Chapitre 21 : ma liberté
Hugo aide Marie à embarquer dans l'habitacle de sa voiture. Il range le fauteuil roulant dans le coffre. La jeune femme est pensive, la tête posée sur sa main contre la portière. Hugo la fixe, avant de démarrer en silence. Il connait son amie. Il sait comment elle fonctionne. Il ne faut rien dire pour qu'elle se confie. Tôt ou tard elle parlera . Ce n'est qu'une question de temps.
C'est au niveau de la boulangerie qu'elle ose prendre la parole.
- Ça c'est bien passé l'écho d'Elo ?
- Tu y a pensé ?
- Ben attend, évidemment
Hugo sourit. Marie a toujours su être présente. Toujours attentive à ce qui se passe. Que ça soit pour ses amis, sa famille et même pour ses collaborateurs. Pas une fois, elle a oublié la date d'anniversaire de ses employés. Pensant à leur offrir un petit présent le jour même. Et proposant toujours son aide en cas de coup dur.
- C'était trop bien.
- Vous avez demandé le sexe ?
- Ouais
- Alors ?!
- C'est un petit mec !
- Ah trop cool ! C'est ce que tu voulais en plus
- Ouais grave on est trop content.
Marie sourit. Elle monte le son de la radio, entendant les premières paroles de « ma liberté de Moustaki», sa chanson préférée quand elle vole en parapente.
La route se poursuit jusqu'à arriver devant le portail du couple. Hugo sort Marie de ses pensées.
- Marie ?... Marie ?
- Hein quoi ? sursaute la jeune femme.
- T'as la clé du portail ?
- Euh ouais
Marie récupère son sac avant d'appuyer sur la télécommande. Le portail s'ouvre. Hugo engouffre la voiture dans l'allée avant de s'immobiliser au plus prés de la porte d'entrée.
- Et voilà
- Attend ! dit la jeune femme en récupérant l'avant bras du jeune homme qui s'apprête à sortir du véhicule.
- Qu'est ce qu'il y a ?
- J'ai pas envie de rentrer ... tu veux pas m'emmener ailleurs ?
- Euh si, si tu veux, tu veux aller où ?
- ...Là haut dit Marie en montrant le ciel
- Tu veux revoler ?
- Ouais.. je crois que ça me fera du bien, et j'ai pas envie d'appeler l'école de parapente.
- Euh mais t'es sûre que c'est une bonne idée ? Vaut peut être mieux attendre encore un peu
- Non ! j'en peu plus d'être clouée au sol. Ça me bouffe. Et je veux le faire avec toi Hugo. Je sais que tu feras gaffe.
Hugo fixe plusieurs seconde la jeune femme. C'est clair qu'accroc comme elle est au vol, c'est peut être la seule chose qui est capable de lui faire retomber en pression.
- Euh ok, mais je n'ai pas de parapente sur moi là
- Tiens les clés de la maison, prend l'un des miens, tu sais où c'est ?
- Ouais ... j'arrive
Hugo récupère le trousseau de clés de Marie avant d'entrer dans la maison. Rapidement, il se dirige vers le bureau de Marie. Elle y entrepose 3 parapentes. Il hésite un instant avant de prendre le 2ème : une voile souple, facile à manier, dans n'importe qu'elle condition météo. Il récupère également le sac à dos de la jeune femme, dans lequel elle y met tout ce qui peut lui servir en vol, et notamment sa petite enceinte, pour voler tout en écoutant de la musique.
Il hésite un instant, avant de monter à l'étage pour rejoindre la salle d'escalade privée d'Alex, pour y récupérer deux cordelettes et deux mousquetons supplémentaires.
Il ressort et embarque tout à l'arrière de sa voiture, avant de déposer le fauteuil roulant de la jeune femme dans l'entrée de la maison.
- j'espère qu'on fait pas une connerie, il va dire quoi le toubib ?
- On s'en fou. Tu gères en para Aigle. T'inquiètes ça va le faire.
- D'accord, mais tu me promets que si ça va pas tu me le dis et j'atterris direct
- Oui !
Hugo fait siffler le moteur en marche arrière sur le gravier de la propriété du couple, avant de prendre le col de Gauros qui mène au lieu de décollage juste sous la télécabine.
Après 20 minutes de route en épingle à cheveux, ils arrivent sur le parking. Le 4x4 d'Hugo se gare en vrac sur l'herbe.
- Je suppose que tu assiste ?
Marie approuve d'un signe de la tête. Il sourit.
- Je sais même pas pourquoi je demande rigole t-il.
Le jeune homme fait le tour du véhicule avant de porter Marie, telle une princesse, jusqu'à l'installer sur l'herbe de la piste de décollage.
- je vais chercher le matériel. Prend ça pour pas avoir froid.
Il lui installe une couverture de survie sur les jambes. Il part ensuite l'ensemble du matériel nécessaire pour décoller en parapente : le harnais, la voile, les mousquetons, la radio.
Marie a toujours voulu assister à la préparation, même quand elle est passagère. C'est sa règle. 4 yeux valent mieux que deux. Et quand ils volent ensemble avec Hugo, que ça soit en parapente, base jump ou parachute, chacun vérifie le matériel de l'autre avant de sauter. Marie observe le ciel. Certes il n'est pas d'un bleu éclatant, des nuages sont en train de monter. Mais ils sont inoffensifs. D'ailleurs ils ne sont pas seuls à profiter de ces conditions météo. Cinq parapentes sont en position, prêt à décoller.
Hugo déplie rapidement la voile rouge et orange avant d'installer l'ensemble du nécessaire pour décoller. Il enfile un harnais à Marie.
- Tu nous files un coup de main ? demande Hugo Nicolas, un des parapentistes régulier du site.
- Ouais
Hugo accroche Marie à lui.
- T'es prête ?
- Ouais...
- Ok c'est parti, je cours devant et toi Nico tu m'aide en portant le poids.
- D'accord
Les trois jeunes gens se positionnent. Marie souffle nerveusement alors qu'Hugo finit par décoller avec l'aide de Nicolas sans encombre.
Ils décollent. Marie a le souffle coupé. C'est tellement étrange comme sensation : un mélange d'angoisse et de plaisir. Elle angoissait face à l'image de flash de l'accident, ses sensations physiques de lutter contre la voile. Mais rien. Voler est tellement naturel pour elle. Et être là haut, lui fait tellement de bien1. C' est son refuge. Personne ne l'emmerde. Tous les problèmes restent en bas. Et c'est encore la meilleure façon d'enlever le stress, l'énervement. En parapente, il faut toujours être à ce qu'on est, et rester calme.
- Ça va ? s'inquiète Hugo
- Ouais, ouais... c'est trop bien.
- Tu me dis
Hugo s'avance dans les airs. Il prend un thermique pour monter, avant de stabiliser la voile.
Marie profite des sensations retrouvées, tout en observant les massifs.
Après environ une heure de vol, alors qu'Hugo fait un virage sur la gauche, des flashs de l'accident remontent à l'esprit de la jeune femme. Elle se voit à la lutte avec les commandes, son corps penché dans le baudrier pour éviter à tout pris la falaise. Cela en est trop pour la jeune femme.
- T'approche pas. !
- Hein ?
- Recule de la paroi s'il te plait !!
- Ok, ok excuse moi dit Hugo en changeant de direction.
- Je préfère qu'on arrête.
- D'accord
Hugo finit par atterrir le plus délicatement possible sur la piste d'atterrissage privée de Marie : une cible isolée des arbres dans son jardin.
- Ça va ? Qu'est ce qui s'est passé ? demande t-il en se détachant de Marie pour lui faire face
- Ouais, ça va c'est rien, c'est juste que j'ai flippé j'ai vu la roche approchée ça m'a rappelé l'accident c'est tout.
- Ah merde, je suis désolé. Mais tu sais on était loin on risquait rien, on avait peut être 400mètres de distances.
- Je sais, j'ai flippée je suis désolée
- T'inquiète petit oiseau dit –il en posant ses lèvres sur son front. Je suis content d'avoir fait ça pour toi. On rentre ?
- Ouais
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