𝑖𝑛𝑡𝑒𝑟𝑙𝑢𝑑𝑒 𝑑𝑒 𝑎𝑑𝑒𝑙

° ° °

Novembre 2019.
Je ressemblais à un bonhomme de neige. Un énorme bonhomme de neige même, vêtu de sa doudoune qui lui descendait jusqu'à mi-mollet, un bonnet blanc enfoncé sur la tête, un masque sur le visage et des gants. Mais après tout, toute la population de Séoul se ressemblait à cette période. Hormis quelques filles, qui, portant des jupes toujours plus courte, prouvaient à la ville tout entière qu'elles n'avaient pas froid aux yeux... Le reste des habitants du pays du matin frais, lui, se pelait vraiment les miches. Aujourd'hui, il faisait à peine deux degrés et oui, je regrettais clairement mon lit, ma couette épaisse et mes oreillers. Mais comme disait ma grand-mère, il fallait souffrir un peu pour avoir ce qu'on voulait. Or, j'avais décidé qu'aujourd'hui j'irais changer de tête, de manière radicale. Maintenant que j'avais viré au blond, je me demandais sérieusement si ma grand-mère allait se féliciter de m'avoir encouragé. Je pressais donc le pas, ayant hâte de retrouver la chaleur de mon foyer.

Au passage, je ne pus m'empêcher de me prendre un café à emporter. Depuis que j'étais sur Séoul, j'en buvais beaucoup trop, mais il fallait dire que j'étais tenté à chaque coin de rue... Cette ville regorgeait de Starbucks ou autres chaînes de café, et j'avais très vite pris le pli. J'en pris un deuxième pour ma grand-mère qui, je le savais, malgré ses protestations envers ses grandes chaînes américaines, adorait le café qu'ils faisaient.

- Halmeoni ? Je suis rentré !

Je me débarrassai de mes chaussures dans l'entrée, et déposais les deux cafés sur sa petite table de cuisine. J'adorais l'appartement de ma grand-mère. Il était très cosy, et elle avait de la chance d'avoir beaucoup de place. Elle vivait seule depuis la mort de mon grand-père, il y a des années de cela, et si au départ j'avais eu peur qu'elle dépérisse dans son coin... Il n'en avait rien été.

- Adel ?
- Ouais ! Je t'ai apporté du café.

Un balai dans une main, une époussette dans l'autre je la vis faire irruption dans le salon, les yeux plissés.

- Qu'est-ce que tu as encore fait à tes cheveux..., bougonna-t-elle.

Ma grand-mère était très... vieille Corée traditionnel. Les tatouages, les couleurs de cheveux fantaisiste (comprenez par là, si vous n'aviez pas votre couleur de cheveux originale, vous étiez en dehors de la norme), les piercings... Mais étrangement, lorsqu'il s'agissait de moi, elle n'agissait plus du tout de la même manière.

- Tu as de la chance d'être un beau garçon, cette couleur aurait pu tout faire virer à la catastrophe ! continua-telle en agitant son balai et en se dirigeant vers moi.

Je pouffai et elle m'imita.

- Tu ne veux vraiment pas de tes beaux cheveux noirs, mmh ?

Malheureusement, je le savais, ma chance d'avoir les mêmes cheveux sombres que ma mère était légèrement compromise. Les gênes capillaires de mon père étaient visiblement bien trop fort.

- Quand je serais vieux, halmeoni. Pour cacher mes cheveux blancs.

Elle me donna une tape sur le sommet du crâne en souriant.

- Comment se passent tes cours ?
- Excellent ! Mes professeurs en France sont très satisfaits de mes résultats.
- C'est bien ça, c'est bien Adel !

Ma grand-mère attachait une importance capitale aux études. Et j'avais beau avoir grandi dans un pays avec une éducation totalement différente de la sienne, elle ne semblait pas tenir compte de ce facteur. Elle se posa dans son petit canapé et je lui apportais son café, qu'elle s'empressa de boire. Je m'apprêtais à aller m'enfermer dans ma chambre quand elle m'interpella une dernière fois, les yeux brillants.

- Et comment va Louis ?
- Il... Il va bien.

Ma grand-mère acquiesça et continua de boire comme si de rien était. J'esquissai un sourire avant de tourner les talons. Je savais que ma grand-mère faisait des efforts. De gros efforts même. Mais elle semblait vouloir apprendre à connaître Louis et... J'aimais fort ma grand-mère pour toutes ces petites choses. Parce qu'elle avait grandi dans une société radicalement différente de la mienne, où les mœurs n'étaient pas les mêmes, ou tout n'évoluaient pas de la même façon et que... comme beaucoup de personne de son âge, ses idées peinaient parfois à évoluer.

Mais il fallait croire que je ne lui avais pas vraiment laissé le choix, là-dessus, je n'étais pas vraiment le petit-fils modèle dont rêvait toute grand-mère coréenne. Elle avait été au courant pour Eden, et je me souvenais ô combien cela avait été difficile de le lui dire. Mais je partageais beaucoup de choses avec elle, et je n'avais pas voulu la tenir à l'écart. Là, avec Louis, c'était la même chose. Difficile de lui cacher ma relation à distance avec un garçon à qui je parlais très souvent au téléphone, ou dans ma chambre. Au départ septique, elle avait finalement insisté pour voir une photo de Louis. Finalement, elle avait passé une bonne heure avec moi, sur mon lit, à regarder l'intégralité des photos que j'avais prise de lui, celles de nous, celles de son compte instagram...

Ce garçon a de très beaux yeux !, m'avait-elle alors dit, un sourire aux lèvres. Et mon cœur s'était gonflé de joie. Oui, Louis avait de beaux yeux. Les plus beaux qu'il m'eut été donné de voir, et croyez moi, je ne pensais pas dire ça après avoir croisé Eden. Louis se plaisait à dire qu'ils étaient juste... très banals. Mais c'était faux. Il avait les yeux les plus expressif que je connaisse, et un regard doux que j'aimais beaucoup. Ses deux billes bleues ne me quittaient jamais. Il a l'air de faire beaucoup de sport..., avait-elle continué. Et je lui avais parlé du volley, de ses entraînements qu'il faisait deux à trois fois par semaine. Au final... j'estimais que ma grand-mère l'aimait bien. Et je ne pouvais pas être plus ravi.

*


Je dépliais mon ordinateur portable sur mes genoux, pressé de pouvoir lui parler de nouveau. C'était rare que Louis puisse me parler à cet horaire-ci, et cela me faisait un bien fou : j'adorais papoter avec lui, mais c'était toujours compliqué lorsque je venais tout juste de me lever et que, clairement, je n'avais pas l'esprit entièrement réveillé. Son visage m'apparut enfin et j'esquissais un sourire et agitais ma main, bêtement, derrière mon écran. Aussitôt ses yeux s'ouvrirent en grand quand il les posa sur ma tignasse blonde.

- J'en étais sûr que tu réagirais comme ça..., rigolais-je.
- Tes cheveux...
- Tu n'aimes pas ?
- Est-ce que tu plaisantes ?

J'adorais surprendre Louis. Parce que ses réactions étaient toujours marrantes, vraiment. Louis était ce genre de personne qu'on avait sans cesse envie de voir réagir. Cependant, là, je n'avais aucune idée de s'il trouvait mon changement de style capillaire bien ou non. J'affichais une petite moue avant de poursuivre.

- C'est quoi c'te tête..., bougonnais-je.
- T'es canon.
- Oh.
- Sérieusement Adel... tu... enfin, je...

Je levais les sourcils. Canon ? Ok, je prenais le compliment.

- Je suis rassuré..., fis-je en me passant une main dans les cheveux., J'ai vraiment hésité, mais je crevais d'envie de le faire depuis que je suis arrivé là-bas... Sinon, ça va toi ?
- Euh... ouais, ouais ça va !
- Hé bah, remet toi Louis, c'est juste des cheveux.

Bon sang, il me faisait rire... J'étais persuadé qu'il ne s'en doutait pas, mais j'avais vu sa couleur de visage changer, même à écran interposé. J'avais envie de le vanner à nouveau, mais il changea rapidement de sujet, comprenant que je n'allais pas tarder à me lâcher. Comme d'habitude, il s'attarda sur l'histoire de Eden et Isaac. Je la suivais comme un feuilleton depuis que j'avais quitté la France. Eden et moi nous parlions de temps en temps, et je tenais à entretenir notre amitié qui, soyons honnête, en avait pris un sacré coup il y a quelques mois. Mais désormais, nous étions tous les deux passés à autre chose. Et puis, merde, moi je voulais connaître le fin mot de l'histoire, allait-il réussir avec Isaac ? Leur histoire était bien plus palpitante que l'histoire d'amour de Ross et Rachel, croyez moi.

Je parlais depuis dix bonnes minutes déjà, quand je vis le regard de mon petit ami se perdre doucement dans le vide. Je l'aurais immédiatement prit dans mes bras si des milliers de kilomètres ne nous séparaient pas en cet instant.

- Louis ?
- Pardon, j'étais ailleurs, fit-il d'une petite voix.
- J'ai vu ça. Tu avais l'air triste aussi...
- Non, c'est juste que...

Il baissa les yeux sur son clavier, l'air penaud.

- J'ai hâte de te revoir, murmurais-je.
- Moi aussi, si tu savais.

Oui, s'il savait.

- On fera quoi, une fois que tu seras de retour ?
- On va se commander à manger. S'envoyer en l'air. Et aller faire un tour en bagnole quelque part, je ne sais pas où, mais loin de la ville pour se vider la tête. Et on pourra à nouveau s'envoyer en l'air., annonçais-je, pas trop fort pour que ma grand-mère n'entende rien.
- Dans ta caisse ?
- Je ne suis pas sûr que ça soit super confortable, mais si monsieur en a envie..., fis-je en rigolant.

Soyons clair : pour lui, j'étais clairement prêt à tout. Le jour où il allait comprendre ça... Et puis merde, pourquoi j'avais parlé de parties de jambes en l'air moi aussi ? J'allais finir par me chauffer tout seul. Je n'avais jamais vraiment ressentit de manque dans ma vie, concernant ce sujet-là. Mais je devais avouer, que depuis quelques semaines, il me manquait. Lui, sa personne mais aussi nos ébats amoureux. J'avais fini par m'en rendre compte après qu'une fille un peu trop alcoolisé dans un bar se jette à moitié dans mes bras. J'avais envie de sexe, mais avec mon petit ami, et personne d'autre. Il me manquait cruellement, et c'était de lui dont j'avais désespérément besoin.

- Parce que bordel, si tu savais comme j'ai envie de se sentir contre moi, c'est dingue., continuais-je.
- Moi aussi, répondit-il d'une voix faible.

Je n'avais aucune idée de ce dans quoi je m'embarquais. Je ne savais jamais de toute manière. J'étais le genre de garçon qui agissait et réfléchissais après.

- Tu sais, je repense à notre dernière nuit passée ensemble avant que je parte, et ouah, celle-là, elle était magique...
- Tu essaies de me chauffer là où je rêve ?
- Parce que ça fonctionne ?
- Putain t'es con., souffla-t-il.

J'avais réussi, et je le savais. Je ricanais derrière mon écran, sentant malgré moi mes joues chauffer.

- T'es dans ton lit ?

Une fois de plus, les mots étaient sortis tout seul. J'étais vraiment irrécupérable comme garçon.

- Ouais. Ma chaise de bureau est inconfortable au possible., me répondit-il dans un calme olympien.
- Moi aussi.
- Tu tentes de faire quoi là Adel ?
- J'ai super chaud.
- On en en novembre.
- Et ma grand-mère a laissé le chauffage allumé un peu trop longtemps.

Et sans plus de cérémonie, je jetai mon tee-shirt à l'autre bout de mon lit. Oui, j'avais envie de le chauffer. Et oui, avant tout pour rigoler, parce que... je ne me lassais jamais du genre de réaction qu'il avait dans ses moments-là.

- Tu joues à quoi là... tu veux me faire un strip-tease ?
- Tu aimerais bien ?, répondis-je en arquant un sourcil.
- Bouge pas.

Il se leva précipitamment de son lit pour aller ferma sa porte de chambre.

- Ça veut dire oui ?
- Rêve pas. J'ai aucune envie de finir frustré tout seul dans mon pieu.

Je levai les yeux au ciel, et fit une petite moue triste.

- Je m'ennuie...
- Tu es irrécupérable., siffla-t-il.
- Mais tu m'aimes quand même., fis-je d'un ton malicieux.
- Certes...
- Et tu n'as pas envie qu'on teste de nouvelles activités de couple à distance ?

Pour celle-ci, j'étais assez fier de moi. Ce n'était pas du tout prévu au programme, mais maintenant, j'en crevais d'envie. J'avais juste à fermer ma porte de chambre, et à rester le plus discret possible. Un jeu d'enfant !

* * *

Un mois. Dans un mois, je rentrais en France. Dans un mois, je retrouverais toute la joyeuse bande que j'avais laissé derrière mois, et qui commençait vraiment à me manquer.

- Adel ? Tu penses à quoi ?

Je clignais des yeux plusieurs fois en me rendant compte que je rêvais littéralement la bouche ouvert, les yeux rivés sur les toits de Séoul qui s'offraient à moi. Moon me regardait avec ses grands yeux de biche, maquillés à la perfection comme tous les jours. Nous nous étions posés tous les deux dans un café que j'affectionnais tout particulièrement, pour son ambiance, la vue imprenable que nous avions au cinquième étage de l'immeuble où il était situé, et bon sang... Ses spécialités cornéennes dont je ne me lassais pas.

- Mmm, à rien, à rien...

Elle me donna un léger coup de coude, m'incitant à continuer.

- J'hésite à postuler pour le second semestre, voilà tout.
- Oh.

À vrai dire, depuis que mon professeur référent m'avait laissé entendre que j'avais le niveau pour finir mon année ici, j'étais indécis. La France me manquait un peu, mes amis carrément et Louis... Louis n'en parlons pas. Il me manquait, bien plus que ce que je laissais paraître quand on se passait des appels.

Je devais lui donner ma réponse en fin de semaine. Dans trois jours. Moon me posa une main sur l'avant-bras et me lança un regard compatissant. Nous avions fait connaissance le premier jour de classe. Elle avait été surprise par mon accent irréprochable dans sa langue natale, et encore plus par mon niveau d'anglais, qui surpassais de loin tous ceux des autres élèves de notre classe. J'avais un don avec les langues, je le savais, et ce n'était pas pour rien que j'avais bougé à l'autre bout du monde pour pratiquer celle que je préférais le plus.

- Tu veux qu'on en parle ?, me demanda-t-elle d'une voix douce.
- Ça va aller, merci...

Moon était une fille vraiment sympa. Des cheveux de jais coupés aux épaules, une taille fine, de longues jambes qui feraient rêver n'importe qui et un visage d'ange. Je me souvenais encore de la première fois que j'avais parlé d'elle à ma meilleure amie... Louise m'avait réprimandé, en me faisant jurer qu'elle resterait la seule et unique meilleure maie que j'avais sur cette terre. Et j'avais ri, parce que rien ni personne ne pouvait la remplacer, même pas Moon, qui était pourtant une fille adorable. Elle passa une main dans ses cheveux et s'étira gracieusement avant de me donner un léger coup de coude.

- Lotte World ?
- Sérieusement ? Maintenant ?
- Tout à fait. J'ai toujours les billets que j'avais acheté pour Jung et moi...

Moon fit une petite moue avant de se reprendre : elle avait quitté son copain il y a une semaine après, et même si elle semblait s'en être remise très rapidement, elle ne pouvait pas s'empêcher de toujours se sentir mal en repensant à sa relation perdue.

- Vendu.

*

J'adorais cet endroit. La première fois que j'avais mis les pieds à Séoul, mon père avait tenu à m'y amener. Le Lotte World était un parc d'attraction en plein cœur de la ville. Une partie couverte renfermait un paradis pour les enfants, fait de couleurs et de musique. À l'extérieur, des manèges immenses y avaient été installés. J'adorais l'ambiance de ce genre de lieu. J'étais comme un gosse quand je voyais les décors du parc, et encore plus quand je croisais la route d'une mascotte. Alors évidement, je n'allais pas refuser l'invitation de Moon, surtout que mon billet était déjà tout frais payé.

Sauf que pendant tout le reste de la journée, mon esprit était ailleurs. Il divaguait vers ma discussion avec mon professeur référent, et la réponse que j'allais lui apporter en fin de semaine. Parce que ma réponse, je l'avais déjà, au fond. Je savais ce que j'avais envie de faire. Ce qui m'inquiétais, c'était Louis. Parce que je le savais, au fond, peu importe le choix que je ferais, il allait m'en vouloir. Si je rentrais en France pour la suite de mes études, j'allais me prendre en pleine poire le discours du gars qui refusait d'être une entrave à mes études, mon avenir. Et si je décidais de continuer un peu plus longtemps mes études ici... Il allait m'en vouloir tout court d'être partis loin de lui ; et de mon côté, j'allais m'en vouloir cruellement de lui imposer une relation à distance aussi longue. Il n'avait pas signé pour ça, et moi... Moi, mon cas était différent. Je savais depuis le départ que je partirais en Corée. Avant que je ne décide de sauter le pas avec lui. J'avais agi un peu égoïstement en ne lui disant qu'après avoir officialisé les choses avec lui et oui, je m'en voulais.

- Tient, ta gaufre !

Moon me tendit une gaufre recouverte de chocolat noir, banane et chantilly et cela me refis sourire un peu.

- Si ça te tracasse à ce point, parle-en avec tes amis en France !

Moon n'avait pas connaissance de mon lien avec Louis. Elle connaissait Louis, Eden, Maya, Inès, Louise de nom, mais n'avais pas une connaissance globale de notre histoire à tous. Et pour une raison plutôt simple, si je n'avais aucun souci à assumer que j'étais bi, j'avais malheureusement conscience que Moon, avait du mal avec ça. Je l'avais compris le jour où nous avions croisé un couple de femme qui ne cherchait pas à se cacher. Moon avait détourné le regard, visiblement piqué au vif de leur voir se tenir la main ainsi et s'échanger un baiser bref devant une vitrine. Je n'avais rien relevé, je n'avais pas insisté : je ne me sentais pas en droit de le faire et puis... Je n'avais pas eu envie d'engager un long débat là-dessus.

- Oui, je vais faire ça...

Et je savais exactement à qui je devais en parler. Deux personnes. Pour deux points de vues sans doute très différents. Moon esquissa un sourire, et me prit doucement par le bras pour le tirer vers un manège qu'elle brûlait d'envie de faire, après avoir fini son goûter gourmand.

Visiblement, elle s'était donnée pour mission divine de me changer les idées, et de me faire sourire. Et j'aimais bien cette fille pour ça : c'était une boule d'énergie et de bonne humeur. Elle avait un fort caractère, ils nous étaient arrivés de nous prendre le bec sur des broutilles concernant les études, mais j'aimais ça aussi. En temps normal, c'était moi qui me pliais en quatre pour surprendre les gens, et les faire rire. Et je devais avouer, que pour une fois, j'étais heureux que quelqu'un le fasse pour moi.

* * *

Louise avait... Le visage grave. Elle me regardait un peu comme une mère regarderait son enfant après qu'il ait fait une bêtise monumentale. Cependant, je connaissais ma meilleure amie depuis des années déjà, et cette tête-là signifiait qu'elle réfléchissait beaucoup, tout simplement. Elle passa une main dans ses cheveux blonds, qu'elle avait recoupés récemment juste au-dessus des épaules, et soupira bruyamment.

- Est-ce que tu attends sérieusement que je prenne une décision pour toi mon cœur ?
- Non. Enfin, je veux juste ton avis. Un coup de pouce, et un regard extérieur à la situation.
- Je ne suis pas vraiment un regard extérieur Adel, je suis ta meilleure amie, et je suis cette aventure avec toi depuis le départ...
- Certes, mais... Bon sang, aide moi !

Elle rigola derrière son écran, écartant un peu sa frange et, tout en battant des cils, reprit la parole.

- Tu aimes vivre là-bas ? Tu aimes faire tes études là-bas ? Tu as de bonnes notes ? Les encouragements de tes profs ? Reste.

Je baissais les yeux vers mon clavier, dépité.

- Tu n'attendais pas cette réponse, hein ? Tu pensais que j'allais te supplier de revenir parce que tu me manquais affreusement ?
- T'es bête...
- Tu me manques mon cœur, et tu le sais, mais penses à toi, pas à moi. Pas à lui. Pas aux autres en général. Fais les choses pour toi, pour une fois.
- Mais...

Elle avait raison. Et je le savais. Pourquoi avais-je espéré qu'elle me demande de revenir ? Qu'elle me dise que de rester en Corée du Sud, c'était une mauvaise idée ?

- C'est à cause de Louis, hein ?
- Il me manque.
- Je sais. Je l'ai croisé l'autre jour sur le campus. On a mangé ensemble.
- Vraiment ?

J'ouvris de grands yeux. Je savais que Louis et Louise.. Ce n'était pas le grand amour. Les deux faisaient des efforts quand j'étais dans le coin, mais en règle générale, ils évitaient juste de s côtoyer et de se parler. Ce qui me rendait un peu triste.

- Ouais, et bah... c'était plutôt sympa. On a beaucoup parlé, et je sentais qu'il se retenait vraiment de me parler en permanence de toi.
- Oh...
- Mais tout ça pour dire... Il est bien entouré. Il vit avec deux filles aussi fantasques que géniales, et ça, c'est pas donné à tout le monde. Il a une camarade de classe qui, en plus d'être franchement canon, est vraiment cool. Et il y Eden. Ils font du volley ensemble, Eden va squatter chez eux presque un week-end sur deux... Et même au niveau de sa famille, tout baigne.

J'étais heureux d'entendre tout ça venant d'elle. Et c'est ce qui me confirmait qu'ils avaient réellement échangé ce jour-là.

- Peut importe ta décision, il comprendra. Je sais que votre couple est... Récent. Enfin, j'veux dire, vous avez passé presque autant de temps collé l'un à l'autre, que loin l'un de l'autre. Parles-en avec lui, c'est la meilleure chose à faire.
- Merci Louise.
- De rien, toujours là pour te rendre service mon cœur !
- Louise ?
- Ouais ?
- Tu veux bien arrêter avec ce surnom qui me donne l'impression d'être un trentenaire en couple avec sa copine depuis dix ans ?
- Jamais. J'aime beaucoup trop t'embêter.

Et elle éclata de rire, un rire franc et sonore qui dut sans nul doute réveiller ses voisins de palier.

- Ah, et au fait, j'ai rompu avec mon copain.
- Attend, lequel ?, demandais-je en rigolant.
- T'es con putain... le surfeur.
- Ah, tant mieux. Je ne l'aimais pas.
- Tu n'aimes aucun de mes copains, c'est navrant...
- À cela deux raisons : je suis ton meilleur ami, par principe, je boude tous les autres mecs qui s'approchent de toi. Et secundo... Tu choisis que des trous du cul, j'y peux rien !

Elle leva les yeux au ciel.

- Rooh, tu exagères...
- Continue et j'te fais un récap de tes conquêtes de l'année 2019.
- Ok, c'est bon, t'as gagné. La prochaine fois, je t'écouterais. Tu as toujours su voir qu'ils n'en valaient pas la peine, et j'ai jamais écouté !
- Je suis la voix de la raison.
- On repassera pour ça... Dois-je te remémorer tes fabuleuses histoires de cœur ?

Je levai les bras, m'avouant vaincu.

Si je trouvais la vie sentimentale de ma meilleure chaotique, elle était totalement dans son droit de penser la même chose de la mienne.

* * *

Je devais parler à Eden, et ça, le plus vite possible. Seulement, obtenir un créneau avec monsieur, c'était la croix et la bannière. Il avait un emploi du temps de ministre, bossait comme un forcené, et les rares fois où il n'était pas devant un écran, au sport, ou en cours, il était chez Louis ou avec Isaac. Cependant, nous avions trouvé un jour pour nous parler, et, hasard du calendrier qui tombait plutôt bien, le lendemain, je devais donner ma réponse à mon professeur référent. J'attendais donc, patiemment, devant mon écran, qu'il daigne se connecter. Eden était ce genre de personne toujours à l'heure, alors je ne doutais pas qu'il n'allait plus tarder. C'était une qualité que j'appréciais chez lui depuis le lycée, avoir un ami ponctuel avait toujours du bon quand vous-mêmes aviez du mal à respecter certains horaires. Un voyant clignota sur mon écran, signe qu'il venait de se connecter, et il activa sa caméra.

- Salut toi !

Je parlais rarement face caméra avec lui, mais cette fois-ci, j'y avais tenu. Lui aussi, j'avais envie de le voir.

- Hey, tu vas bien ?

Il acquiesça, sourire aux lèvres, et je devinais avec les tremblements de sa caméra qu'il cherchait un angle plus juste pour mieux apparaître à l'écran.

- Voilà, là, ça devrait être bon ! fit-il.
- Tu sais, peu importe l'angle, tu fais partie de ces personnes que l'on qualifie de « belle au naturel », je crois que même avec une vue depuis le sol, j'aurais été ébloui.
- Putain, t'es toujours le même..., rigola-t-il.
- Parce que j'étais censé changer ?
- Je sais pas, arrêter avec ton humour pourri peut-être ?
- Ça me clash déjà, et il est même pas en ligne depuis une minute !
- Tu m'cherche aussi !, fit-il en rigolant., Ouah, ça me fait tout drôle de te parler comme ça et... OH BORDEL.
- Quoi ?
- Tes cheveux ! Tu... Putain, mec, t'es canon.

Je passais une main dans mes cheveux, amusé par sa réaction.

- J'espère que Louis aime. Sinon, il a pas de goût.
- Il aime.
- Faudrait être con aussi pour ne pas aimer. Et dire que je me battais pour que tu fasses tes petites mèches ! Et toi, loin de moi, tu te décolore en blond ! s'amusa-t-il. Du coup, tu voulais qu'on parle d'un truc en particulier ? Tu avais l'air un peu angoissé par message...
- De plusieurs choses en fait...

De l'autre côté de l'écran, Eden plissa ses beaux yeux vert. Oh, il le sentait pas... avait-il tort ? Lui aussi avait changé en quatre mois. Il s'était encore plus épaissi, et avait recoupé ses cheveux assez court. Je n'avais jamais été friand de ce genre de coupe de cheveux sur les hommes, mais mon ex petit ami était beau, et ça, même avec une poche plastique sur le corps comme seul vêtement. Tout lui allait, si bien, que s'en était frustrant.

- D'abord, la chose la plus urgente, j'ai eu une proposition pour prolonger mes études ici. Pour finir mon année en Corée en réalité.
- Oh, c'est super !

Évidement que la tronche que j'avais en face de moi se réjouissait de ça.

- Et je suppose que si tu m'en parles, c'est que tu hésites, c'est ça ?
- Ouais.
- Tu dois rendre une réponse quand ?
- Demain. Matin.
- Fonce.
- Hein ?
- Fonce je te dis. C'est un semestre de plus, ça ne peut que t'apporter du bon. Et puis... une chose comme ça, ça ne se présente pas plusieurs fois dans une vie. Qu'en pense Louis ?

Je me mordis la lèvre.

- Putain, tu lui as pas dis ?
- Comment je suis supposé lui dire ? T'es marrant toi...
- Bah je sais pas moi ; salut Louis, j'ai une opportunité pour finir mon année en Corée, tu en penses quoi ? Ça me paraît simple à moi.

Je levai les yeux au plafond. Non, ça ne fonctionnait pas comme ça... enfin, si, peut-être... Peut-être que je me faisais des nœuds au cerveau pour rien...

- Louis a horreur qu'on lui cache des choses. Comme tout le monde d'ailleurs.
- Oui... Mais toi, tu ne penses pas que... je sais pas...
- Tu en as envie ?
- Oui...
- Écoute, je sais ce que tu penses. Que tu veux le revoir. Et revoir tes potes aussi. Tu me manques aussi, tu sais ? Mais tu vas finir par t'en vouloir si rentre sans avoir pu finir ce que tu étais venu commencer.
- Merci, Eden.
- Ce n'est que mon avis, mais surtout... Ne lui cache pas. Tu te souviens que tu m'as promis d'être irréprochable avec lui ?
- Je m'en souviens.

Et je n'oublierais jamais cette discussion que nous avions eu tout les deux, ce soir là...



- Eden ?

Eden était planté devant ma porte d'entrée, les joues humides et les yeux rouges. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas comprendre qu'il venait de pleurer.

- Entre, entre...

Il entra en silence, les yeux baissés vers le sol. Nous ne nous étions pas reparlé depuis ce fameux lendemain de soirée chaotique chez Inès. Et face à lui... Je me sentais toujours extrêmement mal. Parce que j'aimais ce garçon, comme un excellent ami, et je l'avais blessé. Et dans le tas, j'avais également blessé Louis, qui s'était retrouvé tiraillé entre nous.

- Tu... tu veux un truc à boire ?
- Il faut que je te parle.

Je me laissai alors tomber sur mon canapé, les mains jointes sur mes genoux. Le voir débarquer ici, dans cet état n'était pas prévu. Et surtout, totalement inattendu. Eden ne me parlait plus, j'avais tenté de le relancer une fois, en vain. Il m'avait ignoré avec soin. Eden se planta devant moi et baissa les yeux, les mains toujours dans les poches. Ça me faisait tout drôle de le voir ainsi. Depuis que nous nous connaissions, Eden était ce garçon souriant et jamais découragé... Il ne faisait jamais la tronche. Jamais. Même lorsque notre couple battait de l'aile, et que nous nous en étions tous les deux rendu compte, il gardait le sourire. Il restait optimiste. Quand on avait rompu, j'avais été dans un état lamentable. Je lui avais hurlé dessus, il avait tout encaissé avec son calme olympien.

La vérité, c'est que je m'étais senti blessé. Et que je savais également que nous, ce n'était plus d'actualité depuis quelque temps. Mais mettre fin à ma plus longue relation amoureuse, la première avec un garçon, m'avait foutu un sacré coup. J'avais haï ce garçon au bord de la piscine, parce que quelque chose me disait que tout était de sa faute. Il m'intriguait autant qu'il me repoussait.

- J'ai été con, me lâcha-t-il.

Je ne répondis pas. Oui, il avait été con. Mais comme je l'avais été avec lui. Comme Louis l'avait été. Lui cacher notre relation avait été la pire chose à faire. Nous avions voulu éviter une situation de crise, nous avions créé bien pire.

- Je... Je m'en veux terriblement Adel si tu savais...
- Et moi donc.
- Pardon ?
- Et moi donc, Eden. Tu crois que je ne m'en veux pas ? Tu sais combien de fois j'ai voulu te le dire, hein ? Non, tu n'as pas idée. J'avais honte, vraiment. Juste... Honte d'être attiré par ton ex, honte de vouloir espérer quelque chose que tu n'avais plus et je... je m'en suis voulu. Autant que lui s'en est voulu, crois moi. Mais lui, ce n'est pas pareil, hein ? Tu lui as pardonné.

En face de moi, Eden se tut. Oui, je lui en voulais pour ça. Il avait tout bonnement passé l'éponge pour Louis. Et moi ? Moi, je me récoltais tout le reste en pleine poire.

- Je m'en veux d'avoir réagi comme ça, dit-il d'une petite voix.
- Arrête. J'aurais réagi de la même manière.

Voire, pire. Je me connaissais suffisamment pour savoir que j''aurais pété un câble si je m'étais retrouvé à sa place ce soir-là.

- Non, je veux dire... de t'avoir fait promettre une telle chose.

Ah. Nous y étions. Enfin.

- J'étais jaloux. Je... J'ai agi comme un gamin égoïste. En fait, j'agis comme tel depuis notre rupture. Non, même un peu avant...
- Assis toi.
- Mmh ?
- Assit toi Eden, tu as les jambes qui tremblent.

Et ses lèvres aussi. Et ses yeux humides qui menaçaient de laisser couler ses larmes d'une seconde à l'autre. Eden n'hésita pas un seul instant avant de se jeter dans mes bras, enfouissant sa tête dans le creux de mon cou. Et mon souffle se coupa.

Cela faisait si longtemps. Si longtemps que je ne l'avais pas tenu contre moi de la sorte. Et ça m'avait manqué. Comme jamais.

- Pardon... pardon... pardon...

Il se répétait sans que je ne puisse en placer une, ses jambes resserrées contre son corps, les bras noués autour de mon cou. Je passai une main dans son dos, pour le calmer, puis dans ses cheveux.

- Eh, on était deux dans cette histoire...
- Je suis quand même un connard fini. Je crois que je l'ai suffisamment prouvé cette année, non ?

Il releva son visage vers moi, et je vis qu'il avait pleuré.

- Tu es beaucoup de choses Eden, mais pas un connard.
- T'es gentil mais...
- Je le pense sincèrement. Et je sais que tu crois que Louis t'en veux toujours, et la réponse est non. À l'heure actuelle, c'est lui qui s'en veux. On aurait dû être honnête avec toi dès le départ. Je te jure de l'être totalement avec toi désormais.
- Et avec lui aussi...
- Évidemment.

Il renifla et frotta ses joues doucement.

- Tu sais que je t'adore Eden. En couple, ou pas en couple. Tu comptes énormément pour moi depuis le départ.
- Est-ce que tu regrettes ?
- De ? Qu'on ait rompu ?
- Non, d'avoir été avec moi.
- Tu rigoles ? Pas une seule putain de seconde mon gars.

Il rigola doucement, toujours contre moi, la tête désormais posée sur ma poitrine. En deux petites minutes, nous avions très vite retrouvé nos vieilles habitudes de quand nous nous prélassions sur ce même canapé.

- Et je ne dis pas seulement ça parce que nos parties de jambes en l'air étaient franchem-
- Raaah ! Dis pas ça bordel, tu m'gênes.

Je rigolais, fier de moi. Je n'avais aucun problème avec le sujet, mais visiblement, mes copains, si.

- J'peux dormir ici ?
- Tu connais déjà la réponse.
- Del ?

Ça faisait longtemps, ce surnom. Mais je savais que Eden se plaisait à l'utiliser quand nous n'étions que tous les deux.

- Mmh ?
- T'es un mec en or.

Et pour une fois, je me retins de lui balancer mon fameux « je sais ».




- Adel ?
- Ouais, pardon, j'étais ailleurs.
- J'ai bien vu ça, pouffa-t-il.

Je me grattais la gorge avant de reprendre :

- J'avais un autre truc à te demander. Cette fois-ci, c'est plus un service.
- Dis moi ?
- Tu sais que j'avais pris des billets aller et retour...
- Oui...
- Du coup...
- Tu rentres en décembre ?
- Exact. Et je pense que ça soulagera aussi mes parents ha ha. Je rentre pendant toutes les vacances.
- Oh bordel c'est génial ! Et c'est quoi le service que tu veux me demander ?
- De ne rien dire à Louis.
- Tu plaisante ? Si je ne le laisse pas t'accueillir à l'aéroport avec des banderoles, des fleurs et une fanfare, il va me tuer !
- Je veux lui faire la surprise.
- Tu es au courant que si te débarques chez lui comme ça, il va faire une crise cardiaque ?
- Tu m'aides à préparer ça alors ou pas ?
- Putain mec... On avait dit pas de secr-
- C'pas un secret. C'est une surprise !
- Ok. Vendu.
- Je te revaudrais ça. Je ne sais pas comment, mais c'est promis juré !

Eden rigola derrière son écran. Et moi, j'avais déjà hâte de voir la tête de mon petit ami quand j'allais débarquer chez lui sans prévenir.

* * *

Décembre 2019.
J'étais à cran. Complètement. Dans l'avion depuis dix heures maintenant, mon atterrissage était pour dans bientôt. Enfin, bientôt, si l'on se calait sur mon vol qui durait une dizaine d'heures, évidemment. Puis, j'avais rendez-vous dans cet aéroport parisien que je n'aimais pas trop, une nouvelle heure de vol, et j'étais de retour sur Bordeaux. Bordeaux. Le nom de ma ville natale sonnait presque mal maintenant dans ma bouche. La faute au quartier de Séoul que j'avais prononcé pendant des mois, j'avais fini par prendre l'habitude de ces derniers. Je ne pouvais pas répondre aux messages de Louis, au risque de me faire prendre : il n'était pas bête, et je savais très bien que si je lui répondais à trois heures du matin, son imagination fertile allait travailler jusqu'à deviner la surprise que j'étais en train de lui faire. Et Louis n'aimait pas ça, les surprises. Je n'avais pas prévenu Inès et Maya non plus. J'avais eu bien trop peur qu'elles balancent tout à Louis, même sans le faire exprès. Les seuls dans la combine étaient Louise, qui venait me chercher à l'aéroport, et Eden, qui avait tenu à l'accompagner.

Mon plan était simple. Je posais mes affaires chez moi. Passer un peu de temps avec Louise et mes parents. Puis, à l'heure du repas, Eden, qui s'était incrusté comme chaque samedi dans la coloc passait me prendre pour m'y amener, avec les pizzas. Je jubilais par avance de voir leur tête. Pendant le début de mon vol, avant de m'endormir comme un sac sur l'épaule de mon voisin américain, j'avais bien tenté d'élaborer un petit discours de retrouvaille, mais je m'étais vite rendu à l'évidence : ce genre de choses ne me correspondait pas. J'étais trop spontanée pour ça.

Paris. Paris ne m'avait pas manqué. Je ne posais mes pieds dans cette ville que pour prendre l'avion, ou le train. Ou pour rendre visite à ma tante. Mais je n'aimais pas cette ville. Évidemment, cela n'avait rien à voir avec cette rivalité un peu bête bordelaise/parisienne. Non non. Rien du tout. Je trouvais juste Paris trop bruyante. Paris trop grande. Et Paris trop pleins de Parisiens, mais ça, c'était bien normal me diriez vous. Et puis, en plus, ils n'étaient pas foutus de bien nommer les choses. Une chocolatine, c'était une chocolatine, point barre. Et je n'acceptais aucune autre nomination pour ce délicieux goûter d'enfance.

Pendant tout mon dernier vol, j'eus la boule au ventre. Mes retrouvailles avec mes parents et mes amis me réjouissaient. Celles avec Louis m'angoissaient pour une raison qui m'échappait. J'envoyais un message à Eden une fois arrivé. Ils étaient déjà en route avec Louise, ce qui ne me surprenait pas. Je le connaissais suffisamment pour savoir qu'il était déjà sur place, le nez collé à la vitre de la salle des débarquements.

Et je ne m'étais même pas trompé.
Ils étaient là tous les deux, un immense sourire scotché sur le visage.

À peine eus-je franchis la porte donnant sur le hall des arrivées que les deux me sautèrent dans les bras. Je dus prendre sur moi pour ne pas me casser la figure devant le hall bondé et les serrais alors fort dans mes bras. Eden avait encore pris des centimètres, mais je me gardais bien de lui faire la remarque, il était déjà plus grand que moi, et ça me frustrait suffisamment.

- Bon retour parmi nous Adel !

* * *

Anxieux, moi ? Non. Voyons.
Enfin si, une chtouille. Juste une.

- Détend toi..., me souffla Eden alors qu'il se garait devant l'immeuble où Louis vivait désormais.

Ça me faisait tout drôle de le voir au volant de la voiture de son père. Eden avait passé le code dans l'été, puis ses cours de conduite beaucoup trop rapidement pour un être humain normal, et avait finalement eu son permis il y a trois petites semaines. Le plus long pour lui ayant d'avoir une date d'examen. Ce gosse m'écœurait parfois.

- Je suis parfaitement détendu...
- Alors pourquoi tu serres nos boites à pizza comme ça ?

Je relâchai les pauvres boites qui n'avaient fait de mal à personne et pris une profonde inspiration. Mon cœur battait si vite que j'avais cette désagréable impression qu'il allait me lâcher dans la seconde qui suivait.

On grimpa les marches rapidement et quand Eden sonna, mon souffle se coupa. Derrière la porte, la voix de Inès retentit. Je n'allais clairement pas tenir. Dans le doute, Eden avait pris lui-même les boites à pizza. Et la porte s'ouvrit. D'abord, Inès ne vit que Eden, elle lui sauta au cou, l'embrassant sur les deux jours, et puis, son regard croisa le mien. Sa mâchoire sembla se décrocher. Puis ses yeux s'ouvrirent si grand que j'eus l'impression de voir deux soucoupes.

- Que...
- On peut rentrer ?, demanda doucement Eden, lui faisait comprendre qu'elle devait garder son calme.

Elle hocha la tête énergiquement, les deux mains plaquées sur sa bouche. Maya fit irruption, et...

- BORDEL DE MERDE.

Sa réaction fut digne de Maya. Eden lui fit signe de se taire immédiatement quand la voix de Louis s'éleva de la pièce d'à côté. Mon cœur refit un bond. Il était là, juste là...

- C'est Eden ? Il a oublié les pizzas ? Il ramène enfin Isaac ?

Je me retins d'éclater de rire, il n'avait pas changé. Et Eden leva les yeux au ciel. Maya referma la porte et on s'avança dans le salon. Eden fila dans la cuisine, et j'entendis quelques mots, avant que Louis ne se remette à râler.

- Tu vois bien que j'ai les mains dans mes cookies là... rooh, tu fais chier.

Maya et Inès trépignait d'impatience. Et moi, j'avais l'air d'un con fini, planté au milieu du salon en attendant que monsieur daigne quitter ses fourneaux.

Et enfin, il sortit sa tête de la cuisine. Juste sa tête, pour regarder ce qui se tramait de l'autre côté du mur. Et nos regards se croisèrent, et le monde autour de moi disparut.

Il ne resta plus que lui et moi.

Sa bouche s'entrouvrit légèrement, ses lèvres tremblèrent et il se jeta dans mes bras sans plus attendre. Je fermai les yeux, heureux de le sentir contre moi. Enfin. Son souffle dans mon cou, sa voix si douce, son parfum, tout, absolument tout m'avait manqué chez lui.

Je ne vis pas les sourires attendris de nos trois amis autour de nous. Je ne voyais, sentais, voulais que lui. Il resserra un peu plus son emprise, et termina par bafouiller quelques mots, des trémolos dans la voix.

- Adel je... tu es...
- En chair et en os., complétais-je.

Et je l'embrassai, enfin. Qu'est-ce que ça m'avait manqué... J'avais l'impression de l'embrasser comme la première fois, maladroitement, sans savoir comment procéder. Ses mains filèrent dans ma nuque, il pressa son corps contre le mien et répondit avec ardeur au baiser que je lui donnais. Nos souffles se mêlèrent, nos langues se joignirent et j'eus l'impression d'exposer pour de bon.

J'aurais pu rester là de longues minutes, à l'embrasser à en perdre haleine, au beau milieu de son salon. J'avais d'ailleurs oublié tout le reste. Plus rien ne comptait hormis la chaleur de son corps contre le mien.

- Hum hum, vous nous dites si on vous dérange ?

Maya nous regardait, sourcils haussés, bras croisés sur son torse.

- Non parce que... Les pizzas vont refroidir.

Elle n'avait pas perdu le sens de ses priorités celle-là ! Louis rigola doucement avant de se recoller à moi, une main dans le bas de mon dos. Eden rigola et alla chercher les pizzas dans la cuisine avant de les disposer sur la table basse de leur salon.

Louis ne me quittait plus. Il avait vissé ses mains sur mes hanches et me suivit jusqu'à l'évier où je lavais mes mains, puis les séchais. Il déposa un baiser tout en bas de ma nuque, m'enlaça alors qu'Inès nous poussait gentiment pour attraper des verres et les boissons au frigo, nous couvant d'un regard doux au passage.

- Tu m'as tellement manqué..., murmura-t-il.

Et je le constatais parfaitement. Louis n'était pas le garçon le plus tactile du monde. Ensemble, nous l'étions déjà un peu plus, mais il était rare quand nous faisons profiter de nos effusions d'amour aux gens. Or maintenant, j'avais l'impression qu'il s'était donné comme mission de ne plus me lâcher de la soirée. Ouais je m'en foutais. Complètement. Mon ventre lâcha un gargouillis de l'espace et Louis ricana dans mon dos.

- Aller, viens, tu meurs de faim...

Nous passâmes la soirée à parler de tout et de rien. De nos études respectives, de nos nouvelles rencontres, des hauts et des bas de cette nouvelle année scolaire... Inès était dans la même section que moi, avec des options de langues différentes, et nous nous amusâmes longtemps à comparer nos professeurs, nos cours, et l'état des locaux de notre fac, qui n'avait bien entendu, pas changé de l'été. Maya nous montra ses travaux de début d'année, et je fus bluffé par ce qu'elle nous dévoila. Je n'avais jamais vraiment eu l'occasion de découvrir ses talents en dessin, mais j'étais fan. La discussion dériva quelques minutes sur Isaac, et tout de monde s'en donna à cœur joie pour charrier ce pauvre Eden qui vira au rouge écrevisse, se confondant presque avec la couleur de leur canapé. Tout le monde avait plus ou moins lancé des paris sur eux, malgré les protestations de Eden qui avait bien eu du mal à nous faire changer de sujet. Les soirées comme ça m'avait manqué. Évidemment que j'aimais celles que j'avais passé en Corée avec Moon et les autres camarades de promo avec qui je m'étais bien entendu. Mais elles n'avaient pas la même saveurs que celles que je passais avec eux.

Eden se leva pour aller chercher les cookies que Louis avait fait cuire un peu plus tôt dans la soirée, et me fis signe de venir l'aider ? Pour la première fois de la soirée donc, mon petit mai lâcha ma min, et je le suivis dans la cuisine.

- Tu lui as dit ?
- Pas encore.

Eden leva les yeux au ciel.

- C'est une blague, hein ?
- Tu sais très bien que peut importe ce j'ai choisi, il me fera un peu la gueule.
- Peut-être pas. Tu sais, il a mûri.
- Mmh.
- Parle en lui ce soir.
- Oui chef.

Eden leva les yeux au plafond et nous apportâmes les cookies dans le salon. Et évidemment, puisque rien dans ma vie ne se déroulait comme il fallait, rien, Maya vint d'elle-même enfoncer le clou que Eden venait tout juste de planter.

- Au fait Adel !
- Oui ?

Louis avait déjà la bouche pleine de cookie. Ce garçon était irrécupérable quand on parlait de bouffe, encore plus de gâteaux.

- Tes études là-bas, ça a donné quoi ?
- Euh... ça va, j'ai validé mon semestre !
- C'est trop bien !, s'extasia Inès, la bouche pleine elle aussi.
- Mes professeurs étaient très contents de mes résultats.
- Ils auraient pu te proposer de rester pour finir l'année, non ? J'ai une amie qui a fait ça cette année., continua tranquillement Maya.

Eden se retrouva soudain très captivé par sa boisson et son cookie. Je le soupçonnais même de s'être mis à compter les pépites de chocolat qui se trouvaient dessus.

- Ils...

J'hésitais. Mais autant l'annoncer tout de suite pour arracher le pansement.

- Ils me l'ont proposé, en fait.
- Oh !

Louis ouvrit de grands yeux, aussitôt imité par les deux autres. Eden fit mine d'être surpris.

- Tu ne nous a rien dit !
- Je ne savais pas trop comment amener le sujet en fait..., fis-je me triturant les doigts.

Louis posa une main sur mon épaule et passa une main dans les cheveux.

- Pitié, dis moi que tu as accepté ?
- Hein ?

Venait-il sérieusement de... Eden avait raison. Louis avait changé.

- Parce que je te jure que si tu as refusé une offre pareille pour revenir d'enterrer dans cette fac pourrie ou pour nous, pour moi...

J'avais envie de pleurer. Je ne pouvais pas être plus heureux. Louise avait raison. Eden aussi. Je m'étais fourvoyé, parce que je n'avais pas cru en lui. Et une fois de plus, Louis venait de me prouver qu'il était un garçon fantastique.

- J'ai accepté.

Inès poussa un cri de joie et Maya soupira, comme soulagé. Louis me prit dans ses bras, souriant, et Eden me fit un petit clin d'œil discret avant de replonger le nez dans sa boisson.

Le reste de la soirée se transforma peu à peu en mini célébration pour la suite de mes études et... je me sentis incroyablement mieux. Plus léger, plus serein.

Quand il se fit tard, et qu'Eden estima qu'il était temps qu'il rentre chez lui, la nuit était déjà bien avancée. Mais monsieur avait entraînement de volley le samedi soir, et il voulait être en forme, et travailler ses cours avant. Eden quoi.

- Louis, tu bosses demain ?
- Hélas... Mais je commence tard.
- Tu peux toujours prétendre que tu es malade..., commenta Maya d'un air malicieux...

Depuis quand Maya encourageait son meilleur ami pour sécher une journée de boulot ? Elle me donna un coup de coude en répliquant :

- Oh, ça va, ne fait pas cette tête. Cache ta joie de pouvoir profiter de lui demain !

Elle n'avait pas tout à fait tort.

- Je suppose que cela peut fonctionner..., marmonna Louis.

Eden leva les yeux au ciel et enfila son manteau.

- Bon, les gars, je vous laisse concocter vos plans de lendemain foireux, moi, j'y vais ! Adel, je suppose que tu dors sur place.

Louis m'agrippa le bras, Eden eu sa réponse et nous quitta après avoir réprimandé Maya sur son idée, je cite « pas tellement raisonnable ».

Je m'étais douché en quatrième vitesse avant de me jeter sur son lit, qui, j'avais bien de la chance, était suffisamment grand pour nous deux. Louis était déjà habillé pour la nuit, et avait le nez rivé sur son portable. Bien vite, je m'empressai de lui coller un bisou sur la joue pour le faire décrocher.

- J'envoie un message à un de mes collègues, histoires de dire que je ne suis vraiment pas bien...

Je rigolais doucement contre lui, sans cesser mes baisers. Il m'avait beaucoup trop manqué et oui, clairement, je ne comptais pas dormir avant d'avoir eu ma dose. Quand il eut terminé de taper son message, il verrouilla son portable - sans oublier d'ôter le réveil au passage - et le posa sur sa table de chevet.

- J'aime bien ta chambre., je murmurais.
- Elle est en bordel... Si j'avais su que te venais j'aurais quand même rangé un peu...
- Mais ça aurait gâché ma surprise.
- À ce propos... merci.
- De ?
- De ne m'avoir rien dit pour ton retour.

Il esquissa un sourire adorable et je ne me retins pas longtemps avant d'ébouriffer ses cheveux. J'adorais les cheveux de mon petit ami. J'aimais leur couleur presque chocolat, les mèches légèrement ondulés juste au sommet de la tête. Et ils étaient si doux... J'adorais me perdre dedans. Et pour mon plus grand bonheur, il ne les avait pas coupé. Lui aussi était en extase devant les miens, et il ne tarda pas à me le faire savoir.

Il s'installa à califourchon sur moi et m'embrassa une nouvelle fois. Sauf que cette fois-ci, le baiser n'avait plus rien à voir avec celui échangé dans le salon.

- Tu m'as...

Et encore.

- Tellement...

Et encore.

- Manqué.

Je souriais contre ses lèvres, heureux. Louis m'assura que ses murs étaient très bien insonorisés, et je ne pus m'empêcher de rire. Tentait-il de me faire subtilement passer un message ? Ses doigts chaud glissèrent sur mon torse que je n'avais pas pris la peine de recouvrir une fois sortit de la salle de bain, et j'avais plutôt bien fait. Et puis, n'y tenant plus, je le fis basculer, prenant l'avantage et me jetai sur son cou, ses clavicules, et derrière son oreille. Je le savais sensible juste là, tout comme sur les hanches, et je ne me faisais jamais prier pour lui faire plaisir. Bingo, il ne résista pas longtemps avant de se laisser aller, les yeux clos, la respiration sifflante. Je m'empressai de lui retirer son haut, riant de mes gestes maladroits. Il était tard, ou tôt, en fonction de comment on voyait les choses, mais mon corps lui, était pleinement réveillé. Tout comme le sien. Et tant mieux, parce que je n'avais vraiment pas envie de me contenter du minimum ce soir. Je le couvrais de baiser brûlants absolument partout, sans m'arrêter. À bout de souffle, il gémissait doucement mon prénom, me rendant fou.

- Lou ?

J'adorais ce surnom. Pourquoi avais-je attendu tout ce temps avant de l'utiliser, hein ?

- Ouais ?
- Je t'aime.

J'avais besoin de le lui dire. Il ouvrit les yeux et se redressa sur un coude, les yeux brillants.

- Moi aussi.

Il passa une main sur l'une de mes joues et m'attira de nouveau contre lui, pressant son corps brûlant contre moi. J'embrassai lentement ses joues, avant de descendre lentement vers son oreille. Je le sentis frémir contre moi et il se cambra légèrement quand je passais une main sur sa chute de rein.

- Lou ?

Il n'eut pas le temps de me répondre que je pressais mon bassin un peu plus contre le sien, lui arrachant un gémissement plaintif.

- Fait moi l'amour.

* * *

Louis avait bien fait d'annuler sa journée de boulot. Enfin, de se prétendre malade. Parce que lorsque nous ouvrîmes les yeux ce matin-là, son heure d'embauche avait largement été dépassé. Son réveil affichait onze heures et demi. Je m'étirai, esquissant un sourire et passai une main dans mes cheveux. À mes côtés, Louis dormait encore et j'en profitais donc pour me lever et me passer un peu d'eau sur le visage. Le bas de mon dos me tirait encore, mais après la nuit que je venais de passer, je n'avais aucune envie de me plaindre. Quand je revins m'allonger dans le lit, Louis avait pris toute la place, les bras écartés, en position étoile au milieu du lit. Je soufflais, et le poussais doucement pour reprendre ma place au chaud et il grommela dans son sommeil. Il était adorable. Et sans que je ne le vois venir, il emprisonna mon cou et me tira en avant pour me serrer fort contre lui.

- Adel...
- Oui ?

Il rabattit les draps sur nous, un sourire timide peint sur le visage. Il adorait faire ça quand nous nous réveillions. C'était notre petit moment rien qu'à nous, dans la chaleur et la douceur de nos draps. Ce moment où, très souvent, nous nous disions les pires niaiseries.

- Pourquoi tu ne m'avais parlé de ton deuxième semestre avant ?

Mon cœur s'emballa un peu et je baissais les yeux.

- Eh, je t'en veux pas... En fait, je pense savoir pourquoi. Tu avais peur que ta décision ne me plaise pas, hein ?
- Ouais.
- J'vais survivre, tu sais. Toi aussi. Et nos retrouvailles, l'an prochain, seront encore meilleures, tu verras.

Je rigolais doucement quand il se pencha vers moi, pour embrasser mon front avec douceur. Il posa sa tête contre mon torse, un bras autour de ma taille, et on resta là, de longues minutes rien que tous les deux dans le silence.

- Tu crois que les filles sont encore là ?
- Inès bosse. Maya devait partir faire des courses. Pourquoi ?

Je haussais les épaules. Il se redressa, après avoir posé une main de part et d'autre de ma tête, se rapprocha tout près de mon visage. Nos nez se frôlaient presque, il en était de même avec nos lèvres et je le vis sourire, un air malicieux plaqué sur le visage. Normalement, c'était moi qui faisais ce genre de tête...

- Tu veux que... je te refasses l'amour ?

Il pouffa et je lui donnai immédiatement une pichenette sur le front.

- T'es con ma parole ! sifflais-je, mi-agacé, mi-amusé.
- Bah quoi ?
- J'étais sûr que ça allait me retomber dessus ça tient... ça m'apprendra à vouloir être un poil romantique !
- J'ai beaucoup aimé moi...
- Ça j'ai vu. Crétin.

Mes joues me brûlaient, malgré tous mes efforts ne rien laisser paraître.

- Je dois avouer que je ne m'attendais pas à ça de la part du gars qui chauffe son copain à écrans interposés...
- Que veux-tu, je suis un gars plein de surprise...

Ma main glissa sur son dos, lui arrachant au passage quelques frisson et il se laissa tomber doucement sur moi, m'intimant de continuer. Avec douceur donc, je m'appliquais à suivre les formes de son corps, ses muscles qui m'avaient tant manquées. Puis, lentement, je l'installais sur le ventre pour le positionner sur son lit, mes jambes d'une part et d'autre de son corps. Nous restâmes sous la couette, le plus silencieux possible. J'embrassai d'abord le bas de son cou, avant de descendre lentement vers le bas de son dos, en une longue traînée de baisers humides. Louis ne disait rien, la tête enfouie dans son oreiller. Je baisotais ses petits grains de beauté, éparpillés un peu partout sur son corps comme une myriade d'étoiles dans le ciel, m'attardant sur chacun d'entre eux. Puis arriva ce moment. Un de ceux que Louis aimait le plus. Quand mes lèvres, puis ma langue, s'appliquait à titiller cet endroit où sa peau était plus sensible. Pourquoi les hanches, je n'en avais aucune idée. Mais à chaque fois, la réponse était la même. Il se tortillait sur son matelas, mais sur le ventre il lui était difficile de se cambrer comme bon lui semblait, et je le savais. D'un geste de la main, je l'empêchais de se retourner, et continuai ma douce torture, sourire aux lèvres. En parallèle, j'effleurais ses fesses, ses cuisses, le rendant fou. Et puis, n'y tenant plus moi aussi, je l'autorisais à se retourner pour de nouveau m'emparer de ses lèvres. Sa langue glissa sur la mienne, il enroula ses jambes autour de moi et me donna un premier coup de bassin qui me fit gémir une première fois.

- Redis-le moi..., souffla-t-il entre deux baisers.
- De ?

Je le taquinais, et en guise de réponse, il continua de rouler des hanches moi. Le con. Il allait finir par me faire exploser avant même d'avoir réellement commencé...

- Ce que tu veux qu'on fasse... que je te fasse...
- J'avais imaginé qu'on aurait pu inverser les rôles aujourd'hui.
- Rêve.

Je riais contre sa bouche tandis qu'il se positionna au-dessus de moi, le regard brûlant. Notre couette était tombée par terre, nos draps étaient complètement défaits, mais je m'en fichais bien. Il me dévorait littéralement du regard et à cet instant, plus rien d'autre ne comptait. Je finirais bien par y arriver un jour, et je le savais pertinemment. Il nous débarrassa de nos derniers vêtements, se pencha pour attraper un préservatif qu'il enfila et fondit à nouveau sur moi.

- Lou ?

Entendre ce surnom, dans ce genre de contexte, semblait lui donner atrocement chaud.

- Mmm ?
- Doucement.

Il hocha de la tête, les joues rouges, et commença à me préparer, en m'embrassant et en me caressant avec son autre main pour me faire oublier la douleur.

J'aimais quand on faisait ainsi. Amoureusement, langoureusement, doucement. Les yeux dans les yeux. Je n'avais jamais été fan des parties de jambes en l'air rapides ou brutales. Louis préférait. Mais Louis savait aussi ce qui me faisait grimper au septième ciel, et surtout, Louis voulait me combler. Au début, nous étions presque silencieux. On entendait que les grincements légers du lit, nos souffles entremêlés. Puis, l'un d'entre nous - bien souvent moi - finissait par craquer par prononcer le prénom de l'autre d'une voix presque suppliante. Et puis l'autre lui répondait, et nous ne nous arrêtions plus. De temps en temps, je me plaisais à reprendre le dessus, assis sur son bassin, pour mener la danse. Mais ce matin, je n'en fis rien. Je voulais être cajolé, aimé, me laisser faire complètement. Parce que j'aimais me sentir aimé à ce point, et Louis savait y faire mieux que personne d'autre.

Je n'avais aucune idée de là où nous allions, tu le savais ça Louis ? J'adorais notre relation parce qu'elle était chaotique depuis le début. On venait de se retrouver, nous allions nous séparer de nouveau dans quelques semaines... Mais le temps allait passer à la vitesse de l'éclair. Je ne t'avais toujours pas quitté que déjà, il me tardait de te retrouver. Tu sais, même à des milliers de kilomètres de mois, tu continuais à être la seule personne à qui je pensais jour et nuit.

* * *

Vous n'imaginez pas ma joie d'écrire ENFIN sous le pdv de Adel. J'espère que le chapitre vous auras plu, en tout cas, moi, à écrire ça été génial ♥

Oui, je n'ai pas pu m'empêcher de placer une ref à friends (il était temps, je suis tellement fan que je m'étonne de ne pas l'avoir fait avant xD) et aux choco 8D M'en voulez pas, j'accepte les deux dénominations ♥

Bon, wattpad bug de fou pendant mes mises en pages actuellement, et sur un chapitre aussi long, c'est rageant... La partie suivante n'est pas encore faite. Promis, je me bouge les fesses pour pouvoir vous offrir la suite rapidement, mais je veux bien faire, ne pas bâcler la suite, bref, je vous tiendrais au jus o/

Vous êtes de plus en plus nombreux à me lire, merci beaucoup ☺

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