Jour 23
Alors oui, je sais, j'ai un peu abandonné. Mais non ! J'ai juste beaucoup de Flemme et peu d'inspiration. J'en ai eu aujourd'hui, et j'espère que ça vous plaira !
Thème : "Tu souris toujours comme si tu allais fondre en larmes."
Sourire. Un sourire bizarre, les deux levres incurvées vers le haut, mais les yeux tristes. Infiniment tristes. Je ne sais pas pourquoi, mais on a arrêté de marcher.
-Pourquoi tu souris toujours comme ça ?
Froncement de sourcils. Incompréhension.
-Comment ça ?
-Tu souris toujours comme si tu allais fondre en larmes...
Silence. Long. Rire nerveux.
-Hein ? Comment ça ?
Je ne réponds pas. Je le regarde, attendant qu'il reponde vraiment, je ne veux pas être celle qui alimente la discussion.
-Je ne comprends pas ce que tu veux dire, Juliette.
Je soupire.
-Je ne sais pas comment je pourrais l'expliquer autrement.
Il détourne les yeux. Il réfléchit. Il semble sous le choc. Je n'aurais pas dû dire ça. Je regrette déjà.
-Je comprends ce que ça veut dire. Mais je suis perdu là, explique-moi, vraiment.
Je le fixe, je balbutie, je ne sais pas quoi dire. Je recommence à marcher. Il fait de même.
-Eh bien... Tu souris tout le temps, c'est super rare de te voir songeur, quand on te parle. Mais justement, quand tu parles pas, quand on ne te parle pas, quand tu penses que personne ne te regarde, le sourire tombe tout de suite.
Je ne sais pas comment expliquer la suite. Je m'arrête de parler. Il pense que j'ai fini. Il répond.
-C'est normal, je pense... Sourire, ce n'est pas naturel.
Je suis contente de marcher. On regarde tous les deux devant soi. Pas de contacts visuels et pas ce foutu sourire. Est-ce qu'il sourit ? Je le regarde. Il sourit encore, mais c'est un sourire incertain. Plus fragile. Comme fissuré. Je me concentre sur le trottoir devant nous.
-Je sais. Enfin, je ne suis pas vraiment d'accord, mais soit. Avec toi, c'est plus que ça. Quand les gens te parlent, tu mets un faux sourire pour les berner. Et parfois c'est un vrai sourire sincère, mais il est faux quand même, surtout avec tes yeux qui ne changent pas. Tu vois ?
-Euh, non.
-Comment expliquer... Quand tu souris, tu as un sourire sincère, parce que tu es vraiment content de parler avec la personne, mais c'est pas un vrai sourire parce que au fond de toi tu es tout le temps triste. Ça se voit dans tes yeux.
Il reste silencieux. Je tourne la tête vers lui. Il ne sourit plus. Je n'arrive pas à comprendre ce qu'il ressent.
-Et du coup, quand tu souris, j'ai l'impression que tu es sur le point de t'effondrer. Et tu vois j'ai envie de te soutenir, de te prendre dans mes bras jusqu'à ce que tu pleures un bon coup et que tu te sentes mieux. J'ai l'impression que tu te voiles tout le temps la face et que tes émotions te rongent. Et que personne ne le voit.
Il ne dit rien, je continue.
-Et tu vois, moi, tu m'as déjà vue pleurer, tu m'as déjà prise dans tes bras pour me consoler, et j'ai la constante impression que tu me fais plus de bien que je ne t'en ai jamais fait, que je ne t'en ferai jamais. Tes yeux pleurent tout le temps, et mon cœur se brise à chaque fois que tu me souris comme ça, parce que je suis une amie indigne, qui n'arrive pas à t'atteindre.
Il fait un bruit bizarre. Je tourne la tête. Il a les larmes aux yeux. Il fixe le sol. Évite mon regard ? Sûrement.
Une bonne occasion de me taire, manquée. Encore. On s'est arrêtés.
-Pardon...
-Tais-toi.
Je ne l'avais jamais entendu parler comme ça. De cette manière. Il est blessé. Je l'ai blessé. Merde merde merde.
Il pose ses poings serrés sur ses yeux. Inspire. Expire. Lentement. Il tremble. Oh mon dieu, il pleure. Qu'est ce que je fais, qu'est ce que j'ai fait.
-Romuald, je... Tu veux qu'on ailles au parc d'Avroy ? Y aura moins de monde qu'ici.
Il hoche la tête négativement. Il essuye ses yeux. Relève la tête, rougie par les larmes, nos regards se croisent. Il me fuit. Il se remet à marcher.
-Je...
-Pas maintenant. Attends.
On marche. Je me sens stupide. Tellement stupide. On marche. Je me tais. Il parle, après un silence interminable.
-Tu n'es pas une amie indigne, Juliette.
Je ne sais pas quoi répondre. C'est sur ça qu'il continue la conversation. Sur mes insécurités, les miennes, surtout pas les siennes. Ne parlons surtout pas de ses problèmes. Jamais. Il est trop fier pour ça.
-Mais tu as raison pour le reste, je pense. Je... Je suis tout le temps triste.
Sa voix tremble. Je le regarde. Il me regarde, et ne me sourit pas, mais je vois que la tristesse de ses yeux a un tout petit peu diminué. Puis il sourit. C'est un sourire triste, mais c'est un sourire d'espoir. Ses yeux sourient un peu. Je souris.
-Ta proposition de me prendre dans tes bras pour me soulager... Elle tient toujours ?
Je ris. Mon sourire se fait plus grand, et je tends les bras.
-Bien sûr.
Alors je le serre très fort. J'espère pouvoir lui faire un câlin qui lui brise les côtes et lui soulage le cœur. Il pleure à nouveau. Il ne se retient plus. J'espère sincèrement que ça lui fera du bien. Et qu'il ne sourira plus jamais comme s'il allait fondre en larmes.
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