Chapitre 1 - La cage

01/01/4018, lieu inconnu

Le goût amer d'un mauvais rêve. C'est ce que la jeune femme avait senti dès que ses paupières s'étaient entrouvertes. Alors qu'elle s'éveillait à peine, elle fit claquer sa langue sur son palet pour soulager ses papilles d'une sensation pâteuse plus que désagréable. Elle releva le haut de son corps jusqu'à s'asseoir et posa le bout de ses doigts sur ses tempes. Un mal de crâne intense résonnait à l'intérieur. Elle bailla à s'en décrocher la mâchoire et cligna plusieurs fois des paupières pour s'habituer à l'obscurité. Une mèche de ses cheveux vint lui chatouiller le nez alors elle attacha sa longue crinière noire avant de chercher son téléphone.

— Bordel, ça fait un mal de chien !

La brune sursauta et recula jusqu'à ce que son dos touche les barreaux glacés qui se trouvaient derrière elle. Elle n'était pas seule. Son pouls s'accéléra et elle essaya de calmer sa respiration saccadée tant bien que mal. Elle venait d'entendre une voix chaude, appartenant sûrement à un homme. La voix tremblante, elle demanda avec hésitation.

— Qui.. qui est là ?

Elle distingua une ombre à l'apparence humaine bouger dans son champ de vision. Son cœur loupa un battement et elle déglutit, regrettant presque de n'avoir pas su tenir sa langue.

— T'es où, je te vois pas ? Et puis, t'es qui toi aussi ?

Il a l'air aussi perdu que moi, pensa-t-elle.

— J'ai pas l'intention de te manger si ça peut te rassurer.

Elle esquissa un sourire. Ne considérant pas cet inconnu comme un danger, elle s'approcha doucement et s'assit en face de lui avant de lui tendre sa main. Il la remarqua seulement après quelques instants.

— Je suis Alya.

— Enchanté, moi c'est Lucas !

— Est-ce que tu sais où on est ?

— Dans une sorte de cage mais je ne m'attendais pas à ce qu'on soit enfermés à plusieurs. Comment va ta tête ?

— J'ai eu comme une rapide migraine au réveil mais c'est passé.

— Tu te souviens encore de tout ?

— J'aurais dû oublier quelque chose ?

— Donc c'est non. L'opération n'a pas encore commencé alors..

— Mais de quoi tu parles ? J'y comprends rien !

— Eh, calme ! J'ai pas l'intention de me faire une ennemie dès le départ ! s'indigna-t-il. Pour faire court, je suis pas mal renseigné sur.. tout ça.

— Tu fais partie de la résistance ?

— Je les ai rejoint il y a un an oui. Mais c'est pas la question alors écoute-moi parce qu'on n'a pas beaucoup de temps. Nos migraines étaient dues à une drogue qu'ils nous ont injectée, tu peux vérifier ton bras si tu veux.

La brune baissa la tête vers son corps. Elle n'y voyait rien mais sentit quelque chose sous ses doigts en les passant dans le creux de son coude. Elle avait bien été piquée.

— Ce n'était qu'une petite dose. Quand on arrivera à destination, ils effaceront entièrement notre mémoire.

— Quoi ?! Non. Je refuse d'y croire. On ne peut pas effacer les souvenirs. Je suis en fac de médecine alors s'il existait quelque chose capable de faire ça j'en aurais entendu parler !

Le jeune homme soupira et prit sa tête entre ses mains.

— Alya, c'est bien ça ? On va reprendre depuis le début. Que sais-tu sur cette.. opération ?

— La même chose que beaucoup de gens. À chaque nouvel an, les aînés de vingt familles tirées au sort sont sélectionnés pour participer à ça.

— Dans les grandes lignes, oui. "Ça", c'est une opération menée par des scientifiques au service d'une partie corrompue du gouvernement. Les jeunes ne sont pas sélectionnés mais enlevés et ils ont bien un moyen d'effacer la mémoire.

Ce fut autour de la jeune femme de cacher son visage derrière ses paumes.

— Non, non, non ! C'est de la folie ! Je vais me réveiller, c'est juste un cauchemar !

— Alya, je..

— Non ! Je ne veux plus t'écouter, tu racontes n'importe quoi !

— Je n'ai aucun intérêt à te mentir. Je sais que la vérité est dure à entendre et à accepter mais il faut que tu sois forte.

La brune se mit à sangloter doucement. Au fond, elle savait très bien que le jeune homme lui racontait la stricte vérité. Ces informations avaient été répandues par la résistance alors que le gouvernement niait les faits. Elle commençait à réaliser que ce fameux soir du nouvel an venait de ruiner toute sa vie en quelques secondes. Sa famille, ses amis, ses rêves, son avenir. Tout était détruit, barré, effacé. Elle se sentait faible à pleurer devant un illustre inconnu mais ses nerfs n'avaient pas pu encaisser la nouvelle.

Alors qu'elle semblait inconsolable, le jeune homme posa gentiment sa main sur l'épaule de la brune.

— Sèche tes larmes, tu n'es pas toute seule. J'ai bien l'intention de me battre pour sortir alors si tu veux te joindre à moi, je t'accepte avec plaisir !

— On ne se connaît même pas.

— Tu crois vraiment que les formalités ont leurs places dans ce genre de situation ? On n'a pas besoin de tout savoir l'un sur l'autre, on doit juste se faire confiance.

— Mmh... Mais, si j'ai bien compris ton raisonnement, on va oublier notre rencontre dès qu'on arrivera non ? Et puis, comment peux-tu être sûr que tu auras encore envie de t'échapper ?

— Ne t'en fais pas pour tout ça, tu sauras en temps voulu. Alors, on fait équipe ?

La brune essuya les dernières traces de larmes sur ses joues et leva ses yeux sur le jeune homme. Malgré l'obscurité, elle perçut une main tendue vers elle et un immense sourire collé aux lèvres du jeune homme. Elle prit néanmoins le temps de réfléchir à toutes les informations qu'elle venait d'emmagasiner. Même si elle n'avait plus rien à perdre, elle ne voulait pas y laisser la vie dès le premier jour. Mais elle savait bien que si elle souhaitait s'en sortir, elle ne pourrait pas y arriver seule. Elle lia alors leur accord d'une poignée de main, pas mécontente d'être tombée sur un garçon comme lui.

Alors qu'elle avait encore un milliard de questions à lui poser, elle fut brusquement interrompue. La cage se mit tout d'abord à trembler avant de s'activer. Elle sembla prendre de la hauteur avant de se stopper soudainement. Lucas réagit au quart de tour et attrapa la main de la brune pour y déposer une sorte de pilule.

— Fais-moi confiance et avale ça rapidement.

Stressée par la pression de la situation, elle obéit sans prendre le temps de réfléchir pendant que le dessus de la cage se soulevait. Une lumière aveuglante apparut, obligeant les deux prisonniers à cacher leurs yeux. Un son guttural se fit entendre malgré les grincements produits par l'ouverture des barreaux.

— Allez, sortez de là.

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