Découpons ces andouilles de lecteurs pour mieux les satisfaire
Pourquoi nos lecteurs les plus déb...LICIEUX (déblicieux, oui !) préfèrent-ils un personnage secondaire random à notre héros (hormis parce que notre héros est profondément chiant et mal écrit, je veux dire) ?
L'INSUPP nous révèle (quoi, vous savez pas ce qu'est l'INSUPP ? L'Institut National des Statistiques Un Peu Pétées, je vous avais pourtant demandé de le retenir celui-là !) que les lecteurs se divisent en 3 catégories :
Oui, on dirait le powerpoint du stagiaire com' de Kate Winslet dans Divergente avec les Altruites (altruites, altruistes, zut, c'pareil), les Juristes (ou Intellectuels ? je sais plus) et les Sportifs qui sautent partout (c'est presque ça). Mais en fait non, ce graphique est très sérieux. Concentrez-vous svp.
Découpons (enfin, observons, c'est pareil non ? OH FUCK NON MON AURICULAIRE) un peu tout ce petit monde
1. Les Coopératifs : cette congrégation de lecteurs au nom passible d'être utilisé par un salon de coiffure est votre plus grand allié. Ces lecteurs, ce sont ces amours qui aiment les personnages que vous leur dites d'aimer, qui détestent les personnages que vous leur dites de détester, bref : ce sont ceux que vous n'avez pas besoin de manipuler. Ils sont vos copains et le public idéal de votre histoire, celui qui adhère à tout ce qui se passe (ou presque, ce sont pas des déblicieux non plus). Votre mission : ne pas les oublier (sans pour autant les ménager, vous êtes pas leur daronne hein).
Les Coopératifs, gravure du XIIème siècle.
2. Les Rageux : ceux-là, il faut s'en méfier. Ce ne sont pas forcément les trolls ou les personnes mal-intentionnées qui nous pourrissent parfois la vie (eux, ils sont pas comptabilisés comme lecteurs puisqu'ils appartiennent à la digne caste des furoncles – et un furoncle, ça ne lit pas, c'est bien connu). Les Rageux, ce sont ces lecteurs (minoritaires, normalement !) pour lesquels vous allez passer beaucoup de temps à vous demander :
"Mais bordel, s'il trouve tous les personnages si chiants que ça, qu'est-ce qu'il fiche encore sur mon livre ce glandu ?"
À moins que vous soyez devenu sans le savoir l'un des auteurs à lire pour le bac de français (pour la team des natifs de 2002 et d'après, le bac, c'était un diplôme, avant <3), en réalité, le Rageux a envie d'être là, n'en doutez pas. Sûrement pour de mauvaises raisons ("mais quel est ce livre qui marche mieux que le mien alors que DE TOUTE ÉVIDENCE il est moins bien ?" ou "aller, je vais essayer d'aider cet auteur neuneu, même si j'ai pas de temps à perdre avec ce torchon" – 15 heures plus tard, il est toujours là et a laissé 12 000 commentaires, parce que finalement, il en avait quand même, du temps à perdre).
Mais tout de même : le Rageux fait partie de votre lectorat, et vous devez composer avec. Ce sera parfois difficile, il faudra souvent prendre ses commentaires avec beaucoup, beaucoup de recul (mais ce point mérite un segment à lui tout seul, donc je ne m'éterniserai pas ici), mais ce sera quand même une bonne chose.
Bas-relief de l'époque Mycénienne représentant des Rageux pendus.
3. Les Bobos : eux, ce sont les Parisiens vegan gluten-free cyclistes (et allergiques aux odeurs de la campagne) de la littérature (notez que j'ai des amis dans chacune de ces catégories, hormis dans celle qui ne supportent pas les odeurs de la campagne, faut pas pousser #tolerance). Ces lecteurs vont parfois vous agacer, mais globalement, ce sont de bons bougres. Leur truc, c'est de vouloir être original à tout prix : ils se feront donc une joie de détester votre héros, et d'adorer vos personnages secondaires (voire vos méchants, même si ça, ils commencent à se rendre compte que ça n'a rien d'original).
Ce faisant, ils n'ont en réalité pas un regard très singulier sur votre oeuvre, mais vous devrez absolument les aider à y croire quand même : c'est cette "originalité" qui constitue leur personnalité. S'ils ne se sentent plus originaux en lisant votre oeuvre avec leur œil d'emmerdeur "naaaan mais moi je pense que le personnage de Mönyk est vraiment le pivot de l'histoiiiiiire", ils risquent de se sentir inutile (ou pire, banal !) et de décrocher. Ce que, bien évidemment, on veut éviter.
Auto-portrait d'un Bobo du XVème siècle.
Versons nos morceaux de lecteurs (et d'auriculaire) dans un saladier
Et regardons à quoi ça nous a servi de découper des humains (presque) innocents.
La première chose à retenir de cette typologie dont la précision et l'exhaustivité n'ont pas à faire débat, c'est qu'il existe différents types de lecteurs, avec des attentes très différentes, y compris au sein du lectorat d'une même oeuvre.
Vous ne pourrez donc jamais tous les satisfaire à 100%. Chaque lecteur conserve sa propre interprétation, sa propre lecture, de votre oeuvre, avec une sensibilité qui est unique (enfin presque, c'est bien pour ça qu'on en fait des groupes).
Il y aura toujours des lecteurs qui préféreront Mönyk, et à moins d'être un dictateur en puissance, vous n'avez pas intérêt à vouloir faire rentrer 100% de vos lecteurs dans un moule unique qui les forcera à aimer Karaya plus que Mönyk.
Tous les Bobos vous le diront : vouloir à tout prix rentrer dans le moule, c'est un coup à devenir une tarte.
"Bon Olivia, si tu tiens à écrire des intros de 50 pages, assure-toi que ce soit pas juste pour enfoncer des portes ouvertes !"
Vous avez bien raison, ça suffit la douceur et la tolérance, place aux vrais conseils !
Comment manipuler les Coopératifs ?
Si vous avez suivi, vous l'aurez compris : on manipule pas les Coopératifs puisque, globalement, ils sont déjà bien lobotomisés et acquis à votre cause. Ils aiment Karaya, cette pisseuse qui obtient leur dévotion par son seul statut d'héroïne vertueuse de l'histoire.
Laissons-les continuer à aduler Karaya et passons aux rebelles du royaume : les Bobos et les extrémistes, les Rageux.
Comment manipuler les Bobos ?
On l'a vu, les Bobos aiment se singulariser du reste du troupeau (et forment quand même un autre troupeau qui représente très précisément 48% du lectorat, hein...) en appréciant des personnages qui ne sont pas des héros.
Pour transformer un Bobo en Coopératif, il faut faire en sorte de permettre au Bobo de se sentir original.
Le Bobo valorise toute forme d'originalité, tout ce qui sort du lot (selon lui). Si le Bobo ne supporte pas Karaya, c'est donc peut-être parce qu'elle manque, je vous le donne dans le mille, d'originalité. Le Bobo va apprécier la prise de risque de l'auteur avec un personnage qui présente des traits peu communs, qui placent le héros dans des situations délicates et complexifient son parcours.
Et dans le fond, bah le Bobo, il a raison.
On note donc originalité et prise de risque dans les choses à retravailler pour se mettre les Bobos dans la poche, et on y reviendra après.
Comment manipuler les Rageux ?
L'antre des Rageux est un lieu aux mille dangers. S'y aventurer sans préparation et sans protection, c'est risquer de saboter soi-même l'histoire que l'on a imaginée en essayant de se plier aux exigences (parfois stupides) de ces lecteurs qui peuvent parfois faire preuve de mauvaise foi.
Pourtant, du côté des Rageux, tout n'est pas à jeter. D'ailleurs, avant de cracher sur les Rageux, regardons dans le saladier : les bouts de Rageux un peu noirâtres qui entachent notre lectorat réduit en dés, ce ne serait pas la même chose que nos morceaux d'auriculaire ?
Bon sang, suis-je une Rageuse ?
Pour comprendre (et donc, avoir les outils pour manipuler) les Rageux, il faut commencer par réaliser que chacun d'entre nous a, en effet, une petite part de Rageux.
Que ce soit par jalousie (plus ou moins consciente), par possessivité ("comment ce vulgaire auteur de romance ose-t-il s'attaquer à une histoire fantasy basée sur l'Égypte des Ptolémées alors que j'en suis le spécialiste et que ses connaissances doivent se limiter à Astérix Mission Cléopâtre ?!") ou simplement parce que l'on est "forcé" de lire une histoire dans le cadre d'un échange d'avis contracté par dépit ou d'un concours où on n'avait pas fait gaffe qu'il allait falloir participer : être Rageux, ça peut arriver à tout le monde.
Sans rentrer dans le détail de "comment éviter de devenir un sombre connard", notons que personne n'est parfait et que, par conséquent, ça fait un paquet de monde foncièrement sympa qu'on a une chance de transformer en lecteur Coopératif, si on prend la peine de s'y intéresser.
Même un Rageux peut finir par aimer une histoire qu'il méprisait au départ.
Comment réaliser un tel miracle ? En comprenant ce que nous veut précisément ce Rageux.
Et cette question mérite bien son segment à elle toute seule.
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