𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 ₅
➠ ❛Mutisme technique❜
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C'était la première fois qu'il le voyait aussi déprimé. Sérieusement ? Pour des cheveux ? Shōta n'arrivait pas à comprendre. Pourquoi est-ce qu'Hizashi se comportait comme un vrai gamin ? Il se le demandait sérieusement...
Les cours n'avaient pas encore repris, et Aizawa en avait déjà marre de la tête de cet idiot. Idiot qui, depuis quelques minutes déjà, fixait les gravures sur sa table avec une moue éplorée. C'étaient juste des cheveux, bordel... Il n'y avait aucune bonne raison de faire un cirque pareil. Après un long soupire accablé, Shōta s'approcha du garçon qui les considérait comme des amis et passa sa main dans les restes de mèches flavescentes. C'était court mais doux. Hizashi renifla.
« Laisse-moi faire mon deuil ! couina-t-il de façon beaucoup trop dramatique, le poignée contre son front et l'échine courbée en arrière, une pose digne des plus grands personnages de Cartoon. »
Aizawa fronça des sourcils et lui envoya une pichenette sur l'avant de la tête après lui avoir attrapé l'avant-bras pour le dégager. Son ami hoqueta de stupeur, et se massa la zone rougie avec effarement, incapable d'accepter qu'il l'aurait peut-être mérité.
« Ce que tu peux être énervant, Yamada. »
Il ne se rassit néanmoins pas, préférant inconsciemment se tenir planté vers son aîné. C'est alors qu'une nouvelle personne s'incrusta dans la conversation, faisant relever la tête blonde.
« Oh, le haut-parleur a enfin décidé d'avoir une coupe de cheveux normale aujourd'hui. »
La remarque cinglante de Tsukushi Sutikkunori sembla trop mielleuse pour qu'elle ne plaide coupable du mal qu'elle avait infligé à l'adolescent aux yeux trop verts. Pourtant, ce fut un regard noir de la part de Shōta qu'elle récolta, et fit mine poser sa main sur sa poitrine, exagérément choquée. Elle ne s'attendait visiblement pas à ce que l'atone de la seconde A se sente aussi concerné par leur camarade à l'alter vocal.
« Bah, pourquoi tu me regardes comme ça ? Je n'ai pas raison ? Et depuis quand tu t'inquiètes pour les autres, surtout pour lui ? Je croyais que tu ne l'aimais pas. »
Le noiraud tiqua de l'œil, et effectua un pas menaçant vers la fille. Ses mains quittèrent ses poches. Cela n'arrivait pas souvent.
« Hé, ce que tu peux être susceptible ! Qu'est-ce que tu vas faire ? Me frapper ? »
En deux temps trois mouvements, il lui empoigna vivement les deux avant-bras et la ramena brusquement contre lui. Vue la grimace qu'arborait la brunette, il n'hésitait pas à y mettre de la force, et sa peau blanchit sous la prise.
« La prochaine fois que tu touches à un cheveux de Yamada, autant au sens propre qu'au sens figuré, je ferais de ta scolarité un véritable enfer, si bien que même devenir une super-vilaine ne te soulagera pas... »
Elle réussit à libérer un bras en forçant dessus, et essaya de le gifler en ayant l'optique d'enduire sa main de colle forte, mais le regard persistant de l'adolescent bloqua son alter et elle ne put même pas générer dans sa paume la moindre molécule gluante. Ce ne fut qu'une claque sèche qu'il reçut, propre et vive, et la classe se fit silencieuse sous le choc. Le visage caché par ses cheveux noirs qui venaient de retomber, il lui aura fallu quelques secondes de flottement avant de reprendre le contact visuel. Sutikkunori s'inquiéta des yeux noirs profonds de son nouvel adversaire, et se dégagea vivement.
« Oh ça va, c'est toi qui a commencé à me menacer ! Quoi, t'as eu mal ?? »
Des chuchotements fusèrent tout autour d'eux, et Tora, celui qui avait un sale caractère, s'approcha d'elle par derrière et serra son épaule avec sévérité.
« Tu veux devenir une héroïne, et ça frappe les gens de face ? Ce crétin a juste défendu son ami, il n'y a pas de mal à ça. »
Que quelqu'un d'autre le dise, d'accord. Mais Tora ? Sutikkunori s'était figée, et jetait des regards dégoutés tout autour d'elle. Était-elle réellement allée trop loin ?
« Vous allez regretter de vous ranger du côté du binoclard. Il ne mérite pas votre pitié ! »
Elle sortit de la classe pour prendre l'air un instant, pleine de rage.
« Ah, les hormones, soupira le titulaire en posant son sac à son bureau, s'attirant tous les yeux des élèves présents. Oi, Yamada-san, tu as fait quelque chose à tes cheveux. »
Hizashi, ignorant la remarque fluctuante du Sensei, jeta un regard plein de remerciements à son ami. Celui-ci secoua légèrement le crâne, descendant de la lune, et rougit légèrement en détournant le regard. Il s'assit à sa table, veillant à ce que ses cheveux noirs ne dévoilent pas la nouvelle couleur que prenaient ses pommettes.
« Idiot. »
[...]
La journée était chargée. Déjà, sans avoir été prévenus, les élèves de la seconde A s'étaient retrouvés dans un bus pour un entraînement surprise qui allait durer une bonne partie des cours habituels, le matin étant réservé pour les branches basiques, et l'après-midi les entraînements. Shōta et Hizashi étaient ravis d'avoir pris un bento, pour le coup... Ils n'auront pas à dépenser plus cher au restaurant où ils avaient la possibilité d'aller pour midi. Vêtus de leurs uniformes de sport, ils passèrent les deux heures suivantes à mettre en pratique leurs alters.
Tsukushi Sutikkunori générait de la colle à profusion et n'arrivait pas à comprendre combien elle pouvait en faire matérialiser.
Tora Fukusei dupliquait des rochers, des arbres... tous ce qui lui passaient sous la main, pour dire autrement.
Tomoaki Huran changeait les œuvres de Tora en flan.
Tout le monde s'y était mis.
Même Hizashi Yamada s'entraînait à gérer le volume sonore de sa voix, tandis que Shōta Aizawa s'amusait à annuler l'alter de son ami. D'ailleurs, il l'annulait tellement souvent que le plus âgé des deux commençait à s'énerver.
Ils n'ont pouvaient plus. À midi, le jeune blond n'avait plus de voix, mais ce serait mentir si son ami le regrettait. Profitant du silence qui pesait entre eux, le noiraud dévorait son bento, ignorant le sourire d'amusement que tirait son idiot de camarade lorsqu'il vit ses taiyaki en forme de tête de chat, disposées soigneusement dans son récipient, lui-même protégé d'un tissus à motif pattes félines.
So cute.
Hizashi jetait plusieurs regards autour de lui. La plupart des élèves, dont ses amis, mangeaient dans le restaurant à proximité. Que bien leur en fasse ! La seule chose qu'il regrettait était que lui et Shōta n'avaient aucun accès aux toilettes...
Comme il était aphone et que son ami profitait du silence, celui à l'alter vocal avait enfilé son walkman pour écouter de la musique et ainsi faire passer les minutes plus rapidement. C'était bien l'une des rares activités où il n'avait pas besoin de parler. Au début, le noiraud n'y fit pas attention, mais sa curiosité fut bien plus vite piquée que ce qu'il aimerait faire croire, et il secoua la main sous le nez de la tête blonde aux cheveux courts.
« Tu écoutes quoi ? »
Hizashi fit glisser son casque sur les clavicules, interrogatif vis-à-vis cette interruption fortuite. Aizawa s'irrita un tantinet, et répéta plus doucement, gêné, ce qu'il disait.
Heureux d'attirer l'attention de son ami, le blond ouvrit la bouche pour lui répondre mais même lui n'entendait pas ce qu'il disait. Alors il hotta son accessoire bien aimé, et le posa sur les oreilles d'Aizawa qui s'était légèrement reculé, pétrifié de cet approche. Il lui avait juste posé la question, il n'avait pas besoin d'écouter ! Sauf que... Il posa ses mains sur les côtés du walkman, et il ne dit plus rien. Visiblement, il aimait ce qu'il entendait, et le sourire d'Hizashi ne fit que croître de fierté à cette vision.
Dommage que son casque ne permettait d'écouter qu'à une personne à la fois, mais cela ne sembla pas le déranger. Il prêta volontiers sa musique et son téléphone à son ami, et pour passer le temps, il s'allongea dans l'herbe et profita des douces caresses du soleil sur sa peau.
C'était rare qu'il arrivait à attiser la curiosité de son nouvel ami. Shōta était quelqu'un de très discret et peu demandeur, et lorsqu'il découvrait quelque-chose sur lui, Hizashi se permettait de se le répéter inlassablement dans sa tête pour être certain de ne pas l'oublier à l'avenir. Son ami aimait les taiyaki (surtout s'ils avaient la forme de tête de chat au lieu de poisson), les chats, la musique, le calme, dormir... Il le soupçonnait même se nourrir trop souvent de pompote, vue tous ce qu'il ingérait à la pause et en dessert pendant que lui, et bien, dévorait son sandwich triangle. Petit à petit, il apprenait à cerner ce phénomène aux yeux noirs. Et ça lui plaisait, c'était comme atteindre un objectif sacré.
Après plusieurs minutes de planitude, une silhouette l'obombra. Il ouvrit un œil après l'autre, et salua Nao d'un sourire éblouissant dont lui seul avait le secret.
« Salut, comme vous ne mangez pas avec nous, je me suis permise de voir comment vous vous portez. »
Hizashi ouvrit la bouche sans rien dire.
« Oui, toi, tu n'as plus de voix à cause de l'entraînement, mais tu vas toujours bien, pas vrai ? »
Elle rit tout en lui rendant son check. Puis elle se tourna vers Shōta, qui avait glissé le casque sur sa clavicule en prenant conscience qu'ils n'étaient plus tout seuls, et ses yeux roses se baissèrent presque immédiatement sur l'objet.
« Salut. Je pensais qu'il avait des goûts de merde, bah visiblement, j'avais tort. Tu veux ? »
Ekoshi se raidit légèrement.
« Oh, non, ne t'inquiète pas pour moi, ça va aller... »
Mais Yamada ne l'entendait pas de cet oreille-là. Il arracha des mains le walkman que tendait son ami, et le posa de force sur les oreilles de la fille aux cheveux bleu foncé. Elle parut triste un instant, et se força de le maintenir sur la tête plus de cinq secondes avant de le retirer.
« Ouais, c'est cool comme musique, en effet. Tu peux le reprendre...
- Tout va bien ? s'enquit Shōta en récupérant le bien de son ami, un sourcil levé.
- Oui oui, je suis juste... pas à l'aise avec le partage des objets des autres. Voilà.
- Oh. Bon, d'accord. »
Le noiraud haussa des épaules lorsqu'il croisa le regard surpris d'Hizashi.
« Je vais vous laisser, les autres doivent m'attendre. On se revoit pour la suite de l'entraînement ?
- Ouais. À plus.
- Bye les gars ! »
Elle s'éloigna. Aizawa attendit une seconde, deux, trois, avant de se réinstaller confortablement et choisir une nouvelle playlist sur le téléphone d'Hizashi. Celui-ci fixait la porte du petit bâtiment avec perplexité...
Pourquoi avait-elle réagi comme ça ?
[...]
Cet après-midi avait été pire que la matinée. Après avoir enchainé exercices sur exercices, ils terminèrent tous exténués, brisés, chacun corporellement proche d'un état moléculaire liquide, regrettant presque de s'être levés aujourd'hui. Les élèves de la seconde A s'étaient laissé ramollir dans les sièges de bus, proche du coma pour la plupart, souffrant de courbatures et de fractures pour d'autres.
Avachis comme deux légumes sans énergie à l'arrière du véhicule cracheur de diésel, les deux amis se laissèrent happer par les bercements du trajet. Hizashi n'avait plus la volonté nécessaire pour mouvoir le moindre muscles, même ses finger gun en pâtissaient ! Quelques minutes seulement après le démarrage, Shōta, bras croisés, avait laissé tomber sa tête sur l'épaule de celui aux yeux trop verts. Trop gentil pour se dégager, trop clément pour le réveiller, trop fatigué pour ne serait-ce qu'y faire attention, il veilla simplement à ce que le noiraud ne tombe pas à cause d'un virage mal placé, allant jusqu'à le caller un peu plus confortablement contre lui. Son casque vissé sur les oreilles, il observait le paysage défiler comme des photos sur une bande monochrome. « And though that struggle, we made a start... You can do anything you want... » Hypnotisé, il suivait la trajectoire des autres véhicules qui maintenaient une distance sécuritaire avec le car, la courbe du trottoir languissant sous son duvet d'asphalte, les arbres fleurissants, le ciel aux reflets des taches fraîches sur sa peau, les nuages en forme de partition, les oiseaux qui lisaient les notes de coton blanc, le soleil déclinant, et bien vite, ses paupières lourdes tombèrent, sa tête roula contre la fenêtre, et sa respiration se fit plus légère.
'Oi, regarde, ce nuage ressemble à un poisson.
- Uh... J'aurais dit un dragon.
- Pff. Hm ? Oi, et là on est d'accord qu'on voit la même chose ?
- Chut, laissons Yamada et Aizawa dormir, je crois qu'on en a tous besoin... Il reste combien de temps avant d'arriver au lycée ?
- Quarante minutes, je crois.
- Tu crois ?
- J'estime par rapport à l'aller. Bon, moi aussi je vais fermer l'œil un coup... Réveillez-moi quand on arrive.
- Ok. Je vais... Je vais aussi me reposer un peu... Mes courbatures me font un mal de chien.'
Le silence planait dans le bus. Les élèves éveillés respectaient le sommeil des autres, écoutant leurs playlists ou jouant aux cartes avec les sièges voisins. Le chauffeur, lui, ne s'en plaignait pas. Le titulaire non plus.
Et tout derrière, Hizashi se laissait bercer par sa musique... Il rêvait d'une plage vers chez ses grands-parents, et ses copains de vacances avec qui ils jouaient au volley ball, pieds nus sur le sable chaud.
Ce qui le réveillèrent brusquement furent des crissements de pneus et une secousse qui le fit cogner la tête contre la fenêtre. Son sursaut sortit son ami de sa propre léthargie, et, se frottant les yeux avec agacement, il ne put réagir tout de suite à une nouvelle secousse. Ce fut Hizashi, entraîné d'une vive montée d'adrénaline et d'un réveil moins frais que celui de son ami, qui le retint soudainement par le bras pour qu'il ne glisse pas de la banquette. Ils auraient dû mettre leurs ceintures de sécurité... Sauf que maintenant, et bien, il était un peu trop tard. Après avoir foncé dans la barrière, le bus se laissa entraîner en bas de la colline et fut freiné à temps, juste avant de plonger les roues dans la rivière.
Une seconde passa. Puis deux. Puis trois. Un élève, le souffle court, demanda ce qu'il s'était passé. Mais personne ne lui répondit dans un premier temps. Hizashi se frotta la tempe et le front et, les jambes tremblantes, se redressa car il semblait avec légèrement glissé. Shōta l'aida d'une main, et de l'autre, s'appuya au dossier du siège de devant. Il se mit debout et inspecta l'intérieur du bus avec un certain hébétement, avant de retomber assis, une main se massant la mâchoire. Il semblait choqué.
« J'ai évité de percuter quelque chose, expliqua le chauffeur encore terrifié par les derniers événements. Une masse... noire est apparue de nulle-part... Sur la route. »
Le Sensei s'assura qu'aucun de ses élèves n'a été blessé par l'incident, puis, à moitié soulagé, il força la porte du bus pour s'y extirper. Comme le danger semblait avoir était écarté, il invita les lycéens à le suivre. Le chauffeur s'épongea le front avec un mouchoire.
« Je vais voir ce qu'il se passe et m'assurer qu'aucun autre véhicule n'a été touché. Vous, vous restez là et vous m'attendez jusqu'à nouvel ordre. Je ne veux aucune irresponsabilité, vous n'êtes pas encore prêts pour le combat. Si quelque chose vous attaque, mais seulement si, je vous autorise à la légitime défense. On n'attaque pas le premier si vous n'êtes pas en danger ! »
Le professeur principal se précipita au sommet de la colline de quelques bonds. Nao et et quelques autres s'approchèrent de leurs deux amis masculins.
« Vous allez bien ? interrogea Ekoshi avec inquiétude. »
Hizashi se tourna vers la plus jeune et lui offrit un grand sourire pour la rassurer.
« Yep ! Juste un peu secoué.
- Et toi, Aizawa-kun ? »
Mais le noiraud resta silencieux, le regard perdu dans le vague. Impossible de savoir comment il allait.
« Lui aussi, un peu secoué, affirma le blond en entourant les épaules de son ami avec le bras, arrachant un grognement de la part du plus jeune. »
Après l'éloignement des deux amies, qui voulaient s'assurer que tout le monde aille bien, Yamada relâcha l'étreinte. Shōta se massa le bras.
« Tu es blessé ?
- ... Je ne pense pas.
- J'espère que les héros vont vite s'occuper de ce truc, parce que moi, j'ai juste envie de rentrer chez moi et reposer mes muscles devant un film !
- Hm... »
Hizashi posa sa main sur l'épaule du noiraud. Visiblement, celui-ci n'arrivait pas à suivre tous les contacts physiques que lui offraient celui aux lunettes teintées.
« J'ai vraiment envie que tu ailles bien, you know. It's important to me. »
La grimace de son interlocuteur se fit moindre.
« ... Je sais... »
Son ami lui sourit et recula, ravi d'avoir été compris aussi rapidement. Shōta écarta une mèche de ses cheveux noirs et dévisagea ses camarades avec inquiétude.
« On ne devrait pas rester ici, imagine si ce vilain n'est pas parti ? On ne saurait même pas se défendre et la plupart d'entre nous sont blessés.
- On a des alters et on est des futurs héros !
- Sauf que toi, tu ne peux pas utiliser ton alter. C'est à peine si tu recouvres ta voix. Et la moitié d'entre-nous n'ont pas encore atteint un niveau satisfaisant pour le corps-à-corps.
- Parce que toi, oui ?
- J'ai fait du taekwondo au collège. »
Hizashi posa sa main sur son cou, avant de hocher doucement la tête, prenant conscience qu'Aizawa n'avait pas tout à fait tort. Tora, qui avait entendu l'échange d'une oreille, se mit debout sur un rocher à proximité et interpela furieusement les élèves. Leur délégué, bien qu'impitoyablement agaçant, faisait souvent preuve de rationalité et ce moment n'y faisait pas exception.
« Tous ceux qui sont aptes à utiliser leurs alters, nous restons là et veillons à nous défendre si quelque chose arrive. Les autres, rentrez dans ce putain de bus. »
Bien que l'ordre ne vienne ni du prof, ni d'un héros pro, les élèves s'exécutèrent comme un seul homme. Le chauffeur, assurant les autres qu'il avait un alter utile lui aussi, figura parmi les protecteurs. Hizashi fut contraint de retourner dans le véhicule, en compagnie de certains autres, et à son plus grand désespoir, Shōta ne l'avait pas suivi.
Ils attendirent que leur enseignant revienne, ou un autre sauveur, mais à la place, des premiers cries fusèrent parmi les étudiants restés à l'extérieur pour veiller sur les blessés, et Hizashi se tourna vivement vers la fenêtre. « And we're just children in a world of diversion... Tryna stick it to the man before we're grown... » Il n'osa pas tout de suite baisser son casque, peu enclin à mieux entendre la peur de ses camarades, mais ses yeux ne se décarquillaient pas. Son cerveau s'était déconnecté à la vision qui s'offrait à lui. « And through that struggle, we made a start... You can do anything you want... » Sans réfléchir, il arracha son walkman pour le laisser pendre sur ses clavicules, et se précipita vers la porte du bus. Ikuto le retint en lui tenant le bras.
« Tu comptes vraiment les aider sans ton alter ?! »
Il hésita un instant, avant de se dégager.
« Je verrais sur le moment. »
Et il sortit du véhicule.
Dehors, les élèves s'étaient regroupés en cercle, dos à dos, et fixaient les alentours. L'un d'eux aperçut Yamada, et lui fit signe de venir les aider. Sauf que cet élève, et bien, fut attrapé par une tentacule noire et envoyé dans la rivière, sous les cries de surprise de ses camarades.
La créature se montra. Sa silhouette difforme en effraya plus d'un, mais aucun ne plia.
Hizashi vit son ami le fixer, les cheveux relevés et les yeux rouges à cause de son alter, mais rien ne se passa. Il marmonna au délégué :
« Ce n'est pas un alter qu'il peut activer ou le faire transformer...
- Et ça veut dire quoi ?! lui gueula Tora.
- Qu'on va devoir se battre à fond !! lui répondit un autre garçon en essayant d'activer son pouvoir. »
Et c'est ce qu'ils firent. Hizashi, encore incapable de faire appel à sa capacité vocale, s'occupa de distraire le vilain en lui jetant des cailloux dessus. Ridicule. Sauf que, et bien, ledit vilain commença à en avoir assez, et se tourna vers le fouteur de trouble. Une fille profita du détournement de situation pour tenter de le neutraliser avec son alter, mais elle fut projetée par une tentacule qui l'envoya à terre. La chose s'approcha dangereusement de la tête blonde, et celui-ci recula, attendant impatiemment qu'un de ses camarades encore debout s'en charge.
Sauf que malgré la sueur et ses mains moites qui trahissaient son semblant de sang froid, personne ne vint pour le sauver.
Il regarda à gauche, puis à droite, et écarquilla des yeux en revenant sur la chose menaçante. Il finit par froncer des sourcils, ramenant tout son courage dans sa poitrine en inspirant, et émit un son aigue tiré de son alter. Comme sa voix n'était pas encore totalement recouvrée, les effets escomptés ne furent pas aussi puissants que ce qu'il souhaitait, à moins de se contenter d'un ralentissement de la chose. Il plongea accidentellement un pied dans la rivière, et comprit qu'il ne pouvait plus reculer. Sa poitrine lui brûlait comme s'il respirait une boule de feu.
Et c'est là qu'il arriva. Son ami, incapable de se battre contre le vilain, était partit chercher un siège de bus qu'il jeta difficilement sur la masse pour détourner son attention du blond. Shōta reprit une respiration précaire, satisfait d'avoir fait détourner le vilain de l'hyperactif apeuré, mais ne s'attendait certainement pas à ce que celui-ci étire une tentacule jusqu'au bus. Avait-il fait une erreur... ? Les élèves, vifs comme l'éclairs, en sortirent en criant juste avant que le car ne se fasse soulever par l'objet de leurs craintes. Hizashi ne comprit pas immédiatement ce que comptait faire la chose comminatoire avec son nouveau jouet, jusqu'à pâlir complétement, comme tombant des nues en plein sur une évidence. Mais il n'avait pas le temps d'agir. Le bus a été projeté sur sa cible, et Shōta disparut de son champ de vision.
« AIZAWA !! »
Le vilain se retourna vers le blond, mais celui-ci avait fui sa position pour fouiller sous les décombres à la recherche du moindre signe de vie de son ami.
« Aizawa-kun ! Aizawa-kun !! Les gars, HELP !! »
Quelques élèves survolèrent à son secours, tandis que d'autres essayaient de repousser le vilain, où d'appeler aux secours. Grâce à leurs alters, les étudiants de la seconde A réussirent à dégager le bus, et Yamada pu attirer le corps inanimé contre lui.
« Bordel mais ils sont où les héros !! s'énerva Tora qui s'occupait du vilain et commençait à ne plus savoir quoi lui balancer dessus. »
Finalement, le chauffeur de bus parvint à immobiliser la chose grâce à son alter, et ordonna aux élèves de fuir au plus vite. Ils s'exécutèrent. Tous ? Pas tout à fait. Hizashi était resté à genoux, camouflé derrière le bus, caressant la joue de l'être amorphe qu'il tenait sur ses cuisses. Il approcha son oreille de sa poitrine pour écouter son cœur. Un signe de vie, check. Il essaya de le réveiller par des petites tapes sur la joue. Des appelles silencieux de sa voix tremblante. Mais aucune réaction du noiraud. Un filet de sang ruisselait devant son crâne le long de son visage serein. On aurait presque pu le trouvant touchant de le voir dormir ainsi, si seulement ce n'était que cela... Sa colère monta à travers ses débuts de larmes. Il glissa son walkman sur les oreilles de Shōta, les mains maladroitement fébriles, le souleva grâce à la force que lui procurait l'adrénaline, et sortit de sa cachette de fortune avec un énorme mal de ventre. Légitime défense. Légitime défense. Légitime défense. Il était effrayé, c'était la première fois qu'il se tenait debout face à un véritable vilain. Le chauffeur de bus avait déguerpit à toutes jambes, laissant ce dernier toute la liberté de déplacement. Et durant l'espace d'un instant, Hizashi se revoyait face à cette brute qui l'avait tabassé dans les vestiaires de l'école. Sauf que cette fois ce n'était pas un gamin ; c'était un méchant.
« OI ! TOI !! »
La masse noire se tourna vers le lycéen qui tenait toujours son ami dans les bras, et s'approcha un tantinet. Il déchaina son alter sur le vilain. Peu importait s'il avait la voix fatiguée et brisée après l'effort de la journée, à cet instant précis, il avait besoin de son alter. Et la puissance sonore fut assez forte pour troubler la chose mais pas la détruire, alors qu'il s'imaginait la faire exploser, tout simplement, en un millier de gouttelettes obscures. Il ne savait pas ce qu'il devait faire de plus. Mais pour le moment, il devait juste la tenir suffisament éloignée d'eux, mais au fur et à mesure que la chose avançait, sa voix se brisait et il suffoqua, tremblant, incapable d'en faire plus.
Et c'est là que deux héros pros, accompagnés du professeur principal, débarquèrent sur la piste les mains sur les oreilles. Ils remarquèrent le vilain, puis les deux jeunes dont un qui cherchait à les protéger.
L'adolescent n'en pouvait plus, mais il veillait à se soulager de la globalité de sa voix évanescente, une ultime fois afin de laisser le temps aux professionnels d'ordonner une tactique, avant de retomber dans un mutisme technique, incapable d'en faire plus, et tomba lamentablement à genoux. C'était la première fois qu'il faisait face à un vilain, et il avait perdu contre lui, mais au moins, il avait tout donné. La première fois que ses oreilles sifflaient à cause de son propre alter. Son être vidé de toute énergie rencontra le sol, et le corps amorphe de son ami fut davantage serré contre lui, tout contre ton cœur qui battait à tout rompre, de peur qu'il ne lui échappe.
Et pour Hizashi, ce fut le noir total, et la déconnection fut si brutale que seul un sifflement persistant résonnait à l'intérieur de son crâne.
[...]
Il ouvrit les yeux, et tout était blanc, tout était silencieux. Il patienta un instant, le temps que ses yeux s'habituent à l'atmosphère puis, quelque peu étourdi et nauséeux, le jeune blond se redressa péniblement dans son lit et se débarrassa de la serviette en tissu spongieuse qu'il sentit contre son front. D'une main hasardeuse, il chercha ses lunettes sur sa table de chevet, toucha son casque audio qui tomba sur le tapis, attrapa la monture et les vêtit, avant de cligner plusieurs fois des paupières et observer l'état de sa chambre. Sa chambre ? Il avait la gorge atrocement sèche, et immédiatement, il pria pour qu'un verre d'eau soit à proximité. Malheureusement pour lui, il n'y avait rien pour l'hydrater. Il fut obligé de se lever. D'abord chancelant, il réussit néanmoins à se tenir contre le bord de son lit et chercha un semblant d'équilibre. Il sortit de sa chambre en titubant. Et là, dans la cuisine au rez-de-chaussée, il y vit sa mère. Celle-ci se précipita vers lui, au milieu des escaliers, et prit son fils dans ses bras.
« Oh, Hiza, j'ai eu tellement peur... ! Tu as mal quelque part ? Tu vas bien ? lui demanda-t-elle dans un souffle, encadrant son visage des deux mains comme si elle pouvait le briser à tout moment. Oh mon cœur, ce que m'a dit ton professeur... Hiza, c'était si courageux mais si dangereux de ta part ! Que s'était-il passé dans ta tête ? »
Noyé sous les questions, l'adolescent eut un peu de mal à se situer. Il finit néanmoins par dire quelque chose, et ces mots, bien que réels, furent étouffés par son incapacité trop récent à parler. Il avait vraiment soif, c'était insoutenable.
« Je vais bien maman, et les autres ? »
Elle prit quelques secondes avant de lui répondre, l'attention trop focalisé sur la main qu'elle faisait glisser tendrement sur la joue de son fils, de son unique trésor.
« Oh, chéri, oui ils vont bien... Mais...Tu aurais dû rester dans ce bus, enfin ! Te battre en étant blessé !
- Tout va bien ! s'exclama-t-il en toussant. J'ai juste un peu soif.
- ... Tu es vraiment une personne exceptionnelle, Hiza. »
Son cœur gonfla de fierté à ces mots, mais bien rapidement, son sourire s'écroula.
« Aizawa... Et Aizawa ? Est-ce qu'il va bien ?!
- De qui parles-tu, chéri ?
- Shōta Aizawa, mon ami ! Il était blessé. Il... IL... ! »
Les yeux de sa mère s'éclairèrent et elle tenta de le rassurer.
« Oh ! Oui, ton titulaire m'en avait parlé rapidement, je n'ai pas vraiment fait attention, j'étais si inquiète pour toi ! Il s'est réveillé après que tu aies perdu connaissance, il va bien. Il voulait te remercier de lui avoir prêté ton casque pour que tu ne le blesses pas avec ton alter... »
Il baissa un peu la tête, une main sur l'oreille pour sentir l'absence de walkman et ses derniers bribes oubliées lui revinrent en mémoire.
Il le... remerciait ? Shōta ne l'avait jamais remercié auparavant. Et quand bien même il ne l'avait pas fait en face, il était surpris et... touché.
Vraiment très touché.
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✷ · ˚ * . * * ⋆ . · ⋆ ˚ ˚ ✦
👀
👀👀👀👀
Pardon 😂
Et oui, un chapitre surprise, ça fait toujours plaisir ^^ Ne vous y habituez pas, je sais pas si je vais commencer à publier tous les jeudis -u-
Oh, et j'y pense. Ça serait cool si vous aviez lu les scans de Vigilante, histoire de saisir certaines références que je fais (et il y en a/aura pas mal !) Si vous ne le faites pas, je pourrai éventuellement réécrire les quelques chapitres du manga qui parlent de ce que je veux que vous lisiez, et ça pourrait m'arranger pour la narration (ça m'éviterait de devoir faire une ellipse cheloue ou résumer maladroitement l'histoire juste parce que le manga en parle déjà). Le problème... C'est que cette partie pourrait se dérouler sur plusieurs longs chapitres et ce ne sera même pas mon histoire, mais juste une retranscription à ma sauce. Je ne sais pas si j'ai le droit de le faire, mais quand bien même, ça va me demander pas mal de temps x') Donc je préfère que vous lisiez les scans ! ❤ Enfin, vous faites ce que vous voulez, je ne parle que de ce qui pourrait arranger le plus de monde.. !
Bref, mais surtout ce serait cool de ;
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Et avec un peu de chance vous serez parmi les trois gagnants du tirage au sort pour gagner un lama doué en équitation !
À jeudi prochain pour le chapitre suivant, toujours plus de bromance, toujours plus ultra ~
Je vais arrêter là avec mon blabla !
Целую вас* 😘
Je vous embrasse ~
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