Chapitre 15
Mélia toussa. Le brouillard était épais et avait rapidement envahi toute les salles du bateau.
La nausée était revenue dans les entrailles de la jeune femme. Ses yeux piquèrent, et ses membres tremblèrent. Tout son corps semblait pris de courbature comme lors d'une soudaine maladie. Daery ressentait les mêmes effets. Elle souffla :
« Tu tiens le coût ? »
Sa camarade acquiesça, à peine convaincante.
« Ça passera d'ici quelques heures, reprit-elle. Viens. Allons voir les autres. »
La terrienne la suivit, et elles retrouvèrent le reste de leur groupe, à l'étage supérieur.
Cirus se maintenait au sol, haletant. Il subissait le contre coût de la récente bataille et des effets du brouillard. Brithellia n'était pas en meilleure forme, contrairement au Prince à peine essoufflé du combat contre les ghastbrumes. Celui-ci, comme le reste de l'équipage, n'était pas impacté du mal qui touchait les étrangers.
« Allez vous reposer dans vos cabines, somma-t-il, le temps de vous habituer au brouillard. Nous arriverons à Treen d'ici quatre heure plus ou moins. »
Tout le monde se sépara, alors que Mélia alla rejoindre Cirus. Le jeune homme se releva, exténué.
« Tu as l'étoffe d'un héros », complimenta-t-elle.
Il rigola :
« J'en suis pas si sûr. Mais, je suis content de te savoir seine et sauve. »
L'équipage s'était empressé de nettoyer l'étage. Après la bataille, le sang des ennemis et leur cadavre jonchaient parmi les dégâts. Mélia observait les travailleurs qui ne perdirent pas une seconde à se mettre à la tâche.
« Je vais aller me reposer, lui-dit-il, la forçant à ramener son regard vers lui. Tu devrais faire de même, le temps que les effets du brouillard se dissipent.
Elle acquiesça, le laissant partir devant.
Le brouillard ne laissait plus qu'entrevoir les alentours. Le ciel était aussi noir que l'encre, et la brume s'épaississait à mesure qu'ils avançaient dans les flots. Mélia ne tarda pas plus, et rejoignit également sa cabine. A peine s'était-elle écroulée sur son lit, que le sommeil l'étreignit. Elle s'était réveillée bien plus tard, alors que quelqu'un frappait à sa porte.
Se levant difficilement, assommée, elle bailla. Elle avait dû dormir bien trop longtemps, pour se sentir aussi épuisée. Elle parvint tout de même à se rendre près de la porte, qu'elle ouvrit pour y apercevoir Brithellia.
« Jeune fille, nous sommes arrivés ! Prend tes affaires, et sortons d'ici. »
Son enthousiasme n'avait pas failli. Mélia prit son sac et sortit. La dronienne l'avait attendu. En chemin, elle croisa Cirus et Daery, tout aussi étourdis qu'elle. Tout le monde quitta le navire. Les effets de la brume praelienne ayant disparu.
Une fois à l'extérieur, les visiteurs contemplèrent l'immense port. Les marins et pécheurs s'affairaient au travail, présentant leur récoltes, à peine sorti de leur bateau. L'atmosphère était opposée à celle des villes alosiennes. Le temps était obscure, et donnait l'impression qu'il allait pleuvoir. Des torches en bois noirs étaient les seules source de lumière à cette fausse nuit qui semblait avoir investie les lieux depuis des lustres.
Pourtant, il était 15 heures avec le décalage horaire, lorsqu'ils mirent les pieds à Prael. Avec deux heures en moins qu'à Alos, la journée n'était pas prête de se finir de suite.
Les praeliens, tout habillé de noir, n'affichaient pas une mine guillerette. Leur grande oreilles pointues et leur peau marquée de taches brunes, était caractéristique de leur peuple. La plupart d'entre eux avaient les cheveux aussi noir que l'ébène, ce qui ne permettait pas au Prince de passer inaperçu auprès de ses sujets.
Pourtant, le bruit de la mer, l'odeur salée et les cris des créatures volantes, rappelaient étrangement les côtes terriennes.
Les voyageurs pénétrèrent un peu plus dans la ville, avant de laisser l'animation du port derrière eux. Les maisons praeliennes étaient entourées d'arbres aux troncs épais et noirs. Les infrastructures étaient pauvres, dans l'ensemble. Sous formes arrondies, elles étaient composées de toiles et de bois.
« Allons manger quelque chose à la taverne, annonça Morgareth. Nous reprendrons la route vers la capitale ensuite. »
Tous suivirent le Prince jusqu'à une structure boisée. De la musique s'échappait des entrailles de celle-ci. Un fois à l'intérieur, Mélia aperçut une scène, où des musiciens jouaient d'étranges instruments. Le lieu s'opposait avec l'extérieur. Il était plus joyeux et convivial.
Les voyageurs s'installèrent à une table. Brithellia n'arrêtait pas de regarder aux alentours, tout sourire. Cette femme savait s'amuser rapidement. Elle hochait frénétiquement la tête au gré de la musique.
Le Prince passa commande, et la table fut rapidement remplie. Soupes, graines, racines et autres joyeusetés végétales se mariaient aux viandes de poissons luxuriantes.
Mélia su faire la différence et tria son assiette discrètement.
Chacun dégusta les nombreux mets, leur chaleur fit un bien fou. La jeune terrienne avait même commencé à s'habituer aux saveurs de cette planète. La boisson qui accompagnait le repas, restait cela dit difficilement buvable. Son goût salé rappelait trop, du moins à cet instant, l'odeur de la mer et de poisson.
Les discussions alentours étaient incompréhensibles. La langue praelienne était plus abrupte que celle d'Alos, plutôt fluette et agréable. Les lettres étaient hargneuses et les mots souvent courts et secs. Ce fut assez dépaysant pour la jeune femme, comme pour Cirus. Brithellia, elle, ne semblait pas plus décontenancée qu'elle l'aurait dû. La femme avait pour habitude de traîner dans les bars et autres lieux bruyants et animés. Son métier de mercenaire lui avait sans doute accoutumé à cette atmosphère décomplexée et bruyante.
Daery, quant à elle, connaissait la langue et la parlait presque aussi parfaitement que les natifs. Elle n'avait pas de mal à comprendre les chants provenant des musiciens ou les quelques paroles qu'elle distinguait parmi la foule.
Une fois le repas terminé, ils sortir de la taverne. Le calme extérieur se contredisait drastiquement avec le lieu qu'ils venaient de quitter
« Si vous êtes prêt, alors nous devrions partir, incita Morgareth. Nous avons pris un peu de retard, et je ne voudrait pas passer trop de temps de nuit dans la forêt. »
Tous le monde opina du chef, et le groupe partit en direction de Japrael, la capitale.
Plus ils s'enfonçaient dans la forêt, moins il y avait de maison. Il leur fallut bien plusieurs longues minutes avant de quitter Treen et rejoindre les chemins boueux de la forêt d'Irina.
Une forêt si dense, où même le brouillard peinait à circuler. Le sol devint rapidement boueux, et l'air difficilement respirable. C'était encore plus sombre que la nuit elle-même.
Les odeurs de bois se mélangèrent rapidement à des odeurs de putréfaction qui semblaient venir des bulles d'airs provenant de la boue au sol.
Mélia déglutit. Il était difficile de voir à plusieurs mètres devant eux. L'odeur était insoutenable, faisant pâlir les sens de tout un chacun. La forêt cachait ses plus sombres secrets dans ses profondeurs les moins visitées.
Plus il continuaient leur traversée, et plus la boue devenait collante. A un point où le groupe fini par ralentir.
« Donne moi ta main », proposa Cirus à Mélia.
Il lui tendit la sienne, qu'elle agrippa pour se sortir du trou dans lequel elle s'était enfoncée.
Le Prince n'avait aucune difficulté à traverser. Les bottes qu'il portait était anti-adhésives, et ne permettaient pas à la matière gluante de s'y accrocher. Malgré sa facilité, il attendait les autres, tout en observant les créatures qui piaillaient autours d'eux, comme ce drôle d'oiseau à tête de chien.
Si ce n'était pas Mélia, c'était Brithellia qui s'embourbait dans la boue.
« C'est quoi... lutta Brithellia de nouveau prise au piège, ton secret pour ne pas ramer comme nous dans la boue ? demanda-t-elle à Daery.
– Depuis toutes les fois où je suis venue, j'ai fini par apprendre à m'en sortir plus facilement. Le calme est la clé. Ne pas faire de grands mouvement, et tes pieds sortirons plus aisément de l'emprise de la terre. »
Brithellia se stoppa sur place, prit une grande inspiration et tenta de lever la jambe, dans la sérénité la plus totale. Malheureusement, elle tomba à la renverse, et tout son corps se noya dans la mare.
Daery eut un fou rire, qu'elle tenta de cacher derrière ses mains.
« Enfin, pouffa-t-elle, faut garder l'équilibre, voyons ! »
La dronienne lui lança un regard noir, alors que Mélia et Cirus s'amusaient également de la scène. La terrienne avait même salit sa robe dans ses propres déboires. Seul le Prince, devant eux, n'avait pas esquissé un sourire. La traductrice s'approcha de la mercenaire pour l'aider à sortir.
Ils reprirent alors leur route, sous les conseils de l'alosienne. Plus ils avançaient, plus ils intégraient la technique et plus ils marchaient rapidement.
Quelques heures plus tard, ils étaient toujours dans cette forêt sombre et puante, bien qu'ils furent rapidement habitués à l'odeur. Ils avaient croisé des animaux, et faisaient actuellement face à un troupeau. Morgareth s'arrêta, entraînant les autres avec lui.
Face à eux des ghastbrumes, dévorant les insectes alentours. Ce n'était autre que des lurblancs corrompus en lurnoirs, dont les yeux sombre semblaient refléter l'abîme des ténèbres. Malgré le silence des voyageurs, l'un des animaux releva la tête en leur direction. De ses grandes oreilles pointus, il les avait entendu. Il ne mit pas longtemps à leur foncer dessus, comme l'unique raison de son existante. Le Prince sortit son épée de son fourreau. Quant à Cirus, celui-ci se plaça devant Mélia et dégaina une poignée métallique laissant apparaître une lame fantôme d'un violet améthyste.
Daery resta derrière la mercenaire, tout autant armée que les hommes du groupe. Les coups fusèrent rapidement et les ghastbrumes, tombèrent un à un. Pour autant, ensanglanté, ils se relevaient toujours, ne s'arrêtant d'attaquer qu'une fois mort.
Les cris d'agonie se mélangeait à l'odeur du sang. C'était insoutenable pour Mélia. Elle pour qui la cause animal avait de l'importance, même ici. Elle ferma les yeux, espérant que tout s'arrête bientôt.
L'une des bête s'attaqua à Daery. La jeune femme s'effondra au sol à cause du contre coup. Brithellia voulu l'aider, mais elle n'eut pas à le faire. Le Prince avait déjà accouru pour la sortir de là. En se relevant, elle manqua de trébucher sur lui. Il lui jeta un regard affolé, tout en reculant instinctivement.
Les animaux furent rapidement décimés, et alors qu'ils étaient encore secoués, les voyageurs reprirent leur marche.
Le Prince les devançait à nouveau de quelques mètres.
« Est-ce que tu vas bien ? » demanda Mélia à Daery.
L'alosienne avait reçu quelques morsures sur le bras.
« Tu devrais à l'aide de ta salive, reprit la terrienne, nettoyer ta plaie. »
Une semi-expression de dégoût apparut aussi rapidement qu'elle disparu du visage de la traductrice.
« Fais-moi confiance, insista Mélia, il vaut mieux nettoyer la plaie avant qu'elle ne s'infecte. »
Et c'est ce qu'elle fit.
Le Prince s'arrêta à nouveau et se retourna :
« Nous sommes bientôt arrivé. Évitez de vous approcher de qui que ce soit et ne touchez à rien sans que nous ne vous l'ayons accordé. »
Il avait tourné son regard vers Daery, comme pour lui faire passer un message. Mélia avait hâte de voir la demeure royale praelienne, mais l'amertume se joignit à son excitation. Après ça, elle rentrerait chez elle. Et c'était avec une pointe au coeur, qu'elle les suivit jusqu'à l'entrée de la capitale praelienne.
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