Cameron

Comme je m'y attendais, j'ai une mine atroce. Il est cinq heures du matin et je suis épuisé par une nuit d'intenses réflexions. Et d'interrogations aussi. Je suis du genre à me dévaloriser et je n'ai pas confiance en moi. Jonathan n'arrête pas de m'engueuler lorsque je pars dans l'un de mes « délires ». J'essaye de travailler là-dessus depuis des années mais c'est compliqué. Ah mon père ne m'a pas aidé en me dénigrant en permanence ! Et ne parlons pas de mes ex...

J'ai tellement peur de me prendre une énième claque dans la figure. Je ne me suis jamais senti aussi bien avec quelqu'un. Même si nos discussions ont lieu à distance. Mais je sais aussi que physiquement, il y a une chance pour que je ne corresponde pas aux goûts d'Edward bien qu'il soit ouvert d'esprit. On peut dire ce qu'on veut, le physique compte. Je ne risque pas de sortir avec un mec si le je trouve moche. Ceux qui prétendent le contraire ne trompent personne. J'ai vraiment peur de décevoir Edward et je ne sais pas si je pourrais me remettre d'un éventuel échec.

Il m'a fixé rendez-vous à dix heures. Et je n'ai toujours pas décidé de la conduite à adopter face à lui. Si jamais il me reconnait et qu'il me reproche de lui avoir menti sur ma véritable identité, je suis presque certain que notre « histoire » sera morte et enterrée avant même d'avoir commencé. J'essaie de me mettre à sa place : je serai fâché, vexé sans doute. Et puis, comment faire confiance à un homme qui m'aurait menti pendant quatre mois et demi ?

Finalement, la fatigue a raison de moi. Lorsque j'émerge à nouveau, je me sens plus reposé. Je saisis mon smartphone. Putain de bordel de merde ! Il est neuf heures quarante-cinq.

Je cours vers la salle de bain, manque de chuter en entrant dans la douche et me lave en quatrième vitesse. Le brossage des dents se fait également à la vitesse de l'éclair. Les cheveux encore humides, j'enfile un t-shirt et un bermuda. Je saisis ma casquette, mes lunettes de soleil, mon téléphone et mon portefeuille et je quitte ma chambre en jurant comme un charretier. Je bouscule une femme de chambre dans le couloir, heurte un homme qui sortait de l'ascenseur et ne prête pas attention aux clients qui me regardent courir dans le hall de l'hôtel comme si j'avais le feu au cul.

Je piétine d'impatience pour traverser la route et rejoindre Central Park. C'est toujours comme ça quand on est en retard, le monde entier se ligue contre vous !

À bout de souffle, je stoppe ma cavalcade effrénée un peu avant les escaliers qui mènent à la fontaine. Seigneur, heureusement que j'ai fait du sport quand j'étais jeune. Je m'appuie contre le muret de pierre et je souffle comme un bœuf.

Magnifique, Cameron. Aux cernes, je vais pouvoir ajouter la respiration saccadée et le visage rouge écarlate. C'est vraiment le top du glamour pour un premier rencard. Ah, je ne pouvais pas faire mieux !

Une vieille dame s'approche de moi et me demande si je me sens bien. Je lui fais un signe de tête avant de lui avouer que je viens de courir et que j'ai besoin de récupérer. Elle me sourit et me quitte, non sans m'avoir jeté un dernier regard sans doute pour s'assurer que je n'étais pas en train de crever.

En contrebas, la foule est déjà bien présente. Ce n'est pas étonnant, il fait un temps splendide et les températures sont très agréables. Je consulte ma montre : dix heures et neuf minutes. Être en retard à son premier rendez-vous ce n'est pas l'idéal pour faire bonne impression. Sans compter tous les mensonges que je traîne...

J'ai le cœur qui bat à tout rompre. Mes mains sont moites. J'ai un point de côté et j'ai l'impression que mes jambes ne veulent plus me porter. Je n'ai même pas pris la peine de manger un truc avant de partir. Il ne manquerait plus que je m'évanouisse tiens !

J'essaye de me calmer et je jette un nouveau coup d'œil devant moi.

Edward m'a indiqué qu'il serait vêtu d'un t-shirt bleu aux manches noires et d'un bermuda noir. Il portera également dans sa main gauche une casquette blanche.

J'espère qu'il n'y aura pas une dizaine de mecs qui auront eu la bonne idée de porter la même tenue...et de tenir leur casquette dans leur main. J'aurais dû lui demander de choisir des couleurs moins « habituelles ».

Lentement, d'un pas chancelant, je descends les escaliers. Je ne veux surtout pas me ramasser. Ce serait le pompon. Grâce à mes lunettes, personne ne me reconnait. Je regarde avec attention autour de moi. Aucun homme ne correspond à la description que m'a donnée Edward.

Est-ce qu'il aurait paniqué ? M'aurait-il fait faux bond ? Non, impossible. Il tenait autant que moi à cette première rencontre.

Je suis à présent face à la fontaine. Je la contourne par la droite, tout en continuant de jeter des coups d'œil un peu partout. Je commence à m'affoler. D'accord, j'ai dix minutes de retard. Non, treize maintenant. Il ne peut pas déjà être parti ? Et s'il avait eu un empêchement ?

Je me connecte rapidement à l'appli de BeYourself pour checker ma messagerie. Rien.

Je suis arrivé de l'autre côté de la fontaine. J'inspecte à nouveau la foule tout autour de moi. Puis, mon regard est attiré par un homme assis sur le muret de pierres face à moi. Il correspond exactement aux indications que m'a laissées Edward. Il contemple le lac et m'empêche ainsi de voir son visage.

Quelque chose m'interpelle : j'ai l'impression que j'ai déjà vu cette silhouette auparavant. Ces cheveux bruns, cette coupe de cheveux...je l'ai déjà aperçue quelque part non ? J'ai vraiment l'impression que je connais ce mec.

Non mais je déraille, ce n'est pas possible. Je ne connais aucun Edward. Et aucun de mes coéquipiers n'a de frère qui porte ce prénom. Je suis également certain de ne pas avoir dans mon cercle de connaissances quelqu'un qui a des amis ou de la famille qui vit dans le New Hampshire.

Un sentiment de malaise m'envahit. Je n'ose pas m'avancer. Nous sommes séparés d'une dizaine de mètres à peine. Peut-être que je me trompe de personne. Il n'a pas l'air d'attendre quelqu'un. Pourtant, à moins d'être complètement aveugle, cet homme est le seul à correspondre au signalement d'Edward.

Je ne sais pas quoi faire. Je dois avoir l'air d'un con planté au beau milieu du passage.

Je décide finalement de me diriger vers l'inconnu. Au même moment, ce dernier se lève. Quand il se tourne et que je peux enfin découvrir son visage, mon sourire crispé disparaît et l'effroi me submerge.

Ce n'est pas vrai ! Ce n'est pas possible, c'est un cauchemar !


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Début de la rencontre du point de vue de Cameron... 

Comment va réagir Austin ???

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