chapitre 2 : leur refuge

Le lendemain dans la matinée :

Aujourd'hui est un grand jour dans la vallée. On est vendredi et c'est l'ouverture de la saison de ski  d'Arrangue.

Cette station familiale est dirigée par Marie avec l'aide d'Alex qui l'assiste en tant que chef des pisteurs-secouristes.

Eux deux connaissent le domaine skiable comme leurs poches, pour avoir skié depuis leur plus jeune âge sur ses pentes enneigées.

Bien que depuis un an la station s'est agrandie pour arriver à  quarante et une pistes : six vertes, quatorze bleues, treize rouges et huit noires, réparti sur deux secteurs : le secteur de Gauros à l'Est et le secteur de l'Adret  à l'Ouest. Avec à la jointure des deux, le poste de secours principal qui va être le QG de Marie, d'Alex et de leurs coéquipiers pour toute la saison de ski.

Il n'est pas loin de 9h00 lorsque Marie arrive aux hangars de Gauros. Elle y  retrouve les dameurs, qui rentrent de leur interventions pour damer les quelques pistes ouvertes pour le premier jour de la saison, et les pisteurs-secouristes, ainsi qu'Alex qui chapeaute l'ensemble des actions en temps que chef des pisteurs-secouristes.

Elle klaxonne.

Alex, occupé à ranger les matelas de pistes, s'arrête et relève la tête. Il sourit et interrompt son activité avant de s'avancer, en chaussure de ski vers la voiture.

Marie baisse la vitre.

— Coucou.

—Salut chérie.

—Vous vous en sortez ?

—Ouais doucement mais sûrement. Ils sont en train de finir l'Ourson, Gentiane et l' Husky.

— D'accord.

Il se penche et laisse passer sa tête à travers la vitre pour l'embrasser doucement. Elle dépose sa main dans ses cheveux noirs ébouriffés et lui rend le baiser tendrement.

—T'as réussi à tout prendre ? demande le pisteur.

—Ouais, t'as la motoneige ?

— Je vais la rapprocher, on va aller tout déposer.

—Je peux rentrer la voiture dans le hangar ?

— Euh ouais, attend je vais tasser la neige. Tu veux que je le fasse ?

— Ben j'essaie tu le fais si j'y arrive pas.

—Ok, bouges pas, dit il en l'embrassant tendrement.

Il récupère une pelle et aplatit la neige durant plusieurs minutes, puis il lui fait signe.

— Vas-y passe bien dans les traces, braque.

Elle s'exécute, ça patine légèrement. Il fronce les sourcils, inquiet pour elle, avant que la voiture ne s'engouffre sans encombre dans le hangar, avec les motoneiges et les dameuses.

La voiture va rester ici tout l'hiver.

— Parfait, je vais chercher la motoneige.

Il lui caresse la main alors qu'elle descend de la voiture.  Puis il part chercher la motoneige avec la remorque.

Marie ouvre le coffre, rempli de malles en plastique et en métal, ainsi que deux sacs de voyage.

Il faut charger tout le nécessaire pour tenir durant la saison. Seule les courses fraîches seront approvisionnées chaque semaine, mais le gros doit être déménagé.

En effet, adeptes des grands espaces, les deux jeunes gens ont décidé de rejoindre un chalet de montagne à quelques encablures du domaine de ski, nommé « la grange ».

Au bout de 20 minutes tout est chargé dans la grosse remorque. Alex installe les skis dans les compartiments prévus à cet effet.

C'est alors que Marie interpelle un des pisteurs, Franck, le bras droit d'Alex avec Hugo, il gère le secteur de Gauros.

— Franck, on va à la grange avec Alex, vous oubliez pas la réunion ce soir.

—Ok, à plus tard répond–il.

Elle s'installe sur le siège passager de la motoneige. Il la rejoint. Elle entoure sa taille, sa tête posée contre son dos.

—T'es prête ? demande Alex.

—Oui, c'est bon , dit-elle en mettant la visière de son casque.

Il démarre et trace sur la piste verte de la balade puis coupe sur la piste bleue de Sarios II, avant de dévier sur la gauche. Il arrête la motoneige, descend puis décroche une chaîne avec une pancarte rouge sur laquelle est marqué « propriété privée. »

Il passe la chaine avec la motoneige avant de la remettre en place.

Au bout que trois cents mètres dans les sapins enneigés, en sorti d'un virage, ils découvrent la grange. Elle s'appelle comme cela du nom de son ancienne fonction.

Il s'agit d'une ancienne bergerie totalement réaménagée, achetée en même temps que la station de ski. Elle est accessible par un ancien chemin forestier en été et reliée à la station par le télésiège du lac, en référence au lac gelé qui se trouve à vingt mètres de l'habitation, le lac Axel, en contrebas.

Le ciel est d'un bleu vif, pas un nuage. Ceux-ci sont retenus par le sommet du vallon, au bord du domaine skiable.

Il arrête la motoneige, coupe le moteur, avant de descendre puis de tendre sa main, en direction de la jeune femme. Elle l'attrape et descend.

—Et voilà.

—Merci

Il lui saisit les hanches, dans un mélange de douceur et de fermeté, avant de lui adresser un regard attendrissant.

Il saisit ses lèvres.

—Eh bé ! rigole-t-elle un mélange de surprise et de satisfaction dans la voix.

—Quoi ? T'aime pas ? On est seuls. On a la montagne pour nous.

Elle lui rend un baiser lui faisant croire quelle cède à ses avances, avant de se reculer, au moment il en demande un peu plus.

—Stop, on bosse d'abord. Faut tout décharger, dit –elle, en tant que cheffe.

Il soupire avant d'acquiescer.

— On a cas tout poser dans l'entrée.

Bien que la neige ne soit pas encore abondante. L'herbe est recouverte d'une soixantaine de centimètres, rendant difficile l'accès au refuge.

Alex aplatit de nouveau la neige sur une dizaine de mètres.

Il plante la pelle dans la neige fraîche, alors que Marie arrive avec un premier sac. Il lui tend la main pour récupérer le sac, alors qu'elle plonge sa main dans la poche de son pantalon de ski. Elle en sort un trousseau de veilles clés avec un porte-clé en forme de flocon métallisé.

Elle enfonce la clé et la tourne vers la gauche dans la serrure. Elle pousse la porte.

— Bouu il ne fait pas chaud, dit–elle en ressentant le frais dans l'habitation, inoccupée depuis plusieurs mois, en avançant à l'intérieur.

Alex s'engouffre dans le refuge et ouvre le volet en bois en face de lui, laissant apparaître une agréable pièce de vie.  Avec à droite prés de la baie vitrée, une grande table de ferme, typique des tables que l'on peut trouver dans les refuges de montagne. Et un peu plus loin, un canapé gris en face d'une cheminée qui contient un insert et un tapis blanc crème.

A droite en rentrant se trouve un petit espace qui fait office de cuisine. Puis à gauche, un escalier en colimaçon métallique noir, permet de monter à l'étage, où se trouve la salle d'eau et la chambre principale avec une grande baie vitrée en verre trempée, qui permet de voir ,sans être vu, le chemin forestier et le lac gelé.

La décoration est dans les tons beiges et bois, un véritable aspect chalet de montagne. Ils ont choisis à deux cette ambiance, pour un refuge accueillant, le leur.

—On va faire un feu, histoire de réchauffer pour ce soir.  Je vais chercher des bûches.

— Ok

Il  récupère le panier à bois, avant de passer par la porte vitrée. Il traverse la terrasse en bois recouverte de neige. Les bûches se trouvent sous un abri. Il récupère trois bûches de différentes tailles, ainsi que du petit bois. Mais également de l'écorce de bouleau, qu'il vient découper avec la hache, une vingtaine de centimètre pour faire partir le feu. Un excellent combustible naturel.

Il retourne dans le chalet  alors que Marie est déjà entrain de ranger, cafés, pâtes, conserves, le minimum de vivre nécessaire.

Il installe les morceaux de bois dans la cheminée, puis craque une allumette. Les flammes embrasent doucement l'écorce de bouleau, puis le petit bois avant de se propager à la première bûche. Il ferme l'insert.

Il se redresse avant de venir derrière elle, ses mains enlacent son ventre, puis vient embrasser sa chevelure, puis descend lentement pour venir déposer deux baisers dans son cou. Sa main caresse ses cheveux.

— Je vais brancher les panneaux. Si on veut avoir de l'électricité ce soir et j'arrive t'aider pour ranger les affaires.

— D'accord dit–elle en se retournant dans ses bras et en l'embrassant tendrement.

Il s'éloigne pour sortir par l'entrée de la grange. Il s'enfonce dans le ravin en tapant la neige de ses pieds pour faire une sorte d'escalier de neige. Il ouvre un boitier électrique, actionne un bouton avant de remonter sur le terre plein.

Après quinze minutes, le rangement est terminé. La remorque de la motoneige est enfin vide.

C'est alors qu'il ferme la porte d'entrée grâce à son pied d'un geste en arrière.

Il lui saisit doucement  son visage par les deux mains et l'embrasse.

Les mains de Marie s'enroulent autour de ses épaules.

— Alors Madame la directrice on a droit à une pause ?

—Une petite alors, sourit –elle.

Il sourit et lui adresse un baiser avant de lui prendre la main et d'entrelacer leurs doigts.

—- Viens, dit-il.

Il gravit l'escalier en colimaçon, lui en premier, elle à sa suite.

***

Les deux bûches mises dans l'insert quelques instants auparavant sont désormais calcinées, laissant la place à de la braise encore rouge orangée.

A l'étage, Alex et Marie savourent le moment passé.

Sa tête posée sur son torse, il ferme les yeux alors qu'elle observe la vue de la montagne derrière la vitre sans tain.

Sa main caresse son ventre plat de façon circulaire.

—Ce n'est pas raisonnable quand même, sourit–elle légèrement.

— On s'en fou de ce qui est raisonnable. On a bien le droit de prendre un peu de temps pour nous.

— Hum ouais.

Sa main remonte sur son visage, elle embrasse la paume.

Mais ce geste tendre est interrompu par un bruit sourd. Le téléphone d'Alex posé, sur la table de nuit en forme de rondin de bois, vibre.

— Orh non, peste Marie en tournant la tête sur les abdos d'Alex.

Il récupère son téléphone posé sur le tabouret, jette un œil sur l'écran pour voir l'appelant, puis décroche, tout en se redressant légèrement.

— Allo... ouais, qu'est ce qu'il ya ? ... Non j'ai dû la laisser sur la motoneige, pourquoi ? .... Marie ? Euh ouais... Ok je lui dis. Ouais A+

Il raccroche et repose le téléphone.

— C'était qui ? demande Marie.

— Yann. Il te rappelle ton rendez-vous avec le Maire à ton bureau.

Yann est  l'assistant de Marie. Pendant la période hivernale, c'est les yeux et les oreilles de la station. Rivé sur les écrans de contrôle, il gère également l'emploi du temps de Marie.

Et ce rendez-vous, c'est le passage du Maire pour s'assurer que le premier jour d'ouverture se passe bien et que tout est prêt pour accueillir les touristes qui vont peu à peu envahir le petit village d'Arrangue.

Marie se relève d'un bond réalisant son erreur.

—Merde !! Je l'ai zappé.  Il est arrivé ?

— Non. Il a appelé. Il aura quinze minutes de retard.

—Je n'y serais jamais.

— Passe par les crêtes et recoupe par la forêt, en speedant c'est jouable. Je vais m'arranger pour qu'on t'ouvre les remontées.

—Ok.

Moins de deux minutes plus tard, elle est habillée et refais son chignon.

Elle se penche pour l'embrasser. Ses lèvres effleurent les siennes.

— Je file, bisous.

Elle descend l'escalier en colimaçon laissant Alex dans le lit.

***

Elle finit par arriver au QG des pisteurs.

Effectivement, Alex a bien fait les choses. Il a prévenu les équipes des remontées mécaniques, qui ont permis à Marie de couper à travers les pistes puis reprendre le téléski à mi-chemin pour remonter au poste de secours central.

Elle passe par la petite porte, et retrouve Yann son assistant et ami. Un grand baraqué chauve au tatouage sur les avants bras et aux yeux bleus avec un bouc parfaitement taillé.

— Enfin ! Ce n'est pas trop tôt. Je sais plus quoi lui dire.

—- Excuse-moi, il est là depuis longtemps ?

—Deux-trois minutes, je dirais. Mais tu sais comment il est. J'ai dis que tu finissais un rendez vous téléphonique avec un fournisseur.

—Merci tu me sauve la vie.

Elle récupère son portable et tape un message, destiné à Alex.

De Edelweiss à Coeur, 11h15 :

« Merci mon cœur, je suis arrivée  juste à temps. »

De Coeur à Edelweiss, 11h16 :

« De rien mon amour, tant mieux, je suis content. A plus tard. Bisous ».

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