Merde, pourquoi a-t-il dit qu'il avait les yeux verts ? Si c'est le sourire d'un homme qui peut faire craquer Edward, moi, c'est la couleur des yeux. Oui, je sais, ça a l'air stupide. Mais j'ai un faible pour les yeux verts bordel !

Ce site de rencontre est démoniaque. Ce qui me surprend, c'est que j'en ai plus appris sur Edward en deux mois de conversations qu'avec mon ex alors que notre relation a quand même duré un an et demi.

Nous sentons tous les deux qu'il est temps de dévier vers des débats moins personnels. C'est une ligne de conduite que nous avons adoptée tacitement. Nous ne nous étendons jamais sur les sujets vraiment très personnels. Jamais Edward ne proteste lorsque je l'embarde sur une autre discussion. Ce gars a vraiment tout pour lui !

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Plus le championnat avance et plus nous augmentons notre avance sur nos poursuivants directs. Notre victoire contre Richmond nous a permis d'enfin les dépasser au classement. Il semble que cette année, Rochester et Richmond seront nos seuls adversaires sérieux. L'écart avec les autres équipes est déjà trop important.

Le hasard du calendrier nous offre un match à Rochester plus vite que prévu. Toute l'équipe est sur les nerfs. Plusieurs joueurs, dont Austin Milford qui effectue son retour deux semaines plus tôt que prévu, ont posté des commentaires incendiaires à notre sujet. Je me suis retenu de répondre. La direction a été mise au courant de mon altercation avec l'attaquant lors du gala à Chicago. Même si cela me démange de lui répondre, je ne le fais pas. D'ailleurs, j'ai pris la décision de laisser entièrement la gestion de mes réseaux sociaux à Jonathan. Il a bloqué les options permettant aux gens de me contacter en privé.

J'aimais bien échanger avec les supporters mais mon agent pense que c'est une arme à double tranchant. Il suffit que l'une de mes paroles soit interprétée de travers pour déclencher une crise. En tant que personnalité publique, je n'ai pas le choix, je dois faire attention à tout ce que je fais. Même si cela doit m'éloigner des supporters. C'est ennuyant mais c'est ainsi. J'espère qu'ils ne m'en voudront pas.

En attendant, les échanges sont houleux entre les partisans des deux camps. Je crains d'ailleurs que lors du match de ce soir, nous ne devions faire face à de multiples incidents.

Il y a trois ans, les ultras de Rochester avaient envahi le terrain. Nous nous étions sauvés à toute vitesse dans les vestiaires pour ne pas subir leur colère et leur haine. Il y a deux ans, ils avaient balancé toutes sortes d'objets sur le terrain dans notre direction. Bouteilles en plastique, verres de bières, pétards et fumigènes. Heureusement personne n'avait été blessé. L'année dernière, c'était des bannières et des chants pour nous insulter en permanence. En réalité, aucun match entre les deux équipes ne se déroule de manière correcte et fairplay. Que ce soit sur ou en dehors du terrain.

Le coach nous a prévenu : il ne veut pas que nous déclenchions une bagarre. L'arbitre de la rencontre est réputé pour son intransigeance. Nous savons qu'il n'hésitera pas à sanctionner tout joueur qui ne se comportera pas correctement sur le terrain.

Dans le vestiaire, tout le monde affiche un air concentré. Certains font mine également d'être très décontractés mais je ne suis pas dupe. Nous avons peur de ce match. Non pas de le perdre, mais de devoir faire face à des provocations incessantes. Certains dans l'équipe ont du mal à rester zen, moi le premier. Si l'un d'entre nous perd pied, il entraînera les autres dans sa chute, nous le savons tous.

L'entraînement est tout sauf une partie de plaisir. Dès que les supporters de Rochester nous aperçoivent, ils sifflent. Puis, ils nous insultent sans discontinuer à travers leurs chants. Le visage de mes coéquipiers se crispe.

Austin Milford et les autres joueurs de Rochester applaudissent leurs supporters et nous lancent sans cesse des regards provocateurs.

Comme nous le craignons, ce match va être un enfer.