Chapitre 16 : la chute

L'hélicoptère de la gendarmerie tourne sur le tarmac. Hugo, habillé d'un parka orange et  d'un pantalon noir, et Maxence, habillé d'une veste des forces de l'ordre, courent pour embarquer.

Ils récupèrent les casques pour pouvoir communiquer facilement.

— Go

— J'espère que ça va aller.

—  On va les retrouver t'inquiètes.

—  C'est qui ces types avec qu'ils sont ?

— Des trafiquants... il t'as rien dit Alex ?

— Non... je suppose qu'il avait ses raisons.

—  On passe par où ? demande le pilote

— Hugo ?

—  La face Est à proximité de la  Barre des Anges et du Chemin de la Demoiselle.

Les guides ont donnés ce surnom à  cette barre rocheuse, particulièrement difficile, à cause des cinq alpinistes qui y sont morts.

—  Elle est plutôt raide, t'es sûr ?

— Certain. C'est plus à l'abri des rafales, il ne prendra pas de risque avec Marie.

—  Ok ... t'inquiète pas, il gère.

— Ouais, dit Hugo pensif.

L'hélicoptère prend le cap du Nord en direction du Mont Sarroc et du Grand Baou.

C'est vrai que ses deux amis d'enfances ont plutôt les states en leur faveurs.

Flashback

A Lyon, il y a 14 ans :

Marie accourt dans la rue, tenue par Alex et Hugo dans chacune de ses mains. Aujourd'hui c'est les résultat de leur examen : pisteur secouriste et guide pour Alex et Hugo et la  grande Ecole H.E.C option montagne pour Marie.

Ils arrivent sur le campus. Aujourd'hui c'est les résultats. Cette année a été rude. Alex et Hugo ont passé la quasi-totalité de leur temps dans la montagne, tandis que Marie avait le nez rivait dans les bouquins. Mais ce n'est pas pour ça qu'ils n'ont pas maintenu le lien. Ils se connaissent depuis la maternelle. Ils sont inséparables. Ils forment trois duo : Alex / Hugo pour la grimpe et les chalenges , Hugo / Marie pour le parachutisme, et Marie /Alex pour leur complicité indéniable.

L'ensemble des résultats de toutes les écoles sont rassemblées devant amphithéâtre de l'AULA MAGNA.

Hugo  se fraye  un  chemin à Marie jusqu'aux affiches.

Chacun cherche leur nom.

— Putain ! On l'a on est premier et deuxième !! crie Hugo

—  Non tu déconnes dit Alex en s'avançant

Il regarde la fiche marquant leur nom et prénom : 1er Alex Norka, 2eme Hugo Lagrange.

—  Ah !! je suis trop contente.

Alex étreint Hugo avant de sauter tout les deux.

— On l'a eu mon pote !!

Puis il fait la mème chose avec Marie

—  Et toi c'est où ? demande Alex

—  Là-bas j'ai la trouille.

— Et je crois en toi je suis sûr que ça va aller.

Il récupère sa main avant de s'avancer légèrement.

Tous cherche son nom, puis le voit : 2ème Marie Watson

—  Tu l'as ! tu l'as !

Elle explose de joie avant de laisser les larmes l'envahir, la pression redescend.

Alex rigole avant de la plaquer contre lui.

—  C'est fini, t'as réussi.

C'est alors qu'une des professeurs arrivent.

— Félicitation Mademoiselle Watson.

—   Merci.

—  Vous avez vu vos notes ?

—  Pas encore, on va aller les chercher.

— C'est les maths qui vous ont mis dedans sinon vous passiez haut la main. Votre démonstration en gestion était parfaite.

—  C'est gentil, je savais que j'allais perdre des points avec les maths c'était sure, j'ai essayé de compenser ailleurs

—  C'est réussi.

Finalement après une heure d'attente chacun récupère ses notes. Alex obtiendra 19/20 en ski hors piste et 21/20 en escalade de rocher , le catapultant d'office majeur de sa promo. Hugo en deuxième, passera les test haut la main également : 19,5/20 en ski dépassant ainsi Alex, car ce dernier fut déséquilibré sur un trou de neige, heureusement sans tomber, et 17/20 en escalade. Et 17/20 chacun dans les épreuves théorique de météorologie, de connaissance de la montagne et gestion en générale. Marie obtiendra elle, 8 /20 en math, mais 18/20 en gestion, 17/20 en comptabilité, 16/20 sur les oraux de présentations et les langues étrangères et 16/20 pour l'option ski et randonnée.

***

Fin de Flashback

Ce sont deux excellents alpinistes et Alex est plutôt du genre ultra prudent mais il ne peux pas s'empêcher aux impondérables de la montagne.

***

Les voilà à quatre mètres du sommet et donc de la frontière. Ce coté du Baou est un promontoire de quelques mètre carrés, avec à droite le Mont Sarroc et entre les deux le ravin du Chemin de la Demoiselle. Il s'agit d'une cavité de trois cents mètres de gaz sur quatre vingt mètres de larges.

Aurélien récupère le sac noir avant de s'avancer au niveau d'Octave.

— On fait comme la dernière fois. Tu m'assures. Ordonne Octave à Alex.

Alex descend son sac à dos et récupère une corde de quinze mètres.

—Tu y vas aussi toi ? demande Alex à Joachim.

—Oui.

Il sangle le chef des malfrats et son comparse avant de sceller la corde au relais en corde courte. il lui laisse  cinq mètres. Il récupère deux longes. Il en accroche une à son baudrier avant de s'avancer discrètement vers  Marie.

— Tu fais quoi ? demande Marie à voix basse, voyant Alex attaché la longe à son baudrier.

— Tu me fais confiance ?

— Évidement ! Pourquoi ? dit–elle en chuchotant.

— Parce que je vais te demander de me suivre sans te poser la moindre question, et de ne surtout pas t'arrêter dit-il à voix basse.

Elle l'interroge du regard avant d'acquiescer d'un léger signe de tête.

Alex la fait se décaler légèrement contre un monticule rocheux, en lui attrapant la hanche. Elle le fixe, se laissant faire aveuglement.

Il récupère trois dégaines qu'il lui attache sur son baudrier, avant de faire semblant de se poser l'air de rien contre le rocher. Il remet son sac sur le dos et lui adresse un clin d'oeil rapide, invisible des truands.

Octave avance en direction de la frontière. On entend deux voies qui se manifestent en direction de la frontière suisse. Deux hommes apparaissent.

— Salut, vous avez la marchandise ?

— Oui et vous l'argent ?

— Dans le sac, dit Octave en montrant le sac tenu par Joachim.

— Envoyez!

—Les faux papiers d'abord.

Alex fixe Marie, pas forcément  très rassurée face au ton employé par Octave.

C'est électrique à 4135 mètres d'altitude.

Une enveloppe et le sac de billet sont échangés. C'est alors qu'un bruit sourd retenti en direction du nord.  Tout le monde regarde dans les airs aux alentours, rien. Jusqu'à que hélicoptère de la gendarmerie apparaisse.

Et là en un quart de secondes, tout bascule.

Alors que les Suisses commencent à tirer sur l'engin volant et que les gendarmes répliquent. Alex fouille de sa main dans la neige, il sort trois mousquetons reliés à trois cordes, enfuit au sol dans la neige.

Il accroche la longe de Marie et la sienne à ces trois mousquetons, et relient Marie à son baudrier en clipsant les trois dégaines.

Il lui attrape la main.

— Court !!!!

Il tire la main de Marie qui n'a pas le temps de réaliser ce qu'il se passe. Elle suit Alex dans sa course folle en direction du ravin, accrochée à lui. Trois cordes sortent de la neige, par sa force : une jaune, une verte et une orange . Il tire sur la cordelette elle passe littéralement devant lui alors que ses pieds ne touchent plus le sol.

- ALEX !!! AHHHHHHH hurle-t-elle.

Leurs corps accrochés ensemble plongent dans le vide du ravin de la Demoiselle, plusieurs secondes de chutes libres avant que les trois cordes se tendent quatre vingt mètres en dessous. Arrêtant nette leur chute. Les trois cordes balancent dans le vide accrochées à un câble métallique en contrebas. Marie souffle mais Alex se hisse et  scelle à nouveau deux mousquetons au dessus de sa tête.

Un décalage s'opèrent au niveau des cordes les faisant chuter d'environ cinquante centimètres.

—Alex !!

— C'est normal, dit–il d'une voix posée, regardant les trois cordes et les mousquetons.

Même si elle connaît un peu le milieu de la grimpe, Marie a du mal à comprendre  l'enchevêtrement de cordes et de mousquetons qu'à opéré Alex. Il doit très certainement avoir ses raisons et il a l'air de savoir ce qu'il fait, vu que ses mouvements et prises de décisions sont rapides et claires.

Les cordes se tendent, alors qu'ils se dirigent vers la falaise en suivant une corde posée là en plein milieu du vide. Une tyrolienne.

—On vas s'écraser !!

Elle ferme les yeux. Alex l'entoure de ses jambes avant d'amortir l'atterrissage  en pliant les genoux à l'impact.

—- C'est fini, indique Alex, en s'accrochant à la paroi de la main droite.

Elle ouvre un œil puis deux avant de constater qu'un objet n'a rien à faire là.

— C'est quoi ce truc ?

Alex lui adresse un sourire. En effet, un matelas d'escalade est posé sur la paroi. A l'endroit même où l'impact a eu lieu. Ce qui explique que l'impact a été aussi « doux » face à la vitesse.

—Bouge pas, indique Alex.

Alex force sur son bras droit. Avant de caler Marie avec son bras gauche, entre la paroi rocheuse et son corps.

Il récupère une corde à vache posée sur la paroi et attache Marie.

— Pose tes pieds sur les marques jaunes.

Marie regarde ses pieds et constate que de la peinture jaune est posée sur le rocher.

Elle s'exécute sans broncher. Il lui pose la main sur une autre prise indiquée en rond jaune.

Il se vache. Et décrochent les trois cordes qui continuent de se balancer au niveau de la combe du Chemin de la Demoiselle.

— ... Ça va ? demande-t-il une fois  s'être assuré qu'ils ne risquent plus rien.

— Euh ouais, enfin je crois. Mais d'où ça sort ? C'est toi qui a organisé tout ça ?

— Ouais.

Elle le fixe un instant avant de l'embrasser fougueusement. Il lui rend son baiser.

—Je t'aime.

— Moi aussi je t'aime.

Elle regarde un instant le vide en dessous d'eux, avant de voir les trois cordes qui se balancent dans le vide. En effet, Alex a pas hésité  à tripler les assurages.

— On fait quoi maintenant ?

Il sourit. Avant de monter de cinquante centimètres. Il s'installe sur une petite zone rocheuse plane d'environ un mètre carré. Il lui sourit avant de lui montrer un sac d'escalade noir, accroché à une corde au rocher pour pas qu'il ne tombe.

—C'est quoi ça ?

— Viens, dit-il en lui tendant la main.

Elle la saisit. Il la tire. Marie est très légère. Il n'a pas de mal à la soulever.

Il l'embrasse, avant qu'il ouvre la fermeture éclaire du sac. Il contient plusieurs cordes et mousquetons.

Des coups de feu se font entendre en direction du sommet. Ils se calent contre le rocher, invisibles depuis le haut. Seuls le matériel est visible.

— Ils les ont attrapés ?

— Je crois. J'ai dû leur faciliter la tâche en les accrochant au rocher, rigole t-il, vu comment j'ai serré les nœuds.

Elle sourit.

—T'as tout prévu en fait.

— Hugo va hurler. J'ai chouré toutes les cordes de la salle et même quelques cordes de la station mais j'ai prévu large. Heureusement que tu es légère, à la base c'était que pour moi ce stratagème.

— On passe par où maintenant ?

—On va redescendre par le Mont Sarroc, tu t'en sens la force ?

—Ouais j'ai les jambes un peu flageolantes mais ça va.

Il sourit et caresse le dos de sa main légèrement.

Il sort une corde qu'il attache à son baudrier puis au siens.

— Allons-y , les nuages montent indique t-il en avançant pour prendre la tête de l'excursion.

Il descend quelques mètres avant de s'arrêter. Il est stoppé par l'arrière. Il se tourne.

Elle n'a pas bougé. Elle le fixe, incapable d'avancer.

Il s'approche d'elle.

— Eh viens là , viens là.

Il la prend dans ses bras. Sa tête s'enfuit dans son cou.

—Respire, c'est fini. C'est fini.

Elle respire son parfum. C'est bon de le sentir contre elle. Il ressert un peu plus son étreinte. Son souffle saccadé par autant d'émotion se calme.

Il a réussit : ils s'en sont sorti vivants, ensemble et tout les deux.

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