Le début d'une nouvelle vie



*****Elles me regardent toute avec excitation, la fac la plus réputée, le plus coté, le plus chic, nous voilà « Fervecho »!*****



 Dès que retentit la sonnerie une multitude de jupes et de cravates rouge et or se déversent dans les corridors boisés de Fervecho. Je me rappelai le prospectus, donné aux premières années dans l'entrée : « L'école recherche à être plus éblouissante chaque année, tant par son architecture que l'éducation dispensée aux privilégiés. Nous espérons que chacun apportera sa pierre à l'édifice royal de Fervecho... ».

J'ouvre mon casier bondé d'affaires en tout genre. Je souris, si Alyson voyait ça, elle aurait fait un de ses crises de ménage ! 2....7.....5.....9, je referme le cadenas et me retourne prête pour ma première heure de cours. « Théâtre », j'avais essayé d'obliger notre petit groupe de participer à la pièce jouée cette année « Le Cid » mais elles avaient toutes battues en retraite à part Gabe, qui, je crois, avait eu pitié de moi.

« -Alors toujours en avance ? Me crie Alyson à l'autre bout du couloir. Si elle était arrivée deux minutes plus tôt ... Je n'imagine même pas.»

Elle avait coiffé ses courts cheveux bruns en chignon et avait mis ses lunettes Givenchy qui faisaient ressortir ses grands yeux bruns. A la différence de ma mini-jupe à carreaux écossaise rouge et blanche, elle portait un tailleur brun qui tranchait avec le pull blanc et le blason royal vermeil et or de l'école. La veste cintrée achetée 2 mois plus tôt dans une petite boutique de Los Angeles détournait l'œil. Enfin, elle portait sur son bras gauche un sac déchiré et vieillot, cependant, je ne doutais pas qu'elle avait dû l'acheter dans un de ses magasins destroy à 2000 $ le sac.

Derrière elle, sa grande sœur me salua. Portrait craché d'Alyson, elle semblait beaucoup plus renfermée, du genre suiveuse. Je lui répondis d'un geste de la main.

«- Il vaut mieux être en avance non ?

-Assurément, dit Alyson en faisant les gros yeux et fixant un point derrière moi. »

Je me retourne et pouf de rire instantanément. Clio portait une micro-jupe similaire à la mienne qui soulignait ses grandes jambes, et un chemisier blanc transparent presque déboutonné. L'ensemble gardait un semblant d'uniforme avec la cravate. Je n'aurais pas dû être surprise, mais une clique de 10 personnes l'entourait. Clio fit un geste de la main et comme un seul homme, ils s'éparpillèrent d'un seul coup.

« -Je vois que tes courtisans sont déjà là, l'embête-je. Elle me tire la langue et me répond:

-Arrête ! Je ne veux pas parler de ça. Vous savez quoi ? Nous ne répondons même pas sachant très bien qu'elle le fera elle-même. Cette fille, crache-t-elle, cette vulgaire fille, avec sa jupe beaucoup trop courte (je ne fais aucune remarque même si ça me brûle les lèvres), ses seins beaucoup trop gros, m'a volée une courtisane !

Je lui réponds sérieusement, je sais que ces filles aussi fades qu'une pina colada sans alcool, lui sont très importantes. Depuis que nous sommes enfants, elle a toujours voulu être une reine suivie de son troupeau.

- Ne t'inquiète pas, je suis sûr qu'il y en des meilleurs et puis....

-Stop, la guerre est déclarée, les affronts à l'honneur ne se réparent point ! Et elle disparaît, en quelques secondes, la tête remplis de plans machiavéliques.» Alyson me jette un regard qui en veut dire long et s'enfuit vers l'aile droite, celle des sciences.

Pour ma part, je descendis un long escalier en marbre blanc, direction le théâtre. J'en avais vu des beaux théâtres, j'adorais ça, mais celui-ci avait un charme incomparable. Deux balcons de siège rouge surplombaient une scène charmeuse en demi-cercle. Des mosaïques ocre recouvraient tous les murs et des muses romaines y ressortaient, sous forme de sculpture. De part et d'autre de la scène, des fleurs luxuriantes enlisaient les colonnes. Le clou du spectacle était sans aucun doute les somptueuses arches du plafond et le dôme de mosaïques bleu et or.

À Fervecho le théâtre était très important, l'école participait à la compétition inter-fac et remportait le trophée chaque année. Un frisson me parcourra tout le corps quand j'entendis résonner une voix que je ne connaissais que trop bien :

« Crains-tu si peu le blâme, et si peu les faux bruits ?
Quand on saura mon crime, et que ta flamme dure,
Que ne publieront point l'envie et l'imposture !
Force-les au silence, et, sans plus discourir,
Sauve ta renommée en me faisant mourir. »

J'abaisse mes paupières, cette histoire d'amour impossible me mettait souvent les larmes aux yeux. Un homme prêt à mourir de la main de sa bien-aimée....

« Elle éclate bien mieux en te laissant la vie ;
Et je veux que la voix de la plus noire envie
Élève au ciel ma gloire et plaigne mes ennuis,
Sachant que je t'adore et que je te poursuis.
Va-t'en, ne montre plus à ma douleur extrême
Ce qu'il faut que je perde, encore que je l'aime »

Clamais-je, une douleur insaisissable dans la voix. Je rouvre les yeux et ressort de ce rêve éveillé. Autour de moi plane un silence saisissant, toutes les personnes de la salle se sont retournées et me regardent avec stupeur. Oh non qu'est-ce que j'ai fait ? Je n'aurais pas pu me taire ? Mais pourquoi ils ont choisi ma pièce préférée aussi ? Je m'arrête soudain et plonge directement dans son regard vert ensorcelant. Il me fixe aussi, hésitant entre le rire et l'émerveillement. Un lien invisible se créait.

« -Mademoiselle vous êtes prise pour le rôle de Chimène, je vous veux absolument ! Et vous jeune homme, vous êtes toujours le meilleur, mais ce n'est pas une surprise ! S'exclame le professeur de théâtre, un homme à l'air un peu fou avec ses cheveux blonds en bataille et ses yeux bleus globuleux. »

« -C'est génial ! Moi je joue Dona Urraque ! On va jouer ensemble, tu te rends compte ? Et des premières années en plus ! Cris Gabe qui apparemment a fait une remarquable prestation car les premières années sont rarement sur les planches. »

Je souris et lui serre les mains, elle me pousse vers la sortie, en me fourrant l'emploi du temps dans les mains comme on donne un joyau Yves Saint Laurent à une reine. Elle me parla ensuite des magnifiques garçons qu'elle avait regardés pendant toute l'audition, surtout celui avec des yeux vert extraordinaire, mais elle tergiversait encore avec l'autre, avec « son regard de braise » et « ses magnifiques fesses ». Je rigole avec elle. Elle est mignonne avec son nœud brun qui ferme sa chemise blanche aux niveaux du coup et sa jupe au-dessus du genou. Ses cheveux blonds et bouclés, ses joues roses et ses yeux bleus me font toujours penser aux ravissantes poupées en porcelaine.

La journée s'écoule lentement, les nouveautés m'émerveillent, les professeurs me surprennent, les élèves me font rêver. Les écoles royales se ressemblent cependant, il y a une sorte de charme élégant qui entoure les personnes. Tout brille, tout est beau, tout ressemble à une pièce de théâtre parfaitement jouée, à un dessin parfaitement esquissé. Mais je peux remarquer sous ses couches de surbrillance, un fléau sifflotant à chaque couloir, prêt à me sauter dessus. Je ne m'en inquiète pourtant pas, trop heureuse.

La fin de la journée arrive avec le bruit assourdissant de la sonnerie. Je sors du grand bâtiment en brique recouvert de grandes baies vitrées. Un modèle de mélange entre l'ancien et le moderne. Je parcours la magnifique cours de pavés rouge. Des groupes sont rassemblés près des fontaines et des arbres. Quelqu'un s'approche, c'est un garçon pas plus grand que moi, le corps maigrichon et le visage ravagé par l'acné, cela faisait longtemps que je n'avais pas vu quelqu'un comme ça.

« -Salut, Jacob Hawkins. Se présente-t-il. Je comprends mieux, Hawkins, l'une des plus grandes entreprises de télécommunication du monde.

-Bonjour, Eden de Moreges.

-Tiens, c'est de la part d'Aaron. »

Il n'a pas besoin de dire le nom de famille, je sais très bien qui sait, tout le monde sait qui sait, c'est le prince ! Il me tend alors 4 cartons d'invitation, sur le devant est marqué d'une écriture dorée et élégante ;

« _Le Milano_

20h00

Eden de Moreges»

Sur les trois autres est marqué le nom de mes amies. Je relève la tête, mais Jacob a déjà disparu.


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