un réfectoire
mots à caser : stabilo, cure dents, pipi, radis, melon.
Alors qu'il discutait joyeusement avec sa voisine de classe, Louis reçu tout à coup un stabilo en pleine face. Il tourna la tête vers l'endroit d'où pouvait bien venir ce projectile et croisa le regard énervé de Marine. Cette dernière, deux rangées plus loin, n'entendait que lui et savait d'avance que dans une semaine il viendrait vers elle lui mendier le cours qu'il ne suivait pas. Le roux comprit rapidement le message et avec l'air d'un enfant pris en faute tenta comme il put de reprendre le fil de la leçon, poussant ainsi Iris, à côté de lui, à faire de même. Environ une demi-heure après, la cloche de l'établissement retentit. Les élèves se levèrent et rangèrent leurs affaires à la hâte, tous pressés d'aller manger.
Louis salua sa camarade de classe puis rejoignit son amie qui l'attendait dans le couloir. Ils se dirigèrent donc, comme la plupart, vers le réfectoire. Alors qu'ils se trouvaient à la sortie du bâtiment dans lequel ils se trouvaient, il commença à pleuvoir très légèrement. C'est vrai que toute la semaine, le ciel se faisait lourd, et les journées étaient faiblement ensoleillées.
- Oh noooonn pas la pluie ! s'étaient exclamée la jeune fille.
- Tu abuses, c'est du pipi de chat.
- Mais ! ça va ruiner mon make up Lou' ! Tu n'as pas idée du temps que j'y ai passé ce matin pour qu'il soit aussi bien réussi !
- Rholala.. Alors si tu veux éviter le drame il faudra courir chérie. Prête ?
Après un regard complice, les deux se mirent du coup à décamper, Marine continuant de râler. La cafétéria n'était pas vraiment loin, ils furent donc vite à l'abri. Ils étaient pourtant tous les deux essoufflés mais morts de rire. Louis inspecta minutieusement le visage de son amie et lui certifia que rien n'avait bougé.
- Ne t'inquiète pas, même ton trait de liner est toujours intact. Et t'as raison, t'es yeux sont vraiment magnifiques aujourd'hui, les couleurs sont trop belles et bien assorties.
- J'espère bien... merci !
Touchée et toute fière, elle glissa une mèche blanche de cheveux humides derrière son oreille en souriant à son ami.
- Dawson nous rejoint ce midi ? Je n'ai pas pensé à lui demander ce matin.
- Normalement oui, il ne devrait pas tarder d'ailleurs.
Et en effet, quelques secondes plus tard, le dénommé les rejoignit dans la file. Tout sourire, il entoura de son bras la taille de la jeune fille en lui embrassant chastement les lèvres puis ébouriffa les cheveux déjà pas mal en désordre du garçon.
- Alors, comment vont mes deux humains préférés ? Cette matinée loin de moi n'a pas été trop difficile ?
- Oh tu sais, ça peut être hyper reposant d'être justement loin de toi pendant quelques heures. Ton interro s'est bien passée ?
S'attendant à ce genre de répartie, il leva les yeux au ciel avant de répondre.
- Comme cette demoiselle ici présente est une boss en maths et qu'elle a eu la gentillesse de me faire réviser, ça devrait normalement aller.
Leur petit trio continua de discuter joyeusement tout en suivant l'avancée de la queue. C'était peut-être l'effet de la pluie, mais le self était bien plus bondé que d'habitude. Ça allait être galère de se trouver une table de libre. Ce fut d'ailleurs leur mission une fois leur plateau en mains. Ils firent le tour de l'espace puis enfin, un groupe se leva et leur céda la place. Ils s'installèrent alors tranquillement et commencèrent à manger, tout en reprenant le fil de leurs discussions.
Le réfectoire était plutôt bruyant, les voix allaient dans tous les sens, ajouté à ça le bruit de la pluie, celui des couverts dans les assiettes, les plateaux qui claquaient contre les tables, les chaises frottant le sol... C'était loin d'être un environnement calme. Ce qui d'ailleurs angoissait tout particulièrement un élève. Le garçon tenait faiblement son plateau de ses bras qu'il estimait sûrement aussi solides qu'un cure dents, tremblait de tout son corps et ne savait où regarder. Le brouhaha lui était de plus en plus désagréable. En avançant, il trébucha sur son propre pied, se rattrapa de justesse et réussit à ne pas se fracasser la figure mais son verre chuta au sol et se brisa. Alors tout s'interrompit, un lourd silence se fit et la personne sur qui l'attention était tournée ne bougea plus. Il voulut s'enfuir, échapper à tous ces regards inconnus mais se retrouva bloqué, son corps ne répondant plus. Pas très loin de lui, Dawson, Marine et Louis avaient eux aussi arrêté de parler et s'étaient tournés vers la scène. Le groupe se rendit bien vite compte du terrible malaise et du début de panique qui habitait le corps de l'adolescent. L'instant s'éternisa, et d'un commun accord et poussé par ses amis, Louis se leva de sa chaise et se dirigea calmement vers le brun. Maintenant face à lui, il tenta de capter son attention alors que ses yeux fixaient le vide. En croisant un visage, ils se vissèrent rapidement sur le sol. Louis parla doucement.
- Eh salut.. Je m'appelle Louis. Tu veux venir t'asseoir avec nous ? Nous somme trois et une place est libre à côté de moi.
Silence. Pourtant, il ne semblait pas y avoir de rejet non plus. Alors il continua.
- Comment tu t'appelles ?
Après plusieurs secondes, le garçon leva les yeux et prononça faiblement son prénom.
- Mathis.
- Okay Mathis. Alors, tu veux bien venir ?
Cette fois-ci il hocha la tête. Louis posa alors lentement sa main dans son dos pour lui apporter du soutien et le diriger. Arrivé à leur table, Mathis fut accueilli pas les sourires et regards bienveillants d'un couple lui semblait-il. La main dans son dos lui intima de s'asseoir face à eux, ce qu'il fit.
- Les gens, voici Mathis. Mathis, je te présente Marine et Dawson. Je te laisse rapidement avec eux et je reviens. Ils sont gentils ne t'inquiète pas.
Le nouvel arrivant n'eut pas le temps de lui signifier sa détresse qu'il s'en alla vers un des personnels de la cafet lui demander le nécessaire et revint ramasser le verre brisé. Il fit au plus vite et retourna se poser près de Mathis, qui lui était reparti dans la contemplation de son plat sans rien dire. Serrant doucement son épaule en faisant attention à ce qu'il accepte le contact, il prit la parole.
- Ne t'en fais pas, ça arrive à tout le monde. Et c'est déjà oublié.
En effet, sans qu'il s'en rende compte les autres s'étaient très vite désintéressés de lui et le bruit de fond était revenu. Il espérait de tout cœur que personne n'avait retenu son visage.
- Ecoute-moi ce héro, s'exclama Dawson.
- Arrête, lui indiqua la fille à ses côtés. Il ne faudrait pas que monsieur prenne le melon.
Les deux rirent gentiment et Louis secoua la tête en levant les yeux au ciel.
- N'importe quoi, c'est pas mon genre, en plus je n'ai pas fait grand chose. Tu te sens mieux Mathis ?
Ce dernier, qui n'avait pas osé les regarder jusque là, se tourna vers son voisin en hochant la tête, moins faiblement que tout à l'heure. Il lui souffla un merci, léger mais plein de reconnaissance. Le garçon sourit, lui indiquant que ce n'était rien et resserra son épaule qu'il n'avait pas quittée, puis plusieurs secondes après cet échange la main glissa le long de son bras et son propriétaire la récupéra. Et le contact l'avait beaucoup rassuré, assez pour qu'il produise aussi un sourire.
Marine, s'étant aperçue de leur dialogue silencieux et n'étant pas sûre de vouloir le briser, s'adressa quand même au brun.
- On ne t'as jamais vu ici, tu es nouveau ?
Les deux garçons, qui se regardaient encore, se détachèrent l'un de l'autre et Mathis répondit.
- J-je... hm.. oui. Je suis arrivé il y a trois jours. Mais c'était la première fois que je tentais le réfectoire. Je voulais à tout prix éviter ce genre de situation. Mais me connaissant, j'aurais du me douter que je ne pouvais pas y échapper.
Un peu dépité, il souffla. La foule, le bruit, l'humidité de l'air, ça l'avait mis mal. Ne pas connaître les lieux n'avait pas amélioré son état alors il avait paniqué. Pourtant, face à ces trois nouveaux visages, il réussissait petit à petit à reprendre le contrôle sur son corps et son esprit. Il se demandait ce qu'il se serait passé si Louis n'avait pas eu la gentillesse de venir à son secours et de l'incruster à son groupe. Tous les trois paraissaient être de bonnes personnes et il n'en fut que plus soulagé.
- Viens avec nous les prochaines fois. Dawson moins souvent car il n'a pas les mêmes horaires, mais Louis et moi on mange tous les midis ici. Quoique, peut-être pas le mercredi, j'ai danse l'aprèm.
- Et en général je fais un bout de chemin avec elle puis je mange à l'extérieur. Les repas le mercredi sont loin d'être les meilleurs, une fois j'ai pris une salade composée et les radis qui s'y trouvaient paraissaient vieux depuis très longtemps et c'était le cas pour presque tous les autres légumes. Tu pourrais rester avec moi si tu en as envie.
Mathis écarquilla les yeux, il était surpris, et très touché qu'ils l'intègrent aussi facilement mais il sembla douter. Étaient-ils sûrs de bien vouloir de lui ? Pourquoi ? Il leur faisait sûrement pitié, et il ne voulait surtout pas les encombrer, il allait forcément être un poids pour eux et ils s'en rendraient tous compte, il n'avait pas besoin de les embêter, il saurait se débrouiller. Et puis, simplement éviter le réfectoire pourrait parfaitement lui convenir. Oui, il n'allait pas-...
- On sait que ce n'est pas facile d'arriver dans un nouvel établissement, surtout ici, intevint Dawson qui s'étaient rendu compte qu'un enchaînement de pensées prenait place dans son esprit.Presque tout le monde se connaît et les groupes sont déjà formés, surtout quand l'année est déjà pas mal entamée. Alors on ne te force pas, mais c'est avec plaisir qu'on t'accueille. Et puis, même s'il en a l'habitude, tu éviteras à Louis de trop souvent tenir la chandelle.
Les deux autres lui confirmèrent ses dires et lui sourirent de façon rassurante. Il pensa que c'était vraiment adorable de leur part. Leur groupe avait l'air d'être soudé depuis pas mal de temps, on sentait qu'il y avait des liens forts entre eux, et intégrer une nouvelle personne à l'équation se faisait souvent pas si simplement. Il aurait pu se sentir comme un cheveu sur la soupe mais même pas. Ils y allaient doucement avec lui, l'ayant déjà un peu cerné et le mettaient à l'aise. Bien vite, Mathis signifia au groupe qu'il serait heureux d'être avec eux.
Sur toute la durée du repas, ils firent connaissance, et la conversation se poursuivit naturellement. Louis perçut au fur et à mesure, le corps de son voisin s'apaiser et ça lui fit plaisir.
En sortant du réfectoire, même s'il n'y faisait plus attention, quitter ce bruit de fond incessant fit un grand bien à Mathis. Il s'était arrêté de pleuvoir, il respirait mieux, et il se détendit encore plus.
Il leur restait trois quarts d'heure avant que chacun reprenne les cours et ne pouvant se poser nul part car tout était trempé, ils décidèrent de se rapprocher lentement des bâtiments où chacun devait se rendre. La première salle atteinte fut celle de Dawson, elle était ouverte alors il entra et prit place. Marine avait décidé d'attendre avec lui, elle demanda à Louis de lui garder une place alors que les deux garçons avaient continué de marcher.
Ils étaient tous les deux côte à côte, silencieux. Ils croisèrent peu de gens et les couloirs étaient aussi calmes. L'un sentait que le second appréciait ce calme, voire, en avait besoin. Alors il se contenta de lui jeter quelques regards de temps en temps. Ce garçon un peu frêle l'avait attendri.
Devant la salle de Mathis, ils s'arrêtèrent. Louis appuya son dos contre le mur, indiquant au garçon qu'il attendrait quelques minutes de plus avec lui. Ils avaient encore du temps et leur salle à Marine et lui n'était finalement pas si loin. Cela fit sourire le brun. Il l'aimait déjà bien. Il se mit proche de lui et regarda droit devant.
- Tout va bien ?
Toujours sans le regarder, il haussa les épaules mais lui répondit que ça allait. Tout à l'heure, il s'était retenu de justesse de fondre en larmes avant que l'autre arrive. Le moment avait été éprouvant. Reparti loin dans ses pensées, il revint sur terre en sentant des doigts glacés à l'arrière de sa tête et un pouce caresser sa nuque. Il se tourna vers Louis, qui lui souriait.
- Tu n'es plus tout seul. On sera là quand tu en auras besoin.
Appréciant le contact et ce qu'il entendait, Mathis hocha doucement la tête, souriant légèrement.
Le temps s'était écoulé, et avant que Louis ne s'en aille, ils s'étaient échangé numéros et réseaux sociaux. Ils finissaient tous dans deux heures alors ce dernier avait certifié qu'ils s'attendraient à la sortie. Puis les deux s'étaient séparés.
Mathis pensa encore une fois qu'il était heureux que le roux qui s'éloignait ait décidé de venir vers lui. Les personnes qu'il avait pu rencontrées aujourd'hui étaient toutes hyper attentionnées et il en était très touché.
Un groupe l'avait adopté.
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