Austin
Je n'ai même pas tenté de négocier avec la direction. Refuser de participer au gala ce soir aurait été comme valider moi-même mon licenciement de l'équipe.
Lé délinquance juvénile me concerne tout particulièrement. Lorsque j'avais seize ans, l'un de mes amis a été abattu en pleine rue. Il s'agissait d'un règlement de comptes entre dealers. J'ignorais que mon pote avait plongé dans la drogue. Et j'ai longtemps culpabiliser de n'avoir rien vu. Lorsque j'ai signé pour Rochester et que le coach m'a demandé de participer aux activités de l'association, je n'ai même pas dû me forcer pour accepter. Pour moi, c'était l'évidence même.
Si je déteste participer aux réceptions c'est parce que je sais qu'à tous les coups Cameron Halden sera présent. Et toutes les journalistes qui couvent ce type d'événement en sont folles. Juste parce qu'il représente l'exemple parfait à donner à tous les jeunes délinquants. Ce qu'elles oublient c'est que ce n'est pas mon argent qui me permet de marquer des buts. Si je ne m'entraîne pas, je ne progresse pas. Et si je ne me défonce pas en match, je sais que le coach n'hésitera pas à me remplacer.
Lorsque je pénètre dans l'immense salle de réception, j'arbore mon plus beau et faux sourire de circonstance.
Les journalistes sont placés derrière une grosse corde rouge et me tendent leur micro avec avidité. Si tout se passe bien au début, une femme avec une atroce robe à grosses fleurs jaune fluo et des lunettes aux montants roses à petits pois m'interpelle d'une voix nasillarde :
— Austin Milford, n'est-ce pas contradictoire de donner des conseils à des jeunes défavorisés alors que vous avez eu une enfance loin de toute préoccupation financière ? Pensez-vous que vous pouvez réellement être un exemple alors que vous passez de nombreuses soirées dans les bars de luxe de Toronto ?
Hein ? J'hallucine. Je serre les poings et me retient de lancer une remarque cinglante. Le coach a dit « ne surtout pas se faire remarquer ». Je vais donc gentiment lui obéir. J'ignore miss pimbêche et me dirige vers les tables pour trouver ma place. Je n'ai pas fait trois pas que je reçois un délicat coup de coude dans les côtes.
Cameron Halden me dévisage d'un air moqueur :
— Pourquoi tu ne lui as pas répondu, Austin ? Elle n'avait pas tort, pourtant.
— Toi le fermier pouilleux, va crécher dans ta grange et fiche-moi la paix. Mais attends ? T'as réussi à te trouver un costume ? Non parce que, les pauvres types du Kansas, ce sont plutôt des jeans plein de boue et des chemises trouées qu'ils portent non ?
Je lui rends la politesse en le bousculant sans ménagement. Puis, je gagne enfin ma place. Dieu merci, les organisateurs ont eu la présence d'esprit de me laisser avec deux de mes coéquipiers et de quatre joueurs de l'équipe de Cincinnati qui, eux, sont des gens fréquentables.
Manque de chance, le bouseux est à quelques tables de moi. Si je ne peux comprendre ce qu'il dit, ses rires de dégénéré m'agressent les oreilles. Elle va être cool, la soirée...
À intervalle régulier, je regarde dans sa direction. Quelle tête à claque ! Parfois, nos regards se croisent. Et lui, il me dévisage comme si j'étais de la merde.
Au bout de deux heures de supplice, je me lève et prétexte une forte migraine pour gagner ma chambre. Heureusement, le gala avait lieu au sein même de l'hôtel où logent tous les invités. Je ne prends même pas la peine de m'extasier sur la vaste suite qui m'a été attribuée. Je me précipite sur la carte du room service et je commande de quoi oublier cette soirée merdique.
Je prends ensuite le téléphone avec carte prépayée que j'utilise pour contacter les prétendants à une nuit de sexe avec moi. J'ai vraiment besoin de me changer les idées.
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J'espère que cette histoire vous plait ! N'oubliez pas vous pouvez me soutenir en likant et partageant tous les chapitres sur Fyctia. (tuto en début de ce book !)
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