Chapitre 2

Est-ce qu'il s'agit d'un pur hasard et que cet homme souhaite profiter de la situation ? Ou bien est-ce que je suis réellement tombée sur l'auteur qui me fait rêver grâce à ses bouquins depuis que je les ai découverts ? Tout ça me semble bien trop irréel pour être vrai. Je décide donc d'ignorer cette carte, du moins pour l'instant, avant que ma grand-mère commence à remarquer que quelque chose me perturbe. Elle est bien trop douée pour savoir quand quelque chose ne va pas.

— Comment va Nathan ? me demande d'ailleurs cette dernière, alors qu'elle s'engage sur l'autoroute sans difficultés.

— Plutôt bien, je réponds évasive, je pense qu'il est content d'avoir une semaine seul sans moi.

— Sottise, lance aussitôt ma grand-mère. Je suis sûre que tu lui manques déjà !

Je préfère ne pas répondre à ça. Si elle savait ce qu'il se passait vraiment, elle ne penserait absolument plus la même chose, j'en suis certaine. Je la laisse donc penser ce qu'elle veut et la laisse continuer à me poser des questions tout le long du chemin. Tous les sujets y passent, des plus insignifiants aux plus importants.

Ça fait presque deux ans que je ne l'ai pas vue alors je ne m'agace pas de ses questions, comme je pourrais le faire avec ma mère. Je suis venue dans le simple but de rendre visite à mes grands-parents, parce que selon ma grand-mère son mari n'en aurait plus pour longtemps à vivre et je devais le voir une dernière fois. Elle m'a déjà fait le coup plusieurs fois, selon elle mon grand-père est mourant depuis quelques années. Pur mensonge pour me faire venir les voir. J'ai accepté après des mois de négociations de la part de ma grand-mère, et je m'attends à voir mon grand-père en pleine forme comme la dernière fois que je l'ai vu, il y a deux ans.

C'est d'ailleurs une petite heure après que ce dernier me salue, un grand sourire aux lèvres, en me serrant dans ses bras.

— Ma petite fille préférée, enfin te voilà ! s'écrit-il en me relâchant.

— Je suis ta seule petite fille papy, alors me dire que je suis ta préférée ne va pas me flatter, je plaisante en lui plantant un baiser sur la joue. Tu as l'air bien en forme pour un homme à l'agonie ! J'ajoute ensuite en jetant un coup d'œil à ma grand-mère.

— Il faut bien trouver un moyen de te faire venir, se justifie-t-il pas le moins du monde gêné.

Je préfère sourire plutôt que d'argumenter, ils veulent pouvoir voir leur petite fille un peu plus souvent. Chose difficile à réaliser depuis qu'ils ont décidé de s'installer à l'autre bout du monde pour leur retraite. Je sais aussi qu'ils ne veulent que mon bien, et que j'avais réellement besoin de vacances pour souffler un peu. Alors malgré le mal que j'ai eu à me décider à venir, je sais que cette semaine loin de tout va me faire un bien fou.

Il n'est que vingt et une heures mais avec le décalage horaire je n'ai pas la force de rester debout, il est déjà trois heures du matin en France, je décide donc d'aller me coucher pour être plus en forme demain matin. Je ne veux même pas avaler un morceau malgré l'insistance de ma grand-mère. Je pars donc dans la chambre d'amis, traînant ma petite valise et mon sac à main avec moi.

Je me change rapidement dans la salle de bain attenante à ma chambre, avant de finalement m'effondrer sur le lit. Je plonge la main dans mon sac pour y trouver mon téléphone. Je tombe évidemment sur mon livre que je m'empresse de prendre également, toujours intriguée par le mot écrit par mon compagnon de vol. Mon téléphone dans la main, malgré l'heure tardive chez moi, j'envoie un rapide message à ma mère, puis mon père, avant d'en envoyer un à Nathan. Je ne m'attends à aucune réponse de sa part, ni ce soir, ni demain. Je pense même que je n'aurai rien de la semaine. Et quand je lui en ferai la remarque en rentrant il me dira simplement qu'il n'avait rien à répondre. Mais penser ça me déprime, je décide donc d'envoyer un autre message juste après celui lui précisant que j'étais bien arrivée.

De Marie à Nathan : P.S. Tu me manques déjà... 

Je pose ensuite mon téléphone à côté de moi, espérant avoir une surprise quand je me réveillerai. Je relis ensuite la dédicace de mon soi-disant auteur préféré. Son adresse e-mail devant les yeux je me demande vraiment si je devrais lui envoyer quelque chose. Même s'il n'est pas vraiment l'auteur qu'il veut me faire croire, il a été charmant avec moi durant le vol, m'aidant avec mes angoisses, alors rien que pour le remercier je pourrais le faire.

Mais avant de me décider, j'attrape à nouveau mon téléphone et tente une recherche sur internet. Je tape rapidement Mr Sivart dans la barre de recherche, malgré mes yeux qui se ferment tout seuls, afin de trouver quelques informations sur lui. Mais il n'y a pratiquement rien sur cet auteur, cela fait trois ans que son premier livre est sorti et a eu un succès inattendu. Et pourtant aucune information ne filtre sur sa vie privée, à part le fait que ce soit un homme, qui apparemment userait d'un nom d'emprunt. Deux choses qui coïncident avec Travis, mais qui ne me prouvent absolument pas que ce soit réellement lui. Ma curiosité me pousse finalement à quitter le navigateur de recherche pour ouvrir ma boîte mail, mais au moment où je termine de taper l'adresse de Travis je reçois un message qui me surprend.

De Nathan à Marie : D'accord. Tu as mis où mon chargeur de téléphone ?

Evidemment il ne répond qu'à mon premier message, mon « tu me manques » passe aux oubliettes. Je ne prends même pas la peine de me demander ce qu'il fait encore debout à cette heure tardive. Je lui réponds le plus simplement possible, n'attendant plus d'autre réponse après cela.

De Marie à Nathan : Tiroir de ta table de chevet.

Je quitte mes messages pour retourner sur ma boîte mail. Est-ce que je devrais vraiment lui envoyer quelque chose maintenant ? Je devrais peut-être attendre demain ? Lui aussi est sûrement exténué par le décalage horaire alors il ne lira probablement pas ses mails ce soir. Et puis demain je serai sûre de ne pas écrire n'importe quoi à cause de mon cerveau bien trop embué par la fatigue. Je finis donc par décider d'attendre. Je quitte ma boite mail, sauvegardant le brouillon du mail sans rien avoir écrit dedans, simplement pour ne pas avoir à réécrire l'adresse demain. Puis je dépose mon téléphone sur la table de chevet, avant de finalement fermer les yeux et me laisser sombrer. Je pense que pour la première fois depuis deux ans je vais réussir à m'endormir très rapidement, et sans avoir besoin de somnifères.

Je me réveille en sursaut et en sueur. Toujours le même cauchemar qui se répète. J'aurais mieux fait de le prendre quand même ce somnifère. Je suis sûre que j'aurais réussi à dormir quelques heures de plus avant de me réveiller. Là je sens bien que je n'ai pas dû dormir énormément, j'ai un mal fou à tenir assise et à ouvrir les yeux. Je meurs encore de fatigue, mais je n'ai pas la moindre envie de me rendormir sans avaler mon cachet avant ça, j'ai besoin de ne pas me réveiller avant plusieurs heures. Je réussis à attraper mon téléphone en le cherchant à tâtons et vérifie l'heure, la lumière de l'écran me brûle les yeux, et il me faut un petit instant avant de m'acclimater. Mais quand je découvre enfin l'heure, je vois que j'avais raison : je n'ai pratiquement pas dormi, il n'est même pas dix heures et demie, et je suis presque sûre que mes grands-parents ne sont toujours pas couchés. Je récupère mon sac à terre et cherche ma boîte de médicaments tant convoitée. J'en sors un petit cachet avant de me rappeler que je n'ai pas d'eau près de moi. Je vais donc devoir sortir du lit et aller dans la salle de bain. Mission presque impossible tant mes jambes ont du mal à me soutenir. Le néon de la salle de bain achève de me réveiller complètement, mes yeux sont maintenant alertes et bien ouverts, même si mon corps lui n'est toujours pas du même avis.

J'attrape rapidement le verre que ma grand-mère a dû laisser la pour moi, le remplis, et repars en direction du lit. J'hésite un instant avant d'avaler mon cachet, mon cauchemar encore bien trop frais dans mon esprit et j'ai peur de me rendormir aussi vite. Je récupère donc à nouveau mon téléphone, bien décidée cette fois-ci à finalement envoyer cet e-mail. La fatigue m'aidant à ne pas trop penser à ce que je fais, je commence à taper en espérant rester cohérente.

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De : Marie Duval H

Á : [email protected]

Objet : Imposteur ?

Cher Travis, il me semblerait bien qu'un imposteur se soit amusé à dédicacer mon livre, et osé le signer du nom de l'auteur. Auriez-vous une idée du coupable sachant que vous étiez mon compagnon de vol ?

P.S. Je vous suis reconnaissante de votre soutien lors de l'atterrissage, et également de votre silence sur mon mépris lors du décollage.

Marie

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J'appuie sur envoyer sans même relire, je pense vraiment que la fatigue a joué sur le contenu de ce message. Jamais je n'aurais osé envoyer ça si j'étais en pleine possession de mon esprit. Je regretterai demain d'avoir envoyé ce mail, quand j'aurai suffisamment dormi, pour l'instant je suis juste satisfaite. Je finis par verrouiller mon téléphone et le dépose à nouveau sur la table de chevet, j'attrape ensuite mon verre d'eau et mon cachet avant de l'avaler.

Je sens rapidement les effets du médicament faire effet, j'ai hâte de dormir plusieurs heures sans cauchemars. Mais mon téléphone qui vibre me tire de ce semi sommeil. Je suis poussée par la curiosité quand je l'attrape à nouveau alors qu'il vibre une seconde fois. Je l'allume les yeux à moitié clos, et y découvre un SMS que je n'attendais pas.

De Nathan à Marie : Je suis un con tu le sais, désolé, tu vas me manquer aussi.

Son message me fait sourire, il peut avoir ses moments de tendresse aussi. J'ignore son message, ne voulant pas abuser de sa gentillesse ce soir. Je me concentre donc à nouveau sur mon portable. La seconde vibration venait d'un e-mail. J'ai soudain une petite peur que Travis m'ait déjà répondu, et mon ventre se noue quand je découvre que c'est bien lui.

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De : Travis Miller

Á : Marie Duval H

Objet : Rien à déclarer

Chère Marie,

Ne devriez-vous pas être en train de dormir avec ce décalage horaire monstrueux ? Je sais que je rêve de pouvoir rejoindre mon lit en ce moment même. Pour ce qui est de votre livre, je n'en ai pas la moindre idée, c'est étrange mais je n'ai vu personne d'autre que vous et moi l'avoir entre les mains. Mais à ce qu'il parait je souffre d'un dédoublement de personnalité et mon alter égo serait ce merveilleux MR Sivart. Quelle étrange coïncidence que son nom de famille soit mon prénom à l'envers, et que MR soit la première et dernière lettre de mon nom de famille (MilleR) vous ne trouvez pas ?

Sur ce, je vous souhaite une excellente nuit Marie Duval.

P.S. C'était un plaisir.

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Je crois que je n'ai pas souri comme ça depuis longtemps, si cet homme est un imposteur alors il est doué. Sinon, je pense bien qu'il me dise la vérité, mais je ne sais absolument pas comment je pourrais le prouver. J'ai envie de continuer à en savoir davantage, mais je suis exténuée et le médicament fait de plus en plus effet. Je lâche donc mon téléphone quelque part dans les draps et finis par fermer les yeux. M'endormant pour la première fois en deux ans avec un sourire aux lèvres, sûrement dû à Nathan et Travis réunis, ou bien l'un plus que l'autre.

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NDA : Hello !! Je n'ai pas pu attendre demain pour partager ce second chapitre ! J'espère qu'il vous plaira, j'attends vos avis ;)
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