Austin

J'ai accepté la proposition de Tyler. Parce que je sais que je peux lui faire confiance. Et puis, tant que je peux en apprendre plus sur lui, je ne dis pas non. Il semble enthousiaste. Je le laisse débuter.

(C) « Ok Edward. Voilà pour moi. Un soir, j'ai dragué un mec dans une boite de nuit, sans savoir qu'il était accompagné de son mari. Il m'a laissé faire pendant une heure. J'ai voulu l'embrasser et là, son homme est arrivé. Je n'ai pas remarqué qu'ils se foutaient de ma gueule depuis le début. J'étais tellement furieux que je suis rentré chez moi. »

(A) « Ah merde. Moi, il y a neuf ans, je sortais avec un gars qui n'avait aucune expérience. Après deux semaines de relation, il a voulu...aller plus loin. Sauf qu'il était tellement excité que, quand j'ai posé ma main sur son pantalon, il a joui direct. Il s'est barré et je ne l'ai plus jamais revu. »

(C) « Tu n'as pas tenté de le retenir ? »

(A) « Si, mais il était trop honteux. J'ai même pas eu le temps de lui expliquer que ça m'était déjà arrivé. »

(C) « Notre égo en prend un coup quand même. J'ai vécu ça aussi. J'ai insinué que c'était mon petit ami de l'époque le responsable. Qu'est-ce que j'étais con ! »

(A) « On l'est tous quand on est jeune. Enfin, chez certains ça ne s'améliore pas avec l'âge... »

J'éclate de rire. Je pense à Cameron Halden. Oh oui, chez certains, la débilité profonde ne fait que s'aggraver. Nous continuons à énumérer les pires hontes de toute ma vie. Je me remémore un souvenir qui m'a longtemps poursuivi :

(A)« J'ai une sœur plus âgée que moi. Un jour, alors que j'étais encore jeune et innocent, je l'ai surprise en pleine action avec son petit ami de l'époque. Ça m'a traumatisé. »

(C) « Tu avais quel âge ? »

(A) « Huit ans. Et ma sœur, qui en avait quinze à l'époque, m'a fait la gueule pendant trois mois à cause de cette histoire. Elle paniquait à l'idée que j'en parle à nos parents. Son mec avait vingt-deux ans alors forcément.. »

(C) « Dans le même genre, moi j'ai surpris un couple dans une cabine d'essayage. Je n'ai jamais autant rigolé de ma vie. Par contre, ma mère a été mise au parfum par l'une des vendeuses. Parce que les deux ont été dénoncés par une cliente.

(A) « Elle s'est empressé de te faire sortir je suppose ? »

(C) « Oh oui ! Hors de question que je sois perverti ! Tu parles, j'avais seize ans. Et je n'étais plus du tout innocent. Vu que je ne pouvais avoir aucune discussion sur le sexe à la maison, sujet tabou, je cherchais par moi-même. Sans compter les discussions intéressantes des élèves au lycée et à l'unif »

(A) « Mon dieu, ça me fait penser à une conversation débile de deux amis lorsque nous étions en terminale. Nous étions au vestiaire après un cours de sport. Devine quel était le sujet... »

(C) « Tes amis vraiment ? Ou tu y participais ? »

(A) « Tyler ! Je reconnais que j'ai eu des comportements stupides dans ma jeunesse mais pas au point de...de comparer mon attirail avec celui des autres ! »

J'éclate de rire. Non, je ne suis jamais parti dans ce délire. Vraiment. Et je me dépêche de clarifier les choses :

(A) « J'ai quand mêmes des critères nettement plus sérieux pour déterminer si un mec me plait ou pas »

(C) « Ah oui ? Lesquels ? Je suis curieux. »

Je m'apprête à répondre lorsque la sonnette de la porte d'entrée se fait entendre. Soit c'est mon père, soit Derek. Ce sont les deux seules personnes qui peuvent me rendre visite au beau milieu de l'après-midi.

Je m'excuse auprès de Tyler et j'éteins mon ordinateur. Pas question que quiconque découvre que je passe des heures sur un site de rencontres.

Je pousse un soupir de soulagement en me retrouvant face à mon agent. Je préfère encore me prendre la tête avec lui que devoir supporter les sermons de mon paternel. Comme d'habitude, Derek va à l'essentiel. Il prend place dans mon salon, comme s'il était chez lui, et étale sur la table basse une multitude de folders et de documents.

— Puisque tu es suspendu deux mois Austin, j'ai pensé que nous devrions travailler à redorer ton image.

— Franchement Derek, tu n'as rien de mieux à me proposer ? Tu sais que je me force à m'entraîner deux fois par jour pour rester en forme ? Quand veux-tu que je trouve du temps à consacrer à ces conneries ?

— Ce n'est pas seulement pour toi, Austin. Mais aussi pour le club et les sponsors. Est-ce que tu as consciences que ta tête est mise à prix ?

— Tout de suite les grands mots !

— Je ne plaisante pas. Tes accusations sans fondement n'ont pas plu du tout. Tes excuses publiques demain adouciront un peu les tensions mais le mal est fait.

— Tu peux m'expliquer pourquoi c'est moi qui prend tout en pleine tronche ? Pourquoi personne ne critique l'attitude de Cameron Halden, hein ? Pourquoi ? Lui, il peut se permettre de balancer des saletés sur ses réseaux sociaux, c'est pas grave. Moi...

— Austin, calme-toi s'il te plait.

— Non, je ne me calmerai pas. Tu sais comme moi que ça chuchote un peu partout à son sujet. Six fois meilleur joueur de l'année ? La bonne blague. Et déjà joueur du mois ? Tu as vu son post juste avant le début du championnat ? C'était de la provocation à mon égard !

— La différence entre Cameron et toi, c'est que tu es incapable de t'exprimer avec diplomatie. Chaque fois qu'il répond à l'une de tes provocations, il le fait avec tact et arrive toujours à retourner le truc contre toi. Au fait, ton père a viré Ashley, Lynn et Randy.

— QUOI ? j'explose

— Austin, cette pseudo équipe de communication que tu as monté contre son avis, et le mien, est un désastre ! proteste-t-il.

Je donne un coup de pied dans le canapé devant moi. J'en ai ma claque de l'intrusion permanente de mon paternel dans ma vie. Je m'approche de Derek et lui adresse un regard menaçant :

— Je sais que c'est mon père qui t'envoie. Qu'il aille se faire foutre. 

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