement d'un enfant de huit ans. Shōta, lui, terminait de remplir sa page de formulaire qu'il rendit à une secrétaire. Nemuri les rejoignit par une grande porte, attirant leur attention par les claquements secs de ses bottes contre le carrelage majestueux, suivie d'un homme un costume d'omnipotent, le genre d'énergumène ridiculement superficiel avec la bouche en cœur et une longue chevelure noire de jais liée au niveau de la nuque.
« Bonjour, mes petits poussins ! Je me présente, Sa Majesté Purple, directeur de l'agence Purple Revolution, en personne.
- On m'appelle Loud Cloud !
- Eraser Head, merci de nous prendre en stage...
- Mais sans gêne, cela vous convint et ma chère apprentie ne me dit que du bien de vous ! »
Midnight leur jeta un clin d'œil par-dessus l'épaule du héros professionnel. Il avait une bien drôle de façon de s'exprimer, celui-ci...
« Sa Majesté Purple ? intervint la voix d'un homme en costard-cravate. Nous avons reçu un appel d'une agence dans la rue Golden, êtes-vous disponible ?
- Je propose que nous introduisions votre stage par une petite mission !
- Il n'y a pas de formalité ? D'explications ? bégaya Aizawa, déjà déstabilisé.
- Nul temps pour s'en préoccuper, la protection des civils n'attend pas !! Que quelqu'un s'occupe de monter leurs valises !! »
[...]
Quelque part, à l'extérieur, un journaliste se tenait face à une caméra. Il avait l'air monté d'une dose d'adrénaline qui l'empêchait de garder contenance, il faisait de grands gestes en direction du bâtiment dans son dos, sans jamais lâcher le micro de son autre main.
« Un hold-up est en cours rue Golden, à Tasomiya ! L'individu s'est introduit dans une agence de crédit, au deuxième étage d'un immeuble de bureaux ! »
Il dût augmenter le volume sonore de son timbre car les sirènes des voitures policières dérangeaient son monologue. Et cette alarme à la justice, et bien, le vilain l'avait aussi entendue.
« Les poulets ? Déjà ?! gueula un être humanoïde avec une mâchoire aussi large que ses épaules, s'adressant directement à ses otages qui demeuraient paniqués dans leur coin, immobilisés dans du ruban bureautique inopportunément tombé entre les mains du vilain.
- Ça suffit ! clama la silhouette d'une apprentie qui brisa une fenêtre avec son pied, dégainant son lasso.
- Quoi encore ?!
- Étincelante comme un joyau...
- Resplendissante comme une rose... poursuivit la voix d'un jeune homme.
- La team Purple Revolution...
- Est dans la place ! »
Midnight se redressa sur ses deux jambes, pleine d'assurance, épaulée de Loud Cloud qui tenait d'une main un long bâton qu'il peina à faire passer par une fenêtre ouverte, mais dont le sourire n'en resta pas moins discret.
- Des héros, maintenant ?! s'offusqua le vilain tout en activant son alter qui consistait à produire un écran de fumée par les pores de sa chaire.
- Il s'enfuit ! Je pars à sa poursuite ! décida Oboro sans perdre une seule seconde devant l'évasion du méchant qui avait subtilisé un coffre-fort ainsi qu'un sac de billets, et dont la masse imposante lui avait permis de briser une fenêtre pour bondir sans accroc jusque dans la rue.
- Non, attends ! ordonna Nemuri avec empressement. La fumée est peut-être toxique, il faut d'abord évacuer les civils !
- Ah ouais, t'as raison ! Eraser !! Occupe-toi du vilain !
- Bien reçu ! répondit Eraser Head qui s'était déjà lancé à la poursuite du voleur. »
Le noiraud lança l'extrémité de son ruban pour le ralentir, l'attrapant au poignet qui tenait le sac d'argent, attirant une insulte bien placée de la part du fuyard. Par réflexe, l'armoire à glace activa son alter et de la fumée l'engloba comme une bulle protectrice. Shōta, aveuglé, s'arrêta net et ne vit qu'au dernier moment le coffre-fort pseudo-projectile qui avait été balancé dans sa direction. Il le fixa bêtement s'approcher à toute vitesse, et la seule chose qui l'empêcha de se prendre deux semaines de coma fut la survenue inespérée de son maître de stage qui arrêta l'attaque d'un puissant coup de jambe, valdinguant le coffre comme un vulgaire ballon de foot.
« Je te déconseille de blesser mes petits poussins si tu ne veux pas le payer très cher ! clama Sa Majesté Purple avec superbe.
- Tch, siffla simplement le vilain en s'enfuyant à grandes enjambées, laissant s'évaporer la fumée avec lenteur dans les airs.
- Il s'est échappé, grogna celui à l'alter effaceur en se relevant, les yeux douloureux.
- Ce qui est fait est fait... On passe le relais aux policiers !
- Désolée patron, j'aurais dû vous rejoindre plus vite, s'excusa Nemuri en arrivant sur la scène, laissant Shirakumo derrière elle les rejoindre avec les trois otages sur son nuage qui avait à présent la capacité impressionnante de transporter plus de personnes qu'il ne le pensait au départ.
- Non non non, objecta le super héros professionnel. Tu as pris la bonne décision, Midnight. Ce sont les chasseurs de primes qui ne pensent qu'à gagner ou à se battre... Pour un véritable héros, c'est la sécurité des civils qui passe avant tout ! Loud Cloud, tu ne restes jamais en place ! Cette rapidité de décision, c'est ton point fort ! Tu manques encore un peu de jugeote mais ça viendra avec l'expérience. »
Il se tourna enfin vers le plus jeune de ses apprentis.
« Mais toi, Eraser Head, ÇA NE VA PAS DU TOUT !! Est-ce que tu sais où est ton problème, au moins ? »
Embrouillé par ses idées, le noiraud baissa la tête et cogita un court instant.
« Eh bien, hm... Je ne réagis pas assez rapidement et... ai laissé le vilain m'attaquer avec son alter... résultat, il s'est échappé...
- Non, Sir, rien de tout cela ! JE PARLAIS DE CETTE MINE DE DÉTERRÉ !
- Mon visage... ?
- Écoute-moi bien. Le rôle d'un héros, c'est de redonner espoir aux citoyens en détresse ! Si ton manque d'assurance se lit sur ton visage, tu ne réussiras qu'à leur transmettre ton inquiétude ! Tu veux devenir un héros ? Crois en toi et apprends à sourire ! Laisse ta confiance s'épanouir telle une rose ! »
[...]
« Il en a des bonnes, lui !... Je ne vais pas sourire bêtement après avoir laissé passer un vilain, c'est irrationnel comme comportement.
- Nah, le truc c'est plutôt rester calme, garder confiance et ne pas se laisser intimider par la peur ! Quand on se plante, il faut se forcer à sourire comme d'habitude, expliqua Oboro tout en se shampouinant les cheveux. Un peu comme moi, quoi ! »
Aizawa n'était pas convaincu, mais fut bien obligé de l'admettre : il ne pouvait pas laisser ses problèmes et sentiments personnels entraver sa vie professionnelle.
Le vestiaire de l'agence était étrangement calme, normal pour cette heure de la journée, se disait le noiraud en fixant passivement ses chaussures sans prendre la peine de retirer la serviette imbibée de sueur qu'il portait par-dessus ses épaules, n'attendant que son meilleur ami ait fini de faire trempette.
« Mais je ne souris pas 'comme d'habitude', moi, fit-il alors remarquer entre deux rincées contre le carrelage de la cabine.
- Ah oui, c'est vrai ! ... »
Shōta, la mine toujours fermée, s'éveilla lorsque son téléphone le notifia d'un nouveau message. Il l'attrapa, étonné, s'attendant plus à un SMS de ses parents qu'à ça...
« Il y a Kayama qui m'envoie des messages...
- C'est quoi ? Une urgence ?
- Non, juste des photos du chat. Un paquet, même. »
Pourquoi lui balançait-elle tout ça maintenant ? Il tiqua de l'œil au spam, mais laissa toutefois son doigt faire défiler la conversation. Sushi était vraiment trop mignon. Et sans s'en rendre compte, un fin rictus attendri étira le coin de ses lèvres.
« Voilà ! C'est ça qu'on veut, ce grand sourire béat ! s'exclama Oboro en sortant de la cabine, serviette en main.
- Tu dois avoir du shampoing dans les yeux... bredouilla alors le noiraud en rougissant. »
Ignorant au mieux les ricanements de l'extraverti, Shōta rangea son portable et se gratta nerveusement la nuque. Après avoir enfilé un caleçon, Shirakumo se laissa tomber sur le banc, à la gauche de son ami.
« Dis, Shōta-kun, tu feras comment si tu retombes sur le même vilain ?
- J'en sais rien. Sa fumée... Si je m'approche trop, elle me brûle les yeux, mais si je garde mes distances, je ne peux pas activer mon alter à cause d'elle.
- Ahh, ouais, comme tu as besoin de fixer tes ennemis pour effacer leur alter, il y a pas pire adversaire pour toi ! Moi aussi j'ai du mal avec ce genre d'ennemi. »
Surpris par cette affirmation, Aizawa releva la tête vers le nuageux. Ce dernier eut alors une idée, et sortit ses lunettes de protection.
« Tu sais quoi ?! Tu n'as qu'à prendre mes lunettes ! Elles te protègeront les yeux pendant que tu l'approcheras ! »
Il lorgna la paire jaune avec scepticisme.
« Et toi, alors ?
- Essaie-les, et si elles t'aident, tu pourras les garder ! J'en ai des rechanges !
- ... Merci, Shirakumo-kun...
- Ne me remercie pas, par contre je veux ce sourire demain sur le terrain !
- Je ne souris pas, prétendit le noiraud en détournant le regard, se cachant le visage derrière ses cheveux et les lunettes jaunes qu'il tenait à présent dans la main.
- Shōta-kun, tu peux peut-être berner Hizashi, mais pas moi ! »
Il lui jeta un regard un coin. Un certain silence venait de s'installer. Non pas lourd, non pas angoissant, mais rassurant.
« Les gens sont plus beaux quand ils sourient, c'est un fait ! Prends exemple sur moi ! rigola-t-il alors, se pointant du pouce. Crois-moi, quand Hizashi m'a dit que tu étais mignon quand tu souriais, je ne l'avais pas pris au sérieux avant de t'y voir.
- ...
- Je voulais te remercier, d'ailleurs ! »
Déstabilisé par tant de gentillesse en l'espace de quelques secondes, Aizawa papillonna plusieurs fois des yeux.
« Pourquoi ?...
- Pour m'avoir aidé lors de mon admission en filière super-héroïque, sans toi je ne serais sûrement pas encore capable de me battre !
- ... C'est pas grand-chose...
- Si, vraiment, tes efforts m'ont beaucoup touché, tu es un vrai ami ! Difficile de comprendre les autres, j'ai l'impression qu'on n'est peu à vouloir essayer de te comprendre.
- Les gens me trouvent froids. Ils n'ont pas totalement tort.
- C'est faux, tu es la personne la plus gentille que je connaisse ! Après ma sœur, bien entendu ! »
Il éclata de rire. Shōta eut une petite moue.
« Tu racontes n'importe quoi.
- Dis-moi une seule chose mauvaise que tu m'aies faite exprès pour me faire du mal !
- ... »
Tomber amoureux de toi.
« Je te l'accorde, pas grand-chose.
- Rien ! Rien du tout ! »
Shirakumo posa son regard bleu devant lui, l'air plus rêveur.
« Toi et Hizashi êtes vraiment les meilleurs amis que je pouvais rêver d'avoir. »
Il regarda à nouveau son voisin d'assise.
« J'ai hâte de terminer le lycée pour que nous montions notre propre agence ensemble ! »
Shōta eut un léger sourire franc. Cette fois, il ne le cacha pas.
« Ouais... Moi aussi... »
Attends, quoi ? Il a bien dit : monter une agence ensemble ?
[...]
Hizashi abandonna sa valise où il avait fourré son costume, et balaya la petite chambre d'un œil critique, avant de sourire, tout simplement. C'était douillet. C'était parfait. Ce n'était certes pas sa chambre, ni chez ses grands-parents, trop loin de l'agence, mais tout de même opérationnelle. Et puis, ce n'était pas comme s'il allait passer le reste de sa vie dans ce prêt, n'est-ce pas ? Il pouvait s'estimer heureux que son maître de stage lui prête cette chambre inoccupée dans son établissement.
La journée avait été laborieuse, mais en aucun cas il n'avait sommeil. Et quand bien même il avait été envoyé dans cette pièce pour se reposer afin de mieux attaquer la journée suivante, il n'y arrivait tout simplement pas. Son cœur battait trop vite d'excitation, et finalement, toutes ses appréhensions concernant la famille de ce garçon qu'il fuyait s'étaient faites vaines. Tout allait bien. Tout allait très bien.
Éloignant la lubie de vouloir allumer son téléphone portable, il se changea et glissa sous le duvet. Il se força de fermer les yeux, et fit le vide dans sa tête. Mais non. Impossible de trouver le sommeil. Il se tourna, retourna, retourna une nouvelle fois, avant de, au bout d'une heure entière à cogiter, se lever du lit et quitter sa chambre assignée. Dans le long couloir des dortoirs, plusieurs portes étaient ouvertes, signe qu'elles étaient inoccupées. Les clefs de celles-ci étaient suspendues juste au-dessus des interrupteurs, côté intérieur. Le jeune Yamada s'amusa à les compter, histoire d'en trouver un peu d'ennui et par la même occasion, le sommeil, qui ne venait pas.
Triturant lassement son collier, une simple chaînette argentée avec une petite plaque métallique où 'Hizashi M. Yamada' avait été soigneusement champlevé, le bilingue se laissait guider jusqu'à la salle de la petite cuisine, avec peu de choses mais suffisamment. Il se prépara un mug de lait un peu trop chaud au micro-onde, et attendant qu'elle refroidisse, le posa sur la table pour ouvrir le petit balcon. Chiba brillait craintivement, et au loin, au fin loin de l'horizon, la capitale resplendissait de mille feux, offrant ses gerbes de lumière à l'eau salée qui s'étendait sur la rive gauche de son champ de vision. Hizashi s'accouda à la rambarde, et admira la vue avec rêverie. Shōta aimerait sans doute ce paysage nocturne. Et le voilà qui occupait encore ses pensées ! Il souffla du nez et fit demi-tour, mais un certain détail l'interpela. Son mug avait disparu. Perplexe, il fit quelque pas dans la petite cuisine et chercha un endroit où il aurait pu le poser sans réfléchir. En vain.
Les jambes tremblantes dans son jogging, il fit un effort incalculable pour ne pas se laisser déstabiliser et recula jusqu'à un mur, afin de réduire ses points morts. Est-ce qu'on le testait ? Si oui, il ne se laisserait pas avoir aussi facilement. Sa place à Yuei, il la méritait, et il voulait prouver à toutes les agences qui ne lui avaient pas fait d'offre qu'ils avaient fait erreur. Present Mic était un apprenti doué et bien qu'imparfait, valait son statut de futur super-héros.
« Qui va là ?! Who are you ?! »
Silence. Hizashi ne baissa pas la garde. Doucement, lentement, il rasa le mur en crabe jusqu'à pouvoir étirer son bras vers l'interrupteur. La lumière fut. Et une silhouette noire se détacha du décor, non que dis-je, du mur, et éclaboussa sa masse informe contre le sol. Instantanément, le stagiaire se précipita vers l'intrus et se jeta à genoux par terre, les deux mains plaquant la chose visqueuse entre ses paumes. S'y défaisant comme une vulgaire flaque de boue, l'individu glissa sur le carrelage et se reconstitua près du balcon, sous une forme plus humaine. La noirceur de ce fluide repoussant modifia alors sa structure moléculaire et prit une teinte ambrée semblable à de la chair, tout ce qu'il y avait de plus banal. Son visage, quelque peu dégoulinant encore, se dessina et la silhouette d'un homme frêle aux longues dreads ruisselantes de mucus s'interposa entre lui et la sortie. Dans sa main, un mug vide qu'il jeta sur le blond, pile entre les deux yeux, là où aurait dû se trouver usuellement sa paire de lunettes. Partant du principe qu'il était un vilain, Hizashi ne vit aucune objection à utiliser son alter, quitte à réveiller tout le voisinage. Il prit une profonde inspiration, mais plus vif que lui, le méchant étira un tentacule jusqu'à sa bouche et l'envoya se placarder contre un mur, dont de fines particules de poussière vinrent picoter les yeux de l'adolescent.
« Te souviens-tu de moi, gamin ? »
Un bus. Des élèves. Shōta, inconscient, gisant dans l'herbe. Du sang. Et Hizashi, paniqué, se tenant devant la scène sans pouvoir agir, avant de foncer tête baissée pour sauver son ami.
Le terroriste eut un large sourire lorsqu'il remarqua que l'étudiant avait arrêté de se débattre, tourmenté par ses souvenirs.
C'était la première fois qu'il avait fait face à un vilain. Et le voilà de retour.
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N.B. : Une partie de ce chapitre est basée sur le manga
Je vous laisse sur ce suspens des familles, à jeudi mes lamas ! ❤
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