Chapitre 7
Zoom sur Alos et ces points d'intérêts :
L'entrée de l'échoppe était mignonne, décorée avec des fleurs étranges et autres ornements étonnants, semblable à des colliers ou autres bijoux pendants du plafond. Il y avait une grande vitrine à l'intérieur, comme en boulangerie. Des encas, et d'autres mets ressemblant à des pâtisseries de formes étranges et curieusement appétissants y étaient entreposés.
« Bonjour Caeldrina, salua le jeune homme.
– Cirus, comment vas-tu ? Tu es accompagné, à ce que je vois.
– Oui, je voulais lui faire goûter les spécialités d'ici. Est-ce que la pièce est libre ?
– Oui, tu peux y aller. Je viendrais vous servir. »
La dite Caeldrina retourna à son labeur, alors que Cirus et Mélia tournèrent un instant près de la vitrine bien garnie.
« Quelque chose qui te tenterais ? demanda le jeune homme.
– Je ne sais pas, que me conseillerais-tu ? »
Il sembla chercher quelque chose un instant, puis il pointa le doigt sur un semblant de pâtisserie.
– C'est une confiserie populaire ici », indiqua-t-il.
Elle accepta et suivi Cirus se dirigeant vers la pièce qu'il avait demandé à Caeldrina, un peu plus tôt.
Ils se retrouvèrent dans un couloir, juste après l'entrée, où les murs étaient ornés de bijoux et tissus décorés.
Le jeune homme savait où aller, et appuya sur le mur, comme à chaque fois qu'il faisait apparaître une ouverture.
Au dessus d'où il plaça sa main, était marqué « Jardin sauvage » en alosien. Ils y pénétrèrent une fois ouvert, puis les parties du mur se recomposèrent à leur passage.
A l'intérieur, Mélia cru à une hallucination, et cela y ressemblait fortement. En se retournant, il n'y avait plus aucun mur. Ils se trouvaient à présent dans une grande plaine fleurie. Face à elle, dans ce jardin aux plantations variées et incroyables, se distinguait une petite table vitreuse et des sièges tout autours.
Cirus avait pris la main de Mélia pour se diriger vers la table. Ils s'assirent et la demoiselle fut agréablement surprise par l'aspect moelleux des sièges, qui pourtant laissaient croire à une surface dure. Elle posa son sac d'affaires à ses côtés.
« Quel est cet endroit exactement ? demanda-t-elle, curieuse.
– Nous sommes au Standy. C'est comme un café ou un bar par chez vous. Ce jardin quant à lui est un mirage. C'est le pouvoir de Caeldrina, la jeune femme à qui j'ai parlé en rentrant.
– Et donc, c'est ici que tu aimes venir ?
– Oui, c'est tranquille, et le jardin sauvage est ma pièce favorite. Il y a beaucoup d'endroits comme le Standy, un peu partout sur Alos. Ce sont des lieux de rencontre, de discussion, de travail ou juste pour passer le temps. Tu peux manger, boire des boissons hallucinogènes ou consommer de la cendre. »
Encore des curiosités pour la jeune terrienne. La porte du jardin s'ouvrit, interrompant leur discussion. Caeldrina venait d'entrer, et se dirigeait vers ses deux clients.
« Avez-vous eu le temps de choisir ? demanda cette dernière.
– Oui, répondit le jeune homme, nous prendrons deux ambans.
– Très bien, je vous apporte ça rapidement. »
A ces mots, Caeldrina partit.
Ils parlèrent pendant un moment de toutes les particularités d'Edhira. Malgré l'ouverture d'esprit de la jeune femme, certaines choses la rendaient encore perplexe, ou même la surprenait.
Bien que la Terre et Edhira avaient quelques similitudes, beaucoup de choses différaient. Cirus expliqua à la jeune femme qu'Alos était le pays des magiciens. Les alosiens avaient tous une capacité plus ou moins utile, sauf quelques exceptions qui n'en avaient point du tout. Pour exemple, il avait parlé de son frère qui était voyageur, et pouvait donc se téléporter d'un endroit à un autre sur Edhira. Il tenait avec sa femme Belorie, un petit magasin de curiosité, dans lequel il vendait ses trouvailles ou proposait ses services de messagers.
Caeldrina entra de nouveau dans la pièce avec un petit panier. Elle déposa à même la table deux douceurs sur un socle ressemblant à du papier. Deux pâtisseries identiques, que Cirus avait nommé « amban ». Elles avaient une forme arrondie et étaient de couleur jaune citron. Mélia observa Cirus, comme intriguée par la manière dont cela pouvait se manger.
Le jeune homme croqua dans la confiserie en la prenant avec les doigts. Mélia en fit de même. La texture extérieure était croquante, dévoilant un intérieur mousseux et aéré, avec au centre, une autre garniture, plus liquide et légèrement visqueuse, de couleur verte. Le goût de cet encas était singulier, mais descriptible. La couche croquante de la confiserie était épicée, au goût semblable à du curry et légèrement piquante. L'intérieur quant à lui était sucré et amère à la fois.
En quelques crocs, la confiserie avait été engloutie. Mélia n'avait jamais rien goûté de tel. Ce mélange de saveur l'avait agréablement étonnée.
« Alors ? avait-demandé Cirus.
– Vraiment très bon, répondit-elle. Je m'attendais à quelque chose de citronné, donc je suis plutôt surprise. »
Cirus fronça légèrement les sourcils d'incompréhension, faisant se rectifier la demoiselle :
« C'est un fruit très acide par chez moi. On en retrouve dans de nombreuses pâtisseries de couleur jaune, comme celle-ci. »
Ils avaient parlé encore un moment, notamment sur le fait que la jeune femme aimait manger de tout, mais se refusait la viande, par conviction. Ils quittèrent ensuite le Standy, après que Cirus eut payé avec la monnaie locale.
Il restait quelques heures avant la nuit, alors le jeune homme avait proposé à Mélia de faire un tour dans la prairie de Jalos. Il y avait là-bas un lac où il avait l'habitude de se rendre pour admirer les calees, et les ragnats près de la berge.
La jeune femme avait accepté, curieuse de voir de nouvelles choses et surtout la flore naturelle du pays.
Pour sortir de la ville et se rendre à la prairie, ils devaient commander un moyen de transport. Cirus emprunta alors, auprès d'un marchant non loin du Standy, un druin pour quelques heures.
La bête de la taille d'un cheval avait un dos semblable, mais bien plus grand. Elle était munit de six longues pattes, trois de chaque côté. Sa tête était directement liée à son corps, dont le cou n'était pas apparent. Celle-ci était curieusement ronde, munie de trois cornes sur le haut et de quatre yeux alignés horizontalement.
Cirus aida Mélia à monter sur la bête ‒ poilue comme un chien ‒ puis monta juste devant elle. Le jeune homme s'agrippa alors à une structure rigide, qui se trouvait au niveau de la séparation entre la tête glabre et le corps de l'animal. Il invita Mélia à s'agripper à sa taille pour ne pas tomber, ce qu'elle fit timidement.
Ils partirent alors en trombe, l'animal galopant comme un chevreuil faisant ses premiers pas.
Durant leur trajet pour quitter la capitale, Mélia avait pu mieux observer l'architecture. Les maisons étaient extraordinaires. Comme des empilements de boîtes alambiqués, avec parfois des balcons ou des escaliers extérieurs, qui donnaient plus de reliefs aux structures boisées ou en pierre.
Elles avaient pour certaines, un jardin, garnit de fleurs fabuleuses, aux couleurs pâles ou vives. Cirus lui avait parler de l'importance des apparences à Alos. Ce qui valait à la fois pour l'habillement et les habitations. D'ailleurs, leur devise était la suivante : « Bâtis ta grandeur, comme tu bâtis ta maison ». Signe que le statut était lié à la richesse, au pouvoir ‒ au sens propre et figuré ‒ et à la demeure.
Arrivés près d'une grande muraille, délimitant la capitale et l'extérieur, ils furent arrêtés par des gardes. Du moins, cela y ressemblait. Ils portaient une armure d'un métal blanc étrangement pale. Leur tête découverte, avec à la ceinture une arme – ou ce qui paraissait en être une – à la lame encerclant toute la poignée.
Les hommes en armure firent le tour du druin – la bête sur laquelle Mélia et Cirus voyageaient – puis laissèrent les deux jeunes passer. Ils entrèrent alors directement dans la prairie de Jalos. Immense et couverte d'une herbe verte et légère. Certaines fleurs, pas très hautes, coloraient la surface, réchauffée par les rayons de leur étoile lumineuse.
Ils continuèrent de galoper un instant, avant d'atteindre le lac dont avait parlé Cirus. Là, le jeune homme ordonna au druin de s'arrêter. Il aida Mélia à descendre de la bête, puis laissa cette dernière vaquer dans la prairie, sans aucune crainte de la voir fuir.
Ils se dirigèrent ensuite tout deux près de la berge. L'eau était claire, laissant apparaître des végétaux marins et les étranges créatures qui peuplaient le lac.
Dans la prairie elle aperçut les calees que Cirus aimait bien voir, quand il venait ici. C'étaient des animaux ressemblant à des poulets, avec un corps semblable et une tête aussi petite. Contrairement à l'animal terrestre, celui-ci n'avait pas de crête mais de longues oreilles de chien qui tombaient de chaque côté de sa petite tête. Son corps n'était pas non plus recouvert de plumes, mais de poils. Et il n'avait pas de bec, mais une bouche semblable à celle des poissons.
En observant un peu mieux, Mélia aperçut également les ragnats, curieux par la présence des deux jeunes sur leur berge. Ces bêtes ressemblaient aux souris de la Terre, la queue en moins et les poils plus long. Ils avaient également une corne entre les deux yeux, presque aussi longue que le reste de leur corps menu.
Alors qu'ils étaient assis, les petites bêtes poilus s'approchèrent d'eux. Mélia ne sentit aucune répulsion pour ses êtres aux poils longs, semblant doux comme un chat, qui se réunirent près de ses jambes. Elle avait déposé à ses côtés son sac, qui ne mit pas longtemps à être envahi par ces petites bêtes. Certaines mâchouillaient déjà les lanières, d'autres avaient grimpé sur son dessus afin d'y faire la sieste.
« Tu as parlé à plusieurs reprise de ton travail pour le Prince, commença Mélia, est-ce que tu es une sorte de messager qui lui apporte des informations à propos de mon monde ?
– C'est à peu près ça, oui. Le Prince Dicca cherchait le passage vers la Terre depuis plusieurs années déjà. J'ai eu la chance d'avoir été le premier aligne-reflets à l'avoir trouvé et donc à avoir été engagé par lui.
‒ Dans ce cas tu dois avoir un statut privilégié auprès de la famille Royale, non ?
‒ Plus ou moins. Je reste surtout proche du Prince. C'est le seul à prendre mon travail au sérieux, et c'est également lui qui me paye. Les autres membres de la famille Royale ne sont pas vraiment intéressés par nos ancêtre et notre lien avec la Terre, du moins pas autant que Dicca.
‒ Quel est ce lien, exactement ? »
Cirus s'allongea sur l'herbe, les yeux vers le ciel et les mains croisées derrière la tête.
« Eh bien, pour faire court, il y a plusieurs milliers d'années, Edhira était peuplée uniquement d'aligne-reflets. Ils étaient des millions, si ce n'est plus, dispatchés sur les différents continents de cette planète. Puis, les animaux ont commencé à se déchaîner. Ils étaient violents et dénués de sens primitif. Ils semèrent rapidement le chaos, et beaucoup d'aligne-reflets périrent. Certains d'entre eux réussirent à s'enfuir cependant, et à trouver un monde habitable. Ils étaient arrivés sur Terre. »
Un ragnat avait grimpé le long de la jambe de Mélia. Elle le prit au creux de ses mains, et celui-ci commença son toilettage dans la sérénité la plus totale.
« C'est ainsi que l'humanité sur Terre s'est développée, continua le jeune homme. Au fil du temps, vous avez perdu vos capacités à voyager dans les reflets et votre humanité s'est surtout différenciée par sa couleur de peau et ses différentes cultures aux quatre coins du monde. Alors que nous sur Edhira, nos évolutions ont touché l'apparence physique, mais également nos capacités. Les alignes-reflets n'ont cependant jamais disparu ici. C'est pour cela qu'Alos est considéré comme le pays des anciens, bien que les edhiriens peinent de plus en plus à croire en nos lointaines racines. »
Mélia avait reposé la petite bête pour s'allonger aux côtés de Cirus. Le vent apportait un peu de fraîcheur et animait le bruit discontinu que faisait le druin en mangeant l'herbe de la plaine.
« Donc, parla Mélia, de très anciens aligne-reflets ont peuplé la Terre pour fuir le massacre d'Edhira ? Et, ce sont eux qui ont fait ce que nous, terriens, sommes aujourd'hui. En soit, ce sont un peu comme nos ancêtres ?
‒ C'est ça.
‒ Comment c'est possible que vous sachiez tout cela, alors que nous n'en avons jamais entendu parler ? Les religions, la science, rien ne fait mention de quelque chose qui s'y rapproche.
‒ Pour dire vrai, nous ne le savons que depuis quelques centaines d'années maintenant. C'est un aligne-reflets de nos temps plus récent, qui retrouva le chemin pour la Terre. Il y récolta des informations, notamment sur vos connaissances et avancées scientifiques. On a ensuite adapté nos systèmes et nos connaissances aux vôtres. Comptabilisant les nombres, les heures et les années sur quelque chose de similaire. Malheureusement, beaucoup ont pensé que cela pouvait être préjudiciable pour notre environnement, et ont donc détruits la plupart de ses recherches. Il fut assassiné par un membre de la famille Royale de l'époque, et toutes les portes vers ton monde disparurent avec lui. »
La jeune femme le regardait avec fascination, dévorant chacune de ses paroles.
« Puis, poursuivit-il, cette histoire a commencé à se fondre dans les légendes de notre civilisation. Dicca voulait en avoir le cœur net. Fasciné par tout cela, il a fait appel aux derniers aligne-reflets, et leur a demandé de trouver le passage vers notre planète sœur. Mais, les chances étaient infimes. Beaucoup d'aligne-reflets ont travailler nuit et jours sans jamais trouver la clé exacte pour s'y rendre. Ce n'est que le hasard qui m'y a fait parvenir.
‒ C'est incroyable, murmura-t-elle, nous, terriens, n'avons pas une seule seconde notion que quelque chose comme ça pourrait exister. Si je n'étais pas sur place actuellement, j'aurais moi-même du mal à y croire. »
Il croisa son regard, se tournant sur le côté.
« C'est invraisemblable pour nous aussi, dit-il. Les histoires sont les histoires. Le voir de ses propres yeux est autre chose. »
Ils laissèrent le silence s'installer un instant. Le calme ambiant, et la température étaient agréable.
« Pourquoi tant de différence, entre vous et nous ? demanda-t-elle. Ça aurait-été si amusant, si nous aussi avions pu garder ces capacités magiques. »
Il rigola.
« C'est parce qu'Edhira est spéciale. Une force au-delà de tout, contrôle les pouvoirs de ce monde et c'est grâce à elle que la population ait survécu à l'attaque des ghastbrumes.
‒ Les ghast... ghastbrumes ? bégaya-t-elle.
‒ Des animaux corrompus. Il y en a encore de nos jours, mais nous avons fini par apprendre à vivre avec. Chaque peuple s'est adapté à leur violence. A Alos, nous avons décidé d'ériger de hauts murs pour s'en prémunir.
‒ Pourtant, vous avez également des animaux à l'intérieur. Eux aussi peuvent devenir des ghastbrumes, non ?
‒ Certains, comme les amasfeuille que tu as aperçu dans quelques jardins, dont celui de mon frère. Cependant, ils restent faciles à repérer et à appréhender si besoin. Ils sont beaucoup trop utile dans nos jardins, pour que les alosiens s'en séparent. »
Mélia ferma les yeux, envoûtée par tout ce qu'il lui avait dit. Le silence s'installa à nouveau, et cette fois pour de bon. Cirus s'était tourné complètement vers elle, l'observant sans qu'elle n'en ait conscience.
Il y avait encore tellement de chose à connaître, tellement de gens à rencontrer. Mélia n'avait pas idée de ce dans quoi elle s'était embarquée. Son rôle futur avait une importance capitale, et personne ‒ si ce n'est les reflets ‒ n'en avait encore conscience.
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