Chapitre 3 : 'Nous' sous les yeux des haltères


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Ɛ∂σѕαη

Je n'ai jamais foutu les pieds dans le centre d'entrainement spécialisé des Gardes de la Cité et jusqu'ici, je ne pensais même pas y avoir accès en tant que simple citoyen. Bien qu'en réalité j'ai dû décliner mon identité, Félix a simplement dû m'inscrire lui-même et le vieux démon rabougri qui surveille le hall m'a laissé entrer, m'indiquant la salle 15 comme si j'avais la moindre idée de ce que ça signifiait.

Je suis néanmoins la direction qu'il a vaguement montrée avant de reprendre sa stature de marbre. L'endroit semble immense, on peut le deviner juste à la taille du long couloir qui semble donner accès à différentes salles d'exercices. J'ai du mal à voir l'autre bout et la hauteur sous plafond est impressionnante, je me demande bien pourquoi ils ont pris la peine d'avoir autant de place. Quoiqu'il en soit, je m'avance, dépassant deux Eremis qui discutent sans se préoccuper de moi et je regarde sur la première porte et aperçois alors un numéro et je comprends donc ce qu'il en est. Le quinze donc !

Je file donc bien plus vite, presque impatient et toujours troublé par Félix ! Je pense à lui depuis la veille, et une idée a fini par me traverser l'esprit.

A-t-il compris que j'étais attiré par lui ?

Félix est mon ami, un ami foutrement sexy, oui, mais je tiens véritablement à mon lien avec lui. Je me souviens de la distance qu'il a gardée si longtemps avec moi et j'ai vraiment peur qu'il revienne à se comporter comme ça. Je ne veux pas le perdre...

Et ce chiffre quinze indiqué sur la porte me fout. Presque les boules. Je n'ai rien à craindre de mon ami, mais très honnêtement je ne suis même pas certain de ne pas devoir m'excuser. S'il m'a grillé, c'est que je suis bien trop évident et que j'ai eu des gestes ou des regards déplacé. Quoiqu'il en soit, je frappe à la porte, le cœur au bord des lèvres, conscient cependant que ma réaction est complètement excessive ! Il ne sert à rien de me foutre mal sans savoir ce qu'il en est vraiment...

La porte enfin et Félix est là, me fixant de son grand sourire solaire.

- Sérieusement, tu frappes avant d'entrer dans une salle de sport toi ?

- Ah ! Beh, je n'ai pas réfléchi... Enfin j'ai juste pensé que c'était ce qu'il fallait faire !

Il rit de plus belle, me cédant le passage pour me laisser entrer semble aller parfaitement bien et cela me détend. Il a juste l'air normal, au moins c'est rassurant.

- Bah merde ! Tu m'étonnes que ton bras fait la circonférence de mon crâne !

C'est la seule réaction que je peux avoir devant la pièce qui me fait face ! Elle est complète, réunissant plusieurs machines de torture pour se "muscler" d'un côté. En face, il y a deux tatamis, sans doute placés pour permettre des affrontements amicaux, le tout sous l'œil ambitieux d'un large miroir qui semble aussi double le volume de l'espace. Et juste à côté d'une pièce avec une seule porte notifiée d'un "Vestiaire" , il y a un espace avec un bain chaud et une table de massage, me donnant soudainement presque envie de me dépenser...

- C'est la salle réservée aux Humains, enfin pour être plus précis, celle qui a été aménagée quand j'ai réussi les tests ! La plupart des équipements ne sont pas forcément adaptés à ma corpulence, alors ils ont monté un exemplaire plus approprié. Enfin bref, logiquement on privatise une salle quand on veut faire un entrainement privé, mais de toute façon, personne ne vient ici !

- Tu veux dire que c'est ta salle de sport privé ?

- Non ! Quand même pas, en vrai y a parfois des nymphals qui viennent, mais je les vois rarement.

- Je vois...

Je ne sais pas quoi répondre d'autre et je fais mine de mieux regarder l'ensemble de la pièce avec attention pour me donner bonne contenance, soudainement gêné. J'évite soigneusement de le regarder, visualisant les trois fenêtres bien trop hautes pour que je puisse voir l'extérieur, servant surtout de puits de lumière.

- Tu comptes faire de l'exercice dans cette tenue ?

Je regarde rapidement mes vêtements, n'y trouvant rien à redire ! Un simple tee-shirt et un training large permettant les gestes amples ! Je me crispe instinctivement en voyant du coin de l'œil qu'il s'approche de moi et il vient attraper mon menton pour réclamer mon attention. Je m'y glisse alors, ne pouvant résister à l'appel langoureux de ces fioles d'indophénol qui barbouille ses iris... Bon sang qu'il est beau, réunissant si facilement tant de fantasmes à lui seul ! Juste parfait.

- Pourquoi tu m'as demandé de venir Félix ?

- Ah... tu ne perds pas de temps hein ! J'aurais aimé qu'on parle d'abord entrainement avant d'entamer cette... partie-là !

Je suis bien incapable d'attendre autant de temps et surtout stressé ! Je suis certain que mon expression lui a clairement montré ma désapprobation, car il grimace, finissant tout de même par rire doucement avant de prendre longuement son souffle. Ses beaux yeux se perdent dans le vague tandis qu'il réfléchit et la rougeur de ses pommettes elle me montre que lui non plus ne doit pas être à l'aise actuellement.

- Je voulais qu'on parle de... enfin j'imagine qu'on peut dire "sentiment" ! Je crois qu'il faut que je clarifie les choses entre nous...

Merde !

La panique monte d'un seul coup, embrasant d'un seul coup tout mon courage, laissant mes peurs s'installer entre chaque vague de frisson glacial qui me parcourt les bras. C'est pire que tout, il m'a grillé ET il me rejette ! C'est exactement ce que je craignais, il va s'éloigner et je le perdrais.

Alors je me replie vivement, prenant moi-même des distances raisonnables, comme pour le libérer de moi. C'est inconscient et incontrôlable et quand nos regards se rencontrent, je n'arrive même pas à me retenir de pleurer...

- Je suis désolé ! Vraiment tu sais ! Je ne l'ai pas fait exprès enfin... ça ne se commande pas ! Je te demande pardon, mais s'il te plait, ne m'abandonne pas !

- Edo attend ! Viens là...

Il me rejoint de nouveau, m'entourant de sa chaleur bien que je n'ai absolument pas l'impression d'avoir plus chaud. C'est foutrement le contraire, ma peau gelant littéralement partout où sa peau bouillante se pose. J'ai l'impression de ne pas mériter sa flamme, me condamnant éternellement à ressentir la glace dans mes veines...

- Explique-moi Edo, je ne comprends pas ta réaction ! Je ne m'y attendais pas...

- Je sais que tu t'intéresses à Mika et je n'ai rien contre ça, mais je ne pensais pas que tu remarquerais mes...

Je me coupe, les mots semblant se coincer dans ma bouche tandis que l'azur me fixe avec une attente atrocement vive.

- Tes... ?

Il me pousse à finir et ses pouces viennent balayer les ruisseaux salés de mes joues. Avec cette facilité déconcertante, il efface mon moment de faiblesse, lui accordant pourtant le droit d'exister.

- Remarque... Que tu remarquerais mes sentiments pour toi !

Il pousse un brusque souffle, visiblement ébranlé par ma confession, et il n'hésite pas à venir cueillir mes lèvres, me faisant haleter. Il ne fait rien de plus que de caresser tendrement ses lèvres sur les miennes, ne réclamant pas à approfondir l'échange. Il répond simplement à ma déclaration, l'acceptant tout en prenant la responsabilité d'en prendre soin. Je n'ose pas vraiment croire à ce qu'il se passe, encore moins après tout ce temps ! Quoiqu'il en soit je ferme juste les yeux, profitant de tout, laissant mon cœur se calmer légèrement même s'il ne semble pas pouvoir y parvenir.

- Félix...

- Je ne pensais pas que tu l'ignorais encore, j'avais tellement l'impression d'être flagrant !

Nos lèvres se sont à peine éloignées, s'effleurant à chaque mouvement de nos bouches. Mais je n'aurais pas apprécié qu'il s'écarte plus. Maintenant que j'ai l'impression d'avoir l'autorisation de le couvrir de baisers, j'ai la sensation de ne pouvoir m'arrêter.

Le barrage a sauté ! Et autant j'ai un roman de raison de ne pas céder à Dal et Mika, autant la situation est différente concernant le beau garde. Alors je me colle contre lui, ayant soudainement besoin de son contact, presque pour rattraper tout ce temps sans l'odeur de sa peau clairement ancré dans mes narines.

- Non j'ai... je pensais que c'était Mika ! Que Mika...

- Mika aussi, mais non, effectivement il n'est pas le seul. Ça fait des mois et des mois que je suis fou de vous...

C'est une sacrée déclaration que je ne prends pas à la légère. Il n'est pas en train de me dire qu'il a le béguin, ou que je l'attire, il me parle d'une chanson bien plus profonde dont j'ai envie de me noyer dans les paroles.

- C'est pour ça que tu étais si distant avec moi au début ?

- Au début... ? Quand on s'est rencontré ?

- Ouais

- Mmmh. Non, ce n'est pas ça... attends, viens ! Tout s'est enchainé là, attend...

Il souffle, et il m'enferme contre lui, me laissant sentir l'affolement fou de son cœur. Tout aussi malade que le mien, sans doute douloureux, il s'éclate contre ses cotes me donnant presque l'impression qu'il peut en souffrir. J'ai toujours su que mon ami était une personne franche, qui s'assume pleinement ! Toutefois le sentir presque fragile devant moi me touche profondément... Il se met à nu pour moi, me montrant clairement qu'il n'est pas en train de jouer.

- Donc, je reprends ! Edo, j'ai des sentiments pour toi et j'aimerais qu'on se voie dans un autre contexte toi et moi...

- Tu me parles d'entamer une relation ?

- Ouais je te parle de quelque chose de sérieux. Cependant... Comme tu la dis, je n'ai pas des sentiments que pour toi.

La situation pourrait s'avérer cocasse si je n'en étais déjà pas parfaitement au courant et que je n'éprouve pas la même chose pour le Nymphal.

- Tu as l'intention d'aller te déclarer envers Mika ?

Je sais que ma question semble moqueuse, mais c'est plutôt que je ne crois pas que quoique ce soit de positif en ressort ! Enfin en réalité, peut-être ? Mais j'ai plutôt l'impression qu'il fuirait, pareillement à Daldrei cela dit en passant.

- Pas vraiment, je... J'y réfléchis depuis un moment ! Il y a un truc entre nous, mais quelque chose bloque et je ne sais pas quoi ?

- Félix, tu es conscient que "ce truc" concerne aussi Daldrei ?

Un voile d'amusement fait surface et son sourire se fait joueur.

- Tu ne trouves pas Dal parfaitement sexy ?

- Si, bien sûr que si, mais toi tu...

- Tu sais, lui et moi... On a déjà couché ensemble !

- Quoi ?!

Je m'en étranglerai presque ! Mais qu'est-ce qu'il se passe aujourd'hui !

- Enfin couché pas vraiment, on s'est juste offert une aide mutuelle... De type manuel !

- Vous vous êtes branlé quoi !

- C'est ça ! On s'est déjà entrainé ensemble, dit-il en me montrant la salle d'un signe de tête, et dans ces moments-là, on aime bien se chercher... On ne le fait pas devant les autres, c'est juste entre nous !

- Pourquoi tu m'en parles alors ?

- Bah tu fais partie de ce "nous" ! Pour être franc, je crois qu'il y a quelque chose entre nous quatre.

- Je... Crois aussi. Cependant je ne pense pas qu'il y ait un avenir ! Enfin je veux dire, il n'y a rien à envisager et ça ne pourra jamais devenir sérieux. Ça ne serait qu'une histoire en secret le temps que ça dure et puis voilà. Je les aime, tu sais, et je ne veux pas les perdre !

Félix acquiesce et je comprends tout de suite qu'il a aussi pensé à tout ça. Il attrape ma main et noue nos doigts ensemble.

- Je ne sais pas ce qu'on espérer ! Je n'ai aucune idée de "où" une histoire peut nous mener Edosan, pas plus que je ne le sais avec toi. Je crois surtout qu'il faut en parler !

- Tu ne les connais pas un peu ? S'ils ont rien fait ou dit, c'est parce qu'ils l'ont décidé ! Ils ont juste quoi ? Cent ? Deux ans ? Et on aura besoin au moins du double pour juste les convaincre d'avoir une conversation!

- Je n'ai jamais dit que ce serait simple ! Ni proposer d'y aller de but en blanc... Je voudrais qu'on puisse les pousser suffisamment pour en parler franchement !

- Comment ?

- Ils sont aussi possessifs l'un que l'autre, Mika déteste savoir que tu couches avec Naza par exemple, ça le rend fou ! Dal se contrôle mieux uniquement parce que ça ne se passe pas sous son nez ! S'il te voyait avec l'autre, crois-moi ce serait pas pareil ! Là où je veux en venir, c'est que "jouer" devant eux, ça peut les faire bouger !

- Ce genre de chose, ça mène généralement à faire souffrir une partie ou deux !

- Mmmh... Dans le cas des couples normaux ! Là je te propose de jouer qu'entre nous quatre !

Il me lance un regard presque dur, mais surtout résolu et je comprends ou il veut en venir... Je glisse mes mains sur ses épaules, soupirant de sentir la forme incroyable de chacun de ses muscles dansant sous sa peau. Je prends un temps incroyable pour les dessiner, appréciant de le sentir frissonner, m'attardant ensuite sur la base de ses cheveux marron. Je me sens poussé des ailes, le sentant se tendre contre moi alors qu'il approche doucement son visage, juste pour se mettre à porter.

- Est-ce que par hasard, tu aurais aussi une quelconque demande à faire vis-à-vis de Naza ?

J'ai l'impression que nos yeux se parlent tout autant que nos bouches, nos regards scotchés bien trop fort, sans pouvoir s'en dépêtre.

- Toi et moi, j'ai envie d'essayer ! Mais je ne partage pas !

- Ce qui est très étrange au vu de tout ce que tu viens de me dire !

- Peut-être, mais, je considère qu'il y a un "nous", il n'en fait absolument pas partie !

Doucement, il me mord la joue, semblant même hésiter à me laisser une marque possessive. Il me toise de toute sa hauteur, m'englobant complètement, semblant me toucher partout à la fois ! Ses lèvres papillonnent partout sur ma mâchoire, descendant doucement vers ma nuque. Je le suis sans y penser, penchant la tête à mesure de ses baisers. J'ai imaginé tant de fois ce genre de scène, mais bien au-delà de tout. Au plaisir bien distinct de parvenir à envenimer une personne se mêlent ses sentiments qui s'imprègnent sur ma peau à chaque fois que sa bouche imprime son passage. Félix me gratifie d'une attention si particulière que je n'aurais certainement pas imaginée venant de lui tant il semble constamment calme et maître de lui, jovial et avenant. Pourtant c'est bien lui qui dévore avidement mon cou, me laissant soupirer chaque lettre de son prénom avec une résonnance particulièrement chaude.

- Ça veut dire que je veux l'exclusivité Edosan...

Je retombe difficilement dans la salle d'entrainement, me rendant compte de tout ce qui est en train de se passer juste là ! Je lui ai tout abandonné, si désireux de voir où il voulait me mener. L'odeur presque particulière qui règne ici me claque soudainement le nez, tentant peut-être de me rappeler où je suis, mais je n'en ai pas envie. Ici ou ailleurs, si Félix le propose, je ne suis pas homme à refuser !

- On est bien d'accord ?

Et ce n'est certainement pas sa voix bouillante qui s'éclate contre mon épiderme malmené qui va me convaincre de me montrer moins gourmand. Encore moins quand il me ceinture plus fort, m'amenant à lui grimper autour des hanches tandis qu'il me soulève si facilement, me faisant ainsi sentir largement son envie pour moi. Je m'accroche juste à lui, affamé, nouant mes chevilles dans son dos alors que je me dandine inconsciemment.

Il m'assure d'une seule main, la deuxième s'infiltrant finalement sous mes vêtements alors qu'il grogne fort, comme un animal mécontent sur le point de sauter d'une falaise. Je le sens passer la barrière de mon training si facilement, tirant sur l'élastique alors que son immense paume se plaque vigoureusement sur ma fesse.

Je gémis piteusement, toujours figurant, n'arrivant pas à avoir les idées suffisamment claires pour me reprendre un tant soit peu ! Je ne suis pas sans expérience pourtant ! Cependant, il n'y a rien à faire, Félix a une telle ascendance sur moi que je n'arrive pas à juste tout lui accorder, suivant simplement chaque désir ou demandes qui transparaît dans ses gestes. Ses phalanges qui se font bien trop familières, se permettant d'effleurer mes bourses, mimant même de laisser un doigt m'explorer plus intimement.

Mais il n'en fait rien, ne se permettant pas d'aller plus loin, laissant alors naître en moi la plus furieuse des frustrations me faire geindre.

- Félix...

- Que tu joues, drague, ou quoiqu'il se passe avec Mika et Daldrei, c'est pour nous. Mais personne d'autre ! À "nous" tout entier, Edosan, personne d'autre ! On est d'accord ?

À ces mots il se redresse, ses yeux cherchant les miens. Il attend une réponse, je le comprends bien, mais ma bouche s'y refuse... En même temps, il a laissé son majeur s'affranchir de pudeur, tournant juste en cet instant autour de mon anus impatient. Il me laisse le temps de comprendre qu'il ne fera rien de plus jusqu'à ce que je consente à sa demande, ne s'impatientant pas non plus de celui dont j'ai besoin pour légèrement me reprendre.

- Oui Félix, évidement... Plus de Naza ni personne d'autre...

Je peine à comprendre toutes mes réactions, je ne me laisse pas autant aller habituellement... Je suis même plutôt meneur ! Entre ces doigts, je ne suis qu'un pantin lâche dont il tire les ficelles à sa guise et ça m'excite terriblement !

- Bien !

La tentation disparait, tout comme la chaleur de sa main. Il me sourit, rayonnant, semblant ravi, me laissant complètement paumé.

- Si on en revenait à la raison de notre présence ici ?

- ... Tu déconnes ? Félix !

Il explose de rire, m'approchant de lui pour m'offrir une pluie de baiser papillon sur tout mon visage.

- Je suis très heureux que tu sois si réceptif à moi...

- Tu vas me laisser dans cet état ?!

- Mon pauvre trésor... Je suis désolé, mais le temps m'est compté et j'ai vraiment besoin de toi !

Je me défais de son emprise et reprends mes distances, boudant sans honte alors qu'il reste hilare.

- Je te promets de me rattraper très vite, mais j'ai absolument pas envie de tirer un coup rapide avec toi, alors sois patient

- Ça dépend, patient pendant combien de temps ?

- À ce point-là trésor ?

- Peut-être... Si je reste longtemps affamé, je devrais peut-être demander de l'aide à Naza...

- Vraiment ?

Le sourire se fane, je le vois bien, mais il tente de conserver son sang-froid.

- Je serais alors obligé de te punir...

Son regard est sérieux, et très honnêtement, je me laisserais sincèrement séduire par la possibilité de le laisser me mettre la fessée...

- Bon ! Je t'écoute, pour quelle raison m'as-tu demandé de venir ici ?

L'ambiance change derechef, éclatant toute trace d'oisiveté qui pourtant pourrissait la pièce une seconde auparavant.

- Daldrei m'a parlé d'une chose ! Quand tu es arrivé en ville, c'est lui qui s'est chargé de ton interrogatoire non ?

- Oui, c'était il y a cinq ans. Je ne me souviens plus trop de ce qu'on a dit, mais c'est lui oui.

- Il m'a dit que tu lui avais parlé des méthodes d'éducation que tu avais suivies là-bas, notamment des entrainements spéciaux...

- Oui... On a des cours intensifs de sport tous les après-midi jusqu'à nos douze ans, ensuite en fonction de nos futures occupations, on adapte les formations.

- Tu aurais suivi celle des soldats.

- Oui, j'ai suivi celle des soldats.

Il est un peu sur la réserve, m'amenant à l'être de mon côté aussi. Je déteste parler de mon passé, ils le savent tous ! Grandir là où j'ai vécu, parmi toutes leurs ennemies... En arrivant sur les terres des Démons, je savais que je passerais sous la douche et que je devrais tout déballer ! C'est ce que j'ai fait, expliquant absolument tout ce que je savais des gens des plateformes. C'est sans doute la pire trahison pour eux, c'est vrais pourtant je ne regrette pas, je n'ai aucun sentiment à ce sujet...

Je déteste viscéralement chaque seconde que j'aie pu passer parmi les Maitre-Chanteurs !

- Je les ai vu se battre Edosan. Ils ont des techniques que les Démons ne connaissent pas ! Sans doute, car elles ne sont pas adaptées à leur corpulence et leur force... Bref ! Ce que je voudrais savoir c'est... Est-ce que tu pourrais me les montrer ?

- Oh !

Je n'y avais pas pensé ! Je ne sais pas comment il a pu voir des soldats des plateformes se battre étant donné qu'ils ne se sont jamais, à ma connaissance, avancés aussi profondément sur les Terres. Mais je mets tout ça de côté ! Rapidement, des figures et prises me viennent directement en tête, les souvenirs affluant bien trop vite pour que je puisse faire le trient.

- Trésor !

Les deux grandes mains de Félix entourent mon visage et il ancre son regard aux miens, me laissant un endroit où m'accrocher.

- Si tu ne peux pas ou que c'est trop douloureux, ce n'est pas grave !

- Je... Ça t'aiderait ?

- Mmmh... On va dire que ça pourrait franchement m'être utile ? Mieux les connaître, les contrer... ce genre de truc.

- D'accord. Laisse-moi réfléchir alors. Je ne sais pas trop par où commencer...

Et c'est ainsi que nous passons plus de quatre heures à expliquer les bases et montrer des prises dont je me souvenais. Je n'ai jamais été doué, mais Félix l'est assez pour nous deux ! Alors même si je semble bien souvent incapable de montrer l'exemple, il se montre bon élève, et me laisse le temps nécessaire. Je me concentre sur mes souvenirs des affrontements d'humain à humain, mais Félix me demande aussi de lui montrer des mouvements qu'on a pour contrer au maximum les Démons.

Il est concentré et sérieux, tout comme l'idée que j'ai de lui. S'il a obtenu un tel poste dans sa condition d'humain, ce n'est pas parce qu'il est resté les bras croisés ! Mais j'admire sincèrement sa persévérance, le voyant bien souvent prendre des notes dans un carnet usé, chacune des pages noires gribouillées d'encre blanche de sa grossière écriture.

Il n'a plus rien dit, n'a aucun moment, mais une question me brule les neurones. Je l'ai compris très vite, il y a quelque chose là-dessous, quelque chose de lourd ! Mais à la fin de la séance, épuisé, je n'arrive pas à décrocher mon regard de lui.

- Ça y est, t'es accroc ?

Il plaisante, passant une serviette éponge aussi claire que ses yeux, sur son visage.

- Comme ci !

- Qu'est-ce que t'as alors ?

- Félix... Comment ça, "tu as déjà vu comment ils se battent ?"

Un long soupir à fendre l'âme se fait entendre malgré le tissu devant sa bouche.

- C'est une longue histoire...



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Prochain chapitre : BONUS : Le village de pécheur

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