Bonus ; 2021
La vérité est simplement et bêtement que je ne me remettrais jamais de mes blessures. Souvent, l'on m'a dit « le temps guéri les cicatrices même profonde », mais plus le temps passe, et moins je crois à ce diction d'ancien. C'est horrible de douter d'une parole venant d'un sage, d'une personne ayant vécu certainement des milliers d'années avant de pouvoir dire ces quelques mots, et pourtant je le dis haut et fort.
Avant, avant ce tout qui me tombe jour après jour dessus, je pensais qu'absolument rien ne pouvait m'atteindre, un peu comme une guerrière, où cette héroïne dans Avengers. Je me pensais forte, mais aussi protégée par toutes ces émotions en ne ressentant rien, pas même un peu d'amour pour qui que ce soit. Je me sentais presque différente, pour cette manière de supporter chaque douleur aussi forte soit-elle. Je me sentais bien en ne ressentant rien.
Chaque armure été travaillé, chaque parcelle de moi été sophistiqué pour que rien ne puisse m'atteindre, autant aux conflits familiaux, qu'amicales où bien plus encore. Mon être entier été formé à devenir une personne qui puisse aider n'importe qui, dans n'importe quelle situation sans prendre parti avec mes émotions. L'âme entière qui me permettait de vivre était destinée à chacun d'entre vous. Comme donné, parcelle par parcelle.
Mon corps entier était dévoué à vous rendre heureux.
Le bas du corps et les abdominaux pour ces coups permanents,
Le morale pour toutes ces vulgarités et frappent verbales,
Les épaules larges pour encaisser et écouter,
Les ridicules muscles pour vous protéger, et...
Mon cœur et son amour pour la justice.
Au début, je ne comprenais pas pourquoi je devenais un humain sans cœur, pourquoi je m'auto formais à une destruction intérieure, pourquoi je vous défendez sans même prendre conscience qu'un jour j'allais y rester. Au début, je ne réalisais pas comment j'en étais arrivée là, et j'étais heureuse de savoir qu'une personne pouvait se donner littéralement corps et âme pour aider son prochain.
Aujourd'hui, je comprends.
Je voulais éviter ce moment.
Le moment où la glace se brise fissure par fissure avant d'exploser et de n'y laisser plus aucun soupçon de dureté et stabilité pour se protéger.
Le masque à terre, mon corps devient faible, mon morale également, ma personne entière est touchée. Touchée en plein cœur comme diraient ces hommes au cœur bon et pur.
Je ne détiens plus aucune armure, aussi bien contre moi-même ou contre celle du monde entier.
La pierre s'est brisée en deux, puis un orage est passé et la réduit en poussière. Une pierre aussi forte soit elle, peut être brisée si le destin en est ainsi. Chaque blessure infligée refait surface. Chaque parole, chaque acte revient tel un coup de fouet. Chaque cicatrice se rouvre et saigne abondamment. Je n'ai jamais vu de pierre saigner de toute son âme, et pourtant, je l'ai vu se décomposer, se réduire en cendre suite à la foudre.
Mes paroles ne s'écrivent pas aussi rapidement que mes pensées, et pourtant chaque mot est choisi pour blesser, pour toucher au plus profond de soi, pour anéantir mon cœur plus qu'il ne l'est déjà.
Jusqu'à aujourd'hui, j'étais cette pierre, presque précieuse sans avoir de prétention, mais l'avenir en à décidé autrement. La foudre m'a frappé.
Elle m'a frappé en commençant son parcours par mon ventre, pour ces coups, pour ces bleus, pour ces marques cachées, elle a suivi par mes jambes, pour me mettre à terre, pour me priver de vous protéger, elle a persisté, puis s'est dirigé vers mon cœur. Doucement, pour ces remarques désobligeantes, pour ces mots déplacés, pour ces vulgarités, et soudainement, plus intensément pour cet amour auquel je me suis privé.
Le sang est apparu, tout comme la poussière pour cette pierre...
Et j'ai succombé.
Succombée aux douleurs physiques et morales,
Succombée aux armures devenues mortelles,
Succombée à ma personne inexistante.
J'ai causé ma perte en me coupant à la vie.
Jusqu'à présent, jamais je n'aurais imaginé mourir de l'intérieur aussi intensément dit plus haut, jamais je n'aurais soupçonné que cesser de vivre était plus fort et plus mortel que se priver de tout pour se protéger et protéger les autres.
Plus précisément encore ; jamais je n'aurais pensé mourir poignardée et forcée à me donner la mort par un proche.
Jamais pour le peu de vie pleinement vécu, je n'aurais pu croire en une telle souffrance. Je me sens vide, désarmée, désemparée aussi, mais surtout fuyante à toute situation.
La musique me berçant depuis plus d'une heure, je me rends compte que ma tristesse, ma colère, ma peur de finir en larmes et recroquevillée sur moi-même disparait. Je ne me sens ni faible ni forte. Je me sens absente d'une vie comme de la mort. Je suis simplement là, à taper ces quelques mots.
C'est idiot comme être transparente peut parfois aider à surmonter le coma des mortels.
Je crois qu'en réalité, j'ai les nerfs aussi vifs que calmes, drôles de sentiments pourtant bien contraires. Douleur dans la poitrine, piqure de rappel. L'heure est arrivée. La transparence ne fait plus effet, je suis démasquée, démasquée et à nouveau faible. Les mots s'enchaînent, les coups s'entremêlent et cognent plus fort.
Les souvenirs refont surface, jamais je ne m'en remettrais.
« Le temps guérit les blessures, même profondes ».
Deux ans après, la douleur reste la même, mon âme s'est envolée, mon esprit également, seul mon corps est resté. Je crois que la dépression m'a enfermé dans un corps qui n'est pas le mien.
Le temps n'arrange rien, les mois, les années sont passés et rien n'y fait. Je suis comme absente de toute civilité. Personne ne me connaît, personne ne me voit, personne à par cet écran. C'est presque réel, chaque soir l'on se parle, les pages se noircissent et c'est écolo en plus ! Enfin presque... mon énergie est gaspillée pour ses lignes interminables, pour mon état pitoyable, l'énergie de toute une société est utilisée pour un corps sans vie se refoulant derrière un ordinateur.
À chaque reprise j'essaie de placer tout ce que je ressens, tout ce que je contiens et des mots se joignent à moi. Des phrases entières se bousculent pour être écrites, mais aucune ne l'est.
Aucune phrase ne peut exprimer la douleur que je ressens, aucune longueur de texte, de livre, ou de parchemin ne peut crier haut et fort les blessures, les cicatrices, si profondes que mon cœur et mon âme ont vécus.
La haine, la colère, la tristesse, tout se mélange et forme un sentiment inconnu, comme une bombe à retardement. Ma jambe tremble, mes mains frappent le clavier, les larmes sont prêtes à s'exposer, mais suis-je réellement prête après m'être coupée à la vie ?
Récemment l'on m'a dit « même les personnes à forts caractères, au plus profond du gouffre, finissent par penser au suicide » et je ne l'ai pas cru.
Aujourd'hui, écrivant tous ces mots, je réalise que cette phrase m'a impacté. Depuis cette vérité dîtes en pleine face, j'ai l'impression qu'elle est vraie, j'ai l'impression qu'elle est la seule solution, qu'elle est mon échappatoire pour remédier définitivement à ma mort présente continuellement depuis des années. Ces mots résonnent dans ma tête comme une évidence alors que jamais je n'y avais pensé. Jamais cette mort ne m'avait traversé l'esprit, jamais le fait de penser à mourir ne m'a fait sentir libre un moment.
Les larmes coulent sur mes joues, je me rends compte que cela ne changerait rien, mis à part pour moi. C'est horrible de penser que la mort est peut-être plus belle que la vie, c'est horrible de penser que mourir réellement est une échappatoire à la mort que je vis déjà. C'est horrible de constater que dans la vie comme dans la mort, je sais que jamais je ne m'en remettrais. Mon esprit, ici où au-delà serait toujours absorbé par ces remords, par ces regrets, par ces choses non dîtes. Mon âme et conscience sera toujours absorbée par les ténèbres du mensonge depuis toutes ces années. Elles seront toujours présentent et stagneront dans l'air tant que la vérité et le pardon n'auront pas éclaté.
Je me rends compte que plus le temps passe, et plus je suis piégée par moi-même.
Je ne peux ni fuir ni rester.
Partout l'air se comprime et se remplit de culpabilité.
Tiens un message, encore un remplie d'amour.
Sarcasme, dérision, accusation, remontrance, voici ce que vaut la vie. L'écran se rallume, un deuxième, les mots s'enchaînent et me rappelle à quel point la mort à un prix. Le courage.
Le courage de partir.
Les larmes se sont stoppées, je suis à nouveau absente et vide, comme si l'on m'avait débranchée. Je crois que jamais je n'aurais le courage, autant pour te dire ce tout, comme pour quitter ce monde.
C'est horrible de se dire que quelques pauvres mots peuvent être aussi durs à écrire. J'aimerais tant pouvoir me libérer de ce poids et je n'y parviens pas. Mes épaules sont si lourdes que mon corps est cambré, mon esprit est en voyage, il ne parvient plus à trouver sa maison, et mon cœur lui est à l'agonie depuis... depuis que tu es partie.
En réalité, je découvre l'importance que tu avais, et que tu as toujours à mes yeux. Le temps a beau passer et rien ne change excepté les sentiments. Je suis passée d'un amour déchu à une culpabilité si grande qu'elle en est devenue mortelle. J'ai réalisé durant tout ce temps que ce silence, que cette responsabilité de garder ce secret est beaucoup trop gros à porter. Il m'a fait succomber il m'a réduit à mort.
À plusieurs reprises j'ai tenté d'exposer cette vérité, et ces pauvres actes courageux m'ont valus des menaces de mort. Si j'avais su qu'aujourd'hui je serais dans le même état, mais présente physiquement, j'aurais sauté le pas sans hésiter. Je ne serais peut-être plus ici aujourd'hui, mais dans un monde bien plus calme et moins agité pour mes pensées. Je serais peut être même encore en vie et heureuse qui sait.
« Le temps guérit les blessures », mais tout comme la langue française il y a des exceptions. Je fais partie de ces exceptions. C'est fou, mais cela me rappelle à quel point j'ai toujours été l'exception à tes yeux, peu importe la situation, ça me rappelle combien de fois j'ai vu la lueur dans tes yeux, ces étoiles brillantent quand tu me regardais, cet espoir en notre avenir, cet amour que tu me portais.
« Le temps guérit les blessures », mais jamais ils n'ont dit que l'on tiendrait jusque là. Jamais ils n'ont dit combien de temps cela prendrait pour guérir, jamais ils n'ont cité une personne encore en vie après cette phrase incontournable dans le monde. Jamais ils n'ont dit qu'elle pouvait être fausse.
Plus les musiques passent, plus les pages se noircissent et plus je me rends compte que les paragraphes se font de plus en plus nombreux, mais qu'absolument rien de se que je voulais t'annoncer n'est encore présent. La tristesse me submerge, l'angoisse m'emprisonne, et les paroles me manquent.
Les mots sont partis aussi vite que notre relation. Des centaines, des milliers de mots exprimés pour finalement ne jamais en connaître la fin.
Récemment je me suis perdue prés de notre chez nous, je me suis remémoré notre vie, nos moments, c'est étrange, mais pour la première fois depuis longtemps je me suis sentie bien et protégée. Je me suis baladée dans ce quartier, j'ai pris des photos, puis j'ai réalisé que les années passées ont changé nos lieux. Les couleurs ne sont plus les mêmes, les gens ont changé, les bâtiments se font détruire pour des bureaux, la verdure se réduit pour des bibliothèques, mais surtout, j'ai réalisé que j'ai rêvé. J'étais heureuse quelques minutes avant de réaliser que le temps à bien passé et que malheureusement tu n'es plus là.
« Le temps guérit les blessures », mais pour moi le temps s'est figé. Il s'est arrêté le jour où je t'ai perdu.
Le jour où tout s'est arrêté, j'étais tellement blessée, que j'ai détruit tous souvenirs de nous deux, toutes photos, toutes conversations, tous comptes communs, j'ai détruit tout ce que je trouvais sur mon passage. J'ai détruit tout ce qui nous reliés, tout ce qui me maintenait en vie, j'ai détruit mon cœur aussi violemment que l'on puisse déchiqueter une feuille sous le coup de la colère, ou faire valsé des vases et les explosés contre un mur en une fraction de seconde. J'ai détruit ma vie entière pour te protéger, mais aussi pour protéger le « nous » que l'on formait.
J'ai détruit mon corps, mon cœur et mon âme.
J'ai détruit... ma personne pour éviter que l'on te détruise.
« Le temps guérit les blessures », mais il ne change rien, je suis détruite comme au premier jour. Les souvenirs reviennent et se dispersent dans mes pensées. Les déménagements n'aident pas non plus, quelques photos oubliées refont surface, quelques objets où vêtements t'appartenant refont surface, en réalité, je crois que si je déménage aussi souvent, c'est pour cacher et retrouver ce « toi » que je redécouvre à chaque fois.
Plus je m'éloigne, et plus j'ai l'impression que jamais je ne pourrais te demander pardon, plus je me renferme et m'isole, et plus je me rends compte que j'ai laissé gagner la seule personne qui voulait nous séparer à tout prix. Plus je pense à tout ce que j'ai perdu, et plus je réalise qu'aucune personne n'est remplaçable. Plus je pense et plus je me détruis.
Les heures défilent, les mots également, et toujours rien ne t'exprime à quel point j'aimerais revenir en arrière et être aussi forte que tu m'as connue. Rien ne te montre à quel point je t'ai toujours aimé, rien ne te prouve à quel point je suis désolée. Aucun de mes mots n'est assez fort pour crier ces douleurs depuis que je t'ai perdu, aucune de mes paroles ne sera jamais assez sincère pour te dire à quel point j'aimerais pouvoir te voir une dernière fois. Aucun de mes actes ne sera jamais assez mémorable pour te rappeler à quel point tu as toujours été celui dont j'ai voulu, aucun de mes je t'aime ne sera jamais assez dit pour te faire entendre raison. Aucune vérité ne pourra te faire revenir rien qu'un instant pour se dire un réel au revoir...
Aucune de mes paroles ou gestes ne pourra se faire entendre... je suis morte depuis le jour où tu es parti.
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