Cameron
Je termine une énième partie d'un jeu vidéo à la mode. Je commence à en avoir marre de tuer des zombies.
Je balance la manette dans le canapé et je regarde autour de moi. Je suis seul, comme chaque soir, dans cette immense demeure bien trop grande pour moi. La saison recommence dans trois jours. Plus question pour moi de sortir le soir avec mes coéquipiers. Je sais m'amuser mais je sais rester professionnel aussi.
Mon regard se pose sur le magazine qui traîne sur la table basse face à moi. Je déteste me voir en photo. Pourtant, je n'ai pas le choix. Cela fait partie du job, comme dirait mon agent.
Je grimace : ils auraient quand même pu choisir un autre cliché. J'ai l'air furax et, avec le montage réalisé, on dirait que je vais me jeter sur Austin Milford, le playboy des Warriors de Rochester.
Notre rivalité n'est un secret pour personne. C'est un bon attaquant, je ne le nie pas. Mais c'est un gamin qui a grandis en croyant que tout lui était dû. Son père est milliardaire. Il a investi dans la télévision, le cinéma, la cyber sécurité, les yachts de luxe, l'élevage de chevaux, le high tech, les réseaux sociaux, l'immobilier, les laboratoires médicaux...
À seize ans, Austin possédait déjà cinq voitures de sport, des modèles de collection. Tandis que moi, je bossais dans les champs pour aider mon père. Le contrat juteux qu'il a signé avec Rochester, alors qu'il n'était même pas majeur, a fait jaser dans le milieu. Personne n'était dupe. Ce n'était pas pour ses qualités footballistiques et ses résultats qu'il avait été engagé.
Contrairement à lui, j'en ai bavé pour devenir titulaire à Charleston. Même si j'ai eu un peu de chance. J'ai été repéré par le coach de l'université de la ville lors de la finale du championnat national, que j'ai remportée avec mon équipe du lycée. J'ai obtenu une bourse et c'est ainsi que j'ai quitté le Kansas pour la Caroline du Sud. Moi, le gamin du Midwest, je me suis retrouvé perdu dans la jungle universitaire. À force de travail, de courage et de volonté, je suis parvenu à m'imposer et à obtenir le très convoité poste de capitaine. J'aurais pu ne jamais débuter de carrière professionnelle à cause d'une stupide blessure. Mais mon coach croyait en moi et a fait le forcing pour que je rejoigne les Tornados, l'équipe de Major League de Charleston.
Tout le contraire d'Austin Milford. Voilà pourquoi je ne le supporte pas. Il n'a jamais dû se battre pour obtenir ce qu'il désirait. Toutes les femmes sont à ses pieds, les sponsors lui mangent dans la main et les médias se délectent de ses frasques. Sans compter que, sur le terrain, il est d'une arrogance épouvantable. Même ses propres équipiers ne l'apprécient pas. Il traite tout le monde comme de la merde. Alors, forcément, voir qu'un simple fils de fermiers lui vole depuis six ans le titre de meilleur joueur du championnat, ça ne lui plait pas.
Notre rivalité date de nos débuts. Notre tout premier match opposait nos équipes respectives. J'ai marqué le but de la victoire tandis qu'Austin était exclu pour m'avoir craché au visage. Depuis, les tensions entre nous n'ont cessé de croitre.
Mon agent ne supporte pas que je répondre à ce crétin via mes réseaux sociaux mais c'est plus fort que moi. Je n'accepte pas d'être insulté en permanence par ce connard fini et ses proches. Il ne se passe pas une semaine sans que mes capacités ne soient remises en cause. Sans compter que l'équipe de communication bâtie autour d'Austin a le chic pour balancer de fausses rumeurs à mon sujet au moins une fois par mois. Alors, non, je refuse de rester les bras croisés.
Et le hasard a voulu que le premier match de la saison soit Charleston contre Rochester. Je secoue la tête : j'ai mieux à faire que de penser à ce qui m'attend sur le terrain samedi soir.
Je saisis mon smartphone et consulte à nouveau un article sur un site internet dont j'ai vu passer quelques publicités sur les réseaux sociaux. Ce n'est pas mon genre de fonctionner de la sorte mais je commence à en avoir marre de tomber sur les mauvaises personnes. N'y a-t-il donc personne sur cette planète qui soit capable de m'apprécier pour ce que je suis ?
Je n'aurais jamais dû acheter cette putain de maison. Son seul avantage est d'être située dans un quartier hautement sécurisé où les journalistes ne peuvent pénétrer. Moi, je ne désirai qu'une petite maison toute simple. Mon agent n'était pas d'accord. Je devais vivre dans une propriété de luxe en phase avec mon statut de célébrité. L'appartement en colocation des premiers mois n'était plus une option. J'ai accepté, à contrecœur. Mais ce n'est pas pour cela que je dépense mon fric sans compter. Je sais d'où je viens.
À nouveau, je me concentre sur ce que je lis. Si cela a marché pour certains, pourquoi pas pour moi ?
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Bordel, est-ce que je suis réellement en train de songer à m'inscrire sur un site de rencontres ?
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Petite histoire sans prétention inscrite au concours Fyctia en partenariat avec Meetic. N'oubliez pas que vous pouvez me soutenir sur fyctia en likant et partageant mes chapitres ( voir segment précédent pour les explications)
De fait, qui dit chapitre fyctia, dit chapitre très court ;-)
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