C'est hyper important le point de vue quand on commence un récit. Je, tu, il, nous, vous, elles ? Point de vue interne, point de vue externe, passage d'une tête à l'autre ? Un point de vue, deux, trois, dix ? On va essayer de décrypter tout ça ensemble !

· La première personne.

La première personne, c'est le plus interne des modes de narration. Personnellement, c'est mon favori, mais c'est exigent et restrictif. On parle avec un « je » donc l'avantage de cette première personne, c'est que vous allez pouvoir développer votre « je » à fond : son histoire, ses sentiments, ses pensées, ses interactions, votre personnage principal sera extrêmement développé. L'autre avantage, c'est que ça vous évite de vous éparpiller : comme vous êtes dans une tête, vous n'allez pas dans celles des autres et ça restreint le nombre de personnages et d'intrigues.

Mais voilà l'inconvénient : ça restreint le nombre de personnages et d'intrigue. Vous êtes coincé.e avec votre personnage principale toute la durée de votre récit sans pouvoir développer les autres. Ne croyez pas, parfois ça me frustre d'être coincée avec Victoria et de ne pas pouvoir aller dans la tête de Susan ou de Simon.

Mais on peut faire deux points de vue différent à la première personne ? me glisse-t-on dans l'oreillette. Avoir deux points de vue en « je » ? Personnellement, je ne le conseille pas, mais bien sûr, c'est faisable. Si c'est ce que vous souhaitez faire, voilà ce que je vous propose : déjà, vous cantonner à deux points de vue seulement. Au-delà de deux, le « je » va perdre toute son identité et le lecteur va se perdre (On est dans la tête de qui là ? Harry, Ron, Hermione ? Je suis perdu). Donc voilà, pas plus de deux points de vue et surtout, bien indiquer avant le passage « POINT DE VUE HERMIONE » (là pour le coup, majuscule, grand, rouge, arc-en-ciel, centré et immense). L'idéal même est de faire un chapitre = un point vue.

Mais si vous voulez voyager dans les têtes, ce n'est pas la première personne que je vous conseille. La première personne, c'est immersif, vous êtes dans la tête d'un personnage et vos emmenez les lecteurs avec vous.

· La troisième personne.

La troisième personne est plus souple, sans conteste. Vous avez deux façons de l'utiliser :

- Troisième personne d'un seul point de vue. Si elle est cantonnée à un point de vue (comme l'immense majorité de Lucy Weasley, ou Harry Potter himself), elle possède les mêmes attraits que la première personne (développement d'un personnage, ne pas s'éparpiller ...), mais quand même sans son côté immersif, je trouve. Mais elle permet, comme dans Lucy, de temps à autre changer de point de vue et au passé simple elle est peut-être plus agréable à utiliser (j'avoue que les « nous passâmes » sont juste trop moche et pas naturel, « ils passèrent » sonne beaucoup mieux).

- Troisième personne avec plusieurs points de vue : C'EST LA QUE CA DEVIENT INTERESSANT. La troisième personne permet de voyager d'une tête à l'autre et c'est sur ça que je vais m'attarder maintenant.

Donc c'est génial : pouvoir développer les pensées et les sentiments de plusieurs personnages, les dynamiques des deux côtés, savoir ce que l'un pense de l'autre, tout ça ... MERVEILLEUX. Effectivement, c'est merveilleux, mais c'est surtout merveilleux quand c'est bien dosé. Je m'explique. Plus il y a de point de vue, plus il y a de personnage à traiter, avec toutes leurs intrigues et leurs relations donc de nouveaux personnages à traiter et ... Bref, vous le voyez venir ? On s'y perd. Et surtout, c'est le meilleur moyen d'oublier des choses en route que de multiplier les points de vue et les personnages comme ça.

Alors mon conseil pour une bonne gestion, le voici : au début de votre récit, privilégiez deux ou trois points de vue, le temps que le lecteur se familiarise avec les personnages et l'univers. Ensuite au bout de quelques chapitres vous pourrez en introduire d'autres qui seront pertinents et utiles pour votre intrigue et votre développement. Vous pourrez avoir des points de vue fréquents (quatre-cinq personnages qui reviendront régulièrement) et d'autre exceptionnels (le point de vue du méchant pour ménager un peu de suspens, ou quelque chose d'extérieur), mais tout cela se fait dans la durée : n'essayez pas de faire tout, tout de suite ! Soyez patient !

Ce que je conseille aussi, c'est de ne pas sauter d'une tête à l'autre comme ça dans le récit. A savoir une phrase on est dans la tête de Remus et la phrase d'après dans celle de Lily : c'est le meilleur moyen de perdre votre lecteur. Alors ce que je conseille pour plus de lisibilité, c'est de séparer :

Chapitre 24601 :

Remus se sentait affaibli par la pleine lune : il peinait à garder les yeux ouverts en cours et la voix de Binns ne lui parvenait que par intermittence (...> tout le passage point de vue Remus)

***

Lily aimait se rendre à la bibliothèque : c'était l'un des rares endroits de l'école où elle ne risquait pas de croiser James Potter et sa bande (...> tout le passage point de vue Lily)

***

Regulus sursauta lorsqu'il entendit un grand fracas dans sa salle commune. Mulciber venait de casser leur magnifique lustre de cristal en s'essayant au sortilège de réduction, constata-t-il avec un malin plaisir (...>tout le passage point de vue Regulus)

Fin du chapitre 24601

Contrairement à la première personne, vous n'êtes pas obligé de l'indiquer en toute lettre « POINT DE VUE REMUS ». Vous commencez in medias res par votre phrase et vous faites le paragraphe entier de votre point de vue !

· Mais alors c'est quoi le mieux Perri ?

Les deux mon capitaine ! Chacun à son avantage, ça dépend aussi comme vous êtes à l'aise. J'adore la première personne personnellement (j'ai voulu commencer Ombres et poussières à la 3e avant de vous changer pour revenir à la première parce que je me sentais mieux avec), comme je sais que c'est impossible pour Annabethfan de ne pas voyager dans la tête de ses différents personnages. Ça dépend aussi de votre discipline : vous avez tendance comme moi à vos éparpiller ? Pour vous restreindre, privilégiez un seul point de vue (première ou troisième personne) ou forcez-vous à en adopter le moins que possible. Si vous vous savez d'une volonté de fer et que vous vous ne vous éparpillerez pas, vous pouvez tenter d'en avoir une multitude ! C'est aussi une question de feeling !

Ça dépend également de comment vous voulez construire votre histoire : vous voulez que le lecteur sache tout ... ou ne sache rien ? Exemple avec O&P : si j'avais choisi plusieurs points de vue et que j'avais utilisé celui de Simon, je n'aurais pas pu vous surprendre dans la Partie 2, pas vrai ? Pareil si on avait été dans la tête d'Adam dans Lucy ? Donc ça va aussi dépendre de votre intrigue et de vos personnages et surtout des informations que vous voulez donner à votre lecteur !

IMPORTANT : on ne mélange pas la première et la troisième personne dans un récit. On reste uniforme : si on choisit un mode de narration, on s'y tient jusqu'au bout !