56. CEUX QUI SE CONFIAIENT


J'avais peu dormi cette nuit-là. Maya avait très vite trouvé le sommeil, et c'était mise à me souffler très fort dans les oreilles, avant de parler toute seule pendant sa nuit, à propos d'un magicien qui faisait apparaître je ne sais quoi... Et à vrai dire, je ne m'en étais pas formalisé. J'étais habitué, en quelque sorte. Simon n'avait plus dit un mot après avoir lâché sa bombe, et c'était endormi, tout simplement. J'étais le seul abruti de la chambre à rester éveillé, me questionnant sur les signes que j'avais raté, ce soir, et les autres fois où j'avais revu Adel.

Simon devait se tromper. Eden m'aurait tenu au courant. Parce que si Simon l'avait remarqué... Les autres aussi, non ? Ou alors tout était limpide pour lui, et pas pour le reste de mes amis ? J'en doutais vraiment. Alors pourquoi avaient-ils gardé ça pour eux ? Pour ne pas me mettre mal à l'aise ? Sans doute. Il était cinq heures du matin, j'avais dormi que trop peu, et j'avais besoin de tirer tout ça au clair. Et non, cela ne pouvait pas attendre que tout le monde soit levé dans la maison, il fallait que je pose mes questions tout de suite. Je me doutais bien qu'Eden dormait encore à poings fermés, et qu'il ne verrait mon message que dans quelques heures, mais j'aurais au moins l'impression de me libérer d'un poids, même en posant mes questions dans le vide.

« Tu savais que Adel m'aimait toujours ? »

Je me retournais doucement, pour m'assurer que Maya dormait toujours, et reposais mon portable non loin de mon oreiller. Seulement, alors que je m'attendais à attendre que le soleil se lève pour quitter le lit, et avoir une excuse d'aller me servir dans le frigo au rez-de-chaussé, mon portable vibra.

« Putain. »

Ah. Oups.

« Pourquoi tu m'envoies un message à 5:04 du matin ? »

« Tu es réveillé ? »

« Idiot. À qui la faute ! J'avais laissé mon vibreur, et le moindre bruit me réveille ! Tu le sais bien ! »

« C'est donc pas de ma faute ;) »

« Je vais t'étriper. »

« Je ne pouvais pas savoir... »

« Et puis c'est quoi cette question ?? »

« Tu savais ou pas ? »

« Savoir quoi ? Me dis pas que tu n'es pas passé à autre chose Louis... Sérieux... Je l'aurais su si c'était le cas. D'où tu sors ça ? »

« Simon. »

« Bah, il se trompe. Ça se voit quand Adel est amoureux transis, vraiment. »

« Mouais... »

« Quoi ? »

« Rien. »

« Accouche, histoire de ne pas m'avoir réveillé pour rien. »

« Rien, je te dis. »

« Tu es si compliqué. Vous êtes si compliqués. Tu n'as qu'à mettre les choses au clair avec lui, vous serez mutuellement rassuré, et en avant ! la vie continuera. »

« Toujours de sages conseils mon Eden. »

« Aller, laisse moi me rendormir, s'il te plaît. »

« Isaac dort toujours ? »

« Comme un loir. Une alarme incendie ne le réveillerait pas de toute façon. Il ressemble à un bébé quand il dort. »

« Ah ? »

« Il est adorable. »

« Ok. »

« Tu le verrais... »

« Je te laisse ce plaisir. »

« Il est vraiment trop mignon. »

« Je vais te laisse te rendormir. »

« Tu ne veux plus parler, c'est bon ? »

Je levai les yeux au plafond. Eden se moquait de Adel quand il activait le mode « amoureux transis », mais lui n'était pas mieux. Et pire, Eden savait très bien en jouer.

« À tout à l'heure. »

« Bisous ~ »

Et étrangement, à présent, je me sentais beaucoup mieux. C'était fou comme la parole d'une seule personne de confiance pouvait vous redonner confiance en vous-même. Satisfait, je me rallongeais correctement dans le lit et essayais de fermer les yeux, et de me laisser aller à un petit sommeil réparateur. 


*



J'étais épuisé. À côté de moi, Maya était en pleine forme, et dévorait tartine après tartine, avec une couche généreuse de beurre salé sur chacune d'entre elles. Eden était dans la piscine avec Flora et Inès qui n'avait pas perdu de temps avant de piquer une petite tête elles aussi. Isaac avait encore les yeux gonflés de sommeil, et tentait de beurrer depuis cinq minutes le même toast. Simon s'était planqué quelque part dans la baraque, je ne savais trop où. Et Adel courait dans tous les sens à la recherche du rongeur de sa mère qui s'était fait la malle pendant la nuit, et que personne n'avait vu nul part. La scène était assez comique à vrai dire... Le voir gambader partout, en s'agitant dans tous les sens, en chuchotant le prénom du vil rongeur dans tous les coins de la maison... 

– Tu veux de l'aide ? demandais-je.
– Ma mère va me tuer. Me découper en petites rondelles. Et me faire frire., chouina-t-il.
– Ne soit pas si dramatique voyons...
– Et c'est toi qui me dis ça ! geignit-il de plus belle en levant les bras vers le ciel. 

D'accord, il marquait un point.

– Cette bestiole est trop intelligente, elle arrive à ouvrir sa cage toute seule...
– On parle toujours de l'espèce de rat couleur crème de ta mère ?
– Une gerbille. Couleur café. Tu as tout faux.
– Tu ne l'as jamais aimé.
– Certes. Mais... Je me dois de la retrouver quand même.
– C'est pas à elle ça ?

Je lui désignais d'un geste du menton des petites crottes sèches éparpillées sur le carrelage. Glamour.

– Et merde.
– C'est le cas de le dire.

Il me lança un regard mi-fatigué, mi-amusé, avant de finalement éclater de rire. Je le suivis jusque dans leur petite cave, où trônait le sèche-linge, la machine à laver et les étendoirs. Et là, au beau milieu de la pièce, se trouvait le rongeur roulé en boule, comme endormi.

– C'est une blague. Ça fait une heure que je te cherche !

Et alors que je m'attendais à le voir saisir cette chose avec toute la délicatesse dont l'avait doté mère nature, Adel se jeta sur elle pour la choper comme une vulgaire chaussette. Évidement la chose se tortilla dans ses mains et lui mordit le bout du doigt et Adel jura. J'hésitais grandement entre profiter, rire comme une baleine, ou bien filmer cette scène toute bonnement improbable.  

– Par Satan ! Lâche moi créature du diable !

S'en était trop pour moi, j'allais me faire dessus. Je suivais Adel jusqu'à la cage du rongeur, où il le balança sans ménagement dedans. 

– JE TE HAIS CHOSE INGRATE.

Évidement la gerbille ne pipait mot, et retourna dans son petit abri, en lâchant un drôle de bruit au passage. Maya, qui avait assisté à la fin du combat acharné entre la gerbille et Adel, s'étouffa avec sa quinzième tartine et Isaac semblait d'un coup beaucoup plus réveillé. 

– Vous avez bien dormi sinon ? nous demanda l'hôte de la soirée.
– Comme un loir ! lança Maya.

Isaac acquiesça et je l'imitais. 

– Au fait... Adel..

J'avais baissé d'un ton pour que Maya et Isaac ne m'entendent pas, et Adel tourna la tête vers moi, curieux.

– Mmh ?
– La photo sur ta table de chevet ?
– Laquelle ?
– Tu sais de laquelle je veux parler.
– Et donc ?
– Je ne l'avais jamais vu...
– C'est le noël qu'on avait passé tous ensemble pourtant...
– Je veux dire, je me souvenais pas de l'avoir vu imprimé et dans ta chambre.
– Ah. Et tu veux que je te dise quoi ?

Adel plissa des yeux, et fronça légèrement les sourcils.

– Tu te fais encore des nœuds au cerveau Louis, sérieusement..., ronchonna-t-il.
– Mmh...
– Si ça te gêne, je l'enlève.
– Non non !
– À la bonne heure !, lança-t-il avant de s'éloigner sans que je ne puisse rajouter quoi que ce soit.

Maya me regardait, un air amusé sur le visage, et haussa les épaules, comme si la discussion ne lui avait pas échappé. Je lui répondis à mon tour d'un haussement d'épaules, avant de monter à l'étage faire mon sac. J'avais passé tellement de bons moments dans cette maison que oui, je devais bien me l'avouer, j'étais heureux d'avoir accepté l'invitation.

Je me laissais alors tomber sur le lit, les draps étaient en défaits, et laissais échapper un long soupire. Je me souvenais encore dans les moindres détails de la dernière nuit que nous avions passé ici. Quelques semaines avant que notre relation prenne un tournant différent. Je me souvenais avec exactitude d'Adel qui se plaignait d'avoir trop mangé. De Adel qui me demandait un massage du ventre pour l'aider à aller mieux. De notre fou rire quand on s'était remémoré cette scène de son père tentant de découper son poulet avec difficulté, qui avait fait voler un os microscopique jusque dans le chemisier de sa mère. J'avais commencé mon massage, il s'était plaint, en disant que j'étais vraiment nul et que je n'avais aucun avenir en tant que masseur professionnel. J'avais ronchonné, il m'avait charrié un peu plus. Et puis il m'avait embrassé, j'avais encore râlé avant de rendre les armes. 


Je souriais bêtement en fixant le plafond quand la porte de la chambre s'ouvrit doucement, laissant apparaître dans son encadrement Eden, les cheveux encore un peu humide, et une serviette bleue pastelle sur les épaules. je me redressai, surpris, et nos regards se croisèrent quelques brèves secondes avant de finalement se détourner l'un de l'autre. Je venais de réaliser que nous ne nous étions pas parlé depuis note bref échange textuel à cinq heures du matin.

– Parfait, tu es là..., marmonna-t-il.

Je levais un sourcil intrigué, en le voyant s'avancer et s'asseoir à côté de moi, prenant bien soin de poser avant tout sa serviette sous ses fesses. Je reconnaissais bien là le Eden un tantinet maniaque qui ne voulait pas humidifier les draps du lit. 

– Tu voulais me parler ? Je m'excuse encore pour le message...
– Tu es pardonné. Il ne s'agit pas de ça Loulou.

Je levai les yeux au plafond, j'avais horreur de ce surnom. 

– Je voudrais juste mettre quelques petites choses au clair.
– J'ai l'impression d'être un gosse que son père va réprimander, sérieusement, Eden...
– Je passe mon temps à réprimander tout le monde dans ce groupe ! Vous ne me facilitez pas la tâche aussi...
– Peut-être parce que tu es le plus mature de nous tous...

Eden pouffa et passa une main dans ses cheveux humides.

– Non, mais sans rire...
– Je sais que tu vas me parler de lui et... Je te promets, j'essaie pas de foutre la merde ou quoi ce soit. C'est juste que Simon m'a balancé ça hier soir, et... Ça m'a perturbé, rien de plus.
– Quand bien même ça serait le cas, attention, je ne pense pas que cela soit le cas, mais admettons. Laisse le juste vivre sa vie, ok ? Ne va pas essayer de chercher la petite bête avec lui. Nous savons tous les deux comment il est. Adel a horreur d'être sondé par les autres.

Je hochai la tête. Eden n'avait pas tort. 

– Et puis j'aimerai vraiment vous voir heureux, et décoincé une bonne fois pour toute vous deux. Vous êtes sur la bonne voie pour y arriver, alors ne lâche pas, ok ?
– Mmh...
– Je fais un coach relationnel en carton, hein ?
– Pas du tout. Tu sais toujours trouver les bons mots de toute façon, même s'ils peuvent blesser par moments.

Je stoppais un instant de tripoter mes doigts et plongeai mon regard dans le sien.

– Tu sais, parfois je regarde notre groupe et... Je me dis que j'ai de la chance de vous avoir encore tous auprès de moi.
– Tu vas me faire grimper les larmes aux yeux....
– Je suis sérieux. Je ne pensais pas un jour dire qu'Inès est une des personnes qui m'est le plus cher. Je ne pensais pas rester aussi proche de toi après notre année de terminale. Et... Je ne pensais pas réussir à me faire d'autres amis, comme Flora, Isaac ou Simon. Je suis conscient que ce n'est pas toujours facile, mais... Je suis vraiment heureux de vous avoir. C'est un peu grâce à toi, en plus... Tu nous a tous fédéré sans même t'en rendre compte. Et... Attends, tu chiales ?
– Pas du tout. J'ai une poussière dans l'œil., me fit-il en frottant ses yeux.
– Tu n'es pas croyable toi...
– Mais tu me balances ça comme ça aussi ! Avec ta petite bouille trop mignonne ! Je suis obligé de craquer moi !
– Ma petite bouille..., marmonnais-je.

Eden réprima un rire et je soufflais, gonflant les joues. Eden me tapota l'épaule et je fis de même, en ronchonnant toujours un peu.

La porte de la chambre s'ouvrit, et Adel apparut sous nos yeux. Il leva un sourcil, et esquissa un sourire que nous ne connaissions que trop bien. Il jugeait puissance dix mille la scène qu'il avait sous les yeux.

– J'interromps un moment confessions intimes ?
– Pas du tout !, glapis-je.
– Ton ex me fait une déclaration magnifique et j'ai pas le droit d'être ému..., lança Eden.

Ni Adel ni moi ne nous formalisions sur la phrase d'Eden. À vrai dire... J'avais presque envie de le remercier d'enfin poser les mots sur ce que nous étions l'un pour l'autre. Les autres n'osaient pas le faire quand nous étions tous les deux dans la même pièce. Une fois de plus, Eden venait d'arracher le pansement sans se poser plus de questions.

Adel vint s'asseoir à côté de Eden et tapota le sommet de sa tête, avec un sourire immense sur le visage.

– Allons, allons... Sèche tes larmes mon enfant.
– T'y mets pas !

Adel éclata de rire et je ne pus m'empêcher de l'imiter. C'était plus fort que moi ; son rire et son visage rieur étaient contagieux.

C'était de ce genre de moment dont je raffolais. Ceux sans prise de tête. Ceux où je riais sans me soucier de ce qui m'entourait, du jugement des autres. Ceux où je pouvais lâcher prise une bonne fois pour toute. 


* * *


J'avais l'impression de me retrouver quelques années en arrière. Mais à ma place se trouvait désormais ma petite sœur, bien plus excitée que je ne l'avais été ce jour-là. Sacha sautait partout, et dans une petite heure, elle passerait sa dernière étape du baccalauréat. Elle ne stressait pas, n'avait de cesse de me dire qu'elle avait hâte de tout plier pour enfin pouvoir être en vacances. Ma sœur avait toujours eu des facilités lors de ses études, et c'était le moment où jamais de nous prouver qu'elle pouvait gérer lors d'un gros examen. En soi, je ne me faisait pas trop de souci, Sacha savait y faire, et elle n'avait pas négligé ses révisions.

– Ça va le faire...
– Je sais, je sais...

Et pourtant, mon genou tressautait, et Maya ne parvenait pas à me calmer. Sacha avait insisté pour que je l'accompagne, et pour que je vienne la chercher. J'avais décrété que j'attendrais devant l'établissement le temps de son épreuve, pour m'éviter des allers-retours en bus jusqu'à chez nous. Elle en était à me réciter des formules mathématiques que j'avais oublié depuis des siècles, qu'enfin, quelqu'un appela les candidats à venir se présenter. 

– Tu te souviens de ça ?
– De notre dernier jour d'examen ?, demandais-je en encourageant une dernière fois ma petite sœur d'un signe de la main.
– Ouais. J'me faisais dessus, parce que j'étais persuadée d'aller au casse-pipe. Au final, je n'avais pas totalement tort, ma dernière épreuve a été la moins bien noté.

Mais au final, nous n'étions pas à plaindre : nous faisions tous les deux les études qui nous correspondaient et que nous avions voulu.

Maya déposa sa tête sur une de mes épaules et soupira, enlaçant mes doigts dans les siens. 

– Dis, tu te souviens de ma tante qui habites sur la côte ?
– Ouais, vaguement...
– Elle me laissa la maison pendant une semaine et demi. J'ai pensé qu'on pourrait organiser quelque chose avec la bande.

L'idée me plaisait plutôt pas mal, et je hochais la tête, enthousiaste. 

– Avec un peu de chance, la météo ne sera pas trop pourrie... Et on passera de supers vacances. Ça tombe à la fin de ton contrat avec le musée, normalement. Et je serais enfin en vacances, une fois mon book achevé. 

Je nous y voyais déjà. À coup sûr, Eden allait vouloir se mêler de l'organisation pour ne rien oublier, et tout faire dans les règles, et personne ne viendrait le contester. Nous étions suffisamment à avoir le permis de conduire dans le groupe pour pouvoir nous y rendre à plusieurs voiture, bref, y aller ne serait pas problème. Je me souvenais très vaguement de la maison de la tante en question, et je me surpris déjà à imaginer les soirées démentes que nous y passerions. 

– On peut inviter ton pote aussi, si tu veux.
– Simon ? Vraiment ?
– Ouais, je le trouve sympa. Je l'accepte.
– Super !

Maya plissa des yeux et me donna un coup de coude léger.

– T'emballe pas, je t'ai pas donné mon accord pour que tu tentes un truc avec lui.
– Hé ! Ce n'était pas du tout mon intention !
– Bien, bien. Tout se déroule suivant mes plans.
– Et depuis quand j'ai besoin de ton accord ?
– Je viens de le décréter.
– Allons bon. Et puis, c'est quoi tes plans ?
– C'est pas drôle si je te le dis.
– Maya..., grondais-je.
– Motus et bouche cousue ! Mais j'ai fait des paris sur l'avenir avec moi-même.
– Tu n'es pas croyable. Sur moi ?
– Ouais. Toi, les autres... Un peu tout le monde en fait, je trouve ça drôle.

Elle ricana contre mon épaule et tressauta contre moi. Avais-je la pire, ou la meilleure des meilleures amies ? Je ne savais pas vraiment. 

– Je te dirais à chaque fois qu'une de mes prédictions se réalisera !
– Pourquoi je sens que je ne vais pas du tout aimer ?

En guise de réponse, elle éclata de rire.

Et moi, j'étais de nouveau perplexe.
Parce que je savais pertinemment que Maya avait toujours raison. Et qu'elle lisait dans le futur, dans mon futur. Et cela, depuis la nuit des temps. 



* * *

Me revoilà ! C'était un petit chapitre de transition, mais j'ai vraiment aimé l'écrire, j'espère qu'il vous aura plu également ! ♥ Normalement je vais reprendre mon rythme normal de parution ! J'ai encore des choses à régler, mais je parviens de nouveau à avoir la tête à écrire, et ça, c'est géant ~ Prenez soin de vous les gens :3

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