Chapitre 10

Cirus avait suivi les soldats alosiens, laissant Mélia seule à la maison. Elle n'était pas invitée à la cour royale, et ce n'était pas plus mal si elle voulait rester discrète.

Une fois devant l'immense palais aux couleurs flamboyantes, Cirus passa sur une dalle blanche, près des jardins royaux, et se téléporta au sein même du bâtiment. La grande salle d'entrée accueillait continuellement la population. La pièce bien éclairée, fourmillait et l'ambiance était égale à l'animation extérieur.

Le jeune homme suivi les soldats et emprunta une porte sur sa droite. Celle-ci était gardé par d'autres hommes en armures. Une fois de l'autre côté, le calme assourdissant atteint ses oreilles. Seul ses pas et ceux de ces accompagnateurs résonnaient dans ce long couloir, aux fenêtres gigantesques.

Ils prirent ensuite une autre porte, sur sa gauche cette fois. Cirus connaissait bien cet endroit. Il était habitué à se rendre dans le luxueux bureau du Prince, et d'échanger avec lui sur les informations de la Terre, qu'il avait recueilli.

La porte ouverte, les soldats laissèrent le jeune homme pénétrer à l'intérieur de la grande pièce, seul. Le Prince, et futur héritier de la couronne, se tenait droit près de son grand bureau en bois noir.

Ses cheveux courts d'un bleu profond, lui couvraient la moitié du visage. Il portait une couronne fine argentée sur le dessus de sa tête. Son long corps longiligne laissait paraître de fins doigts aux vernis sombres. Le jeune de dix neuf ans edhiriens, montrait sur son visage la maturité nécessaire à un futur roi.

Aux côtés du charismatique Prince, se trouvait son vassal et garde personnel : Lothes Briann. Ce dernier était un hybride igolien et alosien. Il avait décidé de vouer sa vie à la royauté et au peuple d'Alos. Préférant la chaleur et la vie en pleine air, que la fraîcheur des grottes igoliennes.

L'homme d'âge mur était aussi grand que son Prince, mais son corps en imposait bien plus. Il avait des cheveux noirs coupés courts, qui seyaient parfaitement bien à son air stricte. Ses muscles saillants étaient aussi durs que la pierre ‒ une caractéristique notable chez les igoliens. Certaines parties de son corps, comme ses pectoraux et les muscles de ses hanches, étaient recouvertes de roches semblable à des écailles. Une autre marque du peuple des montagnes. Certaines étaient visibles sur son visage, au niveau de sa mâchoire droite.

Mais ces gens là, Cirus avait l'habitude de les côtoyer. Les autres ceci dit, c'était tout autre chose. Il avait déjà entendu parlé de Morgareth Prael, fils et Prince du pays du même nom. Sa beauté sans égale et sa vie de malheur le rendait envoûtant. Ses yeux couleurs noisettes observaient Cirus avec un froid et une tristesse indescriptible. A côté de lui se trouvait quelques gardes praeliens, mais également une femme, qui lui semblait bien plus alosienne que praelienne.

« Cirus, je te remercie d'être venu, commença Dicca. Je te présente le Prince de Prael, et à ses côtés une de nos plus fidèle traductrice, Daery Sheah. »

La jeune femme inclina la tête par respect et pour saluer le jeune homme. Cirus, en fit de même. Elle avait de longs cheveux noirs aux reflets violacés. Ces derniers ondulaient dans une queue de cheval, entourée d'une couronne de tresse. Elle avait des ornements aux oreilles : des chaînes longues et brillantes aux couleurs métalliques. Sa peau légèrement halée, laissait paraître sur sa joue droite un symbole cryptique d'un bleu obscure. Et, ses yeux verts d'eau, rendait son visage angélique.

A leurs côtés Cirus semblait bien banal.

« Prince Morgareth, reprit Dicca, Cirus est l'aligne-reflets dont je vous ais parlé. J'ai entièrement confiance en lui et en ses capacités. Il ne me semblerait pas déraisonnable qu'il vous accompagne.

‒ Je m'en remets à vous dans ce cas, parla Morgareth d'un accent à peine audible.

‒ Très bien. Cirus, dit le Prince d'Alos en se tournant vers lui, je t'ai fait venir pour une demande bien différente à d'habitude. Les praeliens sont venus à nous aujourd'hui pour un message important. Leur Dieu leur aurait fait part d'un présage regrettable, et leur a indiqué qu'ils devaient faire appel à des aligne-reflets. D'après lui, les différents mondes de l'univers seraient voués à s'aligner bientôt. Et, quelqu'un pourrait bien en profiter pour mettre le chaos sur Edhira. Malheureusement, nous n'en savons pas plus. Leur Dieu Praelni n'a plus donné signe de vie depuis, malgré toutes les tentatives du Roi Hildur. Les praeliens ont besoin de quelqu'un pour contacter leurs reflets, c'est pourquoi je veux que tu accompagnes le Prince ainsi que Daery sur Prael, et que tu tentes de prendre contact avec les reflets de là-bas. »

Cela faisait beaucoup d'informations pour Cirus. Il n'était jamais allé sur Prael, et ne s'attendait pas à y mettre les pied un jour.

« Comptez sur moi, mon Prince, accepta Cirus. Je dois juste passer chez moi prendre quelques affaires. »

Il pensa à Mélia. La pauvre allait de nouveau se retrouver seule dans un pays ‒ un monde, même ‒ qu'il lui est encore inconnu. Il pourrait toujours la laisser chez son frère. Elle pourrait alors les aider au magasin ou visiter les alentours et animations alosiennes. Il avait confiance en Irwan, et c'était sans aucun doute la meilleur chose à faire, pour que personne ne découvre la réelle identité de la terrienne.

« Bien sûr, faites, parla Dicca. Daery doit également passer chez elle. Vous n'aurez qu'à vous retrouver au port de Parsia. Le bateau de son altesse de Prael s'y trouve amarré. »

Alors que Cirus partait, le Prince ajouta :

« Je vais également engager une mercenaire pour le voyage, alors ne soyez pas surpris. Depuis plusieurs nuits, les ghastbrumes semblent plus violent. En tant qu'ancien mercenaire, Cirus, je ne suis pas inquiet pour toi. Cela dit, nous ne sommes jamais assez précautionneux, et je préférerais vous savoir accompagnés. »

Le Prince avait mâché ses mots, mais Cirus en avait compris le sens concret. Plus que la peur des ghastbrumes, Dicca ne faisait pas encore entièrement confiance aux praeliens. Si tout cela n'était qu'une mise en scène pour attaquer les sujets alosiens, alors Dicca devait être vigilent en tout point.

Après la réunion de crise, Cirus était reparti chez lui. Il ne savait pas exactement combien de temps lui prendrait son voyage, mais il fallait estimer le pire. En espérant que sa venue sur Prael, lui permette de résoudre le mystère caché dans le message de Praelni ‒ le Dieu maudit.

« Te voilà enfin, s'exclama Mélia, une fois Cirus rentré.

‒ Je suis navré de te faire subir cela, dit-il, mais je dois préparer mes affaires pour partir sur Prael. Avant ça, je vais t'accompagner jusqu'à chez Irwan. Tu resteras avec eux le temps que je résous cette affaire.

‒ Que se passe-t-il ? Rien de terrible, j'espère ? Et les reflets ? Tu ne m'a pas dit si je pouvais rentrer ?

‒ Pas pour l'instant, Mélia. Tu devrais également préparer tes affaires. Nous devons partir vite. Je ne veux pas faire attendre le Prince praelien. »

Il se rendit à l'étage à toute vitesse pour prendre un sac. Mélia l'avait suivi.

« Si je ne peux pas partir, alors emmène moi avec toi ! quémanda-t-elle. Je serais discrète !

‒ C'est hors de question, dit-il en empoignant des affaires, avant de les mettre dans son sac. C'est trop dangereux. Je ne serais pas long, promis. Je dois juste parler avec les reflets praeliens.

‒ Alors tu pourrais leur parler de moi aussi ! Peut-être que eux, me laisseraient rentrer ? »

Il s'arrêta un instant, réfléchissant. Mélia en profita pour appuyer ses dires :

« Si cela fonctionne, alors je pourrais rentrer directement de là-bas. Tu n'auras qu'à dire au Prince praelien que je suis une aligne-reflets, comme toi. Mais que malheureusement, je n'ai plus la faculté de traverser les miroirs. Et c'est pourquoi, je dois essayer en ta compagnie, à Prael. »

Il se tourna vers elle. Ce n'était pas une si mauvaise idée. Il savait que plus elle restait sur Edhira, plus c'était dangereux pour eux. Si les reflets alosiens ne voulaient pas la faire passer, peut-être que ceux de Prael accepteraient ? Ils n'auront peut-être pas d'autre opportunités comme celle-ci, à l'avenir.

« Très bien, s'avoua-t-il, vaincu. Prépares tes affaires, je t'expliquerai le problème en chemin.

Il ferma son sac et se rendit à l'étage inférieur. Mélia n'eut pas grand chose à ranger, le sac que lui avait fournit Belorie était encore rempli d'affaires. Elle le prit et descendit les marches à son tour.

« Il va falloir prendre un druin jusqu'à Parsia, lui expliqua-t-il. Le chemin sera dangereux et assez long. Tu penses que ça ira ?

‒ Bien sûr ! J'ai hâte de découvrir de nouveaux lieux ! »

Il sourit devant son enthousiasme.

« Je ne veux pas briser tes rêves, reprit-il, mais il faut que tu restes discrète à ce sujet.

‒ Oui, bien sûr, se reprit-elle. Je ne suis qu'une simple aligne-reflets, dont les pouvoirs sont inactifs. »

Ils fermèrent la maison derrière eux et se dirigèrent vers un marchand de druins. Pour se rendre à Parsia, le chemin le plus rapide forçait à passer par la forêt de kiola. Cette forêt était crainte par la plupart des alosiens. Les ghastbrumes y étaient plus féroces qu'ailleurs. Bien que sous les arbres, ils n'étaient pas l'unique menace. De vils criminels s'y regroupaient parfois, chantant à tue-tête des sortilèges interdits, et vaquant à des occupations exécrables.

***

Zoom sur Alos

***

Cirus était habitué à ces choses. Ancien mercenaire, il exécutait divers services contre quelques sous. En tant qu'aligne-reflets, le jeune homme n'avait jamais été très recherché pour des postes communs. Il était toujours préférable de faire appel à quelqu'un dont la capacité pouvait être utile au travail. Et à quoi pouvait bien servir une personne voyageant dans d'autres mondes ?

Une fois sur le dos de leur monture, l'animal galopa à toute allure. Il fallait traverser la ville pour prendre la sortie ouest. A vive allure, le druin, traversait de magnifiques paysages urbains. La complexités de certaines demeures éblouissaient encore Mélia. Rien ne se ressemblait. Tout était coloré, lumineux.

Ils traversèrent un pont qui surplombait une petite rivière. Ils n'étaient pas les seuls à galoper sur les pavés. D'autres druins portaient leurs voyageurs parmi la foule. L'animal n'était pas plus rapide qu'un cheval terrestre, et il fallut bien une demi-heure pour arriver à la sortie ouest.

Ils se firent de nouveau contrôler par les gardes à l'entrée. Ce n'était qu'une formalité, qui permettait surtout de savoir ce qui sortait ou entrait de la capitale.

De l'autre côté des grands murs, se dessinait une plaine avec quelques rares arbres. Les fleurs surplombaient l'herbe verte et dansaient au gré du vent. Ils continuèrent leur traversé, Cirus tenant les rênes et Mélia l'entourant de ses bras. Le paysage offrait quelques merveilleuses plantations. Des végétaux aux couleurs diverses, que Mélia avait déjà pu rencontrer en lisant l'un des cubes s'y référant.

Le ciel dégagé, rendait Mélia nostalgique. Alors que ses yeux observait le néant bleu, elle se souvint de la Terre. Pas que cette dernière lui manquait, mais l'impression de solitude l'envahie soudainement. Quoi de plus solitaire, qu'une jeune femme à des années lumières de chez elle ?

Le soleil ‒ ou ce qui semblait l'être ‒ était bien plus gros que celui sur Terre. Pour autant, il n'était pas plus envahissant, sa chaleur parfaitement dosée.

Devant naissait une forêt, aux arbres feuillus, et d'un vert kaki. Cirus décida d'arrêter l'animal, avant d'y pénétrer.

« Laissons le druin se reposer avant de continuer », dit-il.

Il descendit de la monture, puis aida Mélia à faire de même.

« Je dois seulement te prévenir, reprit-il, l'endroit est assez dangereux. Peu de gens s'y aventure, si ce ne sont nos prêtresses et prêtes. Ce n'est pas seulement un problème de ghastbrumes. C'est bien plus que ça. Mais tant que tu restes près de moi, et me laisse faire, on devrait pouvoir s'en sortir sans trop de problèmes. »

La jeune femme ravala sa salive. Le voyage s'annonçait bien plus compliqué qu'une simple promenade à dos de druin.


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