XI

Il faut que j'aille promener Billy.
J'en profiterai pour me changer les idées. Surtout pour réfléchir.
Maman et papa sont sortis donc ça ne pose pas de problème.

- Allez, viens Billy. Lui ordonnai-je pendant que je fermais la porte à clé.

La main droite attrapant la laisse de Billy et la main gauche dans la poche de mon pantalon, j'observe les gens courir, danser, rire et manger.
Ils ont l'air de bonne humeur comme si tout allait pour le mieux dans leur vie.

Comme si tout était en ordre dans leurs têtes.
Ce qui n'est pas le cas pour moi.

En une semaine, tout l'ordre que j'avais instauré dans mon esprit avait été chamboulé par mon voisin de classe.

Qui aurait cru qu'on aurait pu se parler, qu'il m'aurait fait pleuré, que je l'aurais giflé, qu'il m'aurait offert des mangas et enfin que je serais je attirée par lui ? (Si l'on peut dire ça).

Pas moi en tout cas.

Eddie, Eddie, Eddie et encore Eddie.
C'est juste lui qui occupe mes pensées, mes rêves avec ses sourires à en couper le souffle. 

Comment cela a t-il pu arriver ?

En une semaine. C'est normalement impossible.
En fait non. Ce n'est même pas en une semaine si l'on veut. Peut-être que j'étais déjà attirée par lui avant et ça a été juste l'élément déclencheur qui...

Mais qu'est ce que je raconte ?

Et est-ce moi seule qui ressent ces sentiments ?
Ça ne m'étonnerait pas. J'ai toujours ces affreux boutons et même si l'on m'a toujours dit que c'est la beauté du coeur qui compte, le physique aussi il compte et même beaucoup dans la société actuelle.

Et franchement je n'ai rien d'attirant. Je n'ai ni de gros seins ni de grosses fesses. Quoique je ne pense pas qu'il soit un gros obsédé.

J'ai les yeux bleus. Ils sont magnifiques mais les boutons ne les embellissent pas. J'ai aussi une bouche carrément inexistante.
Je plains mon mari lorsqu'il voudra m'embrasser. Déjà si j'en ai un.

— Billy, ralentis. Tu vas me faire tomber.

J'ai toujours eu l'impression que Billy se foutait de ma gueule. Il n'a même pas ralenti l'imbécile. Au contraire c'est comme si je lui avais demandé de courir comme un dingue vers je ne sais quoi.
Me voilà être en train d'être traînée par mon chien.

Bon le bon côté des choses, c'est qu'au moins, la promenade de Billy ne changera jamais.

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