𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 ₃₄

➠ ❛C'est quoi, l'effet météore ?

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Après quelques secondes de silence, l'appel se coupa, et le jeune bilingue put ranger son téléphone dans la poche de sa tenue de sport, très utile pour l'entraînement de l'après-midi. Il enfouit les mains dans ses ouvertures, et retourna sur ses pas. Au fur-et-à-mesure qu'il se rapprochait du feu de camp, installé non loin de leurs dortoirs et où cuisinaient les élèves en plein air, il pouvait entendre plus distinctement leurs voix et leurs rires. Il longea le mur du bâtiment mais ses bruits de pas semblèrent avoir alerté quelqu'un, car cette personne se hâta de le rejoindre ; c'était Oboro, et son sourire malicieux qui s'affichait sur son visage jeta une interrogation à Yamada.

« Hizou mon chou, vous êtes en état d'arrestation !

- Et pour quel motif ?

- Pour abus de coolitude !... Oh, tu as pleuré ? »

Son amusement chuta un tantinet lorsqu'il remarqua les yeux rouges de son meilleur ami. Il s'approcha de lui.

« Que s'est-t-il passé ? »

Hizashi faussa un large sourire.

« Rien de spécial, le coup de téléphone avec mes parents qui m'a ému !

- Ok. Et la vérité maintenant ?

- It is.

- Nan. Carrément pas, je te connais. Tu n'es pas ému. Tu ne savais même pas qu'on pouvait en pleurer pas plus tard que la semaine passée ! »

Shirakumo le fixa dans le blanc de l'œil à la recherche d'un indice, puis soupira, les mains sur les hanches.

« Ok. Tu n'as pas besoin de me dire, je veux que tu sache que si tu as besoin d'en parler, j'suis là ! Je suis pas l'un de tes deux meilleurs potes pour rien quand même !

- ... T'as raison.

- Alors !! »

Il fit une accolade à Hizashi.

« Peu importe ce qui te met dans un état pareil, je suis là pour toi ! Et Shōta aussi ! D'ailleurs tu aurais dû le voir couper ces carottes, hilarant ! Tu ne connaitrais pas quelqu'un qui puisse lui apprendre à cuisiner ? Le pauvre, il est né avec deux pieds gauches à la place des mains !

- Quoi ?! Naaan j'aurais voulu voir ça !! On y va ?!

- Alors, non, on n'y va pas tout de suite.

- Hein ?! Mais pourquoi ?? »

La moue exagérément outrée d'Hizashi fit rire le nuageux. Ce dernier posa son index contre ses lèvres avec un clin d'œil. Puis, n'en pouvant plus de la mine aux sourcils froncés et à la mâchoire trop ouverte de son cadet, il se dégagea de l'étreinte et recolla rapidement le pansement sur le menton de Yamada pour le remettre en place, et plaça ses deux mains en coupole pour y générer un nuage, sous l'étonnement de l'énergique.

« Tu veux voir un tour de magie ?

- Well... Yes ?

- Poof ! Le nuage a disparu !!

- Mais c'est ton alter ! Pourquoi on dirait que tu essayes de gagner du temps ? Qu'est-ce qui se passe ?!

- Pour rien mon colonel ! »

Hizashi, n'en pouvant plus d'être exaspéré, finit par sourire. Oboro était vraiment un ange tombé du ciel, comment en vouloir à Shōta d'être tombé amoureux de lui ?

« Super, tu souris enfin ! »

Puis soudain, une voix les interpela de l'autre côté du mur, ce qui réveilla un nouvel éclat dans le beau regard bleu du nuageux.

« Bon. Promets-moi simplement qu'au moindre problème, tu m'en parles. Capiche ?

- Je capiche, plaisanta Yamada qui, à présent, ne voulait plus que rire pour cacher au maximum sa peine.

- Super ! Maintenant on peut y aller !

- On va où ?!

- Bah, déjeuner ! »

Oboro se plaça derrière le garçon à l'alter vocal et le poussa jusqu'aux tables, et là, Hizashi put faire face à trente-huit élèves qui lui souhaitèrent un joyeux anniversaire. Son regard trop vert se posa sur une tarte - il espérait à la pêche - où se dressait fièrement les quelques bougies qu'ils avaient réussi à dénicher de-ci-de-là dans le centre. Le blond aperçut Shōta, il ne souriait pas, mais lorsqu'ils croisèrent leurs regards, le noiraud lui fit un timide salut de la main.

« Hiz, tu pleures encore ? lui chuchota Oboro, surpris.

- Bah ouais, j'suis carrément ému, là ! Thank you everybody ! »

[...]

Il n'aura peut-être eu aucun cadeau hormis un gâteau délicieux de son fruit préféré, mais Hizashi s'en fichait, il était satisfait ainsi. Certes, l'après-midi n'aura eu pitié pour personne, même pas pour lui, mais l'avantage était qu'il prenait un plaisir fou à prendre une bonne douche pour se glisser dans un jogging qui lui servait de pyjama, le soir venu. Après avoir enfilé son débardeur, la porte de la chambre des trois mousquetaires s'ouvrit sur les deux tiers restants, venant de se doucher, eux aussi.

« Oof, j'ai oublié de mettre mon costume à la buanderie, soupira Oboro, embêté. Vous croyez que j'ai encore le temps de le donner à laver ?

- Je ne pense pas qu'à vingt-et-une heure les femmes de ménage soient toujours actives, déclara simplement Aizawa en enfilant son sweat-shirt noir par-dessus le tee-shirt qu'il avait enfilé préalablement dans les vestiaires. Il y a sûrement la machine à laver, ceci dit.

- Mais je ne sais pas comment ça marche, moi !

- Je peux m'en charger, ma mère m'a déjà montré, proposa Hizashi en tendant sa main vers le nuageux.

- Oh merci mec, t'es un vrai pote, remercia sincèrement le plus âgé des trois en lui tendant le vêtement.

- Par contre... Je sais pas où c'est...

- J'ai aperçu la buanderie au premier étage.

- Tu veux bien m'accompagner pour me montrer, Shō-chan ?

- 'Sûr. (Le noiraud ouvrit la porte de leur chambre.) On revient.

- À plus les gars, j'vous adore ! »

Après un bref salut de la main, les deux plus jeunes du trio s'engagèrent dans les couloirs du bâtiment du complexe sportif de Kanagawa, dit le CSK, Hizashi utilisant son portable comme unique source de lumière pour ne pas avoir à allumer le couloir et ainsi se faire prendre par un professeur. Shōta marchait juste devant lui afin de le guider, s'arrêta devant un escalier, réfléchit, et le dévala, le blond sur ses talons. Finalement, ledit blond augmenta la vitesse de ses pas et lui prit la main, le costume à laver sous le bras et le téléphone dans l'autre. Aizawa, sans remarque, accepta l'étreinte et entrelaça ses doigts aux siens pour ne pas le lâcher. Il le tira jusqu'à la pièce souhaitée, ils contrôlèrent en se collant à la porte que personne ne s'y trouvait, et entrèrent discrètement. Ils refermèrent la paroi de bois après leur passage et allumèrent le ridicule trépas de verre en pendaison au-dessus d'eux, aussi faible que le dernier souffle d'un condamné. Tandis qu'Hizashi dévisageait la poussière qui s'accumulait contre le béton du sol sans carrelage, Shōta, lui, s'était dirigé vers un cube blanc dont le couvercle était levé. Il en dévisagea l'espace vide en son intérieur, et interpela son meilleur ami.

« Le costume. »

Le blond lui tendit le vêtement et Aizawa le lâcha dans la machine à laver. L'aîné s'occupa du produit liquide et du mode. La boîte vrombit, grogna, et le tambour accéléra sa vitesse. Hizashi, fier de lui, se tourna vers son camarade et l'aperçut prendre place contre un mur, à même le sol. Il s'approcha de lui et imita son geste, mais face à lui, les jambes croisées. Ils se fixèrent dans le blanc de l'œil durant quelques minutes de silence.

« Désolé, je n'ai pas de cadeau pour le moment.

- C'est pas grave, on est en camp, pas à la foire ! plaisanta le blond en haussant des épaules.

- Mais c'est ton anniversaire et comme je ne suis déjà par très... cadeau, de base, ça me donne l'occasion de t'en offrir un au moins deux fois par an, avec Noël. Et je n'ai rien.

- C'est pas grave, tu pourras te rattraper autrement si tu insistes.

- Comment ça ?

- Tu sais un cadeau n'a pas besoin d'être matériel, je peux me contenter de ta présence et ça me va très bien !

- ... Si tu le dis ? s'enquit le noiraud, fort peu convaincu.

- Au pire embrasse-moi, s'emporta Hizashi avec un éclat de rire plaisantin.

- Mais on n'est pas amoureux, c'est irrationnel.

- Pas besoin d'être en couple pour s'embrasser, des tas de gens le font pour montrer leur affection ! expliqua sérieusement le bilingue en croisant les bras derrière sa tête, le regard tourné vers l'ampoule qui s'était mis à clignoter quelques instants.

- Pour montrer leur affection ? Vraiment ? Du coup on peut s'embrasser sans problème ?

- O-ouais, c'est ça ! »

Shōta fronça des sourcils et détourna le regard.

« Irrationnel... »

Yamada émit un 'krrkrrkrr' de rire pour masquer sa frustration, et reposa les mains par terre pour se pencher un peu en arrière, afin de regarder la machine à laver, qui s'était tut.

« Tu as mis combien de temps ?

- Vingt minutes. Je crois que c'est bon, là, souffla Hizashi en se levant pour ramasser le costume et le suspendre avec les autres. Voilà, it's done, on peut retourner dans la chambre !

- Hm, fit le noiraud en hochant la tête. »

Ils quittèrent la buanderie. Le bâtiment était d'un silence inquiétant. Ils lièrent leurs mains ensemble comme pour se protéger des mauvais esprits et, guidés par la lumière du téléphone, cherchèrent les dortoirs. Lorsqu'ils trouvèrent enfin l'escalier, ils se figèrent.

« Toi aussi tu as entendu ? demanda doucement l'énergique en agrippant le bras de son ami.

- Ouais...

- Il y a quelqu'un, on doit se tirer de là !

- O-ouais ! Viens ! »

Shōta tira son camarade en sens inverse pour prendre l'escalier opposé de l'étage. Ils coururent comme si leur vie en dépendait, mais malheureusement pour eux, les marches ne les menaient pas à l'étage des chambres mais à celle d'une autre partie du bâtiment. Ils s'apprêtèrent à faire demi-tour, mais la lumière du couloir derrière eux s'alluma, ce qui confirma que quelqu'un s'y trouvait. Hizashi prit la folle décision d'entraîner son meilleur ami dans le bâtiment inconnu en espérant faire un détour par un autre étage. Alors il monta à en perdre haleine chaque marche, et au bout d'un certain temps, épuisés, ils s'arrêtèrent au quatrième pallier. Le blond tendit l'oreille avait attention, et tourna la tête vers la carte du bâtiment.

« Tiens, on est à un étage du toit. On y va ?

- Non.

- Super ! »

Il tira son meilleur ami dans les escaliers, sous les râles de celui-ci, et essaya de forcer la lourde porte. Vaincu pour les enfantillages de son meilleur ami, Aizawa lui donna un coup de main et à deux, l'ouverture céda, et l'accès au toit fut libéré. Le froid mordant mais revigorant les accueillit à bras ouverts. Hizashi, tout excité, se précipita vers la rambarde et s'y pencha.

« Woaa, c'est drôlement haut !! Pas plus haut que Yuei, mais woaaa ! Shō-chan, viens !

- Je suis bien ici. »

Il se tourna vers le noiraud.

« On ne voit pas tant que ça le vide à cause de l'obscurité, are you sure ?

- Catégoriquement.

- Ok ! (Hizashi recula pour se mettre à sa hauteur.) Alors je reste ici, avec toi ! »

Shōta le lorgna un moment avant de détourner le regard pour percevoir la Lune.

« C'est beau, hein ? demanda le blond avec tendresse dans la voix.

- Oui...

- Tu sais quoi d'autre est beau ?

- Hm ?

- Ton sourire. Ton rire. You.

- Putain, tu ne peux pas te la fermer ?marmonna-t-il en enfonçant sa tête entre les épaules, une drôle de moue tirant ses lèvres.

- Pourquoi je ferais ça ? Je n'ai pas le droit de complimenter mon meilleur ami ?!

- Hm. Non.

- Haaaa ?? Mais pourquoi ?!

- Comme ça. T'es gênant.

- MOI je suis gênant ?!

- Et bruyant. »

Hizashi éclata de rire.

« Pourquoi tu ris ? demanda Aizawa en reprenant le contact visuel.

- Parce que tu me fais rire !!

- Moi je te fais rire, ou la situation te fait rire ?

- Toi !!

- Moi ?

- Oui, toi, le mouton à cinq pattes qui dors en cours et qui a un énorme caractère de cochon !

- ... »

Dois-je vraiment me contenter de plusieurs milliards d'humains alors que je peux avoir lui ?

Il détourna ses yeux trop verts de Shōta pour admirer le ciel découvert. Sa voix, d'habitude si criarde, si hardie, se fit plus douce.

« Moi, j'aimerais beaucoup voir deux étoiles se rentrer dedans et exploser en supernova. Là maintenant tout de suite.

- Tu es fou. Et pourquoi tu reparles de ça ?

- Parce que j'y pense, et je me dis que ça serait génial.

- Et tu vas encore me demander pourquoi je ne veux pas essayer de sortir avec Oboro, au passage ?

- I can.

- Je ne suis pas venu à Yuei pour des rencarts. Et je t'ai déjà expliqué ce qu'il en est, non ?

- Comme quoi tu ne veux plus faire le premier pas à cause d'une unique expérience ratée ?

- Zashi... »

C'était la première fois qu'il avait l'occasion de l'appeler par le surnom. Il tiqua une seconde, puis deux, puis trois, avant de froncer les sourcils et reprendre ce qu'il essayait de dire.

« Arrête de ressasser les mêmes sujets de discussion, change de disque. C'est gentil d'essayer de me pousser à lui parler, mais je ne le ferai pas.

- Et est-ce que tu accepterais les avances de quelqu'un d'autre ?

- Pourquoi je ferai ça ?

- Admettons.

- ... Peu de chance.

- Zéro pourcent n'existe pas d'après ta réponse, donc y'a des chances !

- Euh... ouais, tourné comme ça c'est ce que ça veut dire. Pourquoi ?

- Et à ton avis, est-ce qu'un trou noir peut devenir une étoile ?

- Pourquoi toutes ces questions d'un coup ? Je ne te suis plus.

- Shō-chaaaan, je suis curieux, c'est tout !

- Tu devrais faire astrologue alors, pas super-héros.

- Je préfère quand c'est toi qui me parles de toutes ces belles choses ! »

Shōta détourna le regard.

« C'est impossible. Un trou noir ne pourra pas devenir une étoile, jamais. Il est destiné à vivre sa médiocre vie tout seul, aspirant chaque obstacle qu'il croise, les détruire, les mettre dans un vide sans retour. L'étoile est destinée à briller, donner sa lumière à son entourage jusqu'à s'auto-consummer et mourir. L'étoile est bien mieux sans trou noir. Et le trou noir ne doit pas risquer de s'approcher de l'étoile sous peine de la détruire, ni elle, ni rien d'autre. Il faut le tenir éloigné des planètes, des nuages de poussière et des astres, de tout ce qui pourrait se faire détruire. Tout. Le trou noir n'a que deux objectifs ; exister sans raison, et détruire ceux qui l'approchent. L'étoile n'en a qu'un seul. Briller. Le trou noir ne pourra jamais accomplir cet objectif. Il ne pourra jamais devenir une étoile. »

Le discours d'Aizawa avait transi le blond de tout son être. Ce dernier sentait les larmes lui monter aux yeux. Mais il faisait trop nuit pour qu'on puisse le remarquer.

« Donc quoi, c'est dangereux de mettre une étoile avec un trou noir ?

- C'est dangereux, irrationnel, impensable, stupide, sans intérêt. Ils doivent garder une distance sécurisée. C'est mieux pour les deux.

- Mais, et si c'était ce que voulait l'étoile ?

- Alors elle est bête. Parce qu'elle sait qu'elle court à sa perte si elle ose franchir la distance raisonnable imposée par les lois de l'univers. (Il fit une pause lorsqu'il se rendit compte qu'Hizashi avait reculé.) Tu vas où ?

- M'approcher de la barrière. Tu veux venir ?

- Non...

- Je te tiendrais la main. »

Après instant d'hésitation, le noiraud effectua quelques pas jusqu'à pouvoir attraper la main de son meilleur ami. Il se laissa prudemment entraîner jusqu'à la rambarde métallique. Ils avaient une vue imprenable sur la vallée mais faute du manque de luminosité, ils ne percevaient pas grand-chose, seulement la mélopée de la rivière ou le bruissement des ramures, l'odeur de pins, et la chaleur de la main de l'autre.

« C'est beau. »

Là encore, il s'agissait des dires d'Hizashi, qui n'avait pu s'empêcher de murmurer ces mots comme si cela lui brûlait de les maintenir celés derrière ses lèvres.

Puis quelque chose déchira le ciel, attirant l'attention commune des deux adolescents. La lumière avait envahi la coupole tachetée, si bien qu'on aurait dit le jour, et durant quelques secondes, une boule de feu avait longé le périmètre stellaire jusqu'à disparaître, replongeant la planète bleue dans une obscurité ferme. Eux, comme beaucoup d'autres personnes très certainement, continuaient de fixer le ciel là où le corps céleste avait tracé sa trajectoire en pas plus de cinq secondes.

« ... Wow.

- ... Tu l'as dit.

- Mais elle était énorme cette étoile filante !! Comment c'est possible ?!!

- C'était un météore.

- Haaa ! Une météorite tu veux dire ?! »

Shōta secoua doucement la tête, et ses cheveux flottèrent au vent.

« Une météorite, c'est un météore qui s'écrase sur Terre. Le météore poursuit sa trajectoire dans le ciel. Plus simplement, c'est un objet dans le ciel qui est rendu lumineux par son passage dans l'atmosphère terrestre. Ou un phénomène atmosphérique.

- Un phénomène ?

- Un phénomène, un fait, un évènement... Ça arrive quand ça arrive.

- Comme l'amour ?

- Le phénomène de l'amour, pourquoi pas si ça te fait plaisir. On peut le comparer à un météore. Il arrive, soit il passe, soit il s'écrase. S'il passe, tout va bien, tu passes à autre chose. S'il s'écrase...

- ... C'est quoi les causes d'une météorite ?

- La malchance, sans doute...

- Et si deux êtres n'arrivent pas à être ensemble ? C'est aussi de la malchance ?

- Non, ils sont juste incompatibles.

- Donc s'il s'écrase, il se passe quoi ?

- ... Tu souffres.

- So, la souffrance est l'effet de la météorite, et l'amour est l'effet du météore ?

- C'est bizarre, mais si cette métaphore aide à comprendre alors oui, c'est ça.

- Je préfère l'effet du météore, alors. C'est plus joyeux. »

Un moment de silence.

« Moi aussi, avoua le noiraud dans un petit murmure. »

Hizashi serra ses doigts un peu plus fort.

« J'espère que toi et Oboro allez connaître l'effet météore, mentit-il avec brio, le cœur lourd. »

La main de Shōta brisa le seul contact physique qu'ils possédaient pour lui faire complétement face.

« Merci de me soutenir. Je ne pense pas sortir avec lui tout de suite, j'aimerais d'abord en finir avec le lycée et le divorce de mes parents pour... m'alléger l'esprit.

- It's a great idea, lui confit-il avec un sourire plus ou moins sincère, veillant à ne pas laisser définitivement ses larmes faire surface. Je ferai n'importe quoi pour mon meilleur ami. »

Le noiraud se hissa sur la pointe des pieds et entoura Yamada avec ses bras. Ce dernier se figea, surpris du câlin, avant de, doucement, faire glisser ses mains dans le dos de son ami pour rendre l'étreinte plus puissant. Ils étaient bien ainsi, l'un près de l'autre à pouvoir ressentir leurs pulsations cardiaques ou leurs souffles irréguliers.

Et alors que le cadet s'éloignait difficilement, il surprit davantage Hizashi lorsqu'il posa fermement ses doigts sur ses joues, et sans même lui laisser le temps de digérer les informations qui s'enchaînaient une par une, Shōta écrasa ses lèvres contre celles de son meilleur ami.

C'était comme si une étoile venait d'éclater dans son ventre en supernova.

Un feu d'artifice qui se propageait dans ses veines.

Une pluie de météores dans son cœur.

Le cœur du bilingue battait des records à l'intérieur de sa poitrine, et ses joues brûlèrent à en faire réchauffer les -272°C de la nébuleuse du Boomerang. Il accepta de fermer les yeux pour profiter des quatre petites secondes que dura le smack, maladroit au possible, et lorsqu'il les rouvrit, il put croiser une lumière étincelante dans le regard couleur nuit de son vis-à-vis.

« Tu m'as dit qu'il n'y avait pas besoin d'être en couple pour s'embrasser, je l'ai fait pour montrer mon affection envers toi, lui souffla Aizawa en piquant un phare similaire à celui de son meilleur ami, ressentant étrangement le besoin de se justifier. »

Hizashi, dont le cerveau s'était momentanément déconnecté, effleura ses lèvres du bout des doigts. Son cœur battait la chamade. Plus rien n'avait de sens. Il aimait Shōta. Il en était fou amoureux, et ce baiser n'était pas assez. Il en voulait plus. Il s'exclama :

« You can't imagine HOW LONG I waited for you to kiss me ! I'm totally in love with you since the second, I have the impression that it's been an eternity that my heart seeks to beat at the rhythm of yours ! »

Le noiraud papillonna des yeux, perdu. Hizashi avait parlé tellement vite qu'il n'avait eu le temps de rien comprendre, alors traduire ? C'était mission impossible.

« ... Quoi ?

- ... Je disais, je suis content de t'avoir comme meilleur ami, je suis tellement heureux de t'avoir abordé à la rentrée, mentit-il en se grattant nerveusement la nuque, la voix étonnament aïgue, gêné de s'être laissé emporté ainsi, et voulut vite changer de sujet. On devrait retrouver Oboro, non ??

- Ouais, il faudrait mieux... »

Le plus jeune se dirigea vers la porte et se retourna vers le jeune Yamada, remarquant qu'il ne le suivait pas.

« Dis... Ça fait quoi d'avoir enfin eu ton premier baiser ? »

Instant de silence.

« Je t'avoue que c'était agréable.

- On recommence quand tu veux, plaisanta Hizashi avec un sourire pourtant sincère. »

Sourire que s'empressa d'imiter Shōta sans qu'il ne puisse le contrôler, et la seconde suivante, le duo s'engouffra dans les couloirs du bâtiment. Shirakumo s'était endormi, alors, veillant à faire le moins de bruit possible, les deux meilleurs amis se séparèrent pour retrouver leur lit respectif. Hizashi croisa les bras derrière sa tête en regardant le plafond, écoutant d'une oreille le noiraud qui réajustait le bas de son duvet. Il lui chuchota :

« Merci pour ce cadeau... Good night, Shō-chan.

- Bonne nuit Zashi. Et merci à toi. »

C'était définitif, il voulait lui aussi connaître l'effet météore ; si le trou noir ne pouvait pas devenir une étoile, alors ce serait l'étoile qui deviendrait un trou noir. C'était irrationnel, mais ce n'était pas grave.

Hizashi était fou amoureux de son meilleur ami.

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