Démontons Legolas : 8 vrais ou faux sur les archers

Je vous l'ai dit, je ne suis pas une experte dans le domaine des armes. Très très loin de là. Genre, si y'avait des ceintures comme au judo sur la connaissance des armes, moi je serais "ficelle noire à rôti".

Enfin ça c'était avant : pour les besoins de ce segment, j'ai évidemment dû me plonger plus profondément sur le sujet, histoire de pas raconter n'importe quoi (là grosso modo, j'estime que je suis passée au niveau "ceinture ajustable Reine des Neiges").

Non mais matez-moi cette abomination.

Mais vous allez vite pouvoir juger de mon niveau d'expertise sur certaines armes médiévales (je ne m'aventurerai pas sur les armes à feu, non pas qu'elles n'aient pas leur place en fantasy, mais juste que ce recueil n'a pas vocation à devenir une encyclopédie sur la guerre)(c'est la jolie façon de dire que j'ai la flemme de traiter ce sujet qui m'intéresse pas plus que ça).

Commençons déjà par les arcs, les flèches et les archers : rien que là-dessus, y'a un paquet de trucs à dire.

Et croyez-moi, Legolas va en prendre pour son grade.


1️⃣ Les archers doivent être agiles et doués de dextérité ➡️ FAUX

S'ils sont aussi gymnastes et champions de lancer de fléchettes, peut-être, mais sinon... bah on s'en fout, de leur agilité et de leur dextérité. Au cinéma et dans les séries, on voit beaucoup de petits gus plutôt secs dans les rôles d'archers, sauf qu'en fait, pour bander un arc de guerre, il faut une sacré force physique.

Il est d'ailleurs pas rare qu'un archer ait un bras plus musclé que l'autre pour cette raison (et ce sera donc pas à cause de la branlette, même si effectivement, il bande).

Bander un arc de guerre revient à tirer, en moyenne, un poids de 50 kg (et ça va parfois jusqu'à 80 kg)(et encore une fois, je ne parle ni de ta petite soeur, ni de ta mère) : autant dire que l'agilité et la dextérité t'aideront absolument pas si t'as des petits bras tout fins.

Ce qui nous amène au second point...


2️⃣ C'est vachement stylé de bander un arc pendant 30 secondes ➡️ Stylé oui, mais NOPE

Vous l'aurez compris, retenir un poids de 50 kg, ça demande du muscle... et c'est fatigant. Bien plus que de bander sans arc (oui je vais faire cette blague plusieurs fois parce que, comme elle est pas drôle, je vous aurai à l'usure, ça s'appelle le comique de répétition et c'est celui que je maîtrise le mieux).

Toutes les scènes où les archers attendent tranquillement qu'on leur dise de relâcher la corde pour faire pleuvoir leurs flèches sur l'ennemi, c'est du n'importe quoi : plus t'attends, et plus tu vas te mettre à trembler. Et plus tu trembles, moins t'es précis, si tu ne finis pas tout simplement par relâcher la corde par accident.

T'as beau avoir 14/15 en dextérité, dans ce genre de situation, tu trembleras comme un papi Parkinson.


3️⃣ Pour encore plus de dégâts, on tirait des flèches enflammées pour précuire l'ennemi ➡️ NOPE, essaie plutôt le bain-marie

Les flèches incendiaires, ça a bel et bien existé : les archers mettaient un peu d'amadou incandescent sur la pointe de leur flèche et pouf, ça faisait une flèche en feu.

Néanmoins, on s'en servait uniquement pour essayer de causer un départ de feu, donc on visait des toits de chaume, de la paille, des tissus... bref, un truc qui crame facilement, pas une grosse porte en bois massif ou un être humain.

Donc à moins que vos personnages soient de grosses chipolatas dégoulinantes de gras (et même dans ce cas, c'est pas garanti que ça prenne), vous allez pas faire flamber quelqu'un parce que vous le touchez avec une flèche enflammée.


4️⃣ Tirer en cloche n'était pas très efficace ➡️ FAUX, mais si vous me croyez pas, je vous invite à tester ❌

J'ai vu tout et son contraire au sujet du tir en cloche, c'est d'ailleurs cette question précise qui m'a bloquée si longtemps avec ce dossier sur les combats : quand je pensais avoir trouvé une source fiable, paf, une autre source venait infirmer l'info.

J'ai d'abord cru, comme vous autres cloches (oui à défaut de tirer à l'arc, je tire à balle non-réelles à base de violence gratuite – ah vous êtes pas venus ici pour rien, n'est-ce pas ?), que c'était débile parce qu'on pouvait pas viser correctement en tirant vers le haut.

Et la débile, c'était moi, parce que les archers sont putain de badass : bien sûr qu'ils peuvent déterminer à peu près où retombera leur flèche, même avec un tir indirect (je veux dire, ils sont capables de prendre en compte le vent pour ajuster leurs tirs... c'pas une petite parabole qui va leur faire tirer de travers).

Bon évidemment, on perdait en précision, mais cette technique avait un avantage : on pouvait atteindre sa cible de beaucoup plus loin qu'en tir direct (qui n'allait pas au-delà des 200 mètres même pour les arcs les plus puissants).

Elle permettait de créer un effet "pluie de flèches" (dit comme ça on dirait un filtre sur Photoshop, mais celui-là picote un peu plus qu'un mauvais flou gaussien) : redoutable sur les chevaux et les troupes peu blindées (et même sur les types en armure, en fonction de l'angle, ça pénétrait – et on parle pas du truc qui bandait 3 paragraphes au-dessus).

En plus, même pour ceux qui étaient bien protégés, se prendre une pluie de flèches sur le coin de la gueule, c'est relou : imaginez le bruit des coups sur le métal des heaumes et des armures (aussi chiant qu'un groupe d'étudiants bourrés à 2h du mat' – oui je suis une mamie).

Sans comptez que les cibles touchées (chevaux ou mecs qui ont pas eu de chance) vont s'écrouler en plein milieu du passage, ce qui va ralentir les autres. Rajoutez à ça toutes les flèches plantées partout et vous obtenez une armée qui galère pour avancer, ce qui vous laisse encore plus de temps pour finir de bien les niquer.


Petit tuto express pour bien réussir son make-up... SA PLUIE DE FLÈCHES :

➡️ Avoir plein d'archers en formation serrée

➡️ Avoir plein de flèches pour eux (genre beaucoup, beaucoup)(genre une soixantaine par archer pour un effet optimal)

➡️ Avoir des troufions qui leur mettent les flèches à disposition pour que ça mitraille encore plus vite

➡️ Avoir un terrain dégagé (si possible, un bourbier où l'ennemi va patauger, ça va bien le saouler en plus de l'immobiliser), et pas plat (il vous faut un dénivelé – genre une colline, par exemple – pour bien voir la zone que vos archers vont viser). Idéalement, soyez en haut pour bénéficier de la gravité, mais dans l'autre sens ça doit pouvoir marcher aussi (faites juste gaffe à ce que vos ennemis décédés roulent pas jusqu'à vos archers, sinon ça va faire comme au bowling et on veut pas d'un truc aussi ridicule dans notre belle fantasy épique).


5️⃣ Quand on se prend une flèche, il faut la retirer au plus vite ➡️ VRAI, mais dans les faits c'était compliqué ✅

De manière générale, quand un corps étranger pénètre dans votre organisme, mieux vaut pas l'y laisser trop longtemps (sinon après, il s'installe chez toi, laisse traîner ses chaussettes sales dans la salle de bain et t'empêche de voir tes amants quand tu veux, vraiment c'est relou).

Le danger d'une flèche, c'est évidemment l'infection. Les archers étaient de gros sadiques : ils pouvaient glisser un peu de mousse ou d'herbe dans leurs pointes de flèches et pouf, une fois dans le gras de leur ennemi, même si on a touché une fesse, son cas se réglait par une bonne petite septicémie.

Et même quand ils ne s'emmerdaient pas à faire ça, ils étaient quand même assez sereins : une technique consistait à planter ses flèches dans la terre devant soi pour pouvoir les attraper encore plus vite avant de les tirer. Une bonne petite flèche pleine de terre dans le popotin et pouf : a pu popotin, a pu monsieur.

Internet m'a même révélé que dans certaines armées, les archers déféquaient dans leur carquois (oui, leur technique imparable était donc de mitrailler leurs ennemis de caca, et le pire c'est que ça devait être diablement efficace). Je suis pas certaine que cette dernière anecdote soit souvent utilisée dans un bouquin de fantasy non parodique, cela dit.

Bref, oui, valait mieux retirer une flèche le plus vite possible. Sauf que dans les faits, quand un type se prenait une flèche sur un champ de bataille, on ne pouvait pas la lui retirer immédiatement... parce que bien évidemment, c'était pas si simple.

En effet, une flèche ne peut pas être retirée en tirant sur l'empennage : soit on charcute proprement avec un couteau autour de la plaie, soit il faut la pousser pour la faire ressortir de l'autre côté (ça, c'est évidemment à condition qu'il y ait pas un organe entre la pointe et la sortie).

Fun fact, les fûts (la "tige" des flèches, pas ceux qui contiennent de la bière, hélas) étaient généralement en cèdre, un bois qui a un "sens" : dans un sens, ça rendre comme dans papa dans maman, dans l'autre... bah plutôt comme maman dans papa pas préparé.

Comprenez qu'il laisse des échardes à la sortie (en plus de la forme de la flèche qui, au retour, arrache la chair) : alors là comme ça, on peut se dire qu'on n'est plus à quelques échardes près, mais vous vous souvenez que les archers pouvaient faire caca... bref : c'est autant de petits bouts de matières fécales qui s'infiltrent tout autour de la plaie.

J'espère que personne ne mangeait en lisant ce segment.


6️⃣ Avec de l'entraînement, on peut attraper une flèche au vol pour la relancer à l'ennemi ➡️ FAUX, t'as cru c'était un frisbee ou bien ? ❌

Avec beaucoup d'entraînement, c'est envisageable quand la flèche n'est pas tirée à pleine puissance, mais en situation de combat, à moins que votre ennemi soit stagiaire ou secrètement amoureux de vous, il impossible pour un être humain normal d'attraper la flèche au vol (sauf si se la prendre en pleine paume, ça compte, mais dans ce cas-là il vous faudra un peu de temps pour vous la retirer de la main et la renvoyer à l'envoyeur, cf. le point sur la septicémie et le caca un peu plus haut).


7️⃣ Les archers étaient statiques ➡️ VRAI, mais il y avait des exceptions ✅

Globalement, la force des archers dans une bataille, c'est leur nombre et leur attaque "pluie de flèches" (oui, les archers sont en quelque sorte des pokémons... de type caca, du coup). Ils avaient donc tendance à trouver un spot sympa et à harceler leurs ennemis sans trop bouger, surtout pour ceux qui avaient des arcs très puissants (et donc, plus difficiles à bander).

Typiquement, ils étaient très utiles pour défendre une place forte (là où les épéistes servaient globalement à rien).

Cela dit, il a aussi existé des archers très mobiles, notamment les archers à cheval, capable d'atteindre une cible en mouvement tout en lui fonçant dessus.


8️⃣ Les archers portaient leur carquois dans le dos ➡️ VRAI, ils pouvaient ✅

À l'origine, je pensais que c'était une idée reçue et en fait, non (comme quoi on en apprend tous les jours, même si ça m'a demandé de creuser loin cette affaire).

De faux débunkages prétendent que c'est absurde de porter son carquois dans le dos parce qu'on ne peut pas attraper rapidement les flèches qui y sont rangées, ou encore parce que c'était pas pratique en forêt parce qu'elles se prenaient dans les branches.

Alors c'est vrai qu'elles se prenaient dans les branches, mais on déployait rarement des archers sur des terrains couverts : leur but, c'est quand même de pouvoir niquer les gens de loin, donc si le décor les gêne, la stratégie est déjà un peu moisie.

Dans les faits, on a retrouvé des carquois dorsaux dans plusieurs tombes, au même titre que des carquois portés à la taille. Les flèches pouvaient aussi être glissées dans la ceinture, tenues à la main, fichées dans le sol ou dans une bouse de vache... bref : afficher qu'il n'y a qu'un seul type de carquois, ce serait comme croire qu'il a qu'un seul tome à la saga ACOTAR.

Hélas pour moi, y'en a bien plusieurs (d'ailleurs si vous ne suivez pas mes stories sur Instagram, vous passez à côté d'un truc, sachez-le).

Et vous, les flèches pleine de caca, vous préférez les transporter comment ?

Sur ces belles paroles, passons aux idées reçues sur un autre type d'armes : les épées !

On fait ça dans le segment d'après – du moins, pour ceux qui en ont pas eu marre de mes blagues de zizi et de caca.

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