Dans la forêt de Matra

Avertissement : ce chapitre comporte une brève description du corps et de l'anatomie masculine. Les personnes qui pourraient être gênées par ces détails ( qui ne violent pas les CGU ) peuvent faire le choix de passer le paragraphe concerné (signalé par des *** au début et à la fin de la description)

Comme prévu et à la date convenue avec Michele, le prince Joachim partit pour son habituelle randonnée dans la forêt de Matra.

Amalia, quant à elle, avait déjà quitté le palais depuis trois bonnes heures pour que son alibi soit parfait. En effet, il était conseillé d'observer les oiseaux de l'étant de Vignali très tôt le matin ou au crépuscule.

Elle avait donc prévenu le chef de la sécurité qu'elle ne rentrerait qu'après celui-ci et il lui avait souhaité de passer une excellente journée tout en lui faisant promettre de lui montrer quelques clichés.

La jeune femme se rendit à la gare de Castello di Gavino pour y récupérer ses affaires puis elle prit place dans la navette où seuls quatre autres randonneurs l'accompagnèrent.

La plupart des touristes qui tentaient l'une ou l'autre randonnée dans le massif du Monte Sant'Antone n'étaient pas des habitués et, au lieu de respecter les consignes en débutant leur promenade le plus tôt possible, il n'était pas rare de voir débarquer des groupes entiers en pleine heure de midi sur le parking de la maison forestière du canton d'Agri, lieu de départ de tous les circuits balisés de la région.

Amalia, elle, avait longtemps participé aux activités du club alpin du pays de Fontainebleau et elle passait la plupart de ses vacances d'été dans les massifs français ou à l'étranger afin de parfaire son niveau.

Cela faisait quelques années qu'elle n'avait plus effectué la moindre sortie mais la jeune femme savait que ce manque de pratique ne lui serait pas préjudiciable. Elle avait étudié attentivement les cartes topographiques de la région et elle savait qu'elle ne rencontrerait sans doute pas plus de difficultés que lors de ses sorties en Haute Savoie ou dans les Pyrénées.

Contrairement à la femme et aux trois hommes qui avaient pris place dans la navette et qui avaient le regard encore endormi, Amalia se sentait en pleine forme.

Plus elle y songeait et plus elle était persuadée que le prince Joachim cachait un lourd secret et que ses sorties répétées dans la forêt de Matra y étaient intimement liées.

D'après son estimation, Amalia avait besoin de deux heures de marche pour rejoindre le lieu où l'héritier de San Gavino avait l'habitude de se rendre. Elle avait entendu Benjamin répéter les consignes à ses collègues et elle avait pu ensuite situer les endroits qu'ils avaient évoqués sur ses cartes.

Il était presque sept heures lorsque la jeune femme débuta sa randonnée. Elle devait emprunter pendant un kilomètre un sentier balisé puis elle le quitterait pour faire demi-tour et prendre la direction de ces fameuses piscines naturelles interdites d'accès.

Lorsqu'elle arriva au milieu d'une très belle clairière entourée de pins, Amalia regarda rapidement autour d'elle puis, elle quitta le chemin balisé.

A San Gavino, toute personne surprise hors des circuits de randonnée devait s'acquitter d'une solide amende et la jeune femme n'avait pas envie de se faire attraper, l'enjeu était trop important pour elle.

D'un pas assuré, elle s'enfonça dans la forêt de pins et de hêtres avec pour toute compagnie le chant de quelques oiseaux et le murmure d'un petit ruisseau.

Le paysage changeait assez fréquemment : le maquis remplaçait parfois la pinède puis la garrigue faisait place à des espaces boisés très sombres.

Après une heure de marche, Amalia fit une pause près d'une splendide cascade, là où la forêt s'éclaircissait pour faire place à un grand plateau dégagé.

La jeune femme pris le temps de descendre jusqu'au pied de la cascade où elle se rafraichit ensuite le visage.

Si elle n'était pas dans le coin pour une raison bien précise, Amalia aurait pu passer des heures dans ce décor enchanteur. En regardant tout autour d'elle, la jeune femme se promit de revenir pour continuer à explorer la région.

Elle se remit en marche et elle apprécia de pouvoir évoluer dans un endroit bien frais. Le pays devait faire face à une importante canicule comme chaque année à la même période et Amalia savait que l'air deviendrait lourd et étouffant en milieu de journée.

Régulièrement, elle consultait sa carte et sa boussole afin de vérifier qu'elle cheminait dans la bonne direction. Elle suivit alors un petit ruisseau qui devint de plus en plus important puis, après avoir escaladé plusieurs rochers, Amalia se retrouva face aux piscines naturelles où le prince Joachim comptait se rendre un peu plus tard dans la matinée.

Le site était époustouflant et la jeune femme fut surprise par la sérénité qui s'en dégageait. Il n'est pas difficile de remarquer que le lieu n'était pas fréquenté et que la nature était reine.

Amalia fit un rapide tour de l'endroit puis elle partit à une centaine de mètres afin de s'installer confortablement. La forêt de Matra était l'une des plus diversifiées de San Gavino : elle était composée de pins laricio et maritimes, de sapins, de hêtres, de houx, d'aulnes et de chênes imposants.

De l'endroit où elle s'était cachée, Amalia avait une vue plongeante sur les vasques d'eau cristalline et elle se félicita d'avoir acheté quelques années plus tôt un appareil photo au puissant zoom intégré. Elle aurait bien trempé ses pieds quelques instant dans l'eau fraiche mais elle ne pouvait se permettre de se faire surprendre. Et puis qui sait, le prince Joachim avait peut-être avancé son départ et il allait arriver d'un instant à l'autre.

Amalia prit alors son appareil photo, elle fit quelques réglages, prit plusieurs clichés test et, alors qu'elle vérifiait qu'elle était parfaitement installée, elle entendit le bruit caractéristique de pierres qui roulent sous les pas de quelqu'un.

Moins de deux minutes plus tard, la jeune femme vit apparaître l'héritier de San Gavino et elle se félicita d'avoir été prévoyante.

Se servant de son appareil comme de jumelles, elle observa attentivement Joachim de Bourbon-Conti. Son visage était serein, presque apaisé et il semblait vraiment heureux de se retrouver là, seul au beau milieu de la forêt.

Même loin du palais et du protocole, il gardait cette stature très droite, ce regard fier et glacial qui intimidait quiconque devant lui faire face.

Amalia le vit déposer son sac puis inspecter les alentours et, instinctivement, elle se recroquevilla sur elle-même tout en retenant sa respiration. A cette distance, il ne pouvait l'apercevoir mais elle ne voulait prendre aucun risque.

L'héritier de San Gavino sembla réfléchir un instant puis, Amalia le vit passer une main dans ses cheveux noirs.

Il ne va quand même pas repartir ?

Sentant une certaine panique la gagner, la jeune femme prit une série de photos en rafale puis elle se concentra à nouveau sur les gestes du prince Joachim.

En le voyant relever lentement son t-shirt sans manches, Amalia comprit qu'il avait l'intention de se baigner et elle frissonna : l'eau des piscines devait être glacée mais manifestement, l'héritier de San Gavino ne s'en préoccupait pas.

La jeune femme fixa alors le torse nu et imberbe du jeune homme et elle se dit qu'il avait vraiment le corps d'un guerrier. Avec ses bras musclés et ses larges épaules, il approchait même de la perfection d'une statue antique.

Comment pouvait-on être aussi bien foutu et en même temps...

Amalia secoua la tête : elle ne devait pas laisser ses pensées s'égarer de la sorte. Cependant, elle comprenait mieux à présent pourquoi tant de femmes rêvaient de partager le lit de Joachim de Bourbon-Conti.

Son corps sculpté par des heures de pratique sportive, sa peau bronzée et son regard de braise pourrait faire craquer n'importe qui.

Mais pas elle. Surtout pas elle. Car le physique ne faisait pas tout et Amalia gardait bien en tête le comportement odieux du prince envers elle mais également envers son personnel.

La jeune femme pesta ensuite contre elle-même lorsqu'elle sentit ses joues s'empourprer : à travers son appareil photo, elle ne perdait pas une miette des mouvements de l'héritier de San Gavino et à présent, il retirait son short de randonnée avec une certaine nonchalance.

Merde, merde, merde !

Les mains tremblantes, Amalia essaya de se concentrer sur ses photos. Elle qui voulait de l'exclusivité, elle était servie. Estelle allait tomber à la renverse lorsqu'elle verrait ses clichés.

Qui avait déjà eu le privilège de voir Joachim de Bourbon-Conti presque nu à part ses conquêtes ? Personne.

Le regard de la jeune femme se bloqua alors sur les jambes interminables du prince : elles étaient longues et musclées et ses cuisses...

Amalia avait rarement eu l'occasion d'admirer une telle puissance virile et ce spectacle la fascinait. Elle remarqua alors un petit tatouage à la forme tribale, coincé entre les omoplates de l'héritier de San Gavino et elle se dit que cela lui donnait un charme supplémentaire. Grâce à son zoom, la jeune femme remarqua plusieurs cicatrices sur le dos musclé du prince, dont l'une, plus imposante au-dessus de la chute de reins.

Elle détailla ensuite le boxer de bain que l'héritier portait bas sur ses hanches : il galbait merveilleusement bien ses fesses fermes et la jeune femme songea qu'elle n'avait jamais réalisé à quel point cette partie du corps d'un homme pouvait être attirante. Amalia se demandait à quoi pouvaient bien être dues les cicatrices du prince quand ce dernier se retourna, lui dévoilant ainsi des abdominaux si découpés qu'ils en paraissaient irréels.

Le regard de la jeune femme se bloqua à nouveau sur Joachim de Bourbon-Conti et elle crut réellement s'évanouir. Avec un naturel désarmant, il dénouait posément la cordelette de son maillot de bain et Amalia écarquilla les yeux.

Oh mon dieu, il va ...il va vraiment... ?

Son regard se bloqua sur les mains du prince qui firent glisser, avec une lenteur extrême, son boxer le long de ses jambes, dévoilant ainsi aux yeux de la jeune femme son sexe impressionnant même au repos.

Les mains d'Amalia se crispèrent sur son appareil photo et elle ne se rendit pas compte qu'elle prit une très longue série de clichés.

***

Elle n'arrivait pas à détourner le regard de l'entrejambe de Joachim de Bourbon-Conti, fascinée bien malgré elle par son anatomie masculine. Son esprit s'égara et elle l'imagina gonflée, raide, tendue vers le haut jusqu'au nombril.

Un instant, elle se représenta le membre viril du jeune homme prêt à passer à l'action, palpitant, assombri, ses veines d'un bleu vif déformant la peau fine et qui pointerait vers le ciel, une goutte translucide perlant à son extrémité.

***

Dans un état second, elle observa le prince Joachim entrer lentement dans l'eau et s'appuyer ensuite contre un rocher tout en fermant les yeux.

Elle ne l'avait jamais vu aussi détendu, aussi...serein.

Amalia fronça ensuite les sourcils car il y avait autre chose : au-delà de cette apparente quiétude, elle avait l'impression de découvrir un homme vulnérable, fragile et...triste.

Et si un qualificatif ne pouvait s'appliquer à l'héritier de San Gavino c'était bien celui-là : fragile...non, jamais.

Et pourtant...

Quand il ouvrit à nouveau les yeux, Amalia remarqua alors qu'il avait les traits tirés. Ses yeux bleus, qui, habituellement lançaient des éclairs, reflétaient à présent une tristesse infinie. Malgré cela, la jeune femme se sentie subjuguée par le regard du prince qui semblait révéler ce qu'il dissimulait au plus profond de son âme.

L'artiste en elle songea à un texte philosophique qu'elle avait analysé durant ses études. L'écrivain indiquait que les yeux étaient les miroirs de l'âme, qu'ils étaient la seule et unique ouverture par laquelle il était possible de sonder le véritable caractère d'un être humain car les indices laissés sur le visage et le corps d'un individu étaient secondaires, voire...factices.

Amalia se concentra alors sur les prunelles assombries de Joachim de Bourbon-Conti en espérant de toutes ses forces pouvoir capturer leur expression si singulière.

Surprise, la jeune femme le vit ensuite taper rageusement du poing dans l'eau et se retourner pour prendre appui de ses mains sur le rocher humide. Aux tremblements de son corps, elle comprit qu'il pleurait et une multitude de questions envahit son esprit.

Que cachait-il ? Pourquoi venait-il ici ?

A travers son objectif, Amalia ne lâchait pas le prince des yeux et à nouveau, elle perdit le fil de ses idées lorsqu'il sortit brusquement de l'eau, lui révélant ainsi pour la seconde fois son anatomie complète.

Le corps nu et bronzé de l'héritier de San Gavino scintillait de gouttelettes d'eau qui ruisselaient sur son torse puissant, se frayant un passage le long du sillon entre ses abdominaux musclés et puis...

Non, non, ça suffit !

Amalia essaye de se calmer mais à nouveau ses yeux refusèrent de se détourner de la scène.

Les cheveux trempés de Joachim de Bourbon-Conti, son regard sombre et orageux lui donnaient un air bien plus sexy encore.

En voyant sa peau rouge, Amalia imagina que ses muscles étaient engourdis par le froid mais le jeune homme ne semblait pas s'en préoccuper. Il était toujours debout sur une pierre à fixer le paysage face à lui. Puis, comme s'il avait reçu une décharge électrique, l'héritier de San Gavino se précipita vers ses vêtements et il se rhabilla à toute vitesse.

Hébétée, le souffle court et tout en essayant de calmer les battements désordonnés de son cœur, Amalia contempla son appareil photo.

Une onde de chaleur se lova dans son ventre lorsqu'elle fit défiler les clichés de l'héritier de San Gavino entièrement nu.

Malgré elle, la jeune femme ne put s'empêcher une brève comparaison entre son ex et Joachim de Bourbon-Conti. Edvald n'avait pas le physique du viking norvégien malgré son ascendance scandinave. Il était blond naturellement, mais il n'atteignait même pas le mètre quatre-vingt. Il avait un regard faussement jovial et surtout des attributs masculins nettement moins impressionnants que ceux du fauve à la crinière noire de jais qu'elle venait d'observer un peu plus tôt.

Si elle oubliait le fait que ce connard venait pratiquement de lui procurer un orgasme visuel comme elle n'en avait jamais connu auparavant, la jeune femme savait qu'elle tenait là des clichés qu'elle pourrait négocier au prix fort.

Amalia songea également que si le prince Joachim venait encore à la provoquer, elle pourrait toujours lui faire comprendre qu'elle savait des choses à son sujet.

Certes, elle n'aurait jamais dû se trouver sur place mais lui ? Il n'en avait pas le droit non plus, futur roi ou pas.


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J'ai vraiment aimé écrire ce chapitre et j'espère qu'il vous plait ! 

Bien, bien...Amalia a donc eu le privilège de découvrir Joachim dans son plus simple appareil. Et...elle n'a rien loupé du spectacle ;-)

A votre avis, la suite ? 

Que va faire Amalia ?

Comment voyez-vous l'évolution de sa "relation" avec le fauve ? ( Non, j'insiste, ce n'est pas un roman d'amour ! MDR)

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