la pharmacie
mots à caser : guacamole, limace, conscience, graphique, jupe-culotte.
Allongée dans mon lit et cinquième fois que je relis la même phrase d'une fiche de cours sans en comprendre le sens, j'entends qu'on frappe à ma porte. Je lève les yeux et vois ma mère, bras croisés, appuyée contre le chambranle de celle-ci.
- Tu veux venir au marché avec moi ? Je dois acheter des légumes.
- Oh ouais ! Ce sera toujours mieux que de réviser cette fichue matière.
Elle acquiesce en riant et s'éloigne de ma chambre alors que je dépose mes feuilles sur la table de chevet. J'enfile rapidement un short, une veste et mes chaussures puis sors de la maison et rejoins ma mère qui m'attend déjà dans la voiture. Le trajet se fait calmement, la radio en bruit de fond et nous sommes rapidement arrivées à destination. On déambule et passe entre tous ces gens jusqu'à atteindre notre stand habituel et ma mère échange déjà tout un tas de nouvelles avec l'agriculteur et vendeur des produits.
- Maman regarde ! des avocats, on en prend ?
- Hm, ça marche. On se fera un guacamole dans la semaine.
Elle me lance un sourire et je commence à en sélectionner quelques uns. Elle fait de même avec se dont elle a besoin puis après avoir payé et salué Antoine, on décide de faire le tour de la place et profiter du temps plutôt agréable de la journée. De retour à la voiture, les fruits et légumes que nous avons trouvés trônant sur la banquette arrière, elle me demande si je veux aller quelque part ou faire quelque chose en particulier avant de rentrer à la maison.
- On n'est pas loin de la pharmacie, on pourrait aller y faire un tour.
Ma mère d'accord avec moi, on prend cette direction tout en discutant d'un peu de tout. En arrivant devant l'enseigne, on ne galère étonnamment pas à trouver une place de parking. Le contact coupé, je me détache, ouvre la portière et descend de l'habitable sans attendre. Les portes automatiques s'ouvrent à notre passage, et comme le présumait le peu de voitures à l'extérieur, peu de monde est présent. On se sépare et chacune vagabonde de son côté. Je n'ai besoin de rien en particulier mais j'ai toujours aimé passer du temps entre les rayons d'une pharmacie, principalement au niveau des soins et beauté.
Je m'attarde sur les odeurs de shampoings, les crèmes pour le corps, le visage... J'attrape une boîte à ma hauteur, un peu aléatoirement et m'intéresse à la composition. Cette dernière m'interpelle quand je comprends « bave de limace ».
- Ouhla...
Je m'imagine donc un élevage de limaces puis une récolte de bave avant la fabrication du produit et... beurk. Je veux bien tenter de nouvelles choses mais ça me dégoûte un petit peu. Je repose rapidement l'objet et continue mon observation. Finalement je saisis un flacon des plus classiques et des plus connus mais surtout des moins chers. Ma peau est plutôt catastrophique ces derniers temps alors si je peux trouver un truc à faire avec elle, je prends. D'ailleurs, maintenant que j'y pense c'est sûrement parce que j'aurai bientôt mes règles et mon stock de cachets contre les douleurs que celles-ci provoquent – bonheur – est bientôt épuisé. Je pense que je vais en profiter d'être ici pour en ravoir. Ne sachant pas si je peux m'en procurer sans ordonnance je décide de me renseigner au près d'une pharmacienne occupée à replacer quelques boîtes.
Je m'approche doucement et incapable d'hausser la voix, je tente comme je peux d'attirer son attention. Peut-être qu'en la regardant fixement avec une main levée elle comprendra que j'ai besoin d'aide non ? Bon, ça ne fonctionne pas, alors résignée, je m'apprête à parler. Mais au moment où j'ouvre la bouche, une autre femme l'interpelle. Coupée dans mon élan, je me contente de l'observer parler avec aisance. Elle est vêtue d'une jupe-culotte noire et d'un court débardeur à motifs graphiques coloré, son attitude est rayonnante. Elle s'adresse à une inconnue si facilement. Je suis dépitée. Tellement que je ne fais pas attention à la personne qui s'approche de moi. Quand le pharmacien – possiblement témoin de ma vaine tentative – s'adresse à moi et me demande si j'ai besoin de renseignements, je sursaute et fait un bond en arrière de surprise. Evidemment, je recule, rencontre un rayon et renverse quelques gels antibactériens.
On se confond tous les deux en excuses, il me demande si ça va, je bafouille, je suis morte de honte et j'essaye sans faire plus de gaffes de replacer ce que j'ai dérangé. Mal à l'aise, je mordille ma lèvre inférieure et n'ose pas le regarder dans les yeux. Je pense avoir l'air d'une enfant terrorisée. Qu'est-ce qu'il m'en faut peu. Le gars en face de moi doit penser la même chose car je le sens se retenir de sourire. Super. Je ne dis plus rien et quand il se racle la gorge comme pour annoncer qu'il va parler, j'ai hâte qu'il enchaîne et qu'on passe à autre chose.
- Fan d'Harry Potter ?
J'ai un petit temps d'arrêt avant de comprendre qu'il fait référence à mon t-shirt, sur lequel repose l'écusson de Poudlard et les couleurs des quatre maisons de l'école. Bon, je suis surprise. C'est vrai qu'il a l'air jeune – quelques années de plus que moi – mais je ne m'attendais pas à ce qu'il notifie une telle chose. Et j'avais aussi oublié avoir enfilé ce vêtement ce matin. Je lui réponds à l'affirmative et il ne paraît que plus enthousiaste.
- J'adore cette saga aussi. Avec un pote on a même eu l'occasion d'aller au parc dédié à celle-ci à Londres. Les bièreaubeurres étaient vraiment top.
- Oh ! c'est trop bien ça. Je n'y suis jamais allée mais c'est clairement quelque chose que je veux faire avant de mourir.
Ok, je suis bien plus à l'aise maintenant qu'on touche à quelque chose que je maîtrise. C'est lui qui mène la discussion, il converse beaucoup plus que moi mais il est trop mignon à parler sorcellerie et monde magique. Il me semble tellement enjoué, ses yeux pétillent. Je crois qu'il prend conscience du fait qu'il s'est éloigné d'un échange strictement professionnel et me dit innocemment qu'il est désolé puis me demande à nouveau pour quoi il peut m'aider.
Alors je lui explique et il m'indique qu'il pense avoir ce qu'il faut. Il s'en va vers l'arrière boutique en me disant qu'il revient très vite et me laisse. Je rejoins alors ma mère et regarde ce qu'elle a dans les mains. Je vois qu'elle a pris de nombreuses vitamines, une crème de jour et un baume à lèvres.
- Tu as tout ce qu'il te fallait chérie ? Moi je pense que ça suffit, je vais seulement reprendre des dolipranes une fois qu'on sera à la caisse.
- J'attends que le pharmacien revienne et on pourra y aller.
- D'accord.
Et juste à ce moment-là, le concerné revient, une boîte entre les doigts. Tout sourire il brandit fièrement sa trouvaille.
- J'ai trouvé ! Bonjour madame. Est-ce que ça sera tout pour vous du coup ?
- Oui, oui merci bien.
- On peut encaisser alors ?
On acquiesce toutes les deux et nous le suivons. Il passe derrière le comptoir et attend qu'on lui laisse ce qu'on a pris. Chaque article est saisi et suivi d'un bip sonore puis déposé au fond d'un sac en papier. Ma mère paye le montant demandé puis il nous tend le sac que j'attrape.
- Merci à vous, passez une très bonne journée. A une prochaine fois !
En terminant ses classiques salutations, il me fait un clin d'œil suivi d'un signe d'au revoir de la main. Je lui souris alors et me retourne pour suivre ma mère. La sortie passée, je vois qu'elle aussi me regarde le sourire aux lèvres. Bon, je crois qu'elle a remarqué quelque chose.
- Il est plutôt beau garçon.
- Maman !
- Et très poli et souriant.
- Oui d'accord j'ai compris, ça suffit.
Je souffle de lassitude et elle, se moque gentiment de moi. Sans un mot de plus, nous montons dans la voiture puis retournons à la maison.
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