chapitre 10: prudence est mère de sûreté

quarante cinq minutes plus tard:

Franck est assis sur le ban de la table de la grange.

Alex revient avec une bouteille de bière et un verre de whisky.

—  Tiens, dit Alex avant de boire une grande gorgée de whisky.

—  Euh le whisky s'est obligé ? demande Franck, inquiet devant l'attitude anormale de son ami.

Alex se met à faire les cents pas nerveusement, lui qui est d'habitude d'un self-control total.

—  Arrête tu me fous le tournis, pose toi s'il te plait.

Alex le regarde avant de basculer sa jambe droite, pour venir s'assoir sur le ban en face de Franck.

—  Raconte.

Alex le fixe avant de lui expliquer tout ce qui s'est passé depuis ce matin.

—  Et là il menace Marie !! Genre là si je ne fais pas ce qu'il dit, il s'en prend à elle.

— Mais pourquoi il fait ça si c'est un simple client ? Il y a quand même d'autre façon de te demander de faire une course, te proposer de l'argent par exemple.

— Justement, ce matin il m'a proposé un beau paquet de bifton pour la faire il a vu que ça marchait  pas il passe à la vitesse supérieure.

—  Mais c'est ridicule cette histoire, il y a autre chose. Il ne va pas la menacer pour une course.

—  Je suis sûr que c'est pas une course normale. Maxence m'a parlé de trafiquants qui cherchent à passer la frontière. Je suis sûr que le type que j'ai vu ce matin c'est lui, leur boss.

— Ok. Admettons. Dans ces cas là, tu appelles Maxence et tu lui racontes.

— Non ! Je ne mets pas Marie en danger, s'énerve Alex.

—  Tu lui as dit ?

— Sûrement pas. Je ne vais pas l'angoisser avec ça.

—  Mais tu vas lui dire comment que tu vas faire une course en plein hiver ? Elle ne te croira pas ! tu ne le fais jamais.

—  Je trouverai une excuse. Je ne prends pas le risque que des espèces de connard s'en prennent à elle.

—  Et c'est quelle course ? Tu sais ?

—  ....le Grand Baou, pour rejoindre la frontière.

— Le Grand Baou ?! T'es malade ??

Alex fixe Franck. Il sait très bien que son ami a raison. Le Grand Baou est le pic qui permet de regagner la frontière et surtout le moins surveiller devant la dangerosité du sommet. Des falaises de granites humides en hiver, un glacier remplit de crevasse, sans compter les risques de tempête dû au vent qui peuvent être parfois violent au sommet.

Même si Franck sait qu'Alex est un excellent alpiniste et grimpeur, pour avoir gravi plusieurs six mille dont le Mont Logan au Canada et le Cerro Mercedario en Argentine, et plus prés d'ici l'Eiger, un des sommets les plus dangereux . Il ne peut pas s'empêcher de songer aux six alpinistes qui sont morts en voulant gravir le Grand Baou. Pas forcement très élevé mais un sommet particulièrement technique.

Mais ce qui angoisse le plus Franck, c'est qu'Alex est complètement fou de Marie. Et c'est bien connu l'amour à ses raisons que la raison ignore.

—  J'ai pas le choix, je ne supporterai pas qu'il lui arrive quelque chose tu comprends ?! s'agace Alex.

— Tu préfères aller te vautrer avec des connards là-haut ?

Alex reste interdit.  il sait que Franck a raison. c'est du pur suicide.

***

le lendemain matin :

Alex arrive au restaurant d'altitude. Jette un œil à la salle. Roland lui adresse un signe de la main. Il rend la pareille, avant de passer la salle en revenue du coin de l'œil. Le voit. Il lui fait signe de la main.

Il s'approche d'une table un peu isolée des autres.

—  Alex. Ça me fais plaisir vous ayez changé d'avis à ce que je vois. Installez vous je vous en prie.

Alex tire la chaise et s'installe à table.

—  Mais merde vous voulez quoi à la fin ? demande Alex à voie basse à la fois inquiet et agacé.

— Je vous l'ai dis un guide.

- Il y en a des milliers dans la chaîne des Alpes, pourquoi moi ?

—  Parce que je vous ai dit,  il me faut le meilleur.

C'est vrai qu'en cherchant un peu sur internet, on peut voir facilement son parcours d'alpiniste dans les différents sites de sponsors : ses différentes ascensions de plusieurs six mille comme le Mont Logan au canada, les pics Argentins, les différentes ouvertures de voies d'escalades qu'il a fait à travers le monde (l'Himalaya, les Rocheuses...) mais également son sauvetage périlleux sur le Mont l'Eiger tout prés d'ici, où il a parcouru de nuit en montant sur les roches granitique avec un autre guide pour aider une cordée en perdition car l'hélicoptère ne pouvait pas décoller.

—  Vous me surestimer là.

—  Pas tant que ça. J'ai vu votre parcours, je sais de quoi vous êtes capable.

— Je vous ai déjà dit que ce n'était pas possible, pas dans ces conditions.

—  Oui mais moi je ne peux pas attendre et c'est bien pour ça que j'ai besoin de vous, je croyais avoir été clair la dernière fois.

—  En menaçant ma compagne ?

—  Oh menacer, de suite les grands mots non. Juste un simple avertissement ou une motivation. Tenez d'ailleurs pour vous prouver que je suis de bonne foi.

C'est alors qu'Octave sort une enveloppe marron qu'il balance calmement sur la table. Alex le fixe et la prend.

—  C'est quoi?

—   Ouvrez vous verrez bien ... je vous laisse juge

Il ouvre l'enveloppe et découvre plusieurs photos de Marie, dans la rue, sur les pistes, comme si elle était suivi mais surtout sur la dernière, il voit deux hommes en premier plan dont l'un qui montre de loin Marie en arrière plan. Il les reconnait c'est Joachim et Théo, les deux hommes qu'il a viré  de la salle d'escalade quelques jours plus tôt.

Alex avale sa salive.

— Effectivement maintenant vous pouvez considérer cela comme une menace. Un mot et ces deux là se feront un plaisir de s'occuper d'elle.

— ....Vous voulez que je fasse quoi ? dit Alex en serrant la mâchoire.

— Nous emmener là-haut pour nous permettre de faire une petite livraison.

—  Ok, à une condition.

— Laquelle ?

— Que vous ne l'approchez pas, ni vous ni ces deux types ni personne !

—  Si tu fais ce que je te dis, elle saura jamais qu'elle a été suivit.

— Ok, souffle Alex.

—  On peut partir quand ?

— Après demain, c'est mon jour de repos.

— Ok. On se retrouve où et à quelle heure ?

— Au parking des Driffes c'est un peu plus haut à droite après le village à 4h30. Vous serez combien ?

—  Deux

—  Ok.

— Pas un mot à personne.

***

2 heures plus tard :

Joachim fume un joint sur la loggia du chalet en bois traditionnel des Alpes, loué par Octave. Une voiture arrive. Octave en descend.

—  T'as pas autre chose à foutre toi ? demande Octave en voyant Joachim rêvasser

Ce dernier se redresse maladroitement avant de tousser, crachant ainsi la fumée inhalée quelques secondes plus tôt.

— Patron. Alors vous l'avez vu ?

—  Oui.

—  Qu'est ce qu'il a dit ?

—  Oh avec les bons arguments, il n'a pas rechigné. Il est tellement flippé pour sa nana.

—  D'ailleurs on ne pourrait pas s'amuser un peu ? Non parce qu'elle est canon quand même.

—  Tu la toucheras que si je te le dis et j'aimerai que t'arrêtes de penser avec tes bijoux de famille. Où est Théo ?

—  A l'intérieur, il devait entrer en contact avec Stan.

***

Le soir vient de tomber sur le village d'Arrangue. Il est 19h00 passée lors qu' Alex arrive à la salle d'escalade, fermée à cette heure-ci. Il compose le code de sécurité à cinq chiffres puis allume la lumière.

Il allume les néons de lumière blanche du premier étage, monte l'escalier et ouvre la porte de la réserve. Il balance deux sacs à dos d'une contenance de 60 l sur le matelas du bloc des enfants.

Il commence par récupérer plusieurs cordes de différentes longueurs, une cinquantaine de dégaines, trois gourdes, des coinceurs. Mais également trois baudriers, cinq assureurs, quelques mousquetons, des crampons et six piolets. Tout ce matériel est donné par les différents sponsors d'Alex qui subventionnent ses sorties et ascensions en montagne.

Il ouvre une petite boite rouge en métal , la boite à pharmacie pour la haute –montagne.

Outre, quelques bandages supplémentaires, il y a surtout de la Dexaméthasone. Un immunosuppresseur qui permet de lutter efficacement contre le mal des montagnes. Alex en emmène toujours trois doses, pour la sécurité de ses clients. Il récupère également une veste dorsale.

Cette course en montagne ne lui dit rien qui vaille, et autant assurer ses arrières.

Il s'arrête net en entendant la porte d'entrée.

Il ferme la réserve alors qu'on monte l'escalier quatre à quatre.

— Putain, mais c'est toi !!! dit  Hugo soulagé de trouver Alex.

—  Salut. Dit simplement Alex, en continuant d'amasser les affaires nécessaires à son expédition.

— J'ai cru qu'il y avait un cambrioleur quand j'ai reçu un texto indiquant que l'alarme s'était arrêtée. Tu fais quoi ?

— Rien !!

—  Oh il t'arrive quoi ? Cette après-midi personne pouvait t'approcher et là tu amasses du matos sans un mot, tu vas où avec tout ce bardas ? T'as une course ?

—  Ouais

—  Depuis quand tu cours en saison ?

—  Là c'est un client particulier, allez, je suis attendu par Marie. Je te laisse fermer.

Il porte les deux sacs sur le dos environ douze kilos chacun.

— A vendredi, dit seulement Alex, laissant Hugo déboussolé.

La nuit est noire désormais. A coté des hangars des dameuses, Alex chausse ses skis, installe sa lampe frontale, puis porte les deux sacs à dos. Il s'élance empruntant tour à tour : le téléski de Gauros, puis la piste rouge des sorbiers avant de couper par la piste Bleue Sarios II, afin de rejoindre Marie à la grange.

La lumière est allumée. La cheminée crépite. Seul le générique du journal du soir à la télé semble troubler la quiétude. Marie est sur le canapé, emmitouflée dans une couverture, les jambes repliées sur le coté.

Elle regarde l'horloge elle indique 19h59. Alex lui a indiqué qu'il serait là à 20h00.

Elle regarde son portable. Pas un message. Pas un texto.

Lorsque la porte d'entrée s'ouvre. Elle regarde l'horloge. Il est 20h00 pile. Encore une fois, il a respecté sa parole et l'horaire indiqué.

—  Bonsoir mon amour, dit Alex d'un ton calme et doux, en refermant la porte d'entrée.

—  Coucou chéri. T'es bien chargé sourit–elle en voyant les sacs qu'il  pose contre le mur.

Il s'avance, enlève son bonnet noir, passe sa main dans ses cheveux pour refaire le volume.

—  Ouais.

Il s'accroupit devant elle et l'embrasse tendrement.

Elle passe sa main sur sa joue, il lui embrasse la paume.

— T'as l'air fatigué.

—  Ouais, dure journée.

—  Pose-toi, je vais t'apporter un truc à boire.

Elle se lève alors qu'il prend sa place. Marie part à la cuisine pour revenir quelque secondes plus tard avec deux verres à pied.

Elle lui tend le verre de vin rouge, qu'il récupère en lui souriant.

—  Merci.

— C'est quoi tout ça ? demande-t-elle en s'installant sur le canapé à coté.

—  C'est pour après demain.

Marie lève un sourcil, il poursuit devant son interrogation.

—  Ouais, je n'ai pas eu le temps de te le dire, mais j'ai vu le Maire, il m'a croisé dans le village. Il était accompagné de deux de ses amis. Il m'a demandé de leur faire découvrir la vallée, ment Alex, pas très à l'aise.

—  Mais tu vas leur faire faire quelle course ?

—  ... Le Grand Baou.

—  Le Grand Baou ? En cette saison ?

—  Ouais

— Mais je croyais que tu ne le faisais pas en hiver?

—  Ouais, mais tu sais comment il est le Maire, il m'a pas tellement laissé le choix, s'enfonce Alex.

— Mais c'est praticable ?

—  On va voir, il y a pas de raison le montant neigeux est stable. Il a fait suffisamment froid.

Marie fixe Alex, pas très rassurée. Il connaît ce regard.  Elle a le même que lors de son ouverture de voie qui a faillit mal tournée. Alex ne voulait pas y aller mais devant l'insistance d'un ancien sponsor qui voulait en mettre plein la vue à un partenaire, il a pas eu le choix.  Il lui a juré que ça ne recommencerait plus, que personne ne déciderait à sa place. Espérons qu'il tiendra parole pense t-elle. Il savait déjà qu'il avait trahie sa parole.

***

Le lendemain matin :

La vallée est recouverte par une mer de nuage. Les pistes fraichement damées sont éclairés par un léger soleil qui perce à travers le léger voile nuageux qui l'entoure. Des cirrostratus. Sur les pentes enneigées de l'Husky, un homme et une femme skient en direction du QG.

Ils descendent au téléski de l'Alouette encore fermé. Marie dérape et s'arrête avant de tendre son pass à Alex.

— Merci.

Il récupère son porte-clé et défait ses skis. Il ouvre la petite cabane et s'approche de la console. Il appui sur les trois boutons verts. Le moteur se déclenche.

Marie le fixe avant qu'il lui fasse signe de la main, lui donnant l'autorisation de prendre la perche. Elle s'élance remontant ainsi la piste de Lorka . Alex rechausse ses skis avant de prendre à son tour le téléski.

Ils descendent la piste de la marmotte qui mène au QG.

Quelques instants plus tard, Marie est sur les trois marches de son bureau.

—  Et voilà ma dame.

— Merci mon cœur, dit-t-elle en l'embrassant tout en se tenant aux balustrades de chaque coté du petit escalier.

— De rien.

Il saisit ses hanches avant de l'embrasser tendrement, mais la porte s'ouvre, les arrêtant net.

—  Rrrr, râle Alex avant de tousser.

Marie dépose un rapide baiser avant de sourire. Il la fixe. Elle s'éloigne dans son bureau. Alex salue plusieurs pisteurs qui arrivent pour prendre leur service, avant que Marie ne réapparaisse. Alex la fixe. Elle traverse le sasse avant d'aller le bureau du staff. Alex patiente,  mains dans les poches  du pantalon de sa combinaison. Marie réapparaît et s'arrête à quelques centimètres d'Alex.

—  Tiens, t'as tout de marquer là-dessus. T'oublie pas la compète de Snowpark, j'aimerai bien qu'il y est trois pisteurs en standby.

— Ok.

Il récupère le papier, jette un œil avant de le plier et de le mettre la poche droite de son blouson. Sa main vient effleurée sa hanche.

— Puce ? chuchote-t–il doucement dans un souffle.

— Hum ?

— Dubaï.

Marie sourit a ce mot. C'est un code secret entre eux. Cela signifie qu'il meurt d'envie de l'embrasser et de lui faire des câlins mais qu'il ne peut pas. En effet, il y a quelques années, Marie avait participé à une compétition de parachute en Arabie Saoudite. Et Alex l'avait accompagné. Malheureusement dans ce pays, les couples non mariés n'ont pas le droit de s'embrasser en public.  Trois longues journées à être à coté sans pouvoir se toucher. Ça les a marqués.

Alex lui fait un clin d'œil.

-— Yann ?

— Ouais.

Alex lui prend le bras sur l'épaule.

—  J'aurai besoin que tu me rendes un service.

—  Je t'écoute.

— Veille à ce que Marie ne reste pas seule.

—  C'est rapport aux mecs de la salle ?

Alex approuve d'un signe de tête.

— D'après Franck tu leur as collé une sacrée correction. Ils devraient être cons pour recommencer.

— Je ne veux pas prendre le risque. Je vais faire en sorte de rester à proximité du QG mais si tu peux me tenir informé.

—  C'est du flicage ça.

—  Ce n'est pas du flicage c'est de la protection.

—  Et qu'est ce que je dis si elle me grille ?

—  Soi suffisamment malin pour pas que ça arrive.

—  T'es drôle toi.

— Merci mec. Appel moi sur mon portable.

***

3h30 plus tard :

Alex descend la piste  bleue de l'Hermine lorsqu'il sent son portable vibré dans sa poche. Il dérape avant de s'immobiliser à proximité d'un canon à neige. Il sort son téléphone de sa poche. C'est Yann.

— Ouais Yann.

— Euh ouais, Marie s'apprête à partir là.

—  Partir où ?

— Je sais pas au village.

—  Seule ?

— Ouais j'ai l'impression.

—  Retiens là j'arrive.

Marie sort de son bureau. Il est 12h15. Yann récupère un papier sur son bureau.

—  Tiens faudrait que tu me valides la nivologie pour les amas de neige, prétexte l'assistant pour essayer de la retenir.

—  Ah, je vais être en retard pour mon rendez vous, je vois ça à mon retour.

—  Euh ok...

C'est Alors qu'Alex franchit la porte arrière et arrive à grand pas dans le sasse de sécurité. Yann souffle intérieurement. S'il avait raté sa mission, il aurait du faire face à la colère d'Alex. Mais il est là, à lui de s'en débrouiller, pense-t-il.

— Chérie.

Il avance vers elle, avant de déposer ses mains sur ses hanches et sa bouche sur son front.

— Tu vas où ?

—  Chez Manon, elle a réussi à me trouver un créneau pour une manucure un soin et une coupe, en moins d'une heure.

— Je peux t'accompagner ? J'ai besoin de prendre du matos au hangar, ment –il.

—  Avec plaisir.

Alex sourit et lie ses doigt au siennes.

— Allons-y parce que je vais vraiment être à la bourre.

Ils s'éloignent non sans qu'Alex adresse un clin d'œil à Yann. Ils sortent et marchent dans la neige, pour rejoindre la télécabine, à cinquante mètres du QG. Ils montent dans une cabine. Ils s'installent, Marie à gauche d'Alex. Elle passe sa main dans la chevelure d'Alex.

— Je suis contente que tu m'accompagnes.

— Pourquoi ? sourit-il.

— Parce que je n'osais pas te le demander, mais avec les deux tarés j'angoisse un peu d'aller au village sans savoir où ils sont. Ça me rassure que tu sois là.

— T'as pas à être gênée de ça chérie. C'est normal.

—  Merci

—  Faut que je te face une confession.

Marie l'interroge du regard

— Je n'avais pas envie que tu sois seule au QG ce matin. J'avais les boules de devoir te laisser pour partir sur les pistes, alors j'ai demandé à Yann de veiller sur toi en mon absence. Il a été un peu maladroit mais il l'a fait parce que je lui ai demandé.

Marie s'approche doucement avant de passer sa main gauche dans la nuque d'Alex, pour le rapprocher d'elle.

—  Tu m'en veux ?

—  Non,  je trouve ça plutôt mignon en fait.

La cabine entre en gare. Alex sort en premier, aidant Marie à sortir en lui tendant la main. Elle sourit pour le remercier. Alex pose son bras sur les épaules de Marie, alors que cette dernière le prend par la taille. Ils traversent la rue sur le passage vouté, avant de longer les arcades de la rue des Hiboux. Marie ne peut pas s'empêcher de jeter des petits coups d'œil autour d'elle, s'assurant que ses deux agresseurs ne sont pas là. Ce que remarque Alex. Il dépose ses lèvres sur sa bouche.

—  T'inquiètes pas, ils t'approcheront pas.

Elle sourit. Heureusement qu'il est là. Effectivement elle aurait trop flippé pour se rendre seule à son rendez vous.

Ils traversent la place de la Mairie, avant de traverser  la petite rue qui entoure la zone piétonne de la place. Les voilà devant l'institut de Manon.

Il s'agit d'un institut de coiffure esthétique. Manon l'a ouvert il y a trois ans, quand Maxence son copain a été mutée à Arrangue. Son commerce a su de suite trouver sa clientèle. C'est le seule de toute la vallée d'Auros. Le premier salon de coiffure est à Saint Quentin, et rajouter l'institut de beauté a été très bénéfique.

La porte s'ouvre. Manon reconduit une cliente.

— Passez une bonne journée.

—  Merci vous aussi.

—  Merci

La cliente s'éloigne.

— Eh ! Salut. Dit la maitresse des lieux.

— Salut Manon, dit Marie en faisant lui faisant la bise.

— Coucou Alex.

— Salut

Ils se font la bise.

—Tu viens aussi pour un soin ?

— Non rigole-t-il.

— Il joue les gardes du corps.

— Ah ?

—  Elle te racontera. Rend la encore plus jolie qu'elle n'est déjà.

Marie embrasse Alex tendrement avant de délier ses doigts.

—  Je nous trouve un casse croute et je repasse te prendre, dit–il tout en l'embrassant, aller je file je vous laisse entre filles. Faut compter combien de temps ?

— 1 heure environ.

—  Ok. J'y serai, tu m'appelles si ça va pas et je rapplique.

—  D'accord

***

Marie observe les deux petits pots de vernis.

— Je te mets lequel ?

—  Nude.

—  Excellent choix, Alex va adorer.

Elle sourit.

—  Mais c'est dingue . Tu m'étonnes que tu sois rassurée qu'Alex t'accompagne, et puis entre nous je suis sûre qu'il adore ça.

—  Ouais enfin il rigolait beaucoup moins quand il les as virés de la salle.

—  Tu m'étonnes. Son Edelweiss c'est sacré.

Elles échangent un regard complice.

Marie regarde à travers la vitre et constate qu'Alex est de l'autre coté de la place à discuter avec Colin, l'adjoint au maire. Il le salue par une poignée de main avant de regagner le salon.

—  Et voilà ton chevalier servant.

Alex s'installe sur le ban en béton juste en face de la rue.

Quelques instants plus tard, Marie sort. Alex sourit à cette image. Elle a changé sa coiffure, un léger dégradé qui retombe sur ses épaules. Il la rejoint en traversant la rue. Ses chaussures de ski claquent  sur le bitume.

Il récupère la main de Marie avant de l'élever au dessus de sa tête. Il l'a fait tourner sur elle-même.

— T'es juste sublime ma puce.

—  Ça te plait ?

—  J'adore, dit –il en touchant légèrement la nouvelle coupe de la jeune femme.

Il récupère sa main observant son nouveau verni.

—  Excellent choix.

Il l'attire contre lui avant de l'embrasser tendrement.

— T'as pris quoi ?

— Panini ça te va ?

—  Ouais, dit–elle en déposant de multiples baisers sur ses lèvres.

Un dernier geste à Manon derrière la vitrine, avant de regagner la gare de la télécabine.

Marie s'assure que les explications à l'intention des skieurs sont bien visibles sur la devanture, alors qu'Alex porte une quinzaine de piquets et la perceuse.

Il l'observe un instant. A quelques mètres, deux saisonniers la regardent, chuchotant à voie basse. Il ne peut pas s'empêcher de ressentir une légère pointe de jalousie. Certes il n'a rien à craindre de ces deux petits « cons », ils sont trop jeune pour intéresser Marie.  Et même si leur relation est solide : ils ont d'abord était amis, puis colocataire, puis amant. Elle n'a connu quasiment que  lui. Il a dû tellement se battre et être patient pour qu'elle craque. Il a éliminé tous ses prétendants.

C'en est trop. Il s'approche de Marie et vient déposer ses lèvres avant de l'embrasser fougueusement, la faisant reculer dans sa fougue, les mains plongées dans les poches arrières de son jean.

—  Qu'est ce qui te prend  ?

— Ça me démangeait et puis...

Il la fixe avant de lui faire un signe de tête léger en direction des deux saisonniers. Elle jette un œil en direction des jeunes gens.

—  T'es pas sérieux ? rigole t-elle.

Marie le connait par cœur. Alex est foncièrement jaloux. Même s'il s'est calmé avec le temps et qu'il ne lui a jamais fait de scène à proprement parler. Elle sait qu'il se méfie des hommes qui la regarde ou l'approche d'un peu trop prés. Il ne peut pas s'empêcher de montrer à tous qu'elle est prise et ainsi éliminer les fausses menaces.

— Ce n'est pas ma faute, si tu es sublime ma puce, ça attire les convoitises.

—  Mais tu n'a rien à craindre dit elle en l'embrassant.

—  Ben si, tu pourrais en avoir marre de moi. Penser que je m'occupe pas assez de toi et

Marie le coupe en l'embrassant

—  T'es fou, dis pas de bêtises, je suis heureuse avec toi.

Alex pose son front contre le sien, ferme les yeux un instant.

— Je pourrais pas supporter de te perdre.

— Tu me perdras pas, jamais dit-elle en l'embrassant.

Alex les regardes légèrement du coin de l'œil en rendant le baiser à Marie.

— Je crois que je leur ai cassé leur coup sourit-il

Marie rigole.

Ils embarquent dans une télécabine. Alex lui tend la poche de panini pour savourer leur repas sur le pouce.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top