SQUEEPY - LA MARQUISE SANGLANTE
squeepy vous propose de lire le premier chapitre de son oeuvre « I Prefer To Be Blind »
Bonne lecture ! ♥
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Elle était belle, Ella, elle avait une âme libre et un cœur désabusé.
Quand elle riait, des mèches folles s'échappaient de ses chignons et formaient une corolle bleutée autour de son visage insouciant.
Dans son regard d'acier brillait une malice enfantine parfois ternie par un éclat de tristesse.
Elle était belle, Ella, avec ses manières de dame et son sourire contagieux.
Mais aussi, elle était seule Ella, ou presque.
Elle était sans filtre et disait ce qu'elle pensait. Cela aurait pu être une qualité si le monde n'était pas si hypocrite.
Alors elle souriait, et passait outre les regards médisants sur ses Doc Martens à tête de mort et sa crinière océan.
Elle souriait, et s'évadait de ce monde superficiel et ignorant.
Elle souriait, et se ruait vers ses livres comme sur une bouée de sauvetage. Parce qu'elle voyait que le bateau coulait et que l'équipage était corrompu.
Elle souriait toujours lorsqu'elle est allée sauver cette fille, ce soir là dans cette ruelle. Elle avait pour l'occasion sorti son sourire narquois et préparé ses poings pour protéger son amie.
Elle souriait lorsque la petite s'est faufilée entre les mains de ses agresseurs et s'est échappée.
Elle souriait encore lorsqu'ils l'ont attrapée et l'ont menacée.
Le défi dans ses yeux ne leur a pas plu, et ce qu'elle n'aurait pas dû voir, elle l'avait vu.
Alors ils ont fait ce qui leur semblait le mieux, et pour se protéger, ils lui ont brûlé les yeux.
Elle souriait, quand, maintenue au sol les paupières écartées , ils lui ont fait goutter de la javel sur la cornée.
Et après leur œuvre, quand ils l'ont laissée sur la chaussée, elle souriait, du sourire que l'on offre lorsque l'on souffre mais que l'on cherche à rassurer.
Lorsqu'après dix minutes, les secours, alertés par son amie sont arrivés, il était trop tard, et la sentence est tombée.
« Tu seras aveugle ma grande, je suis désolé, je ne peux rien y faire, mais sache que ton acte a sauvé ton amie d'un sale sort ».
« D'un viol, pensa-t-elle, c'est un mot courant malheureusement, mais personne n'ose le prononcer. »
Des larmes de sang dévalaient ses joues, et dans l'obscurité lui faisant dorénavant face, elle se promit que celles-ci seraient les dernières.
Tout le monde était choqué, parée de ses lunettes noires, dorénavant indissociables de son visage, elle réapprit à lire un nouveau langage et à se repérer, et bientôt, elle reprit sa vie comme si de rien était.
Lorsque la policière lui demanda si elle détenait des informations, Ella n'hésita pas, et décrivit la dernière image, gravée profondément dans la pierre de sa mémoire, de ses deux agresseurs. La précision de ses mots, la force de ses descriptions et l'appui de son amie furent tels que les deux hommes eurent bientôt un procès. Prison ferme, la sentence était prononcée.
Ella reprit ses cours et la vie son cours. Elle retourna au lycée, ou au lieu d'être reçue en héros, elle fut fuie comme une pestiférée.
« L'homme est cruel, se disait-elle, mais l'espoir d'un jour meilleur perdure. Surtout les enfants. Je trouverai bien , un jour, des gens tolérants . »
Face aux remarques et aux moqueries des adolescents, son esprit s'aiguisa, sa verbe devint piquante et bientôt l'acier résidant anciennement dans ses yeux se fondit vers son âme .
« J'ᴘʀᴇ́fᴇ̀ʀᴇ ᴇɴᴄᴏʀᴇ ᴇ̂ᴛʀᴇ ᴀᴠᴇᴜɢʟᴇ qᴜᴇ ᴅᴇ ᴠᴏɪʀ ᴄᴇᴛᴛᴇ ᴘɪᴛɪᴇ́ sᴜʀ ᴠᴏᴛʀᴇ sᴀʟᴇ fᴀᴄᴇ ᴅ'ʜʏᴘᴏᴄʀɪᴛᴇ. »
« 𝕋𝕠𝕦𝕥𝕖 𝕝𝕒 𝕝𝕒𝕚𝕕𝕖𝕦𝕣 𝕕𝕖 𝕔𝕖 𝕞𝕠𝕟𝕕𝕖 𝕣𝕖́𝕤𝕚𝕕𝕖 𝕖𝕟 𝕤𝕖𝕤 𝕠𝕔𝕔𝕦𝕡𝕒𝕟𝕥𝕤, 𝕖𝕟 𝕝'𝕠𝕔𝕔𝕦𝕣𝕣𝕖𝕟𝕔𝕖, 𝕝𝕖𝕤 𝕡𝕒𝕣𝕒𝕤𝕚𝕥𝕖𝕤 𝕙𝕦𝕞𝕒𝕚𝕟𝕤 𝕔𝕠𝕞𝕞𝕖 𝕧𝕠𝕦𝕤 . »
« 𝚅𝚘𝚞𝚜 𝚙𝚎𝚗𝚜𝚎𝚣 𝚎̂𝚝𝚛𝚎 𝚏𝚘𝚛𝚝𝚜 𝚎𝚗 𝚖𝚎 𝚌𝚘𝚗𝚏𝚛𝚘𝚗𝚝𝚊𝚗𝚝, 𝚖𝚊𝚒𝚜 𝚟𝚘𝚝𝚛𝚎 𝚏𝚊𝚒𝚋𝚕𝚎𝚜𝚜𝚎 𝚎𝚜𝚝 𝚋𝚒𝚎𝚗 𝚙𝚕𝚞𝚜 𝚐𝚛𝚊𝚗𝚍𝚎 𝚚𝚞𝚎 𝚕𝚊 𝚖𝚒𝚎𝚗𝚗𝚎: 𝚌'𝚎𝚜𝚝 𝚌𝚎𝚕𝚕𝚎 𝚍𝚎𝚜 𝚕𝚊̂𝚌𝚑𝚎𝚜 𝚊𝚝𝚝𝚊𝚚𝚞𝚊𝚗𝚝 𝚌𝚎𝚞𝚡 𝚕𝚎𝚞𝚛 𝚙𝚊𝚛𝚊𝚒𝚜𝚜𝚊𝚗𝚝 𝚏𝚊𝚒𝚋𝚕𝚎. »
Elle gardait tout de même sa joie, imperturbable, et sa force de caractère en imposa.
L'appui de ses proches aidant, elle parvint à avancer et à imposer ce qui aurait pu être un handicap comme une force.
Lorsqu'un jour, on lui proposa de passer sur un plateau télévisé pour donner son témoignage, elle accepta, pensant pouvoir sensibiliser les autres à la tolérance, mais quand on lui posa des questions stupides emplies de pitié et de compassion superficielle, elle explosa et accusa le média de la prendre pour une bête de foire.
Bientôt, la séquence fut virale, et l'inespéré se produisit: le public prit son parti.
L'adolescente à la chevelure bleue au sourire éblouissant et au cœur d'amour débordant fut rapidement l'emblème de ses pairs , éclopés par la vie et mis sur le côté pour cette différence.
Et ainsi, elle permit au monde de s'ouvrir vers la tolérance.
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